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词典释义:
désespoir
时间: 2023-06-27 01:10:04
[dezεspwar]

失望,绝望

词典释义
n.m.
1. 望, 失望
sombrer dans le désespoir 陷于望之
mettre au désespoir
être au désespoir de到非常遗憾;到非常痛心

2. 〈夸张语〉令人望的人;令人望的事
être [faire] le désespoir de sa famille全家人都对他到失望
faire le désespoir de qn某人到望尘莫及

3. désespoir des peintres 虎耳草的俗称

en désespoir de cause
loc.adv.
别无出路, 别无它法, 万不得已

常见用法
faire le désespoir de qqn某人

近义、反义、派生词
形容词变化:désespéré, désespérée
近义词:
affliction,  consternation,  douleur,  découragement,  abattement,  accablement,  angoisse,  désespérance,  détresse,  tourment,  désolation
反义词:
consolation,  confiance,  espérance,  espoir,  foi,  réconfort,  contentement,  joie,  satisfaction,  euphorie,  extase,  ravissement
联想词
désarroi 混乱,杂乱,紊乱; désespéré 望的; tristesse 悲伤,悲哀; dégoût 倒胃口,恶心; chagrin 悲伤的,抑郁的,愁眉不展的; pessimisme 悲观; cynisme 犬儒主义; malheur 不幸; mal-être 全身乏力; colère 愤怒,怒气; frustration 夺,侵占;
短语搭配

mettre au désespoir使感到绝望

céder au désespoir陷于失望

s'abandonner au désespoir陷于绝望

sombrer dans le désespoir陷于绝望之中

être au désespoir de感到非常遗憾;感到非常痛心

tomber dans le désespoir陷入绝望

se livrer au désespoir沉溺于绝望之中

retomber dans le désespoir再度绝望

réduire qn au désespoir使某人失望

原声例句

Il pria et supplia : larmes et prières ne pouvaient rien ; cependant son désespoir était si grand, que le commissaire en fut touché.

他拼命的求情,他的恳求和眼泪虽毫无用处,但他那极度失望的样子却打动了警长的同情心。

[基督山伯爵 Le Comte de Monte-Cristo]

Comment les rescapés trouveront-ils la force de survivre à tant de désespoir ?

而那些死里逃生的人,面对如此深重的绝望,将要如何活下去?

[你在哪里?]

Ces lugubres ouvertures qui se font dans les ténèbres devant le désespoir sont tentantes.

出现在陷入黑暗的失意人眼前的阴森出路是具有吸引力的。

[悲惨世界 Les Misérables 第四部]

Le travail la passionne.Il la sauve du désespoir, un an plus tard, lorsque Boy, l'homme de sa vie, se tue dans un accident de voiture.

公司业务日益蓬勃,而她也深爱自己的工作,一年后,她的一生挚爱卡培男孩,于交通意外中丧生。

[Inside CHANEL]

Aujourd'hui on va parler colère rage et désespoir.

今天我们要谈论一下生气、愤怒和绝望

[French mornings with Elisa]

Il a détourné les yeux et, toujours sans changer de position, m'a demandé si je ne parlais pas ainsi par excès de désespoir.

他不看我了,依旧站在那里,问我这样说话是不是因为极度的绝望

[局外人 L'Étranger]

J'ai mis un an d'espoir, et surtout de désespoirs, à l'amener à s'intéresser à moi.

我用了一年的时间来给自己希望,来使他对我感兴趣,最终却发现这不过是失望

[法语有声小说]

Son désappointement tint un moment du désespoir et de la fureur.

他的失望使他有一段时间的绝望和愤怒。

[悲惨世界 Les Misérables 第二部]

C’est une chose sublime et douce que l’espérance dans un enfant qui n’a jamais connu que le désespoir.

一个从来就处处碰壁的孩子,居然还抱有希望,这种事确是卓绝感人的。

[悲惨世界 Les Misérables 第二部]

Le désespoir bâille. On peut rêver quelque chose de plus terrible qu’un enfer où l’on souffre, c’est un enfer où l’on s’ennuierait. Si cet enfer existait, ce morceau du boulevard de l’Hôpital en eût pu être l’avenue.

失望的人爱打呵欠。人们如果能在苦难的地狱以外还找得到更可怕的东西,那一定是使人愁闷的地狱了。假使这种地狱确实存在的话,医院路的这一小段地方可以当作通往这种地狱的门。

[悲惨世界 Les Misérables 第二部]

例句库

Il est au désespoir de cet accident.

他对这件事故感到非常痛心

Mais le train n'avait pas dépassé Sydenham, que Passepartout poussait unvéritable cri de désespoir !

但是,当火车还没有到锡德纳姆的时候,路路通突然绝望地大叫了一声。

Tout que j'ai est anéantissement, désespoir et liberté de solitude.

我有的是无奈、绝望和孤独的自由。

Ecrire quand même malgré le désespoir.

仍然写作,不理睬绝望

II n'est pas d'autre choix: prendre conscience de l'oppression, de la misère, du désespoir et prendre le moyen de les faire reculer.

除了认识到压迫,残酷,绝望和倒退的根源并与之斗争外别无他途。

C'est un désordre qu'amènent seuls le désespoir et la passion...Un désordre excessif auquel seule la folie condamne !

这乃是一种仅仅由绝望和激情的无序……一种只有疯狂被判处占有的过度的无序!

Il s' abandonne au désespoir.

他陷入绝望

Je suis au désespoir d'être forcé de vous refuser.

我因为不得不拒绝您而感到万分遗憾。

Avec cette foi nous pourrons tailler dans la montagne du désespoir, la stèle de l'espoir.

有了这个信念,我们将能从绝望之嶙劈出一块希望之石。

Il s'est pendu par désespoir.

他由于绝望而自缢。

Mes nuits sont remplie de rêves nostalgique ,Mes journées ne sont que désespoir .

每个夜晚都萦绕着思乡之梦,而白天剩下的却只有绝望

Le pauvre Nab pleurait de rage et de désespoir à la fois, à la pensée d'avoir perdu tout ce qu'il aimait au monde.

可怜的纳布痛哭流涕,一想到世界上自己唯一心爱的人已经丧命,他不禁感到灰心。

Malgré la peur ou le désespoir, on ne peut pas échapper à la solitude.

无论对此是恐惧还是绝望,都无法从孤独的泥淖中解救出来。

Cette nuit-là, et encore sentir le désespoir,Ne semble pas avoir de sens de toute.

那天夜里又一次感受到了绝望,似乎任何都已没有意义。

Tout a tourné en une belle, tout le désespoir et la mort ne sont plus enchevêtrées.

一切幻化为美好,所有绝望不再纠结至死亡。

Souris pour escroquer ton désespoir, souris pour continuer de vivre, souris dans ta glace et devant les gens, et même devant cette page.

用微笑欺骗绝望,用微笑继续存活,对着镜子微笑,在人前微笑,甚至对着这页纸微笑。

La célèbre nouvelle d'Honoré de Balzac, le Chef d'œuvre inconnu (1831), donne la mesure du désespoir dont souffre l'artiste pour trouver une réponse satisfaisante.

1831年,小说家巴尔札克在其短篇名著《无名的杰作》中披露出,艺术家在探求解决问题的过程中是何等的绝望

Dans l’espoir et le désespoir ?!

既有希望又令人绝望?!

Mais je suis bien aussi vivant que mon amour et que mon désespoir.

不过,我作为活着我的爱和我的绝望

Espérence est feu, désespoir est fumée.Donc, la vie est en feu en fumant.

希望如火,失望如烟,生活一边点着火,一边冒着烟。

法语百科

Mélancolie par Domenico Fetti, v. 1622.

La mélancolie est d'abord vue comme un trouble des humeurs au sens grec de l'acception, elle est étudiée par le médecin Hippocrate le premier ou le plus connu, elle correspond à ce qu'on appelle aujourd'hui en psychiatrie l'état dépressif, c'est-à-dire un sentiment d'incapacité, un non savoir de la volonté, une absence de goût de vivre pouvant, dans les cas les plus graves, conduire au suicide. Dans un deuxième temps, au fur et à mesure que la médecine se sépare de la philosophie, le terme est aussi repris dans celle-ci et elle caractérise alors un être-là existentiel qu'on retrouve chez des écrivains, poètes et intellectuels.

Étymologie

Esclave accablé de douleurs par Félix Lecomte.

Le mot est emprunté au latin melancholia lui-même transcrit du grec μελαγχολία (melankholía) composé de μέλας (mélas), « noir » et de χολή (khōlé), « la bile ». Le mot signifie donc étymologiquement la bile noire. Ceci renvoie à la théorie des humeurs d'Hippocrate selon laquelle le corps contient quatre humeurs qui chacune détermine notre tempérament. Ces quatre humeurs sont le sang, la lymphe, la bile jaune et la bile noire. Le tempérament est donc sanguin lorsque le sang prédomine, lymphatique lorsque c'est la lymphe, bilieux pour la bile jaune et enfin mélancolique pour la bile noire. Et cette bile noire provoquait une tristesse qui était exclusive aux génies. Sophocle utilisait lui l'adjectif « melancholos » pour désigner la toxicité mortelle du sang de l'hydre de Lerne, dont Heracles a trempé ses flèches.

La notion de mélancolie est donc très ancienne et une place majeure lui a toujours été donnée au sein des quatre tempéraments. La mélancolie a un sens littéraire qui signifie la tristesse.

Ces propos sont sujets à une autre interprétation. De nos jours, on réduit la mélancolie à un état dépressif. Or, dans la pensée antique (Hippocrate par exemple), la mélancolie avait une autre signification que celle proposée en particulier par la psychanalyse. En effet, elle était considérée comme une source de génie et de folie qui provoquerait une tristesse et non pas réduite comme dans nos sociétés actuelles à une simple pathologie, une tristesse ou encore à un dégoût de la vie.

La mélancolie dans le sens antique permettait de vivre le deuil, se dépasser ou encore de trouver un sens à la vie, en d'autres termes, c'est un passage en temps de crise (qui n'aboutit pas toujours à un résultat négatif). Et c'est là que la mélancolie prétend dépasser ces états de tristesses. Face à cette dernière interprétation, Jean Clair, historien de l'art a proposé qu'« une nouvelle vision et utopie devrait inclure la mélancolie (et le travail de deuil), comme paradoxe. Ce serait un nouveau projet historique révolutionnaire. »

Le terme a en partie été supplanté depuis le XIX siècle par celui de dépression ce qui fait qu'aujourd'hui, soit il est utilisé comme son synonyme, soit pour marquer la gravité de la dépression en sous-entendant que la mélancolie comporte des aspects psychotiques et/ou qu'elle inclut des risques élevés de passages à l'acte suicidaire. On l'utilise encore dans le sens où il décrirait un « état d'âme » au sens existentiel du terme.

Histoire

Hippocrate est considéré comme le premier médecin à décrire cliniquement la mélancolie ou dépression.

La mélancolie prend différentes significations au fil des siècles. Elle décrit, très généralement, un état de détresse apathique, d'abandon proche de la dépression :

au XI siècle, elle imprègne une grande partie des quatrains d'Omar Khayyam ;

au XII siècle, dans le vocabulaire courtois, elle désigne toutes sortes d'états d'âme allant de la tristesse profonde à la folie ;

au XIV siècle, Guillaume de Machaut fait de la mélancolie le sentiment qui caractérise le jaloux amoureux qui cherche la solitude ;

au XVII siècle, le sens s'affaiblit à celui de tristesse douce et vague ;

au XIX siècle, la mélancolie prend deux sens : d'une part celui d'un mal-être dû à un manque profond qui ne peut être identifié ; et d'autre part elle prend un sens clinique de maladie mentale associée à un profond abattement. La mélancolie devient alors synonyme de dépression. Voir Les Chimères de Gérard de Nerval.

La mélancolie peut aussi être vue comme une « maladie sacrée » qui dans la culture occidentale a concerné toutes les expressions de la pensée et de l'art : philosophie, médecine, psychiatrie et psychanalyse, religion et théologie, littérature, musique et arts. La mélancolie est un vecteur de fertilité, de lucidité, de clairvoyance, mais aussi paradoxalement de désespoir. Jean Starobinski et Wolf Lepenies ont dit que la mélancolie était une forme de « mise à distance » de la conscience face au « désenchantement » du monde.

Antiquité

Dès le IV siècle av. J.-C., les stèles funéraires attiques présentent des individus prenant des poses de deuil. La mélancolie s'y rattache donc à la perte d'un proche. Au VI siècle av. J.-C., Pénélope est représentée devant son métier à tisser, toute mélancolique.

Aristote se demanda pourquoi tous les hommes d'exception sont bilieux : « Pourquoi tous les hommes qui se sont illustrés en philosophie, en politique, en poésie, dans les arts, étaient-ils bilieux, et bilieux à ce point de souffrir de maladies qui viennent de la bile noire, ainsi on cite Hercule parmi les héros ? Il semble qu'en effet Hercule avait ce tempérament ; et c'est aussi en songeant à lui que les Anciens ont appelé mal sacré les accès des épileptiques ». Aristote donne ainsi l'exemple d'Oublos le jeune, qui, d'après lui, a contracté une mélancolie bilieuse à la suite d'un excès d'écriture : dans cet ouvrage, c'est l'auteur mélancolique qui produit son œuvre, en fait l'œuvre peut produire l'auteur mélancolique. Pour Hippocrate, la mélancolie se comprend comme trouble de la bile noire. La rate serait l'organe responsable de ce trouble. Voici comme il décrivait la maladie et son traitement : « Souci, maladie difficile : le malade semble avoir dans les viscères comme une épine qui le pique ; l’anxiété le tourmente ; il fuit la lumière et les hommes, il aime les ténèbres ; il est en proie à la crainte ; la cloison phrénique fait saillie à l’extérieur ; on lui fait mal quand on le touche ; il a peur ; il a des visions effrayantes, des songes affreux, et parfois il voit des morts. La maladie attaque d’ordinaire au printemps. A ce malade on fera boire l’hellébore, on purgera la tête ; et, après la purgation de la tête, on donnera un médicament qui évacue par le bas. Ensuite on prescrira le lait d’ânesse. Le malade usera de très peu d’aliments, s’il n’est pas faible ; ces aliments seront froids, relâchants, rien d’âcre, rien de salé, rien d’huileux, rien de doux. Il ne se lavera pas à l’eau chaude ; il ne boira pas de vin ; il s’en tiendra à l’eau ; sinon son vin sera coupé. Point de gymnastique, point de promenades. Par ces moyens, la maladie se guérit avec le temps ; mais si elle n’est pas soignée, elle finit avec la vie ».

Moyen Âge et Renaissance

Melencolia I (Albrecht Dürer).

L’acedia, au départ, n'a rien à voir avec la paresse : c'est un malaise lié à l'excès de privations qui se saisit des moines dans le désert. Elle provient d'une activité cérébrale trop intense et tournant à vide, faute d'exutoire. Saint Antoine, père de pères du désert, quand il subit des « tentations » — c'est-à-dire un martyre — subit en réalité un accès d’acedia, de pensées trop lourdes, trop fortes, trop obsédantes. En s'emparant de ce symptôme, qui chez les Pères du Désert relève davantage du malaise psychique que du « mal », les chrétiens le transformeront en émission de pensées mauvaises et diaboliques. L’acedia deviendra ensuite, sous la plume de saint Thomas , le péché des péchés, le détournement volontaire du bien divin. Une certaine splendeur ténébreuse risquant à ce moment-là d'être associée à ce péché, les Chrétiens d'Occident, peu fidèles à la tradition des pères du désert, sa hâteront de transformer l’acedia en paresse et de la ranger parmi les sept péchés capitaux. Désormais, l’acedia n'a plus aucune aura tentatrice ; elle est paresse de se lever matin pour aller à la messe, puis paresse tout court. De gras docteurs font des rêves érotiques près de leur poêle bien chaud : voilà l’acedia, telle que la représente le Songe du Docteur de Dürer.

Témoin de ce que l'on pourrait appeler, avec Jean Starobinski, « l'Âge d'Or de la mélancolie » , le médecin Jacques Ferrand publie en 1610, à Toulouse, un Traicté de l'essence et de la guérison de l'amour ou de la mélancholie érotique, où il décrit d'un point de vue clinique et strictement profane « l'Amour ou passion Érotique [comme] une espèce de rêverie, procedante d'un désir déréglé de jouir de la chose aimable, accompagnée de peur, et de tristesse ».

L'écrivain espagnol Tirso de Molina (1579-1**8) publie en 1611 une pièce intitulée El Melancolico, dont le personnage principal Rogerio, confronté à un amour impossible, s'écrie: « Je suis à ce point pris d'amour que je ne sais si je vis en moi-même » .

En 1621, Robert Burton publie l’Anatomie de la mélancolie. Il en analyse les causes et les effets et recherche des remèdes. Il distinguera par exemple une mélancolie religieuse. L’Anatomie de la mélancolie constitue une importante somme de toutes les théories, connaissances concernant la mélancolie, que Burton lie au deuil. « Parmi tant de milliers d'auteurs, vous aurez du mal à en trouver dont la lecture fera de vous quelqu'un d'un peu meilleur ; tout au contraire elle vous infectera alors qu'elle devrait contribuer à vous perfectionner. » Burton se considérait comme mélancolique.

Au XVII siècle, George Cheyne refonde la mélancolie comme état d'âme, et la renomme spleen. Cette expression devient celle des poètes.

C'est Jean-Étienne Esquirol (1771-1840) qui, tentant d'écarter le terme mélancolie de la médecine, propose de le remplacer par celui « lipémanie » ou « lypémanie » ou encore à la suite de Pinel « monomanie » (1815) qui se rapporte à une tristesse massive et injustifiée avec souffrance morale et dépression de l’humeur. Il renvoie ainsi la mélancolie aux poètes et aux philosophes.

Au XIX siècle

Baudelaire.
Baudelaire.

Le XIX siècle est caractéristique de ce mal qu'est la mélancolie. Chateaubriand parle de mal du siècle, Musset parle de maladie morale abominable. Elle prend chez Flaubert la forme de l'ennui et chez Baudelaire celle du spleen.

La mélancolie au XIX siècle résulte d'un traumatisme entre le rejet du christianisme de la Terreur de 1793, la chute de l'Empire en 1814, et l'année sans été de 1816, due à l'explosion du volcan Tambora. Les enfants de cette génération ont derrière eux de grands exploits et devant eux l'avenir d'une nouvelle France bourgeoise dont la seule perspective est de s'enrichir. La mélancolie vient donc d'une énergie qui ne peut pas être investie et qui devient un poison noir. Charles Baudelaire fut l'une des grandes figures du spleen : « Tout enfant, j'ai senti dans mon cœur deux sentiments contradictoires : l'horreur de la vie et l'extase de la vie. » (Mon cœur mis à nu, **)

Saturne dévorant un de ses fils est un tableau de 1823, du peintre Francisco de Goya. Cette œuvre fait partie d'une série de peintures noires réalisées entre 1820 et 1823, après le bouleversement de la guerre. Elle reprend fidèlement le thème de Cronos dévorant ses enfants, si cher à Goya. Cette dévoration, absorption, relaterait la racine même de la mélancolie, ou encore ses prémisses.

Le tableau fut utilisé pour la couverture du séminaire IV, La relation d'objet, de Jacques Lacan.

Emphatiquement dans La Maladie à la mort mais également dans Crainte et tremblement, Kierkegaard expose que les humains sont composés de trois parties : le fini, l'infini, et la relation entre les deux. Les finis (les sens, le corps, la connaissance) et les infinis (le paradoxe et la capacité à croire) existent toujours dans un état de tension. Cette tension, consciente de son existence, est l'individu. Lorsque l'individu est perdu, insensible ou exubérant, la personne est alors dans un état de désespoir. Notamment, le désespoir n'est pas l'agonie, c'est, au lieu de cela, la perte de l'individu.

Victor Hugo a interprété magnifiquement son sentiment au sujet du travail des enfants, dans son poème Mélancholia, à rapprocher du tableau de Goya cité ci-dessus.

Au XX siècle

Romano Guardini publie en 1928 un court traité sur Le sens de la mélancolie dans lequel il commente des textes de Søren Kierkegaard et écrit: « la mélancolie est l'inquiétude que provoque chez l'homme la proximité de l'éternel » .

Jean-Paul Sartre publie La Nausée en 1938. Il y décrit Antoine Roquentin, pris d'un profond dégoût pour ce qui l'entoure, pour ses activités, et qui se réfugie dans l'imaginaire. Le titre que Sartre voulait à l'origine donner à l'œuvre était « Melancholia », en référence à la fameuse gravure de Dürer.

Françoise Sagan publie Bonjour tristesse.

Emil Cioran traite de la mélancolie dès les premières pages de son premier livre Sur les cimes du désespoir (1934) : selon lui, la forme que prend la mélancolie n'est pas indépendante du cadre de vie ou du milieu environnant.

Giorgio De Chirico, sujet lui-même à des crises de mélancolie dans sa période « métaphysique » (1912-1920), a peint plusieurs toiles qui font directement référence dans leur titre à cet état psychologique ambivalent, où la dépression le dispute à l’exaltation d’une révélation. Mélancolie, 1912 ; Mélancolie d’un après-midi, 1913 ; Mélancolie d’une belle journée, 1913 ; Mystère et mélancolie d’une rue, 1914 ; La Mélancolie du départ, 1916 ; La Mélancolie de la chambre, 1916 ; Mélancolie hermétique, 1919… Il y joue du contraste des couleurs (teintes froides et teintes chaudes : noir du désespoir et vert de plomb saturnien / ors et ocres du soleil), des formes (cloître des arcades / étendue ouverte de la place), des temps (nostalgie des statues / modernité des trains et des usines), des objets (exotisme des artichauts et des bananes dans des architectures urbaines)… Par là, il témoigne des affinités secrètes de la mélancolie (la bile noire dans la théorie des quatre humeurs) avec l’élément terreux (dans la classification ancienne des quatre éléments) et ses expressions géométriques (géa : la terre), avec l’automne (dans le cycle des quatre saisons), avec la maturité (dans les quatre âges de la vie) et avec Saturne (l’un des quatre principaux dieux et astres figurant l’ambiguïté du temps). Fidèle à ce quadrillage symbolique du réel, De Chirico révèle bien toute l’ambivalence de l’état mélancolique qui « dispose à la délectation morbide mais favorise aussi l’exaltation douloureuse du génie : extase poétique ou visionnaire, contemplation extralucide, méditation et vaticination. Kant lui attribue même une sensibilité particulière au « sublime », ce vertige des cimes ou des profondeurs, en tout cas de l’infini, capable d’entraîner l’homme bien au-delà du beau… »

Au XXI siècle

Kathary Engel publie La Force de l'Amour en 2006. Elle y retrace le développement de cette maladie sournoise chez Marie. Très jeune enfant, Marie perd son père puis, progressivement son instinct vital, jusqu'à sa décision de rejoindre 15 ans plus tard le père qui s'était suicidé, frappée par le même mal.

En 2011, Lars von Trier réalise un film dont le nom, Melancholia (film, 2011), évoque la mélancolie. À l'occasion de son mariage, Justine (Kirsten Dunst) perd peu à peu ses illusions et le monde idéal qu'elle s'était crée alors que peu à peu la planète Melancholia se rapproche de la Terre.

Psychiatrie

Une des premières entités nosographiques à aborder le problème de la tristesse comme élément d'un état pathologique, est la neurasthénie, manque de force nerveuse, maladie fonctionnelle chronique du système nerveux. Cette neurasthénie apparaît sous l'influence de G. M. Beard.

Jean-Étienne Esquirol (1771-1840) qui crée le concept de « lipémanie » ou « lypémanie » (1815) qui se rapporte à une tristesse massive et injustifiée avec souffrance morale et dépression de l’humeur ; on observe des troubles du sommeil et de l'alimentation, un ralentissement comportemental, des idées ou tentatives de suicide ; au XX siècle ce terme cède la place à « mélancolie ».

Karl Abraham isole la dépression dès 1911 : il la distingue par exemple d'une névrose d'angoisse.

La psychiatrie moderne décrit une dépression. Ainsi, le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM-IV) décrit un « épisode dépressif » ainsi qu'un « trouble dépressif » ; plusieurs dépressions sont distinguées. Parmi celles-ci, le plus grave état dépressif est la « dépression mélancolique ». La psychiatrie moderne appelle mélancolie la forme la plus poussée de dépression ; il s'agit là d'une affection grave quittant largement le champ de la morosité pour constituer une pathologie, au sens pleinement médical.

Les symptômes mélancoliques sont plus poussés que la simple dépression où il implique par exemple aboulie, anorexie, insomnie, sentiment d'incurabilité, vœux de mort, ou encore un fort sentiment de culpabilité. Dans la mélancolie s'y ajoute une véritable douleur morale (pas moins douloureuse qu'une douleur physique). Le malade se vit comme n'ayant d'autre issue que la mort, pour lui-même et parfois pour ses proches, ceux qu'il aime le plus. S'il arrive par exemple qu'une mère mélancolique tue ses enfants et se suicide, ce n'est pas par haine mais bien par amour, pour leur éviter l'enfer de la vie : elle ne peut imaginer qu'il en soit autrement. La mélancolie est considérée comme une psychose.

La psychiatrie phénoménologique (Tatossian, Tellenbach, Maldiney, Ludwig Binswanger, etc.) s'est attachée à représenter le vécu mélancolique. Le fléchissement, voire la stase de la temporalité (temps vécu) est manifestement une dimension constante, ressentie dans le contact avec le sujet mélancolique. L'inflexibilité de sa pensée dramatique la rend hermétique à toute influence de l'entourage alors qu'il se vit paradoxalement, comme déjà mort (sentiment intérieur de vide, de pétrification, de non-vivre) ; le désir suicidaire est de ne plus subir cette mort et la problématique du mélancolique est de se tuer. Son geste se fera sans appel avec une recherche de l'instantanéité et de l'irréversibilité. Convaincu de sa culpabilité et persuadé de la nocivité qu'il présente pour lui-même et pour son entourage, son suicide sera déterminé, préparé soigneusement dans la plus grande clandestinité et réalisé souvent avec une finalité altruiste. La stase de la temporalité rajoute un sentiment d'éternité de son état que la sémiologie classique a nommé sentiment d'incurabilité. Bien plus qu'une dépression sévère, la mélancolie est un mode pathologique structurellement différent par cette caractéristique vitale et non psychologique de son vécu. Il n'est pas certain que la pathologie diagnostiquée ne puisse influencer le lecteur.

La mélancolie peut survenir en un épisode unique, mais plus souvent elle est l'expression d'un trouble soit monopolaire (ne comportant que des épisodes mélancoliques), soit bipolaires (avec des épisodes mélancoliques et maniaques) anciennement dénommé « psychose maniaco-dépressive » (Emil Kraepelin). Elle est une urgence psychiatrique du fait d'un risque de suicide maximum.

Récapitulatif symptomatique de la dépression structurelle
Symptômes psychiques Symptômes somatiques Durée mise en place
Dépression structurelle psychotique ou mélancolie Altération de l'humeur, Inhibition, douleur morale (auto-dépréciation, auto-accusation, auto-punition) Maux de tête, maux de dos, perte du sommeil, pleurs 1 à 2 mois maximum

Trois genres de mélancolie peuvent être identifiées :

la mélancolie stuporeuse : le patient a une très grande inhibition motrice ;

la mélancolie anxieuse : c'est dans ce cas où le taux de suicides est le plus important ;

la mélancolie délirante : elle se fonde sur des pensées délirantes comme « Je veux qu'on rétablisse la peine de mort pour moi ».

Psychanalyse

Le texte fondateur pour la psychanalyse de la théorie de la mélancolie est Deuil et mélancolie (1915, in Métapsychologie) de Freud. Il y compare l'état dépressif passager consécutif à un deuil à la mélancolie. Le deuil est une réaction normale à une perte, qu'elle soit humaine et affective ou idéale. Le mécanisme du deuil consiste en un désinvestissement de l'objet perdu, en un retrait de la libido, par le biais de la remémoration, du « ressassement ». Le deuil peut prendre une tournure pathologique, versant dans la psychose par le déni, ou comme dans la névrose obsessionnelle, lorsque le deuil du père force une confrontation au complexe d'Œdipe.

Selon Freud, le deuil et la mélancolie partageraient certains symptômes, mis à part la mésestime de soi, l'accablement d'auto-reproches. Freud, à partir de cette différence fondamentale, déduit que la perte à laquelle réagit le mélancolique est inconsciente, et n'est pas directement en relation avec une perte réalisable comme dans le deuil. La théorie de Freud à propos de la mélancolie postule que le sujet réagit à la perte en retournant sa libido dans son propre moi : le mélancolique a effectué le désinvestissement objectal, mais la quantité de libido reste intacte et appliquée au moi, qui devient l'objet perdu. Ainsi, le mélancolique régresserait à l'identification narcissique, devenant son propre objet, et privilégiant le versant du désinvestissement : c'est ainsi que s'expliquent les auto-reproches parfois délirants et la dévitalisation. Freud présuppose donc trois conditions à l'origine de la mélancolie : la perte de l'objet, l'ambivalence envers l'objet et la régression de la libido dans le moi.

Au moment de cette théorisation, le terme de « dépression » était utilisé en tant qu'adjectif, afin de décrire cet appauvrissement général de la vie affective et intellectuelle du sujet mélancolique. Ainsi, ce qui serait traité plus tard en psychiatrie comme la psychose maniaco-dépressive ou le trouble bipolaire était considéré comme alternance de phases de manie et de mélancolie.

Le cas Haitzmann, une « névrose démoniaque » au XVII siècle, est la présentation la plus explicite d'une dépression. Haitzmann est un artiste qui sombre, à la mort de son père, dans la dépression. Il fait alors un pacte avec le Diable, lui demandant de retrouver son père pour quelques années. D'où l'expression si curieuse de « névrose démoniaque ».

L'apport psychanalytique à l'appréhension de la mélancolie se situe également dans la position dépressive décrite par Melanie Klein, et qui renverrait à la formation même du moi, naissant dans la douleur de l'ambivalence - en effet, il y aurait aux origines de cette instance, pour laquelle se prend le sujet, une angoisse dépressive ayant son origine dans l'ambivalence face à l'objet total.

Médias

Chanson populaire

Léo Ferré : La mélancolie

Miossec : La mélancolie

Mylène Farmer : Je t'aime mélancolie

Benjamin Biolay : Mélancolique

Soprano (rappeur) : Mélancolique anonyme

Soprano (rappeur) : Mélancolie

Léa Castel : Mélancolie

Joe Dassin : Si tu t'appelles Mélancolie

Michel Jonasz : Mélancolie

Iced Earth : Melancholy

Yves Duteil : Mélancolie

Cinéma

Lars von Trier, Mélancholia, 2011 avec Kirsten Dunst et Charlotte Gainsbourg

Littérature

La Mélancolie de Haruhi Suzumiya, série japonaise très populaire sur le thème de la mélancolie.

Citations

« La mélancolie, c’est le bonheur d’être triste. » de Victor Hugo

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忧郁(英语:Melancholia,或英语:lugubriousness),一种情绪与心理状态,指一个人呈现哀伤、心情低落的状况,绝望与沮丧为其特色。这是人类正常的情绪之一,但是强烈而长久持续的忧郁情绪,可能是精神疾病造成。

字根

在英语中,英语:Melancholia的字根来自希腊语:μελαγχολία,代表哀伤,或是黑胆汁的意思。古代希腊人认为这是由于黑胆汁失衡造成的疾病。英语:lugubriousness则是来自拉丁文lugere,意思是哀悼。 中医将它列为七情之一,可能是由于心、肝、脾功能失调而产生。

法法词典

désespoir nom commun - masculin ( désespoirs )

  • 1. sentiment que tout va mal et que rien ne va s'arranger Synonyme: détresse

    sombrer dans le désespoir • s'abandonner au désespoir

au désespoir de locution prépositionnelle

  • 1. à la consternation de (quelqu'un)

    elle a tenu à être hôtesse de l'air, au désespoir de son père

l'énergie du désespoir locution nominale - féminin ; singulier

  • 1. la force de l'instinct vital

    se battre avec l'énergie du désespoir

être au désespoir locution verbale

  • 1. être extrêmement malheureux

    depuis qu'elle est partie, il est au désespoir

  • 2. éprouver du regret à l'idée (de quelque chose) (soutenu) [Remarque d'usage: par exagération mondaine]

    il est au désespoir que vous n'ayez pu venir

faire le désespoir de locution verbale

  • 1. rendre (quelqu'un) très malheureux à force de causer des soucis

    ce garçon fait le désespoir de sa mère

  • 2. être la cause de l'intense frustration de (quelqu'un)

    un chanteur à la mode dont la discrétion fait le désespoir de ses fans

  • 3. susciter la consternation chez (quelqu'un)

    un pays à la dérive qui fait le désespoir de la communauté internationale

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