Carte de la Terre
La géographie (du grec ancien γεωγραφία – geographia, composé de « η γη » (hê gê) la Terre et « γραφειν » (graphein) décrire) est l'étude d'une planète, ses terres, ses caractéristiques, ses habitants, et ses phénomènes. Une traduction littérale serait « décrire ou écrire sur la Terre ». La première personne à utiliser le mot « géographie » était Ératosthène (276-194 av. J.-C.) pour un ouvrage aujourd'hui perdu mais l'arrivée de la géographie est attribuée à Hérodote (484-420 av. J.-C.) ; aussi considéré comme étant le premier historien. Pour les Grecs, c'est la description rationnelle de la Terre. Il s'agit d'une science qui répond à une curiosité nouvelle, et qui va déterminer la géopolitique en définissant les territoires à conquérir et à tenir. Pour Strabon, c'est la base de la formation de celui qui voulait décider.
Quatre traditions historiques dans la recherche géographique sont l'analyse spatiale des phénomènes naturels et humains (la géographie comme une étude de la répartition des êtres vivants), des études territoriales (lieux et régions), l'étude des relations entre l'Homme et son environnement, et la recherche en sciences de la terre.
Néanmoins, la géographie moderne est une discipline englobante qui cherche avant tout à mieux comprendre notre planète et toutes ses complexités humaines et naturelles, non seulement où les objets sont, mais comment ils ont changé et viennent à l'être. Longtemps les géographes ont perçu leur discipline comme une discipline carrefour (Jacqueline Bonnamour), « pont entre les sciences humaines et physiques ». Une division de la géographie en deux branches principales s'est imposée à l'usage, la géographie humaine et la géographie physique. Cependant la géographie reste par excellence une discipline de synthèse qui interroge à la fois « les traces » laissées par les sociétés (mise en valeur des espaces) ou la nature (orogenèse des montagnes, impact du climat…) et les dynamiques en œuvre aussi bien dans les sociétés (émergence socio-économique de la façade asiatique pacifique, désindustrialisation progressive des pays développés à économie de marché) qu'au sein de l'environnement physique (« Global Change », montée du niveau marin…). La géographie s'intéresse donc à la fois aux héritages (physiques ou humains) et aux dynamiques (démographiques, socio économiques, culturelles, climatiques, etc.) présents dans les espaces.
Par ailleurs cette discipline intègre de plus en plus divers champs culturels tels que la peinture paysagiste, le roman ou encore le cinéma.
Introduction
Longtemps les géographes se sont posé quatre questions majeures lorsqu'ils regardaient la Terre, s'inscrivant en cela dans une démarche descriptive et analytique :
Qui : Les individus et les sociétés produisent leur espace avec leurs valeurs et leurs modes de vie ;
Quoi : L'impact de ces hommes, qu'il soit économique, social, ou environnemental, produit de leurs institutions, de la recherche, des techniques, des échanges ou encore de l'exploitation des ressources naturelles ;
Où : Le lieu de ces activités humaines ; plus généralement la raison des localisations ;
Quand : La période historique où les individus ou les sociétés produisent des espaces qui s'ajoutent ou concurrencent les précédents.
La géographie a beaucoup changé depuis le début du XX siècle, à présent, c'est la science qui étudie avant tout les dimensions spatiales du social. Elle analyse la manière dont les sociétés jouent de l'espace pour s'organiser et se structurer.
L'approche géographique d'un phénomène ne se limite pas uniquement à l'utilisation de la cartographie - l'étude des cartes. La grille de questionnement, associée à la cartographie, permet d'ajuster l'analyse de l'objet - l'espace - et d'expliquer pourquoi on trouve tel ou tel phénomène ici et pas ailleurs. La géographie s'applique donc à déterminer les causes, aussi bien naturelles qu'humaines ; et lorsqu'ils observent des différences, leurs conséquences.
La question fondamentale de la géographie contemporaine est la suivante : « Y a-t-il de la distance ? » Si, pour une problématique donnée (emploi, logement, accès aux ressources naturelles, tourisme…), la réponse est positive, alors cela signifie que l'approche géographique est à ce sujet pertinente. Dès lors, il convient de s'interroger dans cette perspective sur la place faite aux grandes forces qui travaillent la société : l'individu, les communautés, les pouvoirs, la technique, la Nature. Des questions complexes se font alors jour, combinant les dimensions de la société sous l'angle géographique (pourquoi ? - Les objectifs des individus/des sociétés ; comment ? - Les relations du pouvoir dans l'espace ; Jusqu'où ? - Les limites, les discontinuités, les seuils...).
Utilité de la géographie
En créant des connaissances multidisciplinaires, la géographie donne des clés de lecture et d’analyse des grands enjeux contemporains liant espaces et sociétés. Elle s’adresse à divers publics : les politiques, les médias, les scientifiques, ainsi que la société dans son ensemble. Dans notre monde de plus en plus globalisé, cette discipline permet notamment d'appréhender de manière multiscalaire et critique les flux de biens, d'informations et de personnes afin de résoudre les défis posés par les changements climatiques, l'urbanisation, ou encore les migrations et les conflits armés. La géographie constitue ainsi un outil d'expertise et d’éducation de ces enjeux, permettant d'agir sur un plan local, national et global.
Branches
Géographie physique
La géographie physique s'organise en plusieurs branches : la géomorphologie (structurale et dynamique), la climatologie, l'hydrologie, la biogéographie et la paléogéographie. Ces disciplines concourent à l'analyse du milieu naturel, on dit plus communément aujourd'hui, des paysages, qui est un géosystème : ensemble géographique doté d'une structure et d'un fonctionnement propres, qui s'inscrit dans l'espace et dans le temps (échelles spatio-temporelles). Le géosystème comporte des composants abiotiques, biotiques et anthropiques qui sont en interaction :
les composants abiotiques (« sans vie », les facteurs du milieu autres que ceux du vivant) relèvent : de la lithosphère (les roches) ; et de l'atmosphère, déterminant le climat. Le climat se manifeste dans le déplacement des masses d'air mais aussi au niveau des milieux rocheux via des agents météoriques qui participent au climat du sol, aux processus de météorisation (modifications intervenant dans les roches sous l'effet des phénomènes atmosphériques) ; et enfin, de l'hydrosphère (les eaux) dont l'étude générale est le domaine de l'hydrologie qui se subdivise en hydrologie continentale et en hydrologie marine (ou océanographie). L'hydrographie concerne l'étude de la répartition des eaux (Cf. réseau hydrographique). Dans le milieu naturel, l'eau ne concerne pas seulement l'eau atmosphérique, les rivières, les lacs, les mers et océans et, les glaciers - l'eau doit être envisagée sous ses trois formes - mais aussi l'eau contenue dans la lithosphère.
de la lithosphère (les roches) ;
et de l'atmosphère, déterminant le climat. Le climat se manifeste dans le déplacement des masses d'air mais aussi au niveau des milieux rocheux via des agents météoriques qui participent au climat du sol, aux processus de météorisation (modifications intervenant dans les roches sous l'effet des phénomènes atmosphériques) ;
et enfin, de l'hydrosphère (les eaux) dont l'étude générale est le domaine de l'hydrologie qui se subdivise en hydrologie continentale et en hydrologie marine (ou océanographie). L'hydrographie concerne l'étude de la répartition des eaux (Cf. réseau hydrographique). Dans le milieu naturel, l'eau ne concerne pas seulement l'eau atmosphérique, les rivières, les lacs, les mers et océans et, les glaciers - l'eau doit être envisagée sous ses trois formes - mais aussi l'eau contenue dans la lithosphère.
les composants biotiques (bios, la vie) représentés par la biosphère (végétaux et animaux y compris la faune du sol, la pédofaune) ;
les composants anthropiques (anthrôpos, l'homme). L'étude actuelle des géosystèmes est caractérisée par une prise en compte plus grande de l'anthropisation, de même que l'accent est mis sur l'évolution dans le temps .
Ainsi par exemple, la géomorphologie analyse l'une des composantes du milieu naturel, en relation étroite avec les autres disciplines de la géographie physique et des sciences de la Terre (géologie). On distingue une géomorphologie structurale qui correspond dans le relief à l’expression directe de la structure, d’une géomorphologie dynamique (voire climatique) dont les formes sont liées à l’action d’un climat particulier. Cette discipline s'associe également à l'analyse du milieu dans son ensemble dans le cadre de projets d'aménagements ou de conservation des milieux naturels
La géographie physique a initialement pour objet principal le milieu. C'est la branche de la géographie qui a dominé jusque dans les années 1950-1970 par le biais de la géomorphologie, en particulier structurale, et donc l'ensemble de la discipline. L'étude de géographie physique et du paysage était la base de l'étude de la géographie pour le père de la géographie française, Paul Vidal de la Blache. Pour comprendre l'organisation des sociétés humaines, il fallait analyser le milieu dans lequel vivaient les hommes. L'historien Lucien Febvre a qualifié cette démarche possibiliste, « la nature distribue les cartes, l'homme joue la partie » (J.-P. Alix, L'Espace humain) (possibilisme). Les évolutions épistémologiques des années 1960 ont fortement affaibli la géographie physique, des géographes tel qu'Yves Lacoste ont fortement critiqué une emprise trop forte de la géographie physique comme élément explicatif de l'organisation des sociétés humaines (déterminisme).
La géographie physique a aujourd'hui profondément changé. Elle s'intéresse de plus en plus au rôle de l'homme dans la transformation de son environnement physique. Parmi les concepts les plus utilisés, on trouve l'anthropisation (voir par exemple les atouts et les contraintes dans les travaux de J.-P. Marchand, université de Bretagne, sur le climat de l'Irlande).
La place de la géographie physique fait débat au sein même de la géographie. Certains voient en la géographie physique une science de la nature, d'autres comme J.-P. Marchand affirme : "géographie physique, science sociale". L'unité de la discipline est souvent remise en question pour deux raisons. Certains géographes physiciens se sont fortement rapprochés des unités de recherches des sciences de l'environnement. Certains géographes humanistes rejettent au nom du déterminisme une explication physique de l'organisation des espaces humains.
Certains géographes physiciens intègrent les concepts de la géographie humaine et des sciences sociales. Ils plaident pour un renouveau de la géographie physique parfois appelée, géographie de l'environnement. Les études dans le domaine du développement durable en sont des exemples. Yvette Veyret en géomorphologie, Martine Tabaud en climatologie ou encore Paul Arnoud en biogéographie tentent de réconcilier géographie physique et géographie humaine en alliant études environnementales, prise en compte des acteurs géopolitiques et des aménagements.
Géographie humaine
Géographie générale
La géographie humaine est l'étude spatiale des activités humaines à la surface du globe, donc l'étude de l'écoumène, c'est-à-dire des régions habitées par l'homme. L'analyse de géographie humaine se fait à cette époque par le prisme de densités : on cherche à comprendre les préférences qui guident les hommes dans le choix du lieu où ils vont habiter. La géographie universitaire du début du XX siècle insiste sur le poids de l'histoire. Dans cette approche, l'interaction entre les hommes et la nature au moyen de leurs connaissances et de leur histoire propre conduit à distinguer les sociétés et les régions en fonction de leur genre de vie.
La géographie humaine était au début du XX siècle le parent pauvre de la discipline. Comme la géographie physique, c'était avant tout une discipline très descriptive et peu analytique. Dans les années 1920-1930, une approche économique de la géographie humaine se développe autour d'Albert Demangeon proche de l'école des Annales. Mais, c'est toujours la géographie régionale qui domine lors de cette période. Dans les années 1960 se développe la nouvelle géographie, ou analyse spatiale, qui a l'ambition de dégager des lois universelles à l'organisation de l'espace par l'homme. Cette approche positiviste occupera longtemps une place de choix au sein des courants géographiques. La géographie humaine est renouvelée à la fin des années 1970 par Yves Lacoste, créateur et fondateur de la revue Hérodote en 1976 (intitulée d'abord Stratégies géographies idéologies, puis en 1983 Revue de géographie et de géopolitique) et auteur de l'essai La Géographie, cela sert d'abord à faire la guerre. Il réhabilite alors une approche politique de la géographie, science dont il pense qu'elle peut être utilisée pour servir la cause des opprimés.
Une certaine partie des géographes rejettent entièrement la géographie physique en affirmant la géographie comme une science sociale, cette vision est notamment relayée dans la revue Espace-Temps fondée en 1975 par Jacques Lévy et Christian Grataloup
Aujourd'hui, la géopolitique tend à analyser les conséquences de la mondialisation (géoéconomie) et la gestion des ressources naturelles (l'or ; l'or bleu - l'eau ; l'or noir - le pétrole ; l'or vert - la forêt) sont les objets les plus étudiés par la géographie humaine. La géographie humaine s'est aussi enrichie d'une approche culturelle (la géographie culturelle étudie les pratiques et les modes de vie des populations. La géographie du Genre héritière du postmodernisme et sous-branche de la géographie culturelle se développe en France depuis la fin des années 1990.
Géographie régionale
La géographie régionale est un courant géographique qui recherche à diviser l'espace en régions. La première étape de cette démarche consiste donc à regrouper sous cette appellation des lieux auxquels on attribue une certaine homogénéité. Ensuite, on pourra dire en quoi cette région est un individu géographique, en quoi elle se distingue des autres régions. Dès les années 1950 dans le monde anglo-saxon, puis avec un retard d'une dizaine, voire une vingtaine d'années en France, le paradigme de la région est vivement critiqué, notamment autour de la revue L'Espace géographique. Si l'approche régionale est considérée obsolète, c'est en vertu de bouleversements mondiaux comme la révolution des transports ou la mondialisation. Ces critiques vont favoriser l’émergence d'un courant qui se veut plus scientifique et objectif : l'école de l'analyse spatiale.
Depuis les années 1970 et 1980, la géographie a vu se développer de nouvelles branches de sa discipline en accord avec une approche pluridisciplinaire (notamment l'utilisation des outils en provenance des disciplines économiques, mathématiques, sciences politiques, sociologiques, et informatiques), inspirée par les géographies scandinave, nord-américaine et anglaise, notamment à travers les approches variées de :
Géographie mathématique
La géographie mathématique, se concentre sur la surface de la Terre, l'étude de sa représentation mathématique et sa relation à la Lune et au Soleil. La géographie mathématique comprend :
cartographie : la cartographie désigne la réalisation et l'étude des cartes. Le principe majeur de la cartographie est la représentation de données sur un support réduit représentant un espace réel.
photogrammétrie
topographie
géomatique : développée récemment, cette branche de la géographie se distingue des précédentes par le recours à l'outil l'informatique, pour analyser le territoire. Elle complète les systèmes d'information développés par ailleurs dans d'autres disciplines par une référence spatiale : la localisation géographique, couramment définie par un système de coordonnées géographiques (X, Y, Z). On distingue ainsi les systèmes d'information géographiques (SIG) et la télédétection satellite.
l'analyse spatiale recouvre un ensemble d'outils mais aussi de concepts permettant de modéliser les structures spatiales et d'analyser les dimensions spatiales de la vie en société.
Champs relatifs
L'économie spatiale est un domaine aux confins de la géographie économique et de la microéconomie qui étudie les questions de localisation économique, et les relations économiques entre le mondial (mondialisation) et le local (aménagement du territoire, pôle de compétence, délocalisation...).
La notion d'échelle – ou approche multiscalaire – est essentielle en géographie : suivant que le géographe étudie toute la planète (petite échelle) ou seulement une partie de celle-ci (grande échelle), on parle de géographie générale ou de géographie régionale. De nos jours, on préfère toutefois parler de géographie thématique à la place de géographie générale et de géographie des territoires à la place de géographie régionale.
Autres planètes
Depuis les années 1970 et l'exploration spatiale la géographie est aussi l'étude des caractéristiques physiques de tous les corps célestes; aucun mot spécifique n'a été créé pour chacune d'elles. Avant cette date l'astronomie était une tout autre science, mais avec ces nouvelles connaissances, une même logique permet les comparaisons. Depuis le début du millénaire le terme pourrait aussi être étendu aux exoplanètes.
Exception
Seul sélénographie semble utilisé. Le terme aréographie pour Mars, par exemple, a bien été proposé, mais a rencontré très peu de succès.
Techniques
La géographie nécessite d'être capable de situer les différentes parties de la Terre les unes par rapport aux autres. Pour ce faire, de nombreuses techniques ont été développées à travers l'histoire.
Systèmes d'information géographique
Un système d'information géographique (SIG) est un système d'information capable d'organiser et de présenter des données alphanumériques spatialement référencées, ainsi que de produire des plans et des cartes. Ses usages couvrent les activités géomatiques de traitement et diffusion de l'information géographique. La représentation est généralement en deux dimensions, mais un rendu 3D ou une animation présentant des variations temporelles sur un territoire sont possibles, incluant le matériel, l’immatériel et l’idéel, les acteurs, les objets et l’environnement, l’espace et la spatialité.
L'usage courant du système d'information géographique est la représentation plus ou moins réaliste de l'environnement spatial en se basant sur des primitives géométriques : points, des vecteurs (arcs), des polygones ou des maillages (raster). À ces primitives sont associées des informations attributaires telles que la nature (route, voie ferrée, forêt, etc.) ou toute autre information contextuelle (nombre d'habitants, type ou superficie d'une commune par ex.). Le domaine d'appartenance de ces types de systèmes d'information est celui des sciences de l'information géographique.
Cet usage se vulgarise par la possibilité d'insérer facilement dans les pages d'un site Internet des cartes superposant des données à un fond cartographique, au moyen d'interfaces de programme d'application (API). Les exemples les plus connus en sont Google Maps API, Microsoft®Bing Maps, etc. Pour les développeurs désireux d'intégrer les standards majeurs de l'information géographique, la bibliothèque libre Javascript Leaflet réunit une large communauté d'organismes officiels et de spécialistes.
Télédétection
La télédétection désigne, dans son acception la plus large, la mesure ou l'acquisition d'informations sur un objet ou un phénomène, par l'intermédiaire d'un instrument de mesure n'ayant pas de contact avec l'objet étudié. C'est l'utilisation à distance de n'importe quel type d'instrument (par exemple, d'un avion, d'un engin spatial, d'un satellite ou encore d'un bateau) permettant l'acquisition d'informations sur l'environnement. On fait souvent appel à des instruments tels qu'appareils photographiques, lasers, radars, sonars, sismographes ou gravimètres. La télédétection moderne intègre normalement des traitements numériques mais peut tout aussi bien utiliser des méthodes non numériques.
Méthodes de géographie quantitative
La géostatistique est une discipline à la frontière entre les mathématiques et les sciences de la Terre. Son principal domaine d'utilisation a historiquement été l'estimation des gisements miniers, mais son domaine d'application actuel est beaucoup plus large et tout phénomène spatialisé peut être étudié en utilisant la géostatistique.
L'analyse des données géographiques : Géographes, urbanistes et aménageurs utilisent de plus en plus de vastes tables de données fournies par les recensements ou par des enquêtes. Ces tables contiennent tant de données détaillées qu'une méthode est nécessaire pour en extraire les principales informations. C'est le rôle de l'analyse multivariée (appelée aussi, sous ses diverses formes : analyse des données, analyse factorielle ou analyse des correspondances). Il s'agit de transformer la table des données en matrice des corrélations des variables pour en extraire les vecteurs propres (ou facteurs ou composantes principales) et produire un changement de variables.
Premier avantage : certaines variables du recensement (prix du sol, revenus, loyers, etc) seront remplacées par un facteur unique qui les résumera en opposant ménages riches/ménages pauvres dans la ville. Au lieu de dessiner plusieurs cartes redondantes, une carte du facteur représentant la structure sociale apportera une information synthétique. Deuxième avantage, l'expérience montre que l'opposition riches/pauvres constitue l'information fondamentale fournie par les recensements dans toutes les grandes villes analysées dans le monde. Toutes les cartes représentant des données socio-économiques répéteront cette structure. Mais il existe d'ordinaire d'autres phénomènes intéressants (opposition jeunes/vieux, retraités/actifs, quartiers récents/quartiers de peuplement ancien, quartiers ethniques, etc) qui seront cachés par ce phénomène dominant. L'analyse multivariée produit de nouvelles variables orthogonales par construction, c'est-à-dire, indépendantes. Ainsi, chaque facteur représentera un phénomène social différent. L'analyse permettra de reconnaître la structure cachée qui sous-tend les variables.
Ces méthodes sont très puissantes, indispensables mais offrent aussi de nombreux pièges. Différentes formes d'analyse multivariées sont utilisées, selon la métrique choisie (en général, métrique euclidienne usuelle ou Chi-deux), selon la présence ou absence de rotations, selon l'utilisation de « communalités », etc. Aujourd'hui, l'utilisation d'ordinateurs puissants et de logiciels statistiques largement répandus rend ce type d'analyse tout à fait banal, ce qui multiplie les risques d'erreur.
L’ethnographie est la science de l'anthropologie dont l'objet est l'étude descriptive et analytique, sur le terrain, des mœurs et des coutumes de populations déterminées. Cette étude était autrefois cantonnée aux populations dites alors « primitives ».
Histoire
Diego Velázquez, Le Géographe (1627-1630)
Les Grecs sont la première civilisation connue pour avoir étudié la géographie, à la fois comme science et comme philosophie. Thalès de Milet, Hérodote (auteur de la première chorographie), Ératosthène (première carte du monde connu – l'écoumène –, calcul de la circonférence terrestre), Hipparque, Aristote, Ptolémée ont apporté des contributions majeures à la discipline. Les Romains ont apporté de nouvelles techniques alors qu'ils cartographiaient de nouvelles régions.
Ces premiers « géographes » développent quatre branches de la géographie qui vont perdurer jusqu'à la Renaissance :
découvrir et explorer les continents ;
mesurer l'espace terrestre (géodésie) ;
situer la Terre dans les systèmes astronomiques (cosmographie) ;
représenter l'espace terrestre (cartographie).
Après la Renaissance et les grandes découvertes, la géographie s'impose comme une discipline à part entière dans le domaine scientifique.
Entre le XIXet leXX siècle, plusieurs courants se développent tentant de démontrer l'interaction entre l'homme et la nature, avec plus ou moins de succès et de rigueur d'approche :
le courant déterministe, emmené par le géographe allemand Carl Ritter. Le déterminisme considère qu'une cause naturelle produit une conséquence sociale.
le courant environnementaliste, développé par le géographe allemand Friedrich Ratzel. Tout être vivant est le produit du milieu dans lequel il vit.
le courant possibiliste de Vidal de La Blache qui cherche à nuancer les approches précédentes. Il n'y a pas de déterminants géographiques, mais des possibilités que l'homme choisit, ou non, d'utiliser. La nature propose, l'homme dispose.
L'École française de géographie, créée par Paul Vidal de La Blache, développe aussi une spécificité : la géographie régionale. Il s'agit de traiter de l'unique, de la région (« idiographie » ou travail sur les spécificités), évitant ainsi les dérives nomothétiques, mais tombant dans une connaissance encyclopédique.
La nouvelle géographie se développe à partir des années 1960 aux États-Unis et gagne la France, la Suisse et surtout l'Allemagne dans les années 1970. Elle est directement influencée par les géographies anglo-saxonnes, plus précisément scandinaves et américaines. Inspirée par les mathématiques (statistiques) et les règles de l'économie, cette géographie tente d'établir des « lois » universelles (science nomothétique).
Géographes célèbres
Vermeer, Le Géographe, 1669, conservé au Städelsches Kunstinstitut, à Francfort-sur-le-Main
Antiquité
Anaximandre (610 av. J.-C. - 546 av. J.-C.) : réalise l'une des premières cartes du monde connu.
Hérodote (488 av. J.-C. - 425 av. J.-C.) : auteur de la première chorographie.
Ératosthène (276-194 av. J.-C.) : calcule la circonférence de la Terre.
Strabon (** av. J.-C. - 21-25 ap. J.-C.)
Pline l'Ancien (23-79)
Renaissance et époque moderne
Martin Waldseemüller, dit Hilacomilus (1470-1522)
Nicolas Copernic (1473-1543): développa la théorie de l'héliocentrisme selon laquelle le Soleil est au centre de l'Univers et que la Terre tourne autour du Soleil,
Gerardus Mercator (1512-1594) : inventa la projection qui porte son nom
Johann Homann (16**-1724), qui réalisa des cartes du continent américain
César-François Cassini, Cassini III (1717-1784)
Jean-Denis Barbié du Bocage (1760-1825): géographe du Ministère des affaires étrangères et fondateur de la Société de géographie.
Époque contemporaine
Le naturaliste, géographe et explorateur allemand Alexander von Humboldt (1769-1859).Alexander von Humboldt (1769-1859)
Charles Darwin (1809-1882)
Friedrich Ratzel (1844-1904)
Paul Vidal de la Blache (1845-1918) : fondateur de la géographie française,
Élisée Reclus (1830-1905) : auteur d'une Encyclopédie (la Nouvelle Géographie universelle, en 19 tomes), son regard géographique fut influencé par ses convictions anarchistes.
Albert Demangeon (1872-1940)
Emmanuel de Martonne (1873-1955)
André Siegfried (1875-1959)
Pierre Gourou (1900-1999)
Philippe Pinchemel (1923-2008)
Milton Santos (1926-2001)
Yves Lacoste (1929) : fondateur de la géopolitique française, son regard géographique fut influencé par ses expériences de terrain.
Roger Brunet (1931)
Armand Frémont (1933)
David Harvey (1935)
Denise Pumain (1945)
Institutions, sociétés et centres de recherche
Bâtiment d'administration de la National Geographic Society à Washington, D.C
American Geographical Society (États-Unis)
National Geographic Society (États-Unis)
Royal Canadian Geographical Society/Société géographique royale du Canada (Canada)
Royal Geographical Society (Royaume-Uni)
Société hongroise de Géographie (Hongrie)
Société de géographie (France)
École doctorale de géographie de Paris (France)
Publications
Une du Journal de géographie, décembre 1896.
Revues de géographie
Si les revues géographiques ont parfois des origines anciennes, bon nombre d'entre elles publient maintenant des versions électroniques.
Annales de géographie
Bulletin de l'Association des géographes français
Cahiers d'Outre-Mer
Cybergeo
EchoGéo
L'Espace géographique
Espace populations sociétés
Géocarrefour
Hérodote
L'Information géographique
Journal de la Société des océanistes
Mappemonde
Méditerranée
Mosella
Norois
Revue de géographie alpine
Revue géographique de l'Est
Sud-Ouest européen
Territoire en mouvement (remplace Hommes et Terres du Nord à partir de 2006)
VertigO
Revues internationales
The Geographical Journal (en anglais)
Bases de données
Persée
Enseignement
L'enseignement de la géographie a fait l'objet de plusieurs études, notamment de la part de Jacques Scheibling ou d'Isabelle Lefort, montrant, depuis son apparition en tant que véritable discipline scolaire en France dans les années 1870 jusqu'à nos jours, son évolution en parallèle avec celle de la géographie savante, son utilisation à des fins politiques et idéologiques (« idéologie chauvine, colonialiste et raciste » selon Jacques Scheibling), surtout après la défaite contre la Prusse en 1870 (il s'agissait alors de faire prendre conscience aux élèves de l'unité de leur pays, de leur identité nationale et de les préparer à la Revanche) et pendant les conquêtes coloniales, et ses tentatives pour se sortir du rôle d'auxiliaire de la discipline historique.
De 1870 à nos jours, de nombreuses réformes ont été mises en place faisant évoluer la discipline géographie dans l'enseignement secondaire et aussi à l'université. Ces réformes portent autant sur le contenu des programmes, qui évoluent en fonction des avancées de la géographie savante et du contexte social et historique (avec par exemple une domination de l'enseignement de la géographie régionale au début du XX siècle, sous l'ère vidalienne), que sur les méthodes d'enseignement, l'aspect pédagogique, comme l'introduction dans les années 1960-1970 de manuels plus lisibles, avec de nombreuses photographies en couleurs. Aujourd'hui, l'enseignement de la géographie se définit plus en fonction de contraintes matérielles, comme les classes surchargées, la diminution du nombre d'heures, etc.