Le rouleur, ou roulèr, est un gros tambour frappé à deux mains, l’exécutant est assis à cheval sur lui : ce qui permet de modifier la tension et donc le timbre en se servant d’un de ses pieds. Les différentes graphies du nom sont quant à elles le reflet de différentes prononciations suivant les locuteurs considérés ou l’époque : rouleur, houleur, ouleur, oulèr, oulère, rouler. Le rouleur ou houler doit probablement son nom à son usage. En effet on roule le maloya, c’est-à-dire qu’on roule les hanches en dansant. En outre l’instrumentaliste fait des roulements et donc fait rouler ses mains sur la peau du tambour. Le rouleur peut aussi tirer son nom de la musique qu’il produit : fait rouler maloya.
Cet instrument se retrouve à l'île de la Réunion (et Rodrigues où on le nomme simplement tambour).
À Maurice on utilise le ravanne, et aux Seychelles on utilise le moutia 'en peau de raie ou de requin) : ce sont des tambours sur cadre à une peau, qu’une légende répandue chez les vieux ségatiers ferait cependant descendre d’un rouleur coupé en rondelle.
Facture
Traditionnellement fabriqué dans un tronc évidé au bois variable d'au moins 70 cm de long et 50 cm de diamètre, il est souvent conçu aujourd'hui avec une barrique ou un tonneau dont on a détruit les deux extrémités. Le plus souvent, la peau est de bœuf ou de cabri collée sur un cercle de bois comportant des cymbalettes.
Jeu
Le rouleur se joue maintenu au sol en position horizontale, le musicien accroupi à cheval dessus. Le talon est parfois utilisé pour percuter l'instrument en plus des mains.
Autrefois, il fallait le chauffer avant le jeu pour obtenir une bonne sonorité. Depuis quelques années on a amélioré l’instrument en le dotant de systèmes de tensions inspirés de différents tambours du même type (gwoka de Guadeloupe ou tambours africains ou afro cubain).
Le rouleur fournit le son le plus grave et la base rythmique la plus importante dans le chant maloya.
Chant de révolte
L'usage de cet instrument, lié aux anciens esclaves et surtout au Maloya, a été interdit jusqu'en 1981 comme marque de la révolte face au pouvoir blanc esclavagiste.
Sur l'île de la Réunion, et après la Seconde guerre mondiale, le Maloya était quelque peu désuet. Et c'est à partir de la fin des années 1950 que le Parti Communiste Réunionnais repris le maloya pour animer ses réunions politiques. Cherchant à mettre en valeur la culture créole, le PCR qui revendiquait l’autonomie politique de l’île, produisit les premiers disques de maloya. C'est comme ça que les Réunionnais ont connu les débuts de Firmin Viry ou bien e Simon Lagarrigue. La musique des esclaves devient alors un chant social. Les textes sont modifiés et politisés, revendiquant l'autonomie de l'île. Le Maloya sera alors interdit jusqu’en 1981. C'est depuis 1981 avec la naissance des radios "libres" et la reconnaissance des identités régionales voulue par le Ministre de la Culture, Jack Lang, que le Maloya fait partie intégrante de l’identité Réunionnaise. Danyel Waro, lo Rwa Kaf, Granmoun Lélé et Firmin Viry sont depuis considérés comme les référents du genre, leur musique servant de source d’inspiration à nombre d’autres groupes (Mélanz Nasyon, Kiltir, Salem Tradition…).