Le rythme est la caractéristique d'un phénomène périodique induite par la perception d'une structure dans sa répétition. Le rythme n'est pas le signal lui-même, ni même sa répétition, mais la notion de forme ou de « mouvement » que produit la répétition sur la perception et l'entendement. On reconnaît un même rythme dans des phénomènes de cadences, ou périodicités, différentes, lorsque l'ordre de succession et le rapport de durée entre ses moments de tension et de relâchement est identique. Ces moments sont souvent décrits aussi comme moments d’élévation (ou arsis) et d'abaissement (ou thésis).
On parle de rythme aussi bien pour les phénomènes naturels que pour les créations humaines.
La perception du rythme, comme les autres perceptions humaines, se développe par des entraînements spécifiques.
Le mot rythme s'emploie fréquemment dans le langage courant hors de son sens précis, technique, assez bien défini en musique et en poésie, comme métonymie pour toute sorte d'événements cadencés. En philosophie, il est souvent une métaphore pour traiter d'actions coordonnées ou de transactions régulières. Pour le poète Octavio Paz, « Le rythme n'est pas une mesure ; c'est une vision du monde » ; témoins les calendriers, les institutions, et « chaque civilisation peut se réduire à un rythme primordial ».
Difficultés de définition du rythme
De très nombreuses définitions du rythme ont été proposées qui présentent des incompatibilités partielles voire complètes les unes avec les autres. Cette situation est générale quand une notion implique la perception, comme le rythme, mais aussi comme la couleur ou la hauteur musicale, et, plus proche du sujet, le temps.
La notion de rythme est dotée d'une apparente évidence qui favorise les dénominations approximatives et les visions stéréotypées. À l'examen, la question révèle son extrême complexité. On distingue, dans la grande quantité de définitions proposées, deux cas extrêmes :
Certaines définitions tendent à étendre le phénomène rythmique au-delà de toute limite, conduisant à une situation où tout est rythme. Dans ces conditions, la définition retenue s'affaiblit au point de faire douter de l’intérêt de la notion de rythme.
Des définitions restreintes à un domaine particulier présentent l’avantage de bien circonscrire les phénomènes considérés, mais interdisent d’en avoir une vision globale. Cependant, on applique la notion de rythme à un champ extrêmement large. La notion de rythme est utilisée pour décrire des phénomènes aussi bien naturels qu’artificiels, des organisations temporelles et spatiales, des comportements mécaniques ou biologiques, ou encore des travaux artistiques de natures très diverses, pour lesquels elle est souvent utilisée de manière très différente d’un art à l’autre, en musique, en peinture, en poésie, en danse, et d’une époque à l’autre, d’un courant à l’autre, etc.
Cette complexité du phénomène et l'apparence inconciliable des différences définitions et approches du rythme ont conduit certains auteurs à conclure à l’impossibilité d’une définition large du rythme.
Chacune des disciplines et chacun des courants de pensée privilégient des éléments particuliers, parmi lesquels trois se retrouvent de façon récurrente : la notion de périodicité, celle de structure, et enfin celle de variabilité (ou mouvement). L’étude des multiples définitions du rythme existantes montre que celles faisant appel à deux au moins de ces trois éléments présentent souvent une plus grande force tandis que les définitions ne recourant qu’à un seul s’avèrent souvent peu consistantes. À partir de ce constat, Pierre Sauvanet a pu proposer au début des années 1990 une définition du rythme plus générique.
Rythme des phénomènes naturels
De tous temps, on a reconnu des rythmes dans les phénomènes naturels. On parle du rythme des saisons et de celui du jour et de la nuit. Ces rythmes sont des plus simples : un temps marqué par l'activité (l'été, le jour), un temps marqué par l'attente (la nuit, l'hiver), se partagent la période en parties approximativement égales.
Les vagues :
Le rythme du déferlement des vagues comprend un moment de tension bref et un moment de relâchement plus long. Dans la violence de la tempête, le rythme devient indistinct.
Rythme cardiaque : Le rythme cardiaque présente une structure un peu plus complexe, indépendante, chez un individu en bonne santé, de la cadence des pulsations. Les médecins s'entraînent à repérer et interpréter ses variations pour établir un diagnostic par auscultation (voir Troubles du rythme cardiaque).
Rythme des phénomènes artificiels
Le fonctionnement des engins mécaniques induit des rythmes souvent plus complexes que ceux produits en dehors de l'activité humaine.
tic-tac : Le mécanisme d'échappement des horloges mécaniques crée un son caractéristique, sur un rythme simple à temps égaux.
rythme du train :
Le passage des roues des trains sur les joints de rails a produit (avant la suppression de ceux-ci dans les voies modernes) un rythme plus complexe, identifié par des générations de voyageurs, indépendamment de sa cadence, déterminée par la longueur des rails et la vitesse du train.
Rythmes comme signaux
On a utilisé la perception du rythme pour transmettre des signaux. Dans les exemples suivants, le son est identique, la cadence est indifférente, le sens communiqué dépend uniquement de l'agencement des signaux dans la période de répétition.
Battements de cloche :
Le glas informe à distance, par la répétition d'un rythme, la communauté d'un décès (par exemple, trois tintements de cloche suivis d'un repos) ; le tocsin, de même, communique une alarme, généralement par une sonnerie répétée continument.
Tambours militaires : Dans les armées, des rythmes à sens conventionnels appelées batteries ont servi, jusqu'au XIX siècle, à communiquer les ordres à la troupe à distance : aux champs, couvre-feu, rappel, générale, etc. Dans certains cas, comme dans les batteries de marche, le son du tambour communique à la fois l'ordre (marchez) et la cadence de son exécution.
Signalisation maritime :
Lorsque sur une côte, plusieurs phares peuvent être visibles, on peut les distinguer par le rythme de leurs éclats. Comme on recherche des signaux aussi différents que possible pour éviter les confusions, la plupart du temps le rythme et la cadence des éclats sont tous deux différents.
Sonneries de téléphones :
Dans certains systèmes de téléphone, le rythme de la sonnerie indique la provenance de l'appel. Une sonnerie répétée indiquera par exemple un appel de l'intérieur du système, tandis qu'un groupe de deux sonneries, se répétant après un silence aussi long que le groupe entier, indique un appel de l'extérieur.
Lorsque la perception des structures temporelles s'applique à un signal qui ne se répète pas, comme dans le cas de l'alphabet morse, il n'existe pas de rythme.
Rythme dans les arts
Le rythme, structure temporelle dans un cycle qui se répète avec une cadence, est à l'origine le rythme poétique induit par la succession des voyelles longues et des voyelles courtes dans la langue grecque, quand la métrique de la poésie accompagne sur le théâtre la cadence de la marche et de la danse.
Au XVI siècle Thoinot Arbeau dérive, dans son Orchésographie, le rythme de la marche et de la danse.
Les musiciens de formation européenne ont développé leur propre notion du rythme, basé sur la division du temps en mesures égales, et la représentation des durées, longues ou brèves, sur les partitions avec une périodicité des temps « faibles » ou « forts ».
Les chercheurs en ethnomusicologie se sont rendu compte que ces notions reflétaient imparfaitement les conceptions musicales issues d'autres cultures, particulièrement dans les tambours d'Afrique subsaharienne.
Dans les arts plastiques (peinture, sculpture, architecture…), on utilise parfois, la notion de rythme. L'espace remplace alors le temps, et le rythme désigne l'organisation de l'alternance des lumières et des ombres, des pleins et des vides, etc..
Perception du rythme
La perception des rythmes à court terme est un domaine d'intérêt de la psychologie expérimentale, ouvert par les travaux de Seashore, et poursuivi en France par ceux de Paul Fraisse. Ces études relient le plus souvent la perception du rythme à l'activité motrice, et, après les études pionnières de Seashore, orientées par la psychologie de la musique, ont souvent limité souvent leurs expérimentations aux cadences.