Nuages lenticulaires engendrés par des ondes orographiques associéés à un épisode de tramontane au-dessus de Port Leucate.
Mer agitée par la tramontane (Pyrénées-Orientales).
La tramontane est le nom donné à plusieurs vents soufflant en Méditerranée occidentale. En Catalogne et en Languedoc, la tramontane ou Tramontane (dans ce cas, on utilise parfois une majuscule) est le vent du Nord-Nord Ouest provenant des massifs montagneux et soufflant en direction du golfe du Lion. Il est en ce lieu l'opposé du vent d'autan. En Provence et en Italie, il s'agit plutôt d'un vent du Nord.
Étymologie
Le mot est attesté depuis la fin du XIII siècle, dans l'œuvre de l'écrivain florentin de langue française Brunetto Latini (Li livres dou trésor, publié aux alentours de 1265) sous le forme tramontaine de septentrion qui désigne l'Étoile polaire (ou Étoile du Nord). Il en est également attesté dans l'œuvre du catalan Raymond Lulle sous les formes tremuntana et tremontana, puis sous la forme tramontana dans le livre tiré des récits de Marco Polo, le Devisement du monde (1298), rédigé dans un français approximatif par Rustichello de Pise, écrivain et compagnon de détention de l'explorateur vénitien. Enfin, dans le manuscrit L’entrée d’Espagne (Anonyme, vers l'an 1320), il est question du vent du golfe du Lion, la tramontaine (li vant de tramontaine, vers 11786, tome 2). Le terme en ancien français provient du latin transmontanus et il désigne ici un vent du Nord-Ouest soufflant en Catalogne (ou en bas Languedoc) où les monts sont les Pyrénées (ou les Corbières, plus au Nord),
Caractéristiques : la Tramontane et les tramontanes
La Tramontane est un vent froid, sec et violent, qui souffle depuis les reliefs pyrénéens ou languedociens vers le golfe du Lion. Cependant, dans le langage populaire, le mot tramontane peut désigner un vent de la Méditerranée occidentale soufflant du continent vers la mer.
En tant que vent du nord-ouest, il souffle sur le Languedoc où il prend le nom de cers (qui a donné le nom au dieu romain Cersius), la plaine du Roussillon, la plaine de l'Empordà et l'île de Minorque aux Baléares. La Tramontane s'accélère en passant entre les Pyrénées et le sud du Massif central, car le flux rencontre un goulot, ce qui provoque son accélération, et a également pour conséquence un effet Venturi à la verticale de ce goulot. La Tramontane est proche du Mistral par son origine et ses effets, mais il s'agit de deux vents différents.
Les habitants de la région Languedoc-Roussillon parlent d'une « règle des 3, 6, 9 » qui veut que quand la Tramontane se lève, elle peut souffler 3, 6 ou 9 jours.
Le Mistral et la Tramontane ont les mêmes causes météorologiques et sensiblement les mêmes effets. Cependant, les couloirs montagneux utilisés sont différents entre les deux vents. Les couloirs d'accélération utilisés sont :
pour la Tramontane : entre le Nord des Pyrénées et le Sud du Massif central,
pour le Mistral : entre l'Est du Massif central et l'Ouest des Alpes (vallée du Rhône).
Les tramontanes sont une forme de foehn. Ce vent violent peut avoir des effets perturbateurs sur l'équilibre psychique. Georges Brassens a mis en musique le poème de Victor Hugo Gastibelza, dans lequel ce dernier dit :
« Le vent qui vient à travers la montagne me rendra fou (... m'a rendu fou). »
Locution
À l'époque classique le terme prend le sens de « guide » (1557). En 1636 apparaît la locution figurée perdre la tramontane pour être désorienté. Cette expression se retrouve dans des vers de Molière du Bourgeois gentilhomme : « Le Ballet des Nations, Première Entrée, autre gascon : Je perds la tramontane »
Georges Brassens utilise cette expression dans sa chanson Je suis un voyou :
« J'ai perdu la tramontane en trouvant/perdant Margot... »
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