Un psychanalyste est un professionnel formé sur le plan pratique et théorique à diriger des cures psychanalytiques.
L'exercice de psychanalyste correspond à la reconnaissance d'une formation théorique et clinique, au sein d'une école de psychanalyse, à laquelle le psychanalyste reste en règle générale affilié au-delà de sa formation. Le titre de psychanalyste n'est pas un titre protégé, toutefois, avoir soi-même fait une cure analytique est le prérequis essentiel dans le cadre d'une école membre d'une association psychanalytique.
Principe de l'analyse didactique
Institut psychanalytique de Berlin
Les psychanalystes effectuent une cure psychanalytique puis se forment, sur le plan théorique et par une pratique clinique. La distinction entre analyse didactique et cure analytique a été formalisée à l'Institut psychanalytique de Berlin dans les années 1920 : il s'agissait alors de professionnaliser et d'institutionnaliser l'activité d'analyste, alors que la deuxième génération de psychanalystes n'appartenait plus au cercle viennois qui avait vu les tout débuts de la psychanalyse : Michael Balint était hongrois, Melanie Klein a été formée à Budapest et Berlin, etc.
Cette exigence de formation est d'autant plus forte que l'institutionnalisation de la psychanalyse se fait dans le cadre d'une double difficulté :
Il s'agit de défendre le statut naissant de psychanalyste face à la pratique de l'analyse sauvage, de praticiens non-diplômes ;
les premiers psychanalystes sont confrontés à des contestations de leur statut, notamment de la possibilité d'exercice de la psychanalyse par des non-médecins, l'analyse profane ou laïque. Cette question divise la plupart des associations habilitées, elle se pose en France lors de l'affaire Margaret Clark-Williams.
Pratique sous supervision ou « contrôle »
L'Institut de Berlin impose que le candidat soit recruté par l'institution et qu'il suive une formation préalable théorique, avant de réaliser, des stages qui le conduisent à avoir une activité clinique. Au terme de cette formation, il est habilité comme analyste et peut se revendiquer comme tel. Ces critères, contestés par certains psychanalystes lorsqu'ils ont été adoptés sont finalement largement repris par l'Association psychanalytique internationale.
Cursus théorique
Alfred Adler
La formation de psychanalyste s'effectue après des études universitaires, de médecine, en particulier dans les spécialités de psychiatrie, ou de psychologie. La formation comporte une étude approfondie des textes théorico-cliniques de Sigmund Freud. Selon les écoles, la formation porte davantage sur les écrits des membres de l'école anglaise de psychanalyse, Melanie Klein, Donald Winnicott, Wilfred Bion, pour les candidats de Association psychanalytique internationale, de Jacques Lacan et de Jacques-Alain Miller pour les écoles d'orientation lacanienne, etc.
Le psychanalyste en formation étudie aussi, selon ses intérêts et les orientations du groupe auquel il appartient, les écrits des psychanalystes contemporains. Ce travail d'étude théorico-clinique se poursuit durant toute la carrière professionnelle des psychanalystes.
Formation clinique
Clinique du Burghölzli
La formation clinique des psychanalystes s'effectue généralement sous contrôle de la société psychanalytique auprès de laquelle le candidat fait sa formation théorique : il s'agit souvent pour celui-ci de mener une ou plusieurs cures, pour lesquelles il est supervisé par un analyste didacticien.
Débats sur les formations
La question de la formation initiale des psychanalystes a donné lieu à d'importants débats au cours du siècle dernier, notamment sur la question de la nécessité d'une formation initiale en médecine. Si l'essentiel des écoles et courants psychanalytiques s'accordent à juger nécessaires les trois prérequis que constituent une cure psychanalytique, plusieurs cures supervisées et un cursus d'études théoriques, les modalités pratiques et les procédures d'habilitations peuvent différer.
L'Association psychanalytique internationale
Logo de l'API
Pour des raisons historiques, épistémologiques et politiques l'Association psychanalytique internationale, fondée en 1910 par Freud et les premiers freudiens, pour fédérer le mouvement psychanalytique international, ne regroupe pas l'ensemble des sociétés analytiques. Cette association reconnaît une diversité de modes de formations en fonction des pays ou des orientations analytiques, comme ce fut le cas par exemple au Royaume-Uni durant les « Grandes controverses » des années 1941-1945, entre les kleiniens les annafreudiens,qui ont abouti à faire admettre plusieurs parcours de formation, au sein de la Société britannique de psychanalyse.
En France
Marie Bonaparte
Du fait de divergences théoriques et de scissions historiques, il existe de nombreuses associations psychanalytiques.
La Société psychanalytique de Paris, historiquement la première créée, en 1926 et l'Association psychanalytique de France, fondée par notamment Daniel Lagache, Juliette Favez-Boutonier, Jean Laplanche, J.-B. Pontalis en 1964 par scission de la Société française de psychanalyse (SFP), sont membres de l'Association psychanalytique internationale et de la Fédération européenne de psychanalyse.
le Quatrième Groupe (OPLF), fondée en 1969 par Piera Aulagnier, François Perrier, Jean-Paul Valabrega notamment, représente un courant indépendant mais appartient à la Fédération européenne de psychanalyse.
enfin, les associations lacaniennes de psychanalyse , telles l'École de la cause freudienne, appartiennent pour certaines à l'Association mondiale de psychanalyse ou à l'Association lacanienne internationale.
Pratique
Fonction du psychanalyste dans le dispositif analytique
L'Interprétation des rêves
Le psychanalyste a pour fonction d'écouter de manière dite « égale », c'est-à-dire toujours avec la même attention neutre, les associations libres de l'analysant qu'il reçoit, selon les termes consacrés, avec « neutralité » et « bienveillance ». Ses interventions se font sous la forme d'interprétations, formulées d'une façon indirecte ou directe, qui révèlent le contenu latent (inconscient) à partir du discours manifeste du patient incluant les récits de rêves. Il interprète aussi en fonction de la dynamique du transfert — qui a été décrite par Freud comme la « pierre angulaire » du traitement et de ses progrès — et celle du contre-transfert.
Modalités d'exercice du psychanalyste
Le contrat analytique comporte les modalités, rythme et durée des séances, vacances et paiement. Ce dernier constitue directement le revenu de l'analyste ou est parfois de nature symbolique dans les cas où la cure est financée par un tiers-payant. Les tarifs pratiqués peuvent varier dans certaines fourchettes, en fonction du marché, mais aussi souvent des moyens du patient. Le traitement peut sous certaines conditions être remboursé par la Sécurité Sociale ou des assurances du même type dans d'autres pays. Selon l'indication thérapeutique, l'analyste peut modifier d'une manière plus ou moins importante le cadre de la cure. On en vient alors à parler de psychothérapies (- psychanalytiques) . Le fait que les psychothérapies psychanalytiques s'adressent plutôt à des personnes souffrant de symptômes et les cures types plutôt réservées à des personnes "bien portantes" est une question polémique. Le dispositif de la cure classique est souvent proposé à des personnes très symptomatiques afin de les aider à surmonter les mécanismes sous-jacents aux symptômes.
L'introduction par Jacques Lacan d'une distinction conceptuelle entre pratique psychanalytique pure et pratique psychanalytique appliquée à la thérapeutique permet de résoudre cette apparente difficulté en distinguant entre l'adaptation parfois nécessaire du cadre à la situation ou aux moyens du patient et ce qui ressort aux différentes modalités de l'investissement du désir de l'analyste (thérapie, formation, recherche etc.) dans le projet et le processus de la cure. Quel que soit le cadre proposé, la garantie du caractère psychanalytique d'une pratique repose en dernière analyse sur la qualité de psychanalyste de celui qui la met en œuvre, ce qui pose, de manière circulaire, le problème de sa formation. En effet, si l'on peut dire que l'analyste est le produit de sa propre psychanalyse, il faut aussi affirmer qu'une cure analytique est la cure proposée et pratiquée par un psychanalyste.
Générations de psychanalystes
Sigmund Freud (1905)
Il existe différentes manière de classer les psychanalystes. Une de ces manières consiste à distinguer différentes générations d'analystes.
Le premier, par auto-analyse, est Sigmund Freud.
Le comité secret : Rank, Freud, Abraham, Eitingon, Ferenczi, Jones, Sachs (1922)
La première génération est celle des contemporains de Freud, au début du XX siècle, notamment les premiers membres du «comité secret», Sándor Ferenczi à Budapest, Otto Rank et Hanns Sachs à Vienne, Karl Abraham et Max Eitingon à Berlin et Ernest Jones à Londres ; d'autres psychanalystes tels Carl Gustav Jung à Zurich, Alfred Adler, etc.
La seconde génération est surtout active entre les deux guerres mondiales : Melanie Klein, Anna Freud, Sabina Spielrein, Marie Bonaparte...
La troisième génération est surtout active après la deuxième guerre mondiale, elle comprend par exemple Donald Winnicott, Esther Bick, Wilfred Bion, Hanna Segal, Herbert Rosenfeld, à Londres ; Françoise Dolto, Jacques Lacan, Jean Laplanche, J.-B. Pontalis à Paris ; Raymond de Saussure et Marcelle Spira en Suisse romande, etc.
Quelques psychanalystes renommés
Une autre manière de les classer consisterait à mettre en avant leur appartenance à des courants théoriques. On peut distinguer ainsi des psychanalystes freudiens, jungiens, kleiniens ou post-kleiniens, ego-psychologues, lacaniens, freudo-marxistes etc.
Une autre forme de typologie, adoptée ci-dessous, consiste à les classer par pays d'exercice.
Allemagne
Lou Andreas-Salomé (1914)
Max Eitingon
Karl Abraham (a notamment travaillé les questions de l'oralité et de l'analité)
Lou Andreas-Salomé (psychanalyste et théoricienne, première femme auditrice de la Société psychanalytique de Vienne en 1912, correspondante de S. Freud et d'Anna Freud)
Max Eitingon (membre du comité secret, cofondateur de l'Institut psychanalytique de Berlin)
Georg Groddeck (apports sur la vie pulsionnelle.)
Karen Horney (engagement pour les femmes, a prôné l'autoanalyse.)
Alexander Mitscherlich (un des seuls analystes allemands ayant pu maintenir la tradition psychanalytique face au nazisme)
Ernst Simmel (cofondateur avec Max Eitingon en 1920 de l'Institut psychanalytique de Berlin)
Argentine
Willy Baranger (auteur de travaux en psychanalyse sur les notions de «champ», de «position» et d'«objet» chez Melanie Klein)
Jose Bleger (théorisation de la symbiose et du cadre analytique)
Raquel Capurro
Horacio Etchegoyen
Leon Grinberg (ses idées sur la migration)
Juan David Nasio
Enrique Pichon Rivière (travaux sur la psychanalyse de groupe)
Heinrich Racker (théorisations sur le transfert et le contre-transfert)
Emilio Rodrigué: (auteur d'une biographie de Freud traduite)
Autriche
Viktor Tausk
August Aichhorn
Alfred Adler
Josef Breuer
Helene Deutsch
Emma Eckstein
Paul Federn
Otto Fenichel
Anna Freud
Sigmund Freud
Otto Rank
Wilhelm Reich
Theodor Reik
Hanns Sachs
Wilhelm Stekel
Richard Sterba
Victor Tausk
Belgique
Maurice Dugautiez
Fernand Lechat
Jacques Schotte
François Duyckaerts
Canada
Gabrielle Clerk
Julien Bigras
André Lussier (psychanalyste)
Chili
Fernando Navarro Allende
Ignacio Matte Blanco
États-Unis
Franz Alexander
Bruno Bettelheim
Erich Fromm
Frieda Fromm-Reichmann
Ralph Greenson
Heinz Hartmann
Edith Jacobson
Abram Kardiner
Otto F. Kernberg
Heinz Kohut
Ernst Kris
Bertram D. Lewin
Rudolph Loewenstein
Margaret Mahler
Daniel Schechter
Max Schur
Harold Searles
René Spitz
Daniel Stern
Robert Stoller
France
Des psychanalystes français
Jacques Lacan
Mária Török
Maud Mannoni
J.-B. Pontalis
Nicolas Abraham
Eliane Amado-Valensi
Alain Amselek
Didier Anzieu
Jenny Aubry
Piera Aulagnier
Jean Bégoin
Jean Bergeret
Marie Bonaparte
Maurice Bouvet
Janine Chasseguet-Smirgel
Jean-François Chiantaretto
Margaret Clark-Williams
Jean Clavreul
Myriam David
Marguerite Derrida
Alain Didier-Weill
Françoise Dolto
Jean-Luc Donnet
Michel Fain
Juliette Favez-Boutonier
Pierre Fédida
André Green
Roland Gori
Philippe Grimbert
Bela Grunberger
Félix Guattari
Jean Guillaumin
Michel Hanus
Lucien Israël
René Kaës
Pierre Kahn
Evelyne Kestemberg
Jean Kestemberg
Julia Kristeva
Jacques Lacan
René Laforgue
Daniel Lagache
Jean Laplanche
Serge Lebovici
Serge Leclaire
Claude Maillard
Pierre Mâle
Maud Mannoni
Octave Mannoni
Pierre Marty
Joyce McDougall
Charles Melman
Alain de Mijolla
Jacques-Alain Miller
Sophie Morgenstern
Michel de M'Uzan
Sacha Nacht
Jacques Nassif
Sylvie Nerson-Rousseau
Jean Oury
Gisela Pankow
Francis Pasche
Édouard Pichon
Gérard Pommier
Jean-Bertrand Pontalis
Paul-Claude Racamier
Salomon Resnik
Blanche Reverchon
Guy Rosolato
Élisabeth Roudinesco
René Roussillon
Joseph Rouzel
Moustapha Safouan
Monique Schneider
Daniel Sibony
Eugénie Sokolnicka
Michel Soulé
Maria Török
François Tosquelles
Daniel Widlöcher
Hongrie
Sándor Ferenczi
Michael Balint
Sándor Ferenczi
Imre Hermann
Sándor Radó
Géza Róheim
Leopold Szondi
Italie
Franco Fornari
Cesare Musatti
Inde
Girindrashekhar Bose
Sudhir Kakar
Maroc
Jalil Bennani
Royaume-Uni
Des psychanalystes britanniques
Melanie Klein (1952)
W.R. Bion
Esther Bick
Christopher Bollas
Wilfred R. Bion
John Bowlby
William R. D. Fairbairn
Sigmund Heinrich Foulkes
Edward Glover
James Glover
Ernest Jones
Masud Khan
Melanie Klein
Moses Laufer
Donald Meltzer
Henri Rey
Herbert Rosenfeld
Hanna Segal
John Steiner
Frances Tustin
Donald W. Winnicott
Russie
Nicolaï Ossipov
Sabina Spielrein
Suisse
Carl Gustav Jung
Charles Baudouin
Gaetano Benedetti
Ludwig Binswanger
Michel Gressot :
Germaine Guex
Henri Flournoy (1886-1955)
Olivier Flournoy
Carl Gustav Jung
François Ladame
John Leuba
Alice Miller
Christian Müller
Charles Odier
Oskar Pfister
Hermann Rorschach
Raymond de Saussure
Marguerite Sechehaye
Marcelle Spira