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词典释义:
modernité
时间: 2023-09-26 07:23:15
[mɔdεrnite]

n. f 代性, 代特色[尤指艺术]

词典释义
n. f
代性, 代特色[尤指艺术]
近义、反义、派生词
近义词:
modernisme,  nouveauté
反义词:
archaïsme,  classicisme,  traditionalisme,  antiquité,  vétusté
联想词
modernisme 代性; moderne ; tradition 传统; authenticité 真实性,确实性,可靠性; élégance 优美,雅致; sobriété 有节制; originalité 独创性; classicisme 古典主义; romantisme 浪漫主义; féminité 女子特点,女性特征; raffinement 精炼,精制;
原声例句

Alors il faudra s'attendre à ce que la modernité elle-même, à l'origine du capital séduction, soit remise en cause.

因此我们可以预想的是现代性本身,这个诱惑资本的来源 会被许多人质疑。

[TEDx法语演讲精选]

Une veste unique qui bouge comme elle respire l'air de la modernité Une veste intemporelle et contemporaine qui porte haut l'idée d'un luxe qui se ressent mais ne se dit pas.

一件独一无二的外套与身姿完美契合,散发着现代气息一件极具当代特色的隽永之作体现无法言诠,只能亲自体会的精致奢华质感。

[Inside CHANEL]

Son style, c'est du style d'une autre époque mais qui a survécu, et qui a su s'adapter à la modernité de toutes les décades successives.

她的风格,来自于她身处的时代却又能与时俱进,流传至今,始终洋溢现代气息

[Inside CHANEL]

Cette femme élégante et spirituelle, qui vécut il y a quelques 350 années, a fait preuve dans sa correspondance d’une véritable modernité.

这位优雅又聪明的女性,生活于350年前,在她的书信里真正体现出了现代特色

[Compréhension orale 3]

Réinterprétant le Cubisme, les futuristes fractionne leur sujet, suggèrent le dynamisme de la modernité par l'utilisation d'angles aigus synonyme de vitesse.

未来派重新诠释立体主义,将主题拆分,通过使用与速度同义的锐角,暗示现代性的活力。

[历史小问题]

La ville, point de départ de Christophe Colomb, est fière de montrer qu'elle a su allier avec brio son histoire et sa modernité.

这个城市,哥伦布的起航点,骄傲地向大家展示她用热情把历史和现代化结合在一起。

[Carmen 卡门]

Parfait glacé. La gelée de mandarine et la touche finale, les desserts faits, ludiques, simples, qui respectent l'origine des treize desserts avec une petite touche de modernité. Je pense que ça va faire des années pour

这个冻得非常好。放好橘子果冻,还有最后一步。既有趣又简单的甜品做好了,它既尊重十三样种甜品的起源,又兼具一点现代性。我认为这是为现代的普罗旺斯人而做的。

[Food Story]

Ils défendent la liberté et la modernité dans l'art et refusent les règles strictes de l'époque.

他们捍卫艺术的自由和现代性,拒绝当时严苛的规则。

[Quelle Histoire]

C'est la seule touche de modernité qui ait été apportée ici depuis près de deux siècles.

这是最近两个世纪以来,现代世界在这里留下的唯一痕迹。”

[《第一日》&《第一夜》]

Mais, de ce côté de la Tamise, le quartier gagné sur les eaux du fleuve n'était que modernité, les immeubles de verre et d'acier rivalisaient de hauteur, le béton avait coulé par tonnes.

然而在泰晤士河的这一边,沿岸的街区全都散发着现代气息,玻璃和不锈钢搭建的大厦竞相媲美,一栋高过一栋。各种现代建筑物组成的水泥森林迎面而来。

[《第一日》&《第一夜》]

例句库

Shanghai Sheng-cheng Trading Co., Ltd a été créé en Mars 2005, est mis en production, marketing, service après-vente dans l'un de la modernité, la capitale de force.

上海诚升贸易有限公司成立于2005年3月,是集生产,销售,售后服务于一体的现代化公司,资金实力雄厚。

Un monde où la prééminence de l’Occident fait place à de nouvelles formes de modernité ancrées dans des cultures millénaires.

尤其是在亚洲,新兴繁荣国家迅速崛,在这个世界里,面对植根于数千年历史文化的新型现代化模式,西方已经慢慢失去它的优势了。

Si nous sommes plus nuancés, il faut avouer que cette coupe courte manque un peu de modernité, contrairement à celle d'Emma Watson ou de Carey Mulligan.

如果更仔细的观察,我们必须承认跟艾玛•沃特森和凯瑞•穆里根的短发相反,海瑟薇的这个短发缺乏了些时尚感

Pas seulement pour souligner la modernité troublante de la pensée du Général mais aussi pour prendre la mesure de son talent d'orateur et goûter aussi la beauté de la langue.

请允许我们在此引用一段发言,来展示戴高乐将军思想中令人称奇的现代意识,还有天才的雄辩和出众的文采。

Chaque projet est unique et fait appel à des savoir-faire, des techniques à la pointe de la modernité.

每项工程都与众不同,汇聚了许多达到世界顶尖水平的技术。

Aussi entre-t-il de plein droit dans la modernité européenne.

同样的,林风眠寻求与精确的决裂,如此堂皇地迈入欧洲的现代性

Shanghai fascine par sa capacité à faire cohabiter, dans une harmonie subtile, son histoire et sa modernité.

上海善于以细致入微的方式让历史与现代和谐共存令人着迷。

Ses œuvres questionnent la vie contemporaine, la modernité, le développement des sociétés occidentales et asiatiques et la place de l'homme face à ces changements.

她用作品质疑现代的摩登生活,西方人及亚洲人的社会发展以及面对社会的改变人类如何自处。

Son dernier roman paru en 2009, Le Paradoxe de Vasalis est le premier tome d'une série d'un genre nouveau, qui mêle art et suspense, érudition et aventure, histoire et modernité.

最新小说《瓦萨里斯悖论》于2009年出版,是新型系列作品的第一卷,内容涉及艺术与悬疑、博学与冒险、历史与现代

A présent, il est devenu un sport nautique traduisant à la fois la tradition populaire et la modernité.

目前,赛龙舟变成一种既传统又国际化又时尚的体育项目。

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今朝,赛龙舟变成一种既传统又国际化又时尚的体育运动项目。

N. C. : Comment vous situez-vous par rapport à ce qu’on appelle la "modernité" ?

《新钥匙》:对于人们所说的“现代性”,您怎样定位您自己?

Il continue de plaider en faveur de la modernité poétique jusqu'à sa mort en septembre 1966 à Paris.

他继续为现代诗辩护,直到1966年9月逝世于巴黎。

Base de clients ciblés de la modernité des femmes 18-30 ans.

客户群专门针对18-30岁的现代女性。

Loin d'être un retour au passé, l'agriculture biologique se situe au cœur de la modernité agronomique actuelle.

并非回到过去,有机农业当下位于现代农艺的中心。

Aujourd'hui, à Shanghai, je vois la vie chinoise se maintenir encore dans la modernité galopante et cela me réjouit.

现在、在上海,我很开心地看到中国人民的生活水平在飞速的现代化中稳步发展。

Nous cherchons un équilibre entre modernité et valeurs traditionnelles», explique Ciu Ja, 26 ans, qui rejette la thèse de l'égoïsme.

我们在现代理念和传统价值观中间寻求平衡。”

Il est donc impératif de préconiser un dialogue sérieux et urgent entre le Nord et le Sud, pour un transfert rapide et aisé des capitaux et des avancées technologiques, ainsi que pour favoriser le développement des nations qui aspirent à la modernité.

因此,必须要求南北开展严肃而紧急对话,必须迅速而宽松地转让技术进步和资源,必须支持寻求现代化的国家的发展。

法语百科

La modernité est un concept multiforme dont les applications varient selon l'acception que l'on donne au mot. Entré dans l'usage à partir du deuxième tiers du XIX siècle, le substantif français « modernité » est le calque du latin médiéval modernitas, issu de l'adjectif latin tardif modernus, lui-même dérivé, par l'intermédiaire de l'adverbe modo pris dans son acception temporelle (« récemment », « tout à l'heure »), du radical latin modus (« mesure », « limite », « manière », « mode [masc.] »).

La notion de « moderne », sur laquelle repose évidemment celle de « modernité », est plurivoque.

En tant que concept philosophique, la « modernité » est pour les uns le projet d’imposer la raison comme norme transcendantale à la société, ou pour les autres la crise de la raison dans l'histoire, ou encore les deux à la fois, d'où la définition de « crisologie » que propose Gérard Raulet.

En termes de sociologie, la modernité est, selon Michel Freitag, un mode de reproduction de la société fondé sur la dimension politique et institutionnelle de ses mécanismes de régulation, par opposition à la tradition, dans laquelle la reproduction d’ensemble et le sens des actions exécutées est régulé par des dimensions culturelles et symboliques particulières. La modernité est un changement ontologique du mode de régulation de la reproduction sociale, un changement qui lui-même suppose une modification du sens temporel de la légitimité. L’avenir dans la modernité remplace le passé et rationalise le jugement de l’action associée aux hommes. La modernité est la possibilité politique réflexive de changer les règles du jeu de la vie sociale. La modernité est aussi l’ensemble des conditions historiques matérielles qui permettent de penser l’émancipation à l'égard des traditions, des doctrines ou des idéologies données et non théorisées par une culture traditionnelle.

En histoire, où des jalons chronologiques sont nécessaires et/ou admis, la modernité est évoquée et associée avec l'époque moderne ou « Temps Moderne(s) ». Elle commencerait en 1453 avec la prise de Constantinople par les Turcs, et dont la fin correspond à la Révolution française pour les historiens français et à 1920 pour les écoles historiques anglo-saxonnes. Cependant, certaines de ces affirmations précédentes font l'objet de discussions et de débats : ainsi, par exemple, Guizot fait commencer la modernité en 1492, et Illich, au XII siècle.

Aperçu étymologique : de modernus à « moderne » et « modernité »

L'histoire du mot « moderne », depuis la racine la plus élémentaire jusqu'à l'acception le plus complexe dans la littérature, a été étudiée par Hans Robert Jauss.

La plus ancienne attestation du substantif modernitas figure chez le chroniqueur Berthold de Reichenau, dans sa relation (contemporaine) d'un synode romain convoqué en 1075 par le pape Grégoire VII : il y est question de modernitas nostra (« notre époque moderne »).

Ce substantif médiéval modernitas est lui-même dérivé de l'adjectif tardoantique modernus, qui apparaît au V siècle. Les deux termes dérivent de l’adverbe latin modo pris dans un de ses sens classiques, à savoir l'acception temporelle de « maintenant », « récemment », « il y a peu de temps », « dernièrement », « tout à l'heure ». L'adjectif modernus qualifie donc ce qui est apparu récemment et qui vaut encore au moment où l'on parle. Sa forme francisée « moderne » apparaît vers le milieu du XV siècle.

Le vocable français « modernité » est attesté pour la première fois en 1822, sous la plume du jeune Honoré de Balzac, qui l'emploie au sens culturel de « Temps Modernes ». Le mot reparaît peu après chez Chateaubriand qui, dans ses Mémoires d'outre-tombe (4 partie ; achevé peu avant 1841, publié en 1849), l'appliqua à ce qui, dans la ville de Prague qu'il visita en 1833, relevait de la vie moderne et des institutions de son époque, comme la douane et l'usage du passeport. L'écrivain malouin l'emploie au sens de « caractère actuel, moderne, récent ». Une troisième étape dans le développement sémantique du terme est marquée par Baudelaire. Celui-ci, dans Le Peintre de la vie moderne (rédigé en 1860, publié en 1863), au chapitre précisément intitulé « La Modernité », propose cette définition : « La modernité, c'est le transitoire, le fugitif, le contingent, la moitié de l'art, dont l'autre moitié est l'éternel et l'immuable ». Avec Baudelaire, ou mieux à partir de lui, « la modernité devient une valeur esthétique, toujours changeante par définition puisque liée à la mode (...), mais présente à toutes les époques ».

La modernité comme crise

On peut associer la modernité à la poursuite de l’idéal développé par les philosophes des Lumières (Rousseau, Holbach, Kant, etc.), c'est-à-dire à la lutte contre l’arbitraire de l’autorité, contre les préjugés et contre les contingences de la tradition avec l’aide de la raison. La modernité, c'est vouloir donner à la raison la légitimité de la domination politique, culturelle et symbolique, remplacer Dieu ou les ancêtres par une autorité venant de l’homme lui-même à condition qu’il soit guidé par des principes universalisés plutôt qu’assujetti à ses penchants ou à ses intérêts. Au XX siècle, les philosophes de l’école de Francfort ont constaté que la modernité comme projet d’émancipation sociale n’a pas tenu ses promesses. La raison mise au service du principe de la conservation de soi est entrée dans un processus historique de domination de la nature externe et interne de l’homme. L’homme s’est lui-même enchaîné par la médiation de cette domination de la nature. Par exemple, le développement technique permis par la raison et la science s’est mué en esclavage vis-à-vis des contraintes sociales que nous produisons grâce à elle. C’est la dialectique de la raison qui explique l’échec de la modernité. La raison, au cours de son histoire, s’est progressivement vidée de sa capacité à déterminer des buts universalisés. Elle devient muette et incapable de dire aux hommes comment vivre. Ses succès n’ont lieu que dans le champ des sciences naturelles et de la technique, pas dans celui de la morale ou de la politique. Pour Habermas, la modernité est un projet inachevé que l’humanité doit défendre et reprendre pour ne point perdre son humanité. Sa philosophie implique de ne pas abandonner le monde social au rapport de force causé par le triomphe de la raison instrumentale (simple moyen) sur la raison entendu au sens de la philosophie grecque ancienne c'est-à-dire comme une recherche des fins et de leurs déterminations.

Pour Bertrand Russell, l'absence de téléologie doit maintenant fonder toute entreprise philosophique durable :

« L'homme est la résultante de causes qui n'avaient pas prévu les effets qui en découleraient : son origine, son développement, ses espoirs et ses craintes, ses émotions et ses convictions ne sont que le produit d'associations d'atomes accidentelles… Aucun feu, aucun héroïsme, aucune pensée ni aucun sentiment aussi intenses soient-ils, ne peuvent préserver une vie au-delà de la tombe… Tout le labeur effectué au cours des âges, toute la ferveur, toute l'inspiration, toute l'éclatante expression du génie humain, sont vouées à disparaître dans l'extinction générale de notre système solaire, et tout l'édifice des réalisations humaines sera inévitablement enfoui sous les décombres d'un univers en ruines -- cela n'est pas absolument indiscutable, mais si près d'être certain qu'aucune philosophie ne peut espérer perdurer si elle rejette ces notions »

Le sociologue français Alain Touraine, dans son ouvrage Critique de la modernité (Paris, Fayard, 1992), estime qu'il ne faut pas dissocier les deux visages de la modernité, à savoir la rationalisation (portée par la Renaissance et la philosophie des Lumières) et la subjectivation (portée par la Réforme). Le Sujet ne doit pas se limiter au rôle d'acteur par l'engagement. Il doit aussi préserver sa liberté, sa créativité et reconnaître celle de ses semblables (dégagement). Autrement dit, si le Sujet se limite à un projet, il ne s'incarnera plus qu'à travers lui et, une fois celui-ci abouti, il sera réduit au statut d'objet (de sa création). En cas de dissociation de la rationalisation et de la subjectivation, il existe, d'une part, un risque totalitariste et, d'autre part, un risque de replis identitaires et communautaristes.

Caractéristique historique

C’est en particulier la capacité d’institutionnalisation et la reconnaissance sociale de l’intériorité d’autrui indépendamment de sa place ou de sa fonction sociale qui caractérise entre autres la modernité.

Statut épistémologique

La modernité, c’est un idéal-type au sens de Weber, une construction théorique qui tente de correspondre à une réalité empirique historique.

Baudelaire, nous l'avons vu, affirma dès 1860 : « La modernité, c'est le fugitif, le transitoire, le contingent, la moitié de l'art, dont l'autre moitié est l'éternel et l'immuable. » (Le Peintre de la vie moderne, « La Modernité »). Ce sens s'est imposé en esthétique et en théorie littéraire, parallèlement au terme anglais « modernism » (beaucoup plus vaste que son calque français « modernisme ») et à son pendant allemand « Moderne ». Les œuvres de Walter Benjamin et Theodor Adorno, par exemple, s'inscrivent clairement dans cette ligne française du XIX siècle.

Problématiques

La qualité d'être moderne, propre de la modernité, cache assez mal, dans les propos précités de Chateaubriand, le caractère très polémique de la notion. Après tout, chaque période de l'histoire a eu ses « modernes » et a pu passer en tant qu'époque pour représentative d'une modernité.

Dire cela, c'est évidemment livrer à la réflexion de chacun que tout homme a pu être confronté à la nouveauté, voir à l'esprit progressiste qui n'a pas manqué de faire florès dès lors qu'il s'est agi, au cours de l'histoire, de remettre en cause les traditions, les habitudes, les modes de vie, les perceptions communes et habituelles, voire les lois. Être moderne, c'est avant toute chose, « vivre avec son temps » et non pas désirer conserver ce qui est jugé ancestral. De ce point de vue, la modernité apparaît comme une crise, une crise des valeurs, mais aussi une crise de la pensée et une crise politique, qui concerne notamment la notion de « progrès » et conduit à interroger les principes fondamentaux de la vie politique. Le philosophe qui thématise fortement cette question dans la période récente est Edmund Husserl, dans son ouvrage intitulé La crise des sciences européennes et la phénoménologie et dans la conférence donnée à Vienne en 1935 (La crise de l'humanité européenne et la philosophie). Il n'est pas question ici de rendre compte de cet ouvrage, mais on peut en donner un aperçu en disant que ce que Husserl analyse est bien la modernité, perçue en tant que « crise ».

On peut aussi arguer comme beaucoup que le champ de l'interrogation intellectuelle connu sous le vocable de Philosophie n'est rien d'autre que l'ouverture d'une crise, d'une brèche ouverte dans les opinions les mieux reçues. L'étymologie grecque du terme (krisis) signifie qu'on a affaire à un « jugement ». Ce qui nous intéresse ici est donc que la modernité se reconnaît comme le champ ouvert à un certain type de problèmes et nécessite des questionnements qui mettent en crise les opinions reçues. La modernité pourrait alors être décrite avec des constantes (par exemple, le grand crédit accordé à un certain type de science). Néanmoins, si la notion de modernité est en soi concevable du fait de sa signification globale (est moderne toute attitude qui s'en prend aux traditions ou au passé), il peut ne pas être très exact, ou en tout cas très clair d'affirmer qu'il y a une modernité. Les nouveaux horizons de la vie politique ouverte par la colère anti-théologique de Machiavel, et des nouveaux espace conquis par la science avec Lord Chancelor Francis Bacon et René Descartes ne sont pas nécessairement à assimiler avec les Lumières médiévales chrétiennes du XII siècle et avec les Lumières du XVIII siècle.

La modernité se veut en rupture (quelles que soient les significations du terme) avec ce qui précède, notamment les traditions. La chose est nette dans le Discours de la méthode de Descartes, qui remet en cause la scolastique aristotélicienne et une certaine conception du bien vivre humain et, partant, du meilleur régime, puisque le Discours de la méthode indique que, si la recherche de la vérité est bien toujours pour lui la fin que doit poursuivre le philosophe, cette fin a cependant besoin de la recherche du « plus utile » (expression que l'on retrouvera chez un moderne paradoxal, Jean-Jacques Rousseau, à la fin de la première partie du Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes) : devenir comme maître et possesseur de la nature, afin de prolonger la vie ou de la conserver. Ce mot d'ordre cartésien est paradigmatique de ce qu'il est convenu d'appeler la modernité, laquelle va produire deux camps distincts et farouchement gardés : les tenants de la nature politique de l'être humain, par définition platoniciens et aristotéliciens, que les critiques rapides taxent « d'essentialisme », et de l'autre côté les partisans de l'idéalisme subjectif, que l'on peut globalement rassembler pour la commodité de l'exposé sous la bannière de l'auto-construction du Sujet (de l'Ego). En un mot et pour être plus clair, on pourra considérer que ce qui détermine le citoyen antique, c'est sa naissance dans une Cité (laquelle va avoir ensuite à se penser par rapport à la Rome de l'Empire et à l'irruption du christianisme en Europe), tandis que le citoyen moderne est un être qui, par nature, échappe à la vie politique et n'y entre que pour constituer et renforcer ce qui lui sera propre (voir : les théories du contrat social). Le modèle ultime de l'abandon de la vie politique se trouve dans la Cinquième Promenade des Rêveries du promeneur solitaire de Rousseau. Au passage on voit bien que pour les Modernes, la vie politique est fondée sur la convention, alors que pour les Grecs elle est kata phusin, c'est-à-dire par nature. Par ailleurs, le rejet de la tradition qui caractérise la modernité, ne doit pas faire illusion sur la nature même de la tradition. Comme le souligne quelque part Leo Strauss, la critique de la tradition est devenue à son tour une tradition dans la modernité.

Le fait majeur de la modernité est qu'elle met en scène l'individu humain qui est à lui-même son propre fondement et sa propre fin, indépendamment de toute référence à une transcendance. L'individualisme et la liberté vont par ce fondement être l'alpha et l'oméga caractéristiques des revendications de la vie moderne.

Autrement dit, la modernité est un changement de paradigme politique dans la manière dont l'homme va se représenter le monde. Situé aux temps antiques dans un réseau de rapports hiérarchiques selon sa participation à la vie politique et religieuse, l'individu a progressivement fait prévaloir sa volonté d'agir dans la communauté politique, par le biais du consentement, grâce auquel il abandonne une partie de sa puissance pour bénéficier de droits. On peut noter que la vie religieuse antique fait partie du cadre politique commun : il n'y a pas de rupture entre l'espace privé et l'espace public. Le développement et l'approfondissement des questions touchant la conscience va participer à la dissociation des deux domaines. Une des pistes qui permettrait de penser le passage de l'Antiquité à la Modernité semble pouvoir être cherchée dans l'impact du stoïcisme. Dans le stoïcisme, en effet, l'individu et sa volonté sont valorisés, à la fois dans la définition des biens et dans le rapport de la sagesse à la nature. La théorie de l’oikeiosis, l'idée même de cosmopolitisme, le rapport à l'intériorité sont des thèmes stoïciens, qui sont repris à des degrés divers dans le christianisme platonicien, notamment par saint Augustin.

Cependant, et avant de chercher tout ce que la modernité doit au christianisme, et avant de prendre en bloc l'opinion selon laquelle la modernité serait un « christianisme sécularisé », il faudrait entrer dans les détails de la constitution de la question théologico-politique telle qu'elle se pose à l'Empire Romain chrétien et telle qu'elle s'articule de nouveau dans la Renaissance médiévale des XII-XIII siècle ouverte par le pontificat de Grégoire VII (1073-1085).

Pour ce qui concerne la Modernité politique, celle des Lumières du XVIII siècle et de leurs héritiers, on peut dire que son fondement s'articule autour de la théorie du contrat. L'homme de la modernité va être celui qui, par son travail, accède au statut d'homme libre et partant, de citoyen (cf. John Locke). De l'ancienne aristocratie, on retiendra quelques privilèges, mais la tendance de la modernité est une égalisation des droits, une tendance à nourrir une « passion de l'égalité » (Tocqueville). Il faut aussi noter la sécularisation de la thématique du travail, inséparable de la naissance du libéralisme moderne. Alors que le travail salarié était anciennement mal perçu, au bénéfice du loisir studieux (otium), la modernité va réinvestir l'activité mercenaire qu'est le travail salarié pour en faire un adjuvant de taille dans la promotion du citoyen autonome. Par son travail, l'homme moderne va devenir un Sujet qui va se posséder et qui va étendre son être au-delà de ses limites physiques, grâce au droit et approfondir sa propre substance (selon le titre de l'ouvrage de Georges Poulet, Les métamorphoses du cercle). Ainsi, on aurait tort de sous-estimer la puissance du libéralisme moderne, ainsi que ses effets dans la chute des anciennes monarchies et corollairement dans l'émergence des démocraties libérales et bourgeoises.

Parallèlement, le ego sum, ego existo de Descartes, pure saisie de la pensée par elle-même, outre qu'il est l'acte fondateur de la conscience moderne, acte de cet homme qui ne dépend plus que de sa propre orientation, va faire carrière dans la modernité via l'idéalisme allemand sous la bannière de la conscience subjective et des moyens de son objectivation.

Critiques de la modernité

Le philosophe Alexandre Koyré montre, dans ses études sur les principaux scientifiques des XVIetXVII siècles, que la révolution galiléenne et la découverte du calcul infinitésimal par Leibniz et Newton ont profondément modifié la conscience que l'homme a de lui-même et de sa place dans l'univers. La représentation héliocentrique constitue ainsi une révolution spirituelle autant que scientifique. La révolution copernicienne a substitué un univers infini et homogène au cosmos fini et hiérarchiquement ordonné de la pensée antique et médiévale et a entraîné une refonte des principes premiers de la raison philosophique et scientifique.

Le philosophe Dominique Bourg, spécialiste de l'éthique du développement durable, évoque la découverte de la finitude écologique de la Terre dans La nature en politique ou l'enjeu philosophique de l'écologie (2000). Il souligne que cette prise de conscience récente a entraîné dans nos représentations un changement radical de la relation entre l'universel et le singulier. Alors que le paradigme moderne classique postulait que l'universel commandait le singulier, et le général le particulier, on ne peut pas y réduire la relation entre le planétaire et le local. Dans l'univers systémique de l'écologie, la biosphère (le planétaire) et les biotopes (le local) sont interdépendants. Cette interdépendance du local et du planétaire fait voler en éclats le principe moteur de la modernité, qui tendait à abolir toute particularité locale au profit de principes généraux, ce en quoi le projet moderne fut proprement utopique.

Il existe bien d'autres critiques de la modernité, par exemple celle que développe René Guénon dans son livre La crise du monde moderne, celle d'Alain Finkielkraut qui parcourt toute son œuvre, ou encore celle de Pierre-André Taguieff dans ses ouvrages sur le progrès (Du Progrès. Biographie d’une utopie moderne et Le Sens du progrès. Une approche historique et philosophique).

Critique de la modernité par le Magistère de l'Église (1907)

Parce que la modernité tend à contredire la tradition – celle de l'Église ou toute autre – le Magistère de l'Église parait avoir voulu, une fois au moins, clarifier sa position critique face à ce qu'il peut recevoir comme une catégorie précise au sein de laquelle la Propagation de la foi pourra toujours être observée voire pondérée de manière à établir les conditions-cadres d'une dilatatio ecclesiae, c'est-à-dire d'une extension de l'assemblée des croyants. Toutefois, cette catégorie se devait d'être a priori soumise à une critique rigoureuse.

Par sa constitution apostolique Lamentabili sane exitu, Pie X a ainsi condamné en 1907 une série de 65 propositions modernistes. Ainsi et par défaut, 30 des 95 propositions ou thèses de 1517 sur les indulgences peuvent rétroactivement apparaître comme recevables. Car l'enjeu réel du moment résidait précisément dans ce concept d'une possible dilatatio qui cependant allait encore devoir trouver sa voie de réalisation en relation avec l'assemblée des croyants de tous bords.

Perspectives

La question de la modernité ouvre des perspectives lourdes de sens. Outre qu'elle déborde largement la Querelle des Anciens et des Modernes, question qui pour autant n'est en rien seulement une affaire littéraire, elle nous renvoie à la question de la vie politique, mais surtout à la mise en cause de l'esprit historique, que dénonçait Nietzsche, pour autant que notre vision de l'histoire discrédite le passé, toujours perçu comme obscurantiste, au profit d'un aujourd'hui, encore moins radieux que demain. Cette vision s'appelle l'historicisme et semble être à l'origine du mal des modernes. Initiée par les interprétations d'Auguste Comte, elle repose sur le déploiement des outils de mesure des Sciences Sociales, pour lesquelles il s'agit avant tout de modifier les structures sociales afin que soit véritablement déployée la justice sur terre. On voit bien ce qui distingue finalement les Modernes des Anciens : alors que la Justice était une qualité de l'âme chez les Anciens (qui en faisait l'enjeu de toute vertu, de toute éducation et de tout rapport à la Loi), elle n'est plus qu'un dispositif inhérent à la structure sociale, ainsi que Bertrand de Jouvenel l'a si brillamment exposé. Il n'est plus besoin de mettre l'accent sur l'éducation afin de produire des âmes nobles et capables de porter les vertus de la vie politique, car la modernité semble n'avoir que faire de la noblesse et des vertus en général. Il faut et il suffit d'atteindre le bonheur par la médecine (Descartes) et d'accéder à des nouveaux droits en changeant l'organisation de la société, laquelle n'aurait pour seule mission que d'établir et de protéger les Droits de l'homme.

La modernité entendue ainsi comme crise, n'apparaît pas seulement comme la mise en question particulière de tel ou tel aspect de la société. En voulant frapper de nullité les cadres de pensée traditionnels concernant la nature humaine et ce qu'il en est du meilleur régime et en établissant l'autonomisation du sujet de droit comme l'horizon indépassable des pratiques humaines, la modernité met en cause l'antique theoria en réduisant toute la question de l'homme à n'être qu'une paroisse de la morale. C'est ainsi que la passion de l'égalité, qui au premier chef apparaît comme le propre de l'homme moderne, et en limitant cette passion par le seul consentement, touche en réalité à la représentation que la modernité se fait de la liberté. C'est Nietzsche, qui, en bon médecin des âmes, fera le bon diagnostic, en identifiant la modernité à une contrée peuplée par le « dernier homme » : un être qui veut jouir des droits, mais qui ne veut pas s'impliquer dans la vie politique, qui veut croire, mais pas en Dieu, etc.

Cependant, si l'on vient de tracer à grands traits les lignes directrices qui donnent à la distinction entre les Anciens et les Modernes toute sa pertinence, il convient de se demander avec plus de précision quelles sont les présupposés qui permettent de penser la Modernité et par quels instruments interprétatifs on peut arriver à en rendre compte. L'entreprise n'est pas aisée, puisqu'il s'agit de procéder à une enquête de dé-sédimentation des opinions les plus farouchement défendues par de fortes idéologies. Quelques philosophes contemporains se sont voués à cette enquête, à commencer par Martin Heidegger, mais aussi Leo Strauss, Karl Löwith, Hannah Arendt, Eric Voegelin ou Jürgen Habermas. Il semblera alors nécessaire, dans une enquête sérieuse, de partir des positions philosophiques anciennes pour aller chercher, chez les interprètes récents, des thèses plus spécifiques. Une position semble-t-il commune à Strauss et Voegelin, mais avec des accents différents et quelques désaccords, est que la modernité s'enracine dans la sécularisation de thématiques chrétiennes.

Dans son livre Théologie politique, Carl Schmitt écrit :

« Tous les concepts prégnants de la théorie moderne de l’État sont des concepts théologiques sécularisés. »

Ainsi, pour Heidegger, la modernité n’est pas une simple conception particulière du monde mais proprement « l’époque des conceptions du monde ». Et dans la même veine, pour Henri Meschonnic, il s'agit d'un mot sans référent qui « désigne le présent indéfini de l’apparition », le « mode historique de la subjectivité ».

Citation

« Le moderne est autosuffisant : chaque fois qu’il apparaît, il fonde sa propre tradition »

— Octavio Paz, Point de convergence. Du romantisme à l’avant-garde. Paris, Gallimard, 1967.

« La modernité est antidémocratique, elle détruit la démocratie là où elle s’installe. »

— Francis Dupuis-Déri

中文百科

现代性(英语:modernity)是指现代社会的性质或特征。

发端

西方 现代性起源于欧美,从15世纪后期的文艺复兴、活字印刷的发明、以及航海大发现开始出现。 西方经济现代性,发端于市场革命和工业革命;政治现代性,始见于18世纪后期的美国和法国大革命;在科学和哲学中,先后有笛卡儿的理性主义,现代实验方法、19世纪末对科学和形而上的批判以及相对论;艺术和建筑方面,表现于20世纪初期的现代主义。现代性通常指得是西方中世纪之后,以工业化、世俗化、理性化、民族国家及其体系与监督形式为标志的历史阶段。 东亚 西方现代性成为其他地区现代性模式的原型和参照,但并非现代性的唯一模式。日本自明治维新起就走上现代化之路,自20世纪60年代起亚洲「四小龙」(韩国、台湾、香港和新加坡)的快速发展,说明现代性不是西方的专利。东亚现代性仍保留了一些儒家传统,重视家庭、教育与人际关系,勤劳苦干,犯罪率较低,不太重视个人自由和个性,政治透明度较低。其政治与经济的具体运作,以至日常与家庭生活方式,与西方现代性略有不同,学者称之为「第二种现代性」或「东亚现代性」。

内涵

工业化:工业化推动传统社会进入现代社会,工业革命会大幅改变传统社会结构和生产组织,工业化又是经济现代化的必要条件。一个成熟的工业化经济可视为现代社会。

都市化:都市是现代生活的主要型态,反之,传统社会以村落为社会生活的单元。都市化把散布在村落和山区的人口吸引到城市,往往同时促进智识的增长,和工业经济的发展。

普遍参与:传统社会是「部落的政治文化」或「臣属的政治文化」,而现代社会则「参与的政治文化」。智识的普及,以及报纸、杂志、无线电等大众媒介的发展,促进了人民的普遍参与。人民在社会中担当主动的角色,对法律、经济措施有其意见,部份有意参与政治活动。

世俗化:传统社会行为受宗教、教条、习俗成规等控制,现代社会则对自然和人事抱「世俗」的态度,以理性为思想的基础,肯定人能够通过科学的方法以改造世界,主宰命运。

高度的「结构分殊性」(Structural Differentiation):传统社会中,家庭负担起政治、教育、宗教、经济的所有功能,现代社会则专业化和精密分工,产生教会、政党、工会、学校、学术团体等,每一种结构都扮演其特殊角色。

法法词典

modernité nom commun - féminin ; singulier

  • 1. ensemble de ce qui représente les tendances contemporaines ou de ce qui bénéficie des progrès récents

    la modernité d'une entreprise

  • 2. arts caractère de ce qui est en avance sur les règles artistiques contemporaines

    la modernité d'un tableau

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