Glauque, du grec γλαυκός [glaukos] (« vert pâle ») par l'intermédiaire du latin glaucus, désigne une couleur claire qui fait partie du champ chromatique des verts grisés.
Dans les années 1980, l'usage de glauque a dérivé vers un sens péjoratif.
Couleur
Le terme glauque trouve son origine dans le latin glaucus et le grec glaukos, qui n'ont pas de valeur péjorative : se dit de ce qui est à la fois clair et brillant, la mer, la lune ou des yeux bleu clair. Dans l'Iliade et l'Odyssée, Athéna est qualifiée comme étant Théa Glaukopis Athéné, que l'on traduit par : Athéna, la déesse aux yeux glauques, ou aux yeux pers.
Adjectif, usité depuis le XII siècle, signifiant en ancien provençal : qui est d'un vert ou bleu pâle, presque gris qui rappelle la couleur de l’eau de mer avant une tempête.
Au XVI siècle, une réfection du terme glauke ajoute des éléments à cette définition. Par extension, se dit de ce qui est sans éclat, terne. Une lumière glauque.
Pour le Trésor de la langue française, il s'agit d'un vert « blanchâtre ou bleuâtre comme l'eau de mer » ; mais en même temps, le TLF cite André Gide qui évoque « les verts glauques des savanes », qui ne sauraient guère être bleuâtres. Maurice Déribéré place les glauques entre les verts et les jaunes dans le diagramme de chromaticité ; et, nous dit un auteur du début du XX siècle, « glauque signifie au contraire vert trouble, parfois teinté de jaune ».
Pour le Répertoire de couleurs des chrysanthémistes, de 1905, les glauques sont des verts blanchâtres ou surtout grisâtres, bien que deux des quatre tons de bleu porcelaine en soient aussi.
Exemples du ''Répertoire des couleurs'' des chrysanthémistes (1905)
Glauque des fruits du Ribes sanguineum p. 210
Vert glauque du revers de la feuille de l'Artichaut p. 245
Divers glauques grisâtres de l’Abies Pinsapo p. 246, 249
Divers glauques de la feuille d'eucalyptusp. 246, 248
Glauque d'œillet et Glauque d'Abiès du poireau p. 247, 248
Les feuilles de l'œillet, de la capucine, de l'olivier sont glauques.
Usage littéraire
« La mer nous regardait de son œil tendre et glauque » — Guillaume Apollinaire
Le terme glauque a une valeur descriptive, non péjorative, dans la littérature. Chateaubriand décrit comme glauques les yeux de son père ; Théophile Gautier évoque la robe glauque de Cléopatre. Victor Hugo utilise, cependant, les associations d'une couleur terne pour comparer le peuple à l'océan : « les monstres sont à l'aise en sa profondeur glauque ; la trombe y germe ».
« la mer, été comme hiver, dénouant sa ceinture, ouvre toute grande à qui le veut sa belle robe glauque, couleur d'espérance. »
— Stephen Liegeard, La Côte d'Azur, 1902.
Dans certains cas Glauque (avec la capitale initiale) est l'adaptation française du nom du personnage mythologique grec Glaucos.
Terme familier
« Pour moi, l'amour, ce sont des alcôves et le trouble des interdits. L'amour doit être quelque chose de glauque et de caché. Caché des autres. »
— Serge Gainsbourg (1928—1991)
Dans les années 1970, un lieu commun de journaliste décrit la lumière fluorescente blanc industrie, verdâtre en effet, qu'on trouve dans les ateliers, les hôpitaux et les prisons comme « une lumière glauque ». Cette association, et la méconnaissance du sens littéraire du terme, au demeurant fort imprécis, pourrait être à l'origine du sens dérivé que le mot acquiert quelques années plus tard.
Depuis les années 1980, le mot glauque est utilisé familièrement comme adjectif afin de qualifier quelque chose de sinistre, d'étrange, qui inspire un sentiment désagréable, un malaise, provoqué par une ambiance lugubre ou sordide.