La dissertation (appelée composition à l'épreuve d'histoire du baccalauréat en France) est un exercice d'argumentation organisée, généralement et idéalement, en trois parties (une introduction, un développement et une conclusion) d'après une problématique. Elle ne désigne pas le même exercice en France que dans le monde anglo-saxon, au sein duquel celle-ci désigne exclusivement une thèse universitaire. Une autre particularité de la dissertation française est de poser des définitions, de partir de la théorie pour en venir ensuite au réel. Dans le monde anglo-saxon au contraire, il s'agit plutôt de partir du réel pour éventuellement théoriser à la fin.
Dissertation en dehors de la France
Le terme « dissertation » n'évoque pas le même exercice dans le monde anglo-saxon (dissertation en anglais désigne une thèse universitaire de 50 à 150 pages qui conclut habituellement le travail d'une ou plusieurs années universitaires). La dissertation a la réputation d'être un exercice formel parfois décrit comme artificiel et reconnu comme un exercice « cartésien ».
Les universités américaines et britanniques ne pratiquent pas la dissertation (au sens qu'elle a pris en France), elle est plutôt remplacée par des résumés de lecture, des notes critiques, des discussions et autres essais littéraires (généralement appelés papers). La dissertation existe également au Sénégal.
Histoire institutionnelle de la dissertation en France
À l'origine de la dissertation se trouve la disputatio médiévale (débat rhétorique oral sur les auteurs). La dissertation en latin n'apparaît qu'au XVII siècle. Elle remplace dans les universités l'ancienne disputatio, ou discussion orale des thèses.
La dissertation littéraire française remplace le discours comme exercice scolaire à partir de 1885, où une réforme de l'enseignement supprime l'enseignement de la rhétorique (réforme de Gustave Lanson). La dissertation philosophique est en usage dans les lycées depuis 18**. Elle s'étend à partir de ce moment aux disciplines connexes.
Le genre de la dissertation s'impose dans l'enseignement en France vers 1955 et reste encore aujourd'hui l'exercice de base des khâgnes (classes préparatoires littéraires A/L et B/L), des concours de l'ENS, du CAPES, de l'agrégation, etc.
Un exercice dominant le système scolaire français
En France, la dissertation est un exercice scolaire visant à développer les capacités réflexives d'un élève au long d'un processus analytique élaboré autour d'une problématique. Elle est proposée dans le secondaire et le supérieur.
Elle s'appuie sur un sujet, proposé généralement sous la forme :
d'une question générale ou d'une citation (en lettres et en philosophie)
d'une notion à analyser dans le temps et l'espace (en histoire et en géographie)
de mécanismes à expliquer et à commenter (en sciences économiques et sociales)
d'une simple phrase ou d'un mot, où le candidat doit réaliser un exposé structuré et illustré de schémas à partir d'une problématique qu'il a dégagé (en Biologie, Géologie, Sciences de la Vie, de la Terre et de l'Univers).
Cet exercice est principalement en usage dans le monde francophone, et il joue un rôle prépondérant dans le secondaire et le recrutement de la fonction publique en France. En termes de fréquence d'utilisation dans le système éducatif, il peut se rapprocher du paper, la forme de rédaction la plus utilisée dans le monde anglo-saxon. Le paper et la dissertation sont toutefois deux exercices différents.
La dissertation dans le secondaire
Avec le commentaire composé et l'écriture d'invention, la dissertation est l'un des trois exercices proposés à l'épreuve écrite de l'épreuve anticipée de français du baccalauréat français de première (technologique et général).
Il est également proposé à l'épreuve de philosophie du baccalauréat français : le candidat doit choisir entre deux sujets de dissertation et un sujet d'explication de texte. Il dispose de quatre heures pour le traiter.
Enfin, la dissertation est aussi proposée sous forme de sujet (accompagné de documents en terminale) en sciences économiques et sociales, ainsi qu'en histoire, où elle est appelée composition (à partir de la réforme du lycée, c'est-à-dire en 2012 pour la série S et en 2013 pour les séries ES et L.
La dissertation dans le supérieur et la fonction publique
Au-delà du système secondaire, elle reste très employée dans le supérieur. La dissertation joue un rôle important dans les examens universitaires de premier et second cycle des facultés de lettres et sciences humaines, ainsi que dans les Classes préparatoires aux grandes écoles, en particulier littéraires (concours des écoles normales supérieures) et commerciales.
Dans les filières scientifiques, la dissertation est un exercice particulièrement représenté pour les étudiants de Biologie ou de Géologie (plus particulièrement ceux se destinant aux concours du CAPES et de l'Agrégation). Elle peut alors se présenter sous la forme d'une question qui peut regrouper plusieurs thèmes transversaux de Biologie Animale, végétale, cellulaire, moléculaire...
Elle sert dans les concours de recrutement de la fonction publique (épreuve de culture générale) et reste prépondérante en particulier dans le recrutement national des professeurs titulaires du secondaire (concours français du CAPES et de l'agrégation).
Les caractéristiques de la dissertation
Dans le cycle collégien et lycéen, la dissertation est une argumentation sur un sujet ou une idée où l'élève doit être impartial dans son explication. En second temps il faut se rappeler que la dissertation est une trace écrite où il faut défendre et réfuter le sujet en même temps.
Qu'elle soit littéraire, historique, géographique, économique ou philosophique, une dissertation reste composée de trois grands moments : l'introduction (avec exposition du sujet, contextualisation et déroulement d'une problématique), d'un développement (en deux ou trois parties) et d'une conclusion. Cette structure reste stable. Cependant, certaines conventions sont spécifiques aux matières ou institutions, comme l'écriture ou non de titres et sous-titres, le nombre de parties, ou le type de plan.
L'intérêt pédagogique de la dissertation
La dissertation telle que systématiquement et strictement appliquée dans le système scolaire est peu employée par les philosophes eux-mêmes. C'est en effet un exercice qui s'oppose spontanément au cours régulier de la pensée, en la "tordant" au service d'une problématique.
En dépit de cet artifice « intellectuel », l'avantage de la dissertation est de forcer son « attention » à ne rien oublier du sujet proposé. Tous ses aspects doivent être couverts dans l'introduction et poser un problème. En effet, toute dissertation repose sur une problématique, qui est issue d'une réflexion méthodique préalable sur le sens du sujet.
Les critiques à l'encontre de la dissertation touchent soit à son formalisme soit à l'organisation et à la visée de l'enseignement (purement philosophique, ou bien parfois général) qui prévaut en France.
Il est toutefois rare de lire des critiques publiques contre cet exercice, tant il s'est imposé dans les esprits et dans les faits comme un standard - parfois mythifié - du système scolaire français et du recrutement de ses élites.
Plan type
L'introduction et la problématique
Le rôle de l'introduction est d'exposer et de contextualiser tous les sens du sujet proposé. L'introduction se décompose en cinq temps – parfois regroupés dans un seul et même paragraphe, selon les enseignants et les disciplines :
L'accroche, ou sujet amené : il s’agit d’une phrase introductive générale ayant un rapport direct avec le sujet. Elle rappelle le contexte dans lequel la problématique a pu évoluer ou l’actualité de la thématique. Qu'est-ce qui peut nous amener à nous poser la question formulée dans le libellé? On peut partir d'une observation, d'une opinion commune, d'un fait historique, de données scientifiques...
La définition du problème posé : énonce l'enjeu du dossier ou sa problématique. Il s’agit d’en définir les termes-clefs, d'analyser le sujet, c'est-à-dire littéralement de le décomposer afin de donner le ou les sens des différents termes qu'il comprend : article, pronom personnel, articulations, concepts…..
Dimension du sujet : cela revient à situer historiquement et géographiquement le sujet, de montrer l’intérêt et les limites du sujet – jusqu’où il sera traité et ce qui ne sera pas traité, après l’avoir bien évidemment valablement motivé.
L'idée générale, ou thèse : suit la phase de problématisation du sujet à proprement parler, où l'élève doit expliquer en quoi, pourquoi et comment la question posée évoque un problème, et pourquoi sa résolution est cruciale. Elle constitue la colonne vertébrale de la dissertation. Elle revient à reformuler le sujet posé.
L'annonce du plan, sujet divisé : elle annonce les grandes parties de la structuration proposée. Les correcteurs accordent toujours une importance capitale à cette dernière phrase : elle lui permet de comprendre rapidement la logique du raisonnement. Néanmoins, il est recommandé d’éviter le formalisme scolaire « dans un premier temps », « la présente note abordera ». Il convient de construire une à deux phrases qui rendent compte de la structure de son raisonnement. Ainsi, est-il classique d'utiliser « le balancement circonspect » : Si le territoire régional parait le plus approprié pour faire face aux défis du monde moderne, comme le territoire communal le plus proche à répondre aux besoins des citoyens (I), le département, qui a vu son rôle se renforcer ces dernières années, demeure-t-il toujours d’actualité ?(II)
Le développement du corps de la dissertation
Le corps de la dissertation se compose généralement de deux, trois (dans l'idéal) ou quatre grandes parties, chacune subdivisée en deux, trois ou quatre sous-parties. Chaque partie et sous-partie devant être introduite, chaque sous-partie doit comporter une présentation de l'argument, une explication de l'argument, une présentation d'un fondement et une conclusion partielle.
Conclusion
La conclusion d'une dissertation se décompose généralement de deux parties. La première est la plus importante et résume l'ensemble des idées exprimées dans la dissertation. La conclusion se termine généralement par une courte ouverture sur un thème annexe du sujet.
Notes et références
↑ http://www.cafe.umontreal.ca/genres/n-disser.html