Le bouffon, fou du roi, ou fou est un personnage comique, dont la profession était de faire rire les gens. Les plus connus sont les fous des rois et des seigneurs. Il y a aussi des femmes « fous » ou « folles ». Les fous font rire. Ils divertissent, utilisent l'insolence et sont parfois conseillers. Sous François I, on connaît même une école de fous.
Histoire
Bouffon avec sa marotte, son costume traditionnel bicolore (rouge et vert) garni de grelots, son bonnet surmonté d'oreilles d'âne, sa grande collerette dentelée et ses chaussures pointues.
Les rois avaient leur bouffon attitré, seul personnage pouvant sans conséquence se moquer du souverain, quoique la satire constituât toujours un risque voire un péril pour l’artiste. Les spectacles avaient souvent lieu lors de grands banquets où plusieurs vassaux festoyaient au côté de leurs seigneurs. La Cour, dans des châteaux plus ou moins luxueux, avait son opérette de bouffons dont le comique restait souvent trivial, proche de la commedia dell'arte, bien que le « jeu » de ces premiers comédiens fût beaucoup moins travaillé que celui des artistes des « farces » du XVII siècle.
Un des premiers écrits où l’humour du bouffon est relaté est celui de Priscus, historien grec, en 449 : Attila avait déjà à son service un fou pour distraire les convives. C'est la première fois qu'on parle d'un fou du roi — bien qu'on puisse soupçonner qu'il en existât déjà bien avant —, mais aucune preuve n'en atteste jusqu'au XIV siècle, où les comptes d'argenterie des rois de France mentionnent régulièrement les dépenses, parfois élevées du ou des bouffons de la cour ou faites pour eux.
Le dernier bouffon, L'Angély, vécut sous Louis XIII.
Étymologie et symbolique
Sur un plan mythologique, le fou du roi est plus ancien encore : Momos est le bouffon des dieux de l'Olympe.
Le mot même est une déformation des bouphonies, les « sacrifices du bœuf » dans la Grèce antique : après l'exécution de la victime, une « comédie sacrée » avait lieu pour « dépasser la mort » de l'animal : d'abord, la hache qui avait servi aux hiérophantes à tuer le bovin était jugée et condamnée au Prytanée puis exilée ; ensuite, la peau de l'animal sacrifié était empaillée et placée à côté d'un bœuf vivant pour tirer sous le même joug un sillon symbolique, comme si le sacrifié vivait toujours sous une nouvelle forme.
Érasme souligne l'importance des bouffons auprès des rois dans Éloge de la folie, XXXVI : « Les plus grands rois les goûtent si fort que plus d'un, sans eux, ne saurait se mettre à table ou faire un pas, ni se passer d'eux pendant une heure. Ils prisent les fous plus que les sages austères, qu'ils ont l'habitude d'entretenir par ostentation… les bouffons, eux, procurent ce que les princes recherchent partout et à tout prix : l'amusement, le sourire, l'éclat de rire, le plaisir. ». Mais Érasme fait également quelques allusions à un second rôle échu au bouffon : celui de révélateur, de miroir grotesque. Rôle attesté par le fait que les bouffons suivaient une réelle formation, qui était plus adaptée aux hommes d'esprit qu'aux réels crétins. Il semble que certaines associations discrètes n'y furent pas étrangères, d'après Bernard Roger, dans À la découverte de l'alchimie.
Le bouffon est révélateur de la dualité de chaque être et de sa face bouffonne. Bien compris et assumé il est un facteur de progrès, rejeté il symbolise un arrêt dans l'évolution ascendante.
La fête des Fous serait une survivance de fêtes rituelles bien plus anciennes, s'apparentant aux Saturnales.
Le fou est aussi, en alchimie, un symbole pour représenter le dissolvant, l'action de décomposition (œuvre au noir).
Dans le tarot de Marseille, l'arcane du Mat est aussi appelée « le Fou », et représente l'errance, la folie, mais aussi la liberté et l'insouciance.
Ce mot s'emploie de plus en plus dans la langue parlée familière pour nommer une personne peu sérieuse, par extension le mot est utilisé comme insulte.
Bouffons célèbres
Portrait du bouffon Gonella, tableau attribué à Jean Fouquet, vers 1440-1445
Pietro Gonnella, bouffon de la Cour d'Este, peint par Jean Fouquet.
Triboulet, bouffon du roi René d’Anjou, comédien, chef de troupe, auteur dramatique (il a notamment composé La Farce de Maître Pathelin).
Triboulet, bouffon de la cour de France sous les règnes de Louis XII et François I.
Brusquet, bouffon de la cour de France sous les règnes de François I et ses successeurs.
Chicot, bouffon d'Henri III et de Henri IV, qui inspira le personnage d'Alexandre Dumas
Nicolas Joubert, sieur d’Angoulevent, bouffon sous Henri IV.
L'Angély, fou du roi Louis XIII.
Archibald ****trong, bouffon du roi Jacques I d'Angleterre.
****-gil, bouffon androgyne et acrobate coréen anobli en tant que favori du roi par Yongsangun (1476 – 1506, 1494-1506). Sa célébrité, relayée par les Annales de la Dynastie Chosŏn, inspira la pièce Yi (Toi) puis le film Le Roi et le Clown au réalisateur Lee Jun-ik en 2005.
Pape Theun, (v. 1530) bouffon de la cour de Charles Quint à Bruxelles.
Bouffons de fiction
Littérature
Philippe, bouffon dans Le Banquet de Xénophon
Sébastien Chicot, bouffon d'Henri III, important personnage des romans La Dame de Monsoreau et Les Quarante-cinq d'Alexandre Dumas, repris dans Le Prince que voilà et La Violente amour de Robert Merle, et s'inspirant du véritable Chicot.
Émilie se déguise en bouffon pour tromper messire Anselme dans Émilie et le Crayon magique.
Vassia, bouffon nain à la cour de la tsarine Anna Ivanovna et fils de l'ancienne serve Euxodie, est le personnage principal de L'Étage des bouffons, le roman d'Henri Troyat (2002).
Wamba, fils de Witless, fou de Cedric le Saxon, dans Ivanhoé de Walter Scott.
Tiel Wetzweiler dit « Le Glorieux », fou du duc de Bourgogne Charles le Téméraire, dans Quentin Durward de Walter Scott.
Le fou, dont on ne connait pas le vrai nom, est un personnage central de L'Assassin royal de Robin Hobb.
Cinémas
Kyoami bouffon de Hidetora dans Ran d'Akira Kurosawa.
Théâtre et opéra
Yorik est un bouffon dans la pièce Hamlet de William Shakespeare.
Rigoletto bouffon du duc de Mantoue dans l'opéra du même nom de Giuseppe Verdi, adapté de la pièce de Victor Hugo Le roi s'amuse où il est nommé Triboulet, nom réel du bouffon de François 1.
Le théâtre de Ghelderode met souvent en scène des bouffons et s'inspire de leur humour trivial et grotesque. La pièce Escurial met en scène un roi et son bouffon, Folial.
Bande dessinée
Le Bouffon Vert est l'un des principaux ennemis de Spider-Man.
Le Pitre est un super-vilain déguisé en bouffon qui est un ennemi de Daredevil.
Harley Quinn est une super-vilaine déguisée en bouffon qui est une ennemie de Batman. Elle est associée au Joker.
Pirlouit est nommé Fou du Roi dans l'épisode de Johan et Pirlouit « Le Lutin des Bois aux Roches », où il apparait pour la première fois.
Jeux
Malcolm le bouffon dans la trilogie des jeux d'aventure The Legend of Kyrandia. Il est l'antagoniste principal dans le premier volet et le héros du troisième volet ;
Dhoulmagus est un bouffon sorcier qui est un antagoniste du jeu Dragon Quest VIII ;
Cicéron, (ou son nom original, Cicero) bouffon et Plaisantin de la Mère de la Nuit dans le 5 opus de la saga The Elder Scrolls, Skyrim ;
Shaco, le bouffon des ténèbres, comique meurtrier à l'humour de Noir de League of legends ;
Jinx personnage principal du jeu Jinx sur PlayStation.
Bibliographie
John Doran (1807-1878): History of Court Fools.