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词典释义:
apartheid
时间: 2023-10-03 00:15:48
[apartεd]

n. m南非的种族隔离

词典释义
n. m
南非的种族隔离
近义、反义、派生词
近义词:
discrimination,  ségrégation,  racisme
联想词
ségrégation 分离,分隔,隔离; colonialisme 殖民主义; sud-africain 南非的; racisme 种族主义; décolonisation 使非殖民化, 非殖民化; impérialisme 帝国主义; sionisme 犹太复国主义者; raciste 种族主义的; oppression 透不过气,气闷; esclavage 身份,状态,制; boycott 抵制,断绝往来,排斥;
短语搭配

mobilisation internationale contre l'apartheid国际动员反对种族隔离

apartheid fondé sur le sexe性别隔离

groupe spécial de l'apartheid种族隔离问题特别股

programme de lutte contre l'apartheid打击种族主义方案

programme spécial de soutien aux populations victimes de l'apartheid欧洲共同体援助种族隔离受害者特别方案

déclaration sur l'action internationale contre l'apartheid dans les sports反对体育领域种族隔离的国际行动宣言

campagne sur le thème Ouvrez les portes des prisons de l'apartheid打开种族隔离监狱之门运动

tribunal pénal international pour l'élimination et la répression du crime d'apartheid et d'autres crimes internationaux禁止和惩治种族隔离罪行及其他国际罪行国际刑事法庭

原声例句

A cette époque, l'Afrique du Sud vit dans ce qu'on appelle l'apartheid.

当时,南非处于所谓的种族隔离中。

[Quelle Histoire]

Il décide alors de se lancer dans la lutte contre l'apartheid.

于是他决定开始投身反对种族隔离。

[Quelle Histoire]

En 1943, Nelson Mandela rejoint le Congrès national africain et propose des idées non violentes pour lutter contre l'apartheid.

1943年,纳尔逊·曼德拉加入非洲国民大会,提出了反对种族隔离的非暴力思想。

[Quelle Histoire]

Il reste fidèle à ses idées et continue de lutter contre l'apartheid depuis sa cellule.

他仍然忠于自己的想法,并继续在牢房里与种族隔离制度作斗争。

[Quelle Histoire]

Grâce à leur volonté, ils réussissent à sortir l'Afrique du Sud de l'apartheid dans le calme.

在他们的意愿下,南非和平地成功摆脱了种族隔离。

[Quelle Histoire]

Ensemble, ils ont mis fin à l'apartheid, puis formé le premier gouvernement multiracial du pays.

他们一起结束了种族隔离,然后组建了该国第一个多种族政府。

[Quelle Histoire]

Il suffisait de se rendre 1 ou 2 fois à des réunions contre l'apartheid ou le racisme pour que les policiers espions ouvrent un fichier sur vous.

参加 1 或 2 次反对种族隔离或种族主义的会议就足够了,间谍警察打开你的档案。

[法国TV2台晚间电视新闻 2022年11月合集]

Plusieurs dizaines de chefs d'Etat pour un ultime adieu au héros de la lutte contre l'apartheid.

数十位国家元首向反种族隔离斗争的英雄作了最后的告别。

[法国TV2台晚间电视新闻 2022年9月合集]

Symbole d’un pays qui tournait à l’époque la page de l’apartheid, il était le seul joueur noir de l’équipe dans un pays qui interdisait jusqu’alors leur présence chez les Springboks. Chester Williams a succombé à une crise cardiaque, il avait 49 ans.

他象征着一个当时翻开种族隔离一页的国家,他是球队中唯一的黑人球员,直到那时才禁止他们与跳羚队同在。切斯特·威廉姆斯死于心脏病发作,当时他49岁。

[RFI简易法语听力 2019年9月合集]

C'est là qu'avait été annoncée la fin de l'apartheid en 1990.

1990 年种族隔离制度的终结就是在那里宣布的。

[法国TV2台晚间电视新闻 2022年1月合集]

例句库

Étant donné son expérience historique unique liée au démantèlement de son programme limité d'armement nucléaire de l'époque de l'apartheid, et les enquêtes d'exhaustivité menées par l'AIEA, l'Afrique du Sud a acquis des connaissances pratiques qui pourraient être utiles à la communauté internationale.

由于在销毁其有限的种族隔离时期的核武器项目的独特历史经验和接受国际原子能机构调查的全面性,南非获得了一些实际的洞察力,这也许会对国际社会有益。

Depuis l'accession du pays à l'indépendance il y a 15 ans, le Gouvernement namibien a entrepris une tâche historique visant à remédier aux conséquences humaines, sociales et économiques subies par notre peuple durant les années de l'apartheid et du colonialisme.

自15年前取得独立以来,纳米比亚政府担负起了矫正多年种族隔离殖民统治期间我国人民所遭受人类、社会和经济后果的历史重任。

Tel fut le sombre héritage du colonialisme et de l'apartheid.

这就是种族隔离殖民统治遗留下来的赤裸裸现实。

L'État ne peut imposer à quiconque une identité ethnique particulière (ce que précisément le régime d'apartheid cherchait à faire en Afrique du Sud) en infligeant des sanctions à ceux qui ne veulent pas appartenir à ce groupe; les membres d'une minorité ne peuvent pas non plus causer de tort à des personnes qui, selon des critères objectifs, peuvent être considérées comme faisant partie de leur groupe mais qui, subjectivement, ne veulent pas y appartenir.

国家不能够通过对那些不想成为该群体之一部分的人实行负面的制裁而对一个特定的人强加特定的族裔特征(这正是南非种族隔离制度所谋求的);也不能使任何在构成其群体方面没有任何客观标准、而主观方面又不想属于该群体的人承受任何不利影响。

L'apartheid était la forme extrême d'exclusion de différents groupes de l'égale participation à la société nationale dans son ensemble.

种族隔离是将不同的群体排除在平等参与整个民族社会之外的极端的情况。

Les experts ont cité comme exemple le soutien international dont avait bénéficié la lutte contre l'apartheid, faisant observer qu'un soutien analogue serait capital pour assurer efficacement l'application de la Déclaration et du Programme d'action de Durban.

专家们提到了发动国际社会支持反对种族隔离的事例,并且说这种国际社会的支持对于有效落实《德班宣言和行动纲领》是有关键作用的。

1 Cette section traite des dispositions de la Constitution namibienne qui sont les plus pertinentes à la mise en œuvre de la Convention, à savoir les articles 10 (Égalité et protection contre la discrimination), 14 (Famille) et 23 (Apartheid et mesures palliatives), ainsi que certaines parties de l'article 95 (Protection sociale).

1 报告这一节述及《宪法》中与执行《消除对妇女歧视公约》最具相关意义的条款:第10条(平等和不受歧视)、第14条(家庭)、第23条(种族隔离与肯定行动)以及第95条某些部分(促进人民的福利)。

Mais avant tout, elle mit en place une politique systématique d'apartheid dans le pays.

尤其是,南非还在纳米比亚系统地实行种族隔离政策。

Après l'accession à l'indépendance de la Namibie et l'abolition du système d'apartheid, la Constitution (art. 10) a interdit la discrimination fondée sur le sexe, la race, l'origine ethnique, la conviction et la condition sociale ou économique.

在纳米比亚独立以及随即废除种族隔离制度之后,《纳米比亚宪法》第10条禁止基于性别、种族、族裔、信仰和社会或经济地位的歧视。

Ce système, qui n'est pas sans rappeler celui des laissez-passer appliqué du temps de l'apartheid, a un caractère totalement arbitraire.

这种制度毫无道理,它不能不让人回想起种族隔离时期的通行证制度。

La situation n'est pas sans rappeler ce qui s'est passé durant l'apartheid, lorsque les États-Unis, la Grande-Bretagne et la France ont exercé leur droit de veto pour empêcher que des sanctions économiques ne soient prises contre l'Afrique du Sud.

形势不能不让人联想到在种族隔离时期发生的一切,当时美国、英国和法国行使否决权,以抵制采取针对南非的制裁措施。

En ce qui concerne les remarques de la délégation israélienne, le Rapporteur spécial déplore qu'elle ait toujours recours à une stratégie d'attaque et de diffamation contre le messager et estime en revanche éclairant que le représentant d'Israël n'ait pas jugé bon de faire référence à l'occupation, qui justifie sa comparaison entre l'Afrique du Sud du temps de l'apartheid et Israël, ou à l'avis consultatif de la Cour internationale de Justice, en vertu duquel Israël est tenu de démanteler le mur.

对于以色列代表团的意见,特别报告员表示遗憾,以色列代表团一贯采取攻击和诽谤的战略来反对报告员。 他认为,以色列代表只字不提占领问题,也不提国际法院的咨询意见——国际法院的意见是要以色列拆除隔离墙——这本身就说明,将实行种族隔离时期的南非同以色列进行比较是有道理的。

La politique israélienne consistant à limiter la liberté de circulation des Palestiniens et à les empêcher d'utiliser les routes d'accès fréquentés par les colons juifs et d'autres Israéliens en Cisjordanie équivaut à l'apartheid.

以色列限制巴勒斯坦人行动自由权、阻止他们进入犹太定居者和西岸其他以色列人使用的道路的政策就是种族隔离。

S'agissant du rôle des organisations non gouvernementales, M. Neil estime qu'il faudrait renforcer la collaboration avec ces organisations, surtout du fait de l'importante contribution qu'elles ont apportée par le passé, par exemple dans la mobilisation contre le phénomène de l'apartheid.

关于非政府组织的职能问题,发言人认为应该加强与这些组织的合作,特别是因为非政府组织在过去做出的重大贡献,比如动员消除种族隔离现象。

En tant que Ghanéenne, l'oratrice est persuadée que les Africains doivent surmonter le sexisme, comme ils ont surmonté l'apartheid et n'accepter aucune justification au nom de quelque dieu que ce soit.

作为一名加纳人,她认为来自非洲国家的人必须摈弃男性至上主义,正如他们推翻种族隔离一样,并且不要接受以任何神明的名义所强加的理由。

En revanche, la réussite de l'intégration régionale dans le cadre de l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est (ASEAN) et de l'Afrique australe (après l'apartheid) s'explique en partie par le fait que les architectes de ces deux mécanismes ont refusé de faire de la libéralisation des échanges le principe central de l'intégration.

另一方面,东南亚国家联盟(东盟)以及种族隔离后的南部非洲在区域一体化方面之所以取得成功,至少部分原因是:两种制度的设计师们摒弃了把贸易自由化作为主要组织原则的做法。

Ces exemples montrent à l'évidence que le prétendu risque de prolifération provenant d'activités nucléaires pacifiques de certains États n'est qu'un prétexte pour poursuivre des objectifs politiques et imposer un nouvel apartheid nucléaire.

这些情况都清楚地证明,所谓对某些国家和平核活动扩散的关切,只是追求政治目标和实施新的核歧视的借口罢了。

Les armes nucléaires et leur prolifération, d'une part, et toute tentative d'imposer un régime d'apartheid pour ce qui est de l'accès à l'énergie nucléaire à des fins pacifiques, d'autre part, représentent deux grandes menaces pesant sur la tranquillité et la paix internationales.

核武器及其扩散,以及企图对获取和平核能实施隔离制度,是国际安宁与和平面临的两大威胁。

Ce faisant, ils ont l'intention d'imposer un apartheid nucléaire.

它们这样做是想在核问题上实施隔离。

Si le Maroc avait voulu que ce « mur de l'apartheid », qui enferme les Sahraouis comme dans un ghetto et est défendu par des mines antipersonnel, soit défensif, il l'aurait érigé sur son territoire, non pas au Sahara occidental.

这堵“种族隔离墙”将撒哈拉人禁锢了起来,他们像被关在了隔离区,而且周围还布满了杀伤人员的地雷,如果摩洛哥真认为这样做是出于防御目的,那么它应该将它建在自己的领土上,而不要建在西撒哈拉。

法语百科

Carte de l'Afrique du Sud des années 1981-1994 présentant les 4 provinces sud-africaines et les 4 bantoustans indépendants du Transkei, Ciskei, Venda et Bophuthatswana et les 6 bantoustans autonomes, constitués en vertu de la séparation spatiale du grand apartheid.

L’apartheid (mot afrikaans partiellement dérivé du français, signifiant « séparation, mise à part ») était une politique dite de « développement séparé » affectant des populations selon des critères raciaux ou ethniques dans des zones géographiques déterminées. Il fut conceptualisé et introduit à partir de 1948 en Afrique du Sud (Union d'Afrique du Sud, puis République d'Afrique du Sud) par le Parti national, et aboli le 30 juin 1991. La politique d'apartheid se voulait l'aboutissement institutionnel d'une politique et d'une pratique jusque-là empirique de ségrégation raciale (Pass-laws, baasskap et colour bar), élaborée en Afrique du Sud depuis la fondation par la Compagnie néerlandaise des Indes orientales de la colonie du Cap en 1652. Avec l'apartheid, le rattachement territorial (puis la nationalité) et le statut social dépendaient du statut racial de l'individu. L'apartheid a également été appliqué de 1959 à 1979 dans le Sud-Ouest africain (actuelle Namibie), alors administré par l'Afrique du Sud.

La politique d'apartheid fut le « résultat de l'anxiété historique des Afrikaners obsédés par leur peur d'être engloutis par la masse des peuples noirs environnants ». Les lois rigides qui en résultèrent, « dictées par une minorité blanche dynamique obsédée par sa survie » en tant que nation distincte, furent ainsi le résultat d'une confrontation, sur une même aire géographique, d'une société sur-développée, intégrée au premier monde avec une société de subsistance, encore dans le tiers monde, manifestant le refus de l'intégration des premiers avec les seconds.

Après le massacre de Sharpeville en 1960 et dans le contexte de la décolonisation, les critiques internationales contre l'apartheid commencent à prendre de l'ampleur (exclusion de l'Organisation mondiale de la santé, du bureau international du travail puis du comité international olympique, retrait du mandat sur le sud-ouest africain). Mais ce n'est qu’après les émeutes de Soweto en 1976 que des sanctions internationales contraignantes (embargo sur les ventes d'armes) sont imposées par le Conseil de sécurité des Nations unies contre l'Afrique du Sud. Les réformes entamées sous les gouvernements de Pieter Botha (autorisation de syndicats non blancs puis mixtes, abolition des emplois réservés, nouvelle constitution ré-instaurant de droits politiques aux indiens et aux métis, abolition de la loi sur les laissez-passer et de celle interdisant les mariages mixtes, ouverture des lieux publics à toutes les communautés) ne suffisent pas à enrayer la multiplication des sanctions internationales bilatérales (restrictions diplomatiques ou commerciales, embargo sur les importations de charbon, refus d'exportation de technologies) tandis que les townships deviennent ingouvernables.

À la suite de l'arrivée au pouvoir en août 1989 du président Frederik de Klerk et à la libération, après vingt-sept années d'emprisonnement, le 11 février 1990, de Nelson Mandela, chef de file de la lutte contre l'apartheid, les dernières lois piliers de l'apartheid (notamment le group Areas Act et le Population Registration Act) sont abolies en juin 1991. Les négociations constitutionnelles (CODESA) menées entre le gouvernement, le congrès national africain, le parti national et les principaux partis politiques sud-africains aboutissent à l'élaboration d'une constitution intérimaire, aux premières élections parlementaires non raciales au suffrage universel (27 avril 1994) et à l'élection de Nelson Mandela comme premier président noir d'Afrique du Sud le 10 mai 1994.

Pour avoir pacifiquement mis fin à la politique d'apartheid et entamé des négociations politiques, Nelson Mandela et Frederik de Klerk reçoivent conjointement le Prix Nobel de la paix en 1993.

Les catégorisations de l'apartheid

L'historien Hermann Giliomee rapporte que l'apartheid ne doit pas être considéré au départ comme un projet clairement défini dans sa conception, sa mise en œuvre est loin d'être immédiate ou globale et sa vision d'ensemble n'est ni cohérente ni uniforme.

Le concept de l’apartheid s’articule néanmoins autour de la division politique, sociale, économique et géographique du territoire sud-africain et de sa population répartie en quatre groupes raciaux hiérarchiquement distincts :

Les Blancs : ce sont principalement les descendants d’immigrants européens arrivés dans le pays à partir de 1652 parmi lesquels on distingue, d'une part, les Afrikaners (60 % de ce groupe racial), principalement de souche néerlandaise, mais aussi française, allemande ou scandinave, de locution afrikaans ; et d'autre part, les anglophones (40 %), principalement d'origine britannique. Ils représentent un peu plus de 21 % de la population sud-africaine au moment de la mise en place de l'apartheid.

Les Indiens : ce sont les descendants des coolies recrutés dans les régions de Madras et de Calcutta à partir de 1860 engagés dans les plantations de canne à sucre du Natal. Ils représentent un peu moins de 3 % de la population en 1950.

Les Coloured, ou métis : ce sont des populations issues principalement de mélanges interraciaux entre Européens, Hottentots, Indonésiens, Indiens, Malgaches, Mozambicains ou Mauriciens. On distingue notamment, d'une part les métis du Cap issus de relations entre des Blancs et des Hottentots aux XVIetXVII siècles, et les Malais du Cap nés d'un mélange entre des Indonésiens, des Blancs et des Hottentots. les Coloured représentent 9 % de la population sud-africaine en 1950.

Les Noirs, ou Bantous : ils représentent près de 67 % de la population sud-africaine au moment de la mise en place de l'apartheid mais sont les moins urbanisés des 4 groupes raciaux (80 % vivent alors en zone rurale). Ils se répartissent entre une dizaine d'ethnies dont les plus importantes sont les Xhosas et les Zoulous.

L'apartheid se distingue également en deux catégories. La première, le petit apartheid ou apartheid mesquin qui protège l'intimité des Blancs dans leur vie quotidienne en limitant leur rapport avec les non-blancs, et la deuxième, le grand apartheid concernant la division spatiale du pays imposant des zones de résidence géographiquement séparées et racialement déterminées. Ce grand apartheid a été accompagné de mesures de déplacements et de regroupement des populations noires dans des foyers nationaux appelés bantoustans.

Contexte historique de l'Afrique du Sud

L'apartheid est le produit de l'Histoire, des mythes et des singularités de l'Afrique du Sud. Cette singularité est marquée par le fait que d'anciens immigrants européens ont pris souche dans cette partie de l'Afrique dès le XVII siècle, ont récusé très tôt leurs racines européennes (néerlandaises, allemandes et françaises) et ont revendiqué leur africanité. Leur expression s'est effectuée notamment par opposition à la métropole coloniale néerlandaise mais aussi par rapport aux colons britanniques arrivés au XIX siècle et attachés à leur mère patrie. Elle aboutit finalement à un nationalisme afrikaner exacerbé par la religion, la souffrance et la guerre contre l'impérialisme britannique et dont la politique d'apartheid ne sera que l'une des manifestations les plus notoires.

L'apartheid ne peut cependant être considéré comme une forme flétrie du calvinisme primitif, ni un bastion arriéré du colonialisme ni encore moins une variante tropicale du fascisme ou du nazisme européen. Son idéologie prend bien racine à la fois dans la théologie et dans les doctrines de justification de la colonisation. C'est par la doctrine calviniste de la prédestination selon laquelle l'homme est prédestiné par Dieu et a créé des élites pour diriger le monde et des non élus pour obéir aux premiers que les concepts ségrégationnistes ont d'abord été avalisés par les prédicateurs de l'église réformée hollandaise. Les Boers, isolés dans le veld, s'étaient ainsi facilement assimilés au peuple élu et bon nombre d'entre eux ont cru jusqu'à la fin des années d'apartheid, que Dieu leur avait donné l'Afrique du Sud comme il avait donné le pays de Canaan aux Hébreux, les Noirs étant assimilés aux Cananéens.

C'est à la fois par idéalisme, par intérêt et par sécurité que les Afrikaners élaborent et maintiennent aussi longtemps le système d'apartheid, qui selon eux, est le seul moyen pour leur permettre non seulement de survivre en tant que groupe ethnique distinct mais aussi pour préserver leurs intérêts de classe au sein du groupe blanc. L'apartheid est ainsi présenté comme un arsenal juridique destiné à assurer la survie du peuple afrikaner comme ethnie particulière mais aussi comme un « instrument de justice et d'égalité qui doit permettre à chacun des peuples qui constituent la société sud-africaine d'accomplir son destin et de s'épanouir en tant que nation distincte ». Ainsi, beaucoup de nationalistes afrikaners pensent sincèrement que l'apartheid ouvrira des carrières et laissera leurs chances aux Noirs, chances qu'ils n'auraient pu saisir s'ils avaient été obligés d'entrer en compétition avec les Blancs au sein d'une société intégrée. Avec la volonté manifeste de revaloriser les différentes ethnies du pays, l'Afrique du Sud est alors l'un des très rares états centralisateurs à prêcher le droit au séparatisme. Cependant, à aucun moment les propres aspirations des peuples noirs d'Afrique du Sud ne sont prises en considération. L'apartheid leur est imposé dans la plus pure tradition du baasskap.

À partir des années 1970, les Afrikaners n'ont plus la peur pathologique de perdre leur identité qui s'affirme d'ailleurs au travers de l'État sud-africain, un État militairement fort et économiquement puissant. La discrimination et la ségrégation raciale ne sont plus justifiées en termes idéologiques mais en termes économiques et politiques : la survie du capitalisme et la lutte contre le communisme. L'apartheid finit par représenter l'expression de désirs, d'angoisses et de complexes d'une population blanche, accrochée à une vision de l'histoire qui n'avait plus cours ailleurs depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.

Une société historiquement plurale

L'Afrique du Sud est un territoire caractérisé par une grande diversité ethnique et culturelle, héritée d'un passé complexe. Avant l'arrivée des Européens, les peuples africains qui vivent en Afrique australe sont divers par leur physique, leur langue et leur mode de vie. On distingue principalement les Bantous, les Khoïkhoïs et les Bochimans. Au XVII siècle, les Néerlandais fondent une colonie au Cap peuplée progressivement d'immigrés venant des Provinces-Unies, de France, des États allemands et de Scandinavie. Les descendants de ces premiers colons sont les Boers (qui signifie « fermier » ou « éleveur »), appelés ensuite Afrikaners pour désigner l'ensemble de la communauté blanche de langue afrikaans et de religion calviniste. Ils forment le principal groupe blanc de l'Afrique du Sud et vivent de l'agriculture ou de l'élevage. Pendant la période néerlandaise, la colonie importe des milliers d'esclaves venant de Madagascar et d’Indonésie. Les Coloureds sont issus du métissage entre les différents groupes de population. C'est à la fin du XVIII siècle que les Anglais commencent à coloniser l'Afrique du Sud : entre 1815 et 1914, près de 900 000 Britanniques s’installent en Afrique du Sud. En 1814, la colonie du Cap passe définitivement sous le contrôle du Royaume-Uni et l'anglais devient une langue officielle en 1822. L'esclavage est aboli en 1833 : c'est alors que débute le Grand Trek, l'émigration de milliers de Boers vers l'intérieur des terres.

Après la découverte des diamants et de l’or dans la seconde moitié du XIX siècle, l'immigration européenne et africaine augmente. Des dizaines de milliers d'ouvriers indiens et chinois sont encouragés à venir travailler dans les mines et l'agriculture. Deux tiers des Indiens restent en Afrique du Sud après la fin de leur contrat.

La construction du nationalisme afrikaner face à l'impérialisme britannique

L'armée des Boers composée de commandos rassemblant parfois trois générations de fermiers.

Indiens arrivant en Afrique du Sud.

L'apartheid tire ses origines idéologiques dans le mouvement identitaire afrikaner. Celui-ci tire ses racines de la colonisation commencée en 1652 avec Jan van Riebeeck avant de se développer progressivement au XIX siècle et de déboucher sur la mise en place de l'apartheid au milieu du XX siècle. La construction d'un groupe homogène afrikaner s'est globalement appuyée sur la langue afrikaans et sur la doctrine du calvinisme qui distinguait un peuple élu et les autres (voir calvinisme afrikaner). La désignation des Afrikaners comme peuple élu a constitué le paradigme central de l'histoire sud-africaine des Afrikaners. Cependant, ces deux facteurs culturels unificateurs qui les distinguaient des autres communautés du pays n'étaient pas suffisant pour effacer les différences abyssales entre les fermiers du Transvaal et les hommes d'affaires afrikaners du Cap. Il fallait une trame commune du passé pour les unir vers une même destinée. Ainsi, l'histoire des Afrikaners s'est continuellement référée à une représentation quasi-religieuse, utilisant les comparaisons bibliques entre l'oppression des juifs dans l'Ancien Testament et l'exode des Afrikaners du Cap en 1835. Le Grand Trek est ainsi devenu la racine historique du peuple afrikaner, l'évènement qui lui a donné son âme, le berceau de la nation. Le mouvement identitaire afrikaner va être conforté par d'autres historiens comme George McCall Theal, un Britannique natif du Canada. Influencé par le darwinisme social, Theal exaltait le colonialisme comme le triomphe du progrès sur les races moins avancées. Il est ainsi l'un des premiers historiens à avoir examiné l'Afrique du Sud comme une nation et non comme un ensemble hétérogène de colonies distinctes. Il va également idéaliser l'épopée du Grand Trek en mettant l'accent sur la main de Dieu.

Le nationalisme afrikaner se construit d'abord contre la domination et l'oppression britannique quand, en 1815, la Grande-Bretagne remplace définitivement la tutelle néerlandaise sur la colonie du Cap et tente d'angliciser les Boers. Elle aboutit d'abord en 1835 à un vaste exode de 15 000 boers vers l'intérieur des terres d'Afrique du Sud. Cette épopée, connue sous le nom de Grand Trek fut magnifiée par l'historiographie sud-africaine au travers notamment du récit du massacre de Piet Retief et des familles boers à Blaauwkraus et Boesmanspruit par les Zoulous puis par le récit de la bataille de Blood River contre les guerriers Zoulous et le serment d'allégeance à Dieu. Cet exode aboutit à la fondation de plusieurs petites républiques boers dont certaines s'unifient pour devenir la République sud-africaine du Transvaal en 1852 et l'État libre d'Orange en 1854. En 1875, au Cap, des historiens et des pasteurs de l'église réformée hollandaise comme Stephanus Jacobus du Toit forment un mouvement de revendication culturel, (l'« Association des vrais Afrikaners », dont l'objectif est de donner à l'afrikaans, la langue parlée par les boers, ses lettres de noblesse et d'en faire un véritable outil de communication écrite. En publiant le premier journal en langue afrikaans et le premier livre d'histoire sur le peuple afrikaner dans cette langue (L'histoire de notre pays dans la langue de son peuple), Du Toit veut éveiller la conscience nationale des Afrikaners et les libérer de leur complexe d'infériorité culturelle face aux Anglais. Dès lors, la défense de la langue se confond avec celle de l'identité afrikaans.

Lizzie van Zyl, une enfant boer internée et morte dans le camp de concentration britannique de Bloemfontein en Afrique du Sud durant la Seconde Guerre des Boers.

La Seconde Guerre des Boers (1899-1902) est le deuxième événement historique après celui du Grand Trek qui cristallise le sentiment national afrikaner. Le souvenir des camps de concentration où périrent plus de 26 000 civils boers, de la tactique de la terre brûlée par les troupes Britanniques et l'annexion des anciennes républiques boers, nourrissent leur rancœur contre les Anglais. La ponction démographique provoquée par la guerre, puis l'afflux de milliers de travailleurs africains et asiatiques alimentent l'idée d'un déclin afrikaner en Afrique du Sud. Les Boers se sentent menacés par les changements démographiques et politiques. L'imposition de l'anglais dans les anciennes républiques boers, l'interdiction de l'enseignement de l'afrikaans et diverses mesures vexatoires vont avoir pour corolaire la création d'écoles privées gérées par les Afrikaners eux-mêmes qui fournissent alors un terrain propice à la création d'une identité commune fondée sur la langue afrikaans, la croyance calviniste et une interprétation quasi-religieuse de l'histoire.

En 1910 est créée l'Union d'Afrique du Sud qui rejoint les dominions du Commonwealth. En 1914-1915, plusieurs anciens officiers boers tentent de s'opposer à la participation de l'Afrique du Sud à la Première Guerre mondiale, notamment quand le gouvernement lève un contingent pour envahir le Sud-Ouest africain. Dans un manifeste, ils proclament le rétablissement des républiques boers. La mort d'un de ses chefs, le général Koos de la Rey alors que celui-ci tente de forcer un barrage de police, précipite une rébellion de près de 12 000 boers contre le gouvernement de Louis Botha. En quelques semaines la rébellion est écrasée. Politiquement, elle a suscité un réflexe nationaliste au sein des quatre provinces renforçant la position du tout jeune Parti national de James B. Hertzog.

La montée de l'Afrikanerdom

Monument symbolique afrikaner des chariots en bronze commémorant la bataille de Blood River.

Statue symbolique de la femme Afrikaner et de ses enfants au Voortrekker Monument de Pretoria.

Après la Première Guerre mondiale, les paysans afrikaners, chassés du platteland par une grave sécheresse et une crise économique, se retrouvent confrontés à un double phénomène d’urbanisation et d’acculturation, et entrent en compétition avec les ouvriers noirs au moindre coût. Les valeurs et l'ordre traditionnel des Afrikaners s'effondrant, ces derniers se sentent acculés face à la domination des anglophones, de leurs valeurs liées aux affaires et à l'argent et face au risque de submersion des Noirs qui affluent alors vers les villes. Face à cette situation, les nationalistes afrikaners s'efforcent de réinventer des modèles culturels à partir de l'Afrikanerdom. Destinée à arracher les Afrikaners pauvres à leur condition misérable et à les aligner sur la petite bourgeoisie anglophone, le concept ressuscite les rêves d'indépendance et d'auto-suffisance des Boers. En 1918, l'Afrikaner Broederbond (Ligue des frères afrikaners) est fondée à Johannesburg avec pour objectif de défendre et promouvoir les Afrikaners. Rassemblant d'abord des pasteurs calvinistes, des employés des chemins de fer et des policiers, le Broederbond devient 6 ans plus tard une ligue calviniste secrète de type franc-maçonne, recrutant un nombre croissant d'instituteurs, de professeurs, d'universitaires et de politiciens. Le Bond va étendre son influence et son audience au sein de la communauté de langue afrikaans et définir l'identité de l'Afrikaner duquel il placera les intérêts au-dessus de toutes les autres communautés d'Afrique du Sud. Ainsi, le Broederbond repose sa doctrine sur le national-christianisme, inspiré du néocalvinisme, qui stipule que « les nations sont nées d'une volonté divine, que chacune d'elles est détentrice d'une spécificité et d'une mission à accomplir ». La défense de l'identité afrikaner devient une mission sacrée dont le triomphe exige la mobilisation totale du peuple de langue afrikaans (le Volk). Le concept de l'apartheid va progressivement être élaboré sur cette base doctrinale.

En mars 1922, l’armée est envoyée pour faire cesser la grève insurrectionnelle des ouvriers afrikaners des mines d'or du Witwatersrand. Les mineurs afrikaners s'étaient mis en grève pour protester contre le recours accru aux travailleurs noirs, main-d’œuvre abondante et moins bien payée, par le patronat du secteur minier. Pour les mineurs afrikaners, le patronat remettait en cause le Colour Bar et les emplois réservés des mines. Le conflit avait commencé dans les mines de charbon, soutenu par les nationalistes de Tielman Roos et les communistes de Bill Andrews, puis s'était répandu à travers tout le bassin minier du Rand, regroupant 20 000 travailleurs blancs. La grève s'était ensuite transformée en insurrection, avec la proclamation de soviets alors que des affrontements violents ensanglantaient la région. Quelques jours après le déclenchement de la grève générale, le premier ministre Jan Smuts mena une sanglante répression (214 tués dont 76 grévistes, 78 soldats, 30 africains tués par les grévistes) tandis que 5 000 mineurs étaient emprisonnés. L'échec du mouvement ouvrier conduisit à une mobilisation insolite rassemblant travaillistes, socialistes, communistes, des mouvements politiques de couleurs derrière les nationalistes du parti national qui remportèrent en 1924 les élections législatives. En 1925, sous le nouveau gouvernement nationaliste de J.B. Hertzog, l'afrikaans se substitue au néerlandais et est reconnue comme langue officielle au côté de l’anglais en 1925. En 1927, le pays se dote de son premier drapeau national et d'un hymne officiel « Die Stem van Suid-Afrika ». La plus ancienne église du pays, l'Église réformée hollandaise, véritable Église du peuple afrikaner (Volkskerk), diffuse et généralise, dans le cadre d'une éducation nationale-chrétienne l'idée d'une élection collective des Afrikaners et élabore des justifications théologiques à la ségrégation.

En 1934, le Parti national (au pouvoir depuis 10 ans) fusionna avec le Parti sud-africain de Jan Smuts pour former un parti d'inspiration libérale, le parti uni. Une minorité au sein du Parti National demeura au sein d'un parti radicalisé, prônant la supériorité du nationalisme afrikaner sur toutes les autres nations d'Afrique du Sud. En fait, Daniel François Malan et les députés qui l'avaient suivi pour maintenir en vie le Parti national étaient essentiellement des membres du Broederbond. Débarrassé des modérés, le Parti national devenait la vitrine et l'outil politique du Broederbond.

En 1938, les célébrations du centenaire de la bataille de Blood River unissent les Afrikaners autour du thème du Volkseenheid (l'unité du peuple afrikaans) avec la reconstitution du Grand Trek. Ainsi, le 8 août 1938, des centaines de chariots portant chacun le nom d'un des héros boers du Grand Trek ou célébrant la mémoire des femmes et des enfants partent du Cap en direction de Pretoria. À mesure que les convois progressent et traversent les communes et villages, une vague de patriotisme parcourt le pays. D'autres villes et villages organisent leur propre trek vers Pretoria. En chemin, les Afrikaners se mobilisent en masse : Les routes et rues sont rebaptisées Voortrekker Straat ou Pretorius Straat, les hommes se laissent pousser leurs barbes comme leurs ancêtres, les femmes mettent leur bonnet traditionnel et des tabliers de paysannes, des jeunes fiancés font bénir leur union en costume de Voortrekker et des enfants baptisés le long des chars à bœufs et les feux de joie illuminent les soirées. À l'approche de la destination finale, les thèmes nationalistes et républicains se précisent alors que le pays est pavoisé aux couleurs sud-africaines et le 16 décembre 1938, plus de 100 000 afrikaners (1/10 de la population afrikaner) assistent à Pretoria à la pose de la première pierre du Voortrekker Monument, symbole phare du nationalisme boer en présence des descendantes d'Andries Pretorius, de Piet Retief et d'Hendrik Potgieter. Plusieurs mouvements extrémistes non parlementaires, certains influencés par le nazisme, tentent à l'époque d'exploiter ce nationalisme ambiant comme l'Ossewa Brandwag, l'Active Citizen Force, les Chemises grises de Louis Weichardt, le SA Gentile National Socialist Movement ou le Boernasie de Manie Maritz.

En 1946, le Parti travailliste sud-africain, qui fut de toutes les coalitions gouvernementales entre les deux guerres mondiales, adoptait une « politique non-raciale » innovante dans le contexte de l'époque en réclamant la « reconnaissance de certains droits humains fondamentaux, le droit au travail, à la libre éducation, à la sécurité sociale, à un logement convenable, et l’abolition du travail sous contrat individuel », en préconisant l’octroi de « plus de terres aux indigènes, l’amélioration de leurs procédés de culture, une aide de l’État égale à celle accordée aux Blancs » et en proposant le remplacement des quartiers réservés aux indigènes par « des cités bien ordonnées et administrées démocratiquement par ses habitants ». Le parti va encore plus loin en s'opposant à la loi ségrégationniste sur les mines et les chantiers et en appelant à la « reconnaissance des syndicats africains, le salaire égal pour un travail égal, la possibilité d’une formation professionnelle ». Le parti se prononçait enfin pour un État fédéral octroyant l’exercice de tous les droits de citoyen à tous les individus résidant sur leur territoire. En dépit ou à cause de ce programme novateur, le parti travailliste sud-africain n'allait pas survivre aux élections générales de 1948.

En 1948, la victoire du parti national purifié de Daniel François Malan allié au parti afrikaner de Nicolaas Havenga, consacre la victoire du peuple afrikaans face à l'acculturation anglophone. Le danger de domination anglophone est définitivement écarté et l'unité du peuple afrikaans réalisé. Le thème récurrent n'est plus dès lors la défense de l'identité afrikaans mais celle du peuple blanc d'Afrique du Sud (3 millions de personnes en 1954, 21,4 % de la population totale). Cependant, la cohésion ethnique de celui-ci reste menacé par le « Swaartgevaar » (le péril noir), c'est-à-dire par la puissance de la démographie africaine (8 millions de personnes en 1950 soit 67 % de la population totale). L'apartheid est alors présenté comme un arsenal juridique destiné à assurer la survie du peuple boer mais aussi comme un « instrument de justice et d'égalité qui doit permettre à chacun des peuples qui constitue la société sud-africaine d'accomplir son destin et de s'épanouir en tant que nation distincte ».

La situation avant l'Apartheid

La ségrégation raciale était une réalité bien avant l'établissement de l'Union d'Afrique du Sud. Pratiquée globalement de façon moins dogmatique et moins légaliste dès le XVII siècle, le confinement spatial des non-Blancs dans les zones rurales du Cap ou du Natal tout comme dans les centres industriels résultaient de la double volonté de réduire la dangerosité sociale (vagabondage, vol…) des Africains que de contrôler la disponibilité de la main-d’œuvre. Le caractère généralisé de la ségrégation ne relevait encore que de règlements empiriques comme les Pass laws (laissez-passer), adoptées dès 1809 dans la colonie du Cap. En 1894, l'assemblée législative du Cap vote la loi Glen Grey qui définit notamment les modalités de l'allocation obligatoire de délimitations géographiques pour les populations noires de la colonie du Cap

La ségrégation à grande échelle date de l'époque d'Alfred Milner, haut commissaire en Afrique du Sud après la Seconde Guerre des Boers quand il met en place une commission intercoloniale des affaires indigènes sud-africaines composée exclusivement de Britanniques et dont le but était d'élaborer un plan pour les futures relations raciales du dominion en tenant compte de la législation disparate des quatre colonies. Les théories du darwinisme social et du racisme scientifique imprègnent alors un grand nombre d'intellectuels de l'époque et, prétextant de la supériorité des Blancs, l'une des recommandations de la commission présidée par Sir Geofrey Lagden préconise la création de réserves indigènes à travers toute l'Afrique du Sud. Ces réserves n'avaient à l'origine qu'une fonction économique, subordonnées à l'ensemble sud-africain pour servir de réservoir de main-d'œuvre. Elles n'avaient pas vocation à devenir indépendantes. À partir de 1948, le gouvernement mené par le parti national, donna un contenu idéologique pour justifier et développer ces réserves qui, dans le cadre de la politique d'apartheid qui commença à être mis en place, prirent les noms successivement de bantoustans puis "homelands", "black states" et enfin "national states".

Quant à l'origine du mot « apartheid », il est attribué au professeur P.van Biljoen qui, en 1935, propose à la ligue afrikaans pour les études raciales de définir ainsi les bases d'une nouvelle politique qui serait basée sur la séparation verticale entre les différents groupes de population et qui serait distincte de la ségrégation raciale mise en œuvre jusque-là.

Colour bar

Les généraux Louis Botha et Jan Smuts en 1917, successivement premiers ministres d'Afrique du Sud de 1910 à 1924.

En application du South Africa Act, la loi fondamentale, le suffrage électoral est celui qui était en vigueur dans les colonies constitutives de l'Union sud-africaine. Concrètement, le suffrage électoral est réservé aux hommes âgés de plus de 21 ans. Dans l’État libre d'Orange et le Transvaal, le suffrage électoral est limité aux seuls hommes blancs âgés de plus de 21 ans. Selon les modalités définies dans chaque province, des restrictions censitaires relatives aux revenus et aux biens subsistent cependant pour cette catégorie de population. Dans la province du Cap, un système de franchise électorale non raciale, hérité de la colonie du Cap et basé sur l'instruction, le salaire et la propriété, permet aux hommes de couleurs (coloured et noirs) de bénéficier du droit de vote et d'émarger sur les mêmes listes électorales que les blancs. Lors des premières élections générales sud-africaines de 1910, 22 784 personnes issues des communautés coloureds ou bantoues disposent du droit de vote dans la province du Cap sur un total de 152 221 électeurs. Un système similaire plus restrictif existe aussi au Natal mais seulement 200 non blancs sur un total de 22 786 électeurs bénéficient de cette franchise électorale.

Le tout premier gouvernement de l'Union d'Afrique du Sud, dirigé par le premier ministre afrikaner Louis Botha (1910-1919) et dominé par le parti sud-africain, appliqua et renforça les Pass-laws et les lois coloniales britanniques appliquées en fonction du code de couleur, le Colour Bar (« barrière de couleur »), qui réglementait les relations interraciales dans les anciennes colonies sud-africaines. Ainsi, en 1911, le Native Labour Regulation Act réglemente le travail indigène en instaurant un laissez-passer au niveau national alors que le Mines and work Acts institue les premières barrières raciales dans le travail. En 1913, le Native Land Act (« loi sur la propriété foncière indigène ») interdit aux Africains d’être propriétaires de terres en dehors des « réserves » indigènes. Cette loi, pourtant présentée par un ministre des affaires indigènes considéré comme favorable aux africains, J.W. Sauer , et soutenu par le journaliste et militant John Tengo Jabavu, deviendra l'un des textes emblématiques préfigurant la politique d'apartheid. Cette loi dispose notamment les conditions d'achat, de location, de propriété et d'occupation des terres sur l'ensemble du territoire sud-africain par les populations noires et blanches, désignant "en tant que terres d'origines" 8,9 millions d'hectares (7 % de la superficie du territoire sud-africain) à la propriété exclusive des populations noires (concrètement, les réserves indigènes et tribales). Les dispositions de cette loi, inapplicable cependant dans la province du Cap pour des raisons constitutionnelles, allaient avoir des répercussions importantes sur les conditions de travail des populations noires dans les zones rurales et urbaines. Elle impliquait concrètement qu'aucun blanc ne pouvait acquérir de terre ou de propriété foncière dans les zones désignées pour les populations noires mais également qu'aucun noir ne pouvait acheter ou louer des terres en dehors de ces zones. Pour de nombreux députés, cette loi permet alors d'ancrer le principe que l'Afrique du Sud est le pays de l'homme blanc et que la ségrégation régit les relations avec la population noire. En 1923, le Native Urban Areas Act (« loi sur les régions urbaines indigènes ») introduit la ségrégation résidentielle.

Cependant, ces lois ségrégationnistes ne s'inscrivent pas dans un projet d'ensemble cohérent mais plutôt comme une réponse à l'interpénétration croissante entre Blancs et Noirs. Pour Smuts ou Botha, la ségrégation raciale n'est pas envisagée comme une solution à long terme. Pour Smuts, il s'agit d'un expédient temporaire.

En 1936, un Conseil représentatif autochtone, censé être un instrument national de médiation et de communication entre le gouvernement et les populations noires d'Afrique du Sud, est mis en place en échange de la suppression de la franchise électorale des électeurs noirs de la province du Cap (Representation of Natives Act ou loi sur la représentation des indigènes). En vertu de cette loi, les électeurs noirs de la province du Cap sont retirés des listes électorales communes pour être réinscrits sur des listes électorales séparées afin de désigner 3 députés (blancs) chargés de défendre leurs intérêts au parlement. Trois candidats indépendants furent élus parmi lesquels Margaret Ballinger. Enfin, en 1942, les grèves des travailleurs noirs sont interdites.

Entrée ségréguée pour les non européens dans le bâtiment des postes à Pretoria.
Entrée ségréguée pour les non européens dans le bâtiment des postes à Pretoria.

Ces lois restent conformes à l'esprit pragmatique et conjoncturel du colour bar. La politique indigène et raciale des gouvernements d'alors n'est pas présentée comme immuable mais plutôt comme un expédient provisoire. Le premier ministre Jan Smuts d'ailleurs énonce le principe des « droits civils pour tous les peuples “devenus civilisés” sans distinction de race ». Cette expression est considérée comme le gage d'une ouverture à la citoyenneté pour tous les résidents de l'Union. Toutes les évolutions restaient donc alors possibles comme le prouve le rapport de la commission Fagan présenté au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Mandaté par le gouvernement de Jan Smuts, ce rapport préconisait une libéralisation du système racial en Afrique du Sud en commençant par l'abolition des réserves ethniques ainsi que la fin du contrôle rigoureux des travailleurs migrants. Le premier ministre Jan Smuts approuva les conclusions du rapport alors que de son côté, l'opposition représentée par le Parti National mandatait sa propre commission (la commission Sauer) dont les conclusions furent exactement inverses. En recommandant le durcissement des lois ségrégationnistes, le rapport de la commission Sauer se référa explicitement au nouveau concept d'apartheid. Celui-ci puisait principalement son inspiration dans les lois ségrégationnistes en vigueur dans le sud des États-Unis et dans les politiques de réserves mises en place pour les Indiens dans ce pays ainsi qu'au Canada et aussi dans les politiques indigènes menées alors en Australie à l'encontre des Aborigènes, en Nouvelle-Zélande pour les Maori.

En 1947, le Broederbond prend le contrôle du bureau sud-africain des affaires raciales (South African Bureau of Racial Affairs -SABRA). En son sein, le concept de ségrégation totale au travers du dogme de l'apartheid est finalisé.

Les résistances à la domination blanche

Marche de protestation organisée par Gandhi en 1913 (Transvaal).
Marche de protestation organisée par Gandhi en 1913 (Transvaal).

La résistance à la ségrégation institutionnalisée et aux discriminations quotidiennes s'organise : Mohandas Karamchand Gandhi mène des actions de protestations non-violentes contre les vexations à l'égard de la classe moyenne indienne. Plusieurs associations sont fondées : l’Organisation du peuple africain (African People’s Organisation, 1902), le Congrès national des Natifs sud-africains (South African Native National Congress, 1912) qui deviendra en 1923 le Congrès national africain (African National Congress ou ANC), la Youth League (1944). Le syndicat de l’Industrial Commercial Union, fondé en 1919, organise des grèves pour la défense des travailleurs noirs, relayé par le Parti communiste d'Afrique du Sud, créé en 1921. Durant la Seconde Guerre mondiale, par hostilité tout à la fois envers le capitalisme, l'impérialisme britannique et le colonialisme, des dirigeants noirs et indiens tels Yusuf Dadoo, un influent dirigeant du congrès indien du Transvaal et membre du parti communiste sud-africain, prononcent plusieurs virulents discours contre la guerre et le suivisme du gouvernement sud-africain ce qui lui vaudra plusieurs séjours en prison. En conséquence de ces discours et par prévention des troubles, les grèves des travailleurs noirs sont déclarées illégales au titre de l'effort de guerre.

De son côté, le congrès national africain, qui peine alors à s'imposer dans la société civile noire sud-africaine, entreprend de se reconstruire sous la direction d'Alfred Xuma. Son but est de transformer l'organisation intellectuelle qu'est l'ANC en un véritable parti de masse. En 1943, il fait adopter une nouvelle charte constitutionnelle qui ouvre l'adhésion à l'ANC aux gens de toute race, élimine de l'organigramme la chambre des chefs tribaux et accorde aux femmes des droits égaux aux hommes au sein du mouvement. En 1944, il facilite, au sein du monde étudiant, principalement à l'université de Fort Hare, la création de la ligue des jeunes de l'ANC par Nelson Mandela, Walter Sisulu et Oliver Tambo, dont l'objet est de former un renouvellement des idées et des cadres d'un parti vieillissant. Cette ligue de jeunesse se révèle vite plus radicale que son aînée dans son mode d'expression, partisan de manifestations de masse pour faire aboutir les revendications d'égalités raciale et politique de la majorité noire. Elle conteste notamment le bilan de ses aînés, plaide pour une émancipation morale vis-à-vis du paternalisme blanc et pour l'affirmation d'un nationalisme sud-africain noir, débarrassé de ses oripeaux ethniques.

Le rebondissement des problèmes raciaux intervient au sortir de la Seconde Guerre mondiale, époque où la totalité de la population urbaine noire dépasse pour la première fois celle de la population urbaine blanche pour atteindre 1,5 million de personnes. En 1947, Xuma formalise son alliance avec le Congrès indien du Natal et le Congrès indien du Transvaal du docteur Yusuf Dadoo, afin de présenter un front uni, dépassant les clivages raciaux, face à la classe politique blanche.

L'Apartheid

Mise en œuvre de l'apartheid

Concentrations raciales en Afs (1979).
Concentrations raciales en Afs (1979).

En juin 1948, à la surprise générale et bien que minoritaire en voix, l'alliance du Parti national de Daniel François Malan, et du Parti afrikaner (Afrikaner Party - AP) de Nicolaas Havenga, remporte la majorité des sièges aux élections de 1948 avec 42 % des voix et 52 % des sièges. Cette victoire du parti national consacre aussi celle du Broederbond, une société secrète fondée en 1918 et consacrée exclusivement à la promotion des Afrikaners dans la société civile. Le thème récurrent des gouvernements nationalistes successifs ne sera plus dès lors la défense traditionnelle de l’identité afrikaans face au danger de domination ou d’acculturation anglophone mais celui du peuple blanc d’Afrique du Sud (anglophones, afrikaners, lusophones) menacé par la puissance de la démographie africaine et la crainte d'un soulèvement de millions de Noirs (population majoritaire dans le pays) qui balaieraient le peuple afrikaner, sa langue, sa culture, ses institutions et toute sa manière de vivre. L'idée est aussi de mettre en place une politique permettant de satisfaire aux deux tendances constitutives du parti national, l'une portée sur la suprématie blanche garantissant la sécurité des blancs, l'autre mobilisée autour de la promotion et de la défense de la culture afrikaner enracinée dans l'histoire « d'un peuple élu » (le volk).

Concept

Le 1 gouvernement nationaliste en 1948, dirigé par Malan Au premier rang : Strijdom, Havenga, Malan (Premier ministre), Jansen, Swart Au second rang : Stals, Sauer, Louw, Le Roux, Dönges, Erasmus et Schoeman.

Avant 1948, la politique indigène des gouvernements de l'Union Sud-Africaine avait constamment été présentée comme un expédient provisoire en attendant que, devenues « civilisées, les masses indigènes » aient accès à la citoyenneté. Après 1948, l’apartheid, ou développement séparé des races, vient rompre avec le pragmatisme de la Colour Bar et avec la discrimination conjoncturelle héritée de l’ère coloniale. Présenté par la commission Sauer, l’apartheid fige les rapports entre races et groupes de populations, excluant dorénavant tout évolution simple et pacifique du système politique et économique. Il devient la pierre angulaire de la politique nationale sud-africaine en s'insérant dans une philosophie précise, fixe, permanente et immuable, bien éloignée de l'ancien concept du Colour Bar. Pour nombre de chefs d’États étrangers où sévit déjà une séparation plus subtile voire coutumière entre les classes, les ethnies ou les religions, la ségrégation affichée et revendiquée de l’apartheid va leur permettre d'utiliser à leur profit la politique intérieure de l'Afrique du Sud et de faire de ce pays un bouc émissaire providentiel.

D.F. Malan ne s'était jamais passionné pour les questions relatives aux autochtones d'Afrique du Sud. Pour lui, la priorité était de pallier la pauvreté des petits Blancs, qu'elle soit matérielle ou spirituelle. Il considère notamment que l'équilibre racial en Afrique du Sud repose sur un accord tacite entre Noirs et Blancs fondé sur le respect et l'exemplarité que ceux-ci doivent inspirer. C'est pourquoi, régler le problème des Blancs pauvres doit aussi permettre, selon lui, de gérer la question autochtone. Selon ses déclarations, l'objectif de l'apartheid est alors la division du pays en deux parties avec d'un côté les Noirs et d'un côté les Blancs, sans que les premiers ne perdurent à être les réservoirs de main d'œuvre des seconds. Dans un premier temps, Malan confie le ministère des affaires indigènes à un pragmatique modéré, Ernest George Jansen, qui maintint la tradition libérale du Cap et se montre plus préoccupé par la réhabilitation des réserves ou la pénurie de logements dans les townships. C'est sous la responsabilité des ministres Theophilus Dönges et Charles Swart que l'arsenal législatif de l’apartheid se met concrètement et rapidement en place, dans le but existentiel de préserver l’identité du « Volk » (le peuple afrikaner). Ainsi, le refus de toute mixité génétique et raciale est inscrite dès la loi de 1949 sur l’interdiction des mariages interraciaux (illégaux, ils sont passibles des tribunaux) et celle de 1950 sur l’interdiction des relations sexuelles interraciales. En 10 ans, près de 4000 personnes seront condamnés en vertu de cette loi. Mise à part Margaret Ballinger, la représentante au parlement des populations de couleur du Cap, cette législation ne rencontre guère d'opposition et laisse indifférente la grande majorité de la population blanche.

Ce texte fondamental, pilier de toutes les autres lois d'apartheid, est la loi d'enregistrement de la population (Population Registration Act), adoptée en 1950 qui institutionnalise la classification raciale pour chaque habitant du pays âgé de plus de 16 ans en définissant 4 principaux groupes raciaux (Blancs, Coloureds, Noirs, asiatiques) et établissant des critères d'appartenance raciale. Ce texte de référence allait être le support de tous les autres textes législatifs et réglementaires relatifs à l'apartheid. Ainsi en découlent les textes sur l'habitat (Group Areas Act), l'enseignement (Bantu Education Act), les mouvements des personnes, l'emploi et tout ce qui concerne la vie sociale. La mise en place du "Groups Areas Act" renforce ainsi la ségrégation résidentielle au prix du déplacement de centaines de milliers de personnes dont quelques dizaines de milliers de Blancs. Il s'agit pour les nationalistes de freiner le processus d'urbanisation des Noirs et de contrôler les transactions immobilières et l'occupation des sols.

En 1951, sous la pression de la commission des affaires indigènes du parlement, Malan remplace Jansen par Hendrik Verwoerd au ministère des affaires indigènes. Pendant les 8 années suivantes, Verwoerd allait jeter les bases du projet de grand apartheid centré autour de la création de bantoustan, procédant alors à un renversement de logique par rapport aux anciennes politiques gouvernementales : il ne s'agit plus de maintenir l'unité de la nation mais de sacrifier l'intégrité territoriale et les relations sociales au profit d'un ordre racial. Toute la politique du gouvernement vise dorénavant à recréer des états ethno-linguistiques homogènes à partir des réserves ethniques préexistantes. Il lui faut dans le même temps distinguer et définir les différentes communautés ethno-linguistiques du pays.

Si seuls les Blancs bénéficient alors des garanties d'un régime démocratique, puis dans une moindre mesure à partir de 1984, les Indiens et les métis, le professeur américain Lyn Boyd Judson note que les sud-africains noirs se considèrent pour leur part, durant la période s'étalant de 1940 à 1990, comme des « esclaves dans leur propre pays », terme que les noirs sud-africains contemporains utilisent pour évoquer cette période.

Application du Grand Apartheid

Hendrik Verwoerd, ministre des affaires indigènes (1950-1958) puis premier ministre d'Afrique du Sud (1958-1966) et théoricien de l'apartheid.

Le ministre des affaires indigènes était de facto le chef des africains du pays. Tous les commissaires et tous les chefs de tribus, en zone rurale, étaient responsables devant lui. Son pouvoir était aussi total sur les africains urbanisés. En 1950, Hendrik Verwoerd est appelé par le docteur Malan pour diriger ce ministère et organiser l'apartheid géographique. Considéré comme un visionnaire, et non comme le grand architecte de l'apartheid, Verwoerd donna une impulsion, une direction et un calendrier pour la mise en place du grand apartheid. Il nomma Max Eiselen, professeur d'anthropologie sociale à l'université de Stellenbosch avec qui il partageait les mêmes points de vue sur le tribalisme et le nationalisme noir, pour mettre en forme cette politique. L'obsession que les Afrikaners avaient pour définir leur propre identité est transposée dans les analyses faites pour définir ethno-linguistiquement les différents peuples bantous à travers leur histoire, leur langue, leur culture qui font l'objet d'une relecture et d'un réexamen pour coïncider avec la nouvelle politique raciale, quitte à exacerber les particularismes afin de créer des entités artificielles, proposées voire imposées à des peuples qui n'en veulent pas.

Des États ethniques, les Bantoustans (ou Homeland), sont ainsi créés à partir des 263 réserves indigènes déjà constituées sous l'ancienne législation. Économiquement peu viables, limités à seulement 13 % du territoire, ils enferment des populations entières sur des territoires dont la plupart sont privés de richesse naturelle et d'industrie, sans accès au commerce international. Si cette indépendance de façade satisfait parfois les potentats locaux, elle est essentiellement factice.

Durant les 8 années de son mandat au ministère des affaires indigènes, sous les gouvernements Malan et Strijdom, Verwoerd rénove son département ministériel qu'il scinde en deux en 1955 pour former le département des affaires bantu et celui de l'éducation bantu. La politique, alors menée pour organiser le grand apartheid, repose sur le renouveau des structures tribales, privilégiant l'aristocratie et les forces traditionalistes africaines, alors en perte de vitesse sur tout le continent africain. La hiérarchie tribale fut rehaussée afin de recréer de nouvelles structures pour l'administration locale qui devaient dorénavant davantage reposer sur les chefferies et non plus sur les commissaires du gouvernement. Le Bantu authorities act en 1951, abolissant le conseil représentatif indigène, instaura à la place des autorités tribales, régionales et territoriales, fondées sur des critères géographiques et ethniques. Leurs compétences relevaient du domaine administratif et judiciaire alors que le droit tribal coutumier était revalorisé. En l'absence de chefs reconnus, une autorité communautaire était instituée avec des conseillers traditionnels reconnus. Toutes ces autorités tribales, dont les fonctions étaient entre autres de maintenir l'ordre, de percevoir les impôts et de s'occuper des registres d'état civils, étaient salariées du gouvernement central sud-africain. Cette loi fut complétée en 1959 par la Bantu Self Government Act élargissant les compétences de ces autorités. L'application de la loi fut néanmoins lente car elle imposait au gouvernement de persuader l'aristocratie locale d'accepter les nouvelles structures. En dépit de l'hostilité des africains urbanisés, l'aristocratie tribale en zone rurale fut séduite et dès 1953, les premières autorités tribales furent établies dans les réserves indigènes du Transvaal, du Cap et du Natal. Il y eut cependant de fortes résistances, notamment au Zululand au Sekhukhuneland et au Transkei, d'autant plus que le système mis ainsi en place favorisait les nobles les plus dociles au pouvoir. En accordant aux chefs tribaux les responsabilités des commissaires aux affaires bantous, la nouvelle structure organisationnelle des réserves allait aussi favoriser la corruption au plus haut niveau des autorités régionales.

Alors que Verwoerd et les anthropologues du ministère des affaires indigènes mettaient en place ces structures tribales, le gouvernement avait mandaté le professeur Tomlinson pour faire un rapport sur la viabilité économique de ces réserves. Les conclusions du rapport Tomlinson allaient notamment amener le gouvernement à envisager la séparation territoriale de ces territoires. Alors que jusqu'en 1948, l'Afrique du Sud réclamait l'incorporation du Bechuanaland, du Basutoland et du Swaziland à son territoire, les gouvernements successifs de la période d'apartheid allaient mener une politique inverse souhaitant, en raison de leur lien ethno-linguistique, l'incorporation du Bophuthatswana avec le Botswana et le QwaQwa avec le Lesotho. Répondant ainsi à l'Afrique décolonisée par le biais de la création de ces États ethniques, le gouvernement de Pretoria pensait ainsi pouvoir créer une république sud-africaine constituée majoritairement de blancs (les métis et les indiens n'étant pas concernés par la politique des bantoustans). Dès le départ, il est envisagé à terme d'accorder l'autonomie interne aux futurs bantoustans sans pour autant leur accorder la pleine souveraineté.

Dénonçant la misère économique des réserves, le groupe d'études de Tomlison faisaient également un certain nombre de propositions pour assurer leur viabilité économique, notamment au niveau agricole, mais aussi envisageait une nouvelle carte géopolitique de toute la sous-région avec une redistribution spatiale des frontières à partir de critères ethno-linguistiques. En proposant un développement économique général de territoires africains, sur lesquels vivraient 10 millions de personnes et en critiquant certains des aspects de la politique des bantoustans, notamment leurs faibles ressources et superficies, le rapport Tomlison fixait aussi et surtout des objectifs qui étaient financièrement ambitieux et couteux, comme la création au sein de ces territoires non seulement d'industries mais aussi d'une centaine de villes équipées. À long terme, condamnant implicitement la politique des bantoustans, le rapport estimait que si toutes ses recommandations, notamment financières, étaient respectées, les bantoustans ne recevraient que 60 % de la population noire d'Afrique du Sud à l'horizon 1981, laissant encore les blancs en minorité en zone blanche. Les estimations financières demandées dans le rapport Tomlison ne furent pas mises en œuvre. Néanmoins, la politique des bantoustans continua. D'autres critiques émanèrent cependant au sein même du parti national pour critiquer la politique de Verwoerd. Le plus emblématique d'entre eux fut le professeur L.J. du Plessis de l'université de Potschefstroom. Cet ancien chef du Broederbond en vint à la conclusion que l'apartheid ne pouvait être justifié qu'avec l'accord des africains et dans le cadre du droit des peuples à l'autodétermination, concept que les Boers puis les Afrikaners avaient invoqué pour eux-mêmes dans leur lutte contre l'impérialisme britannique. Dans le contexte de la décolonisation alors en cours sur le continent africain, Wicus du Plessis argumenta pour que des discussions approfondies soient entamées avec les chefs des mouvements noirs tels que le congrès national africain. Il se montra notamment favorable, à terme, à une égalité territoriale et politique entre blancs et noirs et à la création d'une Afrique du Sud unitaire comprenant de nouvelles provinces dirigées par les élites noires du pays. Le débat interne aux cercles nationalistes se solda cependant par la victoire des partisans de Verwoerd, la mise à l'écart de Wicus du Plessis et la purge de ses partisans des organismes afrikaners.

En **, Verwoerd proclama officiellement que l'évolution naturelle des Bantoustans était la partition effective du territoire sud-africain et leur indépendance. De 1956 à 1977, une dizaine d'autorités territoriales tribales furent établies et 4 d'entre eux à commencer par le Transkei devinrent indépendants mais non reconnus par la communauté internationale.

L'apartheid appliqué aux populations de couleur

De 1951 à 1956, le gouvernement Malan mène une véritable bataille constitutionnelle pour radier les coloureds des listes électorales communes et instituer des collèges électoraux séparés. Politiquement, la mesure permettrait de priver le parti uni et le parti travailliste de voix déterminantes dans plus de la moitié des 55 circonscriptions de la province du Cap. En 1951, une loi est votée au terme de laquelle les Coloureds et métis du Cap et du Natal seraient désormais représentés au parlement par 4 députés blancs élus pour 5 ans sur des listes séparés. La loi est vivement attaquée par l'opposition parlementaire. Des manifestations sont organisées par l'association des vétérans de guerre, avec le soutien de la Springbok Legion. Partout dans le pays se forment des mouvements de soutien au maintien des métis sur les listes électorales communes. Celui des Torch commando dirigés par Louis Kane-Berman et Adolph Malan, héros de la bataille d'Angleterre, est le plus emblématique de ces mouvements. Le mouvement reçoit l'appui financier de Harry Oppenheimer et forme un front commun avec le parti uni et le parti travailliste. Finalement, la question de la suprématie législative du Parlement se retrouve placée au centre des débats après l'invalidation de la loi par la Cour suprême par référence au South Africa Act. La tentative de D.F. Malan de contourner la décision est également un échec. Le succès des nationalistes aux élections générales sud-africaines de 1953 ne parvient pas à lui faire acquérir la majorité nécessaire pour modifier la constitution alors qu'au sein même du parti national, plusieurs de ses membres à l'instar de Nicolaas Havenga sont réticents à modifier le droit de vote reconnu constitutionnellement aux métis et Coloureds du Cap. La franchise est finalement supprimée en 1956 par le gouvernement Strijdom.

Évolution et Résistances

Un geste de résistance à l'apartheid consiste à brûler son laissez-passer (passeport intérieur) que tout Noir de plus de 16 ans doit porter sur soi. Ce document mentionne notamment les autorisations éventuelles de présence de son porteur dans les quartiers blancs indiqués au-delà des horaires de travail (ici Nelson Mandela brûle son pass en 1960).

Le système génère des frustrations, bien sûr chez les Noirs et autres groupes désavantagés qui trouvent en l'ANC un de leurs principaux porte-parole, mais aussi chez certains Blancs libéraux, représentés notamment d'abord par le Parti Progressiste. Le gouvernement réagit de manière souvent violente, au mépris des idéaux démocratiques qui sont censés le fonder. Les contestataires sont condamnés et emprisonnés.

À partir de 1953 et de l'entrée en vigueur de la loi concernant les accès aux services et aux lieux publics, les panneaux «Europeans Only»(Seulement pour Européens) «Native only» (Seulement pour Natifs)et «Coloured Only» (Seulement pour Métis) devenus obligatoires se multiplient dans tous les lieux publics du pays. Les premières campagnes d'oppositions à la mise en place de l'apartheid remontent à 1952 (« campagne de défiance » (en) ). En juin 1955, 3 000 délégués de l'ANC et de divers autres groupes anti-apartheid comme le congrès indien, le Congrès des Démocrates ou la Fédération des femmes sud-africaines (Federation of South African Women - FSAW), se réunissent dans un congrès du peuple à Kliptown, un township de Johannesburg. Ces délégués adoptent la Charte de la liberté (Freedom Charter), énonçant les bases fondamentales des revendications des gens de couleur, appelant à l'égalité des droits quelle que soit la race, l'abrogation de toute discrimination raciale, l'instauration d'un régime démocratique pour tous et un programme politique oscillant entre inspiration communiste (nationalisations, réforme agraire) et socialiste (salaire minimum, semaine des 44 heures, couverture sociale). Un million de personnes signent le texte. À la suite de l'adoption de ce texte, 156 membres de l'ANC et des organisations alliés sont arrêtés et accusés de haute trahison pour avoir prôné le renversement du gouvernement. Parmi les accusés se trouvent Albert Luthuli, Oliver Tambo, Walter Sisulu, Nelson Mandela, Ahmed Kathrada et Joe Slovo. L'affaire est très médiatisée. L’instruction judiciaire, connue sous le nom de « procès de la trahison », dure pendant quatre ans, période durant laquelle les charges tombent progressivement contre les inculpés. Finalement, le 29 mars 1961, la justice sud-africaine acquitte l'ensemble des inculpés, admettant dans le verdict que l'ANC ne pouvait être reconnu coupable d'avoir défendu une politique visant à renverser l'état par la violence.

Entretemps, en 1956, le nouveau premier ministre, Johannes Strijdom, est parvenu à supprimer la franchise électorale des personnes de couleur (coloureds) de la province du Cap malgré la campagne lancée par les Torch commando. D'ailleurs, durant toute la décennie des années 1950, les mouvements opposés à l'apartheid, issus des différentes communautés, peinent à s'unir et à organiser des manifestations inter-raciales. Malgré les appels de l'ANC, la communauté blanche échoue totalement à constituer un mouvement unique blanc anti-apartheid. Bien au contraire, l'opposition blanche à l'apartheid s'est morcelée en deux grandes familles (radicaux et libéraux), elles-mêmes divisées en sous-groupes divers. L'opposition libérale ignore également les appels de l'ANC à manifester ou à se rassembler (campagne de défiance, rassemblement de Kliptown), préférant privilégier les procédures légales. En fait, les motifs de mobilisation des blancs (centrés surtout sur le droit de vote des métis) ont été différents de ceux de l'ANC et, tant le parti uni que le parti libéral, ne sont pas favorables à l'extension d'un droit de suffrage sans restriction aux populations de couleurs. De ce fait, l'opposition libérale est définitivement discréditée aux yeux de l'ANC qui ne privilégiera que ses alliés radicaux. Le mouvement anti-apartheid se divise davantage en 1959 quand les radicaux quittent l'ANC pour fonder le Congrès panafricain (PAC).

Après le massacre de Sharpeville, la destruction en place publique de leurs laissez-passer par plusieurs milliers de noirs sud-africains et la mise en place de l'état d'urgence décrété par le gouvernement le 8 avril 1960, l'ANC et le PAC sont à leur tour interdits en vertu de la loi de suppression du communisme. Sur le plan international, la situation de l'Afrique du Sud se détériore pour la première fois, ce qui se manifeste par son exclusion de l'Organisation mondiale de la santé, de l'organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture et du bureau international du travail.

En 1961, Umkhonto we Sizwe (MK), branche militaire de l'ANC est fondée et lance une campagne de sabotage. Les premières attaques visent des bâtiments officiels mais, rapidement, les chefs de MK sont arrêtés en juin 1963 à Rivonia et en juin 19** seront condamnés à la réclusion à perpétuité. Parmi, eux, on trouve Nelson Mandela - lui-même arrêté en août 1962 - , qui est aussi condamné avec 8 des 9 autres prévenus à la réclusion à perpétuité. En fait, à partir des évènements de 1960 et 1961, le régime se replie dans un réflexe de camp défensif (le « laager » propre à l'imaginaire politique sud-africain) destiné à empêcher l'intrusion du communisme dans le pays. Ce repli se manifeste d'abord lors de la proclamation de la république d'Afrique du Sud le 31 mai 1961 (approuvée lors du référendum de 1960 par 52 % des électeurs dont les 3/4 des électeurs du Tranvaal, de l'état libre d'Orange et du Cap), jour symbolique de la défaite des Boers en 1902. Ce repli s'accompagne d'une modernisation des concepts surtout après la mort d'Hendrik Verwoerd en 1966 et jusqu'au gouvernement de Pieter Willem Botha (fin des années 1980). L'idéologie de l'apartheid se modernise alors constamment.

Cette modernisation est complexe. D'une part, à la suite de la proclamation de la république, les discours de la classe dirigeante afrikaner ne se focalisent plus sur la défense de l'identité afrikaans mais sur les concepts de nation sud-africaine dont celle de la nation blanche d'Afrique du Sud regroupant anglophones, afrikaners et lusophones, dans un effort d'incorporation des groupes européens du pays. Ceux-ci, au travers de leur expression politique qu'est le parti national, n'en revendiquent pas moins « le droit historique et le devoir de maintenir leur souveraineté sur l'Afrique du Sud », alors que les Noirs ne sont plus présentés comme inférieurs mais comme différents. Elle s'accompagne d'une stratégie politique d'alliance intérieure progressive avec les groupes métis, indien et asiatique du pays qui se caractérise, sous Pieter Botha, par la création en 1984 de chambres parlementaires pour chacun de ces groupes définis racialement. D'autre part, le régime d'apartheid qui argumente sur le plan diplomatique sur la base de sa mission de défense des valeurs occidentales en Afrique et de bastion contre le communisme athée, engage une déstabilisation extérieure de ses voisins (avec le soutien du bloc occidental) pour contrer la progression des régimes marxistes en Afrique, soutenus par Cuba, la Chine ou l'Union soviétique (principalement l'Angola et le Mozambique à partir de 1975).

Si dans les années 1970, les Afrikaners n'ont plus la crainte pathologique de perdre leur identité nationale qui s'affirme d'ailleurs au travers de l'État sud-africain, militairement fort et économiquement puissant, ils sont néanmoins ébranlés dans les années 1980, par trois facteurs qui remettent en cause leur foi dans la suprématie naturelle des Afrikaans: les condamnations internationales dont l'Afrique du Sud fait l'objet pour sa politique d'apartheid (en 1973, une convention internationale votée par l'assemblée générale des Nations Unies qualifie l'apartheid de crime contre l'humanité ); la montée de la contestation interne des Noirs à partir de 1976; l'opposition grandissante des pasteurs afrikaans, issus de l'église réformée hollandaise (qui condamne l'apartheid en 1986).

Le renforcement des résistances et la mise en œuvre des condamnations internationales

Bus sur le boycott de l'apartheid.
Bus sur le boycott de l'apartheid.
Manifestants anti-apartheid dans les années 1980.
Manifestants anti-apartheid dans les années 1980.

À partir de 1976 et des émeutes de Soweto, le pays est en proie à la montée de la violence politique et de la répression policière dans les townships. Au bout de plusieurs mois d'émeutes, le bilan est de 600 morts. Le mouvement de la Conscience noire, à l'origine des troubles de Soweto, est décapité avec la mort de son chef charismatique, Steve Biko. L'émotion causée par la mort de ce dernier conduit le conseil de sécurité de l'ONU à imposer pour la première fois des sanctions obligatoires contre l'Afrique du Sud en décrétant un embargo sur les ventes d'armes.

L'escalade de la violence

Après les émeutes de Soweto, Umkhonto we Sizwe, la branche militaire de l'ANC, recrute de nombreux militants et organise sa guérilla dans des camps d'entrainement en Angola, en Tanzanie ou en Zambie où des actes de torture ou des exécutions sont pratiqués contre les militants accusés d'espionnage. À partir de 1977, elle organise des sabotages et des attentats au sein même de l'Afrique du Sud. Parfois, ces actions restent symboliques (attentat contre des postes de police des townships, contre la centrale de Koeberg) mais parfois ce sont de véritables attentats terroristes (attentat de church street à Pretoria en 1983, attentat d'Amanzimtoti en 1985, meurtres de fermiers blancs dans le nord et l'est du Transvaal ou de conseillers municipaux ou de policiers noirs accusés de collaboration dans les townships…). Des scientifiques sont chargés par les services secrets gouvernementaux de travailler sur un programme de diminution du taux de fertilité des femmes noires par le biais d'une substance répandue dans l'eau ou les produits de consommation courante. D'autres procédés sont testés comme l'imprégnation de poison sur des T-shirts portés par des militants de l'ANC.

L'année 1986 est marquée par la poursuite de la répression, des milliers d'arrestations et des centaines de morts avec son cortège de bavures policières et de meurtres menés par de mystérieux « escadrons de la mort à la sud-américaine » touchant à la fois des universitaires blancs de gauche ou des personnalités noires impliquées dans des organisations civiles anti-apartheid. Au début de l'année, plus de 54 townships du pays sont ainsi en guerre ouverte contre le gouvernement et sa politique d'apartheid, deux millions d'étudiants sont en grève et plus de 2 millions de salariés font grève au début du mois de mai. Le gouvernement est divisé entre faucons et réformistes. Une médiation est tentée par les pays du Commonwealth pour amorcer des pourparlers entre l'État et l'ANC : ils proposent qu'en échange de la libération de Nelson Mandela et de ses compagnons, l'ANC renonce à la lutte armée et accepte de négocier une nouvelle constitution sur le modèle des accords de Lancaster House pour la Rhodésie du Sud. Parallèlement, des représentants des plus grandes entreprises sud-africaines rencontrent des membres de l'ANC à Lusaka en Zambie. Le 12 juin 1986, après avoir imposé graduellement des mesures d'urgence dans plusieurs districts administratifs, Botha proclame l'état d'urgence dans les townships. Après avoir appelé à rendre les townships ingouvernables, l'objectif des militants anti-apartheid des townships est dorénavant de créer des contre-pouvoirs à travers la mise en place de comités de rues et de quartiers.

Le poids des sanctions économiques internationales

De 1946 à 1974, l'Afrique du Sud connait un taux de croissance de 5 % par an qui place l'économie sud-africaine parmi les plus performantes au monde, du point de vue des taux de profit. Cependant, à partir de 1975, elle enregistre une croissance économique relativement faible (2 % en moyenne) avec un tendance au ralentissement (moins de 1 % en 1990), alors que la croissance démographique globale dépasse 2,5 % par an (dont 3 % pour les noirs contre 0,8 % pour les blancs). En termes de revenu par habitant, l'Afrique du Sud se place alors au troisième rang en Afrique avec près de 2 500 dollars, mais le revenu d'un noir représente le quart de celui d'un blanc et le tiers de celui d'un asiatique. Si l'Afrique du Sud est la première puissance économique et militaire du continent africain, le gouvernement sud-africain est soumis progressivement à des embargos à partir des années 1970 en raison de sa politique d'apartheid. Cet embargo l’affecte particulièrement du fait que l'économie sud-africaine est très dépendante de la technologie et des capitaux étrangers. En 1991, le pays fait cependant encore partie des 20 plus grandes nations commerçantes au monde et son commerce extérieur compte pour plus de 60 % de son PIB.

Les États-Unis d'Amérique, l'un de ses principaux alliés, prennent leur distance avec l'Afrique du Sud à la fin des années 1970, sous l'administration de Jimmy Carter. Le pasteur Leon Sullivan obtient partiellement que les filiales et établissements des compagnies nord-américaines implantées en Afrique du Sud ne pratiquent aucune discrimination entre ses salariés sud-africains (principes de Sullivan) . Au cours des années 1980, la dégradation de l'économie sud-africaine ne manque pas d'avoir un impact sur les pays de l'Afrique australe, très dépendants de l'Afrique du Sud et qui absorbent 10 % des exportations sud-africaines. En 1985, la dette extérieure atteint 24 milliards de $ tandis que le rand perd la moitié de sa valeur. L'exode des capitaux, débuté au milieu des années 1970, s'accélère non seulement à cause des campagnes anti-apartheid mais aussi en raison de la baisse de rentabilité des firmes étrangères implantées en Afrique du Sud. Ainsi le secteur minier, qui représente 70 % des exportations, stagne et le secteur industriel, le plus vaste du continent, décline faisant perdre à l'Afrique du Sud son statut de pays nouvellement industrialisé.

Pour contrer les sanctions économiques et industrielles bilatérales, le gouvernement sud-africain développe durant cette période tout un système permettant de contourner ces sanctions en s'appuyant notamment sur l'internationalisation des grands groupes financiers ou industriels, d'investissements dits off shore et sur quelques États partenaires comme Israël et Taïwan . Le capital afrikaans (majoritaire dans les groupes Sanlam, ABSA, la manufacture d'armes **** et le métallurgiste Iskor) contribue notamment à cette stratégie économique et politique destinée à préserver la domination politique de la communauté blanche, conduite par la realpolitik afrikaans.

En juin 1986, le gouvernement proclame l'état d'urgence et déploie l'armée dans les townships. Les partenaires commerciaux de l'Afrique du Sud sont inquiets mais peu imposent de sanctions véritablement sévères. En fait, l'État sud-africain reprend les choses en main, parvient à renégocier un rééchelonnement de sa dette grâce à l'appui des banquiers européens, stabilise le rand et profite d'une nouvelle flambée du prix de l'or à partir de 1987. Une nouvelle récession frappe cependant le pays à partir de 1988.

La Suid-Afrikaanse Lugdiens va connaitre un boycott massif du fait de la politique d'apartheid pratiquée en RSA.

En plus des pressions propres au marché intérieur sud-africain et sa difficulté à produire ce qu'elle consomme, l'impact propre des sanctions économiques et financières reste difficile à évaluer mais il est indéniable que des facteurs extra-économiques ont perturbé les échanges commerciaux et financiers de l'Afrique du Sud. Les premières sanctions ont été posées en 1962 sans être contraignante. Avant 1984, seul un embargo sur les ventes de pétrole par les membres de l'OPEP et un embargo sur les ventes d'armes, proclamé par les Nations-Unies, avaient eu un minimum d'effets. À partir de 1984, alors que la situation intérieure se dégrade, quelques pays proclament et appliquent un embargo total sur le commerce avec l'Afrique du Sud (Suède, Danemark et Norvège) sans être suivi par les partenaires commerciaux traditionnels de l'Afrique du Sud. Les restrictions que ces derniers appliquent sont principalement diplomatiques ou commerciales comme l'embargo sur les importations de charbon, la fermeture de consulats ou le refus d'exportation de technologies. Seuls les États-Unis, premier partenaire commercial de l'Afrique du Sud en 1985, adoptent une position dure avec le comprehensive anti-apartheid act de 1986: arrêt de nouveaux investissements, embargo sur plusieurs produits comme le charbon et l'acier, arrêt des liaisons aériennes. En 1987, seulement 8 % des exportations sud-africaines ont été affectées alors que l'or et les métaux dits stratégiques n'ont été frappées d'aucun embargo. Si les exportations sud-africaines vers les États-Unis ont chuté de 44,4 %, cela résulte surtout de l'embargo sur le charbon et sur l'uranium. Le Japon a quant à lui remplacé les États-Unis comme premier partenaire commercial de l'Afrique du Sud en devenant le principal importateur de produits sud-africains suivi par l'Allemagne et l'Angleterre. De 1981 à 1988, 40 % des multinationales opérant en Afrique du Sud quittent le pays (soit 445 firmes) mais des études démontrent que le départ des firmes internationales s'est effectué de manière à maintenir des liens financiers et technologiques entre les multinationales et leurs ex-filiales sud-africaines. Ainsi, 53 % des groupes américains ayant désinvesti d'Afrique du Sud ont assuré la persistance d'un certain nombre d'accords de licence, de fabrication, d'accords de franchise ou d'échanges technologiques (IBM ou Ford par exemple). Fin 1989, il reste 180 entreprises britanniques, 160 firmes américaines, 140 sociétés allemandes et 24 entreprises françaises directement implantées dans le pays alors que Taïwan a augmenté ses parts de marché en profitant du départ des entreprises occidentales. Si l'Afrique du Sud paye les frais de sa politique d'apartheid, les sanctions économiques et commerciales, plus ou moins contraignantes, ont été diversement appliquées : l'Allemagne et le Japon sont devenus ainsi les premier et deuxième partenaires commerciaux de l'Afrique du Sud.

Le boycott culturel et sportif

L'exclusion des compétitions sportives porte un coup au moral de la population blanche et joue un rôle dans le recul de la politique d'apartheid.

L'isolement de l'Afrique du Sud a commencé au début des années 1960 après que l'Afrique du Sud s'est retirée du Commonwealth et s'est érigée en République. Plusieurs pays africains (Liberia, Éthiopie), l'Inde et les pays du bloc de l'Est font pression pour que l'Afrique du Sud soit exclue de plusieurs organismes internationaux.

En 1966, le conseil du sport en Afrique (une structure de l'Organisation de l'unité africaine) exige, auprès du comité international olympique, l'expulsion de l'Afrique du Sud et menace de boycotter les Jeux olympiques de 1968. Malgré un avis d'abord défavorable du CIO, et à la suite des menaces de boycott des athlètes afro-américains et pays du bloc de l'Est si l'Afrique du Sud était présente, le comité exécutif du CIO décide finalement d'exclure l'Afrique du Sud des jeux olympiques de Mexico. En 1976, l'Afrique du Sud est indirectement la cause du boycott des jeux olympiques de Montréal. Vingt-six pays africains, l'Irak et le Guyana protestent contre les rencontres sportives de rugby entre la Nouvelle-Zélande et l'Afrique du Sud, alors que le rugby n'est pas un sport olympique. En 1980, l'Afrique du Sud participe encore aux jeux paralympiques et n'est exclue du comité qu'en 1985.

En 1980, les Nations Unies publient un registre mentionnant le nom des sportifs et des officiels participants à des manifestations sportives en Afrique du Sud afin d'exercer une pression morale sur les athlètes.

La tournée faite par les Springboks en 1981 en Nouvelle-Zélande est marquée par des mouvements de protestation contre l'apartheid. Plus aucun pays n'accepte d'organiser de rencontres avec l'équipe de rugby sud-africaine, emblématique de la population blanche sud-africaine. Pour tenter de briser son isolement et à défaut de pouvoir jouer contre les Pumas, l’Afrique du Sud dispute huit matchs en 1980, 1982 et 1984 contre une sélection appelée les Jaguars sud-américains. En 1984, l'équipe des Springboks aligne deux joueurs métis, Errol Tobias et Avril Williams, contre l'Angleterre mais en 1985, la tournée des All Blacks en Afrique du Sud est annulée. Une tournée non officielle est cependant effectuée par une équipe appelée les Cavaliers comprenant de nombreux All Blacks. Les joueurs sont suspendus à leur retour en Nouvelle-Zélande. Les Springboks sont isolés et privés de rencontres sportives internationales. Le grand prix automobile de formule un organisé à Kyalami en 1985, constitue alors le dernier grand évènement sportif international organisé en Afrique du Sud (jusqu'en 1992).

Les réformes politiques de l'ère Botha : adaptations obligatoires

Famille coloured sur trois générations.

Sous la pression de l'opinion occidentale (accompagnée de pressions économiques, notamment en provenance des États-Unis), de la contestation interne, de l'agitation de plus en plus incontrôlable dans les cités noires (les townships), et également de la pression démographique, l'apartheid est assoupli sous le gouvernement de Pieter Willem Botha. Après avoir autorisé la formation de syndicats noirs (en 1979), Botha entame en 1984 la réduction graduelle des inégalités de salaires entre Blancs et Noirs dans les mines et en 1985, autorise la formation de syndicat inter-raciaux et de partis non exclusivement blancs, du moment qu'ils n'aient pas été interdits par le passé. Ainsi se constituent le Front démocratique uni (en fait vitrine interne de l'ANC interdite) et la COSATU qui en deux ans allaient confédérer 33 syndicats et revendiquer 220 000 adhérents.

Inspiré du modèle consociationnel, une nouvelle constitution entre en vigueur le 3 septembre 1984, établissant un régime présidentiel basé sur un parlement tricaméral. Cette constitution, adoptée en 1983 au cours d'un référendum par les électeurs blancs sud-africains, libéralise le régime institutionnel de l'apartheid. Approuvée par 65% des électeurs, elle établit trois chambres parlementaires distinctes, élus par les trois groupes raciaux minoritaires du pays, les blancs, les indiens et les métis en proportion de leur population. Les noirs n'ont droit à aucune représentation nationale. Ceux résidant dans les zones urbaines se voient cependant octroyés de nouveau la citoyenneté sud-africaine et obtiennent le droit d'élire leurs propres conseillers municipaux. Le cabinet ministériel s'ouvre pour la première fois aux non blancs avec la nomination de Amichand Rajbansi et Allan Hendrickse chargés des affaires indiennes et métis.

En 1985, la loi portant interdiction des mariages mixtes est abrogée.

En 1986, la loi sur les laissez-passer ('Pass Laws Act') de 1952 est abolie, permettant aux Noirs sud-africains pauvres de se déplacer librement en ville, voire de s'y installer. La pérennité de la présence des Noirs dans les frontières de l'Afrique du Sud blanche est reconnue au sommet de l’État.

Plus généralement, le gouvernement annonce la suppression des mesures vexatoires de discrimination dans les lieux publics (aussi appelé « petty apartheid ») provoquant de vives réactions dans les milieux conservateurs. Après les élections municipales sud-africaines de 1988 favorables au parti conservateur, celui-ci fait réinstaller dans les municipalités qu'il dirige les panneaux de ségrégation.

En 1987, la loi de 1922 fixant la liste des emplois réservés aux Blancs est abrogée. Bien que des négociations secrètes directes entre l'ANC et des membres du parti national soient organisées depuis 1985 avec l'accord du gouvernement, Botha refuse d'aller plus loin dans ses réformes, soucieux de la scission de plus en plus importante entre afrikaners modérés et conservateurs. Ainsi, la répression policière l'emporte durant les dernières années de son mandat alors que le front démocratique uni est à son tour interdit.

La phase de transition

L'arrivée au pouvoir en 1989 de Frederik de Klerk modifie la donne politique. C'est au bout de 6 mois de délibération au sein du parti national que cet Afrikaner, jusque-là réputé pour ses positions conservatrices, avait accédé au poste de dirigeant du parti avec pour mandat de réformer le système afin de répondre à l'aspiration du vote égalitaire des Noirs et de poser dans un cycle de négociations constitutionnelles, l'intangibilité de certains principes comme l'inviolabilité de la propriété privée et la mise en place de dates butoirs pour bloquer de possibles revendications foncières. Les partis politiques autrefois interdits sont légalisés et les négociations officiellement entamées dès mars 1990 entre l'ANC et le gouvernement. La majeure partie des lois d'apartheid sont abolies entre 1989 et juin 1991 et un forum constitutionnel est mis en place en avril 1992, à la suite du mandat spécifique pour négocier avec les partis comme l'ANC, accordé par près de 70 % des électeurs blancs au président sud-africain le 17 mars 1992 lors d'un référendum. Si certains des Afrikaners conservateurs se réfugient dans des utopies communautaristes (Volkstaat), d'autres, qui considèrent aussi qu'ils sont le cœur de la nation blanche d'Afrique du Sud, réinventent le slogan « s'adapter ou mourir » pour conduire l'ouverture politique envers la majorité noire du pays. Après 4 années de négociations constitutionnelles, les premières élections multiraciales se déroulent en avril 1994, débouchant sur l'élection de Nelson Mandela, premier président noir de la République d'Afrique du Sud.

Solder l'apartheid

La commission vérité et réconciliation

De 1996 à 1998, une Commission de la vérité et de la réconciliation sillonne le pays pour récolter les témoignages des victimes et des oppresseurs, des partisans ou des opposants à l'apartheid, afin de recenser toutes les violations des droits de l'homme commis de 1960 à 1993 et d'éclaircir les crimes et exactions politiques commis au nom du gouvernement sud-africain mais également les crimes et exactions commis au nom des mouvements de libération nationales. Le rapport final de cette commission a épinglé l'absence de remords ou d'explication de certains anciens responsables politiques du régime d'apartheid (Pieter Botha, Frederik de Klerk, Magnus Malan) mais aussi le comportement de certains chefs de l'ANC, notamment dans les camps d'entrainements d'Angola et de Tanzanie. Des poursuites judiciaires ou des amnisties ont été recommandées (quand les motivations d'auteurs de crimes ou de délits étaient essentiellement politiques), d'autres ont été refusées. La plupart de ceux qui avaient été inculpés devant les tribunaux comme Magnus Malan ou Wouter Basson ont été acquittés pour insuffisance de preuves, ou parce qu'ils avaient obéi aux ordres.

Vers une Afrique du Sud arc-en-ciel ?

Lors d’un entretien avec un journaliste, Philippe Hugon affirme que malgré l’apartheid, l’Afrique du Sud est devenue « la plus grande démocratie africaine selon la définition de Montesquieu : séparation des pouvoirs, liberté de la presse, indépendance de la justice, opposition multipartite. » En fait, même si l’on pouvait craindre une situation à l’algérienne, avec une forte opposition du pouvoir blanc sur le modèle de l’OAS et un rejet violent des Blancs par les populations discriminées, il faut reconnaître que « grâce à quelques grandes figures comme Frederik de Klerk et Nelson Mandela », le bain de sang entre les deux communautés a pu être évité. D’une part, l'African National Congress (ANC) a abandonné le concept de « clivage de race » pour celui de « clivage social » grâce notamment aux actions conjuguées de M Desmond Tutu et de la Commission de la vérité et de la réconciliation. Malgré l’apartheid, l’Afrique du Sud a su se redresser assez vite. « Elle a connu de très grandes avancées dans des domaines aussi différents que l'accès à l'eau, au logement, à l'école et à l'université. Économie puissante, l'Afrique du Sud fait partie des Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud). »

L'Affirmative Action (la discrimination positive) a permis l’accès de nombreux Noirs dans l'économie, la politique, la culture et l'enseignement. Pourtant en 2011, à la date de l’interview, le chômage des Noirs avoisinait les 40 %, la lutte contre le sida avait souffert d'un aveuglement politique et la réforme agraire, très attendue, se faisait très lentement puisque 80 % des terres appartenait toujours aux Blancs. Bien que très optimiste, Philippe Hugon notait que « l’Afrique du Sud est le deuxième pays le plus violent au monde après la Colombie. Vols, crimes sexuels, meurtres… la violence n'oppose pas les Blancs aux Noirs mais touche les laissés-pour-compte de la croissance économique ». Chez les plus modestes, force est de constater que « l'identité ethnique joue un rôle central dans la manière de se penser et de penser l'autre ». En outre, il ne faut pas oublier qu’entre 1995 et 2009, 800 000 Blancs ont quitté le pays fuyant la violence, le chômage et la discrimination positive. Il n’en reste pas moins que la société beaucoup moins « racialisée » qu'il y a vingt ans évolue très vite comme cherche à en témoigner le film Invictus. Si la population sud-africaine la moins favorisée ressent encore les atteintes de l’apartheid, « dans la classe moyenne et aisée, on ne pense plus son identité en fonction de sa couleur de peau. ».

Chronologie de l'Afrique du Sud sous l'apartheid

Panneau bilingue (anglais/afrikaans) formalisant la ségrégation raciale au profit de la population blanche dans le cadre de la politique d'apartheid

Banc réservé aux non blancs au Cap.
Banc réservé aux non blancs au Cap.

Manifestation de Black Sash, une organisation non violente de femmes blanches opposées à l'apartheid

1948

Victoire du parti national de Daniel François Malan, qui met en place la politique de l’apartheid selon laquelle les peuples de races différentes ne peuvent pas vivre ensemble dans l’égalité et l’harmonie. Dans un premier temps, ces nouvelles lois systématisent et institutionnalisent l'application de lois raciales déjà existantes en Afrique du Sud.

1949

Loi sur l'interdiction des mariages mixtes (Prohibition of Mixed Marriages Act)

1950

Loi d'habitation séparée (Group Areas Act) répartissant racialement les zones urbaines d'habitation.

La loi d'immoralité (Immorality Act), qui lui est liée, pénalise les relations sexuelles entre Blancs et non Blancs. Elle renforce le champ d'application d'une loi homonyme adopté en 1927.

Loi de classification de la population (Population Registration Act), distingue les individus selon leur catégorie raciale attribuée (blancs, noirs, coloureds et indiens).

Loi de suppression du communisme (Suppression of Communism Act), permettant d'interdire tout parti politique catalogué comme communiste par le gouvernement.

1951

La loi sur les autorités bantoues (Bantu Authorities Act, Act No 68 of 1951) abolit le Conseil représentatif des indigènes et établit des autorités tribales autonomes (amorce de la création des bantoustans). Composé de 23 membres (12 noirs indirectement élus, 4 nommés par le Gouverneur-Général et 6 commissaires en chef aux Affaires indigènes), le Conseil représentatif des indigènes avait été mis en place en 1936 mais les revendications sociales et foncières qu'il avait porté auprès des différents gouvernements successifs n'avaient jamais abouti. Les nouvelles autorités tribales sont composées d’un chef, de conseillers reconnus par la tribu et de toute autre personne nommée par le chef avec l’approbation des conseillers. Une Autorité communautaire peut être instituée pour plus de deux tribus, composée de conseillers traditionnels et de membres élus par le responsable de la Communauté. La fonction de ces autorités bantoues est notamment de maintenir l’ordre public, de s’assurer du respect de la réglementation, de lever les impôts et de tenir le service de l’état civil. Des Autorités régionales sont aussi instituées composées des chefs des autorités tribales et/ou des autorités communautaires.

1952

Loi sur les laissez-passer (Pass Laws Act) faisant obligation aux Noirs ayant plus de 16 ans d'avoir sur eux un laissez-passer, c'est-à-dire un document ressemblant à un passeport intérieur qui stipulait s'ils avaient une autorisation de présence dans certains quartiers blancs au-delà des horaires de travail.

Campagne de défiance

1953

Loi sur les commodités publiques distinctes (Reservation of Separate Amenities Act) ségrégant les toilettes, fontaines et tous les aménagements publics.

Loi d'éducation Bantoue (Bantu Education Act), concernant le programme scolaire des Noirs.

Retrait du droit de grève aux travailleurs noirs, interdiction de la résistance passive.

1954

Loi de relocalisation des indigènes (Native resettlement Act) : permet de déplacer les populations noires vivant en zones déclarées blanches.

JG Strijdom succède à D.F. Malan au poste de premier ministre (30 novembre)

1955 Rédaction de la Charte de la liberté par les mouvements anti-apartheid. Rapport de la Commission Tomlison sur le développement des bantoustans (viabilité, organisation, financement) 1956

Loi sur le travail et les mines (Mines and Works Act) renforçant la discrimination raciale dans le monde du travail.

Renforcement de la loi sur le contrôle de la migration (influx control) en vigueur depuis 1923

Retrait des populations coloureds des listes électorales communes de la province du Cap et inscription sur des listes séparées malgré les manifestations organisées par les Torch commando et les Black Sash.

1958

Mort de Strijdom. Hendrik Verwoerd, maitre d’œuvre de la politique des bantoustans devient premier ministre.

Début du procès de la trahison à l'encontre de 95 personnes, majoritairement membreS de l'ANC ou du parti communiste sud-africain, accusés de haute trahison et de conspiration pour avoir voulu renverser le gouvernement par la violence et le remplacer par un État communiste.

1959

Loi sur la promotion de gouvernements noirs autonomes (Promotion of Bantu Self-Government Act), spécificité de l'apartheid, renforçant l'autonomie des 8 entités autonomes ethniques reconnues sous administration tribale (bantoustans). Les pouvoirs exécutifs de ces autorités bantoues sont placés dans un Conseil exécutif comprenant un président, un vice-président et un membre de l’Autorité élu par ses pairs. La représentation des populations noires de la province du Cap à la chambre de l'assemblée (4 députés blancs) et au Sénat est supprimée (application en 1960).

Création du Congrès panafricain

1960

Massacre de Sharpeville

Interdiction de l'African National Congress (ANC) et du Congrès panafricain.

Référendum sur la République (5 novembre)

Prix nobel de la paix décerné à Albert Lutuli, président de l'ANC.

1961

Fin du procès de la trahison : Après la relaxe successives de plus de 70 prévenus, les derniers accusés dont Nelson Mandela sont acquittés, les juges estimant que la Couronne n'avait pas réussi à prouver que l'ANC recourait à la violence pour tenter de renverser le gouvernement.

Début de la lutte armée avec Umkhonto we Sizwe, la lance de la Nation (branche militaire de l'ANC).

Proclamation le 31 mai de la république d'Afrique du Sud (Charles Swart premier président d'Afrique du Sud), modification de la constitution et retrait du Commonwealth

1963-**

Procès de Rivonia : Nelson Mandela est condamné à perpétuité pour terrorisme et enfermé avec d'autres chefs de l'ANC sur l'île pénitencier de Robben Island.

1966

Assassinat du premier ministre Hendrik Verwoerd. John Vorster premier ministre

1968

Exclusion de l'Afrique du Sud du comité international olympique

Adoption du Separate Representation of Voters Amendment Act supprimant la liste électorale des électeurs coloured de la province du Cap. La représentation des populations coloured de la province du Cap à la chambre de l'assemblée (4 députés blancs) et au Sénat est supprimée et, à la place, un conseil représentatif des personnes Coloured est créé.

1970

Loi de citoyenneté des Noirs des homelands (Black Homeland Citizenship Act) "retirant" la citoyenneté sud-africaine aux Noirs issus de communautés ethniques relevant de bantoustans déjà créés.

Visite d'État du premier ministre John Vorster au Malawi

1971

Visite officielle du président Hastings Kamuzu Banda en Afrique du Sud. Le Malawi, qui est l'un des seuls pays africains à entretenir des relations diplomatiques du plus haut niveau avec l'Afrique du Sud, nomme son premier ambassadeur noir, Joe Kachingwe, à Pretoria. Les diplomates de l'Ambassade reçoivent le statut de blanc honoraire.

1974

Exclusion du représentant sud-africain de l'Assemblée Générale des Nations Unies (mais l'Afrique du Sud, membre fondateur, n'est pas exclue de l'ONU).

Déségrégation des parcs à Johannesburg, du théâtre Nico Malan au Cap et des hôtels cinq étoiles dans toute l'Afrique du Sud

1976

Loi sur l'interdiction de l'accès à la formation professionnelle aux Noirs.

Émeutes de Soweto à la suite de l'adoption d'un décret imposant l'Afrikaans comme langue d'enseignement générale dans les écoles bantoues du niveau secondaire (maths, sciences sociales, histoire et géographie).

Indépendance du Transkei (bantoustan de l'ethnie xhosa), non reconnue par la communauté internationale

1977

Embargo onusien sur les ventes d'armes destinées à l'Afrique du Sud à la suite de la répression des émeutes de Soweto.

Mort en prison de Steve Biko, chef de la Conscience noire.

Indépendance du Bophuthatswana (bantoustan de l'ethnie tswana), non reconnue par la communauté internationale

1978

Ouverture des premières boites de nuit multiraciales à Johannesburg. L'expérience ne dure qu'une année

Pieter Botha premier ministre

1979

Abrogation de l'apartheid dans le Sud-Ouest africain/Namibie, administrée par l'Afrique du Sud

Assouplissement dans la réglementation du travail : les travailleurs noirs sont autorisés à se syndiquer ce qui amène à la création de la "National Union Mineworkers" et à la COSATU

Indépendance du Venda, non reconnue par la communauté internationale

1981

Indépendance du Ciskei, non reconnue par la communauté internationale

1982

Nelson Mandela est transféré à la prison de Pollsmoor dans la banlieue du Cap

Création du parti conservateur demandant un retour à un apartheid strict

1983

Attentat de Church Street à Pretoria, le plus sanglant des attentats commis au nom de la lutte contre l'apartheid

Référendum sur la constitution

Création d'autorités locales noires élues pour gouverner les townships (mais les élections organisées en 1984 sont largement boycottées)

1984

Entrée en vigueur de la nouvelle constitution (validé l'année précédente par référendum) créant un parlement tricaméral ouvert aux Indiens et aux Métis (suppression des conseils représentatifs indiens et coloureds). Entrée au gouvernement de deux ministres indiens et coloureds (Amichand Rajbansi et Allan Hendrickse). La fonction de premier ministre est supprimée et le pouvoir exécutif intégralement confié au Président d’État (Pieter Botha) désormais chef d’État et de gouvernement

Prix Nobel de la paix décerné à Desmond Tutu, archevêque anglican du Cap et figure emblématique de la lutte contre l'apartheid.

1985

Révolte des townships.

Début des négociations concrètes en Suisse entre représentants du gouvernement et ANC.

Ouverture de lieux publics multiraciaux (cinéma, théâtre). Le quartier d'Hilbrow à Johannesburg devient emblématique du premier quartier non ségrégué et cosmopolite.

1986

L'état d'urgence est déclaré dans le pays. Guerre civile au Natal entre mouvements noirs.

Abolition des lois symboliques de l'apartheid comme le passeport intérieur (le pass), remplacé par un document d'identité unique pour tous les Sud-africains.

Nomination du premier ambassadeur américain noir en Afrique du Sud

Adoption par les États-Unis de sanctions économiques contre l'Afrique du Sud.

Nomination des premiers diplomates sud-africains non blancs comme Bhadra Ranchod nommé en 1987 ambassadeur d'Afrique du Sud auprès de la communauté européenne.

1988

Élections municipales : Le parti conservateur, qui a nettement progressé au Transvaal et dans l'État libre d'Orange, tente de réinstaller dans les villes qu'il dirige la ségrégation (l'apartheid mesquin) dans les lieux publics comme les parcs ou cinéma (cas emblématique de Boksburg).

1989

Création du parti démocratique coalisant les différentes formations progressistes et réformistes du parlement

Le parti conservateur est confirmé comme la principale force de l'opposition parlementaire lors des Élections générales

Frederik de Klerk devient président de la République et annonce des réformes fondamentales.

1990

Indépendance de la Namibie

L'ANC, le Parti communiste et tous les mouvements noirs sont légalisés. Nelson Mandela est libéré, après vingt-sept ans de captivité.

Début des négociations entre le gouvernement et les formations anti-apartheid (accords de Groote Schuur, accords de Pretoria)

1991

Abolition des dernières lois piliers de l'apartheid (30 juin).

Mise en place de la Commission Goldstone chargé d'enquêter sur les violences imputées aux forces de sécurité et aux groupes politiques et paramilitaires pro-apartheid.

1992

Référendum sur la fin de l'apartheid auprès de la population blanche par lequel celle-ci appuie à 69 % les négociations constitutionnelles menées par le président de Klerk

Massacre de Boipatong

Massacre de Bisho

1993

Assassinat de Chris Hani, secrétaire général du Parti communiste sud-africain et chef militaire de Umkhonto we Sizwe, par des militants du parti conservateur.

Massacre de l'église Saint-James à Kenilworth dans la banlieue du Cap par des militants de l'Azanian People's Liberation Army, aile militaire du Congrès panafricain.

Prix Nobel de la paix attribué à Nelson Mandela et Frederik de Klerk.

Rédaction d'une constitution transitoire.

1994

Rétrocession de l'enclave sud-africaine de Walvis Bay à la Namibie (février)

Coup d’État au Bophuthatswana couplé à un soulèvement populaire contre le président Lucas Mangope forçant la réintégration du bantoustan dans l'Afrique du Sud pour participer aux élections générales (mars)

Division au sein de l'Afrikaner Volksfront réunissant avec le parti conservateur les formations blanches hostiles aux processus constitutionnelles et aux élections multiraciales : Constand Viljoen fait scission et créait le front de la liberté pour participer aux élections générales.

Adoption d'un hymne et d'un nouveau drapeau national à titre transitoire (mars)

Massacre de Shell House à Johannesburg : des manifestants de l'Inkatha Freedom Party sont tués par des gardes de l'ANC devant le quartier général du parti Johannesburg (28 mars)

Premières élections nationales et non raciales au suffrage universel (27 avril) : le congrès national africain remporte les élections générales et Nelson Mandela devient le premier Noir à accéder à la présidence sud-africaine.

Mise en place d'un gouvernement d'union nationale (ANC, parti national et parti zoulou).

1996-1998

La Commission vérité et réconciliation, présidée par l'archevêque Desmond Tutu est chargée d'enquêter sur les violations des droits de l'homme commis de 1960 à 1993 et d'éclaircir les crimes et exactions politiques commis au nom du gouvernement sud-africain mais également les crimes et exactions commis au nom des mouvements de libération nationales. 22 000 victimes identifiées recevront chacune 3 900 dollars.

Adoption d'une nouvelle constitution et confirmation des hymnes et des emblèmes nationaux.

Médias

Entrée ségréguée du Musée de l'apartheid à Johannesburg. Ouvert en 2001, ce musée relate cette période historique de l'Afrique du Sud.

Dans les médias, l'apartheid est représenté que ce soit dans les domaines littéraires, cinématographiques et musicaux.

Livres et romans relatifs

L'Alliance (The covenant) de James A. Michener : roman historique consacré à l'histoire de l'Afrique du Sud et des Afrikaners, de la préhistoire à la mise en place de l'apartheid.

Le Serpent vert, Le dernier safari et la piste du Renard, de Wilbur Smith : romans ayant pour cadre les luttes politiques au sein de la communauté blanche (Afrikaners/Anglophones) et entre Blancs et Noirs en Union puis république sud-africaine.

En attendant la pluie : roman de Sheila Gordon

Une saison blanche et sèche : roman d'André Brink consacré à la prise de conscience d'un Afrikaner de la situation sociale et politique des Noirs sous la période d'apartheid

Un long chemin vers la liberté : Autobiographie de Nelson Mandela

Les amants de l'apartheid, Madge Swindells : histoire d'amour et d'amitié entre trois amis (l'un blanc, l'autre noir et la dernière métis) durant l'apartheid

Het Huis van Mama Pondo de Aster Berkhof : histoire d'une famille noire dans les années 1950-60 lors des mouvements pacifiques contre les lois ségrégationnistes.

Asking for Trouble et Biko (1978) : livre du journaliste Donald Woods

La lionne blanche (1993) : Roman policier d'Henning Mankell

Un arc-en-ciel dans la nuit (2008) par Dominique Lapierre, épopée romano-historique consacré à l'histoire de l'Afrique du Sud, de l'arrivée des Blancs au Cap en 1652 à l'élection de Nelson Mandela comme premier Président noir de l'Afrique du Sud en 1994.

Au plus noir de la nuit, roman de André Brink dont l'action se passe pendant les années 1970 sur fond d'apartheid. Un comédien noir raconte (Livre de poche).

Poussière rouge (2006) de Gillian Slovo, fille de l'avocat de Nelson Mandela.

Films

Pleure, ô pays bien-aimé, réalisé par Zoltan Korda et tiré du roman-éponyme d'Alan Paton. Avec Sidney Poitier. Tourné en Afrique du Sud, le film évoque la situation des Noirs au début de l'apartheid.

Come Back, Africa, 1959, de Lionel Rogosin.

The Cape Town Affair (en) (1967), film d'espionnage avec Claire Trevor, James Brolin et Jacqueline Bisset, réalisé par Robert D. Webb. Tourné en Afrique du Sud, un des rares films américains dont le point de vue épouse celui du gouvernement sud-africain.

Dernière tombe à Dimbaza (1972) : documentaire tourné clandestinement en Afrique du Sud par Nana Mahomo.

Le Vent de la violence (1973) avec Michael Caine, Sidney Poitier et Nicol Williamson (tourné principalement au Kenya).

Frontline (1975), de René Vautier.

Classified People (1988), documentaire réalisé clandestinement en Afrique du Sud par Yolande Zauberman et consacré aux déchirures sociales issues de l'application de l'apartheid.

Un monde à part (A World Apart) sorti en 1988, réalisé par Chris Menges, avec Barbara Hershey, Jodhi May et Linda Mvusi.

Cry Freedom (mars 1988), réalisé par Richard Attenborough. Tourné au Zimbabwe et au Kenya (scènes de plage).

Une saison blanche et sèche (1989), réalisé par Euzhan Palcy, adaptation cinématographique du roman éponyme. Tourné au Zimbabwe.

La Puissance de l'ange (The Power Of One) (1992) réalisé par John G. Avildsen avec Morgan Freeman et John Gielgud. Tourné au Zimbabwe.

Bopha ! (1993) réalisé par Morgan Freeman, avec Danny Glover et Malcom McDowell. Tourné au Zimbabwe.

La Commission de la vérité, (1999), documentaire réalisé par André Van In, consacré à la Commission de la vérité et de la réconciliation.

Drum (2004), réalisé par Zola Maseko, qui raconte la vie d'Henry Nxumalo.

In My Country (2004), réalisé par John Boorman, avec Samuel L. Jackson et Juliette Binoche.

Zulu Love Letter (en) (avril 2006), réalisé par Ramadan Suleman.

Au nom de la liberté (2006) avec Tim Robbins.

Goodbye Bafana (avril 2007), réalisé par Bille August.

Disgrâce (2008), réalisé par Steve Jacobs.

Skin (2008), un film d'Anthony Fabian qui retrace la vie de Sandra Laing.

Invictus (2009), un film de Clint Eastwood sur la coupe du monde de rugby de 1995 et les relations entre blancs et noirs dans l'Afrique du Sud post-apartheid.

Passé Komatipoort (2009), documentaire de Sylvain Sailler.

District 9 (2009), film de science-fiction de Neill Blomkamp opérant une métaphore explicite de l'apartheid et plus précisément de la déportation du District Six.

The Bang Bang Club (2011), film de Steven Silver, avec Ryan Phillippe.

Zulu (2013), réalisé par Jérôme Salle, avec Orlando Bloom et Forest Whitaker.

Musique

War (1976) chanté par Bob Marley qui reprend un discours de l'empereur d'Éthiopie Hailé Sélassié I de 1963.

Peter Tosh : chanson Apartheid dans l'album Equal Rights (1977).

Peter Gabriel : chanson Biko en 1980 à la mémoire de Steve Biko.

Savuka, groupe fondé par Johnny Clegg en 1985.

Alpha Blondy : Apartheid is nazism dans l'album éponyme (1985).

Artists United Against Apartheid : Sun City (1985), album collectif de 48 artistes unis contre l'apartheid et qui s'engagent à ne pas se produire à Sun City (Afrique du Sud) : Bono, Jackson Browne, Jimmy Cliff, George Clinton, Miles Davis, Bob Dylan, Peter Gabriel, Bruce Springsteen, etc.

Hugh Masekela : chanson Bring him back home qui devient en 1987 l'hymne du mouvement de libération de Nelson Mandela.

Simple Minds : chanson Mandela Day en 1989 pour les 25 ans d’emprisonnement de Nelson Mandela.

Bouchées Doubles : Album Apartheid (2006)

中文百科
到1979年末时的隔离状态
到1979年末时的隔离状态

南非种族隔离(南非语:Apartheid)为1948年至1994年间南非共和国在南非国民党执政时实行的一种种族隔离制度,当时占大多数的黑人,其包括集会、结社的各项权利受到大幅限制,维持欧洲移民的阿非利卡人的少数统治。种族隔离是在二次世界大战后开始,当时执政党就是以阿非利卡人为主的南非国民党,也在当地由南非托管的西南非实施,一直到1990年西南非独立成为纳米比亚共和国为止。

南非的种族隔离早在荷兰统治时就已经开始。十九世纪的英裔南非商人塞西尔·罗德斯在取消黑人及有色人种的权利上扮演重要的角色,他设立了第一个种族隔离的法案。在1948年南非普选时开始成为正式的政策。政府将居民分为四个种族:黑人、白人、有色人种及印度人,而有色人种及印度人又有更细的分类,各种族住在不同的区域中。在1960年至1963年,350万非白人的南非人被驱离他们原来的家园,被迫进入隔近被分隔的区域中,这是近代史上大型的驱离行动之一。1970年起废除非白人的政治权利,那时也开始剥夺黑人的南非公民身份,在法律上他们成为地方分权的十个班图斯坦中的公民,其中四个成为名义上的独立国家。南非政府在教育、医疗、海滩及其他公共服务都实行种族隔离政策,而黑人得到的服务往往会比白人要差。

种族隔离带来国内明显的南非国内对种族隔离的反对及暴力,也因此国际长期对南非禁运(包括武器禁运)。自1950年代起,一系列的民众起义及抗议事件,使得反种族隔离被禁止,反种族隔离领袖入狱。随着抗议的扩散,越来越军事化,政府的回应是压制及暴力。国际组织对南非制裁,南非政府的处境也更加艰难。1980年代开始改革 种族隔离政策,但争议仍在。总统弗雷德里克·威廉·戴克拉克自1989年开始取消一些种族隔离的相关法令,并在10月起开始释放曼德拉及其他政治犯。1990年开始结束南非种族隔离的谈判。在1991年时种族隔离政策及一些尚未废止的相关法令被正式废除,不过非白人在1993年才有资格投票,最后在1994年多民族的**选举中,由曼德拉带领的非洲人国民大会胜出。一般将1994年的**普选视为南非种族隔离政策的正式结束。

南非种族隔离制度的前兆

根据《1806年开普投降条款》的规定,新进驻的英国殖民统治者应遵守罗马-荷兰法所制定的旧法规。这就导致南非的法律脱离了英国的《普通法》,形成了高度的立法自主性。由此,在南非各殖民地监管立法进程的总督和议会走上了一条与大英帝国其他统治区大不相同而独立自主的法治之路。

在奴隶制时期,奴隶如需外出须持通行证。1797年,斯瓦伦丹区(Swellendam)和格拉夫—雷聂特区(Graaff-Reinet)的荷兰殖民统治地方官员把通行证法规的适用范围扩展到奴隶以外的其他人群,命令所有科伊人(Khoikhoi,曾被称为霍屯督人)一旦在国内出行,不论出行目的,均须持有通行证。英国殖民地政府于1809年颁发的《霍屯督法令》正式确认了该命令,当中规定科伊人如需外出,必须从其主人或当地官员处获得通行证。 1828年第49号法令规定:对于潜在的黑人移民,应另外授予务工通行证。此类通行证只颁发给有色人种和科伊人,不用于其他的非洲人,但其他非洲人仍须携带通行证。

英国的1833年《废奴法案》(2 & 3 Will. IV, c. 73)废除了整个大英帝国的奴隶制,并推翻了《开普投降条款》。为遵守该法案,南非的法律于1835年加入了第1号法令,自此社会身份本为奴隶的人成为了合同工。后来,1848年的第3号法令颁发了一套针对科萨人的契约系统,该系统实际上与奴隶制无异。在19世纪余下的岁月里,南非各殖民地为限制非技术性工人的自由、增加对合同工的限制、以及制约种族间的关系通过了各项法律。

1892年的《选举与投票法案》通过投票费和受教育程度来限制黑人的选举权,1894年的《纳塔尔立法议会法案》剥夺了印度人的投票权。1894年的《格伦·格雷法令》经西塞尔·约翰·罗德斯(Cecil John Rhodes)首相所领导的政府煽动,限制了非洲人能拥有的土地数量。1905年,《通用通行证规则法令》否决了黑人的投票权,限制他们在特定范围内活动,并启用了恶名昭著的通行证体系。《亚洲人登记法令》(1906)要求所有印度人登记并携带通行证。 1910年,南非联邦作为自治领成立,延续了固有的立法体系:《南非法令》(1910)给予白人政治权利,让白人拥有对其他种族的绝对操控权,剥夺黑人享有议会席位的权利;《原住民土地法》(1913)规定除开普的黑人外,所有黑人不得在“保留地”以外置地;《市区土着人法案》(1918)系为了将黑人驱逐至特定地区;《市区法令》(1923)首次规定居住隔离,并为白人领导的产业提供廉价劳动力;《有色人种歧视法案》(1926)禁止黑人矿工从事技术型行业;《土着管理法》(1927)命英国君主而非最高酋长为统领所有非洲事务的最高元首; 《土着托管与土地法》(1936)补充了1913年的《土着土地法》,同年,《土着代表法》从开普的选举人名单中移除黑人投票者,但允许他们选举三位白人进入议会。最早的种族隔离法律是由扬·史末资(Jan Smuts)的统一党政府所制定的《亚洲人士土地保有权法案》,当中规定禁止向印度人卖地。

统一党政府在二战期间开始对隔离主义法律的执行力度有所减弱。由于害怕种族融合终将导致种族之间的同化,当时的立法机关成立了萨奥尔委员会,专门负责调查统一党的政策有何影响。委员会得出的结果是,种族融合会导致所有种族“丧失个性”。

南非种族隔离制度的制定

1948年大选

丹尼尔·弗朗索瓦·马兰(Daniel François Malan),首位实行种族隔离政策的首相 (1948–1954)
丹尼尔·弗朗索瓦·马兰(Daniel François Malan),首位实行种族隔离政策的首相 (1948–1954)

“Apartheid(种族隔离制度)”一词源于阿非利加语(即:南非荷兰语),意为“孤立、疏远”。南非种族隔离制度形成于20世纪30-40年代,与旧有的种族隔离政策相似并取而代之。“Apartheid”这一措辞在南非白人(即:阿非利加人)民族主义者讨论种族和政治问题时常常用到,他们企图在南非创建白人统治。30-40年代期间,南非迅速崛起,成为了一个工业化和城市化的现代国家。而面对此巨变,南非白人却要实施种族隔离制度。南非白人的祖辈由德国人、比利时人、法国基督教新教徒、以及最主要的是荷兰殖民者组成,黑人劳工以及母语为英语的南非人在权力和经济上的成功让他们感到了威胁。南非白人认为史末资政府未能充分实施种族隔离政策,提高南非白人的生活条件,并解决“穷苦白人”的状况。

种族隔离制度的意识形态起源于南非各种族为了彼此的自身利益而需要相互隔离,而种族隔离制度的思想主体系基于对“科学种族主义”的坚信。南非白人认为不同的种族、文化融合在一起是不可能的,也是行不通的,更是对主的不敬。因此,白人执政的政府将推行种族隔离的政策。这种坚持种族分离的主张便形成了“种族隔离制度”这一政治和法律理论。

1948年大选前夕,主要的南非白人民族主义政党,即:由新教教士丹尼尔·弗朗索瓦·马兰(Daniel François Malan)领导的重新联合国民党就其种族隔离政策进行了竞选宣讲。重新联合国民党以微弱的优势击败了史末资的统一党,并与另一个南非白人民族主义政党——南非白人党组成了联合政府。事实上,统一党的得票比这两个南非白人民族主义政党要多,但整个投票体系向种族隔离主义者倾斜而漠视农村地区人民。马兰成为了首位实行种族隔离政策的首相,这两个政党后来合并组建成国民党(NP)。

种族隔离法律

国民党的领导人认为南非不是一个单一民族的国家,而是由四个完全不同的种族组成:白人、黑人、有色人种和印度人。这些人种再细分为13个民族或种族组别。白人分为英语组和阿非利加语组;黑人民众被分成10个组别。

南非当时通过的各项法律为实行“大隔离法”做铺垫。“大隔离法”强调大规模的种族分离,强迫人们根据人种的分类居住到不同的地方。这一策略在某种程度上是采用了残留下来的英式规定。在英布战争中,英国殖民者接管了布尔人所创建的两个共和国后就是这样对不同种族进行了隔离。黑人被迁移至他们自己的小镇,形成了“黑人城镇”或“黑人居住区”。此外,“小隔离法”的法律被通过。以下为种族隔离法律的主要内容。

第一项“大隔离法”的法律是1950年的《人口登记法》,使种族分类正式化。当中规定所有18岁以上的人须持有身份证,并进行种族登记。另外还成立了官方的调研组或委员会,查清种族不明的人的身份。其中一些家庭,特别是有色人种的家庭中,一部分家庭成员被定为与其他成员不同的种族时,要拆散他们的家人是较为困难的。

第二项“大隔离法”的法律是1950年的《种族分区法》。在此之前,大部分殖民地允许不同种族的人一起居住。这项法令结束了各地区多种族并存的状况,并分别规定各种族的居住地。每个种族被分配到不同的地区,这也为后来的种族强迫迁徙提供了条件。1951年《防止非法定居法》规定政府有权拆除黑人贫民区,并责令白人雇主出资为其获批住在白人城内的黑人劳工建房。

1949年《禁止跨族婚姻法》禁止不同人种之间联姻;1950年《背德法》规定不同人种间如发生性关系,将视为刑事犯罪。

1953年《隔离设施法》允许市属用地可为某一种族专属使用,禁止混用长椅、公车、医院、学校和大学等公共设施。很多公共设施,甚至连公园里的长凳上都挂上了“白人专用”的布告板。黑人所享受的公共服务远不如白人,并在较小程度上次于印度人和有色人种。

另外,还有法律出台以压制对种族隔离的抗争,尤其是武力抵抗。1950年《反**主义法》禁止任何政党认同**主义。该法令过于笼统地定义了“**主义”及其目标,因此任何反对政府政策的人都可能被贴上“**主义者”的标签。由于法律中明确说到**主义致力于扰乱种族之间的和谐,因此常以此为由钳制对种族隔离的反对之声。禁止妨害治安的集会,同样,某些被认为对政府造成威胁的组织也遭查禁。

1953年《班图人教育法》开始实施教育上的隔离,该法令为非裔学生单独设立了一个的教育系统,意欲把黑人培养成工薪阶层。1959年,只招收黑人、有色人种和印度人的大学创立了。原有的大学不再允许吸纳黑人新生。1974年《阿非利加语媒体法》规定在黑人家园以外的地区,阿非利加语和英语在高中授课的使用比例应各占50%。

1951年《班图权力法》为黑人和白人分别创建单独的政府架构,这是第一部支持在“黑人家园”(亦称班图斯坦)实现“分别发展”这一政策的法律制度。1958年《促进班图自治法》牢固确立了国民党创建名义上的独立“黑人家园”政策,提出了本可促使行政权力下放的“自我管理的班图部门”,并承诺其未来将拥有自治权和自治政府。另外,还废除了代表非洲人的白人席位,并从投票者名单中移除了仅有的几位具投票资格的黑人。1959年《班图投资法》创建起向黑人家园转入资金的机制,以在当地创造就业岗位。1967年的法律允许政府停止“白人城区”的工业建设,并将转向“黑人家园”进行此类工业建设。1970年《黑人家园公民身份法》标志着班图斯坦计划进入一个新阶段,从此黑人成了十个“黑人家园”自治区之一的公民。此举的目的是通过让所有十个班图斯坦取得完全的独立,确保白人仍占南非境内总人口的大多数。

不同种族的人不可一起进行运动,但并没有关于运动隔离的法律。

政府加强执行通行证法律,强迫黑人携带身份证件,以防其他国家的黑人移民至此。黑人必须受雇用才能在城市居住。截至1956年,绝大多数情况下女性不必遵守通行证的规定,因为每次想对女性实行通行政法规都遭到强烈抵制。

剥夺有色人种的选举权

1950年,马兰宣布国民党打算设立一个“有色人种事务部”。马兰的接任者约翰内斯·格哈杜斯·斯揣敦(J.G. Strijdom)剥夺了黑人和有色人种在开普省的投票选举权。其上一届政府于1951年向议会提出《代表分离法案》;然而,四名投票者——哈里斯、弗拉克林、柯林斯和艾德加·迪恩在法庭上质疑该法案的正当性,并得到统一党的支持。开普最高法院支持该项法案,但由于上、下议院的联合会议中有三分之二的议员被调去修改宪法的刚性条款,上诉法院推翻了最高法院的裁决,裁定该法案无效。 随后,政府在1952年提出了《议会高等法院法》,赋予了议会驳回法院裁决的权力。开普最高法院和上诉法院宣布此项法案无效。

1955年斯揣敦政府把上诉法院的法官人数从5名增加至11名,新任命的法官都是支持民族主义的。同年,他们制订了《参议院法令》,把参议院的席位从49个增加至89个,并且调整为国民党能控制其中的77个席位。1956年,上、下议院召开了一次联合会议并在会上通过了《代表分离法案》,有色人种投票者从原来的普通选民名单被移至一份新的有色人种选民名单。投票后,参议院立即恢复到原来的规模。《参议院法令》在最高法院受到质疑,但不久前扩大的上诉法院都是支持政府的法官,因此支持该法令以及移除有色人种选民名单的法令。

1956年的法律批准有色人种选举四名白人进入议会,但一部1969年的法律废除了这些席位并剥夺了有色人种的投票权。由于亚洲人在此时不享有投票权,因此白人是唯当时一拥有选举权的种族。

南非白人间的联合

南非成为一个共和国之前,南非白人在政治上主要分为两派:以荷裔南非人为主的亲共和保守派和大多由英裔南非人组成的反共和自由派,而布尔战争的历史遗留仍对一部分人产生影响。共和国成立后,亨德里克·维沃尔德(Hendrik Verwoerd)首相立即呼吁英裔和荷裔南非人改善关系,增进团结。 他声称目前唯一的分歧是是否支持种族隔离制度,民族分歧不再存在于荷裔和英裔南非人之间,而在于白人和黑人之间。大部分荷裔南非人支持所有白人站在同一阵线上,以保障自身安全;而英裔选民却意见不一——很多人反对共和制,在纳塔尔省形成了多数“反对”票。 后来,部分英裔人士意识到白人需要联合起来,因为他们认为非洲其他地区的去殖民化趋势正不断增强并为此感到忧虑。当时的英国首相哈罗德·麦克米伦(Harold Macmillan)发表的讲话“变迁之风”让英裔南非人觉得英国已经遗弃他们。更多的保守派英裔人士选择支持维沃尔德首相;其余的人在纠结是否保留与英国的关系并对英国皇室保持忠诚,他们对英国/南非国籍之间的两难抉择感到恼怒。尽管维沃尔德尽力将这两个白人团体联合起来,但是随后的投票表明他只获得了少数人的支持, 也就是说很多英裔人士还是采取漠不关心的态度。所以,维沃尔德并不能把白人团结起来,英裔和荷裔白人之间的分歧仍然存在。

“黑人家园”(亦称班图斯坦)体系

展示班图斯坦具体位置的南非地图 西斯凯的农村地区是种族隔离时代的“黑人家园”之一 在“黑人家园”体系之下,政府尝试把南非分成一系列单独的州,并希望每个州发展成为单一民族组成的国家。 土地分割已不是一项新的制度,如19世纪时英国政府就创建了“保留地”。在种族隔离制度下,13%的土地被划为“黑人家园”。这一土地比例远小于黑人占南非总人口的比例,且划分的土地大多位于全国经济欠发达的地区。1954年汤姆林森委员会表示种族隔离制度和黑人家园体系是正当合理的,并称应为黑人家园加拨土地,但此提议并未得到落实。 维沃尔德于1958年成为首相后,“分别发展”政策逐步形成,而黑人家园体系是该政策的重要组成部分之一。维沃尔德认为应当让这些黑人家园独立,其政府对该政策作出如此解释:“因此,本政府的政策并不是种族或肤色歧视政策,而是通过赋予各个黑人家园在其境内的自决权,根据各家园(国)的民族主义创建的差别对待政策——因此就有了‘分别发展’政策”。 在黑人家园体系中,黑人不再是南非的公民,而成了各个独立家园的公民,他们只能以外籍劳工的身份,凭着临时工签到南非打工。1958年通过了《促进班图自治法》,创建起边境产业,并制定了《班图人投资法》,以促进黑人家园以内或附近的经济发展和就业。很多从未在其所属家园境内居住过的南非黑人被强迫从城里搬到黑人家园。 十个家园分别分派给不同的黑人种族:莱博瓦(北苏陀人,也称佩迪人)、侉侉(南苏陀人)、博普塔茨瓦纳(茨瓦纳人)、夸祖卢(祖鲁人)、斯威士(斯威士人)、特兰斯凯和西斯凯(科萨人)、加赞库卢(聪加人)、文达(文达人)以及卡万德博勒(恩德贝莱人)。其中四个家园由南非政府宣布独立:1976年特兰斯凯、1977年博普塔茨瓦纳、1979年文达和1981年西斯凯(被称为“特博文西四国”)。一个家园一旦被给予形式独立后,其公民须注销南非公民资格,成为家园的公民。此后,这些人手持护照而不再是身份证。在形式上自治的家园,其公民的南非公民资格受限,也就是说他们不再是法律上承认的南非公民。南非政府企图把家园的黑人公民看作是导致其他国家非法移民入境问题的根源。 班图斯坦的国际认同度 南非境内的班图斯坦被定义为“自治国”或“独立国”。理论上,自治的班图斯坦对其内部运作的许多方面有控制权,但还不是主权国家。独立的班图斯坦(特兰斯凯、博普塔茨瓦纳、文达和西斯凯,被称为“特博文西四国”)想要成为完全独立自主的主权国。实际上,这些国家并没有自身的经济架构可言,而且几乎全是面积狭小、互不连结的土地。这就意味着所有班图斯坦只不过是南非的傀儡国。 独立的班图斯坦存在期间,南非是唯一一个承认其独立性的国家。尽管如此,很多国家的内部组织以及南非政府都曾试图进行游说,使之得到承认。譬如,特兰斯凯成立之时,南瑞士非洲协会鼓励瑞士政府承认这一新国家。1976年,当一份美国众议院的决议案竭力要求美国总统不承认特兰斯凯时,南非政府极力游说立法者反对该议案。特博文西四国承认其他独立的班图斯坦,同时,南非为兑现其对特博文西主权国的承诺,分别于四国的首都设立了大使馆。

强迫迁徙

20世纪60、70年代和80年代初,政府实行“重予安置”政策,强迫人们搬到指定的“种族分区”。数以亿计的人被迫搬迁,受牵连的人群包括由于贫民区清拆计划需要搬迁的人、白人农场的佃户、所谓“黑点”(黑人在白人区拥有的土地)的住户、住在黑人家园附近镇区的工人的家庭成员、包括成千上万西开普人在内(西开普被定为“有色人种劳工特惠区”)的城区“过剩人口”。50年代最广为人知的一次种族迁徙发生于约翰内斯堡,当时60,000人被迫迁至“索韦托”新城镇(其名源于“西南部黑人居住区”的首字母缩写)。

1955年以前,索菲亚镇(地处约翰尼斯堡郊区)是为数不多的几个允许黑人拥有土地的城镇之一,并逐渐发展成一个多种族共存的贫民区。随着约翰内斯堡的工业发展,索菲亚镇成了一群快速壮大的黑人劳工的安居之地,因为这里生活便利、临近市中心,设有约翰内斯堡内唯一一个对黑人孩子开放的游泳池。索菲亚镇是约翰内斯堡历史最悠久的黑人居住区,对于镇上50,000名黑人居民而言,无论是其十足的活力,还是独特的文化都具有实质的象征意义。尽管非洲民族大会(ANC)强烈抗议并吸引了世界各地的注意,但索菲亚镇还是按照“西部地区迁徙计划”于1955年2月9日进行了迁徙。一大清早,全副武装的警察将居民赶出家门,把他们的行李装上政府的货车,将居**到离市中心13英里(19公里)的一个名为“米朵兰”(意为大草地)的地方,这是政府在1953年买下的。米朵兰成了新规划的黑人城区“索韦托”的一部分。而索菲亚镇被拆除重建,成了白人居住的市郊,取名为“翠昂夫”(Triomf,在南非荷兰语中意指“胜利”)。这种强制**的行动一直持续了几年,遭殃的也不只是非裔人群。如在德班的卡托区和开普镇的第六区,根据1950年《种族分区法》的规定,55,000有色人种和印度人被迫迁至开普平原区各镇。同样根据《种族分区法》的规定,将近600,000名有色人种、印度人和中国人被迫迁移。约40,000名白人也被迫迁居,因为部分土地由“南非白人区”变成“黑人家园”。

“小隔离法”

小隔离法标示
小隔离法标示公共场合“白人专用”标示纳塔尔海岸保留标示用英语、南非语和祖鲁语写着“白人种族成员专用”开普敦公共建筑外的“非白人专用”长椅
公共场合“白人专用”标示
Apartheid sign
纳塔尔海岸保留标示用英语、南非语和祖鲁语写着“白人种族成员专用”
Apartheid sign
开普敦公共建筑外的“非白人专用”长椅

国民党通过了一系列被称为“小隔离法”的法律。第一部是1949年第55号法令《禁止跨族婚姻法》,严禁白人与其他种族的人结婚。1950年第21号法令《背德法修正案》(1957年第23号法令修订本),禁止白人与非洲人、印度人或有色人种之间“非法的种族间交往”以及“任何违背道德或有伤风化的行为”。

除非有许可证,黑人不可以在“南非白人区”经商或从事其他职业。他们必须回到“黑人家园”并在那里营商和就业。交通和市政设施须分开使用——黑人巴士停在黑人巴士站,白人巴士停在白人巴士站。火车、医院和救护车都是分开使用的。由于白人病患较少,而且白人医生偏向于到白人医院工作,因此白人医院的条件远比常常病患过多、医护人手不足的黑人医院好得多。黑人不能在白人区生活或工作,除非他们持有通行证。只有享有“第十章”权利的黑人(即:二战前移居到城市的人)可不受此规定的约束。一个通行证只允许通行到一个地区(通常是一个镇),限制持证人只能到获批的那个地方。没有有效证件的人会因非法移民而被拘捕和审判,随后会被驱逐出境,同时该非法移民的雇主会因聘用非法移民而被告。警车会巡逻白人区,查捕没证的黑人。黑人禁止在南非白人区雇用白人。

黑人和有色人种(混合)工人的工会早在20世纪初期就存在,但一直到80年代改革时才出现了一场大规模的黑人工会运动。在种族隔离制度下,工会是种族隔离的。54个白人工会,38个印度人和有色人种工会以及19个非洲人工会。《工业调解法》(1956)规定禁止创立多种族的工会,并企图把现有的多种族工会按种族拆分成独立的分支或机构。

20世纪70年代期间,南非政府对白人儿童的人均教育资金投入是班图教育系统(南非白人区的黑人学校的教育系统)的黑人儿童的十倍。1959年后,高等教育也分别在不同的大学和社区大学进行。黑人家园里创办了八家黑**学,其中西斯凯(现在的东开普)的福特哈尔大学只接收母语是科萨语的学生。索托语、茨瓦纳语、佩迪语和文达语为母语的学生被安排到位于特伏鲁普的新成立的北方大学学院就读,而另一家新办的祖鲁兰大学学院专门接收祖鲁学生。有色人种和印度人分别在开普和纳塔尔有其对应的学校。

每个黑人家园控制其自身的教育、卫生和警力系统。黑人严禁买烈酒,他们只能买国家生产的劣质啤酒(尽管此规定后来放宽了)。公共长椅是种族隔离的。公共游泳池、一些人行天桥、电影院内的停车位、墓园、公园和公厕都是分开使用的。白人区的电影院和戏剧院不允许黑人进入,而黑人区几乎没有电影院。白人区绝大部分的餐馆和旅店不接待黑人顾客,除非是员工方可入内。按照1957年《教堂本地法修正案》的规定,严禁黑人进入白人教堂礼拜,但这条规定从未严格执行。教堂是少数几个不受相关法律约束、允许种族共存的地方。年收入360兰特或以上的黑人须缴税,但白人的纳税门槛是黑人的两倍,即:年收入750兰特或以上才需要纳税。然而,白人的税率比黑人的要高得多。

农业用地以及很多价值极高的住宅用地。大部分黑人在“黑人家园独立”时被剥夺了南非的公民资格,他们再也无法申请南非的护照。黑人很难满足护照申请资格,而且政府认为持有护照是特权,不是权利,因此政府也并没有给很多黑人印发护照。种族隔离制度已渗透在文化和法律中,并由大多数主流媒体牢固地确立起来。

有色人种的分类

人口根据种族分为四大群体:“黑人”、“白人”、“印度人”和“有色人种”(用引号表示这是南非法律原文中的说法)。有色人种包括班图人、科伊人、欧洲人和马来人之间的混血种人,其中很多人是当年被运到南非当奴隶和合同工的印度人、马达加斯加人和中国人的后代。

制定种族隔离制度的部门当时设计了复杂(而专横的)标准,通过实行《人口登记法》来判定有色人种。级别较低的官员负责采取测试的形式判定一个人属于有色人种还是黑人,或者属于有色人种还是白人。有时候,同一个家庭的成员被判定为不同的种族。判定为有色人种后,会通过进一步测试确定此人属于有色人种类别下的哪个种族。在后种族隔离时代,很多之前被判定为有色人种的人都反对继续使用“有色人种”一词,尽管这个词已经不再具有任何法律意义。“所谓的有色人种”(阿非利加语为sogenaamde Kleurlinge)以及“褐色人种”(bruinmense)等表达在80年代被广泛使用。

在种族隔离制度下有色人种受到歧视,国家政策规定他们住在单独的镇区,甚至强迫他们离开其家族世世代代传下来的祖屋。再者,他们只能受到较低等的教育,但比黑人所受的教育要好。 有色人种在反种族隔离运动中发挥了重要的作用:比如,1902年成立的非洲政治组织几乎全由有色人种组成。

1950年-1983年,有色人种的投票权像黑人一样被完全剥夺。然而,1977年,国民党核心高层会议通过了允许有色人种和印度人在中央政府任职的提案。1982年,宪法决案引起了一场白人的公投,最终通过了三院制议会。1983年的修宪允许有色人种和亚洲少数群体在三院制议会中的单独议院中参政。意思就是有色人种这一少数群体可享有投票权,而黑人这一多数群体将成为独立家园的公民。这种隔离政策一直持续到种族隔离制度被废除。三院制改革推动了(反种族隔离的)南非**统一战线(UDF)的形成,旨在防止参选的有色人种和印度人与白人结成联盟。1983年至1989年的UDF和国民党的争斗成了南非左翼和右翼之间最激烈的斗争时期。

种族隔离制度下的女性

殖**义和种族隔离制度对女性产生巨大的影响,因为女性遭到种族和性别的双重歧视。她们很难找到工作。很多黑人和有色人种的女性是农工或家佣,但收入极低,有的甚至无收入。普遍儿童因营养不良和恶劣的卫生条件而遭受疾病的折磨,因此死亡率很高。规定黑人和有色人种工人必须遵循“受控制行动”要求的1923年《土着人城市区域法》以及通行证法律使一些家庭成员分隔两地,因为男性通常在市中心工作而女性被迫留在农村地区。婚姻法和生育也受到了政府以及支持种族隔离制度的荷兰归正会的控制,因为这些机构企图限制黑人和有色人种的生育率。

种族隔离制度下的体育运动

20世纪30年代之前,英式足球反映了南非的分裂社会;足球协会根据种族被分割为数个团体:南非(白人)足协、南非印度人足协(SAIFA)、南非非洲人足协(SAAFA)及其竞争对手南非班图人足协、南非有色人种足协(SACFA)。从黑人的业余足球比赛中可看出,他们缺乏资金购买合适的装备;这就说明与资金明显充裕得多的白人相比,黑人被迫过着不公平的生活。种族隔离制度的社会管理法使得种族间的竞争更难以实现。为了集中资金,各足协于1951年合并,形成了南非足球协会(SASF)。这就把黑人、印度人和有色人种的国家级协会合为一体,形成了反种族隔离制度的团体。新合并的足协越来越受不断壮大的种族隔离政府反对,加之持续的种族歧视政策不断加强城市隔离,因此,这些种族要一起踢足球也就越来越难了。1956年,南非的行政首都——比勒陀利亚政府通过了首部运动种族隔离政策;这一举措强调了白人领导的政府对种族平等主义的反对。

尽管足球深受种族主义之害,但足球在抗议种族隔离制度及其政策的过程中发挥了一定的作用。由于国际足球联合会(FIFA)和国际上其他主要运动赛事明令禁止南非参加,南非在国际上备受关注。1977年的一份调查报告指出,南非白人把缺乏国际运动列为种族隔离制度最严重的三项不利影响之一。到了50年代中期,南非黑人也会利用媒体来质疑南非体育运动的“种族主义化”;反种族主义力量开始指出体育运动是白人民族精神的“软肋”。约翰内斯堡《Drum》杂志社的黑人记者首度报道了这一点,于1955年发表了一份大胆的特刊,当中质问道:“为什幺我们黑人就不能加入南非队?”此后的一段时间,南非的国际关系仍然紧张。80年代时,种族压迫系统正逐渐衰落,ANC和国民党开始了终止种族隔离制度的谈判。各足协也开始商议组成一个单一的、不分种族的组织。80年代后期,这一统一进程不断加快,并最终于1991年12月合并成为南非足协。1992年7月3日,FIFA最终欢迎南非回归国际足坛。

体育运动是南非人生活的重要组成部分,国际球队联合抵制南非参赛对南非白人产生了重大的影响,也许比贸易禁令的影响还大。南非的球队重新受到国际社区的接纳后,体育运动成了南非各种族重新团结统一的主要纽带。南非主办并赢得1995年世界杯橄榄球赛时,曼德拉对原来由白人支配的橄榄球队表示公开的支持,这对修复种族间的破裂关系很有帮助。

种族隔离制度下的亚洲人

由于亚洲人这个少数民族似乎不属于最初定下的三个种族之一,因此种族隔离政府难以定义亚裔人口属于什幺种族。然而,从日本、英属香港、中华民国(**,当时南非认中华民国为中国的合法代表)和南韩来的移民及其后代被定为“荣誉白人”,因为南非与这些国家保持着外交和经济关系。 在种族隔离制度期间,南非印度人被定为从“亚洲人”、“黑人”到“有色人种”、甚至单一民族“印度人”等一系列不同种族,但从未被定为“白人”。事实上,印度人在南非历史上一直被认为是“非白种人”,他们在种族隔离政权期间遭受严重的歧视,并被迫服从多项种族主义政策。 南非华裔既是19世纪末到约翰内斯堡附近的金矿打工的外侨工人的后代,也有后期移民自中华民国的移民及其后代。一开始定为“有色人种”或“其他亚洲人”,因此属于“非白种人”,并受到各种形式的歧视和限制。但是到了一九七零年代中期南非华裔即与来自**的华裔移民后代并列为荣誉白人。 印度尼西亚人以奴隶的身份来到好望角,直到19世纪初期废除奴隶制才摆脱奴隶身份。他们大部分是穆斯林信徒,允许享有宗教自由并成立自己的族群/社区,名为“开普敦马来人”。他们被定为有色人种族群的一部分。 同样,南非马来西亚人的后代也被定义为有色人种之一,因此被认为是“非白种人”。鉴于南非白人对菲律宾人的历史观点,南非菲律宾人被定为“黑人”,其中很多人住在班图斯坦。

电视的种族隔离制度

由于政府认为英语电视节目会对阿非利加语造成威胁,因此直至1976年才引进电视。电视根据种族分台播放——TV1台播放阿非利加语和英语(为白人观众而设),TV2台为祖鲁语和科萨语,TV3台是苏陀语、茨瓦纳语和佩迪语(都是为黑人观众所设),TV4台的节目主要面对在城市居住的黑人观众。

内部反抗

画作:1960年3月沙佩维尔大**
画作:1960年3月沙佩维尔大**

种族隔离制度激起了大量内部反抗。政府以警察暴行回应了一系列民众起义和示威游行,这反过来增加了武装抗议斗争的民众支持。 而对种族隔离体系的精神反抗起于社会几个不同的领域,并成立起分别致力于和平抗议、消极抵抗和武装起义等组织。

1949年,ANC的青年联盟控制了整个大会并启动了一个激进的黑人民族主义计划。新的青年领导者认为只有通过群众运动才能推翻白人政权。在这一思想的指导下,他们1950年推出了《行动纲领》,发起了一系列罢工、联合抵制和公民抗争行动,导致有时与政府发生暴力冲突。

1959年,一群对ANC感到失望的ANC成员另起炉灶,成立了泛非主义者大会(PAC),并于1960年3月21日组织了一场反对通行证的游行示威。其中一场游行在沙佩维尔镇举行,而警方的暴力镇压导致了沙佩维尔大**,69人被警方杀害。

沙佩维尔事件过后,政府宣布进入紧急状态。18,000多名群众被抓捕,其中包括ANC和PAC的领导,而且这两个组织都被明令禁止。随后,组织的部分领导者被流放到国外,余下的成员参加国内的破坏公共设施和****运动,秘密进行反抗行动。

1961年5月,南非宣布成为共和国之前,一个代表被禁的ANC的集会呼吁各族群成员进行谈判,并发出威胁:如果忽略他们的号召,将在共和国的落成典礼期间进行游行示威和罢工。

政府当时忽略了他们的要求,因此罢工者们(主要的组织者之一是42岁的泰姆布族人纳尔逊·曼德拉)实施了他们所扬言的威胁。政府迅速进行反击,授权警方拘留罢工者长达12天,扣押了很多罢工领袖,其中涉及多例使用警方暴力。 行动失败后,抗议者取消了罢工。随后,ANC通过一支新成立的武装组织“民族之矛”(MK)发动了一次武力抗争。MK对国家战略体系实施蓄意破坏公共设施行动,其首次行动计划于1961年12月16日,即:血河之战的纪念日进行。

20世纪70年代,大学生受美国黑**力运动的影响,发起了黑人觉醒运动。该运动支持黑人荣耀和非洲人习俗,并努力改变黑人在种族隔离系统下的缺陷感。运动的领袖史蒂夫·比科于1977年8月18日被监禁,并在拘留期间被打死。

1976年,索韦托的中学生涌上索韦托街头,抗议被强制教授阿非利加语。6月16日,警方在一次和平抗议中向学生开火。根据官方报告,23人死亡。但普遍认为死亡人数达176人,有人估计实际多达700人。随后的几年,几个抗议种族隔离制度的学生组织成立。这些组织是1980年和1983年城市罢课以及1985年和1986年农村罢课的主要发动者。

与学生抗议相似,工会于1973年和1974年开始发起抗议。1976年后,各联合会和工人在反种族隔离斗争中发挥了重要作用,弥补了反对派政党被**的缺口。1979年,黑人工会正式合法化,可参与集体议价,但是罢工仍然是非法的。

几乎在同一段时间,教会和教会组织成为反抗的核心。教会领导也遭到了控诉,某些信仰型组织被明令禁止。但是比起武力组织,教士通常能更自由地批评政府。

虽然大部分白人支持种族隔离制度,但有20%的白人不支持。进步联邦党的成立者海伦·苏兹曼(Helen Suzman)、科林·埃格林(Colin Eglin)和哈里·施瓦兹(Harry Schwarz)在议会上提出反对。其他议会上的抵抗大多来自于南非***和“黑肩带”妇女组织。女性也开始加入到工会组织和被禁的政党中来。

国际关系

南非对安哥拉的安盟和莫桑比克的全国抵抗运动(RENAMO)等游击队团体的支持;

南非国防军(SADF)雇黑帮突袭前线国家(如:哈博罗内突袭),对邻国实施炸弹袭击,并在同一天内以ANC为攻击目标在津巴布韦、赞比亚和博茨瓦纳发动空袭和突袭;

1981年12月18日,企图刺杀津巴布韦总统罗伯特·穆加贝(Robert Mugabe);

对安哥拉的全面干预:一方面是支持安盟,另一方面是企图袭击SWAPO的基地;

在莱索托实施炸弹攻击;

警卫人员在斯威士兰绑架难民和ANC成员;

1981年11月25日,南非试图在塞舌尔发动政变未遂;

谋杀流放在外的ANC领导人:乔·斯洛沃(Joe Slovo)的妻子鲁斯·弗斯特(Ruth First)于马普托遭包裹炸弹被杀害,国民合作社的“暗杀团”和军事情报局的理事会企图在布鲁塞尔、巴黎、斯德哥尔摩和伦敦暗杀ANC成员。

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80年代期间,由波塔领导的南非政府越来越注重****。政府设立了一个强大的****机构,在各项改革可能触发的突发性政治暴力事件中“保护”国家。80年代成了政治**不断的时代。政府也日渐变得由波塔的将军和警官等军事领导(南非白人政权时期的政府官员,称为“securocrats”)所统治,他们负责应对各种紧急状况。

波塔执政期间,对南非的邻国实施了多次军事干预,并为剿灭SWAPO在纳米比亚举行了一次大规模的军事和政治运动。同时,在南非境内,警方开展大量行动,严格执行安全法规,导致成百上千人被捕和被查禁,并且有效地终止了ANC的破坏公共设施行动。

政府残忍地惩罚政治犯——每年有40,000人受鞭刑。大部分人所受的鞭刑远超出了他们犯下的政治罪行所应得的惩罚。 若叛国罪罪名成立,将受到绞刑,而政府以此种方式处决了很多政治犯。

随着80年代的推进,越来越多反种族隔离组织成立并成为UDF的隶属机构。在艾伦·博萨克牧师(Reverend Allan Boesak)和艾伯蒂娜·西苏鲁(Albertina Sisulu)的领导下,UDF呼吁政府放弃其改革,废除种族隔离制度,完全取消黑人家园。

紧急状态

1985年至1989年间,黑人镇区成为反种族隔离组织和波塔政府之间斗争的焦点,因此,严重的政治暴力事件是这段时期的显着特征。80年代期间,镇区人们通过反抗所在社区的地方事务来抵制种族隔离制度。这种抵制的主要目的是反抗支持政府的当地官员和领导。1985年,ANC的目标是通过集体拒付租金和其他军事行动,使黑人镇区变得“无从管制”(后来用“人民的力量”来形容)。很多镇区委员会被推翻或击败,取而代之的是由激进的青年领导的非官方人民组织。人民法院成立了,涉嫌是政府间谍的居民会受到极刑,严重时甚至是致命的惩罚。黑人镇区的议员和警察,有时连他们的家人也遭到汽油弹袭击、痛打、“火项链”酷刑谋杀,即用有刺铁丝缠住他们的手腕后,把轮胎装满汽油放置在他们的脖子上并纵火。这种典型的折磨和谋杀法被ANC及其领导者认同。

1985年7月20日,波塔宣布36个镇区进入紧急状态。受影响的地区包括东开普和PWV区(即:比勒陀利亚、维瓦特斯兰、弗里尼欣)。三个月后,西开普也受到了影响。越来越多的组织被禁止或列入名单(某种程度受限);很多人遭到软禁等限制。在紧急状态期间,约2,436人根据《国内安全法案》被拘留。这一法案赋予了警察和军队全面的权力。政府可实行宵禁,控制人们的活动。总统可实行**统治,不需参照宪法或征求议会意见。口头威胁或持有政府认为据恐吓性的文档、劝说任何人旷工或反政府、在政府公布名单之前泄露紧急状况下被捕人员的姓名均属刑事犯罪,可被判长达10年有期徒刑。未经审讯的拘留是政府应对越来越多的民众**的常见手段。截至1988年,30,000人被关押。媒体受到审查,成千上万人被拘捕,其中很多人遭到盘问和严刑逼迫。

1986年6月12日,索韦托起义十周年纪念日的四天前,整个国家都进入了紧急状态。政府修订了《公共安全法》,给与了政府宣布“**”区的权利,并允许在这些地区采用特殊手段镇压抗议活动。极其严格的媒体检查制度成了政府的主要策略,电视镜头严禁进入这些区域。国家广播电台公司南非广播公司(SABC)制作了支持政府的宣传片。随着南非内支持ANC的****不断增多,各媒体愈发反对这一检查系统。 1987年,紧急状态又往后延长两年。同时,约200,000名南非全国矿工工会成员开始了南非历史上持续时间最长(为期三周)的罢工。1988年,UDF和其他反种族隔离组织的活动被禁止。

80年代末和90年代初的**大多矛头指向政府,但很多**源于居民之间的矛盾。很多人死于因卡塔自由党和UDF-ANC派之间的暴力斗争中。直到后来才得以证实,政府当时时而支持一方,时而又倒向另一方,以此来操纵局面。政府官员暗杀南非国内和国外的政敌;他们对涉嫌是ANC和PAC的基地实施跨境陆地和空军袭击。ANC和PAC则通过炸毁饭店、购物商场和地方法庭等政府大楼进行还击。据真相与和解委员会的数据显示,1960年至1994年间,因卡塔自由党杀害了4,500人;南非安全部队杀害了2,700人;ANC杀害了1,300人。

紧急状态一直持续到1990年才被弗雷德里克·威廉·戴克拉克(F.W. de Klerk)总统解除。

种族隔离制度的最后几年

因素 制度性种族歧视 种族隔离制度是由于殖民地因素所导致的种族主义以及南非“特有的工业化”而形成的。“专门为了扶持如采矿等早期产业和培养资本主义文化而设的”工业化政策导致了对人的隔离和分类。廉价劳动力是整个国家经济的基础,而这些廉价劳动力来自于国家所划分的农民和移民群体。再者,历史教授飞利浦·博纳(Philip Bonner)强调,由于南非经济没有制造业,因此促进短期利益的同时却限制了劳动生产效率和本地市场规模,形成了“相互矛盾的经济效益”。这也是导致南非经济衰败的原因,正如“克拉克斯所强调的,由于无法同时驾驭廉价劳动力和复杂的工序,南非经济无法与国外对手竞争”。 经济矛盾 此外,种族隔离国经济上的矛盾引发了大量对国家政策的争论以及中央的分歧和冲突。 在很大程度上,种族隔离制度的政治意识形态产生于西方国家对非洲的殖民地开拓。当时西方国家打着“教化下等土着人”的旗号,把种族歧视和奴役制度化。这一思想可见于加尔文派的基督教民族主义中,体现了西方的种族隔离意识形态。比如,“1933年,布朗德班市议会的行政长官执行了全面群众隔离”。与经济上类似,各政党的政策之间也充满了矛盾。后来随着不同的政治团体出现,其中有很多反对种族隔离,出现了“加速种族隔离制度瓦解的1984年镇区起义” 等**,这种矛盾才得以弱化。 西方影响 伦敦的南非大厦发生反种族隔离抗议,1989 西方的影响,特别是拓殖可以说是对政治意识形态影响最大的因素之一。尤其是南非被称为“被种族主义扭曲的守旧版的西方文明”。 然而,西方影响也推动了种族隔离制度的结束。“苏联的势力及其**主义影响衰退后,西方国家不能再容忍种族隔离制度并公开挑明,鼓励向**、自决的方向迈进”。 60年代时,南非的经济增长速度仅次于日本。南非与西方国家的贸易往来不断增加,美国、法国和英国的投资也源源不断。 1974年康乃馨革命后,葡萄牙从其殖民地莫桑比克和安哥拉撤离,促进了人们对种族隔离制度的反抗。南非企图阻止MPLA在安哥拉夺权失败,于1976年初从安哥拉撤军,南非的黑人学生为此庆祝。 1974年,由曼戈苏图·布特莱齐(Mangosuthu Buthelezi)和哈里·斯瓦兹(Harry Schwarz)签署的《马赫拉巴蒂尼信仰宣言》庄严地载入了和平移交权力和人人平等的原则。宣言的宗旨是在南非实现一个种族间和睦相处的多种族社会,强调机会均等、磋商、联邦理念和一份《**法案》。该宣言导致了统一党的分裂,最终在南非形成了反对派政党——进步联邦党于1977年成立。这是南非第一个由为公众认可的黑人和白人政治领袖所成立的政党。 1978年,国民党的国防部长彼得·威廉·波塔(Pieter Willem Botha)成为南非首相。波塔的白人政权担心苏联会协助推动南非的革命,而且经济发展正在放缓。新政府承认投入了过多资金去维持被隔离的黑人家园,事实表明这些黑人家园是浪费财政资源的。 此外,把黑人界定为三等公民也带来了不良后果。黑人劳工是经济的支柱,非法的黑人工会正如雨后春笋般涌现。很多黑人仍然很贫穷,无法通过其购买力为经济作贡献,但黑人人口占总人口的70%以上。波塔的政权认为恐怕需要一剂解药才能防止黑人追随**主义。 1979年,尼日尔利亚政府称壳牌-英国石油开发尼日尔利亚有限公司(SPDC)把尼日尔利亚的石油卖给南非,尽管这样的交易既无证据可证明,也无商业逻辑可言。 这一传闻中打破制裁的行为是为没收英国石油在尼日尔利亚的部分资产,其中包括在SPDC的股份所制造的正当理由,但真正的原因似乎应归咎于尼日尔利亚大选前的经济民族主义和国内政局。很多南非人在尼日尔利亚上学,曼德拉也多次表彰尼日尔利亚在反种族隔离斗争中所起的作用。 80年代时,美国和欧洲的反种族隔离运动支持南非的联合抵制行动、支持美国公司从南非撤走、支持释放曼德拉。南非成了被国际社会摒弃的国家。美国人和其他国家的人不再对南非进行投资,继而各国纷纷执行撤资政策。 令人瞩目的学生抗议事件:伊利诺大学各校区 在全美国发生了几起由学生领导的反种族隔离抗议,希望说服所在高校支持对南非撤资。1977年,伊利诺大学厄巴纳-尚佩恩分校反种族隔离联盟(CU-CAA)成立后,学生们拼命地说服学校考虑撤资,先是到伊利诺大学基金会,后到校长约翰·科巴里的办公室,敦促他举行一场反种族隔离的辩论。虽然校长先生很犹豫,但其他大学的行政人员同意支持联盟,继而促进了1983年“伊利诺从南非撤资联盟”(CIDSA)的成立。这一联盟与CU-CAA合作继续进行运动。 然而,对于学生提议校董会主席妮娜·谢泼德推迟拨出学校对南非公司投资的2100万美元,学校一直予以否决。因此,1985年6月21日,学生们在芝加哥校区组织了一次公开抗议,最后16名学生被捕。这种紧张局势一直持续,导致1986年4月12日学校决定加收6.4%的学费。随后又爆发了一系列抗议,导致60名学生被捕。第二天,300名学生发起了一场“模拟**”。随着反抗行动的持续,校长斯坦利·伊肯伯利于1986年9月11日提出的撤资提案被否决,继而1987年1月14日一份校董会决议呼吁实施18个月的撤资计划。虽然计划初衷是好的,但最终决定仅撤资330万美元。 三院制议会 80年代初期,波塔的国民党政府开始意识到改革种族隔离制度是势在必行之需。早期改革的驱动因素包括国内的**、国际上的谴责、国民党拥护者的态度转变以及人口的变化——15年前,白人占总人口的20%,而今只占16%。 1983年通过新宪法,实行所谓的“三院制议会”,在单独的议院分别给予有色人种和印第安人选举权和议会席位——为白人而设的参议院(178名议员)、为有色人种而设的众议院(45名议员)和为印度人而设的代表院(45名议员)。每个院处理与对应种族群体“内部事务”相关的法律,包括卫生、教育和其他地区事务。所有关于“综合事务”(如国防、工业、税收和黑**务等)的法律交由三院代表所组成的内阁处理。然而,白人议院占这一内阁的大多数席位,有效地确保国家事务仍由白人掌控。黑人虽然占总人口的大多数,但被排除在外;他们依然是黑人家园名义上的公民。 首次三院制选举受到有色人种和印度人选民的联合抵制,当中还引发了大规模的骚乱。 波塔政权下的改革以及与ANC的接触 波塔担心曼德拉赢得民望,于是把他谴责为致力于暴力革命的极端马克思主义分子。但为了平息黑人的意见,并把曼德拉塑造成黑人和蔼可亲的领导,政府把他从罗本岛转移至波尔斯穆尔监狱,就在距开普镇不远的农村。这个监狱的条件比罗本岛上的要好。政府允许更多的访客探望曼德拉,其中包括国外人士的探望和访问,目的是让全世界知道曼德拉在狱中受到良好对待。 黑人家园被正式宣布成为单一民族的独立国家,通行证法律被废除。黑人工会合法化,政府承认黑人永居于城市地区的权利,并赋予黑人在市区的房产权。很多人认为应当废除禁止种族间联姻的法律,同时废除禁止种族间性交的法律,此类法律已成了国外的笑柄。政府增加了对黑人学校的资金投入,从1968年人均投入仅为白人儿童的十六分之一上升至七分之一。同时,政府注重提高警方机构的效率。 1985年1月,波塔在参议院中发表讲话,称如果曼德拉保证以后不再就进一步的政治目的发起暴力行动,政府愿意释放曼德拉。曼德拉对此的回应由他的女儿津齐(Zindzi)公开宣读——这是自21年前曼德拉被宣判入狱以来首次对外公开的讲话。曼德拉形容暴力是种族隔离政权逼迫的结果,并认为有了**,就再也不需要暴力。在场的听众传来阵阵喝彩和欢呼。曼德拉的此次回应使得他在国内外反种族隔离人士的心目中地位再次提高。 1986年-1988年间,一些“小隔离法”的法律被废止。波塔告诫南非白人“适者生存,不适者淘汰”,尽管他曾两次在最终宣布进行重大改革之前犹豫不决,两次的结果都是撤回了这些变革。讽刺的是,这些改革反而在余下的80年代期间触发了更激烈的政治暴力行动,越来越多国内的社区和政治群体加入了反抗运动。此时,政府决定停止进行深度改革,比如解除对ANC、PAC、南非***(SACP)和其他解放组织的禁令、释放政治囚犯、或撤销“大隔离法”的根本法律。政府的立场是只有这些组织“宣布放弃使用暴力”,政府才会考虑进行谈判。 1987年,南非成了世界上经济增长最缓慢的国家之一,而且国际上禁止南非参加任何体育赛事,令很多南非白人感到不满和失望。非洲国家中也不乏由黑人领导、白人为少数群体的例子,如肯尼亚和津巴布韦。南非终有一天由黑人当总统的传言使更多极端的白人加入右翼政党。曼德拉被转移至距开普镇不远的一座劳改场,独自住进了一座四个卧室的房子,带有游泳池,房子周围绿树成荫。他在那里与波塔进行了一次私下会面。会面时,波塔主动走向前与曼德拉握手,并主动为他倒茶,这给曼德拉留下了深刻的印象。两人进行了友好的谈话,曼德拉比较了ANC的起义和南非白人的起义,并谈到了四海之内皆兄弟。 流放在外的ANC与国内斗争的各个团体,如妇女和教育家等群体进行了多次秘密会面。另外,一群白人知识分子与ANC于塞内加尔较为公开地会面,进行谈判。 弗雷德里克·威廉·戴克拉克(F.W. de Klerk)总统 戴克拉克与曼德拉于达沃斯,1992 1989年初,波塔身患中风;他于1989年2月被劝辞职。同年,弗雷德里克·威廉·戴克拉克(F.W. de Klerk)继任总统一职。虽然他一开始给人们的印象是个守旧的人,但他果断地决定进行谈判,结束南非的政治僵局。1990年2月2日,戴克拉克在议会的开幕致辞中宣布他将废止种族歧视法律,解除对ANC、PAC、SACP和UDF等主要反种族隔离组织为期30年的禁令。土地法被废除。戴克拉克还作出了首次公开承诺:释放曼德拉、归还媒体自由以及终止死刑。最终,媒体限制解除了,没有触犯普通法的政治囚犯被无罪释放。 1990年2月11日,经过长达27年的监禁后,曼德拉从维克托·韦斯特监狱被释放。 联合国安理会责令南非结束在非州西南部(即现纳米比亚)的长期干预;南非与南安哥拉陷入军事僵局;南非与古巴、安哥拉和SWAPO部队的战争规模和开销越来越大;边境战争的成本越来越高……面对上述种种状况,南非提出转移控制权。纳米比亚于1990年3月21日独立。 谈判 经过1990年至1993年的一系列谈判,种族隔离制度被废除,最终于1994年举行了首次南非普选。 1990年至1996年,种族隔离制度的法律机构逐步废除。1990年,政府与ANC召开了两场会议,双方开始真诚地谈判。这些谈判的目的是为权力的和平转接作铺垫。会议为之后的谈判定下了前提条件,但国内的局势仍然紧张。 第一场会议上,国民党与ANC协商了推动谈判的条件。会议于总统的官邸格鲁特·舒尔举行。会后,他们发布了《格鲁特·舒尔会议记录》。记录上说明谈判开始前将会释放政治囚犯,而且允许所有流放者回国。 有人担心此次权利转接会引起暴力事件。为此,各政党之间必须达成一个和平的解决方案。1991年12月,南非**大会(CODESA)开始商议如何成立多种族的过渡政府,如何制定新型宪法,保证所有种族享有政治权利。CODESA签署了一份意向声明,并致力于创建“团结统一的南非”。 废除种族隔离制度的改革和谈判引起了右派白人的强烈反对,导致保守党在多次补选中击败了国民党候选人。于是,戴克拉克在1992年3月发起了一次仅限白人的公投,决定是否应该继续谈判。结果公投赢得了68%的赞成票,为戴克拉克和他的政府注入更多信心,也坚定了国民党在谈判中的立场。 1992年5月,谈判得以继续。在CODESA第二次会议中,谈判双方提出了更强硬的要求。ANC和政府无法就过渡期间权力的分配达成协议。国民党希望在过渡政府期间保持强势地位,并有权推翻议会所通过的决定。 谈判期间,持续的暴力事件使紧张局势加剧。主要原因包括因卡塔自由党(IFP)和ANC之间的剧烈竞争、一些传统部落的爆发、以及在纳塔尔南部省份尤为多见的祖鲁和科萨的历史部落之间的本地对抗。尽管曼德拉和因卡塔自由党的总裁布特莱齐会面以解决双方的分歧,但还是无法遏制暴行。其中最严重的ANC-IFP暴力案件是1992年6月17日的博伊帕通大**,200名IFP激进分子攻击豪登省的博伊帕通镇,杀害45人。目击者称那些人开着警车来,证明是警方和军队的某些分子导致了持续的暴力事件。随后的司法审讯发现目击者的证据不实或不可信,没有证据表明国民党或警方参与到大**中。戴克拉克到访案发现场时,本来受到热烈欢迎,但后来突然被一群示威者围着挥动石头和标语牌。当警方试图制止这群示威者时,一列车队突然从现场加速驶过。警方开枪,PAC称其三名拥护者被击倒。然而,博伊帕通大**给了ANC采用边缘政策的借口。曼德拉则认为戴克拉克作为国家首脑有责任制止流血事件,同时指责南非警方煽动ANC-IFP之间的暴力行为。这为ANC推出谈判奠定了基础,CODESA谈判在这一阶段完全中断。 1992年9月7日的比绍大**使事态陷入不可挽回的地步。ANC要求把西斯凯家园重新合并到南非而**游行,西斯凯防卫部队向游行者开火,致29人死亡,200人受伤。事后,曼德拉和戴克拉克同意会面,商量如何遏制不断爆发的暴力事件,而这使谈判得以继续进行。 右翼势力的**也增添了这段时期的敌对行动。1993年4月10日克里斯·汉尼(Chris Hani)被暗杀,预示着整个国家将陷入混乱状态。汉尼是深孚众望的SACP秘书长,于1993年在约翰内斯堡的黎明公园被一名与白人民族主义的阿非利卡人抵抗运动(AWB)关系密切的波兰难民亚努斯·瓦卢斯暗杀。除了在SACP和ANC中的拥护者外,汉尼受到群众的广泛支持,被认为是曼德拉最有希望的继承人;他的死引发了全国和国际上的抗议,但最终推动了转机的出现——汉尼死后,各主要党派更加坚定地要求和解。1993年6月25日,AWB用一台装甲车猛然冲进肯普顿公园世贸中心,当时谈判委员会正在里面进行讨论,但这并没有妨碍谈判过程。 除了持续不断的黑人间暴力争斗外,PAC的军事组织阿扎尼亚人民解放军(APLA)对白人公民发动了多次攻击。PAC企图通过吸引愤怒而急躁的青年人的支持,从而巩固大会的地位。在1993年7月25日的圣·詹姆斯教堂大**中,APLA的成员向开普镇的一个教堂开火,导致11名会众死亡,58名受伤。 1993年,戴克拉克和曼德拉“由于为和平结束种族隔离政权作出了杰出贡献,为创建新的**南非奠定了根基”而被共同授予诺贝尔和平奖。 **一直持续至1994年大选。黑人家园“博普塔茨瓦纳”的领导卢卡斯·曼戈普(Lucas Mangope)宣布博普塔茨瓦纳拒绝参加大选。根据协商的决定,临时宪法一经生效,黑人家园将重新回归南非,但曼戈普不希望这样。曼戈普的决定遭到了强烈的抗议,导致3月10日在博普塔茨瓦纳发生了政变。尽管右翼白人干预政变,希望继续由曼戈普掌权,但最终曼戈普被罢免。在干预过程中,三名AWB激进分子被杀,惨不忍睹的照片在南非国内电视上播出并在世界各地见报。 大选前两天,约翰内斯堡发生一起汽车炸弹爆炸,九人遇害。大选的前一天,发生了另一起爆炸案,致13人受伤。1994年4月26-27日凌晨,降下旧国旗,人们齐唱旧国歌(现双国歌之一)《南非的呼唤》,随后升起新的彩虹旗并唱起另一首国歌《天佑非洲》。 1994年大选 1994年新国旗标志着种族隔离制度的终结。 大选于1994年4月27日在全国顺利举行,2000万南非人投了属于自己的一票。虽然组织农村地区的投票遇到一些困难,但人们明显怀着善意,耐心等待数小时进行投票。为了给每一个人投票机会,政府额外增加了一个投票日。国际观察员们认为,此次大选是自由而公平的。欧盟对此次大选的报告于1994年5月开始编写,于大选的两年后出版,当中批评了独立选举委员会没有对投票处做好准备,很多投票站选举材料不足,以及在计票过程中缺乏防止舞弊的有效防护手段。报告中还指出“在各党代表就有争议的选票进行谈判这一关键计票阶段,不允许任何国家观察员到场”,这一点尤为堪忧。也就是说,全体选民和全世界都“被蒙在鼓里,不知道最终选举结果是如何产生的”。 ANC赢得了62.65%的选票,还没达到可以重写宪法的比率66.7%。400个席位中,ANC成员占了252个。国民党赢得大部分白人和有色人种的选票,成为正式的反对党。大选除了选出国家政府外,还选出各省的政府。ANC在全国九省中的七个省份胜出,国民党在西开普省胜出,IFP在夸祖鲁-纳塔尔省胜出。1994年5月10日,曼德拉宣誓就职南非总统。全国统一政府成立,其内阁由12名ANC代表、6名国民党代表和3名IFP代表组成。塔博·姆贝基(Thabo Mbeki)和戴克拉克成为副总统。 每年大选的周年纪念日4月27日被定为名为“自由日”的公共假日。

法法词典

apartheid nom commun - masculin ( apartheids )

  • 1. politique ancienne politique de ségrégation raciste instaurée par les Blancs d'Afrique du Sud contre les gens de couleur

    l'abolition de l'apartheid

  • 2. mise à l'écart d'une population, en fonction de sa différence ethnique, culturelle ou religieuse

    être victime d'un apartheid social

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malodorant a. (m) 恶臭的, 难闻的

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