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词典释义:
seigneurial
时间: 2023-09-22 16:40:57
[sεɲœrjal]

seigneurial, ale; pl.~auxa.领主, 领主

词典释义
seigneurial, ale; pl.~aux
a.
领主, 领主
terre seigneuriale领主土地
法语百科

Jean II adoubant des chevaliers, enluminure des XIV / XV siècle, BNF.

La féodalité est un système politique ayant notamment existé en Europe entre le X siècle et le XII siècle, dans lequel l'autorité centrale s'associe avec les seigneurs locaux et ceux-ci avec leur population selon un système complet d'obligations et de services. Le terme « féodalité » est issu du latin médiéval feodum, « fief », qui vient probablement lui-même du francique fehu, « bétail », et/ou du gotique faihu, « argent, possession ». Le mot « féodalité » est un mot savant et tardif employé au XVII siècle. Il dérive du mot fief par l’intermédiaire de l’adjectif féodal. Fief et Féodal sont beaucoup plus anciens : sous leur forme latine — la seule usitée à l’origine — « fief », en latin fevum, remonte au X siècle, mais ne s’est guère répandu qu’au XI siècle, tandis que « féodal », feodalis date du XI siècle.

Définition : une ou plusieurs féodalités ?

Plusieurs définitions peuvent être proposées au terme de féodalité. La féodalité peut être conçue comme un système politique caractérisé par de forts liens de dépendance d'homme à homme, avec une forte hiérarchisation d'instances autonomes, l'autorité centrale, le pouvoir souverain, la puissance publique étant partagée dans les faits avec des principautés ou des seigneuries, et un important morcellement du droit de propriété s'appuyant sur la détention de fiefs. La féodalité peut aussi être définie comme un ensemble d'institutions et de relations concernant toute la société dite féodale, créant et régissant des obligations et des services — principalement militaires — de la part d'un homme libre, dit « vassal », ayant le plus souvent pour effet la concession par le seigneur au vassal d'un bien, dit « fief ».

Le sens de féodalité utilisé au XVIII siècle dépend du contexte chronologique et spatial : il renvoie en réalité au système de gestion diluée de la puissance publique, la potestas en latin, en Occident entre la fin du IX et le XIII siècle. L'État, l'autorité publique, issus du monde gréco-romain, restaurés sous l'empire carolingien, se disloquent. Les anciens agents de l'Empire responsables des prérogatives régaliennes se les approprient et affirment leur autonomie à partir de l'affaiblissement de la lignée carolingienne à la fin du IX siècle.

Historiographie du paradigme de la société féodale

Cette société féodale serait, d'après certains historiens comme Pierre Bonnassie ou Jean-Pierre Poly, le résultat de la disparition de l'autorité publique autour du XI siècle, due à une crise sociopolitique, la mutation féodale ; mais d'autres chercheurs, comme Dominique Barthélemy, ne distinguent pas de changement majeur entre les temps carolingiens et le XII siècle, quelques auteurs allant jusqu'à nier la notion même de féodalité.

Au IX siècle, l'Occident connaît de nouvelles invasions. Grâce à leurs navires bien adaptés, les Vikings, venus de Scandinavie (Nord de l'Europe d'où « Normands »), parviennent à remonter les cours d'eau et à piller l'Occident. La défense du pays est exercée par les représentants du roi dans une circonscription, comtes, abbés et évêques, car le roi n'a pas d'armée pour surveiller en permanence les estuaires et les fleuves. En se substituant localement au roi et en exerçant les mêmes droits que lui dans leurs seigneuries, ils gagnent un certain pouvoir envers les populations.

Principes

À partir des invasions germaniques, le principe de lien personnel entre les Princeps, l'empereur Romain, et les rois germaniques a pour conséquence l'introduction des liens de dépendance personnels dans la sphère publique.

On peut caractériser le féodalisme par l'ensemble des institutions et usages contractuels entre suzerains et vassaux : le suzerain doit à son vassal l'entretien, généralement sous la forme d'une concession de fief (terres ou droits, ou encore rente), et la protection. En retour le vassal est tenu de fournir à son suzerain aide et conseil (foi et hommage).

Ce type de relations, au départ limité à l'aristocratie guerrière, où le roi, « suzerain des suzerains », attribue des fiefs à ses fidèles pour protéger plus efficacement son domaine, s'est étendu à l'ensemble de la société, les « serfs », personnes attachées à la terre du seigneur, ayant un rapport de vassal à suzerain avec leur seigneur. La féodalité désigne alors une société caractérisée par la hiérarchie des terres et des personnes, le morcellement des terres et de l'autorité, la domination de la classe combattante. Le vassal était celui qui, ayant reçu une propriété territoriale nommée bénéfice ou fief, se trouvait par là dans la dépendance du garant de cette propriété, auquel il devait foi et hommage, en échange d’une assistance de son suzerain dans certains cas. Le suzerain était celui qui, ayant conféré le fief, avait droit à l'aide du vassal.

Du reste, le même seigneur pouvait être suzerain pour certains fiefs (ceux qu'il avait conférés), et vassal pour d'autres (ceux qu'il avait reçus). Ainsi Sigismond, roi des Burgondes, écrit-il en 518 à l'empereur romain Justin, installé à Constantinople, pour rappeler les liens de dépendance personnelle que ces deux personnes entretiennent l'une envers l'autre : Sigismond n'est que le délégué de l'empereur sur un certain nombre de comtés, et il n'est délégué du Princeps que parce qu'il lui a rendu hommage ; ce lien entre vassalité et service public perdure jusqu'au XIV siècle.

Origines

Un système féodal reposant sur le clientélisme paraît avoir existé en germe chez les Celtes et les Germains ; il fut régulièrement établi en Gaule à l'époque de la conquête par les Francs ; toutes les terres conquises sont alors divisées en « terres libres » dévolues par le sort à des chefs indépendants, et bénéfices ou fiefs (comme on les nomma plus tard) terres concédées par un chef à ses compagnons d'armes en récompense des services qu'ils lui avaient rendus à la guerre.

Le système vassalique

Les Pippinides héritent du système de relations personnelles germaniques, de la clientèle de la noblesse mérovingienne. Rapidement, pour être en mesure de rémunérer les fidélités, les maires du palais pratiquent le procédé du « chasement » : un vassal est doté d'un bénéfice, souvent les revenus d'un domaine, souvent ecclésiastique et doit subvenir à ses besoins, les siens et ceux de sa petite suite, sur ce domaine. En général, lorsqu'il s'agit d'un domaine ecclésiastique, le guerrier est placé sous la dépendance de l'abbé, mais cette fiction est permise par la mise en place de la précaire : l'abbé confie au maire du palais pippinide le domaine, qui le rétrocède en précaire (precaria en latin) aux fidèles.

À ce système se superpose la conception du pouvoir romain, la potestas, qui est détenue par le « sénat et le peuple », le sénat devenant le roi. À aucun moment, cette notion n'est remise en cause, et le princeps est le dépositaire suprême du pouvoir ; il est donc indispensable, même s'il n'a aucun pouvoir réel. La vacance du trône mérovingien entre 737 et 743 est tellement émaillée de révoltes que les fils de Charles Martel éprouvent en 743 le besoin de tirer d'un monastère un rejeton mérovingien, installé sur le trône, mais sans pouvoir réel.

Le système vassalique carolingien, moyen de gestion de l'État

C'est naturellement que les Carolingiens reprennent à leur compte le système mis en place par leur ancêtre Charles Martel, mais l'appliquent à la gestion territoriale de l'État.

Le bénéfice, rémunération d'un office public

La dynastie carolingienne s'appuie sur le système vassalique pour réorganiser l'État. Charlemagne réorganise les royaumes en vastes ensembles territoriaux, placés sous la tutelle des missi dominici (« envoyés du maître ») qui gèrent une circonscription territoriale le missacatus, constitué de plusieurs comtés, placés chacun d'entre eux sous la férule d'un fonctionnaire public, le comte, rémunéré par la remise temporaire de terres et/ou de revenus publics, le bénéfice, qui constitue sa rémunération.

Le comte est régulièrement contrôlé par le roi, qui délègue sur place des missi dominici, deux en général, un évêque et un comte de son entourage, qui contrôlent sa gestion, s'assurent que la part du roi est régulièrement versée.

Le fonctionnement du système

Durant le règne de Charlemagne et une partie de celui de son fils, le système fonctionne bien, sans révolte nobiliaire grave, mais le système s'appuyait sur l'existence de butin, prélevé lors de campagnes victorieuses. La disparition du butin, liée à la fin des guerres d'expansion, est donc l'une des causes principales de la fragilisation du système. Le butin permet en effet au roi de récompenser les fidélités sans pour autant aliéner ses biens propres et les fiscs royaux. Au cours du règne de Louis le Pieux, l'essor territorial ne prend plus la forme de campagnes militaires victorieuses, mais de lents efforts de grignotages de terres à l'Est et en Espagne. La part due au roi du versement des amendes et les nominations sont contrôlées par le roi jusque dans les années 830, dans tout l'empire, et dans certaines contrées jusque dans les années 870. Les missi assurent leurs fonctions au service du roi, mais la restriction de l'horizon territorial finit aussi par les toucher dans les années 865 et c'est à ce moment que Charles le Chauve cesse de se manifester en Catalogne, par exemple.

Le dérèglement du système sous le règne de Louis le Pieux

À partir des années 830, l'empire franc s'enfonce dans les guerres civiles autour de la succession de Louis le Pieux, avec d'une part, l'empereur Louis appuyé sur le clan Welf de son épouse Judith, qui soutient son fils Charles le Chauve, et d'autre part, les deux fils, Louis et Lothaire. Les grands du royaume profitent des dissensions familiales pour augmenter leurs revenus, leurs immunités, les terres publiques qu'ils contrôlent déjà… Ils dessinent ainsi les configurations mouvantes des années 830, se rapprochant des fils ou du père, selon leurs intérêts ; pendant cette période, chacune des parties, les fils aînés de Louis d'une part, et Louis de l'autre, mènent une lutte d'influence pour le soutien de la noblesse, chacun débauchant les fidèles de l'autre en promettant et en donnant beaucoup : des domaines, des abbayes, des charges lucratives. Cependant, à aucun moment, la fiction du contrôle de ces bénéfices par le roi n'est remise en cause : la potestas (pouvoir de juger) se parcellise, mais ne disparaît pas

Charles le Chauve et le système : un louvoiement perpétuel

À peine entré en possession de sa part d'héritage, Charles le Chauve définit par le capitulaire de Coulaines en 843 les termes du contrat qui le lie à son aristocratie, dont une partie a été déracinée, selon les clauses du traité de Verdun : aux uns, « la jouissance paisible de leur fonction » à l'autre, « aide et conseil ». Cette formation (« fonction ») indique que Charles le Chauve s'appuie sur une noblesse de fonctionnaires (entendu, qui exerce des fonctions au sein de l'État), de plus en plus territorialisée et de moins en moins amovible. En outre, si le roi dispose d'un pouvoir de contrôle, mais aussi de nomination aux grands commandements, les nominations, de fait, sont validées par les grands de son royaume. Le roi contrôle directement un certain nombre de domaines, de monastères et de revenus et dispose donc encore d'une certaine marge de manœuvre face à son aristocratie ; en outre, il s'appuie sur le clergé, dont Hincmar, archevêque de Reims, théoricien et garant du système mis en place durant son règne. Charles le Chauve dispose encore de pouvoirs réels, mais au fil de son règne, ses moyens s'amenuisent, et c'est par une intense activité qu'il parvient à les maintenir, et sur certains points à les abonder, appuyé sur un clergé fidèle, groupé autour d'Hincmar de Reims.

Le roi, arbitre du système et garant de son équilibre

À aucun moment la présence du roi n'est remise en cause, mais dans les faits, celui-ci se cantonne au nord de la Loire, là où le danger est le plus proche et le plus pressant, là où, abbé laïc, il contrôle le plus grand nombre d'abbayes, notamment les plus riches, là où il contrôle directement ses comtes, sans la médiation d'un duc ou d'un marquis.

À partir de ce moment, toutes les révoltes nobiliaires ont pour but de ramener le roi dans les limites fixées à Coulaines. Les grands se font entendre, lors de plaids ou de révoltes, lorsque le roi transgresse ses prérogatives, trafique les honneurs, ou modifie à son profit les règles du droit, car il est garant de l'équilibre de l'ensemble et le soutien qu'il reçoit est fonction de sa politique, conforme à la justice et au droit. Cependant, s'il y a progressivement patrimonialisation des charges publiques, l'héritier doit voir sa fonction confirmée par le roi ou son représentant (duc ou marquis), par la remise du cingulum et du pallium, rappel des insignes consulaires romains, et symboles de la potestas. Il y a un souvenir de cette pratique quand Hugues Capet demande à un de ses comtes « Qui t'a fait comte ? » preuve de la survivance de cette croyance.

Expansion de l'empire carolingien sous Charlemagne.

Le pouvoir royal s'affaiblit considérablement et l'Europe se divise en principautés entre lesquelles les communications diminuent. En France, l'hérédité des fiefs, déjà préservée en 587 par le traité d'Andelot, l'est de nouveau trois siècles plus tard par le capitulaire de Quierzy (877) qui l'étend aux gouvernements des provinces de l'empire carolingien. Commence alors la véritable époque féodale ; les possesseurs des fiefs devenus héréditaires accroissent facilement leur puissance sous les derniers Carolingiens, et certains de ces grands feudataires deviennent de fait indépendants.

Les principales sources sont ecclésiastiques et doivent être analysées avec prudence ; les nombreuses exactions dénoncées par les clercs, comme les brigandages, ne sont pas forcément des actes de violence directe : les châtelains essayent d'imposer des taxes aux habitants des terres d'église ce qui ampute les revenus des religieux. Ces « brigands » sont bien souvent des spoliateurs de l'Église en ce sens qu'ils contestent ou rejettent les droits des églises sur les terres dont ils sont les héritiers. Les adversaires de l'Église sont des puissances laïques que l'autorité politique ne parvient pas seule à réprimer. Les couvents et les églises, subissent souvent les pressions de descendants des donateurs qui cherchent à récupérer les biens patrimoniaux dont ils auraient dû hériter. L'Église prend donc sa propre défense, ce qui est révélateur du glissement de l'autorité en direction de l'Église et de l'affaiblissement de la législation étatique. L'Église représente la seule force morale, le seul frein à la violence des seigneurs et des chevaliers. Au total, les intérêts des châtelains sont en conflit avec ceux de la paysannerie, du clergé et des puissants et le mouvement de la Paix de Dieu découle des efforts de ces trois groupes sociaux pour neutraliser les excès de la noblesse naissante.

Moralisation des conduites guerrières par l'Église

Statue-reliquaire de Sainte-Foy (IX siècle). Trésor de l'abbatiale Sainte-Foy de Conques

L'Église n'est pas épargnée par les désordres des IXetX siècle. Des charges d'abbés, paroissiales ou ecclésiastiques sont données à des laïcs pour se former des clientèles, ce qui entraîne un relâchement de la discipline monastique et un abaissement du niveau de culture des prêtres. Les rares monastères qui ont conservé une conduite irréprochable acquièrent une grande autorité morale. Ceci d'autant plus que l'approche de l'an mil travaille les esprits : l'Apocalypse est le texte sacré qui retient l'attention la plus passionnée. On y lit que « Les mille ans écoulés, Satan, relâché de sa prison, s'en ira séduire les nations des quatre coins de la terre, Gog et Magog, et les rassembler pour la guerre, aussi nombreux que le sable de la mer. ». Les exactions des guerriers semblent correspondre à la prophétie. Dès lors, un soin particulier est mis à se laver de ses péchés. En particulier les monastères intègres reçoivent de nombreuses donations pour obtenir des prières en particulier post mortem. Le choix des abbés se fait de plus en plus vers des hommes d'une grande intégrité et certains, tels Guillaume d'Aquitaine, vont jusqu'à donner l'autonomie et l'immunité à des monastères qui élisent donc leur abbé. Ce fut le cas de Gorze, Brogne ou Cluny. D'autres monastères utilisent des faux certificats d'immunité pour acquérir l'autonomie.

De tous, Cluny a le développement et l'influence les plus impressionnants. Sous la férule d'abbés dynamiques tels qu'Odon, Maïeul ou Odilon, l'abbaye, entraînant d'autres monastères qui lui sont rattachés, constitue bientôt un ordre très puissant (en 994, l'ordre de Cluny compte déjà 34 couvents). L'une des grandes forces de Cluny est de recruter une bonne partie de ses membres et particulièrement ses abbés dans la haute aristocratie : Bernon (909-927) appartient à l'aristocratie du comté de Bourgogne, Odon (927-942) est issu d'une grande famille de Touraine, Mayeul (948-994) appartient, à la famille provençale des Valensole, Odilon de Mercœur (994-1048) fait partie du lignage comtal d'Auvergne, Hugues de Semur (1049-1109) est le beau-frère du duc capétien de Bourgogne et sa nièce épousera le roi de Castille Alphonse VI, Pons de Melgueil (1109-1122) est apparenté aux comtes d'Auvergne et de Toulouse, Pierre de Montboissier, dit le Vénérable (1122-1156), est issu d'une famille seigneuriale d'Auvergne. Aimard (942-948) est le seul abbé issu d'un milieu modeste.

La Paix de Dieu est un mouvement conciliaire mené par les ecclésiastiques en vue de moraliser la conduite des guerriers
La Paix de Dieu est un mouvement conciliaire mené par les ecclésiastiques en vue de moraliser la conduite des guerriers

Pour favoriser la conversion des populations païennes, le culte des saints, et donc des reliques, a été vivement encouragé dès le VI siècle. La possession de reliques par les monastères et autres édifices religieux est très prisée, car l'afflux de pèlerins qu'elles entraînent est source de bénéfices importants. Les pèlerinages se développent intensément et c'est d'ailleurs sur les chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle que Cluny étend son influence à cette époque.

Les invasions du IX siècle entraînent leur lot de malheurs. On prend l'habitude, à cette époque de sortir les reliques de leur sanctuaire, en particulier pour des processions lors des calamités publiques, et pour réclamer la justice contre les ennemis ou les usurpateurs d'une église. Cet usage s'applique bien entendu aussi aux déprédations dues aux seigneurs locaux : c'est d'un de ces rassemblements expiatoires que démarre le mouvement de la Paix de Dieu. On dénombre 21 assemblées de paix, mais nous ne connaissons les décrets que pour seulement 8 d'entre elles. Il s'agit d'assemblées, réunies en plein champ, dans des lieux choisis pour leur très antique sociabilité populaire, au cours lesquelles les évêques font jurer la paix. Si la Paix de Dieu se base sur un mouvement populaire dans sa première phase (989-1010), elle bénéficie ensuite du soutien du roi Robert II le Pieux et de la haute noblesse qui y voient un moyen de structurer et de pacifier le royaume. Les conciles en Aquitaine ont souvent été convoqués par le duc Guillaume d'Aquitaine. Si la contestation paysanne a un caractère anti-seigneurial, l'Église ne cherche pas à se substituer au pouvoir central, mais plutôt à moraliser la conduite de la noblesse. Les serments établissent un compromis juridique et foncier entre laïcs armés et ecclésiastiques : ils institutionnalisent la seigneurie. La lutte de l'Église contre les violences seigneuriales assoit aussi, par les décisions de ses conciles, le nouvel ordre social organisant la société en trois ordres. Ce mouvement est renforcé dans un deuxième temps par la Trêve de Dieu qui est tout autant soutenue par Cluny.

Bernard de Clairvaux prêchant la 2 croisade, à Vézelay, en 1146

Par la Paix de Dieu, l'Église ne cherche pas à interdire la guerre et à promouvoir la paix : elle moralise la paix et la guerre en fonction de leurs objectifs et de ses intérêts. C'est en cela que la Paix de Dieu constitue une étape préparatoire importante de la formation de l'idée de croisade.

Les ducs et comtes retrouvent assez de pouvoir pour reprendre en main le mouvement de paix : en 1047, en Normandie, la Paix de Dieu devient la paix du duc (concile de Caen) ; en 10** en Catalogne, elle devient la paix du comte. Dans le même temps, la paix s'internationalise, s'étendant aux pays voisins de la France : Catalogne, Angleterre, pays germaniques. La papauté conforte enfin le mouvement : Urbain II, ancien moine clunisien, reprend lors du concile de Clermont (1095) les dispositions promulguées aux conciles de paix. Il y invite tous les chrétiens à observer entre eux une paix perpétuelle et à aller combattre l'hérétique. C'est ainsi que la Paix de Dieu débouche sur la Croisade.

Le XII siècle, en même temps qu'il est période de reconstruction du pouvoir royal, voit se transformer ce mouvement de paix. Durant la première moitié du siècle, le roi reprend en main le domaine royal, faisant reculer les ambitions des châtelains. Dans le même temps, l'Église et la papauté font de nouveau appel aux autorités civiles (roi et princes) pour assurer les prérogatives judiciaires. C'est dans le cadre de cette restauration de l'autorité royale que le roi Louis VII récupère en 1155 l'institution de paix : la Paix de Dieu devient la Paix du roi.

EmpireAngleterreFlandresPhilippe Ier de FranceHenri Ier de FranceRobert II de FranceHugues CapetLouis V de FranceLothaire de FranceLouis VI de FranceUrbain IIGrégoire VIIAlexandre IINicolas IILéon IXBenoît IXBenoît VIIIJean XIIISerge IVJean XVIIISylvestre IIGrégoire VJean XVJean XIVBenoit VIIJean XIIIJean XIIAgapet IIHugues de ClunyOdilon de MercœurMaïeul de Cluny

La féodalité : relations entre guerriers

La féodalité, comme relation entre professionnels de la guerre, est née entre Loire et Meuse au IX siècle, de la déliquescence de l'Empire carolingien détruit par les agressions extérieures (Normands, Sarrasins, Hongrois) et morcelée à l'intérieur entre les héritiers et leurs partisans. Elle s'étendit à l'Allemagne, l'Italie du Nord, l'Espagne chrétienne dans un premier temps ; puis à l'Italie du Sud, à l'Angleterre par la conquête normande, et fut transposée dans les États latins d'Orient avec les Croisades. Ce mode d'organisation politico-sociale s'est développé dans une société presque exclusivement rurale, sous-peuplée, où la richesse et la puissance se confondent avec la possession de la terre.

Ce système est né de la disparition de toute autorité publique, et de l'insécurité majeure : invasions extérieures, guerres à l'intérieur d'un royaume, famines (souvent issues des guerres). Il implique la prédominance d'une caste de guerriers professionnels (qui n'existe pas à proprement parler à l'époque mérovingienne) et des relations d'homme à homme, qui permettent son extension à toute la société par la suite. La féodalité est issue de la présence d'un régime seigneurial dès la fin de l'Empire romain, où l'aristocratie guerrière s'était partagée la terre. Elle y agrège le régime vassalique de l'époque mérovingienne, où les hommes libres se mettent au service d'un puissant contre sa protection, et contre un bénéfice s'il n'est pas propriétaire. Ces bénéfices étaient aussi attribués comme récompense aux compagnons (comes, qui donne comte) du puissant.

Ce système de liens personnels hiérarchisé fut utilisé et renforcé par les Carolingiens, qui y voyaient un moyen d'être à la tête de tous les hommes libres. Cependant les invasions du IX siècle brisent le lien envers le souverain, et renforcent les pouvoirs des puissants locaux : comtes, ducs, marquis. La hiérarchie se met en place, le clergé s'y intègre. Le seul privilège du roi est, en France, de ne prêter en général hommage à personne.

En 987, Hugues Capet consomme le triomphe de la féodalité en renversant la dynastie régnante ; mais aussi dès la même époque commence la lutte du pouvoir royal contre la féodalité. Hugues Capet et ses premiers successeurs ne sont encore vraiment souverains que dans leurs domaines personnels.

Au XII siècle, la féodalité se modifie, avec l'arrêt des invasions, l'expansion démographique et économique. La chevalerie, base du système, se ferme et devient uniquement héréditaire. L'aide du vassal se limite aux quatre cas (aide aux quatre cas). Son fief devient sa pleine propriété, et le roi de France renforce son pouvoir (notamment par la procédure de l'appel judiciaire).

L'exemple normand

Chevaliers du Christ par Jan van Eyck

Aux XIetXII siècles, l'organisation féodale du duché de Normandie peut se résumer ainsi :

Le duc de Normandie est un prince territorial du royaume des Francs et doit prêter hommage au roi, son seigneur. Pour faire la guerre, le duc peut lever l'arrière-ban, c'est-à-dire faire appel à tous les hommes de son duché.

Le duc de Normandie est entouré de barons desquels il a reçu l'hommage. Les barons disposent d'une dizaine de fiefs ou davantage qu'ils tiennent du duc. Ils ont aussi généralement le titre de comte. Ils forment la cour ducale.

Les seigneurs disposent de fiefs de haubert (ou fiefs de chevaliers) et doivent rendre l'hommage au baron dont ils sont les vassaux.

Enfin, les vassaux de ces seigneurs, les vavasseurs, en bas de la hiérarchie, tiennent des fractions de fiefs de haubert.

Le vassal doit à son seigneur l'ost, le service armé gratuit de quarante jours. Mais dès le XII siècle, ce service est remplacé par une somme d'argent.

La féodalité comme organisation de la société

Les 3 états
Les 3 états

Tout comme la disparition de la puissance centrale avait favorisé l'apparition de principautés, les désordres publics qu'elle avait entraînés avaient suscité un fort sentiment d'insécurité. Sur le modèle des relations d'homme à homme, des liens se créèrent entre la classe guerrière et la classe des paysans. Dans le système tel que présenté par les élites médiévales, pour l'essentiel cléricales, le chevalier assurait la protection aux paysans, qui en échange lui fournissaient subsistance et moyens de s'équiper.

La protection revêtait plusieurs formes :

guerrière : combat personnel du chevalier contre des attaques ;

défensive : abri procuré par le château pour les personnes, le bétail et les récoltes ;

chasse : autant qu'un entraînement à la guerre, la chasse avait une utilité pour la communauté paysanne, qui se voyait ainsi débarrassée des animaux sauvages destructeurs des cultures (cerfs, daims, chevreuils, sangliers) ou menaçants pour le bétail (loups, renards, ours).

Le déclin du système féodal

Dans un premier temps, le système féodal s'est avéré efficace face aux invasions. Mais, celles-ci achevées, il n'a pas tardé à se créer une situation d'anomie due à la multiplicité des conflits locaux entre seigneurs, professionnels de la guerre. De plus, l'éclatement de la souveraineté en une multitude de principautés indépendantes a considérablement réduit le pouvoir du roi. Sa seule attribution demeure la suzeraineté qui en fait le « seigneur suprême ». L'historiographie traditionnelle appelle cette période de déclin du XIetXII siècles l'« anarchie féodale » bien que l'État royal ne se construise pas contre cette anarchie mais pour l'« ordre féodal ».

Ce sont les Capétiens qui, en s'appuyant sur le système féodal pour augmenter constamment leur domaine personnel, lui portent le coup fatal en France. Le roi s'impose en jouant au maximum de sa suzeraineté et en exploitant les permanentes dissensions de ses vassaux. Ainsi, dans le courant du XII siècle, se met en place la monarchie féodale qui use des obligations vassaliques pour forcer à l'obéissance les grands seigneurs territoriaux.

Louis VI est le premier qui attribue à la royauté un rang particulier. L'établissement des communes, en fournissant aux rois un auxiliaire contre la puissance des vassaux ; les Croisades, en forçant les seigneurs d'engager à la couronne des domaines qu'ils ne purent depuis recouvrer, portèrent les premiers coups à la féodalité ; Philippe Auguste, Saint Louis, Philippe le Bel, soit par la force des armes, soit par jugement, achat, donation, succession, réunissent nombre de fiefs au domaine royal. Leurs successeurs, devenus plus forts, attaquent victorieusement les privilèges des feudataires.

À la fin du XIII siècle, la féodalité est déjà pratiquement vidée de tout son contenu. Elle évolue vers le régime seigneurial, ensemble de charges et de redevances héritées du passé qui pèsent sur la paysannerie et qui progressivement apparaissent dépourvues de sens, puisque le seigneur, en contrepartie, n'a plus d'obligation précise. C'est Louis XI qui effectue les acquisitions décisives qui lui permettent de ne plus dépendre de l'aide de ses vassaux pour soumettre une révolte de ceux-ci, aussi étendue soit-elle. Le traité du Verger (1488), qui conclut la guerre folle entre les grands vassaux et son fils Charles VIII, est un des tout derniers actes relevant vraiment du droit féodal : c'est encore un engagement entre deux hommes. Moins de dix ans plus tard le contrat de mariage de Louis XII et Anne de Bretagne est un engagement entre deux pays puisqu'il est destiné à rester valable après la mort des deux époux. Dès lors le système féodal français n'est plus qu'une coquille vide et le Moyen Âge est terminé.

La féodalité se prolonge au-delà du Moyen Âge par la survivance de ces droits et de privilèges attachés aux propriétaires (l'Église ou la Noblesse). Il a fallu attendre la Révolution française et la nuit du 4 août 1789 pour qu'il soit mis fin à cette situation et que soit abolie la société d'ordres. Les révolutionnaires parlaient de « féodalité » or ils voulaient dénoncer le régime seigneurial, la vraie féodalité ayant disparu avec le Moyen Âge. La Révolution propagea cette abolition en Europe occidentale par les Guerres de la Révolution et de l'Empire (Recès d'Empire).

Émergence de la bourgeoisie

Depuis la renaissance de l'an mille où elle s’est structurée, la société médiévale a considérablement évolué. L’Europe a fortement progressé techniquement, artistiquement et démographiquement. Les villes se sont développées créant de nouvelles classes sociales centrées sur l’artisanat et le commerce. Le système féodal et religieux à trois ordres instauré depuis le mouvement de la paix de Dieu est adapté à une société agricole et décentralisée. La noblesse protège les terres et rend la justice. Les religieux sont les guides spirituels de la communauté : ils s’occupent des œuvres sociales et contribuent à maintenir et à développer la culture. Les paysans, quant à eux, par leur travail, assurent la fonction productrice.

Grande Charte, copie de 1225.
Grande Charte, copie de 1225.

À partir de la fin du XIII siècle, l’équilibre entre les trois ordres se rompt. Le développement des villes a nécessité la création d’un État centralisé rendant justice, unifiant la monnaie et devant protéger le pays contre les attaques éventuelles de royaumes capables de lever des armées importantes. Une telle structure doit être financée et l’État a d’autant plus besoin de ressources financières que le système féodal se maintient par la redistribution de richesses vers ses vassaux. Le grand patriciat commerçant possède des ressources financières très abondantes qu’il prête aux princes et aux ecclésiastiques : il devient un acteur incontournable.

En France, ne disposant pas d’une administration suffisante et voulant limiter la puissance des grands féodaux, les Capétiens délèguent aux bourgeois de plus en plus de pouvoirs politiques, fiscaux et judiciaires créant de véritables zones franches aux grands carrefours commerciaux. La multiplication des affaires à régler a rendu impossible leur seul traitement par les rois et la grande noblesse qui ont alors délégué une partie de leurs pouvoirs judiciaires à des parlements et autres cours de justice. À l’époque, plutôt que d’entretenir une coûteuse administration, les souverains ont pris l’habitude de faire prélever les taxes par de riches particuliers qui leur cèdent le montant souhaité et se remboursent en percevant les impôts pour leur compte, ce qui assure de confortables bénéfices. En Angleterre, les revers de Jean sans Terre contre Philippe Auguste avaient conduit les barons anglais à lui imposer en 1215 la Magna Carta, la Grande Charte, qui instituait, entre autres, la liberté des villes et le contrôle de la fiscalité par le Parlement.

En France, Philippe le Bel instaure des États généraux où la noblesse, le clergé et les villes sont représentés, pour avoir une légitimité à lever des impôts y compris sur les terres d’Église et rassembler la nation naissante pour faire bloc contre le pape qui ne peut accepter de telles taxes et proclame la primauté du spirituel sur le temporel (par la bulle pontificale Unam Sanctam de 1302, Boniface VIII revendique l’instauration d’une théocratie).

D’autre part, pour les besoins du commerce, puis pour sa propre ascension sociale le patriciat urbain a pris en charge une partie de la culture, créant des écoles laïques et finançant un mécénat culturel. De la même manière, il finance nombre d’œuvres sociales. La plupart des innovations techniques sont alors le fait de laïcs, ingénieurs, architectes (tels Villard de Honnecourt), artisans (tels Jacopo Dondi et son fils Giovanni concepteurs de l’horloge à échappement). Le clergé perd une partie de son rôle culturel ou social dans les espaces urbains.

Pour obtenir le rôle politique que leur importance croissante dans la société devrait leur donner, de nombreux bourgeois tentent d’être anoblis. C’est la voie que choisit par exemple Robert de Lorris qui, devenu proche conseiller de Jean le Bon, use de son soutien ou d’alliances matrimoniales judicieuses pour placer ses proches. La haute bourgeoisie adopte des comportements qui rappellent ceux de la noblesse : la prévôté organise par exemple en 1330 un tournoi où les bourgeois combattent comme des chevaliers. Ceux qui, comme Étienne Marcel, n’appartiennent pas au cercle très restreint du pouvoir sous Jean le Bon et dont la promotion sociale est bloquée deviennent les plus fervents promoteurs d’une réforme politique qui doit aboutir au contrôle de la monarchie par les États.

Crise de la féodalité

Alors que, sous l’effet des progrès des techniques agraires et des défrichements, la population s’accroît en Occident depuis le X siècle, on franchit un seuil qui dépasse les capacités de productions agricoles dans certaines zones d’Europe dès la fin du XIII siècle. Par le jeu des partages successoraux les parcelles se réduisent : elles n’ont plus en 1310 que le tiers de leur superficie moyenne de 1240. Certaines régions comme les Flandres sont en surpopulation et essayent de gagner des terres cultivables sur la mer, néanmoins pour couvrir leurs besoins elles optent pour une économie de commerce permettant d’importer les denrées agricoles. En Angleterre, dès 1279, 46 % des paysans ne disposent que d’une superficie cultivable inférieure à 5 hectares. Or, pour nourrir une famille de 5 personnes, il faut de 4 à 5 hectares. La population rurale s’appauvrit, le prix des produits agricoles baisse et les revenus fiscaux de la noblesse diminuent alors que la pression fiscale augmente et donc les tensions avec la population rurale. Beaucoup de paysans tentent donc leur chance comme saisonniers dans les villes pour des salaires très faibles engendrant aussi des tensions sociales en milieu urbain. Le refroidissement climatique et l’évolution de l’économie vers la spécialisation de la production et le commerce provoquent de mauvaises récoltes qui se traduisent du fait de la pression démographique en famines (qui avaient disparu depuis le XII siècle) dans le nord de l’Europe en 1314, 1315 et 1316 : Ypres perd 10 % de sa population et Bruges 5 % en 1316.

La noblesse doit compenser la diminution de ses revenus fonciers et la guerre en est un excellent moyen : par les rançons perçues après capture d’un adversaire, le pillage et l’augmentation des impôts justifiée par la guerre. C’est ainsi que la noblesse pousse à la guerre et particulièrement la noblesse anglaise dont les revenus fonciers sont les plus touchés. En France, le roi Philippe VI a besoin de renflouer les caisses de l’État et une guerre permettrait de lever des impôts exceptionnels.

L’essor du commerce a rendu certaines régions dépendantes économiquement de l’un ou de l’autre royaume. À cette époque le transport de fret se fait essentiellement par voie maritime ou fluviale. La Champagne et la Bourgogne alimentent Paris via la Seine et ses affluents et sont donc pro-françaises. La Normandie est partagée, car elle est le point d’union entre ce bassin économique et la Manche qui devient une zone d’échanges de plus en plus intenses grâce aux progrès des techniques maritimes (le contournement de la péninsule ibérique par les navires italiens devient de plus en plus fréquent). L’Aquitaine qui exporte son vin en Angleterre, la Bretagne qui exporte son sel et les Flandres qui importent la laine britannique ont tout intérêt à être dans la sphère d’influence anglaise.

Ainsi, les marchands flamands en voulant échapper à la pression fiscale française, se révoltent de manière récurrente contre le roi de France ; d’où les batailles successives de Courtrai en 1302 (où la chevalerie française est balayée et où les bourgeois flamands montrent que les villes peuvent battre militairement l’ost royal), de Mons-en-Pévèle en 1304 et de Cassel en 1328 (où Philippe VI mate les rebelles flamands). Les Flamands apportent leur soutien au roi d’Angleterre, déclarant même en 1340 qu’Édouard III est le légitime roi de France. Les deux États ont donc intérêt à augmenter leurs possessions territoriales pour accroître leurs rentrées fiscales et renflouer leurs finances. Dès lors, les intrigues des deux rois pour faire passer la Guyenne, la Bretagne et la Flandre sous leur influence conduisent rapidement à une guerre entre les deux États qui dura 116 ans. Bien évidemment les conséquences de cette guerre interminable furent lourdes pour le commerce, d’autant qu’elles avaient entraîné une augmentation de la pression fiscale.

Angleterre, Royaume-Uni

Au sein du royaume d'Angleterre, la féodalité n'a été introduite qu'avec la conquête normande. Elle a eu beaucoup de mal à s'implanter, et a pris fin avec la dynastie des Tudors et la Renaissance anglaise (XVI siècle). Toutefois elle a subsisté en Écosse jusqu'en 2001 et resta en vigueur sur l'île de Sercq jusqu'au 4 octobre 2006.

Allemagne

Sous Louis le Germanique, dans le royaume de Germanie, puis durant le Saint-Empire romain germanique, la notion de fief public a toujours été active jusqu'à l'Interrègne (1250-1273). Les empereurs s'appuyaient sur des réseaux de fidélité stables, des chevaliers serfs devant tout à l'empereur, et surtout une expansion géographique de nature à alimenter constamment le système en terres publiques nouvelles, distribuées par la suite aux fonctionnaires royaux. Le système se grippe, à l'image du système carolingien à partir du moment où il se heurte à des états aussi bien organisés que lui : la parade est alors trouvée par les Angevins de Naples, roi de Naples, de Hongrie, de Croatie, podestat der Florence, seigneur de Parme, prince de Duras… qui empilent des couronnes, modèle pour les Jagellon et les Habsbourg. Les fidèles peuvent alors être récompensés en terres et en fonctions publiques dans les royaumes les moins densément peuplés. Ce système est celui adopté par les Habsbourg lors de la reconquête de la plaine de Hongrie au XVIII siècle. En outre, les fréquentes descentes italiennes des empereurs, avec le butin qu'elles génèrent, leur permettent de garder la haute main sur les terres publiques, les fidélités étant récompensées en cadeaux et en fief de bourse.

中文百科

封建制度指的是欧洲中世纪与贵族骑士相对应的法律地位及军事责任制度。主要围绕着三个中心:领主、封臣及土地。

定义封建制度要求很多的条件,因为现阶段还没有一个被广泛认可的定义。然而自从1960年代,许多研究中世纪的历史学家在封建制度中包括了更广泛的社会领域,加入了被束缚在庄园制的农民阶级,而被称为「封建社会」。还有一些人,自1970年代起,重新审视了之前的证据并得出结论——封建制度是一个不可行的术语而需要被从学术和教育讨论中去除,或者至少在使用时需要加上严格的限制和警告。

封建制度形成于第八世纪;11世纪开始定型;之后的两百年是全盛时期;13世纪中叶之后,王权巩固后封建逐渐没落,但他的影响至今仍在欧洲各个层面留下痕迹。在欧洲之外的地方,封建制度的概念一般仅仅用于模拟(称为「半封建」),最常用于讨论在将军们统治下的日本,有时候也用于中世纪和贡德尔时期的埃塞俄比亚。然而,有些人把封建制度模拟更广,把古埃及、帕提亚帝国、封建制的印度(封建印度),甚至于19世纪的美国南部(美国南部历史)。

词源

最早使用「封建」(Feudal)字眼的是17世纪(1614年)的英国和法国律师,当时此词用来指称的这种制度正在迅速地消失或完全消失。封建制度盛行的时期,没有作者曾经用过此字。封建制度来自法语「féodalisme」,是法国革命期间所造的字。此字具有贬义,是用来形容任何视为不公或过时的法令或习俗。这些法令或习俗大部份或多或少与中世纪采邑制(拉丁语:Feudum,首次出现是在西元884年的一份法兰克语的文献中)有关,并且因此合成为此单一名词。英国小说家托比亚斯·斯摩莱特在其作品《汉弗雷克林可》「Humphry Clinker」(1771)嘲弄此字:「每个政策、习俗、甚至性格的古怪之处都可上溯至此(封建)源头……我预计可以看到男用短裤及buttered麦酒都会归因受到封建制度的影响」。

封建制度的历史传统

罗马传统 封建制度是一种政治形式,但跟土地的支配有密切的关系。罗马帝国在戴克里先前,田租是根据土地的大小而非收成而定的。这使得在荒年时许多农民流离失所。在这种经济压力下,许多农民就将自己的土地献给了大地主,由自由民转而成为佃农。接收到土地的大地主则保证贡献土地农民的使用权。所以一个拥有了「所有权」另一个则是「使用权」。农民不再需要被课重税。这些大户通常是不用缴税的元老特权阶级,为了保障这样的约定而有了"Precarium"这种契约的出现。大户取得土地,而农民可以不用烦恼税付。而这种契约形式更衍生出了「增地契约」(Precaria remunerate)以及「赐地契约」(Precaria data)这两种契约。这些契约形式成为了这种土地支配方式的法律依据跟保障。而戴克里先冻结了各种行业,农民属于土地不能转业,更使这种制度定行下来。 凯尔特传统 高卢地区的凯尔特人有「随从」的组织。其职务是平日运行酋长命令,战时协助酋长抗敌。这是一种主人与附庸的关系。封建制度中的“Vassus”(附庸)一词就是来自塞尔特语。 日耳曼传统 中世纪封建发达的地方大多是日耳曼人的所在,日尔曼传统对封建发展也有直接影响。日耳曼特有的战友团(Commendatio),也是封建制度的起源之一。其中的**人向老战士宣示效忠,并且共享其社会地位,这就是罗马传统所没有的。两者在这样的仪式下共享社会地位,皆为贵族。而日耳曼建国以后,也使用这样的私人军队。用土地来作为雇用私人军队的代价。封建制度的军事意涵可以从这个传统一窥一二。 墨洛温王朝传统 墨洛温王朝有两种制度跟封建制度有密切而直接的关系。一个是「赐地」(Benefice),一个是「豁免权」(Immunity)。墨洛温时代,国王将地方政府托付给郡守(Counts);其大多是国王的亲近,为了感谢其贡献,国王会赐给他们土地。此外国王也会给教会一片土地,作为宗教服务的代价。国王保有土地的主权,而所谓的受惠者(Beneficium)有土地权。到了加洛琳王朝,这种赏赐成为了世袭的制度,而赏赐的土地开始转为「采邑」(fief)。而豁免权则是不受到地方政府管辖。而这种豁免权也在后代赏赐的土地中承接了,而不受地方政府的控制,让受封的领主有了对土地的政治控管权力。 加洛林王朝传统 加洛林王朝为了对付阿拉伯骑兵,铁锤查理也开始组织骑兵队。为了赏赐骑兵队的战功,开始没收教会土地作为赏赐。这也是封建制度的军事层面一个重大意涵的起源。

封建的权利与义务

附庸之权利与义务

附庸在封建时得到了领主的保护,举凡其生命、声誉、财产受到威胁时,领主有义务要保护。领主也不能对附庸有损害其权利的行为,否则附庸可以提出终止关系的要求。这可能会导致战争,这也是封建制度稳固的原因其中一点。而附庸如果有违反封建制度法律的情势时,有权利要求同等地位之附庸群组成陪审群,来裁决这个案件。领主不能独自审判,这也是日后陪审制度的起源。

附庸的义务在于提供领主军事服务,农奴与骑士都是封建庄园的构成要素。但两者工作截然不同,农奴负责生产,骑士则保卫庄园。而如果是多重的分封,其对自己领主的领主也有相同义务。有时也要为领主有经济上的援助,平日封建社会贵族不纳税,但他们在战争时仍须对领主有经济上之援助。

领主之权利与义务

领主在附庸未成年时可以成为其监护者。也可以控制附庸的婚姻权,如同附庸的父母。也可以没收采邑以及再分封。

封建制度的构成因素

政治的形式

封建制度不只是土地的分封,国王同时把一些国家行使的主权让与封建领主。如司法、财政、军事等。因为土地成为了私财产,国家也开始成为私产。原则上国王还是以国家为出发点,但是封建领主得到权力不是因为国王的认可,而是土地的拥有。使得国家的权力让渡到私人手上;地方政府的势力开始庞大;政治权力分裂。这种情形的发生主要是由于迦洛琳王朝的崩溃无法有效控制各地方政府的缘故。

土地的**

封建制度的根本在于土地,有土地才能有封建制度,后者是不能单独存在的。封建领主必须有一块领土,否则无法行使统治的基础。而采邑的拥有主要是因为军事的服务。附庸之所以有一块土地,即由于附庸给予领主一定的军事服务。封建制度本身就是一种契约,军事服务是一种商品,土地则是代价。领主给予武士土地换取其效忠与保护。但虽然称为一种契约,却没有终止的情况。只要武士继续履行其义务,就可以继续拥有土地。在封建社会中,没收采邑是最严重的惩罚。同样的,如果受土地者死亡,只要继承人继续履行义务,就不会收回土地。这样让封建制度渐渐走向世袭的制度。而长子继承(Primogeniture)也是封建制度的一个重要因素。土地固然可以分裂继承,但为了完整性还是会由长子全盘接收。

私人间的臣属关系

封建制度的契约性质造成了领主跟附庸的权利、义务关系。为了维持这种制度,双方都必须严格遵守这样的制约。领主跟附庸都是同一个贵族阶级。所以臣属关系不是说身分的高低,而是一种权利跟义务的对等关系。这种关系跟土地的赏赐构成了封建制度。虽然这种关系是封建制度的必要条件,但臣属不一定会形成封建制度。

特色

封建制度有三大最基本的特征:领主、封臣和采邑;封建制度的结构由这三大元素配合。领主是拥有土地的贵族,封臣是拥有领主所分封给他们土地的人,而这些分封出的土地就是采邑。封臣要为领主战斗,作为对领主给予采邑的回报。在领主、封臣和采邑之间的关系与责任构成了封建制度的基础。 领主、封臣和土地 在一个领主把土地分封给某人之前,他得先令那人成为封臣。这需要一个正式的象征性的仪式,称为赞誉仪式(commendation ceremony),该仪式包含两个部分,忠顺誓言(act of homage)和效忠宣誓(oath of fealty)。在忠顺誓言中,封臣承诺听从领主的命令作战。「效忠(Fealty)」来自拉丁语「Fidelitas」,也就是忠诚;效忠宣誓因此成为一个保证,即封臣会忠于领主。一旦赞誉仪式完成,领主和封臣就创建了封建关系,拥有了双方承认的相互间的义务和责任。 领主对封臣的主要义务是给予一块采邑或是其收入;采邑是封臣创建封建关系的主要原因。此外,领主有时还需要承担别的义务。其中一个就是维护这块采邑。由于领主并没有割让这块土地而仅仅是租借,所以维护这块采邑仍然是领主的责任。而封臣拥有权力获得该采邑产出的收入。另一个领主需要承担的责任是他必须保护采邑和封臣不受伤害。 封臣的主要责任是向领主提供「援助」,也就是服兵役。封臣用采邑的产出来配备自己的武器装备,并响应领主的征召服兵役以保证领主的权益。这种军事上的安全机制是领主创建封建关系的主要原因。此外,封臣有时候还需要承担对领主的别的责任。其中一个就是向领主提出「忠告」。这样当一个领主面临大的抉择,比如是否进入战争,他会召集所有的封臣并召开一次参议会。封臣也可能被要求上缴采邑产出的一部分给领主。封臣有时候也被要求在领主所有的磨坊和烤炉中磨碎谷物和烘烤面包并向领主缴税。 封建制度中的关系都是围绕着采邑。根据领主的权力,封地可以是小至一块小农田或大至一个区域的土地。现在封地尺寸的标准和过去相当不同。封臣关系并不限制于圣职者;主教和男修道院院长也可以是统治者。 因此,有很多不同「级别」的统治权和封国。国王是一个领主,他租借采邑给贵族们,他们是国王的封臣。同时,贵族是他们的封臣,是他们的土地上劳作的农民的领主。这一传统形成的基础的'君主制'来作为一个帝国联盟与世界秩序。

法法词典

seigneurial adjectif ( seigneuriale, seigneuriaux, seigneuriales )

  • 1. d'une noblesse ou d'un faste dignes d'un seigneur

    recevoir un accueil seigneurial

  • 2. histoire qui faisait partie des possessions, des privilèges ou des obligations d'un seigneur

    les droits seigneuriaux

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malodorant a. (m) 恶臭的, 难闻的

tribun n.m.1. (古罗马的)军官;行政长官 2. 平民演说;辩护士;民权保卫者3. 【史】(法拿破仑时期的)法案评委员会委员

immigrant immigrant, ea. 入境移居的n. 入境移

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