Marie-Antoinette chassant à courre, Louis-Auguste Brun, 1783.
La vénerie (ou vènerie, selon l'orthographe rectifiée de 1990) ou « chasse à courre » ou encore désignée par « chasse à courre, à cor et à cri » ou « chasse à bruit » (« venatio clamosa »), est un mode de chasse ancestral qui consiste à poursuivre un animal sauvage (traditionnellement cerf, sanglier, chevreuil, renard ou lièvre) avec une meute de chiens, jusqu'à sa prise éventuelle. Elle se distingue de la chasse à tir car seuls les chiens chassent, grâce à leur odorat et leur instinct naturel de prédateur. Le rôle de l'homme, cavalier pour la circonstance, consiste à les contrôler. En France, on chasse à courre le cerf, le chevreuil, le sanglier, le renard, le lièvre et le lapin. La chasse à courre est aussi pratiquée aux États-Unis, au Canada, en Australie, en Nouvelle-Zélande, Irlande, et ponctuellement en Italie et au Portugal (équipage de Santo Huberto). La chasse à courre est interdite en Grande-Bretagne depuis 2005, en Belgique depuis 1995 ainsi qu'en Allemagne depuis 1934.
Terminologie
Démonstration de vénerie
Le terme de vénerie désigne l'activité de la chasse à courre. Il vient du latin « venari » qui signifie chasser.
On parle de grande vénerie pour une « meute » chassant les grands animaux comme le cerf, le daim, le chevreuil, le sanglier ou le loup.
La petite vénerie désigne une meute chassant le petit gibier : lièvre, renard, lapin de garenne, ou blaireau.
Le terme d'équipage désigne l'entité disposant d'un territoire de chasse et composée d'une meute de chiens et d'un certain nombre de veneurs.
L'animal poursuivi utilise différentes tactiques pour échapper à ses poursuivants. Elles sont regroupées sous le terme de ruses et elles sont catégorisées :
le change par lequel l'animal initialement levé ruse en côtoyant d'autres animaux de son espèce semant la confusion dans la meute qui le suit à l'odorat.
le passage d'eau quand l'animal poursuivi traverse une rivière ou un étang et interrompt ainsi son « sentiment » (trace olfactive).
le forlonger consiste à prendre une telle avance que la piste perd sa précision et les chiens vont perdre la trace de l'animal chassé.
le hourvari correspond à la ruse de l'animal consistant à revenir sur ses voies pour mettre les chiens en défaut. Les chiens se voient ainsi présenter une piste avec un embranchement ou une fourche qui complique la traque et permet de gagner de l'avance (pouvant ainsi mener au forlonger).
Si l'animal traqué est pris, les veneurs sonnent l'hallali qui annonce la mort. L'animal, selon sa nature est soit pris par les chiens, soit servi par un homme armé d'une dague. S'ensuit la curée.
Ces termes sont à l'origine de plusieurs expressions dans le langage courant : « donner le change » (c'est-à-dire mettre sur une fausse piste), « couper la voie » (désignant à l'origine un défaut des chiens qui abandonnent la voie pour rejoindre plus vite l'animal qui a fait un détour ou des chasseurs pressés qui passent trop tôt sur la voie).
La vénerie moderne en France
Au cours d'une journée de chasse, un équipage chasse en principe un seul animal. Dans le total des animaux tués par les chasseurs (un million d'animaux soumis à plans de chasse prélevés en 2005 en France, dont 500 000 chevreuils), dont les espèces sont toutes en progression, la proportion imputable à la vénerie (3 800 animaux sur 13 000 journées de chasse) est faible (cerf), très faible (sanglier, chevreuil), voire insignifiante (renard, lièvre, lapin de garenne).
Meute de chasse à courre en forêt d'Halatte, Oise
Equipage Rivecourt - Hallali - Forêt de Laigue 13/01/206
Depuis une vingtaine d'années la vénerie française s'est fortement développée ; avec près de 400 équipages contre 300 en 1914, 17 000 chiens et près de 100 000 suiveurs et veneurs, elle est présente dans 69 départements. La France offre en effet des conditions très favorables à l'exercice de la vénerie : la densité des espaces boisés est plus élevée que partout ailleurs en Europe et le climat tempéré fournit des conditions propres à ce mode de chasse où tout repose sur le travail des chiens. On pratique ce mode de chasse sur tous les continents dans une vingtaine de pays à travers le monde.
Les membres d'un équipage sont appelés « boutons » lorsqu'ils sont admis à porter la tenue de l'équipage avec les boutons ornés selon un motif propre à cet équipage. Leur nombre, avec celui des autres pratiquants, est de l'ordre de 10 000, le nombre de sympathisants à vélo, à pied, ou en voiture est 10 fois plus élevé : 30 000 « suiveurs » assidus et 70 000 suiveurs occasionnels, aux périodes de vacances notamment. Le public est accueilli gratuitement - depuis le rapport jusqu'à la curée. Et il est de plus en plus nombreux.
Jadis apanage de l'aristocratie et d'une toute petite minorité, la vénerie s'est ouverte au XX siècle sur un public beaucoup plus vaste. Une majorité des équipages sont aujourd'hui constitués en associations, dont les membres paient une cotisation à l'image des sociétaires de clubs sportifs. Ces cotisations sont d'un ordre de grandeur comparable aux actions des sociétés de chasse à tir et aux dépenses consacrées à leurs loisirs, de toute nature par la plupart des Français (de 762 à 2 287 euros).
Les équipages accueillent tous les suiveurs, puisque suivre une chasse est gratuit. Elle ne devient payante que pour les boutons ou sociétaires. La seule requête valable pour tous est celle de la courtoisie envers tous, veneurs ou non, suivant la chasse ou se promenant en forêt.
L'équipage demande une « attestation de meute » auprès du directeur départemental de la Direction départementale des Territoires. Elle est délivrée pour la voie d’un seul animal et est valable pour 6 ans sur l’ensemble du territoire national. L'obtention du certificat est accompagnée par la délivrance d'un « certificat de Vénerie » par la Société de Vénerie, certificat qui rappelle les règles et l'éthique de cette chasse.
On peut suivre une chasse à courre à pied, à vélo, à cheval ou en voiture. D'autre part, l'usage d'armes à feu y est proscrit (sauf par mesure de sécurité dans de rares cas extrêmes).
On relève, en 2008, 392 équipages dont :
130 de lièvre
93 de chevreuil
47 de lapin
44 de renard
42 de sanglier
37 de cerf
Mais aussi quelques :
17 000 chiens
7 000 chevaux
100 000 veneurs et suiveurs
plus de 2 000 emplois directs et indirects
quelque 300 fêtes de vénerie attirant tous les ans plus d'un million de visiteurs
près de 13 000 journées de chasse par an pour environ 3 800 animaux prélevés
Une tradition séculaire
Scène de chasse à courre, aquarelle, projet de fresque par Gabriel van Dievoet, vers 1900.
La technique du courre, consistant à prendre un gibier avec une meute de chiens courants, est connue depuis deux millénaires. Les méthodes ont peu évolué à travers les âges, l'utilisation des chiens, des chevaux, de la trompe et éventuellement d'une dague existait déjà au XV siècle comme en témoignent les représentations picturales de l'époque. La vénerie s'ordonne autour du chien dont les aptitudes naturelles ne changent pas, et des espèces chassées, dont les défenses ne varient pas davantage. Elle constitue, avec la chasse au vol et la chasse sous terre, la forme de chasse la plus naturelle : elle repose sur la mise en œuvre d'animaux dont l'instinct joue le rôle décisif. L'homme encadre des chiens et les aide, il ne peut pas se substituer à eux.
Paolo Uccello, Chasse nocturne, Oxford Ashmolean Museum
Requérant une grande endurance physique, elle était conçue essentiellement comme un entraînement à la guerre chez les Assyriens. C'est avec la domestication du cheval pour le loisir qu'est née la chasse à courre. En France, c'est sous François I que cette pratique s'est transformée en art de vivre séduisant la noblesse française : le roi, appelé « le père des veneurs » par ses chroniqueurs, promulgue un édit en 1526 qui régit la police de la chasse et le « noble déduit » (règle de la grande vénerie). La chasse à courre fut développée aussi aux Amériques par les Anglais qui importèrent, avec les chevaux, les renards roux d'Europe. Destinée à chasser les animaux rapides, la chasse à courre est devenue un sport (Angleterre) ou une pratique traditionnelle (France).
La vénerie entretient un ensemble de traditions et représente une part du savoir cynégétique. La connaissance des animaux, la science du chien, s'apprennent sur le terrain au prix d'une longue expérience et se transmettent de génération en génération.
Une chasse à courre par Évariste-Vital Luminais.
La vénerie utilise un langage qui lui est propre, à la fois utile et imagé, qui n'a pas varié depuis des siècles. De nombreuses expressions sont fréquemment utilisées dans le langage courant : donner le change, sonner l'hallali, marcher sur les brisées, être aux abois etc.
Elle n'a jamais cessé, depuis qu'elle existe, d'inspirer les artistes. Ceux d'antan lui ont consacré des œuvres célèbres qu'on peut voir dans de très nombreux musées. Aujourd'hui, de nombreux peintres animaliers s'intéressent à la vénerie grâce à trois grands musées (Senlis, Gien, Montpoupon) de nombreuses expositions sont organisées. Les fêtes de la chasse animées par les équipages de vénerie accueillent au total plus d'un 1 million de visiteurs par an.
En France, la Société de Vènerie a fêté son centenaire en 2007.
Chien courant
Chien typique de chasse à courre
Un équipage n'aurait aucune réussite si ses chiens n'étaient pas créancés, c'est-à-dire habitués à chasser exclusivement sur un animal donné (cerf, daim, chevreuil, sanglier, renard, lièvre ou lapin), ou s'ils chassaient plusieurs animaux au cours d'une même chasse et encore moins s'ils ne chassaient pas en meute. Cette soumission aux ordres des chiens résulte autant de leurs origines que du dressage effectué par l'homme, quotidiennement au chenil, et régulièrement à la chasse.
Au sein d'une meute composée de 20 à 100 chiens, les soins apportés à ces derniers vont bien au-delà de la nourriture ; il s'agit de vivre quotidiennement au milieu d'eux, de créer une réelle intimité, voire une complicité entre le veneur et ses chiens. La reproduction représente un élément fondamental et c'est l'occasion pour le passionné de réfléchir au meilleur croisement, de rêver au chien idéal.
Les qualités recherchées sont la finesse de nez, l'intelligence de la chasse, l'ossature, la vitesse, la résistance et la gorge (aboiement).
À la chasse à courre, les chiens crient et n'aboient pas. On n'utilise le verbe aboyer que lors de l'hallali sur pied, lorsque l'animal tient tête à la meute.
Les chiens utilisés en vénerie sont des chiens courants. On distingue les chiens de grande vénerie, que l'on suit à cheval (comme le français tricolore), et le chien de petite vénerie (par exemple, le beagle). Le standard des chiens courants édité sous l'égide de la Société Centrale Canine dénombre 38 races élevées en France, dont 6 sont utilisées en grande vènerie. Voici quelques chiens de vénerie :
Le chien d'Artois
Le poitevin
Le français blanc et noir
Le français tricolore
Le porcelaine
L'anglo-français
Le billy
Le Foxhound anglais
Le cheval de chasse
Piqueux sur sa monture avec ses chiens
Le cheval de chasse est particulier, devant être robuste, calme et endurant. Il est soumis parfois à rudes épreuves, devant supporter la distance, jusqu'à 50 km, le climat et le relief.
Pour Hubert Parot, cavalier de renommée mondiale, médaillé d'or olympique et veneur, le cheval de chasse est un athlète, au même titre que celui de concours ou celui de course.
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« Son travail est dur et nécessite des soins attentifs :
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À l'entraînement, le cheval doit sortir tous les jours, au moins 5 à 6 km. Il n'est pas nécessaire que cet exercice soit soutenu, une promenade au pas ou quelques heures au paddock suffisent. Pendant la chasse, il faut savoir régler l'allure du cheval, savoir l'équilibrer et éviter de le mettre hors de son souffle. Il ne faut jamais être « à fond », au contraire, en le retenant suffisamment il trouvera de lui-même son rythme et sa cadence. Le bon cavalier trouvera une occasion pour faire uriner son cheval au milieu de la journée ; il retrouvera ainsi de la vigueur. Le soir de chasse, le cheval doit être douché à l'eau chaude et séché aussitôt. On lui mettra une couverture pour qu'il ait chaud toute la nuit. C'est aussi l'occasion d'observer minutieusement son cheval et soigner la moindre de ses petites atteintes. Veneurs oui, mais cavaliers aussi ! »
La trompe, instrument de chasse
Une trompe
L'action de chasse est accompagnée de sonneries de trompe (fanfares) qui permettent aux veneurs de communiquer entre eux et avec les chiens.
La vénerie française a aussi engendré un instrument de musique : la trompe de chasse, qui est spécifiquement française. La pratique de la trompe est maintenue par tous les veneurs, dont elle est l'instrument de communication à la chasse, mais aussi par des artistes. La trompe de chasse (différente du cor de chasse) est indissociable de la vénerie. Elle lui doit son origine, sa signification et son développement. Les premières fanfares de chasse remontent à 1723 où le marquis de Dampierre écrivit les premières des 4 000 fanfares (d'après le recueil de fanfares de chasse de la Fédération Internationale des Trompes de France, Philidor l'Aîné avait publié la « retraite prise » en 1705 et « La Sourcillade » devenue « la vue » en 1707/1709).
Les veneurs sonnent des fanfares « de circonstance » pour faire connaître les péripéties de la chasse dont ils sont témoins. Ainsi, le « bien-aller » indique que les chiens chassent « en bonne voie », le « débucher » que la meute est en plaine et se dirige vers un autre massif forestier, le « bat-l'eau » que l'animal de chasse est dans un étang ou une rivière, la « vue » que l'animal de chasse est vu par le sonneur.
Au cours de la « curée », cérémonie destinée à rendre hommage à l'animal de chasse et à récompenser les chiens, on sonne à nouveau les fanfares sonnées au cours de la chasse de manière à en rappeler les épisodes. Puis, pendant que les chiens « font curée », on sonne d'autres fanfares dédiées aux veneurs présents.
Trompe ou cor ?
La trompe de chasse est accordée en ré, par sa longueur (4,545 m), son utilisation (chasse à courre, musicalement en groupe de trompes ou autres instruments jouant dans cette tonalité). Elle doit son nom à Philidor qui l'appela ainsi en 1705. La mesure de la musique jouée est principalement 6/8, mesure ternaire à deux temps, et les liaisons sont tayautées.
Le cor de chasse est accordé en mi bémol et n'est pas utilisé à la chasse mais en musique militaire. La différence visible est la coulisse d’accord (petit tube intérieur modifiant la tonalité), sur la branche d’embouchure. La mesure de la musique semblerait être principalement à 2 ou 4 temps binaires.
L'embouchure
D’abord fixée à la branche d’embouchure, elle devint mobile en 1689, et il faut arriver à 1830 pour en trouver dans le commerce trois tailles différentes. Les dimensions actuelles ont été réglées par le professeur Cléret, mort peu d’années avant la guerre et c’est lui, et non Périnet, qui a réglé la profondeur du bassin à 0,032 m.
Les différentes trompes
Différentes trompes existent.
Nom |
Longueur |
Enroulement |
La Dampierre (1723) |
4,545 m |
1 tour et demi |
La Dauphine (1729) |
4,545 m |
2 tours et demi |
La d'Orléans (1817/1831) |
4,545 m |
3 tours et demi |
La d'Orléans est donc l'instrument utilisé aujourd'hui.
Opposition à la chasse à courre
Les arguments critiquant la chasse en général sont disponibles dans l'article consacré à la chasse.
Il existe, en France et dans les pays où la vénerie est présente, une opposition à sa pratique par une partie de la population. Sont présentés ci-dessous quelques arguments et contre-arguments.
Arguments contre la chasse à courre
La mise à mort est faite à la dague ou à l'épieu, armes dont peu de piqueurs savent se servir, et dans des conditions de fatigue et de stress ne permettant pas une mort rapide et sans souffrance pour l'animal.
L'hallali (le moment où la meute rattrape l'animal chassé) ou la curée (où l'on joue avec la peau de l'animal recouvrant les viscères pour dominer la meute des chiens) sont des scènes spécifiquement violentes.
Les conditions de vie des chiens de chasse à courre peuvent porter atteinte à leur bien-être, ceux-ci étant enfermés dans des chenils parfois exigus et forcés à une grande promiscuité.
Utilisation de chevaux dans des conditions pouvant porter atteinte à leur bien-être : le cheval de chasse à courre est considéré, de l'avis des chasseurs eux-mêmes, comme « une mobylette ». Ils n'hésitent pas à lui « rentrer dedans », ce qui arrive souvent en raison de la distance à parcourir et de son état de fatigue potentiel.
La chasse à courre est considérée comme un « sport » à destination d'une population souvent citadine, très aisée dont certains connaissent assez peu le monde rural et la faune sauvage.
Héritière d'un passé monarchique fastueux révolu, la chasse à courre peut aussi être perçue comme un évènement mondain coûteux, recréant pour un temps une hiérarchie sociale surannée (rabatteurs, piqueurs, courreurs, cavaliers, invités, maréchaussée, maître d'équipage et spectateurs), et destructeur n'ayant aucun égard envers la propriété privée lorsque l'animal chassé se réfugie chez un particulier.
La chasse à courre oblige à fixer les hardes, par l'agrainage par exemple, provoquant ainsi une sédentarisation du gibier près des activités humaines et une destruction des cultures céréalières, au grand dam des agriculteurs, eux aussi chasseurs mais d'une chasse « à pied » populaire.
Le berceau de la chasse à courre, surtout au renard, qu'est l'Angleterre, l'a interdite en 2005. 76 % des anglais étaient favorables à cette interdiction, ruraux et métropolitains confondus.
Les opposants à la chasse à courre sont plus naturellement les agriculteurs, "aux premières loges" et les plus touchés par l'impact sur leurs champs, prairies et activités. Certains chasseurs à pied réprouvent aussi cette chasse qui les prive de plus nombreux trophées.
Il n'y a pas de permis spécifique de chasser à courre ; quiconque sachant monter et ayant son permis de chasser validé peut participer.
On accuse aussi la chasse à courre, bruyante et agitée, de créer un traumatisme durable dans le secteur où celle-ci est pratiquée (par exemple des propriétés privées à cause du « droit de suite », animaux traqués et affolés traversant les routes et provoquant des accidents), traumatisme qui va bien au-delà du seul animal chassé.
Arguments pour la chasse à courre
L'existence d'une tradition séculaire.
La chasse à courre est la forme de chasse qui se rapproche le plus de la prédation naturelle, avec une sélection des animaux. Le principe de base de la chasse à courre équilibre l'épuisement de l'animal poursuivi et sa capacité à perdre ses poursuivants. Historiquement, cette approche est censée reposer sur la reproduction de techniques de chasse purement animales même si la réalité est beaucoup plus proche de la collaboration de l'homme et de la meute dans la poursuite d'un animal singulièrement isolé.
L'existence d'une culture riche : variété significative de types de chasse à courre, à pied ou à cheval, en fonction des chiens, des animaux et des territoires ; passion des chiens, leur élevage, leur dressage, et leurs races spécifiques, vivant en meute. La France est le pays du monde où il existe le plus grand nombre de races de chiens courants.
La réelle capacité des animaux poursuivis à semerla meute ou à brouiller la piste. La prise n'est en effet pas systématique même si elle dépasse en moyenne les 50 % de réussite, l'échec s'expliquant soit parce que le poursuivi a semé ses poursuivants, soit parce qu'il est sorti du périmètre attribué à la chasse, périmètre précisé selon l'animal chassé.
La chasse à courre moderne s'inscrit dans le cadre de la loi, mais aussi dans un code éthique strict, la Charte de la Société de Vénerie.
L'usage d'arme à feu reste exceptionnel, et n'est autorisé que pour la mise à mort.
L'hallali n'est pas pire que toute mise à mort de proie par un prédateur animal sauvage.
La régulation des populations d'animaux classés nuisibles (ex : sanglier) dans des zones où les animaux ne peuvent être chassés à tir pour des raisons de sécurité.
Proposition de loi visant à interdire la pratique en France
Le 15 mai 2013 est déposée en France une proposition de loi visant à interdire la pratique, à l'image d'autres pays européens (Allemagne en 1952, Belgique en 1995, Écosse en 2002, Angleterre et Pays de Galles en 2004).
Quelques veneurs célèbres
Des grands noms de la vénerie française : Jacques d'Yauville Marquis de Foudras Marquis de Dampierre Gaëtan Lacaze Gaston Phoebus Comte Jean-Emmanuel Le Couteulx de Canteleu Robert de Salnove
Jacques d'Yauville
Marquis de Foudras
Marquis de Dampierre
Gaëtan Lacaze
Gaston Phoebus
Comte Jean-Emmanuel Le Couteulx de Canteleu
Robert de Salnove
comme de nombreux rois de France : Louis XI François I Henri IV Louis XIV Louis XV Louis XVI
Louis XI
François I
Henri IV
Louis XIV
Louis XV
Louis XVI
mais aussi d'autres personnalités : Paul Vialar Maurice Druon Maurice Genevoix Hubert Parot Pierre Durand et Jappeloup
Paul Vialar
Maurice Druon
Maurice Genevoix
Hubert Parot
Pierre Durand et Jappeloup
Influences et héritages
Langage et vocabulaire
Monarch of the Glen de Sir Edwin Landseer, 1851
Plusieurs expressions de la langue française sont issues de la vénerie parmi lesquelles :
« marcher sur ses brisées »
« être aux abois »
« ne pas courir deux lièvres à la fois »
« être un fin limier »
« à cor et à cri »
Représentations dans l'art pictural
Les scènes de chasses à courre abondent dans les tableaux ou les tapisseries (des Gobelins par exemple représentant les chasses de Louis XV), du Moyen Âge au XIX siècle. Parmi les grands peintres classiques, Pierre Paul Rubens, Jean-Baptiste Oudry, Adam François van der Meulen, Carle Vernet ou Alexandre-François Desportes, entre autres, ont abordé la thématique cynégétique tout comme le Baron Karl Reille, René Princeteau, Xavier de Poret, Edwin Landseer, Jules-Bertrand Gélibert, Charles de Condamy et Arnaud Fréminet dans une époque plus contemporaine.
Littérature
« Les chiens de relais » par Camille Gaté, Nogent-le-Rotrou.
En littérature, des chasses à courre sont décrites dans Une poignée de cendre (A Handful of Dust) d'Evelyn Waugh (1934), ou encore dans La Dernière harde de Maurice Genevoix (1938). Il y a plusieurs scènes aussi dans Les Grandes Familles (surtout le tome II) de Maurice Druon. Gaston Phoebus au XIV siècle, Paul Vialar, Henri Vincenot ou Pierre Moinot au XX traitent du « noble déduit ».
Théodore de Foudras est le premier auteur à faire de la chasse un objet de littérature et non plus un sujet d'ouvrages techniques. Ses romans cynégétiques sont toujours publiés soit 10 volumes : Abbé Tayaut, Les Gentilshommes Chasseurs, Madame Hallali…
Architecture et sculpture
Le pavillon de chasse, bâtiment voué à la vénerie, édifié dans les domaines forestiers découle directement de la pratique de la chasse à courre comme celui de Versailles par exemple. Plus encore, Chambord, édifié par François 1 pour se livrer sans compter à sa passion de la chasse aux chiens courants ou Chantilly et ses Grandes Écuries des Princes de Condé témoignent des retombées architecturales de la chasse à courre La vénerie a également été le sujet de prédilection de plusieurs sculpteurs tels Jean Goujon, avec ses bas-reliefs du Château d'Anet, ou encore les sculpteurs animaliers français Antoine-Louis Barye et Pierre Jules Mène.
Musées
Musée de la Vénerie à Senlis
Musée de la Vénerie à Senlis
Musée de la Chasse et de la Nature à Paris dans l'Hôtel de Guénégaud
Musée du Veneur - Château de Montpoupon à Céré-la-Ronde en Indre-et-Loire
Musée Théodore de Foudras - Château de Demigny à Demigny en Saône-et-Loire
Musique
Jean-Baptiste Lully a composé les « chasse royales » et le grand sonneur compositeur lyonnais, Tyndare Gruyer, présente pour la première fois la désormais célèbre « messe de Saint-Hubert » le 5 novembre 1883 à Marseille. La trompe de chasse et les différents morceaux composés pour elle sont autant de témoignages de l'influence musicale de la vénerie.
Environnement et biodiversité
On doit à la vénerie les forêts royales dessinées en étoile ou encore un patrimoine canin d'importance avec les 70 races de chiens courants reconnues par les instances cynophiles internationales, dont 36 sont Françaises.