Une sonate est une composition instrumentale de musique classique à plusieurs mouvements. Il ne faut pas la confondre avec l'une des formes les plus importantes : la forme sonate.
Histoire
À l'origine, le mot désigne « une musique qui sonne » (en italien, sonata, suonata). La musique opposée à la sonate était la cantate (de l'italien, cantare = chanter). Les premières sonates sont apparues vers 1580 de Giovanni Croce et Andrea Gabrieli ; (de ce dernier, la « Sonate a 5 instromenti » (de 1586), est aujourd'hui perdue). Dès le début du XVII siècle déjà, une grande partie des compositeurs italiens ont adopté et intégré la sonate à leur répertoire. Depuis la fin du XVII et jusqu’à nos jours, de très nombreux compositeurs ont écrit d'innombrables sonates pour tous les instruments imaginables de leur époque.
La sonate s'est élaborée de façon progressive : au début, elle se distingue peu d'autres genres, tels que la partita, la canzone ou la suite. Elle possède cependant deux variantes : la « sonata da chiesa » ou sonate d'église, et la « sonata da camera » ou sonate de chambre.
C'est à l'époque de Corelli que la « forme sonate » se fixe : son succès sera la cause du déclin de la suite et, plus tard, adaptée à l'orchestre et prenant de plus grandes proportions, elle donnera naissance à la symphonie.
Aspects de la sonate
La sonate peut être composée pour un ou plusieurs instruments.
Sonate solo, pour instrument seul : piano, clavecin, violon, viole de gambe, orgue…
Sonate duo, généralement pour instruments à cordes ou à vent.
Sonate en trio, ou à 4, 5 ou plusieurs voix.
Sonatine : petite sonate.
Sinfonia : sonate pour orchestre.
Concerto : sonate pour un ou plusieurs instruments solistes et orchestre.
Le temps baroque
La sonata da chiesa est une sonate d'église. Elle a généralement quatre mouvements : grave, vite, lent, vite.
La sonata da camera est une sonate profane. Elle se compose généralement d'un prélude suivi de plusieurs mouvements de danse (dénomination intéressante chez Torelli : « Intrada, Ballo : Allemande, Ballo : Gavotte »). C'est, en fait, une suite.
Même les introductions des cantates étaient de courtes sonates. Parfois seulement quelques mesures, mais dans les grandes cantates de Bach on trouve des introductions nommées « sinfonia », souvent avec un ou deux instruments solistes.
Même au XVIII siècle, le terme « sonate » n'est pas univoque : les sonates de Domenico Scarlatti ne comportent qu'un seul mouvement ; d'autres musiciens composent des sonates qui n'en ont que le nom, selon l'acception actuelle (Soler, Seixas, della Ciaja, Arne, Paradisi, etc.).
Du style galant au romantisme
Après 1731 on constate la disparition des deux types au profit d'un seul type de sonate. Le plan est souvent : allegro, adagio, menuet, rondo, ou bien : allegro, andante, rondo.
À partir de Beethoven, le menuet est remplacé par un scherzo.
Dans la sonate classique et romantique, on trouve souvent trois mouvements : mouvement rapide, mouvement lent, mouvement rapide appelé « finale ».
Sonates pour instrument seul
Violon
Antonio Vivaldi : sonates pour violon et basse continue, op. 1, 2 et 5 ; et 12 sonates du « manuscript de Manchester » sans n° d'opus.
Bach : Sonates et Partitas, BWV 1001 à 1006.
Giuseppe Tartini : sonate en sol mineur dite « Le trille du diable ».
Ysaÿe : six sonates, op. 27.
Francesco Maria Veracini : 3 recueils de 12 sonates pour violon soliste et b.c.
Violoncelle
Antonio Vivaldi : sonates pour violoncelle, op. 14.
Luigi Boccherini : sonates pour deux violoncelles et pour violoncelle et piano.
Clavecin
Domenico Scarlatti : 555 sonates (en un mouvement de forme binaire).
Piano
Joseph Haydn : 62 sonates (les premières pour clavecin).
Mozart : 18 sonates.
Beethoven : 32 sonates, parmi lesquelles la Pathétique (n° 8), le Clair de Lune (n°14), la Pastorale (n° 15), la Tempête (n° 17), la Waldstein (n° 21), l'Appassionata (n° 23), les Adieux (n° 26), Hammerklavier (n° 29). Les dernières sonates, op. 109, 110 et surtout l'op. 111, figurent parmi les références du genre.
Schubert : 19 sonates.
Chopin : 3 sonates.
Liszt : une seule sonate, la Sonate en si mineur.
Brahms : 3 sonates.
Sergueï Rachmaninov : 2 sonates.
Sergueï Prokofiev : 9 sonates.
Et bien d'autres compositeurs : Domenico Cimarosa, Alban Berg, Alkan, Field, Giovanni Antonio Pandolfi Mealli…
Orgue
Johann Sebastian Bach : 6 sonates en trio, BWV 525 à 530.
Carl Philipp Emanuel Bach : 6 sonates.
Bernardo Pasquini : Sonates.
Giovanni Battista Martini : nombreuses sonates.
Padre Antonio Soler : 120 sonates.
Nicolas Jacques Lemmens : 3 sonates.
Felix Mendelssohn : 6 sonates, op. 65.
Edward Elgar : Sonate en sol majeur, op. 8.
Edgar Tinel : Sonate en sol mineur, op. 29.
Julius Reubke : Sonate en ut mineur sur le psaume 94.
Alexandre Guilmant : 8 sonates.
Joseph Gabriel Rheinberger : 20 sonates.
Max Reger : 2 sonates.
Alphonse Mailly : Sonate, op. 1.
Darius Milhaud : Sonate, op. 112.
Claude Ballif : 4 sonates, op. 14.
Jean-Pierre Leguay : 2 sonates.
Harpe
Naderman : sept Sonates progressives
Etc.
Quelques sonates à écouter
À travers les époques, selon l'ordre chronologique :
Sonates pour violon et basse continue, op. 5, de Corelli
12 sonates da chiesa, op. 1, et 12 sonates da camera, op . 8, de Tomaso Albinoni
Sonate à trois pour violoncelle et basse continue, de Vivaldi
Sonates pour clavier de Domenico Scarlatti
Sonates pour violon et clavecin, sonates en trio pour orgue de Bach
Sonates en trio, pour deux violons (ou deux flûtes traversières) et basse continue, op. 5 n 1–6, de Pietro Locatelli (1736)
Sonates pour piano, op. 1 de Johann Gottfried Eckard (1763)
Sonate pour piano n 50 en ré majeur, de Joseph Haydn (1780)
Sonates pour piano – et sonates pour piano et violon, de Mozart
Sonate pour piano en mi majeur, de Joseph Martin Kraus (après 1787)
Sonate arpeggione, de Schubert (1824)
32 sonates pour piano, de Beethoven
Sonate pour piano n 2 en si-bémol mineur, op. 35 – avec « Marche Funèbre », de Chopin (1837–39)
Sonate pour piano en si mineur, de Franz Liszt (1853)
3 Sonates pour violon et piano, de Johannes Brahms
Sonate pour violoncelle et piano en mi mineur n 1, op. 38, de Johannes Brahms (1865)
Sonate pour violon et piano en la majeur, de César Franck (1886)
Sonate pour violoncelle et piano de Rachmaninov (1901)
Sonata Eroica pour orgue de Joseph Jongen
10 Sonates pour piano, de Alexandre Scriabine
Sonate pour piano, op. 1, d'Alban Berg (1907–08)
Sonate pour piano n 2 « Concord », de Charles Ives (1920)
Sonate pour violon et piano n 2 en sol majeur, de Maurice Ravel (1927)
3 Sonates pour piano, de Paul Hindemith (1936)
Sonate pour piano n 7 op. 83, de Sergeï Prokofiev (1942)
Sonate pour piano n 2 de Pierre Boulez (1950)
Sonate pour flûte et piano, de Francis Poulenc (1957)
Sonate pour trompette chromatique et piano, de Jean Hubeau
Sonate pour alto et piano, op. 147, de Dmitri Chostakovitch (1975)
Différence entre la forme sonate et la structure sonate
Le mot sonate désigne également une structure musicale particulière — plus précisément appelée structure sonate — essentiellement utilisée aux XVIII et XIX siècles.
Il peut y avoir coïncidence entre la structure et la forme, lorsqu'un mouvement de sonate (la « forme ») prend effectivement la structure « sonate », mais ce n'est pas toujours le cas.
Par exemple, tel ou tel mouvement de sonate peut ne pas adopter la structure « sonate » : ce peut être le cas du mouvement lent, dont la structure est souvent A-B-A ; mais également, le cas du finale, dont la structure la plus fréquente est celle du rondo (A-B-A-C-A-D), etc. Inversement, la structure sonate peut être utilisée dans des formes autres que la forme sonate : symphonie, ouverture, concerto…
Bibliographie
Roland-Manuel, Sonate que me veux-tu ? Réflexions sur les fins et les moyens de l'art musical, éditions Ivrea, 1996 (ISBN 2-85184-251-x).
Articles connexes
Forme sonate
Genre musical
Sonate pour piano
Sonate pour alto et piano
Sonate pour clarinette
Sonate pour flûte
Sonate pour violon et piano
Sonate pour violoncelle et piano
Lien externe
Catégorie « Sonates » : partitions libres dans l’International Music Score Library Project.
Portail de la musique classique