Animalia
Animalia Représentants des classes diverses. Classification Empire Eukaryota — non-classé — Unikonta — non-classé — Opisthokonta Règne Animalia Linnaeus, 1758 Synonymes Metazoa Haeckel, 1874
Un animal (du latin animalis « animé, vivant, animal ») est en biologie, selon la classification classique, un être vivant hétérotrophe, c’est-à-dire qu’il se nourrit de substances organiques. On réserve aujourd'hui le terme « animal » à des êtres complexes et multicellulaires, bien qu’on ait longtemps considéré les protozoaires comme des animaux unicellulaires. Comme tous les êtres vivants, chaque animal a des semblables avec qui il forme un groupe homogène, appelé espèce.
Dans les classifications scientifiques modernes, le taxon des animaux se nomme Animalia (création originale de Linné en 1758, eu égard au code de l'ICZN) ou encore Metazoa (synonyme junior créé par Haeckel en 1874). Quel que soit le terme employé ou quelle que soit la classification retenue (évolutionniste ou cladiste), les animaux sont consensuellement décrits comme des organismes eucaryotes pluricellulaires généralement mobiles et hétérotrophes.
Dans le langage courant, le terme « animal » est souvent utilisé pour distinguer le reste du monde animal des humains.
La science consacrée à l'étude du règne animal est la zoologie.
Zoologie
Physiologie commune
L' « Animal théorique » du zoologiste Paul Bert (1833-1886), proposé au XIX siècle comme modèle fictif et pédagogique présentant les systèmes associés qui caractérisent selon lui l'organisme animal : D : appareil digestif, R : appareil respiratoire, E : appareil excréteur, C : appareil circulatoire, N : appareil nerveux. Les flèches désignent les flux de nutriments, d'oxygène, d'excréments et/ou d'excretas.
Comme tous les organismes vivants, les animaux ont besoin d'eau, d'un comburant qui est exclusivement le dioxygène pour ces espèces, et de matières organiques provenant d'autres organismes car ils ne peuvent pas la produire par eux-mêmes à partir de molécules ne provenant pas du vivant. On dit qu'ils sont chimio-organotrophes. Cette nourriture répond à trois objectifs : fournir les substances qui servent à créer d'autres cellules; produire des substances utiles à créer des molécules et structures de l'organisme (os, poils, larmes, odeurs, etc.), et surtout fournir de l'énergie.
Comme pour tous les organismes vivants, l'eau est l'élément dont les animaux ont le plus de mal à se passer. En plus du fait que les cellules sont essentiellement constituées d'eau, l'eau est nécessaire à la plupart des réactions biochimiques où elle sert de solvant. Mais, en outre, elle sert à l'évacuation des déchets azotés produits par le métabolisme des protéines qui doivent être éliminées. Les animaux sont, comme les autres espèces même non aquatiques, également confrontés aux problèmes liés à l'osmorégulation. Le besoin en eau implique d'avoir un système de régulation osmotique.
Ils ont besoin de se procurer leur nourriture en se déplaçant ou en l'attrapant, et grâce à un système digestif, de dissocier les organismes en substances nécessaires qui leur sont utiles, puis de les assimiler. L'acquisition de dioxygène sert à oxyder des hydrates de carbones pour produire de l'énergie chimique, est donc aussi une priorité pour la plupart des animaux. La plupart des espèces disposent d'un système respiratoire pour absorber le dioxygène. Le dioxygène, l'eau et les diverses substances sont amenées vers les cellules, et les sous-produits inutiles sont évacués (excrétion) grâce à divers systèmes circulatoires. Les problèmes posés par les différents milieux supposent des adaptations spécifiques. Ainsi l'acquisition de dioxygène pour un organisme terrestre est moins difficile que l'acquisition de l'eau. L'inverse est vrai dans un milieu aquatique. Pour acquérir ces substances essentielles à la vie, la plupart des animaux utilisent des organes de perception. Ils utilisent également leur sens pour fuir leurs prédateurs. Pour assimiler les substances nécessaires à sa vie qu'il puise dans d'autres organismes vivants, l'animal a besoin d'un système digestif et donc d'un système d'excrétion.
Les fonctions de reproduction sont également importantes chez les animaux qui sont principalement sexués, mais certaines espèces comme l'hydre peuvent aussi se reproduire d'une manière asexuée (par bourgeonnement dans son cas). L'appareil de reproduction est vital à l'espèce seulement, sans quoi, inévitablement celle-ci disparaîtrait après un certain temps.
Les animaux possèdent également des systèmes très divers de locomotion, de perception.
En outre, ils possèdent divers systèmes de circulation de fluide à l'intérieur du corps et de coordination des différentes cellules. Le vieillissement ne semble pas faire partie des caractéristiques fondamentales, car certaines espèces d'éponges ne vieillissent pas.
Classification selon l'organisation interne
L'organisation interne des animaux peut être de complexité très variable, depuis la colonie de cellules relativement amorphes que forment les éponges, jusqu'aux organisations très complexes des insectes ou des vertébrés. Scientifiquement, les animaux sont des organismes eucaryotes multicellulaires (exception faite des Myxozoa) ce qui les différencie des Bacteria et des Protista et dépourvus de chloroplastes (hétérotrophes), ce qui les distingue des végétaux et algues. Ils se distinguent également des Mycota. Ils sont les seuls organismes vivants qui passent dans une étape de leur développement par un blastocyste. Ils sont aptes au mouvement, parfois seulement sous forme larvaire (cas des éponges et de nombreux invertébrés benthiques fixés au substrat). Ils forment le règne Animalia, subdivision du domaine Eukaryota.
Les animaux (ou métazoaires) sont l'un des types d'eucaryotes à s'être développés sur un mode multicellulaire, comme les plantes, certains champignons, et les algues brunes par opposition aux unicellulaires qui regroupent les levures, d'autres algues et champignons, des protozoaires, ainsi que les être vivants regroupés au sein des Prokaryota, composés des Eubacteria et Archaea.
On distingue, selon leur complexité d'organisation interne, quatre groupes ou niveaux.
Les plus simples sont les animaux à organisation cellulaire, c'est-à-dire que ces organismes sont constitués d'un agrégat de cellules différenciées et spécialisées comme les cellules somatiques et celles responsables de la reproduction. Si c'est le niveau typique de certains protozoaires coloniaires, certains scientifiques classent les éponges dans ce groupe.
D'une organisation légèrement plus complexe, on retrouve les organismes à organisation cellules-tissus ou diploblastiques, c'est-à-dire qu'ils sont formés à partir de feuillets cellulaires à fonction définie. Il peut y avoir entre ces feuillets une matrice qui ne constitue pas un véritable tissu cellulaire et qui ne contient aucun organe différencié. Certains classent les éponges dans ce groupe mais les méduses en sont un meilleur exemple.
On distingue ensuite les organismes où les tissus forment des organes par exemple pour les plathelminthes et où l'on retrouve bien définis des ocelles, un tube digestif, et des organes reproducteurs.
Et enfin sont les organismes à organes-systèmes qui représentent la majeure partie des embranchements. Ils disposent d'un ou plusieurs systèmes circulatoires pour plusieurs fluides vitaux, un système respiratoire dédié, un système digestif, un réseau nerveux permettant la perception, etc. Les annélides en sont un des exemples les plus simples.
Formes élémentaires
Éponge (colonie cellulaire)
Une éponge de mer (Monanchora unguifera).
Les cellules animales sont hétérotrophes, c'est-à-dire qu'elles doivent manger pour survivre, contrairement aux plantes. La survie d'un animal passe par une préoccupation constante : comment manger ? La stratégie des éponges consiste simplement à filtrer l'eau qui les traverse, pour y capturer des proies. Cette stratégie ne demande ni structure complexe, ni mouvement coordonné.
Les éponges (Porifera) forment l'organisation la plus simple : ce sont des colonies de cellules pratiquement indifférenciées, sans structures internes réelles, ni fonctionnement. Ce sont des animaux sans système nerveux ni tube digestif. Leur corps n’est formé que par deux couches de cellules (ectoderme et endoderme).
Polype : hydres, corail et méduse
Une anémone de mer (Condylactis gigantea).
Le passage d'un niveau de type éponge à une organisation de type anémone répond toujours à la question constante : comment manger ? La formule mise au point par ce groupe consiste à pousser la nourriture vers un ventre (cavité gastrique) où elle pourra être digérée sans se sauver.
Cette stratégie novatrice permet de se nourrir de proies plus grosses (ce que les éponges ne peuvent pas filtrer). Dans l'acquisition progressive de fonctionnalités animales, cette évolution suppose deux choses : les cellules se spécialisent (avec l'acquisition de cellules nerveuses et musculaires permettant des mouvements coordonnés) et l'organisme gagne la capacité à prendre une forme définie (morphogénèse), pour que des tentacules efficaces puissent pousser leur proie vers une cavité gastrique efficace.
Ver (mobilité et tube digestif)
Une sangsue médicinale (Hirudo medicinalis).
L'organisation de type ver est une nouvelle réponse apportée à la question centrale du règne animal : comment manger ? La stratégie de base des organismes de type « ver » (vermiforme) est de se déplacer pour aller chercher la nourriture, au lieu d'attendre qu'elle passe à portée. Cette stratégie permet notamment d'exploiter des déchets organiques, qui peuvent être à haute valeur nutritive, mais ne se déplacent pas.
Passé le cap des éponges et des polypes, tous les organismes complexes sont des bilatériens, qui dérivent d'un schéma fondamental : le tube. Le développement est organisé autour d'un axe tête / queue d'une part, et dos / ventre d'autre part. Ces deux axes conduisent à un plan d'ensemble où les côtés droit et gauche tendent à être symétriques, d'où leur nom de bilatérien.
Les vers les plus simples marquent une étape qualitative supplémentaire par rapport aux cnidaires : les cellules nerveuses s'organisent en un système nerveux cohérent, prototype de ce qui deviendra le cerveau dans les animaux supérieurs. C'est cette capacité de déplacement et de réaction à l'environnement qui fait considérer que le degré d'organisation vermiforme est le premier stade réellement "animal".
La deuxième invention majeure des vers (absente chez les vers plats) est la présence d'un canal alimentaire et d'une fonction digestive : à une extrémité, une bouche absorbe la nourriture, à l'autre, un anus excrète les déchets. Entre le « tube extérieur » qui forme la peau (ectoderme) et le « tube intérieur » (endoderme) qu'est le canal alimentaire, un tissu intermédiaire, le mésoderme, peut se développer et former des organes internes de plus en plus complexes.
L'invention du tube digestif à partir de la cavité gastrique ancestrale semble avoir été faite deux fois. Chez les protostomiens, les deux orifices du canal alimentaire sont formés à partir du blastopore, dont les lèvres se rapprochent pour former un canal par soudure longitudinale. Chez les deutérostomiens, l'orifice du blastopore devient l'anus, le canal alimentaire étant formé par un percement ultérieur qui évoluera vers la bouche.
Les vers sont à l'origine d'une seconde invention majeure de l'évolution : la segmentation (métamérie). Cette invention semble également avoir été faite dans plusieurs branches différentes.
Explosion radiative des vermiformes
Un ver plat (Pseudobiceros gloriosus)
La découverte du tube digestif et de la capacité de se déplacer (en rampant) a été la formule gagnante : les organismes vermiformes sont assez polyvalents, et peuvent servir de base à des modes de vie très variés. C'est ce qu'on appelle une explosion radiative : à partir d'un schéma de base commun, les formes prennent des voies divergentes, comme si elles rayonnaient à partir d'une explosion centrale. Tous les autres schémas d'organisation plus évolués s'appuient sur ce type fondamental : ce sont des vers un peu compliqués.
Les principaux groupes qui relèvent du niveau d'organisation vermiforme sont :
les vers plats, notamment les planaires, d'organisation particulièrement simple ;
les vers ronds, ou nématodes, sont des représentants plus typiques de vers non segmentés ;
les vers segmentés sont des représentants élémentaires de la forme d'organisation segmentée.
Le niveau d'organisation de type vermiforme n'est pas maintenu chez tous les bilatériens. Des organismes comme les tuniciers ressemblent plus à des formes d'éponges ou de coraux qu'à des vers, ce qui est généralement le cas des formes retournant à un mode de vie végétatif.
Enfin, cette forme d'organisation se complexifie suivant trois voies, dont les parties dures pourront laisser des fossiles :
Les Mollusques, qui acquièrent une structure rigide avec une coquille ;
Les Arthropodes, qui s'organisent à l'intérieur d'un exosquelette ;
Les Vertébrés, qui s'organisent au contraire autour d'un squelette interne.
Formes supérieures
Les types d'organisation présentés ici sont des grades évolutifs ne correspondant généralement pas à des groupes monophylétiques, mais paraphylétiques (ne comportant pas tous les descendants d'un même ancêtre — exemple : les descendants d'ancêtres vermiformes ne sont pas tous aujourd'hui des vers, etc.).
En jaune : les principales explosions radiatives.
Mollusques
Un poulpe commun
Les mollusques évoluent à partir d'une organisation de type ver. La fonctionnalité qui semble avoir conditionné les mollusques primitifs paraît être le blindage, permettant de se protéger des prédateurs actifs : l'acquisition de plaques calcaires protégeant le dos. Ces mollusques primitifs devaient donc ressembler à des polyplacophores (une sorte d'escargot qui peut se rouler en boule comme un hérisson ou un cloporte), mais ce type est à présent très marginal.
Les mollusques comprennent les classes importantes suivantes :
Les gastéropodes (escargots, limaces, nudibranches, etc.)
Les bivalves (moules, huîtres, etc.)
Les céphalopodes (poulpes, calmars, seiches, etc.)
Arthropodes
Un monarque (Danaus plexippus).
Sur la formule générale des vers, les arthropodes ont superposé plusieurs innovations :
La segmentation, partagée avec de nombreux autres organismes, qui consiste à allonger le corps en répétant des segments de même anatomie.
La formation de pattes locomotrices. Des tentacules jouant le rôle de pattes sont présents chez certains vers.
La transformation de l'épiderme en un squelette rigide, l'exosquelette.
Cette formule gagnante correspond à la forme générale des mille-pattes. Elle a été immédiatement à l'origine d'une nouvelle explosion radiative, qui a exploré différentes formules pour transformer tel ou tel groupe de pattes en mâchoires, antennes, pattes spécialisées, ou les laisser régresser dans la queue.
L'embranchement des arthropodes est de très loin celui qui possède le plus d'espèces et le plus d'individus de tout le règne animal. On compte plus d'un million et demi d'espèces actuelles d'arthropodes. La question centrale qui semble avoir structuré sa répartition est : combien de pattes faut-il pour se déplacer ?
Vers nageurs : les poissons
Un poisson mandarin, un exemple de poisson osseux.
La fonctionnalité essentielle qui a initialement structuré cet ordre a été la capacité de nager dans l'eau (ce que ne savaient faire ni les mollusques primitifs, ni les arthropodes primitifs).
Mais cette capacité n'a pas conduit à une explosion radiative : par elle-même, elle ne donne pas une autonomie fonctionnelle suffisante pour que les organismes puissent se spécialiser de manière très libre.
L'histoire de cette lignée paraît laborieuse : la découverte progressive de la tête et de la mâchoire, puis l'exploration des membres jusqu'au stade tétrapode, et enfin, la conquête de l'environnement aérien, aboutissant à l'explosion radiative des sauriens enfin polyvalents.
Tétrapodes
Reconstitution d'un tétrapodomorphe aquatique, Acanthostega.
Les tétrapodes, animaux à quatre membres, ont eu une explosion radiative après avoir conquis la capacité à se déplacer sur la terre ferme. Cependant, certains groupes d'espèces comme les cétacés ou les serpents ne gardent, à la suite de leur évolution, que des vestiges de membres.
Les tétrapodes regroupent des animaux de taille vraiment différentes, des micro-mammifères à la baleine bleue qui est le plus gros animal connu de tous les temps, mais ils ne représentent qu'une infime partie à la fois des espèces vivantes (au plus 2 %) et de la biomasse. Malgré cela, ils sont parmi les espèces les mieux connues de l'homme, qui en fait lui-même partie. Bien que l'homme ait, depuis Aristote au moins, essayé de regrouper les différentes espèces suivant des groupes homogènes, il n'est parvenu à comprendre la phylogénie de ce groupe qu'à la fin du XIX siècle. On considère aujourd'hui que ce groupe est composé des amphibiens, des Sauropsida (dont les reptiles et les oiseaux) et des mammifères.
Amphibiens : Ces tétrapodes se caractérisent par la peau nue. Nombre d'entre eux mènent à l'état adulte une vie alternant phase aquatique et phase terrestre.
Reptiles : Ces tétrapodes se caractérisent par la présence d'écailles soudées.
Oiseaux : Ces tétrapodes se caractérisent par la présence de plumes.
Mammifères : L'explosion radiative des mammifères, la plus récente, a été consécutive à la disparition des dinosaures.
Les mammifères sont généralement identifiables par leur peau, qui est au moins partiellement couverte de poils. Le fait que les femelles allaitent leurs petits est la caractéristique majeure de ce groupe.
Classification
Nombre d'espèces
Environ 1 250 000 espèces animales sont connues et répertoriées sur Terre. Certains scientifiques estiment qu'il y a dix millions d'espèces vivant actuellement sur Terre et qu'il y a eu cent millions d'espèces qui ont existé en comptant toutes les espèces qui ont vécu sur Terre depuis l'apparition du vivant. Une étude publiée en 2011, indique que la Terre accueillerait 8 750 000 espèces (±1 300 000) dont 2 210 000 (±182 000) espèces vivant dans les océans. Parmi ces espèces, seules 1 244 360 sont répertoriées dont 194 409 espèces océaniques.
Classification générale
Il existe des grandes caractéristiques générales qui permettent de classer les espèces vivantes en embranchements. D'après la théorie de l'évolution, les embranchements d'animaux actuels sont les groupes survivants de près d'une centaine existants au Cambrien, ceux-ci ne sont connus que par leurs fossiles.
Graphique de la biodiversité animale
Embranchement Nombre d'espèces connues Exemples Arthropoda 1 200 000 Insectes, araignées, crabes Mollusca 100 000 à 110 000 Escargots, moules, pieuvres Nematoda 90 000 à 120 000 Ascaris Chordata 47 200 Mammifères, oiseaux, poissons, reptiles Platyhelminthes 15 000 à 20 000 Ver solitaire Annelida 15 000 Lombric, sangsues Cnidaria 9 000 à 10 000 Méduses et Polypes Echinodermata 6 000 Oursins, étoiles de mer Porifera 4 300 Éponges Autres (27) environ 100 000 Vers marins, constituants du zooplancton, producteurs de calcaire
Les arthropodes constituent vraisemblablement l'embranchement le plus abondant dans l'histoire de la Terre et le plus diversifié. On estime que près de 80 % des espèces animales seraient des insectes.
Plus de la moitié des chordés/chordata sont représentés par des poissons.
Taxinomie scientifique
Plusieurs bases de données en ligne existent qui tentent de recenser l'ensemble des taxons actuellement reconnus. Chacune se fonde sur des choix étayés par des études publiées, ce qui ne les empêche pas forcément de se contredire, en particulier pour les taxons fossiles, pour lesquels la vérification génétique n'est pas possible.
Cette classification taxinomique est un outil pratique pour les biologistes, mais elle range artificiellement côte à côte des groupes dont le statut et l'âge n'est cependant pas le même : elle doit donc être complétée par une classification phylogénétique, sous forme d'arborescence, qui détaille le moment de divergence des différents groupes à partir d'un unique ancêtre commun.
embranchement Acanthocephala
embranchement Annelida
embranchement Arthropoda
embranchement Brachiopoda
embranchement Bryozoa
embranchement Cephalorhyncha
embranchement Chaetognatha
embranchement Chordata
embranchement Cnidaria
embranchement Ctenophora
embranchement Cycliophora
embranchement Dicyemida / Rhombozoa
embranchement Echinodermata
embranchement Entoprocta
embranchement Gastrotricha
embranchement Gnathostomulida
embranchement Hemichordata
embranchement Mollusca
embranchement Nematoda
embranchement Nemertea
embranchement Orthonectida
embranchement Phoronida
embranchement Placozoa
embranchement Platyhelminthes
embranchement Porifera
embranchement Rotifera
embranchement Sipuncula
embranchement Tardigrada
embranchement Xenacoelomorpha
embranchement Acanthocephala
embranchement Annelida
embranchement Arthropoda
embranchement Brachiopoda
embranchement Bryozoa
embranchement Cephalorhyncha
embranchement Chaetognatha
embranchement Chordata
embranchement Cnidaria
embranchement Ctenophora
embranchement Cycliophora
embranchement Dicyemida / Rhombozoa
embranchement Echinodermata
embranchement Echiura
embranchement Entoprocta
embranchement Gastrotricha
embranchement Gnathostomulida
embranchement Hemichordata
embranchement Loricifera
embranchement Micrognathozoa
embranchement Mollusca
embranchement Myxozoa
embranchement Nematoda
embranchement Nematomorpha
embranchement Nemertea
embranchement Onychophora
embranchement Orthonectida
embranchement Phoronida
embranchement Placozoa
embranchement Platyhelminthes
embranchement Porifera
embranchement Rotifera
embranchement Sipuncula
embranchement Tardigrada
embranchement Xenacoelomorpha
Menaces et protection
Diverses sciences visent à étudier le monde animal par exemple la zoologie qui se décompose en une multitude de spécialités, la médecine vétérinaire, mais aussi d'une façon dérivée la paléontologie, la biologie, et la microbiologie et l'agronomie pour son implication économique.
Disparitions des espèces
Depuis l'apparition de la vie, de nombreuses espèces disparaissent tandis que d'autres évoluent et donnent de nouvelles espèces. Au cours de l'histoire du vivant, il y a eu des extinctions massives (on en distingue habituellement cinq majeures) notamment après certains cataclysmes. Ces extinctions sont suivies par des explosions radiatives, c'est-à-dire une forte augmentation d'espèces nouvelles.
L'homme en tentant de domestiquer la nature, en favorisant un nombre forcément restreint d'espèces, a eu tendance à réduire le nombre de biomes. D'autre part, les pollutions générées par l'industrie et la société de consommation ont également pour effet de déstabiliser les biomes et de réduire le nombre d'espèces. Les espèces de grandes tailles sont les plus particulièrement touchées si bien que l'on considère que le nombre d'espèces pouvant s'éteindre dans les années à venir pourrait être massif. L'extinction actuelle est nommée extinction de l'Holocène et son rythme serait dix à cent fois supérieur à celui des extinctions passées.
Protection des animaux
De nombreuses lois visent à protéger la faune, ses habitats des impacts des actions des humains. Certaines sont plus spécifiques à la protection des milieux naturels et d'autres plus spécifiques à protéger les animaux de la malveillance, du roadkill, de la surexploitation ou de risques d'empoisonnement, etc.
Il existe également plusieurs types d'organisations pour la protection animale et la protection de la nature, par exemple :
People for the Ethical Treatment of Animals
Société protectrice des animaux
Union internationale pour la conservation de la nature
Animal Welfare Institute
World Wildlife Fund (WWF)
Protection mondiale des animaux de ferme
Sea Shepherd Conservation Society
Santé
Une grande partie des maladies infectieuses ou dues à un prion pathogène peuvent être véhiculées par des animaux domestiques ou sauvages. Dans un contexte de mondialisation accélérée, l'OMS, la FAO et l'OIE encourage un meilleur suivi écoépidémiologique et la mise en place de dispositif de sécurisation des échanges ou ventes d'animaux (morts ou vifs), qui se heurtent aussi au trafic d'animaux.
Relations entre les humains et les autres espèces animales
Dans les cultures comme dans droit formalisé ou coutumier, elles ont beaucoup varié dans l'espace et dans le temps, et selon l'animal, avec souvent un statut particulier pour les espèces-gibier, domestiques ou des animaux-totems ou symboliques ou emblématiques.
Perception de l'animal en France
Selon Jean-Luc Guichet, chercheur au CERPO (Centre d'étude et de recherche politiques), l'évolution de l'animal n'a été que de se rapprocher de l'homme, de sauvage à domestique puis de familier à apprivoisé. L'axe ainsi dégagé est celui de l'extérieur vers l'intérieur.
L'animal sauvage est le seul qui ne renvoie pas directement à l'homme, image de l'animal qui n’existe plus pour la plus part d'entre nous, hommes vivant dans une société (plus ou moins développée).
L'animal domestique est l'animal dont les pans de la reproductivité sont acquis par l'Homme. L'Animal vit ainsi dans la sphère de la maison (Domus) , intérieur ou extérieur (cours ou ferme).
L'animal familier n'est pas apprivoisé mais trouve une place dans la famille. Ce terme renvoie aux animaux qui vivent très proche de l'Homme donc à l'intérieur de la maison. Ces animaux sont notamment les NAC (nouveaux animaux de compagnie) tel que les rongeurs, serpents, mygales, perroquets qui représentent la nouvelle tendance ces dernières années.
L'animal apprivoisé ou de compagnie a une relation affective avec l'Homme. Cela débouche souvent sur une « infantilisation de l'animal » cette infantilisation est réciproque.
L'animal familier et l'animal apprivoisé sont les plus intéressants du point de vue sociologique, puisque ce sont eux qui déforment la perception de l'animal que l'Homme a pu avoir, celle d'un « objet ». Bien que cette notion soit toujours vrai, et notamment juridiquement, le rapport de l'animal vis a vis de l'Homme n'est presque plus, aujourd'hui, qu'exclusivement un lien d’apprivoisement.
Désormais, de ce fait, il n'existe plus que deux grands types d'animaux dans le quotidien du français moyen :
l'animal utilitaire c'est-à-dire alimentaire ou expérimental (expérimentation animale)
l'animal apprivoisé celui qu'on appelle « animal de compagnie ».
Statut de l'animal
Il a beaucoup varié selon les époques, les pays, le droit coutumier et les espèces considérées, ou encore selon que l'animal soit sauvage ou domestiqué ; de l'animal sacré ou royal à la bête de somme, en passant par l'animal de compagnie et au chien de travail ou de chasse ou de garde et jusqu'à l'abeille domestique, etc.
En France, les animaux domestiques sont « res propria » (ayant un propriétaire, responsable d'eux). Le Code pénal considère comme un délit le fait d'infliger des souffrances injustifiées à un animal domestique. En 1976, la loi précise que « Tout animal étant un être sensible doit être placé par son propriétaire dans des conditions compatibles avec les impératifs biologiques de son espèce ». Le code rural en septembre 2000, puis le code civil en 2015 ont reconnu l'animal comme "doué de sensibilité" mettant ainsi le droit français en conformité au droit européen, et répondant à une demande depuis longtemps portés par diverses ONG (ex : Fondation 30 millions d'amis) et diverses personnalités dont 24 intellectuels ayant récemment, avec l'éthologue Boris Cyrulnik ou le philosophe Michel Onfray, soutenu une pétition). Cet ajout au Code civil a été fait alors qu'un groupe d'étude sur la protection des animaux, constitué au sein de l'Assemblée, préparait un projet de nouveau statut pour les animaux, et il ne change pas les catégories et statuts juridiques existants. L'animal sauvage reste aujourd’hui considéré par le code rural ou le code civil ou le code de l'environnement comme res nullius (c'est-à-dire n'appartenant à personne en particulier). Et l'animal domestique reste biens meubles. Seules des espèces menacées ou jugées utiles (pour l'agriculture en général) peuvent être partiellement ou complètement protégées par la loi (Loi n°76-629 du 10 juillet 1976 relative à la protection de la nature). Certains animaux peuvent être à certaines conditions, localement et durant un certain temps (celui durant lequel on peut démontrer que leurs populations sont excessives) déclarés nuisibles (concept ancien qui fait l'objet de polémiques au regard des progrès de la science) et peuvent alors être chassées ou piégés plus largement. Le bien-être animal et les droits des animaux et la protection des animaux sont des préoccupations croissantes dans de nombreux pays, dont dans les contextes d'élevage, animaleries, chasse, pêche, cirques, corrida, expositions animalières, expérimentation animale (scientifique, cosmétique, alimentaire ou médicales), transport d'animaux, abattoirs, trafic d'animaux, abandon d'animaux, etc.
Gestion de la faune sauvage
Plusieurs espèces disposent de plan de gestion d'espèces ou de groupes d'espèces menacées ou jugée patrimonialement importantes, visant parfois (comme pour le bison européen à lutter contre la pollution génétique ou aider une espèce qui a failli disparaitre à sortir d'un goulot d'étranglement génétique. Certains plans visent au contraire à freiner la diffusion d'espèces invasives.
En France, des « ORGFH » (Orientations régionales de gestion et de conservation de la faune sauvage et de ses habitats) ont été écrites dans chaque région. Ce document pourra peut-être être remplacé et complété par le SRCE (Schéma régional de cohérence écologique).
Utilisation par l'homme
Le chien est la première espèce animale à avoir été domestiquée par l'homme.
Knut au Zoo de Berlin en 2007
Plus on remonte dans le temps, plus les animaux semblent avoir eu une importance culturelle pour les sociétés humaines ; l'exemple de la vénération pour la vache, pour les bovins, est le plus significatif chez les humains ayant acquis l'agriculture : vénération d'abord commune à l'ensemble de l'humanité, de même que celle d'arbres (Nietzsche, dans son cours le service divin des Grecs, rappelle que vénérer des arbres est une pratique commune à l'ensemble de l'humanité lors de la Préhistoire et pendant l'Antiquité, les arbres étant les « premiers temples […] où logeait l'esprit des divinités » ), la vénération sacrée des animaux (ou zoolâtrie ; les dieux prenant souvent les traits d'animaux, comme en Égypte antique) s'est éteinte (le christianisme l'ayant combattu sur les cinq continents) , pour ne survivre que dans des régions « animistes » ou culturellement hindoues (« Mère vache » en est le symbole). Ce qui signifie que plus on avance dans le temps, plus les animaux perdent leur statut saint ou sacré , statut qui garantissait à certains d'entre eux (vivant spécialement parmi les hommes) le respect , pour devenir dans la société de consommation des « animaux-objets » (pour les loisirs), ou des « abstractions » totales (afin de ne pas laisser place à l'affect), leur sort laissant en fait indifférent la majorité des humains de ce type de société.
Depuis le Paléolithique, pour s'assurer la présence d'animaux pouvant lui rendre service, l'homme en a domestiqué un certain nombre d'espèces et a créé des élevages. Les éleveurs ont su, par sélection des croisements afin d'obtenir des animaux plus dociles ou économiquement plus rentables, changer les caractéristiques de certaines espèces et créer des hybrides pour que les animaux répondent plus efficacement à leurs besoins utilitaires de produire soit du lait, des œufs, de la viande, du cuir et de la laine, soit des bêtes de somme ou de trait (la zootechnie n'ayant pas permis d'éviter l'appauvrissement génétique des animaux d'élevage, du fait de la consanguinité importante créée par des hommes ).
Certains animaux sont une source de revenus pour les humains, allant de la nourriture au transport, en passant par l'exhibition (on payait les montreurs d'ours pour voir leur animal), l'habillement, etc. L'utilisation des animaux (transport, élevage) explose à partir de la seconde moitié du XVIII siècle, auparavant les ressources alimentaires limitées étaient réservées à la famille.
L'homme utilise aussi les animaux pour ses loisirs en élevant des animaux de compagnie, en les filmant, en les découvrant dans le cadre de parcs zoologiques ou de parcs safaris. Ces deux dernières activités tendent à devenir plus respectueuses de la sauvegarde des animaux dans leur milieu naturel en favorisant la reproduction d'espèces menacées et l'étude pour les parcs.
Bien-être animal
Les différentes définitions de la protection animale sont axées autour d'une même préoccupation : préserver le bien-être des animaux, en d'autres termes leur épargner toute souffrance inutile. Le bien-être de l'animal englobe sa condition physique et physiologique, et réciproquement sa bonne condition implique une santé physique satisfaisante et un sentiment de bien-être. Le bien-être animal est décliné en cinq libertés correspondant aux besoins fondamentaux de l'animal :
la liberté physiologique (absence de faim et de soif),
la liberté environnementale (absence d'inconfort),
la liberté sanitaire (absence de maladies et de blessures),
la liberté comportementale (droit à l'expression d'un comportement animal normal),
la liberté psychologique (absence de peur et d'anxiété).
Regard de l'homme
Histoire de la classification
Le naturaliste suédois Carl von Linné.
En Occident, Aristote a divisé le monde du vivant entre les animaux et les plantes. Sa conception, appelée fixisme, n'est pas très différente de celle des savants le précédant et sera reprise par les théologiens chrétiens, qui en faisant une lecture littérale de la Bible, considéraient que l'univers et le monde connu avait été créés en une semaine, et qu'il ne convenait pas de remettre cette idée en question. Les animaux étaient là pour servir l'homme. Cependant à partir de la Renaissance, certaines idées sont remises en question. Alors que les travaux de Carl von Linné au XVIII siècle cherchent à classer systématiquement toutes les espèces vivantes en leur donnant un nom unique et précis (nom binomial), Jean-Baptiste Lamarck, puis surtout Charles Darwin, élaborent des théories d'une évolution des espèces. De ces théories, et plus particulièrement avec celle de Darwin va naître une controverse avec les créationnistes qui souvent revendiquent leur soutien à une vision biblique chrétienne de l'origine de la vie. La théorie de Darwin fait de l'homme un animal, fruit d'une évolution par des processus de sélection naturelle dont la sexualité.
Linné avait défini au départ trois royaumes (Mineralia, Vegetalia, Animalia) avec les animaux séparés eux-mêmes dans les groupes suivants : Vermes, Insecta, Pisces, Amphibia, Aves, et Mammalia. Ce classement va peu à peu évoluer au fil des découvertes en zoologie ou en paléontologie. Cette classification basée sur les caractères anatomiques et physiologiques tend à devenir une classification phylogénétique, c'est-à-dire la plus proche possible de l'arbre phylogénétique.
Religion
Le catholicisme (le judaïsme et l'islam ne sont pas aussi radicaux sur ce point) sépare l'« Homme » du règne animal dans sa nature, son essence (l'« Homme » est le seul être créé à l'image de Dieu, qui est en l'occurrence Jésus, sauveur des seuls hommes selon le christianisme de Saint Paul) comme dans sa fonction (Dieu donne la nature à l'Homme pour assurer sa subsistance, l'Homme doit "dominer" la nature). Cela n'est pas le cas néanmoins dans le catharisme, du fait de la croyance en la réincarnation.
Cette séparation radicale entre humanité et animalité a été vigoureusement critiquée, (correspondant de manière plus large à celle du « posthumanisme », qui a connu un développement certain avec les sciences sociales qui puisent leur source dans la pensée rousseauiste), par Claude Lévi-Strauss.
Les religions « animistes » (africaines, asiatiques, américaines, etc.), les religions chinoises (confucianisme, taoïsme) et spécialement les religions indiennes (hindouisme, bouddhisme, jaïnisme) intègrent complètement l'animal et l'homme dans l'univers, sans rupture de continuité (la différence est de degré, non de nature), tous les êtres étant dotés d'une âme, d'un même principe vital (d'un même « vouloir-vivre » selon le philosophe Arthur Schopenhauer).
Philosophie
La philosophie antique a légué sa vision de l'animal à partir d'une problématique de l'homme au monde : les Stoïciens ont une vision dogmatique et anthropocentriste de l'animal alors que les Académiciens ont une vision holistique, plaçant l'histoire générale des animaux et des hommes dans l'histoire plus large de la biosphère.
Concept d'animal-machine
Le philosophe français René Descartes (1596-1650) est dualiste, distinguant nettement deux formes de réalité : la pensée (l'âme) et l'étendue (la matière). L'animal, qui n'a pas d'âme, n'est donc qu'une "machine", un automate perfectionné. C'est la théorie de l'animal-machine. Cette théorie, se démarquant du regard bienveillant porté par Montaigne (1533-1592) sur le monde animal et récusant son nominalisme hyperbolique, a été vigoureusement attaquée par le poète Jean de la Fontaine et scrupuleusement disséquée par le philosophe français Jacques Derrida avec son dernier ouvrage, L'Animal que donc je suis, faisant référence au « je pense donc je suis » de Descartes, dont il accuse l'idéalisme dangereux de ce dernier.
Le philosophe français Jean-Jacques Rousseau (1712-1778) voit aussi dans tout animal, y compris l'Homme, une « machine ingénieuse ». Mais il distingue l'Homme de l'animal en ce que « la nature seule fait tout dans les opérations de la bête, au lieu que l'homme concourt aux siennes, en qualité d'agent libre. » La différence vient ici de la pensée et de la capacité d'initiative et de liberté de l'Homme qui en découle.
La critique du dualisme radical s'est tournée vers la théorie du continuisme selon laquelle les animaux possèdent des ébauches (proto-langage, proto-culture, ébauche de conscience ou d'âme) de ce que l'homme possède en plein. Ainsi dans cette perspective philosophique spiritualiste, l'homme est un animal non seulement parmi les autres, mais aussi comme les autres. Une vision matérialiste et évolutionniste de ce continuisme soutient au contraire la thèse de la singularité humaine : selon Ian Tattersall, les animaux ne sont ni rationnels ni doués de conscience.
Hypothèse Gaïa
L'hypothèse Gaïa proposée par l'écologiste anglais James Lovelock en 1970, mais également évoquée par d'autres scientifiques avant lui, considère l'ensemble des êtres vivants sur Terre comme formant une sorte de vaste super-organisme (qu'il nomme Gaïa d'après le nom de la déesse primordiale de la mythologie grecque personnifiant la Terre), réalisant l'autorégulation de ses composants pour favoriser la continuité de la vie et une certaine stabilité du climat.
Critique philosophique du terme « Animal » et du concept de « vie animale »
Le terme « animal », au singulier, est rejeté par le philosophe français Jacques Derrida dans sa généralité, – parce qu'il est une « simplification conceptuelle » vue comme un premier geste de « répression violente » à l'égard des animaux de la part des hommes, et qui consiste à faire une césure totale entre l'humanité et l'animalité, et un regroupement tout aussi injustifié entre des animaux qui demeurent des vivants radicalement différents les uns des autres, d'une espèce à une autre :
Jacques Derrida a créé le mot-valise « l'animot » qui, prononcé, fait entendre le pluriel « animaux » dans le singulier, et rappelle l'extrême diversité des animaux que « l'animal » efface.
À la différence, la philosophe Élisabeth de Fontenay préfère l'emploi du vieux mot français « bête », qu'elle met au pluriel « les bêtes ».
La phénoménologie de l'animalité propose le concept d'« existence animale », dépassant le dualisme existentialiste entre « vie animale » et « existence humaine », dans la mesure où la subjectivité n'est pas confondue à la conscience réflexive.
La notion d'animalité a souvent été utilisée comme repoussoir par les grandes religions du livre révélé ou par la politique mais des courants de pensée suggèrent de mieux reconnaitre et prendre en compte l'animalité présente en chacun des hommes, dont sur des bases scientifiques, ce qui questionne le statut de l'humain et de la frontière animalité/humanité (Existe-t-il une « animalité transcendentale » se demande Depraz (1995)), pourrait pour certains légitimer certaines formes de violence et n'est pas selon Brels (2012) sans conséquences éthico-juridiques.
Sociologie
La sociologie, en ce qu’elle s’intéresse à l’homme et aux collectifs humains, propose elle aussi un point de vue et des angles d’approche de la question animale. La sociologie a pour objets d’étude les faits sociaux et essaye de percevoir dans l’activité humaine des régularités afin de comprendre et d’expliquer les actions des collectifs. C’est à l’aide d’outils théoriques et méthodologiques que la discipline institutionnalisée par les travaux d’Emile Durkheim sur le suicide ou par ceux de Max Weber sur l’éthique protestante et l’esprit du capitalisme tente soit d’approcher les motivations des individus qui les poussent à agir d’une certaine manière, soit d’étudier les structures objectives de la société qui dirigent les actions de ces derniers. Nous pouvons par exemple citer Durkheim qui explique qu’il faut « expliquer le social par le social », soit s’écarter des considérations individuelles des actions de chacun pour s’intéresser au fait social comme une « chose » qui ne s’explique pas par l’agrégation d’actions individuelles, c’est le caractère « Sui generis » du fait social, et qui possède son propre genre. Ainsi, les individus agissent dans des cadres prénormés et préréglés avec tout de même une certaine marge de manœuvre.
La sociologie ambitionne donc de dénaturaliser les comportements individuels et collectifs en introduisant la dimension culturelle des sociétés et le caractère socialisant des catégories et représentations présentes au sein de celles-ci. Après avoir expliqué ceci, nous voyons clairement que l’analyse sociologique prend tout son sens quand il s’agit de s’intéresser aux rapports entre les individus et les animaux. C’est de cette manière que les individus évoluant dans une société particulière vont devoir agir dans la particularité que cette même société et ses cadres normés proposent.
L’analyse d’Howard Becker peut d’ailleurs nous éclairer fortement dans son analyse de la déviance. En effet, celui-ci met en avant le fait qu’un acte n’est pas déviant en soi mais qu’il présente un caractère déviant en fonction des règles et des normes qu’il est amené à transgresser. Il y a selon lui un processus déviant, une carrière déviante de l’individu qui va se socialiser à l’acte déviant et être étiqueté comme déviant par d’autres individus qui eux prennent pour champ des possibles les actions encadrées par les normes et les règles présentes dans un collectif. Ce sont ces écarts à la norme que la sociologie se propose donc d’étudier ; la maltraitance des animaux ou encore la sur-humanisation de ces derniers. Cette discipline considère que la plupart des actions ne sont pas naturelles et sont par exemple régies par des mécanismes de domination pour certains (Bourdieu) ou, autre exemple, par des jeux d’acteurs (la métaphore dramaturgique de Goffman).
Les sentiments et les émotions des individus représentent aussi pour la sociologie des forces du social en ce qu’ils contraignent les individus à agir dans un cadre prédéfini normativement. Ainsi, Norbert Elias observe et nous explique que nos émotions peuvent être une force d’inertie dans la mesure où elles sanctionnent déjà les actions qui ne sont pas conformes aux normes sociales et ceci avant qu’elles aient lieu. Dans cette perspective, l’individu va se conformer à des normes sociales préexistantes en adaptant ses émotions positives ou négatives vis-à-vis d’un comportement ou de la position d’un individu. Nous voyons ici que maltraiter un chat sera fortement condamné par la société et que de ce fait les émotions de l’individu vont prendre en charge de possible pulsion jusqu’à contraindre ce dernier à l’affection pour l’animal.
Socio-histoire de l'animal
Chien tuant un lapin au pied du gisant de Philippe d'Alençon dans la basilique Saint-Denis
Dans une perspective socio-historique nous pouvons voir que la place de l’animal et son rapport à l’Homme évolue dans le temps. En effet, celui-ci a d’abord été vu comme une fin matérielle en soi (possibilité de subsister en le consommant, ou récupérer certains de ses organes pour des rites symboliques), avec une vision humaniste anthropocentrique. D’un point de vue occidental, celui-ci a petit à petit été intégré à la vie quotidienne humaine, toujours dans le même but au début (aide à la chasse dans la royauté par exemple), pour obtenir une place de choix auprès de l’Homme de nos jours, considéré parfois comme son égal. Un droit des animaux existe dans le but de sanctionner certaines maltraitances à leur encontre, ce genre de pratiques pouvant entraîner des sanctions plus graves que certains délits commis envers d’autres êtres humains, ce qui aurait pu choquer il y a à peine un siècle.
L’élevage intensif actuel des sociétés occidentales dans le but de répondre à des demandes toujours plus grandes et des délais toujours plus brefs se développe en même temps qu’un certain mode de vie : celui de ne pas du tout consommer de viande, ni d’aliments ayant un lien avec l’exploitation des animaux (comme les œufs et le lait par exemple). Ce mode de vie connait nombre de variantes, et évolue en permanence en fonction des pratiques de consommation. Le mot « Vegan » (végétarien en anglais) regroupe plusieurs de ces modes de vie. Les individus se revendiquent eux-mêmes « Vegan », mot qui reste employé en anglais, se diffusant à travers les pays selon différents processus sociaux. Les pratiques observées dans certains abattoirs sont également dénoncées à travers des reportages dans les médias.On peut observer que se développe certaines contradictions en ce qui concerne le respect de la dignité des animaux et dans le même temps l'intensification de la production animale ou encore le développement d'énorme structure de production.
La place des animaux a donc grandement évolué dans le temps, et notamment ces derniers années. Claude Lévi-Strauss disait : « Un jour viendra où l'idée que, pour se nourrir, les hommes du passé élevaient et massacraient des êtres vivants et exposaient complaisamment leur chair en lambeaux dans des vitrines, inspirera sans doute la même répulsion qu'aux voyageurs du XVI ou du XVII siècle, les repas cannibales des sauvages américains, océaniens ou africains ».
L'animal et la culture
La culture est donc très importante pour envisager sociologiquement les actions individuelles et collectives observables dans la société. Ainsi, la culture occidentale va plus intégrer un animal comme le chien quand la culture moyen-orientale va considérer ce dernier comme impur. Cette supposée impureté du chien va interdire aux individus des sociétés moyen-orientales de faire rentrer cet animal dans leur domicile quand un congénère évoluant par exemple en Europe pourra lui s’installer sur le sofa du salon d’un appartement parisien. Nous voyons ici que les catégories ne sont pas les mêmes en fonction des cultures des sociétés. Nous pouvons souligner de plus, pour l’exemple du chien dans les pays musulmans, que nous voyons dans cet interdit une expression culturelle d’une injonction cultuel. En effet, les chiens dans l’islam ne doivent pas être présents dans les habitations et les propriétés des individus sauf si ces derniers servent à garder un troupeau de bêtes, une ferme ou si ils aident les hommes à la chasse. Tout l’enjeu pour la sociologie est ici de dénaturaliser la possession de l’animal et les comportements qui accompagnent cette possession. Ces analyses ont pour objectifs d’éviter l’ethnocentrisme qui amène les individus à la sur-légitimation de leurs comportements et à la condamnation sans équivoque des actions régies par d’autres prismes culturels. C’est une horizontalité culturelle que la sociologie propose pour comprendre le rapport aux animaux.
Symbolique
Les hommes, depuis la nuit des temps, ont prêté aux animaux des vertus ou des caractéristiques soit humaines, soit divines. Ainsi certains animaux sont devenus des symboles, bon nombre de contes sont anthropomorphiques et enfin certaines espèces d'animaux ont également été déifiées par certains peuples. Les animaux dans les univers de fiction sont toujours très abondants. L'art martial d'animal imite des animaux, pour leur redoutable efficacité martiale.