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词典释义:
désespérant
时间: 2023-09-21 01:00:14
[dezεsperɑ̃, -t]

désespérant, ea.1. 令人悲痛的, 使人绝望的 2. 令人失望的, 令人灰心的, 令人发愁的3. 〈引申义〉无可比拟的, 使人望尘莫及的 4. 使人不快的, 讨厌的

词典释义

désespérant, e
a.
1. 令人悲痛的, 使人绝望的
nouvelle désespérante令人悲痛的消息

2. 令人失望的, 令人灰心的, 令人发愁的

3. 〈引申义〉无可比拟的, 使人望尘莫及的
instrument d'une précision désespérante无比精密的仪器

4. 使人不快的, 讨厌的
temps désespérant 讨厌的
近义、反义、派生词
义词:
débilitant,  décourageant,  démoralisant,  désolant,  navrant,  imbattable,  morne,  écurant,  écœurant,  affligeant,  déprimant
反义词:
consolant,  encourageant,  agréable,  attachant,  prometteur,  réconfortant,  réjouissant
联想词
pathétique 哀婉动人,悲怆; triste 悲伤的; pitoyable 可怜的; inquiétant 令人不安的,令人担忧的,使人挂念的; effrayant 可怕的,令人惊恐的,吓人的; lamentable 可悲的; frustrant ; honteux 可耻的,不光彩的; pénible 费力的,繁重的,困难的; désespoir 绝望; décevant 令人失望的,使人沮的;
短语搭配

une série d'échecs désespérant, es一连串令人绝望的失败

temps désespérant讨厌的天气

nouvelle désespérante令人悲痛的消息

une œuvre d'une perfection désespérant, ee精美绝伦的作品

temps désespérant, e讨厌的天气

nouvelle désespérant, ee令人悲痛的消息

Ses résultats sont désespérants.他的成绩令人失望。

Cet enfant est désespérant.这个孩子令人发愁。

instrument d'une précision désespérante无比精密的仪器

instrument d'une précision désespérant, ee极其精密的仪器

原声例句

Voulez-vous un rendez-vous jour pour jour, heure pour heure ? dit le comte, je vous préviens que je suis d’une exactitude désespérante.

“我们要不要确确实实地来定一个日子和时间呢?”伯爵问道,“只是我得先警告您,我是极其遵守时间的哪。”

[基督山伯爵 Le Comte de Monte-Cristo]

C’est une perfection désespérante, et vous donnez à tous ceux qui vous entendent de graves envies de rester célibataires.

“那真是美到了极点,您会使人人都发誓要过独身生活啦。”

[基督山伯爵 Le Comte de Monte-Cristo]

Mon amie, dit-elle en prenant la plume, n’est-ce pas une chose désespérante ? Un incident inattendu, arrivé dans cette affaire d’assassinat et de vol dont M. le comte de Monte-Cristo a failli être victime, nous prive d’avoir M. de Villefort.

“亲爱的,”她一面说,一面接过笔来,“这太令人恼火了?一件意想不到的事情,就是为了上次基督山伯爵几乎险遭不测的那件谋杀案和偷窃案,竟使我们不能让维尔福先生来这儿观礼。”

[基督山伯爵 Le Comte de Monte-Cristo]

En vérité, Mademoiselle, dit la marquise, vous êtes d’un enfantillage désespérant : je vous demande un peu ce que le destin de l’État peut avoir à faire avec vos fantaisies de sentiment et vos sensibleries de cœur.

“说真的,孩子!”侯爵夫人愤愤地说,“你真是太傻,太孩子气了。我倒想知道,你这种讨厌的怪脾气和国家大事究竟有什么关系!”

[基督山伯爵 Le Comte de Monte-Cristo]

Mais ils ignorent plus ou moins, et c'est ce qu'on appelle vertu ou vice, le vice le plus désespérant étant celui de l'ignorance qui croit tout savoir et qui s'autorise alors à tuer.

人有无知和更无知的区别,这就叫道德或不道德,最令人厌恶的不道德是愚昧无知,无知的人认为自己无所不知,因而自认有权杀人。

[鼠疫 La Peste]

Toutes les conséquences désespérantes de sa décision lui apparurent en même temps.

瞬时之间,他那种决定会引起的种种绝望后果都涌上他的心头。

[两兄弟 Pierre et Jean]

Y pensez- vous, sire ? Quel éclat ! et si alors les soupçons de Votre Majesté, ce dont je continue à douter, avaient quelque consistance, quel éclat terrible ! quel scandale désespérant !

您想那么做吗,陛下?那会引起多大的风波?就算陛下的怀疑有点根据吧——对此我仍然不相信,那会引起多么可怕的风波!会是一桩多么令人失望的丑闻!”

[三个火枪手 Les Trois Mousquetaires]

C’est irritant et désespérant à la fois, s’écria Glenarvan.

“真是叫人苦恼而又叫人灰心的事啊!”哥利纳帆叫起来。

[格兰特船长的儿女 Les Enfants du capitaine Grant]

Irritant, si vous voulez, répondit Mac Nabbs d’un ton tranquille, mais non pas désespérant. C’est précisément parce que nous avons un chiffre indiscutable, qu’il faut épuiser jusqu’au bout tous ses enseignements.

“苦恼当然是苦恼的,但灰心,那倒不必。”少校用安详的语气说,“正因为我们有这一可靠的数字,我们应该根据它找到底。”

[格兰特船长的儿女 Les Enfants du capitaine Grant]

La pénétration d’une certitude désespérante dans l’homme ne se fait point sans écarter et rompre de certains éléments profonds qui sont quelquefois l’homme lui-même.

自认确已走上绝路的思想,一经侵入心中,必然会坼裂并摧毁这人心灵中的某些要素,而这些要素又往往就是他本人自己。

[悲惨世界 Les Misérables 第四部]

例句库

Le comique étant intuition de l'absurde, il me semble plus désespérant que le tragique.

喜剧作为对荒谬的直觉,在我看来似乎比悲剧更令人绝望

L'enchevêtrement et l'empilement des institutions, la permanence désespérante de certains conflits, la difficulté à prendre rapidement les décisions nécessaires, en sont les indices.

国际机构的重叠交错、令人失望的某些冲突长期存在、难以迅速做出必要决策都是全球治理危机的标志。

Néanmoins, en dépit de ce qui pourrait apparaître, à première vue, comme un situation désespérante, la Colombie redit sa confiance dans le multilatéralisme en matière de désarmement et de non-prolifération, car il a permis la signature de conventions et de traités d'une importance capitale pour la paix et la sécurité internationale.

然而,尽管乍看之下,情况不容乐观,但哥伦比亚重申其对裁军和不扩散领域的多边主义的信念,因为多边主义促成了缔结对国际和平与安全至关重要的公约和条约。

Mais, pour chacun d'eux, il conviendra d'aller beaucoup plus loin afin que l'on puisse dépasser ce que le Président de la République française a appelé « ce sentiment désespérant que la paix ne progresse pas » et que même « elle recule dans les esprits et les cœurs ».

但是,每一种理由都需要我们进一步取得进展,以便我们能够摆脱法兰西共和国总统称之为和平非但没有进展,而且在人心中倒退的那种绝望的感觉。

J'ai également accordé une attention prioritaire aux filles en situation de conflit car, alors que leur sort, leur situation et leurs expériences sont souvent les plus désespérants, ces filles sont marginalisées et stigmatisées en raison des violences qu'elles ont subies.

我还特别优先重视冲突中的女孩问题,因为她们的苦难、处境和体验往往是最为绝望的,与此同时,她们往往最边缘化,并由于受到虐待而遭受耻辱。

La pauvreté désespérante, la malnutrition, l'absence d'éducation et d'autres problèmes socioéconomiques continuent d'affliger Haïti.

极端贫穷、营养不良、缺乏教育机会以及其他社会经济问题继续困扰海地。

Malheureusement, aujourd'hui, il n'y a dans notre monde ni justice ni égalité; notre monde est divisé en deux humanités distinctes, l'une d'une richesse embarrassante et l'autre d'une pauvreté désespérante.

令人痛心的是,我们今天的世界既不公正也不平等;它将人类分成两个部分,一部分十分富裕,另一部分极其贫穷。

Rien ne serait plus désespérant pour des millions de personnes malades de savoir que de l'argent est disponible et de constater en même temps que rien ne change.

对于千百万病人来说,没有什么比知道虽然有财力但同时却无法改变任何状况更为绝望的事情了。

La détresse des réfugiés palestiniens vivant dans les camps dispersés en Asie occidentale est désespérante, et les deux parties doivent aborder ce problème dans le cadre des négociations sur le statut définitif, avec la participation active et l'appui de la communauté internationale.

西亚地区各难民营巴勒斯坦难民的困境令人沮丧,双方都必须在国际社会积极参与和支持下,将这个问题作为最后地位谈判的一部分处理。

Il était désespérant, après 10 âpres années de pourparlers, de voir s'essouffler la dynamique de la paix.

经过10年艰难的和平谈判之后,和平进程渐渐失去动力,令人感到失望和不安。

Comme on peut le constater, par conséquent, la situation est dans l'ensemble désespérante.

因此,我们注意到整个局势令人沮丧。

法语百科

Mélancolie par Domenico Fetti, v. 1622.

La mélancolie est d'abord vue comme un trouble des humeurs au sens grec de l'acception, elle est étudiée par le médecin Hippocrate le premier ou le plus connu, elle correspond à ce qu'on appelle aujourd'hui en psychiatrie l'état dépressif, c'est-à-dire un sentiment d'incapacité, un non savoir de la volonté, une absence de goût de vivre pouvant, dans les cas les plus graves, conduire au suicide. Dans un deuxième temps, au fur et à mesure que la médecine se sépare de la philosophie, le terme est aussi repris dans celle-ci et elle caractérise alors un être-là existentiel qu'on retrouve chez des écrivains, poètes et intellectuels.

Étymologie

Esclave accablé de douleurs par Félix Lecomte.

Le mot est emprunté au latin melancholia lui-même transcrit du grec μελαγχολία (melankholía) composé de μέλας (mélas), « noir » et de χολή (khōlé), « la bile ». Le mot signifie donc étymologiquement la bile noire. Ceci renvoie à la théorie des humeurs d'Hippocrate selon laquelle le corps contient quatre humeurs qui chacune détermine notre tempérament. Ces quatre humeurs sont le sang, la lymphe, la bile jaune et la bile noire. Le tempérament est donc sanguin lorsque le sang prédomine, lymphatique lorsque c'est la lymphe, bilieux pour la bile jaune et enfin mélancolique pour la bile noire. Et cette bile noire provoquait une tristesse qui était exclusive aux génies. Sophocle utilisait lui l'adjectif « melancholos » pour désigner la toxicité mortelle du sang de l'hydre de Lerne, dont Heracles a trempé ses flèches.

La notion de mélancolie est donc très ancienne et une place majeure lui a toujours été donnée au sein des quatre tempéraments. La mélancolie a un sens littéraire qui signifie la tristesse.

Ces propos sont sujets à une autre interprétation. De nos jours, on réduit la mélancolie à un état dépressif. Or, dans la pensée antique (Hippocrate par exemple), la mélancolie avait une autre signification que celle proposée en particulier par la psychanalyse. En effet, elle était considérée comme une source de génie et de folie qui provoquerait une tristesse et non pas réduite comme dans nos sociétés actuelles à une simple pathologie, une tristesse ou encore à un dégoût de la vie.

La mélancolie dans le sens antique permettait de vivre le deuil, se dépasser ou encore de trouver un sens à la vie, en d'autres termes, c'est un passage en temps de crise (qui n'aboutit pas toujours à un résultat négatif). Et c'est là que la mélancolie prétend dépasser ces états de tristesses. Face à cette dernière interprétation, Jean Clair, historien de l'art a proposé qu'« une nouvelle vision et utopie devrait inclure la mélancolie (et le travail de deuil), comme paradoxe. Ce serait un nouveau projet historique révolutionnaire. »

Le terme a en partie été supplanté depuis le XIX siècle par celui de dépression ce qui fait qu'aujourd'hui, soit il est utilisé comme son synonyme, soit pour marquer la gravité de la dépression en sous-entendant que la mélancolie comporte des aspects psychotiques et/ou qu'elle inclut des risques élevés de passages à l'acte suicidaire. On l'utilise encore dans le sens où il décrirait un « état d'âme » au sens existentiel du terme.

Histoire

Hippocrate est considéré comme le premier médecin à décrire cliniquement la mélancolie ou dépression.

La mélancolie prend différentes significations au fil des siècles. Elle décrit, très généralement, un état de détresse apathique, d'abandon proche de la dépression :

au XI siècle, elle imprègne une grande partie des quatrains d'Omar Khayyam ;

au XII siècle, dans le vocabulaire courtois, elle désigne toutes sortes d'états d'âme allant de la tristesse profonde à la folie ;

au XIV siècle, Guillaume de Machaut fait de la mélancolie le sentiment qui caractérise le jaloux amoureux qui cherche la solitude ;

au XVII siècle, le sens s'affaiblit à celui de tristesse douce et vague ;

au XIX siècle, la mélancolie prend deux sens : d'une part celui d'un mal-être dû à un manque profond qui ne peut être identifié ; et d'autre part elle prend un sens clinique de maladie mentale associée à un profond abattement. La mélancolie devient alors synonyme de dépression. Voir Les Chimères de Gérard de Nerval.

La mélancolie peut aussi être vue comme une « maladie sacrée » qui dans la culture occidentale a concerné toutes les expressions de la pensée et de l'art : philosophie, médecine, psychiatrie et psychanalyse, religion et théologie, littérature, musique et arts. La mélancolie est un vecteur de fertilité, de lucidité, de clairvoyance, mais aussi paradoxalement de désespoir. Jean Starobinski et Wolf Lepenies ont dit que la mélancolie était une forme de « mise à distance » de la conscience face au « désenchantement » du monde.

Antiquité

Dès le IV siècle av. J.-C., les stèles funéraires attiques présentent des individus prenant des poses de deuil. La mélancolie s'y rattache donc à la perte d'un proche. Au VI siècle av. J.-C., Pénélope est représentée devant son métier à tisser, toute mélancolique.

Aristote se demanda pourquoi tous les hommes d'exception sont bilieux : « Pourquoi tous les hommes qui se sont illustrés en philosophie, en politique, en poésie, dans les arts, étaient-ils bilieux, et bilieux à ce point de souffrir de maladies qui viennent de la bile noire, ainsi on cite Hercule parmi les héros ? Il semble qu'en effet Hercule avait ce tempérament ; et c'est aussi en songeant à lui que les Anciens ont appelé mal sacré les accès des épileptiques ». Aristote donne ainsi l'exemple d'Oublos le jeune, qui, d'après lui, a contracté une mélancolie bilieuse à la suite d'un excès d'écriture : dans cet ouvrage, c'est l'auteur mélancolique qui produit son œuvre, en fait l'œuvre peut produire l'auteur mélancolique. Pour Hippocrate, la mélancolie se comprend comme trouble de la bile noire. La rate serait l'organe responsable de ce trouble. Voici comme il décrivait la maladie et son traitement : « Souci, maladie difficile : le malade semble avoir dans les viscères comme une épine qui le pique ; l’anxiété le tourmente ; il fuit la lumière et les hommes, il aime les ténèbres ; il est en proie à la crainte ; la cloison phrénique fait saillie à l’extérieur ; on lui fait mal quand on le touche ; il a peur ; il a des visions effrayantes, des songes affreux, et parfois il voit des morts. La maladie attaque d’ordinaire au printemps. A ce malade on fera boire l’hellébore, on purgera la tête ; et, après la purgation de la tête, on donnera un médicament qui évacue par le bas. Ensuite on prescrira le lait d’ânesse. Le malade usera de très peu d’aliments, s’il n’est pas faible ; ces aliments seront froids, relâchants, rien d’âcre, rien de salé, rien d’huileux, rien de doux. Il ne se lavera pas à l’eau chaude ; il ne boira pas de vin ; il s’en tiendra à l’eau ; sinon son vin sera coupé. Point de gymnastique, point de promenades. Par ces moyens, la maladie se guérit avec le temps ; mais si elle n’est pas soignée, elle finit avec la vie ».

Moyen Âge et Renaissance

Melencolia I (Albrecht Dürer).

L’acedia, au départ, n'a rien à voir avec la paresse : c'est un malaise lié à l'excès de privations qui se saisit des moines dans le désert. Elle provient d'une activité cérébrale trop intense et tournant à vide, faute d'exutoire. Saint Antoine, père de pères du désert, quand il subit des « tentations » — c'est-à-dire un martyre — subit en réalité un accès d’acedia, de pensées trop lourdes, trop fortes, trop obsédantes. En s'emparant de ce symptôme, qui chez les Pères du Désert relève davantage du malaise psychique que du « mal », les chrétiens le transformeront en émission de pensées mauvaises et diaboliques. L’acedia deviendra ensuite, sous la plume de saint Thomas , le péché des péchés, le détournement volontaire du bien divin. Une certaine splendeur ténébreuse risquant à ce moment-là d'être associée à ce péché, les Chrétiens d'Occident, peu fidèles à la tradition des pères du désert, sa hâteront de transformer l’acedia en paresse et de la ranger parmi les sept péchés capitaux. Désormais, l’acedia n'a plus aucune aura tentatrice ; elle est paresse de se lever matin pour aller à la messe, puis paresse tout court. De gras docteurs font des rêves érotiques près de leur poêle bien chaud : voilà l’acedia, telle que la représente le Songe du Docteur de Dürer.

Témoin de ce que l'on pourrait appeler, avec Jean Starobinski, « l'Âge d'Or de la mélancolie » , le médecin Jacques Ferrand publie en 1610, à Toulouse, un Traicté de l'essence et de la guérison de l'amour ou de la mélancholie érotique, où il décrit d'un point de vue clinique et strictement profane « l'Amour ou passion Érotique [comme] une espèce de rêverie, procedante d'un désir déréglé de jouir de la chose aimable, accompagnée de peur, et de tristesse ».

L'écrivain espagnol Tirso de Molina (1579-1**8) publie en 1611 une pièce intitulée El Melancolico, dont le personnage principal Rogerio, confronté à un amour impossible, s'écrie: « Je suis à ce point pris d'amour que je ne sais si je vis en moi-même » .

En 1621, Robert Burton publie l’Anatomie de la mélancolie. Il en analyse les causes et les effets et recherche des remèdes. Il distinguera par exemple une mélancolie religieuse. L’Anatomie de la mélancolie constitue une importante somme de toutes les théories, connaissances concernant la mélancolie, que Burton lie au deuil. « Parmi tant de milliers d'auteurs, vous aurez du mal à en trouver dont la lecture fera de vous quelqu'un d'un peu meilleur ; tout au contraire elle vous infectera alors qu'elle devrait contribuer à vous perfectionner. » Burton se considérait comme mélancolique.

Au XVII siècle, George Cheyne refonde la mélancolie comme état d'âme, et la renomme spleen. Cette expression devient celle des poètes.

C'est Jean-Étienne Esquirol (1771-1840) qui, tentant d'écarter le terme mélancolie de la médecine, propose de le remplacer par celui « lipémanie » ou « lypémanie » ou encore à la suite de Pinel « monomanie » (1815) qui se rapporte à une tristesse massive et injustifiée avec souffrance morale et dépression de l’humeur. Il renvoie ainsi la mélancolie aux poètes et aux philosophes.

Au XIX siècle

Baudelaire.
Baudelaire.

Le XIX siècle est caractéristique de ce mal qu'est la mélancolie. Chateaubriand parle de mal du siècle, Musset parle de maladie morale abominable. Elle prend chez Flaubert la forme de l'ennui et chez Baudelaire celle du spleen.

La mélancolie au XIX siècle résulte d'un traumatisme entre le rejet du christianisme de la Terreur de 1793, la chute de l'Empire en 1814, et l'année sans été de 1816, due à l'explosion du volcan Tambora. Les enfants de cette génération ont derrière eux de grands exploits et devant eux l'avenir d'une nouvelle France bourgeoise dont la seule perspective est de s'enrichir. La mélancolie vient donc d'une énergie qui ne peut pas être investie et qui devient un poison noir. Charles Baudelaire fut l'une des grandes figures du spleen : « Tout enfant, j'ai senti dans mon cœur deux sentiments contradictoires : l'horreur de la vie et l'extase de la vie. » (Mon cœur mis à nu, **)

Saturne dévorant un de ses fils est un tableau de 1823, du peintre Francisco de Goya. Cette œuvre fait partie d'une série de peintures noires réalisées entre 1820 et 1823, après le bouleversement de la guerre. Elle reprend fidèlement le thème de Cronos dévorant ses enfants, si cher à Goya. Cette dévoration, absorption, relaterait la racine même de la mélancolie, ou encore ses prémisses.

Le tableau fut utilisé pour la couverture du séminaire IV, La relation d'objet, de Jacques Lacan.

Emphatiquement dans La Maladie à la mort mais également dans Crainte et tremblement, Kierkegaard expose que les humains sont composés de trois parties : le fini, l'infini, et la relation entre les deux. Les finis (les sens, le corps, la connaissance) et les infinis (le paradoxe et la capacité à croire) existent toujours dans un état de tension. Cette tension, consciente de son existence, est l'individu. Lorsque l'individu est perdu, insensible ou exubérant, la personne est alors dans un état de désespoir. Notamment, le désespoir n'est pas l'agonie, c'est, au lieu de cela, la perte de l'individu.

Victor Hugo a interprété magnifiquement son sentiment au sujet du travail des enfants, dans son poème Mélancholia, à rapprocher du tableau de Goya cité ci-dessus.

Au XX siècle

Romano Guardini publie en 1928 un court traité sur Le sens de la mélancolie dans lequel il commente des textes de Søren Kierkegaard et écrit: « la mélancolie est l'inquiétude que provoque chez l'homme la proximité de l'éternel » .

Jean-Paul Sartre publie La Nausée en 1938. Il y décrit Antoine Roquentin, pris d'un profond dégoût pour ce qui l'entoure, pour ses activités, et qui se réfugie dans l'imaginaire. Le titre que Sartre voulait à l'origine donner à l'œuvre était « Melancholia », en référence à la fameuse gravure de Dürer.

Françoise Sagan publie Bonjour tristesse.

Emil Cioran traite de la mélancolie dès les premières pages de son premier livre Sur les cimes du désespoir (1934) : selon lui, la forme que prend la mélancolie n'est pas indépendante du cadre de vie ou du milieu environnant.

Giorgio De Chirico, sujet lui-même à des crises de mélancolie dans sa période « métaphysique » (1912-1920), a peint plusieurs toiles qui font directement référence dans leur titre à cet état psychologique ambivalent, où la dépression le dispute à l’exaltation d’une révélation. Mélancolie, 1912 ; Mélancolie d’un après-midi, 1913 ; Mélancolie d’une belle journée, 1913 ; Mystère et mélancolie d’une rue, 1914 ; La Mélancolie du départ, 1916 ; La Mélancolie de la chambre, 1916 ; Mélancolie hermétique, 1919… Il y joue du contraste des couleurs (teintes froides et teintes chaudes : noir du désespoir et vert de plomb saturnien / ors et ocres du soleil), des formes (cloître des arcades / étendue ouverte de la place), des temps (nostalgie des statues / modernité des trains et des usines), des objets (exotisme des artichauts et des bananes dans des architectures urbaines)… Par là, il témoigne des affinités secrètes de la mélancolie (la bile noire dans la théorie des quatre humeurs) avec l’élément terreux (dans la classification ancienne des quatre éléments) et ses expressions géométriques (géa : la terre), avec l’automne (dans le cycle des quatre saisons), avec la maturité (dans les quatre âges de la vie) et avec Saturne (l’un des quatre principaux dieux et astres figurant l’ambiguïté du temps). Fidèle à ce quadrillage symbolique du réel, De Chirico révèle bien toute l’ambivalence de l’état mélancolique qui « dispose à la délectation morbide mais favorise aussi l’exaltation douloureuse du génie : extase poétique ou visionnaire, contemplation extralucide, méditation et vaticination. Kant lui attribue même une sensibilité particulière au « sublime », ce vertige des cimes ou des profondeurs, en tout cas de l’infini, capable d’entraîner l’homme bien au-delà du beau… »

Au XXI siècle

Kathary Engel publie La Force de l'Amour en 2006. Elle y retrace le développement de cette maladie sournoise chez Marie. Très jeune enfant, Marie perd son père puis, progressivement son instinct vital, jusqu'à sa décision de rejoindre 15 ans plus tard le père qui s'était suicidé, frappée par le même mal.

En 2011, Lars von Trier réalise un film dont le nom, Melancholia (film, 2011), évoque la mélancolie. À l'occasion de son mariage, Justine (Kirsten Dunst) perd peu à peu ses illusions et le monde idéal qu'elle s'était crée alors que peu à peu la planète Melancholia se rapproche de la Terre.

Psychiatrie

Une des premières entités nosographiques à aborder le problème de la tristesse comme élément d'un état pathologique, est la neurasthénie, manque de force nerveuse, maladie fonctionnelle chronique du système nerveux. Cette neurasthénie apparaît sous l'influence de G. M. Beard.

Jean-Étienne Esquirol (1771-1840) qui crée le concept de « lipémanie » ou « lypémanie » (1815) qui se rapporte à une tristesse massive et injustifiée avec souffrance morale et dépression de l’humeur ; on observe des troubles du sommeil et de l'alimentation, un ralentissement comportemental, des idées ou tentatives de suicide ; au XX siècle ce terme cède la place à « mélancolie ».

Karl Abraham isole la dépression dès 1911 : il la distingue par exemple d'une névrose d'angoisse.

La psychiatrie moderne décrit une dépression. Ainsi, le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM-IV) décrit un « épisode dépressif » ainsi qu'un « trouble dépressif » ; plusieurs dépressions sont distinguées. Parmi celles-ci, le plus grave état dépressif est la « dépression mélancolique ». La psychiatrie moderne appelle mélancolie la forme la plus poussée de dépression ; il s'agit là d'une affection grave quittant largement le champ de la morosité pour constituer une pathologie, au sens pleinement médical.

Les symptômes mélancoliques sont plus poussés que la simple dépression où il implique par exemple aboulie, anorexie, insomnie, sentiment d'incurabilité, vœux de mort, ou encore un fort sentiment de culpabilité. Dans la mélancolie s'y ajoute une véritable douleur morale (pas moins douloureuse qu'une douleur physique). Le malade se vit comme n'ayant d'autre issue que la mort, pour lui-même et parfois pour ses proches, ceux qu'il aime le plus. S'il arrive par exemple qu'une mère mélancolique tue ses enfants et se suicide, ce n'est pas par haine mais bien par amour, pour leur éviter l'enfer de la vie : elle ne peut imaginer qu'il en soit autrement. La mélancolie est considérée comme une psychose.

La psychiatrie phénoménologique (Tatossian, Tellenbach, Maldiney, Ludwig Binswanger, etc.) s'est attachée à représenter le vécu mélancolique. Le fléchissement, voire la stase de la temporalité (temps vécu) est manifestement une dimension constante, ressentie dans le contact avec le sujet mélancolique. L'inflexibilité de sa pensée dramatique la rend hermétique à toute influence de l'entourage alors qu'il se vit paradoxalement, comme déjà mort (sentiment intérieur de vide, de pétrification, de non-vivre) ; le désir suicidaire est de ne plus subir cette mort et la problématique du mélancolique est de se tuer. Son geste se fera sans appel avec une recherche de l'instantanéité et de l'irréversibilité. Convaincu de sa culpabilité et persuadé de la nocivité qu'il présente pour lui-même et pour son entourage, son suicide sera déterminé, préparé soigneusement dans la plus grande clandestinité et réalisé souvent avec une finalité altruiste. La stase de la temporalité rajoute un sentiment d'éternité de son état que la sémiologie classique a nommé sentiment d'incurabilité. Bien plus qu'une dépression sévère, la mélancolie est un mode pathologique structurellement différent par cette caractéristique vitale et non psychologique de son vécu. Il n'est pas certain que la pathologie diagnostiquée ne puisse influencer le lecteur.

La mélancolie peut survenir en un épisode unique, mais plus souvent elle est l'expression d'un trouble soit monopolaire (ne comportant que des épisodes mélancoliques), soit bipolaires (avec des épisodes mélancoliques et maniaques) anciennement dénommé « psychose maniaco-dépressive » (Emil Kraepelin). Elle est une urgence psychiatrique du fait d'un risque de suicide maximum.

Récapitulatif symptomatique de la dépression structurelle
Symptômes psychiques Symptômes somatiques Durée mise en place
Dépression structurelle psychotique ou mélancolie Altération de l'humeur, Inhibition, douleur morale (auto-dépréciation, auto-accusation, auto-punition) Maux de tête, maux de dos, perte du sommeil, pleurs 1 à 2 mois maximum

Trois genres de mélancolie peuvent être identifiées :

la mélancolie stuporeuse : le patient a une très grande inhibition motrice ;

la mélancolie anxieuse : c'est dans ce cas où le taux de suicides est le plus important ;

la mélancolie délirante : elle se fonde sur des pensées délirantes comme « Je veux qu'on rétablisse la peine de mort pour moi ».

Psychanalyse

Le texte fondateur pour la psychanalyse de la théorie de la mélancolie est Deuil et mélancolie (1915, in Métapsychologie) de Freud. Il y compare l'état dépressif passager consécutif à un deuil à la mélancolie. Le deuil est une réaction normale à une perte, qu'elle soit humaine et affective ou idéale. Le mécanisme du deuil consiste en un désinvestissement de l'objet perdu, en un retrait de la libido, par le biais de la remémoration, du « ressassement ». Le deuil peut prendre une tournure pathologique, versant dans la psychose par le déni, ou comme dans la névrose obsessionnelle, lorsque le deuil du père force une confrontation au complexe d'Œdipe.

Selon Freud, le deuil et la mélancolie partageraient certains symptômes, mis à part la mésestime de soi, l'accablement d'auto-reproches. Freud, à partir de cette différence fondamentale, déduit que la perte à laquelle réagit le mélancolique est inconsciente, et n'est pas directement en relation avec une perte réalisable comme dans le deuil. La théorie de Freud à propos de la mélancolie postule que le sujet réagit à la perte en retournant sa libido dans son propre moi : le mélancolique a effectué le désinvestissement objectal, mais la quantité de libido reste intacte et appliquée au moi, qui devient l'objet perdu. Ainsi, le mélancolique régresserait à l'identification narcissique, devenant son propre objet, et privilégiant le versant du désinvestissement : c'est ainsi que s'expliquent les auto-reproches parfois délirants et la dévitalisation. Freud présuppose donc trois conditions à l'origine de la mélancolie : la perte de l'objet, l'ambivalence envers l'objet et la régression de la libido dans le moi.

Au moment de cette théorisation, le terme de « dépression » était utilisé en tant qu'adjectif, afin de décrire cet appauvrissement général de la vie affective et intellectuelle du sujet mélancolique. Ainsi, ce qui serait traité plus tard en psychiatrie comme la psychose maniaco-dépressive ou le trouble bipolaire était considéré comme alternance de phases de manie et de mélancolie.

Le cas Haitzmann, une « névrose démoniaque » au XVII siècle, est la présentation la plus explicite d'une dépression. Haitzmann est un artiste qui sombre, à la mort de son père, dans la dépression. Il fait alors un pacte avec le Diable, lui demandant de retrouver son père pour quelques années. D'où l'expression si curieuse de « névrose démoniaque ».

L'apport psychanalytique à l'appréhension de la mélancolie se situe également dans la position dépressive décrite par Melanie Klein, et qui renverrait à la formation même du moi, naissant dans la douleur de l'ambivalence - en effet, il y aurait aux origines de cette instance, pour laquelle se prend le sujet, une angoisse dépressive ayant son origine dans l'ambivalence face à l'objet total.

Médias

Chanson populaire

Léo Ferré : La mélancolie

Miossec : La mélancolie

Mylène Farmer : Je t'aime mélancolie

Benjamin Biolay : Mélancolique

Soprano (rappeur) : Mélancolique anonyme

Soprano (rappeur) : Mélancolie

Léa Castel : Mélancolie

Joe Dassin : Si tu t'appelles Mélancolie

Michel Jonasz : Mélancolie

Iced Earth : Melancholy

Yves Duteil : Mélancolie

Cinéma

Lars von Trier, Mélancholia, 2011 avec Kirsten Dunst et Charlotte Gainsbourg

Littérature

La Mélancolie de Haruhi Suzumiya, série japonaise très populaire sur le thème de la mélancolie.

Citations

« La mélancolie, c’est le bonheur d’être triste. » de Victor Hugo

中文百科

忧郁(英语:Melancholia,或英语:lugubriousness),一种情绪与心理状态,指一个人呈现哀伤、心情低落的状况,绝望与沮丧为其特色。这是人类正常的情绪之一,但是强烈而长久持续的忧郁情绪,可能是精神疾病造成。

字根

在英语中,英语:Melancholia的字根来自希腊语:μελαγχολία,代表哀伤,或是黑胆汁的意思。古代希腊人认为这是由于黑胆汁失衡造成的疾病。英语:lugubriousness则是来自拉丁文lugere,意思是哀悼。 中医将它列为七情之一,可能是由于心、肝、脾功能失调而产生。

法法词典

désespérant adjectif ( désespérante, désespérants, désespérantes )

  • 1. qui est décourageant et déplaisant Synonyme: contrariant

    une obstination et une attitude désespérantes

  • 2. qui afflige profondément Synonyme: navrant

    un monde désespérant de tristesse

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