L'administration royale en 1719 en Prusse : une bureaucratie.
Une bureaucratie (terme créé en 1759 par Vincent de Gournay, composé de bureau et -cratie (pouvoir)) est une forme d'organisation du travail inventée par les Chinois, reprise en France par Louis XIV et Colbert sous le nom d' « Administration » et perfectionnée ensuite par les Prussiens.
Cette forme d'organisation du travail a été analysée en 1920 en Allemagne par le sociologue Max Weber, puis dans les années 1960 en France par le consultant Octave Gélinier et le sociologue Michel Crozier.
En tant que forme d'organisation du travail, la bureaucratie désigne une administration publique dont l'action est encadrée par le droit. Ses agents, les fonctionnaires, sont recrutés par examens ou concours, accomplissent une carrière, doivent obéissance à leur supérieur hiérarchique et travaillent dans un secteur spécialisé. Cette définition correspond au sens wébérien du concept de bureaucratie. Cette dernière apparaît ainsi comme la plus conforme au modèle de la rationalité légale, notamment parce qu'elle s'appuie sur des règles juridiques, permet une meilleure prévisibilité et repose sur un savoir précis.
C'est aussi une dérive de cette forme d'organisation mise en évidence par les sociologues des organisations. Ces derniers montrent en effet que le formalisme de la bureaucratie peut entraîner une lourdeur et une rigidité de l'action administrative, voire une monopolisation du pouvoir au profit des seuls intérêts des bureaucrates. On parle alors de bureaupathologie.
Un terme aux sens multiples
En politique, la bureaucratie désigne un pouvoir sans direction qui se caractérise par des règles strictes, la division des responsabilités et une forte hiérarchie.
Ce néologisme, créé au XVIII siècle par Vincent de Gournay, a été défini par Max Weber. Il peut s'appliquer à toute forme d'organisation, bien qu'on l'associe surtout aux pouvoirs publics. Max Weber fut le premier à amener à la lumière du jour le concept de bureaucratie qui a su prendre de l’ampleur avec les années. En fait, ce sociologue allemand a su présenter différentes théories au niveau des sciences sociales. Sa théorie weberienne prône, d’autant plus, l’importance de l’action sociale dans la société.
De façon plus concrète, la théorie de la bureaucratie se définit comme étant un certain système pyramidal hiérarchisé permettant à la population de développer des compétences propres à différentes capacités.
La bureaucratie, dans ce sens second, se caractérise par certains stéréotypes, tels que la lenteur, l'irrationalité, l'indécision ou l'aveuglement.
Dans son livre La bureaucratie, Alfred Sauvy introduit le terme de « burelain », par analogie avec « châtelain », pour désigner le bureaucrate dans son royaume.
Caractéristiques
Selon Max Weber
Le fonctionnement bureaucratique selon Max Weber qui analyse la société allemande du début du XX siècle repose sur plusieurs principes (Weber, 1921) :
Les individus sont soumis à une autorité uniquement dans le cadre de leurs obligations impersonnelles officielles
Les individus sont répartis dans une hiérarchie d’emplois clairement définie
Chaque emploi a une sphère de compétences clairement définie
L’emploi est occupé sur la base d’un contrat
Le recrutement se fait sur la base des compétences (diplômes et/ou expérience)
La rémunération est fixe, en fonction du grade hiérarchique
L’emploi est la seule occupation du titulaire
Logique de carrière : la promotion dépend de l’ancienneté et de l’appréciation des supérieurs hiérarchiques
Les individus ne sont pas propriétaires de leur outil de production
Les individus sont soumis à un contrôle strict et systématique dans leur travail
Le modèle bureaucratique wébérien est un idéal type.
Selon Octave Gélinier
C'est l'objet de son livre Le Secret des structures compétitives. Voir : Octave Gélinier.
Selon Michel Crozier
C'est l'objet de son livre Le Phénomène bureaucratique. Voir : Michel Crozier.
Un outil de pouvoir
La bureaucratie politique et sociale
En politique, la bureaucratie désigne une forme d'État où le pouvoir est exercé et transmis par l'appareil administratif lui-même, qui gomme la plupart des défauts et qualités individuelles et qui met en valeur celles de l'organisation.
Cette situation est due la plupart du temps à un exécutif faible ou instable, comme ce fut le cas par exemple lors de la IV République française, où l'administration disposait d'un pouvoir authentiquement autonome. Cette situation s'est présentée par exemple en URSS du fait de la mainmise de l'administration sur l'économie ; ainsi, les missions confiées à l'administration étant particulièrement nombreuses et techniques, il était difficile pour le pouvoir politique d'exercer un vrai contrôle sur l'administration, qui se voyait ainsi déléguer de nombreuses parcelles de pouvoir. Dans la vision de l'État développée par Hegel, l'État, qui transcende la société, est l'incarnation de la raison et en assure la victoire. Dans cette perspective, le fonctionnaire est un héros discret des temps modernes, et la bureaucratie, un outil permettant le triomphe de l'égalité et du progrès. Dans la littérature, le côté à la fois absurde et terrifiant de la bureaucratie a été magistralement présenté, pour son atmosphère, par Kafka dans Le Procès et pour son rôle politique, par Orwell dans 1984. On remarque un changement de nature et d'intensité par rapport aux fonctionnaires du XIX siècle décrits dans l'œuvre de Courteline.
De nos jours, la bureaucratie politique est reconnue comme étant l’élément déclencheur du bon développement de la société tant du côté social qu’économique. En fait, la bureaucratie a comme objectif principal de soumettre une certaine structure hiérarchique à la société dans le but de veiller à sa prospérité. Du point de vue politique, la bureaucratie peut être comparée, en quelque sorte, à une domination, allant même jusqu’à parfois être perçu comme un certain pouvoir sur la population. La compétence de la population est un facteur très décisif dans cette structure. En fait, la bureaucratie accorde une grande importance aux différentes compétences et responsabilités de la population. De plus, la bureaucratie s’observe principalement par sa structure pyramidale au sein de la société. La division des tâches selon les capacités des gens est un fondement très important des bureaucrates en politique.
Sociologie
Comme il l’a été dit plus haut, la bureaucratie est une forme d’organisation sociale. Par conséquent, la bureaucratie a un grand lien avec la sociologie. Par définition, la sociologie est « une science qui cherche à comprendre et à expliquer l’impact du social sur les actions et les comportements humains.» Dans le système bureaucrate, la division des tâches est très importante puisqu’il en résulte une spécialisation des fonctions et une meilleure organisation au sein d’un regroupement social. Vu la division des tâches, il y a une multiplication des fonctions du personnel ce qui entraîne le développement de nouvelles règles pour le bon fonctionnement, la nouveauté des définitions de travail et de nouvelles dispositions administratives.
L'envers de la bureaucratie
Les problèmes liés à la bureaucratie ont été mis en évidence par différents chercheurs : Robert King Merton, Alvin W. Gouldner, James March et Herbert Alexander Simon, Peter Blau et plus particulièrement en France par Octave Gélinier et Michel Crozier. Les résultats de ces recherches montrent qu'une bureaucratisation excessive peut amener à des dysfonctionnements ou limiter le potentiel des acteurs concernés.
D'après certains sociologues, la plupart des règles formulées par le modèle bureaucrate peuvent paralyser le système. « L'impersonnalité du fonctionnaire devant appliquer la règle sans acception de personnes retire toute souplesse au système, la multiplication des règles de contrôle empêche toute initiative et joue contre l'innovation, la départementalisation aboutit au repli des groupes sur leurs objectifs au détriment de ceux de l'organisation. » La bureaucratie est un système qui empêche toute forme d’adaptation et, comme Weber l'a affirmé, vu que c'est un système rationnel, la bureaucratie peut finir par paralyser l'organisation. Donc, au cours des années, il y a eu une remise en question du modèle bureaucratique, il n'est plus utilisé comme avant vu sa rigidité structurelle et la lenteur qu'elle provoque au système.
Réforme de l'État
Des efforts sont faits dans le domaine de la transparence de l'administration, avec, en France, les systèmes de guichet unique pour une question donnée et de e-administration qui se développent. Néanmoins, ils se heurtent à une logique de reproduction des codes, usages et règles de l'administration (formulaire Cerfa, méfiance par défaut, silos ..) qui nuisent au développement de l'innovation. La dématérialisation des marchés publics a ainsi conduit à complexifier encore le dépôt d'une candidature à un marché, en imposant les mêmes formulaires complexes et pièces justificatives, et en y ajoutant la nécessité de les scanner pour les télétransmettre. Le développement de services réellement simplifiés pour l'usager, comme le marché public simplifié, a nécessité l'utilisation d'une nouvelle approche : les startups d'État, développées au sein du secrétariat général pour la modernisation de l'action publique.
Jargon administratif
Une commission existe aussi afin d'éclaircir le jargon administratif parfois incompréhensible pour les usagers en raison de termes juridiques ou très peu usités. L'artiste Pierre Perret ou des célébrités comme Bernard Pivot ou Alain Rey en font partie. Leur tâche consiste à éclaircir sans faire d'approximation ni perdre des données importantes.