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词典释义:
juif
时间: 2023-10-04 01:48:10
TEF/TCF
[ʒɥif, -iv]

juif, vea.1. 犹太的, 犹太人的 2. 〈转义〉贪得无厌的— n.1. Juif, ve 犹太人 2. 犹太徒3. 〈转义〉守财奴, 贪得无厌者;高利贷者4. le petit juif 〈口语〉肘尖 [尺骨肘部的鹰嘴突]常见用法

词典释义
juif, ve
a.
1. 犹太的, 犹太人的
religion juive犹太
temple juif 犹太会堂

2. 〈转义〉贪得无厌的

— n.
1. Juif, ve 犹太人
le J juif errant永世流浪的犹太人 [传说中人物, 因凌辱耶稣而被罚永世流浪。现用比喻终日在外奔波的人, 无固定住所的人]

2. 犹太

3. 〈转义〉守财奴, 贪得无厌者;高利贷者

4. le petit juif 〈口语〉肘尖 [尺骨肘部的鹰嘴突]

常见用法
un Juif orthodoxe一名正统犹太
génocide du peuple juif对犹太人的种族

近义、反义、派生词
联想:

义词:
israélite,  hébreu,  judaïque,  hébraïque
反义词:
goy
联想词
judaïsme 犹太; musulman 伊斯兰的; antisémite 反犹分子; chrétien 基督的; sioniste 犹太复国主义; rabbin 犹太士; sionisme 犹太复国主义者; nazi 纳粹; antisémitisme 反犹太主义,排犹主义; yiddish 意第绪语; hébraïque 希伯的;
当代法汉科技词典

juif m. 犹太

短语搭配

persécution subie par les Juifs犹太人所受到的迫害

temple juif犹太会堂

peuple juif犹太民族

mauve des juifs长荚黄麻;长蒴黄麻;黄麻树

un juif orthodoxe一名正统犹太教徒

année juif, veve犹太年

religion juif, veve犹太教

temple juif, ve犹太教堂

la Tradition juive犹太教的口头诫条

juif hellénisant, e接受希腊宗教信仰的犹太人

原声例句

Imagine si il tape l'incruste chez des juifs, par exemple !

想象一下,比如说如果他把镶嵌物打到一些犹太人身上。

[圣诞那些事儿]

Ses parents sont juifs, non pratiquants, ce sont même de fervents défenseurs de la laïcité.

她的父母是犹太人,不践行犹太教,他们甚至是政教分离的狂热捍卫者。

[Quelle Histoire]

Pour les juifs, qui sont la première cible des nazis, la situation est devenue très dangereuse.

对于犹太人来说,他们是纳粹的第一个目标,局势变得非常危险。

[Quelle Histoire]

例句库

En 1478, les souverains espagnols importeront le tribunal de l’ Inquisition pour s’assurer de la sincérité des juifs, ceux qui refuseront d’abjurer seront brûlés.

为了起诉异教徒,教皇格里高利九世设立宗教裁判所,一个直接隶属于罗马教廷的教会法庭。法官来自多明我会,他们攻击任何一个可能威胁信仰的人,例如纯洁派、女巫和占卜者。1478年,西班牙统治者引入宗教法庭,意在获取犹太人的忠诚,因为拒绝放弃原来宗教信仰的犹太人将被烧死。

Les autorités israéliennes ont commencé dimanche à retirer une partie du mur de sécurité entourant la colonie juive de Gilo située à Jérusalem-Est.

以色列当局周日开始撤回一部分位于东耶路撒冷基洛犹太人属地周围的安全隔离墙。

Montpellier n'oublie pas qu'elle abritait à la même époque une communauté juive importante et qu'elle fut un des grands centres de la pensée juive.

不能忘记,那个时代,该城是重要的犹太聚居区,是很大的犹太思想中心。

Selon certains chercheurs qui viennent des Etats-Unis, on dit qu’aujourd’hui, aux Etats-Unis, ce sont les juifs qui ont pris en compte de l’importance de l’étude et qui ont fait de bonnes écoles.

据一些从美国回来的学者说,今天的美国,最注重学习的,把学校办得最好的还是犹太人。传统之深厚,可见一斑。

En parlant d’histoire, Hitler et les nazis avait envisagé à un certain moment d’expulser les juifs et les envoyer à Madagascar. Il a choisi une méthode plus radicale.

再说一段历史。希特勒和纳粹党曾在一段时间想过,将犹太人驱逐到马达加斯加,最终他选择了另一种极端的方式。

L’histoire nous raconte un groupe de soldats juifs spécialisés dans des actions ciblés et risqués pendant la période d’occupation de la France.

本片故事讲述的是法国二战沦陷时期的一群身负暗杀人物的犹太士兵。

Né en 1908 à Bruxelles de parents juifs alsaciens, Claude Lévi-Strauss est reçu en 1931 à l'agrégation de philosophie.

列维-斯特劳斯于1908年在布鲁塞尔出生,父母是阿尔萨斯犹太人,1931年获得哲学教师资格。

Pendant la guerre j’ai caché un juif.

二次大战的时候我藏过一个犹太人

Le peuple juif a une tradition de coopérer avec les autres.

看在利益的份上他们也愿望坐下来谈合作。

Une université étatsunienne - c’est l’endroit où les juifs enseignent les maths aux Chinois.

美国的大学就是犹太人给中国人上数学课的地方。

Etant d’une minorité inférieure, si l’on ne respecte pas l’honnêteté, la communauté juive aura déjà disparue.

作为一种弱势存在,如果不守诚信,犹太共同体必定早已消失。

Situ dans le Lower East Side, Chinatown, le quartier asiatique, jouxte Little Italy o les Italiens cohabitent avec les descendants des juifs d'Europe centrale.

位于下东城的亚洲人街区唐人街,毗邻由意大利移民与来自中欧的犹太人的后裔共同居住的小意大利。

Deuxièmement, les juifs sont dotés d’une grande prévoyance.

二来自其远见卓识。

C’est pourquoi les businessmen juifs ont un taux de réussite plus élevé dans la spéculation, dans l’aventure, dans le monopole et dans l’innovation.

同样进行投机、冒险、垄断、创新,犹太商人的成功率较高,最根本的原因也就在此。

Un groupe de français, mais qui étaient des juifs, Hongrois, Polonais, Roumains, Espagnols, Italiens, Arméniens, a été déterminés à combattre pour libérer la France qu’ils aiment.

一群法国人,他们曾经是犹太人、匈牙利裔、波兰裔、罗马尼亚裔、西班牙裔、意大利裔、亚美尼亚裔等等,决心为解放他们所爱的法国而战斗。

Un officier juif vendu à 1"Allemagne, pas étonnant, se disent les gens, ces juifs n"ont pas de patrie, ils feraient n"importe quoi pour de l"argent.

一位犹太军官卖身投靠德国人,这不足为奇。因为,他们没有祖国,为了钱,啥都干得出来。

Les livres en hébreu sont groupés dans la bibliothèque de la communauté juive de Riga.

希伯来语书籍集中在里加犹太社区图书馆。

Actuellement il y a plus de 200 écoles pour les minorités en Lettonie : 179 écoles russes, six écoles polonaises, deux écoles juives, une école ukrainienne, une école estonienne, une école lituanienne et une école biélorusse, ainsi que des cours pour les Roms dans plusieurs écoles.

拉脱维亚目前有200多所少数族裔学校——179所俄罗斯族裔学校,6所波兰族裔学校,2所犹太族裔学校,1所乌克兰族裔学校,1所爱沙尼亚族裔学校,1所立陶宛族裔学校和1所白俄罗斯族裔学校,在多所学校还有罗姆人班级。

Un important ministre du cabinet israélien a récemment déclaré, notamment, que le tracé de la barrière « rend également plus juive la ville de Jérusalem ».

一位高级以色列内阁部长最近指出,除其他事项外,隔离墙的走向“也使得耶路撒冷更具有犹太特征”。

Les colonies juives de Silwan et des zones adjacentes seront ainsi encore rapprochées, et il n'existera plus de contiguïté entre les quartiers palestiniens.

这将进一步把Silwan区和毗邻地区的犹太定居点联接起来,从而破坏巴勒斯坦居民区的完整性。

法语百科
Description de cette image, également commentée ci-après

Les Juifs (en hébreu : יְהוּדִים / yehoudim, en grec ancien : Ἰουδαῖοι / Ioudaĩoi, en latin : Iudaei, etc.) sont les membres d’un peuple lié à sa propre religion, le judaïsme, et au sens large du terme à une appartenance ethnique et religieuse.

La tradition juive relie leur ascendance aux patriarches Abraham, Isaac et Jacob également appelé Israël. Ils peuplent la Judée et le royaume d'Israël, structurant leur quotidien autour de la Bible hébraïque, laquelle comprend les cinq Livres de la Torah attribués à Moïse, les Livres des prophètes ultérieurs et d’autres écrits. La Bible définit leurs croyances, leur histoire, leur identité nationale et légifère dans tous les domaines de leur vie.

À la suite des aléas de leur histoire, les Juifs migrent ou sont déportés de la Judée et essaiment à travers le monde. La diaspora juive résulte principalement de la conjonction de deux facteurs, une volonté d'essaimage et la nécessité de fuir des persécutions. Tentant de conserver leur mode de vie ancestral au sein des populations avoisinantes dans lesquelles ils s’acculturent, ils développent des traditions religieuses, culinaires et des langues propres ainsi que d’autres traits spécifiques. Réciproquement, ils exercent un certain attrait sur leurs populations d’accueil et l’on enregistre dans l’Empire romain un nombre important de conversions au judaïsme. L’impact et la proportion de ces conversions font débat au sein des historiens. Leur histoire sur plus de deux millénaires en Europe est marquée par des persécutions qui culminent au XX siècle avec la Shoah.

Les grandes révolutions de l’ère moderne entraînent chez nombre d’entre eux une perte ou un abandon de tout ou partie des repères traditionnels. Plusieurs tentatives sont menées pour les redéfinir en tant qu’entité confessionnelle, nationale ou culturelle de sorte qu’en français, l'usage commun distingue entre les Juifs (avec une majuscule — les « personnes descendant de l'ancien peuple d'Israël ») et les juifs (sans majuscule — « personnes qui professent le judaïsme »).

Le nombre total des Juifs contemporains est difficile à estimer avec précision, et fait l'objet de controverses, mais, selon une estimation effectuée en 2013, il serait d'environ 13,8 millions. La majorité d'entre eux vit en Israël et aux États-Unis, et les autres principalement en Europe, au Canada et en Amérique latine.

Origine des mots juif et Juif

Étymologie

L'hébreu biblique nomme יהודי (yehoudi, « judéen ») tout Israélite habitant la Judée. L'araméen reprit ce mot sous la forme yehoudaïé, qui devint Ἰουδαῖος [Ioudaîos] en grec ancien puis IVDÆVS [jûdæus] en latin. Au X siècle, l'ancien français fait évoluer ce mot latin en la forme judeu, qui se transforme ensuite en juiu puis en juieu au XII siècle EC. De la forme féminine juive de ce dernier mot dérive, dès le XIII siècle, le mot français masculin « juif » qui parvient jusqu'à nos jours sous les deux graphies « juif » (appartenant à la religion juive) et « Juif » (appartenant au peuple juif).

D'autres ethnonymes désignant les Juifs dans diverses langues contemporaines s'appuient sur cette même étymologie « judéenne », par exemple يهودي [yahûdi] en arabe, Jude en allemand, juutalainen en finnois, Jew en anglais, židov en croate, jøde en danois, zsidó en hongrois, ou Żyd en polonais. Dans les pays où le nom originel de « juif » est devenu péjoratif (giudeo, Ιουδαίος, jid, jidov), des noms qui dérivent du mot « hébreu » lui sont préférés comme Ebreo en italien, Εβραίος [evraios] en grec moderne, еврей [yevrey] en russe, ou evreu en roumain. D'autres noms, tel Musevi en turc, dérivent de celui de Moïse.

Orthographe

Conformément aux conventions typographiques de la langue française, qui imposent une majuscule aux noms de peuples et une minuscule aux noms de croyances, « Juif » s'écrit avec une initiale majuscule quand il désigne les Juifs en tant que membres du peuple juif (et signale ainsi leur judéité), mais il s'orthographie avec une initiale minuscule lorsqu'il désigne les juifs en tant que croyants qui pratiquent le judaïsme (et insiste en ce cas sur leur judaïté).

Judaïtes, Judéens, Juifs

Le premier livre de la Bible présente la lignée des patriarches hébreux : Abraham, Isaac, et Jacob qui reçoit aussi pour nom Israël et dont la descendance forme l'ensemble des Israélites. Jacob-Israël génère douze fils, ancêtres éponymes des douze tribus d'Israël. Le nom de son quatrième fils, Juda (יְהוּדָה, Yehouda « il remerciera, il reconnaîtra »), désigne dans la Bible l'homme, sa tribu et la terre habitée par sa lignée (la terre de Juda). Ses habitants sont nommés Judaïtes (יְהוּדִים yehoudim).

Représentation du roi Salomon, fils de David; peinture du XIX siècle par Isaak Asknaziy.

Selon la Bible hébraïque, nait sept siècles plus tard, de la tribu de Juda, le roi David. Le royaume unifié de David et de son fils Salomon, qui regroupe les douze tribus d'Israël, se scinde vers 930 avant l'ère commune en deux royaumes israélites rivaux. Juda désigne dès lors le royaume de Juda, dont la capitale est Jérusalem, les habitants les Judéens, le roi un membre de la dynastie davidique et la langue officielle le yehoudit, en opposition avec le royaume d'Israël, dont la capitale est Samarie. Les Judéens ne sont pas tous judaïtes, et la première occurrence du mot yehoudi dans la Bible désigne un membre de la tribu de Benjamin.

Au I siècle avant l'ère courante, sous la dynastie des Hasmonéens, l'État juif restauré sous le nom de royaume de Juda englobe, sur tout le territoire de la Terre d'Israël, la Judée et la Samarie dont l'ensemble forme, pour les Romains, une provincia romana qu'ils nomment Judaea, la Judée, dont les habitants sont les yehoudim que le français traduit aussi par Judéens.

Après la destruction du premier Temple, en 587 av. J.-C., les yehoudim se disséminent de par le monde (ce qu'ils nomment la גָּלוּת galouth ou, en grec, la diaspora). Les francophones nomment Juifs ces yehoudim émigrés, ainsi que leurs descendants des deux premiers millénaires de l'ère courante.

L'évolution sémantique du mot yehoudim couvre les sens généalogique (fils de Yehouda), social (membres de la tribu de Yehouda) et géographique (habitants de la terre de Yehouda), rendus en français par Judaïtes, qui se complètent par les sens national (au royaume de Juda fondé par David) puis politique (au royaume de Judée sous les Hasmonéens), rendus en français par Judéens. Enfin, de la destruction du second temple à nos jours s'ajoutent les sens ethnique et culturel au mot yehoudim que le français traduit désormais par Juifs. Ces trois termes insistent sur la judéité des yehoudim.

Une autre évolution sémantique donne au mot yehoudim un sens religieux judaïque que la langue française rend par le mot « juifs » (adeptes du judaïsme), sens ignoré par le récit biblique pour les époques antérieures à leur Exil à Babylone. La Bible rapporte que des non-Judaïtes pratiquent le culte de YHWH, ou que des Israélites du nord, Judéens ou Samaritains, sont polythéistes ou pratiquent d'autres cultes. Israël Finkelstein et Neil Asher Silberman suggèrent, dans leur ouvrage controversé La Bible dévoilée, des divergences religieuses marquées entre les habitants du royaume de Samarie au nord et les Judéens du sud, que les rédacteurs de la Bible hébraïque auraient atténuées afin d'affirmer l'unité religieuse du « peuple d'Israël ».

Le judaïsme naquit au retour de l'Exil, sous l'impulsion du scribe Ezra et des promoteurs du second Temple de Jérusalem (516 av. J.-C.). À partir de cette date et jusqu'à nos jours, yehoudim est remplacé en français par « juifs », pour signifier la judaïté (identité religieuse) et la judaïcité des concepts et rites religieux juifs.

Formation et évolution de l'identité juive

Carte de Jérusalem, peu avant l'an 70. L'emplacement du Temple est représenté en jaune.

La notion de Juif s'est structurée à travers l'histoire. Au cours des trois millénaires écoulés depuis l'époque de David et les premiers documents égyptiens évoquant le peuple d'Israël, elle a connu des évolutions ou infléchissements.

À l'époque la plus ancienne, les Israélites apparaissent comme une population aux pratiques religieuses très diversifiées, surtout définis par leur origine supposée commune, leur langue, leur territoire et leurs deux États.

Après la disparition du polythéisme et l'exil à Babylone, à la fin du VII siècle av. J.-C., les Juifs remplacent les Israélites. La définition religieuse devient plus claire dès la période du Second Temple. Les idées de peuple et de royaume juif sont alors réaffirmées.

À partir du II siècle av. J.-C., la richesse de la religion juive est attestée. Elle s'exprime à travers la diversité foisonnante de courants et sectes.

À la suite de l'apparition des prémisses d'un culte chrétien, la destruction du Second Temple par les Romains (en 70 ap. J.-C.), et la destruction définitive du royaume de Juda (I siècle), et enfin avec la rédaction des Talmuds, la religion juive s'unifie (II siècle - V siècle). Le rétablissement de l'État juif est alors abandonné, et renvoyé à des lointains temps messianiques.

C'est à partir du XIX siècle, sous l'influence des idées laïques et nationalistes en occident, qu'une redéfinition politique et nationale de l'identité juive est mise en avant.

Les royaumes israélites

Transcription de la stèle de Mérenptah.

La plus ancienne source documentaire extra-biblique sur les Israélites est la stèle de Mérenptah, qui remonterait aux années 1210 av. J.-C. et a été trouvée en 1896 dans le sud de l'actuel Israël. Dans cette stèle, le pharaon Mérenptah proclame : « Israël est détruit, sa semence même n’est plus ». Le déterminatif des hiéroglyphes signifiant Israël (un homme, une femme et les trois traits marquant le pluriel), précise que le mot désigne une population. On ignore la localisation exacte de cette population, son périmètre ethnique ou religieux, son statut politique, mais la stèle confirme l'existence assez ancienne d'un groupe humain de ce nom dans le paysage cananéen de l'époque.

On ignore la date exacte de rédaction des Livres de la Bible hébraïque. La tradition juive les tient pour contemporains des faits qu’ils rapportent, tandis que les biblistes non littéralistes y voient une rédaction progressive ayant débuté au VII siècle av. J.-C. avec le Deutéronome et s’étalant ensuite sur trois siècles. Selon ces derniers, la Bible n’est donc pas un témoignage historique fiable, en particulier pour les périodes les plus anciennes, mais elle exprime fidèlement la vision de la communauté qu’avaient ses rédacteurs.

Dès les premiers Livres de la Torah, les « Enfants d’Israël » sont à la fois présentés comme un groupe religieux (pratiquant un culte monothéiste et comme un peuple, le « peuple d'Israël ». Leur dieu, dont le Nom ineffable est transcrit sous la forme du tétragramme YHWH, les appelle « Mon peuple ».

À ce stade, cependant, le « peuple d'Israël » n'est pas présenté comme une nation au sens étatique du terme. Cette notion apparaît dans les Livres prophétiques avec le récit de la royauté de Saül, datée par la tradition aux alentours de l’an 1000 AEC : « Samuel dit à tout le peuple : Voyez-vous celui que l’Éternel a choisi ? […] Et tout le peuple poussa des cris, et dit : Vive le roi ! ».

À compter du livre de Samuel, la Bible affirme de façon permanente qu'il est de la volonté de Dieu que les Israélites soient son peuple, mais aussi qu'ils soient un royaume, sous une direction politique unique, la dynastie Davidique dont viendra un jour futur le Messie.

Carte des royaumes de Judée et Samarie qui existaient selon la Bible en 926 av. J.-C. (les frontières sont seulement indicatives).

En pratique, ces principes ne sont que partiellement mis en œuvre : au niveau national, le royaume unifié d’Israël éclate à la mort de Salomon en deux royaumes israélites rivaux avec le royaume d’Israël, ou de Samarie (du nom de sa capitale) au Nord de Canaan et le royaume de Juda (du nom de la tribu royale) au Sud ; au niveau religieux, le polythéisme est très présent au sein de la société israélite, tant au nord (« les enfants d'Israël firent en secret contre l'Éternel leur Dieu, des choses qui ne sont pas bien. […]. Ils fabriquèrent des idoles d'Astarté, ils se prosternèrent devant toute l'armée des cieux, et ils servirent Baal ») qu’au sud (le roi Josias « ordonna […] de retirer du sanctuaire de Yahvé tous les objets de culte qui avaient été faits pour Baal, pour Ashera et pour toute l'armée du ciel […]. Il supprima les faux prêtres que les rois de Juda avaient installés et qui sacrifiaient […] à Baal, au soleil, à la lune, aux constellations et à toute l'armée du ciel. […] Il démolit la demeure des prostituées sacrées, qui était dans le temple de Yahvé[…] »).

L’archéologie confirme ce polythéisme, montrant YHWH adoré avec d’autres dieux et déesses, comme Ashera (peut-être son épouse). Les ostraca de Kuntillet 'Ajrud, dans le désert du Sinaï, datant du VIII siècle avant l'ère commune, portent ainsi l'inscription « bēraḫtī ʾetḫem lǝ-YHWH šomrōn [ou šomrēnū] u-l-Ašratō » (« Je vous ai bénis par YHWH de Samarie et Son Asherah » ou « Je vous ai bénis par YHWH notre gardien et Son Asherah », selon qu'on lise šomrōn : Samarie ou šomrēnū : notre gardien). On trouve aussi la mention « YHWH et son Ashera » sur une inscription datant de la monarchie tardive (vers -600) dans la région de la Shéphélah (royaume de Juda). En revanche, aucune archive connue des états de la région ne parle du royaume unifié de Saül, David et Salomon et seule la stèle de Tel Dan gravée au IX siècle av. J.-C. (ainsi que, selon certains, la stèle de Mesha) atteste de l’existence de deux royaumes israélites dont l’un est dirigé par la « maison de David ».

Frontières estimées des États du levant vers 800 av. J.-C.

Nombre d’universitaires, dont l’archéologue Israël Finkelstein et l’historien Neil Asher Silberman, en concluent que le royaume unifié est un mythe. Ils notent que les fouilles effectuées à Jérusalem dans les couches correspondant aux dates avancées par la Bible sont plus compatibles avec un statut de petit village qu’avec celui de capitale d’un royaume organisé et qu’elle n’y ressemble qu’au IX siècle av. J.-C.. La Bible n’est, selon eux, qu’une construction nationale élaborée pour appuyer les ambitions du roi Josias ; d’anciennes traditions orales auraient été utilisées pour combiner en lui les caractéristiques des héros bibliques et des prophéties auraient été déclamées pour annoncer celui dont les auteurs attendaient qu’il soit le fameux Messie descendant de David, avant sa mort lors des campagnes du pharaon Nekao. De ce fait, les tribus du Nord sont décrites comme « désespérément enclines au péché » et le polythéisme, présenté dans la Bible comme une régression par rapport à un monothéisme originel, serait au contraire la forme première des cultes israélites, combattue par un mouvement réformateur monothéiste.

Les Israélites, au terme d'une évolution allant de la Genèse au premier livre de Samuel sont ainsi dotés d'une triple caractéristique par la Bible : ils sont un groupe religieux, un peuple et une nation, ou plus exactement un royaume (rapidement divisé).

Quelle que soit leur réalité historique, les récits intègrent deux idées :

La première est que le destin des Israélites est de vivre dans un seul royaume, sous la seule dynastie légitime, celle de Juda. En sortant de ce royaume, les habitants de Samarie divisent le peuple ;

La seconde est qu'on peut être israélite tout en pratiquant le polythéisme, même si on est alors un mauvais Israélite. Ce pluralisme religieux ne remet pas en cause l'appartenance commune au « peuple d'Israël », qui semble ainsi première.

Le premier exil et l'apparition des Juifs

Carte de la région vers 700 av. J.-C., après l'expansion assyrienne. La Samarie et Juda font partie de l'empire, Juda avec un statut de vassal et non de simple province.

Le royaume de Samarie a été envahi et détruit par l'Assyrie en 722 av. J.-C., qui en a fait une de ses provinces. Le royaume de Juda survécut jusqu'à sa destruction par les Babyloniens en 586 av. J.-C. et à la déportation d'une partie de sa population à Babylone (sans doute essentiellement l'élite). « Le VI siècle av. J.-C. a été décisif dans l'histoire des Juifs. En fait, on peut dire qu'il en constitue le véritable commencement, car il voit s'opérer une mutation fondamentale : la fin du temps des Hébreux et de l'hébraïsme, la naissance du temps des Juifs et du judaïsme ». Le destin des Israélites du Sud, en particulier de l'élite déportée en Mésopotamie devient totalement distinct de celui des Israélites du Nord.

La population installée à Babylone semble avoir rompu de façon définitive avec le polythéisme. La Bible cesse en effet ses accusations régulières sur ce thème. Les formes fondamentales du monothéisme juif semblent s'être définitivement imposées dans l'épreuve de l'exil.

Les Juifs ne seront plus indépendants avant la monarchie hasmonéenne, vers 140 av. J.-C.. Ils ne vivront plus exclusivement en Judée, mais se répandront progressivement à travers le Moyen-Orient à partir de la Babylonie.

Après la libération des exilés par l'Empereur perse Cyrus II en 537 av. J.-C., celui-ci leur donne la permission de retourner dans leur pays d'origine et de rebâtir le temple de Jérusalem détruit en 586. Les populations de l'ancien royaume de Samarie proposent alors leur aide. Celle-ci est refusée, et les Samaritains sont accusés de ne pas être de purs Israélites, mais des immigrants d'origine assyrienne imitant les Israélites : « Le roi d'Assyrie fit venir des gens […] et les établit dans les villes de Samarie à la place des enfants d'Israël […]. Ils craignaient aussi l'Éternel […] et ils servaient en même temps leurs dieux d'après la coutume des nations d'où on les avait transportés ».

L'exil a en effet modifié les identités ethno-religieuses. Pour les anciens exilés de Babylone, la terre d'Israël est mal connue. Les anciennes définitions sont réinterprétées. La captivité de Babylone a créé les Juifs au sens actuel du terme. Les populations se réclamant des anciens Israélites sont maintenant réparties en deux groupes pratiquant des religions proches : les Judéens et les Samaritains, toutes deux sous domination perse, et plus tard séleucide.

Deux éléments semblent marquants dans la rupture :

les Samaritains ont placé leur temple sur le mont Garizim, quand les Juifs ont placé le leur à Jérusalem ;

les Samaritains sont accusés de n'être pas d'ascendance israélite, mais de se contenter de se comporter comme des Israélites.

Une autre accusation juive existe, celle de pratiquer le polythéisme. Elle ne semble cependant pas suffisante à justifier la divergence. En effet, le traité mineur Massekhet Koutim du Talmud de Jérusalem admet que les Samaritains ne sont plus polythéistes. Mais l'accusation de ne pas être d'ascendance israélite subsiste. Avec la centralité du mont Garizim, elle apparaît donc comme centrale dans le rejet.

C'est à la fois la religion, la politique et la notion de peuple qui fonde donc le rejet des Samaritains et la structuration d'une identité juive distincte. Elle est non seulement celle de monothéistes qui suivent la Bible (comme les Samaritains), mais qui affirment également au moins trois fortes spécificités : de meilleures pratiques religieuses (comme la centralité du temple de Jérusalem), une fidélité politique et « nationale » au royaume Judéen et l'appartenance à un peuple nettement différencié par son origine supposée (les « vrais » Israélites).

Le temps du Talmud

Les Juifs de Judée deviennent minoritaires dans le judaïsme global. Selon un recensement mené à la demande de l’empereur Claude (I siècle), seuls trente pour cent des Juifs de l’Empire vivent dans la Provincia Iudea tandis que la majorité des communautés vit en Mésopotamie et en Perse, en Asie Mineure et en Égypte, où les Juifs hellénisés prospèrent.

La définition strictement nationale du « peuple juif » (une langue, un territoire, une direction politique) s'estompe donc. Malgré quelques principes généraux (centralité de Jérusalem, Dieu Un et Unique, destin particulier du peuple Juif), le judaïsme du Second Temple (de 515 av. J.-C. à 70 ap. J.-C.) éclate et se dilue en une multitude de courants et de sectes. Certains se reconnaissent dans les Rabbanim, d'autres dans les prêtres du Temple, certains acceptent la Torah orale, d'autres non, certains acceptent des livres de la Bible que d'autres rejettent (Voir les livres acceptés par la version grecque de la Septante et rejetés par le Tanakh hébraïque, les livres "intertestamentaires", les livres deutérocanoniques), certains professent l'éternité du monde quand d'autres sont créationnistes, certains professent l'immortalité de l'âme (pharisiens) que d'autres rejettent (sadducéens), certains se montrent ouverts aux convertis quand d'autres les rejettent, certains se montrent ouverts à la culture hellénistique (dominante dans le Moyen-Orient de l'époque), que d'autres se font un point d'honneur de refuser.

Après la destruction du second Temple de Jérusalem en l'an 70 ap. J.-C., ce judaïsme éclaté perd son autorité centrale. Le peuple juif perd aussi progressivement son État, réduit d'abord au statut de royaume vassal par les Romains, puis finalement supprimé pour devenir une simple province. Enfin, une nouvelle religion apparaît, le christianisme. Issu du judaïsme, dont il tempère les règles strictes (respect du Shabbat, circoncision, interdits alimentaires, interdiction des images...) le christianisme primitif met l'universalisme en avant. Les références au « peuple juif » et au « royaume de Juda » (dont le rétablissement était espéré par les Juifs) en disparaissent dès la fin du I siècle.

Le judaïsme pharisien, qu'on peut désormais qualifier d'orthodoxe (le terme n’est utilisé qu'à partir du XIX siècle), acte parallèlement la fin pratique de la dimension nationale du fait juif : il devient interdit, après la fin des Zélotes (en 67-73 ap. J.-C.) puis l'écrasement de la révolte de Bar Kokhba (en 132-135 av. J.-C.), de « se rendre en terre d’Israël comme une muraille » et, a fortiori, de combattre pour le rétablissement d’un État juif. Ces défaites sont interprétées comme une manifestation du refus divin de rétablir la souveraineté juive sur la Terre sainte. En théorie l'idée nationale est cependant conservée, puisque la création d'un nouveau royaume d'Israël reste attendue pour l'avènement des temps messianiques.

Sans doute par compensation à cette évolution, le judaïsme orthodoxe a par contre conservé et même renforcé la définition des Juifs en tant que peuple, freinant fortement les conversions au judaïsme, perçues comme un facteur de dilution. Assez nombreuses dans l'Antiquité, celles-ci deviennent marginales, renforçant le particularisme ethnique.

Privé de centralité religieuse et politique, menacé par le prosélytisme chrétien, le judaïsme va se restructurer en profondeur.

La page de garde du Talmud.

Devant la menace de dilution et d'oubli de la tradition, les Sages pharisiens décident de mettre la Torah orale par écrit, rompant ainsi avec un tabou ancien. La Mishna est alors rédigée, au II siècle, par les tannaïm. Elle « se présente comme un code de loi, en quelque sorte les décrets d'application de la législation biblique. Elle est divisée en six parties […] 1. les lois agricoles ; 2. les fêtes ; 3. la législation familiale ; 4. le droit civil et pénal ; 5. le culte du temple ; 6. les lois de pureté ». Entre le II et le V siècle, chaque article de la Mishna est commenté en détail dans la Gémara. « C'est à l'ensemble Mishna (lois) et Gémara (commentaire des lois […]) que l'on donna le nom de Talmud », dont il existe deux versions : le Talmud de Jérusalem et celui de Babylone, issus des académies religieuses de ces deux grands centres d'étude, et achevées aux IV et V siècles.

À l'issue de ce travail, le visage du judaïsme a changé, les divergences d'interprétations entre sectes semblant appartenir au passé, au bénéfice d'un solide corpus de règles religieuses unifiées.

Fort de ses adaptations face à la destruction de l'État juif, c'est le judaïsme orthodoxe qui va être la structuration idéologique principale des deux mille ans d'existence juive post-exilique.

De l'Angleterre à la Chine

Un Juif en prière dans une synagogue, en Iran, en 1999.

Un Juif de Chişinău (Moldavie), vers 1900.

Les Juifs se sont très largement répandus sur la planète, de l'Angleterre ou du Maroc à la Chine, de la Pologne à l'Éthiopie.

Cependant, l'essentiel de cette dispersion est postérieure au triomphe religieux des pharisiens, entre les II et IV siècles. À cette date, les Juifs étaient encore essentiellement répandus au Moyen-Orient et dans le bassin méditerranéen. On peut avoir une idée de la répartition des Juifs en Europe occidentale avant les grandes expulsions de la fin du Moyen Âge en consultant la carte des rues des Juifs en Europe occidentale.

Quand l'expansion vers l'Europe, l'Inde ou la Chine commence, les différentes sectes juives ont déjà disparu au profit du judaïsme pharisien, nouveau judaïsme orthodoxe. De ce fait, fortement structurées par les Talmuds, les communautés de plus en plus dispersées n'ont pas éclaté en groupes religieux rivaux, les pratiques restant assez homogènes dans l'espace et dans le temps. On peut citer l'exception des Falashas, dont nul ne connaît clairement l'origine, ou celle des groupes en cours d'assimilation lors de leur redécouverte par le judaïsme (comme les Bene Israël des Indes), dont la « déviation » venait plus de l'oubli que d'une volonté d'innovation religieuse.

La seule véritable contestation interne au judaïsme unifié par les pharisiens sera celle du Karaïsme, un mouvement religieux surtout influent entre les VIII et XI siècles, contestant la validité de la Torah orale.

Si les caractéristiques religieuses des populations dispersées sont restées assez stables, leurs caractéristiques ethniques (apparences physiques) se sont cependant modifiées, par conversion, viol ou mariages mixtes, mais sans modifier de façon notable la définition traditionnelle du Judaïsme.

La Haskala, et ses conséquences

Moses Mendelssohn, le fondateur de la Haskala.

Avant la Haskala

La culture des Juifs fut longtemps celle du ghetto et du statut de dhimmi. Les repères matériels de la politique et du culte ayant été détruits, ceux-ci s'étaient déplacés vers les domaines de l'étude et la religion. Les persécutions, expulsions et massacres qui alternaient avec des périodes de calme relatif étaient vécues comme l'accomplissement des paroles du Deutéronome « L’Éternel te dispersera parmi tous les peuples, d’une extrémité de la terre à l’autre […] L’Éternel rendra ton cœur agité, tes yeux languissants, ton âme souffrante ». L'échec des révoltes menées par les Zélotes puis Shimon bar Kokhba avaient conforté le peuple dans cette perception d'un exil voulu par Dieu, et le Messie fils de David, de figure politique qu'il était, avait été transmué en personnage eschatologique. Les Juifs se voyaient donc comme un « peuple au sein des nations », maintenu par le judaïsme (qu'on n'appelait pas encore orthodoxe), attendant patiemment sa délivrance de Dieu.

La Haskala

Sous l'influence de la philosophie des lumières, un courant intellectuel juif apparaît à la fin du XVIII siècle. L'idée fondamentale de la Haskala est la sortie du ghetto, l'entrée dans la modernité occidentale, à travers une éducation non exclusivement religieuse, l'initiation à l'économie moderne, et grâce à l'amélioration des relations entre les Juifs et les peuples au sein desquels ils vivent. Ce courant va susciter plusieurs réactions au sein des Juifs, les conduisant parfois à des modifications profondes de la perception de leur identité.

La réforme du judaïsme

Le mouvement réformé apparaît en Allemagne dans la première moitié du XIX siècle. Le judaïsme réformé, fortement influencé par la Haskala, est en fait composé de divers courants, considérant le judaïsme comme formé d'un noyau moral à conserver et d'une écorce rituelle à abroger ou à réformer. La notion de « peuple juif » elle-même est limitée, voire contestée, au nom d'une meilleure intégration dans les sociétés occidentales. Les Juifs doivent se comporter, s'exprimer, s'éduquer et s'habiller comme leurs concitoyens, renoncer à leur particularisme culturel, à leurs langues (comme le yiddish), à leurs vêtements traditionnels, à leurs quartiers spécifiques, et le judaïsme doit devenir une religion privée, en accord avec la société et ses valeurs. En France, où il prend le nom de judaïsme libéral, le judaïsme réformé a eu pour précurseur Olry Terquem qui s'employa à traduire et à diffuser les idées réformistes de Berlin.

Le culte est alors réformé sur le modèle protestant, la cacherout (l'ensemble des lois alimentaires juives) est majoritairement oubliée et l'abandon des pratiques traditionnelles va chez certains jusqu'à proposer l'abandon du chabbat et de la circoncision. La liturgie est simplifiée, les livres de prières (siddour) sont rédigés en allemand et non en hébreu, les services abrégés, enrichis d'un sermon et d'un accompagnement musical. De cette redéfinition du fait religieux juif axée sur l'adhésion à une religion intériorisée, il ressort que la dimension de « peuple séparé » doit disparaître ou être atténuée.

L'impact de la réforme provoque alors la formation de nouveaux courants religieux, favorables ou opposés à celle-ci.

Elle engendre d'abord l'ultra-orthodoxie juive, qui prône l'exact inverse des valeurs de la réforme, en adoptant un séparatisme assez strict, et en renforçant la pratique du judaïsme au prix d'une rupture avec la modernité.

Elle est également rejetée par les « orthodoxes modernes », qui se laissent néanmoins pénétrer par certaines idées de la Haskala, conciliant une vie moderne avec la tradition.

En réaction à la réforme, mais également au durcissement de l'orthodoxie, naît la critique positive-historique du rabbin Zacharias Frankel qui tente dans la seconde moitié du XIX siècle de concilier tradition et modernité. Ce courant, partisan d'une plus grande souplesse rituelle que les orthodoxes, a cependant une vision du judaïsme assez similaire, notamment dans sa dimension politique. Cette opinion « centriste » s'individualise aux États-Unis en 1902 sous le nom de Conservative Judaism.

Le nationalisme

La Haskala a exprimé à l'origine une volonté de faire des Juifs des citoyens comme les autres mais l’une de ses interprétations sera dans la seconde moitié du XIX siècle d'en faire un peuple comme les autres, c'est-à-dire doté d'un État.

Historiquement, les prophètes de l'exil à Babylone (notamment Ezéchiel) furent les premiers à exprimer la nostalgie de Sion. Sous leur influence religieuse, un modeste noyau de Juifs demeura toujours en terre d’Israël et des petits groupes de juifs religieux « montaient » régulièrement en terre d’Israël depuis l’Antiquité, souvent après des accès de persécutions anti-juives et surtout vers les villes saintes de Safed, Tibériade, Hébron et Jérusalem. Cependant, ces déplacements n'impliquaient aucun projet politique et une tradition talmudique assez répandue jugeait a contrario qu’une arrivée massive des Juifs sur la terre ancestrale enfreindrait les trois serments que Dieu avait fait jurer au peuple juif et aux nations. Il était certes enseigné que « les temps messianiques auront lieu lorsque les Juifs regagneront leur indépendance et retourneront tous en terre d'Israël » mais l’espoir se résumait le plus souvent à une prière prononcée en concluant le séder de Pessa'h, « L'an prochain à Jérusalem ».

Le sionisme des débuts est d'une autre nature. Sous l'influence de la Révolution française, le nationalisme moderne se répand dans toute l'Europe au cours du XIX siècle, particulièrement parmi les peuples sans état national (Polonais, Irlandais ou Hongrois), ou divisés en plusieurs États (Allemands, Italiens). L'idée nationaliste finit par toucher les Juifs, privés d'État et même de territoire. Il devient particulièrement populaire en Europe de l'Est, où les Juifs n’ont, au début du XX siècle, pas encore été émancipés et sont de plus soumis à la pression de l’antisémitisme et des pogroms. À la fin du XIX siècle, les thématiques du « retour à Sion » se traduisent peu à peu en une idée politique qui se détache progressivement du legs traditionnel. Ainsi, Moses Hess, le précurseur du sionisme travailliste, prend soin d’adjoindre à son Rome et Jérusalem un opuscule du rabbin Samuel Mohaliver afin de justifier son projet. De même, la première organisation qu'on peut qualifier de « sioniste », les Amants de Sion, compte dans ses rangs les rabbins Tzvi Hirsh Kalisher, Yitzchak Yaakov Reines (en) et Yehiel Michael Pines.

Theodor Herzl, créateur de l'Organisation sioniste mondiale, en 1897.

Cependant, l'Organisation sioniste mondiale, créée en 1897 par Theodor Herzl, entend moins rétablir le culte des offrandes (comme le souhaitait le rabbin Kalischer) que répondre à la « question juive », après que l'affaire Dreyfus a, selon Herzl, prouvé l’échec de l’assimilation en France, dans le pays même qui avait été le premier à émanciper les Juifs, en 1791.

Le mouvement politique fondé par Herzl obtient, en s'appuyant sur les ambitions coloniales britanniques au Moyen-Orient, un « Foyer national juif » en Palestine par la déclaration Balfour (1917), la conférence de San Rémo (1920) et le mandat de la Société des Nations (1922). La Palestine est alors placée sous mandat britannique. De 1918 à 1948, la population juive sur le territoire de la Palestine mandataire passe de 83 000 à 650 000 personnes du fait d’un important taux de natalité mais aussi et surtout d'une forte immigration motivée par l’antisémitisme et les troubles politiques en Europe.

Les Juifs des anciennes communautés de Palestine mandataire, très religieux, ne se mélangent pas à ces nouveaux immigrants, relativement indifférents voire, pour certains, vigoureusement hostiles à la tradition (cette hostilité est souvent l’apanage de courants de gauche, tels que les Poale Sion, Hachomer Hatzaïr ou l’anarcho-sionisme ; cependant, le petit courant ultra-nationaliste des Cananéens se réclamera du paganisme et d'une identité hébraïque non juive, appelant à un dépassement du sionisme en faveur d'une identité israélienne/hébraïque détachée de la diaspora). Ils sont également vilipendés par la plupart des autorités spirituelles de l’époque : Samson Raphaël Hirsch se distancie du projet sioniste (Amants de Sion y compris) en invoquant les trois serments ; pour Elhanan Wasserman, ils sont l’« ennemi de l’intérieur » et d’autres estiment que la conférence de San Remo est « un clin d’œil de la providence divine mais [que les sionistes] l’ont ruiné ». Cependant, le sionisme trouve son défenseur en la personne du rabbin Abraham Isaac Kook. Autorité respectée, il articule une synthèse entre sionisme et tradition, faisant ressortir les nombreux points communs entre celle-ci et la praxis sioniste (qu’il n’épouse pas). Il prédit que le repeuplement juif en terre d’Israël, même s'il est conduit par des « athées et des blasphémateurs », amènera avec le temps à faire émerger « la dimension religieuse et spirituelle du projet sioniste ». Cependant, il ne parvient pas à infléchir la position de l’Agoudat Israel, fondée en Pologne en 1912 par diverses mouvances orthodoxes (dont les mouvements hassidiques de Satmar et Toldos Aharon (en)) pour s’opposer au sionisme.

La Shoah, destruction massive du judaïsme diasporique européen, modifie fortement le cours des choses. Au cours de celle-ci, le Juif est défini par des critères raciaux plutôt que religieux (on peut lire dans cette tendance de l’antisémitisme moderne, par opposition à l'antijudaïsme religieux traditionnel, l’influence des nationalismes européens né à la fin du XVIII siècle, volontiers laïques). Privés de leurs droits puis ghettoïsés tandis que la plupart des pays opposés à Hitler leur ferment les portes, beaucoup se rallient au sionisme, y compris dans les milieux religieux, à l’exemple du rabbin Yissachar Shlomo Teichtal (en) qui décide que l’installation des Juifs, même sionistes, en Israël ne conduit pas à la perte du peuple juif mais à son salut. Confrontés à l’antisémitisme ambiant après la fin de la guerre, de nombreux survivants choisissent de rejoindre le foyer national juif, adhérant au sionisme laïc ou au sionisme religieux. Au sein même de l’orthodoxie et d’une partie de l’ultra-orthodoxie juives, on révise ses positions : beaucoup perçoivent la Shoah et les évènements qui l’ont précédée comme une rupture des trois serments par les nations qui avaient « promis de ne pas opprimer Israël trop durement » et l’Agoudat Israël elle-même devient « a-sioniste » plutôt qu’antisioniste. En réaction, les pans de l’ultra-orthodoxie demeurés fidèles à leurs idées premières se fédèrent et fondent la Edah Haredit.

La création de l'État d'Israël

David Ben Gourion prononçant la déclaration d'indépendance.

Le 15 mai 1948 est proclamé l'État d'Israël. La déclaration d'indépendance du 14 mai indique « Eretz Israël est le lieu où naquit le peuple juif. C'est là que se forma son caractère spirituel, religieux et national. […] Contraint à l'exil, le peuple juif demeura fidèle au pays d'Israël à travers toutes les dispersions, priant sans cesse pour y revenir, toujours avec l'espoir d'y restaurer sa liberté nationale. […] C'est de plus, le droit naturel du peuple juif d'être une nation comme les autres nations et de devenir maître de son destin dans son propre État souverain. […] L'État d'Israël sera ouvert à l'immigration des Juifs de tous les pays […] il garantira la pleine liberté de conscience, de culte, d'éducation et de culture. […] Confiant en l'Éternel tout-puissant, nous signons cette déclaration sur le sol de la patrie ».

Les références au « peuple juif » (terme utilisé huit fois dans le texte) sont essentiellement faites sous l'angle national : les termes « nation », « national », « pays » ou « État » appliqués au « peuple juif » ou à la « terre d'Israël » sont utilisés 39 fois.

À l'inverse, les références à la religion juive sont limitées à trois passages. Il est au départ fait mention du « caractère spirituel, religieux et national » du peuple juif, qui a fait « don de la Bible au monde entier ». Il est plus loin indiqué que « le peuple juif demeura fidèle au pays d'Israël à travers toutes les dispersions, priant sans cesse pour y revenir », mais la notion de prière peut ici s'interpréter de façon religieuse ou laïque. La dernière allusion au religieux est aussi la plus appuyée, puisqu'elle indique que les signataires de la déclaration d'indépendance sont « confiants en l'Éternel tout-puissant ».

La déclaration d'indépendance reprend la démarche qui était majoritairement celle du sionisme depuis son origine : renforcer fortement la dimension nationale du fait juif (la notion de peuple débouchant pour les sionistes de façon étroite sur la notion de nation), et atténuer sa dimension religieuse, mais sans la nier.

La première version de la loi du retour (1950), précise que tout Juif a droit à l'émigration vers Israël, mais ne précise pas ce qu’est un Juif. Les premières instructions ministérielles données indiquaient d'ailleurs que toute personne revendiquant de bonne foi sa judaïté devait être acceptée. L’État juif refusait de rentrer ainsi dans une définition religieuse de la judaïté, et insistait plutôt sur une vision plus nationaliste : le sentiment commun d'appartenance.

Cette vision est également pour une bonne part à l'origine de l'évolution de la loi à la suite de l'affaire du « frère Daniel », né Oswald Rufeisen, ancien militant sioniste converti au catholicisme. Selon la Halakha, il reste Juif indépendamment de sa religion. Mais l’État d'Israël ne voulait pas se retrouver avec des « Juifs chrétiens » ou des « Juifs musulmans » officiellement reconnus. L'application stricte de la Halakha aurait abouti paradoxalement à une rupture totale du lien entre les notions de Juifs en tant que peuple et de juifs en tant que religion, les Juifs devenant purement un peuple. C'est dans ce but que fut voté l'amendement de 1970 qui précise « « un Juif » désigne une personne née d’une mère juive ou convertie au judaïsme et qui ne pratique pas une autre religion ».

Depuis 1970, l'État est en conflit larvé avec les orthodoxes à propos de cet amendement, ceux-ci réclamant, sans succès, qu'il soit précisé dans la loi que seules les conversions faites selon la Halakha des orthodoxes sont acceptées. Ce qui représenterait une rupture avec le puissant judaïsme américain, majoritairement réformé. Outre ce refus, l'État a aussi accepté de reconnaître comme Juifs les Samaritains et les Karaïtes, petites communautés rejetées par les orthodoxes.

Dans la tension ancienne entre définition des Juifs en tant que peuple/ nation, et celle des juifs en tant que religion, l'État d'Israël favorise donc nettement une vision nationale du fait juif, refusant à ce titre l'application stricte des lois religieuses, mais prenant également bien soin de ne pas rompre avec la religion juive. Celle-ci garde d'ailleurs un statut officiel : le rabbinat orthodoxe est une institution d'État, et les rabbins orthodoxes ont le monopole du mariage des Juifs vivant en Israël, même des non-croyants.

Qui est juif : religion juive et appartenance juive

Jusqu'à la seconde moitié du XVIII siècle, les termes « Juifs » et « adhérents au judaïsme » étaient pratiquement synonymes.

Cette identité religieuse n'était pas absolue. Ainsi, selon Daniel Boyarin, une interrogation sur la distinction entre la notion de Juif et de judaïsme existait dans l’Antiquité après Platon chez les Juifs hellénisés d'Alexandrie. De même, la halakha (loi religieuse juive) n'impose pas la pratique religieuse pour appartenir au peuple juif, puisque pour elle, même un Juif converti à une autre religion reste juif.

Cependant, ces idées restaient marginales ou théoriques. Le « peuple d'Israël » étant censé avoir été voulu par Dieu pour recevoir ses préceptes, séparer les deux notions n'avait guère de sens dans des sociétés traditionnelles très marquées par la religion. Les formes prises par cette religion à travers l'histoire et l'espace ont cependant été diversifiées (judaïsme orthodoxe, karaïsme, Falashas).

À compter du XVIII siècle, apparaît en Occident le mouvement des Lumières. Celui-ci, sous l'influence des philosophes français, prétend fonder une pensée politique et sociale dégagée du religieux (mais pas forcément anti-religieuse). Dès la fin du XVIII siècle apparaît le versant juif de ce mouvement, la Haskala. Prônant des valeurs profanes, elle suscite de nouvelles interrogations, chez les Juifs et chez les non-Juifs, sur les éventuelles définitions non-religieuses du fait juif.

Les juifs en tant que religion

Rabbins dirigeants de la dynastie des Hassidim ultra-orthodoxes de Tchernobyl.

Bien qu'il ait longtemps été le trait considéré comme déterminant pour les Juifs, le judaïsme n'est pas une entité monolithique, ni même unitaire.

Avant le VI siècle AEC, la Bible parle d'Israélites polythéistes, syncrétistes, idolâtres, priant uniquement Baal ou d'autre dieux « étrangers », ce qui est confirmé au moins en partie par l'archéologie (cf. supra). Il n'existe donc pas à l'époque de religion unifiée, et le fait israélite apparaît plus comme « national » que comme strictement religieux.

Après le retour des exilés de Babylone, la religion mosaïque éclate entre Judéens (Juifs) et Samaritains, ces derniers récusant l'interprétation des prophètes et la centralité de Jérusalem.

Le judaïsme du Second Temple est lui-même l'un des plus diversifié de l'histoire juive : outre les sectes les mieux connues (esséniens, zélotes, pharisiens, sadducéens…), il faut ajouter celles dont on ne connaît guère que le nom : nazaréens, gnostiques, Minim (probablement les premiers chrétiens). Le Second Temple de Jérusalem et les grands-prêtres, théoriquement autorité centrale dans le judaïsme, sont rejetés par les Juifs d'Éléphantine et les Esséniens.

Après l'unification religieuse réalisée à travers les Talmuds par les pharisiens (qui couchent par écrit la loi orale fondant leur spécificité), entre les II et V siècles, le judaïsme apparaît comme plus unifié. Ce judaïsme unifié va cependant connaître, à partir du VIII siècle, la contestation des karaïtes, refusant totalement la loi orale pharisienne. Parallèlement, des communautés isolées, oubliant ou ignorant les Talmuds et les rabbins, comme les Juifs des Indes ou les Beta Israël (Falashas, terme péjoratif) d'Éthiopie développent une forte spécificité.

Un Samaritain et une Torah samaritaine.

À compter du XIX siècle, la Haskala entraîne d'une part la réforme du judaïsme, qui remet en question la validité de la loi orale, voire de la loi écrite elle-même, de l'autre la revendication du nationalisme juif qui minimise fortement la dimension religieuse du fait juif, nombre de Juifs revendiqués, voire nationalistes, refusant ainsi toute religion. Le judaïsme éclate une nouvelle fois : le terme « orthodoxe » apparaît pour définir ce qui était jusque là forme dominante du judaïsme. Au sein de ce judaïsme orthodoxe même, différentes tendances se dessinent (mais sans rupture officielle), depuis le fidéisme absolu des haredim jusqu'à l'ouverture des « orthodoxes modernes », souvent considérés avec suspicion par les premiers. Entre le radicalisme des ultra-orthodoxes et des premiers réformés, des juifs, cherchant à moderniser leurs traditions sans les abandonner, forment le judaïsme libéral et le judaïsme conservateur, ainsi que d'autres courants moins importants, comme le Judaïsme reconstructionniste.

Le judaïsme historique n'est donc pas incarné par un seul courant. Il existe d'ailleurs plusieurs versions de la Bible, quelque peu différentes : la Bible hébraïque (qui comporte 24 livres), la Bible samaritaine (qui ne reconnaît d'autorité qu'au Pentateuque et au Livre de Josué), la Septante (qui comporte des livres deutérocanoniques), ainsi que des versions moins « canoniques » comme les manuscrits de Qumrân, la Bible des Esséniens. Des traditions complémentaires (Talmuds et Midrash du judaïsme rabbinique, hēḳeš et sevel ha-yǝrūšāh du judaïsme karaïte, Mēmar Markah des Samaritains) accentuent encore plus les divergences. Les sources des uns sont rejetées par les autres, et le degré de leur autorité, absolue ou relative, peut également faire débat parmi ceux qui les reconnaissent. À cette diversité de textes ou d'interprétation s'ajoute enfin les particularismes liés à la dispersion des populations se considérant comme descendantes des anciens Israélites pendant 2 500 ans sur une importante partie de la planète.

Divergences de textes, divergences sur l'interprétation des textes, absence de centralisation religieuse, diversité d'époques et diversité de pays ont donc produit des divergences religieuses non négligeables. Le judaïsme, quoique ayant justifié le maintien d'une spécificité juive au cours des diasporas juives, n'est ni unitaire ni même la seule forme de judéité pour l'ensemble des Juifs revendiqués.

Les Juifs en tant que peuple

Les deux sens du mot Juif ou juif sont déjà perçus au XVIII siècle puisque l'Encyclopédie de D'Alembert et Diderot définit le mot juif comme « sectateur de la religion judaïque » mais affirme, deux paragraphes plus loin qu'il s'agit d'un peuple à l'histoire bien connue :

Selon le Larousse encyclopédique de 1987, un peuple est un « ensemble d'hommes habitant ou non un même territoire et constituant une communauté sociale ou culturelle ». Il y a cependant une grande différence entre la notion moderne de peuple, apparue en liaison avec l'idée de nation, à la fin du XVIII siècle et le sentiment d'appartenance qui pouvait exister, dans des populations rurales vivant il y a trois mille ans.

L'idée de la permanence d'un « peuple juif »

Bien avant cette définition moderne, la Bible avait défini les Israélites en tant que peuple. Les occurrences du terme « peuple d'Israël », faisant suite à celui d'« Enfants d'Israël », insistant sur une origine commune, y sont particulièrement nombreuses, et ce dès le Deutéronome, livre que la majorité des tenants de la critique bibliste pensent avoir été le premier mis en forme, vers la fin du VII siècle av. J.-C.. Les références y désignent un groupe endogame (ne se mélangeant pas aux autres peuples) « Tu ne contracteras point de mariage avec ces peuples, tu ne donneras point tes filles à leurs fils, et tu ne prendras point leurs filles pour tes fils », ayant une relation directe avec Dieu « Pardonne, ô Éternel ! à ton peuple d’Israël, que tu as racheté », et occupant un territoire, « le pays dont l’Éternel, ton Dieu, te donne la possession ».

Dans les livres plus tardifs de la Bible apparaît une nouvelle notion, celle de « peuple juif ». Au sens strict, les Juifs, ou Judéens, sont les Israélites du Sud, habitant le royaume de Juda. Il ne s'agit donc pas d'une notion religieuse, les règles religieuses étant supposées s'appliquer de façon indifférenciée aux Israélites du Nord et du Sud, mais d'une notion géographique et politique. En pratique, les Israélites du Nord ayant disparu (thèse des dix tribus perdues) ou s'étant transformés en Samaritains (thèse des Samaritains, rejetée par les Juifs), les Juifs se sont considérés comme les derniers Israélites, les termes « peuple juif » devenant pour eux (et à leur suite pour les chrétiens) synonyme de « peuple d'Israël », synonymie refusée par les Samaritains. Ainsi, bien que chaque groupe se définit comme « peuple d'Israël », le rejet mutuel des deux communautés a entraîné en pratique la création de deux peuples bien distincts, chacun avec son territoire, ses coutumes et sa direction.

Après la dispersion des Juifs à travers la planète, le sentiment d'être un peuple est resté une obligation religieuse. Au contraire du christianisme, lui-même issu du judaïsme, ce dernier a refusé tout universalisme religieux, et en particulier toute conversion en masse des « nations » (Goyim) au sens biblique, c'est-à-dire des non-juifs.

Critiques de l'idée des Juifs comme peuple

Par une exception assez rare dans l'histoire juive, une partie des premiers juifs réformés du XIX siècle a favorisé une approche essentiellement religieuse du fait juif, souhaitant favoriser l'intégration au sein des peuples des pays de résidence (ce sentiment a également engendré, mais en dehors du périmètre des réformés, un courant de conversion au christianisme, relativement important au XIX siècle et jusqu'à la Seconde Guerre mondiale). Pour ce courant, qui finira par disparaître même chez les réformés, les juifs ne sont pas un peuple, mais seulement une communauté religieuse.

Certains Karaïtes d'Europe orientale se sont également redéfinis au XIX siècle comme une partie du peuple turc, et non plus du peuple juif, mais tout en restant fidèle à leur version particulière du judaïsme (qu'ils cessent cependant d'appeler ainsi). Cette évolution n'est pas ici liée à une critique du principe de « peuple juif », mais à une forte culture turque, à une volonté d'échapper aux lois anti-juives de l'empire des tsars, et sans doute aussi à l'hostilité ancienne entre Rabbanites et Karaïtes.

Bien que traditionnelle, la définition des Juifs en tant que peuple a donc été contestée par certains groupes issus du judaïsme, que ceux-ci recherchent une assimilation partielle (réformés) ou une assimilation totale (convertis). Des groupes se réclamant de la religion de la Bible hébraïque, sans forcément refuser que d'autres se définissent comme Juifs en tant que peuple, se sont eux-mêmes définis comme étant des groupes séparés ayant une identité spécifique (Karaïmes européens, Samaritains).

Certains historiens israéliens contemporains, dits « nouveaux Historiens », mettent également l'accent sur les évolutions de signification qu'a connues le terme hébreu Am (peuple) au cours de l'histoire. À l'identité tribale de l'Antiquité la plus ancienne a succédé une vision religieuse du terme (« peuple de l'Alliance »), permettant les conversions de l'Antiquité, jusqu'à la redéfinition politique opérée à la fin du XIX siècle par les premiers sionistes. Cette vision entraîne généralement une critique de l'interprétation nationaliste et politique de l'idée de « peuple juif », amenant finalement ce courant de pensée à critiquer le sionisme lui-même.

Au-delà de ces débats la grande majorité des Juifs religieux, ainsi que beaucoup de non-croyants, sont restés très attachés à l'idée de « peuple juif » (qu'il soit vu ou non comme le peuple de l'Alliance et de la Torah) du fait de la place centrale de cette notion dans l'enseignement religieux du judaïsme.

La Shoah a fortement contribué à renforcer cette dimension de peuple : qu'ils soient religieux, socialistes, sionistes, assimilés, convertis, et quelle que soit leur nationalité, les Juifs ont alors été considérés comme un ensemble homogène à exterminer, ce qui a fortement renforcé le sentiment d'avoir un destin commun.

Les Juifs en tant que nation

Un groupe de la 2 aliyah sioniste en Palestine, en Keffieh, années 1910.

Les massacres de Juifs par les nazis en Europe ont conduit au génocide juif lors de la Seconde Guerre mondiale. Ici, une rafle à Amsterdam, qui conduira à la grève de février 1941.

Avant la Révolution française, le terme de nation était quasiment un synonyme de celui de peuple. On parle donc souvent (Voltaire, notamment), de « nation juive », au sens de peuple juif.

À compter de la Révolution française, « nation » prend une signification plus politique. Une nation devient d'une part un État (comme dans l'expression « Organisation des Nations unies »), et d'autre part un peuple ayant l'objectif politique de maintenir ou de créer un État. Dans cette seconde signification, une nation est en pratique un peuple dont une partie au moins des membres a des objectifs nationalistes.

Le concept de nation juive (au sens politique) est à l'époque de la Révolution étranger aux Juifs. En effet, le culte s'est réorganisé depuis la fin du royaume de Juda sur des attentes messianiques, plus eschatologiques que politiques, et l'exil est vécu comme l'accomplissement des prédictions du Deutéronome. Les Juifs considèrent toujours que leur destin est de vivre dans un État spécifique (la promesse de la terre donnée par Dieu), mais ils attendent que celui-ci les y ramène, ainsi qu'Il l'avait fait lors de l'exil babylonien, et cette attente se traduit par l'étude et les prières.

Un courant de pensée émerge au XIX siècle chez certains philosophes. Il entend parvenir à une définition « objective » d'un peuple (ou d'une nation), en se fondant non sur le sentiment d'appartenance, mais sur des critères objectifs : langue commune, histoire commune, territoire commun. Du point de vue de cette école, deux approches sont possibles du fait juif : Les Juifs peuvent ne plus être une nation (depuis leur dispersion) si on insiste sur la notion de territoire commun. Ils le sont par contre si on privilégie la notion de passé commun, encore que les conversions passées et les diversités d'apparence physique actuelles peuvent sur ce point aussi susciter des oppositions.

Pour l'école « subjective », qui insiste sur le sentiment d'appartenance, la majorité des Juifs sont une nation (au moins ceux qui le désirent).

L'école « objective » à dominante territoriale refuse la définition des Juifs en tant que nation, voire en tant que peuple.

L'école « objective » à dominante historique, ainsi que l'école « subjective » l'acceptent plus facilement.

La nouvelle idée nationale ne s'est imposée que progressivement au sein des masses juives. Quatre grandes oppositions juives au sionisme se sont identifiées : L'opposition de la majorité des orthodoxes, considérant que le messie peut seul recréer l'État juif ; l'opposition des adhérents du nationalisme du pays de résidence considérant qu'une double fidélité nationale est impossible ; l'opposition des anti-nationalistes de principe, en général d'extrême-gauche ; les partisans d'un nationalisme autonomiste spécifiquement Yiddish, comme les bundistes ou les folkistes. Progressivement, le sionisme, d'abord assez marginal, a gagné en importance, en particulier en réaction aux troubles politiques de l'Europe orientale et à l'antisémitisme. La montée de celui-ci, puis son paroxysme au cours de la Shoah, atténue d'ailleurs les fortes oppositions entre Juifs sionistes et antisionistes. Créé entre autres pour combattre les sionistes, le parti ultra-orthodoxe agoudat Israël finit même par collaborer avec ceux-ci sous la pression de la montée de l'antisémitisme des années 1930, puis acceptera la création d'Israël en 1947 dans le traumatisme suivant le génocide.

Ces débats ne sont toujours pas clos, certains Juifs religieux (la Edah Haredit) continuant à rejeter fermement l'idée d'un État juif politique, et beaucoup d'antisionistes politiques refusant toujours la revendication sioniste sur la Palestine. Cependant, malgré l'antisionisme dominant du régime soviétique, celui-ci avait reconnu les Juifs comme une « nationalité » soviétique à part entière, et soutenu la création d'Israël à l'ONU en 1947.

Au sein même de la société israélienne, le débat sur la « nation juive » a amené à développer des approches assez sensiblement différentes de celles des religieux. C'est ainsi que les Samaritains ou les Karaïtes, groupes rejetés par les orthodoxes du périmètre du judaïsme, ont été acceptés comme faisant partie de la descendance du « peuple d'Israël » des origines, et à ce titre comme membres de la « nation » (donc bénéficiant de la loi du retour). Les convertis par les rabbins réformés (surtout américains) sont aussi acceptés malgré le refus des orthodoxes, leur conversion étant considérée par l'État comme l'affirmation d'une volonté claire de changement de « nation ». L'État privilégie ainsi, dans une certaine mesure, le sentiment d'appartenance national et pas seulement le sentiment d'appartenance religieuse.

Indépendamment du Sionisme, on peut aussi noter l'existence d'un nationalisme non sioniste, surtout incarné par le Bund, parti ouvrier juif créé en 1897. Bien que se définissant comme Juif, le nationalisme du Bund était surtout centré sur une identité Yiddish, et ne s'adressait guère aux Juifs des autres communautés.

Les Juifs en tant qu’ethnie

Un Juif ashkénaze.
Un Juif ashkénaze.

Juifs de Chine, vers le début du XX siècle.

Un jeune Falash Mura en Éthiopie, en 2005.

Des Juifs des Indes (Cochin), vers 1900.
Des Juifs des Indes (Cochin), vers 1900.

Une ethnie est une population humaine dont les membres s'identifient mutuellement, habituellement sur la base d'une ancestralité ou généalogie commune présumée, et possédant des traits culturels, comportementaux, linguistiques, rituels et/ou religieux communs. Selon ces critères, en particulier la revendication à une ascendance commune, les Juifs peuvent donc être considérés comme une ethnie : la traduction grecque de « peuple juif » est d'ailleurs ethnos tôn Ioudaiôn.

Le terme Ethnic Jew s'utilise en anglais (particulièrement aux États-Unis) pour désigner une personne d'ascendance juive établie, mais ne se rattachant au judaïsme ni par la culture ni par la religion, voire ayant adhéré à une autre foi. La dimension culturelle ou religieuse dans cette approche est donc totalement occultée au bénéfice d'une stricte définition en termes d'ascendance.

Cette vision peut être partagée par des convertis. Par exemple, Benjamin Disraeli, bien que baptisé dans son enfance et anglican pratiquant, répliquait à Daniel O'Connell en 1835 « oui, je suis Juif, et tandis que les ancêtres de l'honorable gentleman étaient des brutes sauvages sur une île inconnue, les miens étaient prêtres dans le Temple de Salomon ».

Elle peut l'être aussi par des non-Juifs, selon des critères qui leur sont propres. Ainsi, les nazis se souciaient moins de définir les Juifs en termes de « religion » que d'« influence », laquelle dépendait d'une part du nombre d'ascendants « présumés Juifs », et d'autre part de l'« appartenance confessionelle ». De nombreux « Juifs non juifs » (c'est-à-dire des Juifs s'étant convertis à d'autres religions comme Edith Stein ou Irène Némirovsky) furent ainsi exterminés durant la Shoah et les frères Wittgenstein, dont la mère n'était pas juive, furent inquiétés.

La Halakha (la loi religieuse juive, dictée par le judaïsme orthodoxe), a également une définition des Juifs qui s'exprime partiellement en termes d'ascendance : est Juif (indépendamment de sa religion) celui qui est né d'une mère juive, ou celui qui s'est converti au judaïsme.

Selon la revendication religieuse d'une « ancestralité commune présumée », les Juifs sont donc plutôt une ethnie, les conversions au judaïsme étant censées être peu nombreuses. Le terme « ethnie » est cependant peu utilisé en français, ayant acquis une connotation négative rappelant les discriminations antisémites et les critères nazis de « racialité juive ».

La revendication d'une origine commune est par ailleurs contrebalancée par l'extrême divergence de types physiques existant entre les communautés juives. Celle-ci s'explique entre autres par le phénomène des conversions.

Ainsi, à l'époque romaine déjà, les écrits de Dion Cassius et les Satires de Juvénal indiquent des conversions assez nombreuses. Les estimations selon lesquelles 10 % de la population romaine était juive ne peuvent s'expliquer sans conversion.

Des conversions de masse ont pu avoir lieu jusqu'au Moyen Âge. Par exemple :

la conversion possible des Jébuséens, sous David ;

celle de la tribu iduméenne qui donnerait naissance à Hérode I le Grand, sous les Hasmonéens ;

la conversion de nombreux habitants de l'Empire romain ;

après la fin de l'Empire romain, une partie des Francs ripuaires et des Souabes se convertit, mais il s'agit davantage d'initiatives individuelles, à l'origine des prêches d'Agobard ;

celle d'une partie de peuples à dominante turque comme les Khazars de Russie ;

celle (possible et parfois discutée) de Berbères (Djeraouas de l'Aurès et Nefoussas de Tripolitaine) ;

Même après le Moyen Âge, des passages en masse au judaïsme, comme celles des Subbotniks de Russie ont pu ponctuellement se produire.

Bon nombre d'études portant sur la génétique des populations ont été menées concernant l'impact de ces conversions sur l'histoire des populations juives. Quoique de nouvelles études soient encore à attendre, pour apporter des précisions ou trancher certains débats entre auteurs, les lignes générales qui se dégagent militent en faveur d'une nette domination moyen-orientale (notamment des régions palestiniennes, syriennes et turques) dans les origines du chromosome Y des populations juives actuelles (transmis uniquement par les hommes). Cette dominante ne permet pas de trancher la question du poids des conversions masculines dans cette zone, car les études ne différencient pas le chromosome Y des populations juives de celui des populations non-juives de la zone, qui sont très proches. Mais elles permettent d'indiquer que le poids des influences masculines extérieures au Moyen-Orient est nettement minoritaire (pouvant cependant aller jusqu'à une estimation de 23 % pour les populations ashkénazes).

À l'inverse, les études existantes penchent assez nettement pour une origine majoritairement non moyen-orientale pour l'ADN mitochondrial (transmis uniquement par les femmes). Ces apports ont des origines géographiques distinctes mais peu nombreuses, ce qui laisse à penser que les conversions ont été localisées et rares au cours de l'histoire juive, même si le poids global de ces entrées est finalement présent. Chez les Bene Israël de Bombay, l'origine est très tranchée : moyen-orientale pour les marqueurs génétiques masculins, et locale pour les marqueurs génétiques féminins. Il est cependant à noter que dans le cas des Ashkenazes au moins, certains auteurs ont défendu une origine majoritairement moyenne-orientale des marqueurs génétiques mitochondriaux.

Finalement, ces études montrent qu'une origine des populations juives actuelles (du moins de celles qui ne vivaient pas à l'époque moderne au Moyen-Orient) est située de façon notable à l'extérieur de la zone de dispersion originelle des Juifs, au Proche-Orient. Mais le poids de marqueurs génétiques originaires de cette zone reste très important, particulièrement pour les marqueurs génétiques d'origine masculine, ce qui tend à montrer un impact relativement ponctuel des phénomènes de conversion. Mais certains débats entre spécialistes restent encore à trancher, et les positions actuelles de la recherche peuvent donc évoluer.

Ces points communs démontrent une certaine continuité endogamique, mais ne sont cependant pas contradictoires avec des divergences non négligeables, acquises au cours des siècles d'immersion au sein d'autres populations par les conversions, les viols ou les adultères. Les types physiques des Juifs de Chine, des Juifs des Indes, des Juifs Ashkenazim ou des Falashas sont ainsi très différents, et montrent un niveau de mélange interethnique assez élevé.

Parmi les grandes populations juives actuelles, seuls les Juifs d'Éthiopie ne montrent pas trace d'origine syro-palestinienne. Au contraire, leurs marqueurs génétiques indiquent une origine exclusivement ou très majoritairement locale, donc un phénomène de conversion de grande envergure.

Dans le cadre d'une approche par la génétique, et malgré certains points communs, les Juifs ne sont donc pas une ethnie homogène.

Au-delà de l'approche par la génétique et l'origine réelle, la question de l'ascendance reste importante dans la définition du fait juif, puisqu'on devient généralement juif par sa mère. Mais cette règle souffre, même aujourd'hui, de nombreuses exceptions ou applications problématiques.

Ainsi en est-il des Juifs convertis à d'autres religions. Pour le Talmud, ils restent Juifs. Mais l'État d'Israël a refusé cette démarche purement ethnique, et a imposé dans la loi du retour une démarche plus « nationale », fondée également sur le sentiment d'appartenance commun. À ce titre, les Juifs convertis à d'autres religions sont refusés comme Juifs. La population africaine des Lemba, qui se réclame d'ascendance juive, et dont les études génétiques ont confirmé qu'elle était porteuse de gènes communs avec ceux des cohanim juifs, n'est pas reconnue comme juive.

À l'inverse, les personnes converties au judaïsme, bien que n'étant le plus souvent pas « ethniquement » juives (sauf cas de retour au judaïsme), sont considérées comme Juives. Cette intégration dilue progressivement le patrimoine génétique. Les études génétiques ont même démontré que des groupes juifs, comme les Falashas, ne montraient aucune trace d'origine cananéenne, soit qu'ils n'en aient jamais eu, soit que celle-ci se soit totalement diluée.

Finalement, le caractère ethnique n'est pas une condition nécessaire ni suffisante pour l'appartenance au judaïsme, bien que la question de l'ascendance y soit importante. Le fait juif se caractérise, selon Shmouel Trigano, bien davantage par la culture, le rituel, ou les langues.

Les Juifs en tant que culture

Enfants juifs en habits traditionnels, avec leur professeur, à Samarcande entre 1909 et 1915.

De nombreuses cultures juives ont existé à travers les millénaires et les pays de résidence.

La question culturelle juive est complexe en ce que le maintien d'une identité spécifique à travers les siècles a sans doute été aidé par les cultures très spécifiques, comme la culture ashkénaze, ou la culture judéo-arabe. Leurs membres avaient un fort sentiment d'appartenance appuyé sur ces cultures, en particulier sur des langues spécifiques (des langues locales influencées par l'hébreu), mais aussi sur des littératures ou des philosophies juives particulières.

Mais malgré des cultures juives très fortes, il n'existe aucune unité culturelle juive au-delà de la religion (du moins pour les orthodoxes) et de sa langue liturgique, l'hébreu.

Finalement, les Juifs n'ont pas eu à travers le temps une culture, mais plutôt un particularisme communautaire, lequel a produit régulièrement de nouvelles cultures juives spécifiques.

Souvent très autonomes, ces groupes ont cependant correspondu entre eux, permettant le maintien d'une identité juive relativement stable. Le rituel séfarade s'est ainsi répandu à partir de l'Espagne et du Portugal à travers tout le bassin méditerranéen, tandis que les Juifs de Cochin (Inde) faisaient traditionnellement venir leurs livres saints du Yémen.

Les communautés vraiment isolées, comme les Juifs de Chine, les Bene Israël de Bombay (Inde) ou les Falashas d'Éthiopie, ont fini par s'assimiler totalement (Juifs de Chine), assez largement (Bene Israël), ou par développer des formes religieuses très particulières (Falashas).

Les plus grands ensembles culturels juifs historiques sont dans l'Antiquité les Juifs de langues hébraïque puis araméenne, les Juifs hellénisés, qui auront une influence théologique décisive sur le christianisme naissant, et les Juifs de culture perse.

À partir du Moyen Âge, les trois premiers groupes s'éteignent, tandis que les Juifs de culture perse restent nombreux. De nouvelles cultures apparaissent à l'époque, qui dureront jusqu'à l'époque contemporaine : Juifs de culture arabe, de culture séfarade (groupe originaire d'Espagne, du Portugal et qui finira par avoir une forte influence culturelle et religieuse sur toutes les communautés du bassin méditerranéen) et de culture ashkénaze (de la vallée du Rhin à la Russie).

Au XIX siècle apparaissent des Juifs (souvent d'origine ashkénaze, mais aussi séfarade) de culture totalement occidentalisée, après leur assimilation aux sociétés européennes et américaines.

Langues

Page 14 de la Haggadah illustrée par Kaufmann (1854-1921).

L'hébreu est la langue liturgique du judaïsme, la langue du peuple d'Israël. Beaucoup de mots et expressions ouest-sémitiques (cananéennes) proches de l'hébreu de la Bible existent déjà dans les lettres d'Amarna, textes diplomatiques du XIV siècle avant l'ère commune, écrits en akkadien, ce qui confirme l'ancienneté de cette langue.

Son importance en tant que langue nationale est attestée dans le livre des Juges : afin de différencier les gens de Galaad de ceux d'Ephraïm, il est demandé « comment s'appelle ceci ». Si l'infortuné répond Sibolet, et non Sh'ibolet, il est instantanément passé au fil de l'épée. L'hébreu fut donc la langue du peuple juif tant que celui-ci demeura sur sa terre, c'est-à-dire jusqu'à la destruction du Premier Temple de Jérusalem. De plus, la tradition rabbinique enseignait que l'hébreu était la langue de sainteté (lashon hakodesh), avec laquelle le monde avait été créé.

Ceux qui sont encore des Israélites se dispersent en partie à travers le Moyen-Orient (d'abord en Babylonie, puis au-delà), à compter de la destruction du Premier Temple de Jérusalem, en -586. Au contact de Babylone, l'hébreu se mâtine de plus en plus d'araméen, lingua franca de l'époque, qui prend une place de plus en plus prépondérante dans les derniers Livres de la Bible, Daniel et Ezra, où la proclamation de la restauration du Temple est écrite en Araméen. L'hébreu biblique évolue, et l'hébreu mishnaïque apparaît avec le retour des Juifs de Babylone. La question du statut de l'hébreu (langue parlée ou langue exclusivement littéraire ?) fait l'objet de longs débats. Abraham Geiger pensait que la langue de la rue était l'araméen, et celle des Sages l'hébreu. Hanoch Yalon professait qu'à l'inverse, l'hébreu était la langue du commun et des enfants, tandis que les érudits parlaient araméen ou grec. L'anecdote de la servante de Rabbi, fille de maison dans un endroit d'érudition permet en effet de formuler cette seconde hypothèse. Et si Jésus de Nazareth enseigna en araméen, les lettres de Shimon bar Kokhba étaient rédigées en hébreu.

L'hébreu n'est pratiqué durant tout le Moyen Âge que par les érudits. Cet hébreu rabbinique possédait des tournures propres, et empruntait souvent à l'araméen. Parallèlement à l'extinction de l'hébreu en tant que langue quotidienne, naissent plusieurs « langages », en fait un mélange des langues du terroir et d'un lexique hébraïque ; ces dialectes sont écrits en caractères hébraïques. Tel est par exemple le cas du Tsarphatique, la langue des gloses de Rachi, témoignage vivant de la langue d'oïl ou les différentes formes de judéo-arabe utilisées par les Juifs d’Eretz Islam, de Maïmonide à Juda Halevi.

Deux de ces dialectes se démarquent comme ayant été parlés par de larges pans de la communauté juive : le yiddish, pratiqué à l'origine par les Ashkénazes et le judéo-espagnol par les Séfarades. Les autres dialectes, dhzidi, judéo-arabe, judéo-provençal, yévanique, etc. ne dépassaient pas la sphère régionale : le judéo-arabe algérien était incompréhensible pour un Juif tunisien, et inversement, alors qu'aux variations locales près, le yiddish put servir de lingua franca à tous les Juifs qui le parlaient, quelles que soient leurs origines.

Au XIX siècle, les organisateurs de la Haskala souhaitent faire disparaître le yiddish, langue du ghetto, pour apprendre aux Juifs résidant en Allemagne l'allemand et l'hébreu. Ils développent la première littérature laïque moderne en hébreu, et publient des journaux en cette langue. La tentative fait cependant long feu, les masses préférant apprendre l'allemand et les religieux réprouvant toute utilisation profane de la « langue de sainteté ». Cependant, une première modernisation linguistique de la langue liturgique se fait jour, ajoutant de nouveaux mots pour décrire des concepts inexistants dans la langue religieuse.

Eliézer Ben Yehoudah à sa table de travail
Eliézer Ben Yehoudah à sa table de travail

La deuxième tentative de reviviscence de l'hébreu est réalisée en 1881 par un instituteur, Eliézer Ben Yehoudah, qui y consacra toute son énergie. Des centaines de mots sont créés sur la base de racines hébraïques. Largement issu de son travail, l'hébreu moderne devient la langue officielle du mouvement sioniste, puis l'une de celles de l'État d'Israël (avec l'arabe). Du fait de l'immigration massive des Juifs vers Israël au cours du XX siècle, l'hébreu moderne et la culture israélienne — quasi inexistante il y a un siècle — qui lui est liée, apparaissent aujourd'hui comme le creuset où s'assimilent et à terme disparaissent nombre d'antiques cultures juives de la diaspora juive. Si les orthodoxes ont fini par accepter l'hébreu moderne, certaines communautés haredim (ultra-orthodoxes) marginales vivant en Israël, comme les Neturei Karta de Mea Shearim refusent toujours de le parler, privilégiant le Yiddish.

L'ensemble des dialectes juifs tend également à disparaître au profit des langues où résident les Juifs de la Diaspora.

Le Yiddish demeure en usage comme langue du quotidien dans certaines communautés orthodoxes, notamment aux États-Unis, en Israël et à Anvers. Toutefois, aux États-Unis où se trouvent les plus grandes communautés yiddishisantes, ce yiddish évolue, se mêlant d'une part à l'anglais pour former le Yinglish, et ayant d'autre part donné naissance à un jargon employé quasi-exclusivement dans les académies talmudiques, d'où son nom de Yeshivish.

En revanche, du fait de plusieurs facteurs, dont la Shoah, l'exode juif des pays arabes, l'émigration, l'assimilation et autres, de nombreux dialectes juifs, dont le judéo-espagnol, sont tombés en désuétude, tandis que d'autres, comme le judéo-provençal, ont disparu.

Judaïté et judaïsme : synthèse

Le judaïsme est au sens premier « la doctrine [des Israélites] de Juda », comportant des rites et des préceptes fondés sur la Torah. Toutefois, beaucoup de Juifs actuels pratiquent des versions du rituel éloignées du judaïsme orthodoxe. Certains, comme les Karaïtes ou les personnes converties par les rabbins réformés, ne sont pas reconnus comme juifs par celui-ci. De plus, si le judaïsme réformé considère comme Juif un individu dont seul le père est juif, pour peu qu'il ait été élevé dans le judaïsme, ce n'est absolument pas le cas pour le judaïsme orthodoxe. Des juifs pratiquant leur forme du judaïsme sont ainsi considérés comme non-juifs par les juifs orthodoxes, qui acceptent en leur sein de parfaits athées pour autant que leur mère soit juive.

Cette contradiction apparente vient de la définition non-exclusivement religieuse du fait juif. Un Juif est en effet d'après la Bible un membre du « peuple d'Israël », par sa naissance (ou plus rarement par sa conversion) et les ultra-orthodoxes eux-mêmes superposent cette définition à leur définition religieuse.

Enfin, la notion de peuple et le souvenir de l'État juif de l'Antiquité ont engendré, au contact du nationalisme européen du XIX siècle un nationalisme juif, le sionisme, revendiquant une nation pour les Juifs, un État. Cette revendication n'est pas acceptée par tous les Juifs.

La superposition de ces trois notions (religion, peuple et nation), avec leurs frontières qui ne coïncident pas, a mené à de nombreux problèmes de définition. Il existe ainsi, outre ce qui a été mentionné plus haut, des Juifs nationalistes et anti-religieux, des juifs religieux mais non nationalistes, les Edah Haredit, juifs reconnus par l'État d'Israël mais pas par les juifs orthodoxes (karaïtes ou personnes converties par des rabbins réformés), des groupes se voulant israélites et non Juifs, mais légalement reconnus comme Juifs par l'État d'Israël (Samaritains), des juifs orthodoxes reconnus par certains groupes d'orthodoxes, mais pas par d'autres (Beta Israël).

Les 13 ou 14 millions de Juifs actuels, mais aussi ceux du passé, sont donc au croisement des trois notions de peuple, de religion et de nation, sans que ni les Juifs ni les non-Juifs soient intégralement d'accord sur ces notions ou sur leur périmètre exact. Ces problèmes de périmètres et de définitions, quoique bien réels, ne concernent cependant que des marges, et permettent l'existence d'une « communauté juive » relativement stable.

Démographie et géographie

En 1939, il y avait 17 millions de Juifs dans le monde. Vers 1945, il n’en restait plus que 11 millions. Les Juifs seraient aujourd'hui 13,3 millions.

Le professeur Sergio DellaPergola, démographe de l'Université hébraïque de Jérusalem, indiquait en 2002 que la croissance démographique juive dans le monde entier tournait autour de 0 %. Plus exactement, de 2000 à 2001, elle s’est élevée à 0,3 %, à comparer à la croissance démographique mondiale de 1,4 % pendant la même période.

Les évolutions fines sont cependant contrastées. Aujourd’hui, en Israël et en diaspora, les haredim (ultra-orthodoxes) sont en croissance démographique assez rapide. Il y avait chez les Juifs israéliens 6 % de haredim déclarés en 2002 et 9 % en 2012. Sauf cas médicaux, les familles ont entre 5 et 10 enfants (7 enfants par famille en moyenne en Israël en 2005). Il s’agit pour les haredim d’un commandement religieux important : « croissez et multipliez » (Genèse 1:28, 9:1,7).

À l'inverse, les populations juives moins pratiquantes, souvent avec un niveau socio-économique plus important, ont une démographie plus classiquement occidentale, d'un assez faible niveau, qui ne compense pas les mariages mixtes assez nombreux hors d'Israël.

Les mêmes différences peuvent être constatées entre pays : la population juive de l'ex-Union soviétique est en diminution rapide, par émigration, tandis que, pour les mêmes raisons et du fait d'une natalité relativement forte, la population juive israélienne augmente assez vite.

Les pays de résidence

Historiquement, on distinguait trois régions principales (mais non exclusives) dans lesquelles se sont formées les trois grandes cultures juives.

l'Europe centrale et orientale, de l'Alsace à l'Ukraine, berceau du judaïsme ashkénaze

la péninsule Ibérique, où le judaïsme sépharade naquit avant de se disperser à partir du XV siècle, vers les pays d'Afrique du Nord puis les Balkans, certains pays du Proche-Orient (influençant également le judaïsme du Yichouv) et aussi vers l'Europe du Nord et l'Amérique

le Moyen-Orient, où vécurent les Juifs orientaux non-sépharades

D'après le professeur Sergio Della Pergola, 37 % de la Communauté juive mondiale vivait en Israël en 2001 : 8,3 millions de Juifs en Diaspora, et 5 millions en Israël (5,1 millions en 2003).

Proportion plus importante encore, dès 2000, 48 % des enfants juifs de 14 ans et moins vivaient en Israël. La différence entre la proportion des jeunes Juifs vivant en Israël (près de 50 %) et celle des Juifs en général (un peu plus du tiers), est le produit de deux évolutions. D'une part, les Juifs israéliens, en particulier les religieux, ont une natalité plus élevée que celle des Juifs des pays occidentaux. D'autre part, une forte proportion des Juifs des pays occidentaux a des enfants non juifs, conséquence d'un nombre élevé de mariages mixtes, mariages peu nombreux en Israël. Le nombre des Juifs vivant en Israël, mais aussi sa proportion, semble donc amené à augmenter, même sans immigration.

Confirmation de cette tendance, le Jewish People Policy Planning Institute estimait que la part du judaïsme israélien était montée en 2007 à 41 % des 13,2 millions de Juifs vivant dans le monde, le nombre de Juifs en diaspora ayant diminué de 100 000 en une seule année, celui des Juifs vivant en Israël ayant augmenté de 300 000 (surtout par croissance interne).

Sur les 8,3 millions de Juifs vivant en dehors d'Israël, l'Amérique du Nord (Canada et États-Unis) en comptait au début des années 2000 6,06 millions, dont 5,3 millions dans les seuls États-Unis, la France environ 550 000 et l'Angleterre environ 400 000.

Évolution de l'assimilation

Le démographe Sergio Della Pergola indiquait en 2003 que les mariages mixtes explosaient au sein de la diaspora juive.

« [En France,] les mariages mixtes augmentent, quoique suivant un parcours non strictement linéaire : les pourcentages d’enquêtés ayant des époux non juifs passent de 22 % parmi les 60 ans et plus à 37 % parmi les 50-59 ans, se réduisent à 31 % parmi les 40-49 ans, et continuent leur lente montée à 37 % parmi les 30-39 ans, et 40 % parmi les moins de 30 ans. Il y a une fréquence des mariages mixtes double en province par rapport à la région parisienne. Ces chiffres sont aujourd’hui largement dépassés aux États-Unis et dans le reste de l’Europe. Finalement, parmi ceux qui vivent en couple sans être mariés, 83 % ont des partenaires non juifs — ce qui laisse présager une augmentation des mariages mixtes dans le futur. »

Si les membres des communautés ultra-orthodoxes ne pratiquent pas le mariage mixte, celui-ci est beaucoup plus développé chez les Juifs ayant une pratique religieuse plus faible. En Europe, où les rabbins réformés sont peu nombreux, très peu de conjoints non juifs se convertissent. Les rabbins orthodoxes sont en effet traditionnellement hostiles à la conversion pour mariage, et celle-ci est donc peu pratiquée. Aux États-Unis, les libéraux (réformés et conservateurs) convertissent volontiers les conjoints ou leurs enfants non juifs. Mais même aux États-Unis, seuls environ 10 % des conjoints se convertissent.

Finalement, les démographes s'attendent à une forte diminution du nombre des Juifs vivant hors d'Israël, essentiellement par assimilation. Du point de vue de la pratique religieuse, les tendances sont plus contrastées. On note à la fois une augmentation du nombre des laïcs (Juifs sans pratique religieuse notable) et une augmentation des pratiquants réguliers. Ces deux croissances se font au détriment des pratiquants partiels, dit traditionalistes, dont le nombre diminue. Ainsi, en France, en 2003, « davantage de personnes affirment fréquenter régulièrement une synagogue (22 %, contre 9 % en 1975), mais aussi plus de personnes n’y vont jamais 49 %, contre 30 % en 1975) ». En Israël, la tendance est identique.

Malgré le basculement partiel des traditionalistes vers une pratique religieuse plus stricte, et malgré un phénomène de « repentance » (techouva) touchant certains laïcs, la pratique religieuse semble appelée à diminuer en diaspora ; elle demeure plus importante en Israël grâce à la très forte démographie des pratiquants.

中文百科

犹太人(希伯来语:יְהוּדִים‎,Yehudim),又称犹太民族,是广泛分布于世界各国的一个族群。根据犹太教律法《哈拉卡》的定义,一切皈依犹太教的人(宗教意义)以及由犹太母亲所生的人(民族意义)都属于犹太人。犹太人发源于西亚的以色列地或希伯来地。犹太人的民族、文化和宗教信仰之间具有很强的关联性,犹太教是维系全体犹太人之间认同感的传统宗教。犹太教不欢迎外族皈依,要皈依犹太教的外族人必须通过考验才可以,虽然如此历史上世界各地仍有小部分不同肤色的人群通过皈依犹太宗教而成为犹太族群的一部分,而犹太人也由此从阿拉伯半岛的一个游牧民族,发展成为遍布全球的世界性族群之一。

根据有关犹太人组织的统计,2007年全球犹太人总数约在1,320万人左右,其中540万人定居在以色列,530万人居住在美国,其余则散居在世界各地。犹太人口总数仅占全球总人口的0.2%。根据其他组织的统计,美国国内的犹太人人数则达到650万人或美国人口的2%。上述数据也包含了自认为是犹太人但没有归属于任何犹太社团组织的人群,但事实上,全球犹太人的总人口数很难得到准确统计,因为犹太人的定义存在多种标准和界定方式,导致统计的准确性受到了影响。

名称及语源

中文中的「犹太人」,起源于希伯来语中的「יְהוּדִי」,古时亦称「术忽」、「斡脱」、「尤太」等。而其宗教犹太教音译为中文的「一赐乐业教」(音近「以色列」),另由于其独特的宗教习俗,又被古代中国人称为「蓝帽回回」、「挑筋教」等。一部分现代团体例如财团法人**促进和平文教基金会,希望能将中文名称的「犹太人」正名为「尤太人」,理由是他们认为中文「犹」字的犬部含有种族歧视的意味。对这一正名运动,以色列政府表示了感谢,同时也宣布不会强迫干涉使用中文的人士对他们的改称,一切顺其自然。 英语中的“Jew”一词起源于中古英语的“Gyw, Iewe”,后者来自古法语中的“giu”以及更早的“juieu”,最初则可以追溯至拉丁语的“Iudaeum”。 拉丁语“Iudaeus”意为“Judaean”,即“来自Judaea地区的人”。该词本身与希腊语中的同义词“Ἰουδαῖος”一样,是从中古时期的亚拉姆语的“Y'hūdāi”、希伯来语的“יְהוּדִי”、“Yehudi”;“יְהוּדִים”、“Yehudim”中演化而来的,含义是“犹大族(tribe of Judah)人”或“犹大王国(kingdom of Judah)的国民”。希伯来语的犹太人写作“יְהוּדִי”。拉迪诺语中对应的单词为:“ג׳ודיו”、“Djudio”(sg.);“ג׳ודיוס”、“Djudios”(pl.);“意第绪语:יִיד:“Yid””;“יִידן”、“Yidn”。 其他语言中,犹太人分别表示为:“Jude”(德语)、“juif”(法语)、“jøde”(丹麦语)、“judío”(西班牙语),但有些语言中也以“希伯来”的音译来指称犹太人,如“Ebreo”(意大利语)和“俄语:Еврей”(俄语)。德语单词“Jude”发音作“[ˈjuːdə]”,是单词Yiddish的词源。(更全面的介绍请参见犹太人多语言译文对照列表。) 根据《美国传统英语词典》(The American Heritage Dictionary of the English Language,2000年第四版)的解释:“一般认为,将名词Jew作为修饰性形容词的用法,如犹太人律师(Jew lawyer)和犹太人伦理观(Jew ethics)等类似的说法是带有严重侵犯性的粗俗语言。一般应使用“Jewish”作为形容词来表述带有犹太人特征的事物。但是有些人对此过于谨慎,甚至在本可以使用Jew的场合也索性代之以Jewish,例如“议会里有数名犹太人。”完全可以表达为没有侵犯性的“There are now several Jews on the council”,但害怕引起误会的人会委婉地使用“Jewish people”或“persons of Jewish background”。其实这种说话适得其反,会让人误解为Jew是一个带有负面评价的名词。

犹太人历史

主要参与者

阿道夫·希特勒

海因里希·希姆莱

莱因哈德·海德里希

阿道夫·艾希曼

奥迪洛·格洛博奇尼克

特奥多尔·艾克

理查·古鲁克

约瑟夫·门格勒

恩斯特·卡尔滕布伦纳

鲁道夫·霍斯

克里斯汀·沃茨

约瑟夫·戈培尔

纳粹党

盖世太保

党卫队

冲锋队

党卫队特别行动队

国防军战争罪行

纳粹德国种族政策

纳粹优生学

种族优生

纽伦堡法案

哈瓦拉计划

马达加斯加计划

T-4行动

欧洲犹太人

德国犹太人

儿童

吉普赛人

波兰人

苏联战俘

东欧斯拉夫人

***

残疾人

共济会

耶和华见证人

比亚韦斯托克犹太区

布达佩斯犹太区

考那斯犹太区

克拉科夫犹太区

罗兹犹太区

卢布林犹太区

利沃夫犹太区

明斯克犹太区

里加犹太区

华沙犹太区

维尔纽斯犹太区

上海隔都

纳粹时期犹太区列表

水晶之夜

布加勒斯特大**

多罗霍伊大**

雅西大**

耶德瓦布内大**

考那斯大**

利沃夫大**

蒂科钦大**

冬赛馆惨案

翁索什大**

娘子谷大**

比得哥什大**

琴斯托霍瓦大**

卡缅涅茨-波多利斯基大**

第九堡垒

1941年敖德萨大**

Piaśnica大**

波纳利大**

Rumbula大**

丰收节行动

万湖会议

莱茵哈德行动

大**列车

灭绝营

沃拉大**

死亡行军

奥斯威辛集中营

贝尔赛克灭绝营

海乌姆诺灭绝营

亚塞诺瓦茨集中营

迈丹尼克集中营

玛丽·特罗斯特内兹灭绝营

索比布尔集中营

特雷布林卡灭绝营

伯根-贝尔森集中营

Bogdanovka集中营

布痕瓦尔德集中营

比得哥什集中营

达豪集中营

戈纳尔斯集中营

戈尔斯-罗萨集中营

克拉科夫-普拉佐集中营

海尔托亨博斯集中营

亚**斯卡集中营

凯撒瓦尔德集中营

茅特豪森-古森集中营

诺因加默集中营

拉布集中营

拉文斯布吕克集中营

萨克森豪森集中营

Sajmište集中营

萨拉斯皮尔斯集中营

施图特霍夫集中营

特莱西恩施塔特集中营

乌克马克集中营

华沙集中营

骷髅总队

集中营视察团

Politische Abteilung

党卫军医疗部门

纳粹集中营臂章

毒气卡车

毒气室

劳动灭绝

纳粹人体实验

特遣队

华沙犹太区起义

比亚韦斯托克犹太区起义

拉赫瓦犹太区起义

琴斯托霍瓦犹太区起义

联合国成员联合宣言

埃维昂会议

轰炸奥斯威辛争论

纽伦堡审判

去纳粹化

里哈

幸存者

自由犹太人中央委员会

西蒙·维森塔尔中心

西德对以色列赔偿协议

国际义人

犹太大**幸存者列表

纳粹受害者列表

犹太大**救助者列表

犹太大**纪念日

犹太大**纪念馆列表

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柏林犹太博物馆

欧洲被害犹太人纪念碑

安妮·弗兰克之家

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上海犹太难民纪念馆

绊脚石

人口及分布

以色列 以色列国是目前全球唯一一个犹太人占人口多数的国家。该国成立于1948年5月14日,采用**。在以色列国会(כנסת‎)的120名议员中,目前有12名阿拉伯裔人士代表着以色列国内的阿拉伯族群,另外,在以色列最高法院中也有一位**官来自巴勒斯坦民族。在1948年至1958年的十年间,该国犹太人人数从80万激增至200万。目前该国犹太人口约为540万人,占全犹太人总人口的75.8%。以色列国建国初期接纳了大批抱持锡安主义的犹太裔移民,其中包括在欧洲经历了**的幸存者和从阿拉伯国家迁移过来的人口。另外从1980年代后期至1990年代早期,以色列也接纳了大批从埃塞俄比亚迁入的埃塞俄比亚犹太人。1974年至1979年之间,约有227,258名犹太人从苏联移民到以色列。这一时期内,从西欧、拉丁美洲和美国移民来的人口也有所增长。另外,也有一少部分从印度归来的犹太人和因躲避大**而定居在美国、阿根廷、澳大利亚和南非的阿什肯纳兹犹太人移民至以色列。与此相反,也有一部分犹太人由于经济问题或者对以色列的政治以及以阿冲突等失去信心而迁出以色列。这一群体被称为约迪姆人(ירידה‎)。 犹太人散居地区 20世纪初的犹太新年贺年卡。背着行李举家迁移的俄罗斯犹太人,望着海峡另一边热情欢迎他们的美国犹太人。在1881年至1924年期间,超过200万犹太人为躲避沙俄大**,举家到美国避难。 在历史上,犹太人的人口分布发生过多次变动,其中下列事件对于20世纪末的犹太人分布格局有着比较重要的影响:19世纪中叶的美国移民潮、锡安主义运动的兴起、帝俄时代对犹太人的大**、纳粹德国的犹太****、以色列国建国、犹太**批撤离阿拉伯地区。 现今拥有最多犹太人口的国家是美国。根据不同统计数据,约有530万至650万的犹太人生活在美国。此外,拥有较多犹太人的美洲国家有:加拿大、阿根廷、巴西、墨西哥、乌拉圭、委内瑞拉、智利等 (参见拉丁美洲犹太人历史)。 西欧地区最大的犹太人社区在法国,包括约49万犹太人,其中大多数是来自阿尔及利亚、摩洛哥、突尼斯等北非伊斯兰教国家的移民或难民及其后代。另外,英国的犹太人人数达29万人。东欧曾是历史上大批犹太人聚居的地区,据粗略估计目前约有35万至100万左右的犹太人生活在原苏联统治的地区。除了以色列外,现代犹太人人口增长最快的国家为德国,尤其在其首都——柏林。自从柏林墙倒塌之后,数以万计的犹太人从原**地区迁移至德国全境居住。 在1945年前后,北非和中东地区的伊斯兰世界居住着大约90万犹太人。随着以色列建国和反锡安主义的升温,阿拉伯地区对犹太人采取了有组织有计划的**及驱行动,最终导致绝大多数犹太人在1950年代被迫前往以色列、北美及欧洲等地定居,而不少原居于巴勒斯坦的阿拉伯人则被迫迁到约旦、埃及及沙特阿拉伯等地。 在1979年伊朗革命前,该国有10万左右的犹太人,但现在的伊朗国内犹太人人数下降至10800人左右。在革命后,小部分犹太人逃离到以色列或欧洲,但大多数都撤离到了美国(其中洛杉矶是主要目的地之一,当地的犹太人社区被称为“Tehrangeles”)。 除了上述国家和地区外,还有澳大利亚和南非拥有比较成规模的犹太人社区。 人口变化 融合与混同 早在古希腊时期,一部分犹太人就开始或自愿或被迫被融合同化到周边非犹太人社会中,不再信仰犹太教,其对犹太人身份的自我意识也逐渐消失。犹太人在各个地区和各个时期都在不断与周边民族进行融合,其中一些社区最终完全消失,如中国的开封犹太人。1700年代出现的犹太启蒙运动和之后的欧美各地的犹太解放运动也很大程度地促进了犹太人参与并融入到世俗社会中,其结果是犹太人开始与非犹太人通婚,并不再参加犹太人社团的活动。异教徒通婚的比率在各地有很大差别:在美国,该比率低于50%;在英国,该比率约为53%;在法国,约为30%;而在澳大利亚及墨西哥等地,上述比率则低至10%。在美国,父母中只有一方为犹太人的孩子中,只有三分之一会参加犹太人社团的宗教活动。从结果来看,大多数犹太人流散地的犹太人口或保持动态稳定,或在以较慢的速度逐步缩小,犹太人正在持续不断地融合于周边的文化中。 战争与** 在历史上,许多地区和国家的统治者和政府都对犹太人社区实施过种族压迫甚至彻底性的摧毁。从被驱逐出境到被种族灭绝,占人口极少数的犹太人遭受了各种磨难和**。反犹主义史上的主要事件包括:第一次十字军东征对犹太人的**;托马斯·托奎曼达(Tomás de Torquemada)领导的西班牙宗教裁判所(Spanish Inquisition)以及葡萄牙宗教裁判所(Portuguese Inquisition)通过宗教裁判的形式对新教徒和玛拉诺犹太人(Marrano)的**;乌克兰的哥萨克族首领博格丹·克米尔尼茨基对犹太人的**;俄国沙皇指使的对犹太人的集体**以及发生在西班牙、葡萄牙、英国、法国、德国等地对犹太人的隔离驱逐行动。对犹太人的**在20世纪30年代发展到了极致,希特勒等纳粹党人炮制的最终解决方案导致了惨绝人寰的犹太****,在1939年至1945年期间,约600万犹太人惨遭杀害。 根据詹姆斯·卡路(James P. Carroll)的估计,“犹太人人口曾经达到罗马帝国总人口的10%。按照这一比例推算,如果没有其他因素的影响,现在的犹太总人口应达到2亿,而不仅仅是现有的1300万。”。当然,从人口统计学来看,下列因素如:人口增长率、传染病、人口迁移、自然融合以及被迫改变信仰等都会导致犹太人口总数的波动。根据《美国人口遗传学杂志》(American Journal of Human Genetics)的论文统计,现代的伊比利亚半岛居民中有19.8%具有赛法迪犹太人的血统,这表明历史上皈依基督教的犹太人(特称“converso”)人数可能高于原先的估计。 增长与发展 目前欧洲和北美的犹太人口增长主要归因于移民,与此相对,以色列是唯一一个依靠犹太人自然增长而维持人口扩大的国家。在大多数流散地(Diaspora),犹太族人口或停滞不前,或缓慢下降,只有在犹太教正统派(Orthodox Judaism)和极端正统派(Haredi)控制的地区,其社区成员往往基于宗教原因而不采取控制生育的措施,从而导致较快的人口增长率。 一般正统派和保守派都不鼓励促使异教人士改宗犹太教,但是有许多犹太团体开始尝试让一些已被流散地的异文化融合的犹太人社团重新创建犹太教信仰。此外,尽管犹太教改革派(Reform Judaism)在原则上提倡吸纳新成员,但这并不意味着积极的传教或劝说改宗活动,而仅仅限于通过与非犹太人通婚而吸收异族配偶进入犹太人社区。与此同时,正统派人士却倾向于劝说普通犹太人强化其犹太人身份意识,从而往往会减少异族通婚的机会。结果有分析表明,最近25年来,世俗犹太人逐渐加强了其种族身份的认同感,开始严格遵守宗教信仰(这一运动被称为“Baal Teshuva”),但这一趋势尚未能得出统计数据的支持。另外,由非犹太人士发起的“自由选择做犹太人”(Jews by Choice)的运动也逐渐产生了一定影响。

内部族群区分

Maurycy Gottlieb画作《赎罪节在会堂祈祷》(1878年)。画中描绘了19世纪后期东欧地区的阿什肯纳兹犹太人的形象 散居在世界各地的犹太人,可以根据各自的特征划分为多个不同的族群。犹太人的起源同为生活在迦南地区的古以色列人(Israelite),但是在数千年的大流散中与各地民族的融合混同产生了犹太人内部各个独立的分支。由于各个族群居住的地域相隔甚远,并在相当长的时期内独自平行发展,互相之间在体貌外观、语言、宗教风俗、文化等方面产生了极明显的差异。 犹太人中最主要的两个分支为:阿什肯纳兹犹太人(Ashkenazim,又称“德国系犹太人”,阿什肯纳兹在希伯来语中意为德国)和赛法迪犹太人(Sephardim,又称“西班牙系犹太人,赛法迪在希伯来语中意为西班牙或伊比利亚半岛)。此外,第三个主要族群被称为米兹拉希犹太人(Mizrahim,又称“东方系犹太人”,米兹拉希在希伯来语中意为东方),主要包括中东和北非的犹太人。值得注意的是,出于宗教仪式的原因,米兹拉希犹太人有时也被称为“赛法迪人”。 除了上述主要分支外,犹太人中还包括一些人数较少的群体:印度犹太人(其中包括Bene Israel、Bnei Menashe、Cochin Jews和Bene Ephraim等)、希腊犹太人(Romaniotes)、意大利犹太人(Italkim或Bené Roma)、也门和阿曼地区的犹太人(Teimanim)、非洲犹太人(其中以埃塞俄比亚地区的贝塔以色列人为代表)以及中国犹太人(尤以开封犹太人为代表)等等。 很多时候,上述分支和族群之间的区别并非清晰可辨。例如,米兹拉希族犹太人就融合了北非、中亚、高加索地区和中东地区的犹太人的血统。在现代用语中,“米兹拉希族”有时被称为“赛法迪族”,因为两者具有近似的礼拜仪式,但其实前者的宗教仪式是独立于后者发展起来的。而在米兹拉希族之中,又可以细分为:伊拉克犹太人、埃及犹太人、柏柏尔犹太人、黎巴嫩犹太人、库尔德犹太人、利比亚犹太人、叙利亚犹太人、布哈拉犹太人、山地犹太人、格鲁吉亚犹太人等等。虽然也门和阿曼的犹太人有着独特的礼拜仪式等习惯,但有时他们也被归类于米兹拉希族之中。另外,一部分赛法迪族人也声称他们是因1490年代西班牙和葡萄牙大规模排犹运动才迁移至中东和北非的,因此与原先生活在这些地区的犹太人也有了明显的区分。 尽管犹太人内部有着如此众多的分支,但阿什肯纳兹族犹太人仍占据了现代全球犹太人口中的绝对多数。他们约占所有犹太人口数的70%以上(在二战和犹太****之前,这一比例更是高达90%)。作为从欧洲大批移民的结果,阿什肯纳兹族人在所谓新大陆地区(包括美国、加拿大、巴西、澳大利亚和阿根廷)的犹太人中更是占据了绝对多数。而在法国,从北非移民来的米兹拉希族犹太人的规模开始超过当地的阿什肯纳兹人和赛法迪人,成为该国犹太人中的最大族群。而犹太人国家以色列才是各个分支的犹太人的大熔炉,来自各个地区的犹太人都在这里获得了一席之地和平等地位。 遗传学研究 基因学研究表明,现代犹太人民族中含有多种不同的血统,但大多数人口的血统仍可以追溯到一个居住在特定地域并经过独立演化的古老种族。尽管DNA测试结果论证了各个犹太人支系中都存在着3000年以上的族内通婚,但这其实仍低于其他民族的程度。目前为止的研究结果不仅证实了传统意义上的犹太人的祖先可以追溯到古代被迫流亡异乡的以色列人,同时也推翻了那些主张绝大多数现代犹太人仅仅是具有犹太教信仰而不带有古代以色列人血缘的论点。 DNA分析结果进一步表明,现代犹太人中的祭司家族(“Kohen”)都源自大约3000年前的同一个祖先。这一结论适用于全世界各地犹太人。研究人员猜测现代犹太祭司家族的“共同最近祖先”生活在公元前1000年(大致相当于圣经《出埃及记》发生的时期)至公元前586年(巴比伦人摧毁第一圣殿)之间。此外,他们也发现阿什肯纳兹犹太人和赛法迪犹太人之中也存在类似现象。专家根据基因学的分析,推测第一代祭司与现代人相隔可能有106代,时间上约相隔2650年至3180年,后者取决于平均每一代人以25年计算还是以30年计算。此外,正如可萨人(Khazars)被融合入阿什肯纳兹犹太人一样,一部分异族个人和群体通过皈依信奉犹太教而影响了现代犹太人的基因结构,但相对于犹太人整体而言,这一比例仍非常小。 美国国家科学院发表的研究报告显示,“欧洲、北非和中东地区的犹太人群体的父系基因库均源自中东地区的同一个民族,自大流散以来,大多数犹太人群体与周边的非犹太人保持着相对隔离的发展过程”。研究者惊奇地发现,无论犹太人散居在哪一地区,他们基因中的同一性程度都相当高。 此外,Y染色体研究结果也表明,全球犹太人族群的基因与库尔德人、叙利亚人以及巴勒斯坦人都比较近似。科学家斯科雷吉(Skorecki)及其研究组成员认为,“据我们研究的犹太人和中东非犹太族群的标本体现出的高度近似性而言,…可以证实他们拥有同一个中东地区的先祖的假说。”。另一份研究报告推断,82%的阿拉伯人和70%的犹太人包含了分别来自三个单倍群的混合染色体池。。

犹太文化

宗教信仰 犹太教(Judaism)是犹太人的特有宗教。由于包含着对犹太人生活的多方面规范,因此犹太教不仅仅被视为一种宗教信仰,同时已经潜移默化为犹太人的一种“生活方式”,因此很难在犹太教、犹太文化和犹太人身份之间做出清晰的界定。正如古代希腊社会的多样性一样,犹太文化在漫长的历史和不同的地域中产生了各不相同的特质。例如在启蒙时代(参见犹太启蒙运动)前后的欧洲社会,在安达卢斯(伊斯兰教统治下的西班牙和葡萄牙),在北非和中东,在印度和中国,乃至现代美国和以色列,许多文化现象已与宗教出现了很大程度的分离。 当今犹太人的宗教信仰主要还是犹太教,但也有少部分人转信其他宗教,如基督宗教等,亦有不少犹太人是无神论者,但仍会保留犹太传统。这些犹太**都生活在以色列以外的其他国家(信了基督教的犹太人以色列一律不承认是犹太人)。 婚丧嫁娶 犹太人为了遵守犹太律法的约束,在其从摇篮到坟墓的每个人生重要阶段,都形成了许多独特的习俗和仪式,这也构成了犹太世俗文化的重要组成部分。 每个犹太男孩在出生后的第八天,其父母都要邀请亲朋好友 ,为其举行割礼,即用刀子割损其生殖器的包皮。割礼具有悠久的传统,在《希伯来圣经》中有明文规定。犹太人将割礼视为上帝与犹太人之间神圣的契约,不可违背。除非当天因生病不宜施行手术,否则所有男孩都必须在出生后第八天举行割礼。行割礼后,父母同时要为新生儿取名,一般应包括一个希伯来语名字。另外,皈依犹太教的男子也应在入教时施行割礼,以表示与上帝立约。 当一个犹太人的长子出生满30天后,父母会将其带到祭祀或利未人行赎长子礼。一般父母需要根据《托拉》的规定,支付五舍客勒以色列币以赎回长子。这也是《圣经》《民数记》中规定的犹太人的重要教仪。 当男孩长到十三岁时,就要举行成年礼,又称受诫礼。根据犹太教传统,举行过成年礼后的男子就被视为成年人,可以参加各类正式的宗教活动。成年礼是犹太人家庭的一件大事,一般选择在安息日于犹太会堂举行,并有拉比负责仪式的进行。刚成年的男子应到讲坛上去做“阿利亚"(即诵读颂赞祷文)。从十九世纪起,除正统派外,其他犹太教派一般也为年满十三岁的女孩举行成年礼。 在犹太教看来,婚姻和繁衍后代是人的神圣义务,因此犹太教义鼓励教徒结婚和多生多育。传统的婚姻也是在媒人牵线的情况下有父母做主,经过男方下聘书、订婚、婚礼等环节完成婚姻仪式。犹太人的婚礼也比较隆重,通常会在犹太会堂或露天(正统派)举行。出席婚礼的人数一般与祈祷仪式一样,应不少于十人,并要有两位证婚人。婚礼上比较特别的仪式是由新郎踩碎一只酒杯。据说这可能是为了纪念耶路撒冷圣殿被毁,也可能是为了提醒新人在未来生活中可能面对的困难和痛苦。与其他一些主要宗教不同,犹太教并不禁止人们离婚。只要双方同意,并在拉比的主持下,夫妻可以完成离婚手续,签发离婚书。在性关系方面,犹太律法禁止女子在其月经前后12天内与男子同房,这间接促进了夫妻在女子排卵期进行性生活,从而达到多生多育的目的。 在葬礼这个人生的最后阶段,犹太人恪守简朴的作风。一般人死后应在24小时内迅速下葬。葬礼上不准举行任何献祭,只能祈祷和诵经。关于埋葬方式,正统派反对火葬,但改革派教徒却允许火葬。根据正统派教徒的习俗,葬礼上禁止使用鲜花和音乐等象征欢乐的元素。犹太教主张丧葬从简,一般只是在平地上立一块墓碑,前来吊唁或扫墓的人们一般也只是在墓碑上放一块小石头表示纪念。。 语言文本 希伯来语是犹太民族的正式书面用语(又被称作“lashon ha-kodesh”和“神圣的语言(the holy tongue)”)。它既是许多犹太教经典(Tanakh)的标准用语,也是数个世纪以来犹太人使用的日常语言。在公元前5世纪,与希伯来语比较近似的阿拉米语(Aramaic)开始渗透进Judea地区的日常口语。到了公元前3世纪,流散的一部分犹太人开始使用古代希腊语。目前,现代希伯来语是以色列国的两种官方语言之一(另一种为阿拉伯语)。 首位成功地使希伯来语复活的人是1881年到达巴勒斯坦地区的Eliezer ben Yehuda。这是自从Tannaic时代之后希伯来语第一次恢复为犹太民族的母语。16个世纪以来的大多数时间中,这种语言都被作为一种宗教仪式用语和犹太教经典的书面用语,此外仅仅有极少部分生活在Shabbat的犹太人会使用希伯来语作为日常语言。长期以来,分布在世界各地的犹太人都已改为使用当地的语言,同时也发展出一些特别的方言或语言支系。其中,意第绪语(Yiddish)是由散居在中欧的阿什肯纳兹犹太人使用的语言,其中综合了德语和犹太语言的元素;拉迪诺语(Ladino)则是由伊比利亚半岛的赛法迪犹太人使用的方言,其受到了西班牙语的影响。在经历了**、从阿拉伯地区的撤离以及全球犹太人社区的大融合之后,一些使用人口很少的犹太语支系已大为衰退,例如:犹太-格鲁吉亚语,犹太-阿拉伯语,犹太-柏柏尔语,犹太-克里米亚鞑靼语,犹太-马拉雅拉姆语等。 目前在全球犹太人口中使用最多的三种语言分别为:英语、现代希伯来语和俄语。此外,法语和西班牙语也在犹太人群中有着较高的使用率。 历法节期 犹太历 英文表述 巴比伦表述 缺年日数 常年日数 满年日数 节期 西历 1. 尼散月 Nisan/Nissan Nisanu 30 30 30 15-21 逾越节, 27 大**纪念日 三至四月间 2. 以珥月 Iyar Ayaru 29 29 29 5 以色列独立日, 14 补逾越节 四至五月间 3. 西弯月 Sivan Simanu 30 30 30 6 五旬节 五至六月间 4. 搭模斯月 Tammuz Du`uzu 29 29 29 六至七月间 5. 埃波月 Av Abu 30 30 30 七至八月间 6. 以禄月 Elul Ululu 29 29 29 八至九月间 7. 提斯利月 Tishrei Tashritu 30 30 30 1 犹太新年, 10 赎罪日, 15-21 住棚节, 22 严肃会, 23妥拉节 九至十月间 8. 玛西班月 Cheshvan Arakhsamna 29 29 30 十至十一月间 9. 基斯流月 Kislev Kislimu 29 30 30 修殿节(25日至次月2日) 十一至十二月间 10. 提别月 Tevet Tebetu 29 29 29 十二至一月间 11. 细罢特月 Shevat Shabatu 30 30 30 一月至二月间 12. 第一亚达月 Adar I Adaru 30 30 30 二至三月间 13. 第二亚达月 Adar II Adaru 29 29 29 14 普珥节 二至三月间 注1:每年的玛西班月和基斯流月的日数可以不同,视乎该年所需的日数而定。 注2:「第一亚达月」只在闰年才有。一般将「第二亚达月」称为「亚达月」。当闰年时,第6个月之后加插这个闰月,共30日,并称该月为「第一亚达月」,之前的6月由亚达月改称为「第二亚达月」。设置闰月的作用是使犹太历和太阳历大致上没有太大偏差,尤其是确保将尼散月安排在春天。) 注3:表中粗体字为犹太节期中最重要的五个节日。 知名人物 占世界人口极少数的犹太人在历史上诞生了大量知名人物,他们主要在科学、艺术、政治和经济等领域为人类做出了不可磨灭的贡献。其中一个明显的例子就是,诺贝尔获奖者中犹太人的比例大大超过了犹太民族在世界人口中的比例。 部分知名犹太人 自然·科技 人文·思想 文学·艺术 商业·金融 赫兹、梅契尼可夫、爱因斯坦、奥本海默、尼尔斯·玻尔、列夫·朗道、冯·卡门、爱德华·泰勒 耶稣基督、斯宾诺莎、马克思、大卫·李嘉图、弗洛伊德、柴门霍夫、季辛吉、托洛茨基、维特根斯坦、格林斯潘、萨缪尔森、伯南克、耶伦 海涅、阿西莫夫、斯皮尔伯格、帕斯捷尔纳克、卡夫卡、门德尔松、姚阿幸、马勒、盖希文、伯恩斯坦、罗曼·波兰斯基、华迪史洛·史匹曼 罗斯柴尔德、李维·斯特劳斯、谢尔盖·布林、马克·扎克伯格、迈克尔·戴尔、索罗斯、大卫·葛芬

法法词典

juif adjectif ( juive, juifs, juives )

  • 1. représentatif de la culture du peuple des Hébreux ou de ses descendants

    le peuple juif

  • 2. propre aux croyances du peuple des Hébreux

    la loi juive

  • 3. propre aux traditions de certains descendants des Hébreux

  • 4. qui réunit les descendants du peuple des Hébreux

    la communauté juive

juif nom commun - masculin, féminin ( juive, juifs, juives )

  • 1. descendant du peuple hébreu de l'Antiquité [Remarque d'usage: avec une majuscule quand il s'agit du peuple ou d'un de ses représentants]

    la diaspora des Juifs

  • 2. personne élevée dans la religion judaïque [Remarque d'usage: sans majuscule]

    un juif non pratiquant

  • 3. personne animée d'un amour immodéré de l'argent (injurieux et vieilli) [Remarque d'usage: sans majuscule; sens courant au XIXe siècle]

le Juif errant locution nominale - masculin ; singulier

  • 1. personnage légendaire de pécheur condamné à une peine éternelle qui symbolise l'ensemble du peuple juif

    le mythe du Juif errant

l'État juif locution nominale - masculin ; singulier

  • 1. Israël [Remarque d'usage: périphrase courante]

    les élections dans l'État juif

petit juif locution nominale - masculin ( (petits juifs) )

  • 1. endroit sensible de l'articulation du coude (familier)

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malodorant a. (m) 恶臭的, 难闻的

tribun n.m.1. (古罗马的)军官;行政长官 2. 平民演说;辩护士;民权保卫者3. 【史】(法拿破仑时期的)法案评委员会委员

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