Judaica (dans le sens horaire depuis le haut) : chandeliers de Chabbat, cruche pour le lavage des mains, Houmash et Tanakh, pointeur de lecture de la Torah, shofar, et boîte à etrog.
Pour l'Encyclopædia Britannica, le mot judaïsme recouvre la religion des Juifs, ainsi que la théologie, la loi et les traditions culturelles du peuple juif, constitué des descendants des Israélites provenant de l'antique terre d'Israël et des quelques minorités les ayant rejoints par la conversion et s'étant mélangées à eux au fil de leur diaspora de deux millénaires.
Pour un juif orthodoxe comme Daniel Boyarin, le judaïsme est « l'ensemble des rituels et des autres pratiques, des croyances et des valeurs, des loyautés historiques et politiques qui constituent l'allégeance au peuple d'Israël », mais le judaïsme n’est ni une religion ni une foi, selon Boyarin. Ainsi Bernard-Henri Lévy affirme que « la tâche des Juifs comme tels est d’être irréligieux », dans la mesure où la religion, telle qu'on la conçoit en théologie, édifiée par une croyance, par des dogmes, par une instance suprême, centrale et doctrinale, n’appartient pas à l’esprit du judaïsme, selon lui.
Le judaïsme comporte des éléments religieux, mais ne s'y limite pas puisqu'il contient des coutumes non spécifiquement religieuses – outre des codes de conduite, des lois, des rites – et qu’il fonde plus largement encore une « culture juive ». Néanmoins, par convention, on parle habituellement du judaïsme comme d’une « religion », mais il ne faut pas l’entendre au sens strict, selon des historiens des religions comme Simon Claude Mimouni ou Daniel Boyarin, ou des philosophes comme Léo Strauss ou Bernard-Henri Lévy.
Selon ses textes fondateurs, en particulier le Tanakh, la foi des anciens Israélites et de leurs descendants les Juifs, est fondée sur une alliance contractée entre Dieu et Abraham, qui a ensuite été renouvelée entre Dieu et Moïse.
Les juifs fondent le judaïsme sur la religion abrahamique qui fleurira ensuite dans la Loi mosaïque (la Torah, les Nevi'im et les Ketouvim), collectivement désignés par l'acronyme Tanakh, dont le texte constitue la Miqra ou Bible hébraïque.
Cette religion se fonde sur le culte du Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob, au Nom ineffable, qu'elle conçoit comme une Essence éternelle (YHWH), qui détient tous les pouvoirs (Elohim), transcendant le Seigneur des Seigneurs (Adonaï) qu'elle considère Un et Unique et qu'elle qualifie ainsi : omnipotent, omniscient, omniprésent, juste et miséricordieux. Cette religion professe aussi que le rassemblement de toutes les puissances (Elohim) manifesta le créateur du monde qui continue de s'impliquer dans sa destinée en faisant irruption dans l'Histoire dont il révèle la dimension d'Histoire Sainte, comme lorsqu'il fit sortir d'Égypte les enfants d'Israël. Les cohanim, ou prêtres, du Temple de Jérusalem, par deux fois détruit, assuraient son culte. Certains groupes juifs, comme les Ésséniens, s'opposaient à la centralité du culte à Jérusalem. La seconde destruction du Temple de Jérusalem et la dispersion des juifs dans le monde donna naissance à plusieurs traditions religieuses juives. Si la majorité des juifs se regroupèrent autour de l'élaboration du Talmud par les rabbanim, un mouvement strictement scripturaliste, dit Karaïsme, s'opposa à la codification de la tradition orale, tandis que d'autres groupes éloignés, comme les Beta d'Israël en Éthiopie, ignorèrent cette évolution et se développèrent en vase clos.
Le judaïsme est l'une des plus anciennes traditions religieuses du monothéisme exclusif encore pratiquées aujourd'hui. Les valeurs et l'histoire du peuple juif sont à la source des deux autres religions abrahamiques, le christianisme et l'islam. Il n'est toutefois pas à la base du samaritanisme, qui est une tradition israélite très tôt distincte du judaïsme de Jérusalem, ni du zoroastrisme, lui-même issu du mazdéisme.
Histoire
Judaïsme antique
Des historiens des religions comme Shaye J.D. Cohen, Steve Mason, Simon Claude Mimouni, préfèrent utiliser le terme « Judéen » référé à l'ancienne Judée, plutôt que « Juif », en ce qui concerne la période antique.
« Jusqu’au IVe-Ve siècle, les Judéens sont compris comme un groupe ethnique comparable à d’autres groupes ethniques avec le dieu, leur loi et leur temple, et non pas comme les fidèles d’une “religion” », note S. Mason. « Le terme “Judéen” présente l’avantage de ne pas être anachronique et de rendre plus fidèlement les réalités antiques », admet S.C Mimouni, qui repousse la naissance d’une « religion juive », structurée théologiquement par des dogmes, jusqu’au XVIIe-XVIIIe siècle, avec la modernité. Baruch Spinoza, signale S.C. Mimouni, apparaît encore au XVII siècle « comme le pur produit d’une “judéité biologique”, et non d’une “judéité religieuse”. »
Une des fresques de la synagogue de Doura Europos (Syrie, milieu du IIIe siècle de l’ère commune) : la fille du pharaon, entourée de ses suivantes, recueille l’enfant Moïse.
Solomon W. Baron estime que la population judéenne, peu avant la première révolte juive contre Rome en 70 de notre ère, atteignait huit millions de personnes (deux millions en Palestine, six en diaspora, dont un million en Perse). C'était une population considérable constituant 10 % de celle de l’Empire romain. Elle était concentrée principalement en Orient. La majorité des Judéens ne se classait ni parmi les Judéens rabbiniques, ni parmi les Judéens chrétiens, au I siècle de notre ère, selon S. C. Mimouni. Le mouvement rabbinique et le mouvement chrétien constituaient encore des groupes minoritaires, parmi bien d’autres mouvements, tout aussi minoritaires : sadducéens, baptistes, esséniens, thérapeutes, etc. La majorité des Judéens adhéraient au « mouvement synagogal » selon S. C. Mimouni, qui se réfère notamment aux recherches d’Erwin Ramsdell Goodenough sur l’iconographie juive retrouvée dans des synagogues antiques comme celle de Doura Europos.
« Entre le rabbinisme et le christianisme a existé une autre entité – sans doute ayant plus de légimité à cause de son ancienneté et du fait qu’elle repose sur des fondements relevant plus de l’ethnicité que de la croyance – qu’on peut appeler le judaïsme synagogal, qui a été pris entre les feux des identités, rabbinique et chrétienne, en formation entre le IIe et le IVe siècle : ce dernier a progressivement disparu en rejoignant, soit le mouvement des rabbins, soit le mouvement des chrétiens, même si sa réalité s’est maintenue en certaines régions durant tout le Moyen Âge en Occident comme en Orient », note S. C. Mimouni.
Israël Jacob Yuval estime que le judaïsme n’est « nullement la matrice du christianisme » : l’un et l’autre sont à considérer plutôt comme « des jumeaux liés par la hanche ». Apparus à la même époque (au I siècle), les rabbins et les chrétiens adoptent une attitude assez proche, selon S. C. Mimouni : « ils vont se considérer comme un peuple, renvoyant dos à dos la manière d’être judéen et d’être grec », pour se proclamer les représentants du « véritable Israël », en s’opposant radicalement l’un à l’autre.
Pour Daniel Boyarin, la différence entre la rabbinisme et le christianisme antiques n’est pas « une différence de religion, mais une différence entre une religion et une entité qui refuse d’être une religion, au sens moderne du terme. »
La nature de l’opposition entre le christianisme et le rabbinisme antiques tient au fait « qu’ils appartiennent l’un et l’autre à des catégories complètement différentes », note S. C. Mimouni, qui précise : « Si l’on part du point de vue des chrétiens, le rabbinisme et le christianisme relèvent de la catégorie des religions […]. Si l’on part du point de vue des rabbins, le christianisme est une religion, le judaïsme n’en est pas une, du moins jusqu’à la tentative de Maïmonide et surtout jusqu’au temps de la Modernité pour voir émerger la notion de “foi juive”. »
Judaïsme médiéval
Maïmonide, dans son commentaire de la Michna au XII siècle, a établi les treize professions de foi qui devaient, selon lui, structurer le judaïsme. Maïmonide s’appuie sur la tradition rabbinique, sur le Talmud notamment, mais aussi sur l’œuvre de Philon d’Alexandrie, le plus célèbre représentant de l’école judéo-platonicienne d’Alexandrie au I siècle de l’ère commune, et en particulier sur la théologie négative conçue par Philon.
Dans son ouvrage De Somnis (Des rêves), Philon affirme que Dieu n’est pas connaissable par l’intelligence, ni saisissable par la sensibilité. Dieu reste à jamais indicible (arrêtos) et incompréhensible (akatalêptos), selon Philon. Maïmonide reprend les mêmes bases. « L’existence [de Dieu] et l’existence de ce qui est hors de lui, ne s’appellent l’une et l’autre “existence” que par homonymie», selon Maïmonide. Dieu n’est qu’une « manière de parler ». Dieu n’est qu’une métaphore ou qu’une allégorie, pour Maïmonide, qui précise : « Cela doit suffire aux enfants et au vulgaire pour établir dans leur esprit qu’il existe un être parfait, qui n’est point un corps, ni une faculté dans un corps. »
Maimonide enseignant. Enluminure dans un manuscrit hébraïque du XIVe siècle.
Dans ces conditions, il est difficile de concevoir une véritable théologie juive, une théologie « positive », comparable à la théologie chrétienne classique. Dans le judaïsme, l’allégorie à la source de l’interprétation du langage « suppose tout à la fois l’existence de la vérité et l’épreuve de son absence : c’est parce qu’il est exilé du vrai que l’homme se fait allégoriste. Pour le christianisme, au contraire, c’est l’incarnation de Dieu qui fait l’allégorèse ; c’est parce que le divin est devenu visible, en la personne de Jésus-Christ, qu’elle apparaît possible et nécessaire », souligne Yves Hersant.
C’est ce qui a conduit des commentateurs modernes de Maïmonide comme Léo Strauss ou Shlomo Pinès à supposer que Maïmonide destinait ses professions de foi à des lecteurs respectables, mais peu instruits.
L’ésotérisme occupe une place fondamentale chez Maïmonide, notamment dans son ouvrage Le Guide des égarés, selon Léo Strauss, d’autant que Maïmonide se situait à une époque où la liberté d’expression n’était nullement acquise. Ce caractère « ésotérique » chez Maïmonide intègre pleinement la tradition juive, dans la mesure même où elle postule que le texte saint réclame toujours une interprétation, pour Strauss. L’ésotérisme de Maïmonide fonde une « maïeutique », un questionnement appuyé, non sur la nécessité de la foi, mais sur celle de la loi et de sa rationalité, un questionnement destiné à « déterminer la vocation philosophique des hommes supérieurs que l'esprit du siècle fait tomber dans le désarroi », selon Pinès. La maïeutique maïmonidienne, inscrite implicitement au cœur du Guide des égarés, ne se confond pas avec une « religion », pour Pinès.
Le discours de Maïmonide prend un aspect explicitement religieux pour répondre à des exigences d'ordre social, mais sans incorporer une croyance qui s’impose à soi d’elle-même. « Maïmonide parle de véracité, pas de croyance. Il dit ou, plutôt, sous-entend que la connaissance, et la connaissance seulement, de cet étant premier est le premier des commandements », en affirmant que « l’édifice des mondes repose sur un savoir premier, une pensée, un da’at, jamais sur une foi initiale », selon Bernard-Henri Lévy.
La Kabbale, qui apparaît dans les écoles rabbinques du Languedoc au XII siècle, s’oppose à la doctrine rationaliste développée par les disciples de Maïmonide. Entre maïmonidiens et kabbalistes, les controverses empêchent, de fait, la formation d’une religion juive. Les kabbalistes ne sont pas pour autant anti-rationalistes. Mais ils s'appuient sur une mystique qui se refuse à confondre le Dieu d'Israël et la Raison.
Abraham Aboulafia, un kabbaliste judéo-espagnol du XIII siècle.Enluminure dans un manuscrit hébraïque du XIIIe siècle.
Dieu est perfectible : Une faille a atteint Dieu tel que le conçoit Isaac l'Aveugle, le premier maître de la Kabbale. « Les malheurs de l’histoire, les désastres, les catastrophes collectives et individuelles ont pour origine cette sorte de brèche, de pgam (de dommage), à l’intérieur de la divinité », remarque Charles Mopsik. Il va donc s’agir, pour les kabbalistes, d’influencer Dieu afin de réparer, autant que possible, la faille et le dysfonctionnement qu'elle cause, « comme des ingénieurs manient une machine sophistiquée », selon Mopsik. Le principe qui détermine la Kabbale n'est pas le Logos (la Raison), mais le langage lui-même, pour Isaac l'Aveugle. Un principe qui requiert une méthode de pensée, attentive au langage et à tout ce qui émane du langage : les rêves, les songes éveillés, les extases, des transports mystiques, etc.
Des conceptions très différentes cohabitent à l’interieur du judaïsme médiéval. Néanmoins elles se rejoignent sur un point fondamental : l’importance des pratiques juives, notamment la circoncision, la célébration du shabbat et le respect de la cacherout. Le Zohar attache la plus grande importance aux mitzvot (les commandements divins émanés du texte biblique). Cependant, selon l’auteur du Zohar, les rites dictés par les commandements divins perdent leur signification quand on les accomplit sans éprouver intimement, intellectuellement et corporellement, ce qu’ils recouvrent, remarque Mopsik, qui souligne que, selon l’auteur du Zohar, il s’agit d’abord « de voir les choses les plus courantes, les plus habituelles, comme si on les regardait pour la première fois».
Durant la vague de persécutions anti-juives qui débute en Espagne en 1391, le Zohar apparaît comme l’arme essentielle de la résistance juive face à la persécution, selon Charles Mopsik. L’étude de la Kabbale se répand largement dans la diaspora juive à partir du XV siècle. Elle y excerce une influence majeure. Elle n’interdit pas, pour autant, à l’école de pensée issue de Maïmonide de se développer. Les rabbins continuent toujours entretenir des controverses, selon la tradition qui remonte au judaïsme antique. Un dicton juif dit : « Réunissez deux rabbins, vous obtiendrez trois opinions. »
Judaïsme moderne
Baruch Spinoza publie le Traité théologico-politique en 1670, où il se dit convaincu que « si l’esprit de la religion n’efféminait pas leur âme », les Juifs « pourraient reconstituer leur Etat ». Ainsi naït le judaïsme laïc, de la manière la plus radicale. Spinoza opère la « révolution laïque » dans la culture juive en premier lieu, à partir d’une étude critique de la Bible. Une révolution dont l’influence est considérable sur le judaïsme moderne, mais sans interdire, pour autant, là encore, aux autres courants issus de la tradition juive, maïmonidiens ou kabbalistiques, de se développer, avec des thèses parfois très différentes les unes des autres ; sans interdire, non plus, les résonances d'un mouvement à l'autre.
La bibliothèque de Baruch Spinoza, fin du XVIIe siècle
Spinoza prend personnellement des positions hostiles à la religion. Il ne condamne pas pour autant la religion, en tant que telle, puisqu’il prône, en laïc, la liberté de pensée et la liberté de culte. Toutefois les convergences entre la philosophie spinozienne et la Kabbale sont mises en jeu par Johann Georg Wachter (1673-1757) dans son traité, Der Spinocismus im Judenthum (Le spinozisme dans le judaïsme). Il soulève un débat entre philosophes auquel Gottfried Wilhelm Leibniz (1**6-1716) a participé. Spinoza « pousse à l’extrême » la Kabbale des Hébreux, selon Leibniz. Dans la même perspective, Marc Halévy suppose que « Spinoza traduit, dans les termes de la métaphysique moderne, la vieille intuition secrète de la Kabbale ancienne ». Ainsi, selon ces auteurs, Spinoza se situe dans la tradition culturelle juive, mais évidemment pas dans sa tradition religieuse.
Vladimir Jankélévitch estime qu’Henri Bergson (1859-1941) doit à « l’impulsion du judaïsme» le concept fondamental de « dynamique » dans sa philosophie. Bergson intègre une culture qui dépend du judaïsme, selon Jankélévitch, sans impliquer pour autant des dogmes religieux.
David Bakan (1921-2004), un psychanalyste américain, publie Freud et la tradition mystique juive en 1955, où il affirme que « Freud, consciemment ou inconsciemment, a laïcisé le mysticisme juif » et que « la psychanalyse peut être valablement considérée comme cette laïcisation». Bakan expose des similitudes abondantes entre les textes freudiens sur le rêve, l’association libre, la bisexualité, et les textes du même sujet tirés de la Kabbale, notamment du Zohar. Cette thèse sur Freud est corroborée par Albert Memmi, par Francis Pasche, par Éliane Amado Levy-Valensi, etc. Les concepts de la kabbale, en ce qui concerne la sexualité, ont eu « une répercussion importante dans la psychanalyse moderne à travers la conception freudienne de la libido », remarque Moshé Idel. Mais, là encore, Freud se situe dans une perspective résolument laïque.
Le postulat de Jacques Derrida – « il n’est rien en dehors du texte » – doit beaucoup à Ménahem Recanati, un kabbaliste italien du XIII siècle, et à son propre postulat – « il n’est rien en dehors de la Torah ». Cependant, il ne s’agit pas chez Derrida « d’un acte de foi », note Moshé Idel, « mais d’une source d’inspiration ». Derrida ne retient que « la textualité et la plurivocalité » de la Kabbale, selon Idel. La culture juive intègre un grand nombre d’auteurs laïcs juifs ; des auteurs très différents les uns des autres. Des plus laïcs jusqu’aux plus traditionnels, les courants de pensée sont au moins aussi variés dans le judaïsme contemporain, qu’ils ne l’étaient dans le judaïsme antique.
La relation de Dieu à l’homme « ne s’entend dans le judaïsme que sur le mode de la séparation », selon Shmuel Trigano. Il ne s’agit pas de « fusionner avec le divin ». Il ne s’agit pas, non plus, de fusionner « avec la nature ». Elle doit être entendue, cette relation, comme injonction pour l’homme à devenir « responsable » de lui-même, à devenir « l’autre de Dieu », « à être là pour l’autre».
Emmanuel Levinas
« Rien n’est plus étrange ni plus étranger que l’autre homme et c’est dans la clarté de l’utopie que se montre l’homme. Hors de tout enracinement et de toute domiciliation ; apatridie comme authencité », écrit Emmanuel Levinas(1906-1995) dont l’influence est considérable sur le judaïsme contemporain, sans impliquer nécessairement une doctrine religieuse, ni même une doctrine nationale. « Levinas fut un ami d’Israël, remarque Bernard-Henri Lévy. Il n’a cessé, sa vie durant, de dire son émerveillement face à la “noble aventure”, au “risque de chaque jour”, que fut la construction de l’État juif. Mais il ne fut pas pour autant, à proprement parler, “sioniste”. Il ne crut jamais que l’enracinement dans une terre, et dans la forme canonique d’un État, fût la seule façon, pour le judaïsme, d’accomplir son destin au XX siècle. Il n’accepta jamais l’idée, autrement dit, qu’un retour en Terre sainte puisse et doive effacer l’autre tradition liée, dans la mémoire juive, à l’expérience millénaire de l’exil».
Un nombre important de Juifs, au début du XXI siècle, ne se définissent pas d’une manière « religieuse », tant en Israël que dans la diaspora, y compris des Juifs qui respectent les pratiques traditionnelles comme Daniel Boyarin. C'est un point de vue chrétien de dire que le judaïsme est une religion, rappelle Boyarin, « et cela a eu des effets complexes, et encore sensibles, sur la manière dont les Juifs se définissent eux-mêmes, et ce, de l'Antiquité tardive à la modernité».
« La tâche des Juifs comme tels est d’être irréligieux », selon Bernard-Henri Lévy, qui précise : « Pas blasphématoires, bien sûr. Surtout pas indifférents. Même pas athéologues, ce qui est une autre façon de se dire théologues, c’est-à-dire en général, théologiens du rien. Non, irréligieux. Refusant simplement, et jusqu’au bout, les facilités de l’effusion, de l’expansion, de la fuite dans le sentiment».
Littérature juive
Jeu complet des rouleaux du Tanakh
Plus encore que les pratiques traditionnelles, c'est l'étude des textes du judaïsme, des textes saints en particulier, et leur interprétation, qui joue le rôle le plus important dans la culture juive.
Littérature biblique
Le Tanakh (la Bible hébraïque) est le livre le plus saint pour le peuple juif, et la Torah est la partie la plus sainte du Tanakh. Elle a été dictée, selon la tradition, à Moïse par Dieu. La fixation du canon biblique a été réalisée à l'époque de la Grande Assemblée, c'est-à-dire à la fin du I siècle de notre ère : y figurent les livres inspirés par Dieu, en sont exclus ceux qui ne proviennent que de la sagesse humaine. La Torah n'a fait l'objet d'aucune discussion quant à son caractère divin, lorsque fut fixé le canon biblique, alors que les livres des Prophètes ainsi que les Autres Écrits faisaient l'objet de débats intenses. La cantillation de la Torah a été fixée par les Massorètes.
La Mishna et ses commentaires. La Tosefta et les traités mineurs. Le Talmud : Le Talmud de Jérusalem, et ses commentaires. Le Talmud de Babylone, et ses commentaires.
La Mishna et ses commentaires.
La Tosefta et les traités mineurs.
Le Talmud : Le Talmud de Jérusalem, et ses commentaires. Le Talmud de Babylone, et ses commentaires.
Le Talmud de Jérusalem, et ses commentaires.
Le Talmud de Babylone, et ses commentaires.
Littérature midrashique : Midrash Halakha Midrash Aggada
Midrash Halakha
Midrash Aggada
Tradition et pratiques du judaïsme
Ils se souviennent de l'Alliance contractée avec Abraham, Isaac et Jacob, et tiennent que Dieu se révéla à Moïse comme l'Essence Éternelle (YHWH). Ils se rappellent qu'il fit sortir d'Égypte le peuple d'Israël après quatre siècles vécus en esclavage.
Ils affirment que les enfants d'Israël furent élus par YHWH pour être son peuple et qu'il attend d'eux qu'ils marchent dans ses voies (halakha). Cette volonté de marcher dans les voies de YHWH, cette halakha qui permet d'accorder sa vie aux préceptes de la Torah dans des conditions d'existence perpétuellement changeantes selon les lieux et les époques, est l'origine des différents courants d'interprétation de la Loi juive.
La Brith milah, circoncision, c'est-à-dire ablation du prépuce des garçons au huitième jour de leur naissance, en référence à l’Alliance d'Abraham (Genèse 17, 11). Ce rite célèbre l'entrée des mâles dans l'Alliance, et peut se faire au cours d'une cérémonie en famille ou à la synagogue, mais aussi dans un hôpital sous anesthésie, en présence d'un spécialiste, le mohel.
Zeved habat - Accueil des petites filles dans l'Alliance au cours d'une cérémonie de nomination. Cette coutume est très en vogue chez les Sépharades.
Upsherin - Coupe des cheveux chez les garçons, réalisée à 3 ans, accompagnant le don du Talit Katan et de la première kippa, symbolisant donc le passage de yonek (nourrisson, un peu l'équivalent du toddler anglo-saxon) à yeled (enfant).
Bar et Bat mitzva - Passage à la majorité religieuse, de na'ar (na'ara) à mevougar (mevouguerette) à l'âge de 13 ans pour les garçons, 12 ans chez les filles, correspondant à la majorité juive. Le (garçon) Bar Mitzva est honoré en conduisant l'office et en lisant la section hebdomadaire de la Torah. La préparation peut prendre entre quelques mois et deux ans.
Mariage - Le mariage est un moment d'une grande importance dans la vie du pratiquant. Les deux cérémonies qui le composent, les kiddoushin (consécrations) et les nissouïn (noces), étaient originellement célébrées à un an d'intervalle au cours duquel la jeune femme (kala), interdite à son époux tant que les nissouïn n'avaient pas été prononcés, vivait chez ses parents pour se préparer à la vie de couple. Actuellement, elles sont célébrées au cours de la même journée, en présence d'un miniane, sous un dais nuptial, la houppa, qui symbolise une maison heureuse. À la fin de la cérémonie, le marié ('hatan) brise un verre avec son pied, une coutume (minhag) visant à remémorer que la joie ne peut être complète tant que le Temple n'aura pas été reconstruit.
Décès et deuil - Le deuil tient une place excessivement importante dans le judaïsme, et suit un rite très hiérarchisé. Au moment même du décès, les parents au premier degré, conjoint inclus, reçoivent le statut d’onène. Les lois du deuil ne s'appliquent pas encore à eux, mais toutes leurs activités doivent tendre à inhumer le plus rapidement et le plus saintement le défunt, si la situation s'applique (cf. disparition en mer). Lors de l'enterrement, les parents au premier degré, conjoint inclus, déchirent leur chemise (qéri'a). Les parents masculins au premier degré et le conjoint lisent le Kaddish des endeuillés. Pendant les sept jours suivant l'enterrement, la Shiv'ah, les endeuillés restent assis à même le sol ou sur des chaises basses. Ils ne se lavent plus (sauf raison de santé), ne coupent pas leurs ongles, ne portent pas de chaussures, et ne préparent pas à manger (c'est le rôle de la communauté d'assurer leur subsistance) : toutes leurs pensées convergent vers la personne décédée, qu'ils pleurent pendant trois jours, et dont ils rappellent les mérites pendant quatre. Chaque soir se tient un service qu'ils dirigent, et qui se conclut par le Kaddish des endeuillés. Le mois suivant l'enterrement est la période des shloshim (trente), où l'agrément comme la musique, le mariage (avec fête)… sont prohibés. La période d'un an, avelut youd bet 'hodesh (deuil de douze mois), est observé pendant onze mois supplémentaires par ceux qui ont perdu leur parent. Passée cette période, le deuil s'achève par une visite au cimetière, et la récitation du Kaddish des endeuillés sur la tombe de la personne défunte.
Au moment même du décès, les parents au premier degré, conjoint inclus, reçoivent le statut d’onène. Les lois du deuil ne s'appliquent pas encore à eux, mais toutes leurs activités doivent tendre à inhumer le plus rapidement et le plus saintement le défunt, si la situation s'applique (cf. disparition en mer).
Lors de l'enterrement, les parents au premier degré, conjoint inclus, déchirent leur chemise (qéri'a). Les parents masculins au premier degré et le conjoint lisent le Kaddish des endeuillés.
Pendant les sept jours suivant l'enterrement, la Shiv'ah, les endeuillés restent assis à même le sol ou sur des chaises basses. Ils ne se lavent plus (sauf raison de santé), ne coupent pas leurs ongles, ne portent pas de chaussures, et ne préparent pas à manger (c'est le rôle de la communauté d'assurer leur subsistance) : toutes leurs pensées convergent vers la personne décédée, qu'ils pleurent pendant trois jours, et dont ils rappellent les mérites pendant quatre. Chaque soir se tient un service qu'ils dirigent, et qui se conclut par le Kaddish des endeuillés.
Le mois suivant l'enterrement est la période des shloshim (trente), où l'agrément comme la musique, le mariage (avec fête)… sont prohibés.
La période d'un an, avelut youd bet 'hodesh (deuil de douze mois), est observé pendant onze mois supplémentaires par ceux qui ont perdu leur parent. Passée cette période, le deuil s'achève par une visite au cimetière, et la récitation du Kaddish des endeuillés sur la tombe de la personne défunte.
un passage du Deutéronome (7:3-4) sur les dangers des mariages mixtes : « ne t'allie avec aucun d'eux : ta fille ne la donne pas à son fils et sa fille n'en fais pas l'épouse du tien ! car il détacherait ton (petit) fils de Moi et ils adoreraient des divinités étrangères… »
un passage d'Ezra (10:3-5), où le scribe prescrit de répudier les femmes cananéennes « et les enfants nés d'elles ». Pourquoi les enfants ?
Symboles du judaïsme
Depuis le XIII siècle à peu près, le symbole du judaïsme est l'Étoile de David (Magen David dont la traduction littérale est bouclier de David). Cette étoile à 6 branches représente le symbole que le roi David avait apposé sur son bouclier et qui l'a protégé durant ses combats. Elle symbolise donc pour les Juifs une protection. Le plus ancien symbole du judaïsme est la Ménorah, chandelier à sept branches, qui se trouvait dans le Temple de Jérusalem. La Mézouza petit rouleau de parchemin écrit à la main contenant le texte du Chema Israel et apposé au linteau de chaque porte de la maison, est également un symbole.
Lieux de culte
une arche, l’Aron haKodesh pour les Ashkénazes, l’eikhal pour les Sépharades, où l'on garde les rouleaux de la Torah ; l'arche est souvent fermée par un rideau orné (parokhet) à l'intérieur ou à l'extérieur des portes de l'Arche ;
une plate-forme de lecture surélevée, la bimah pour les Ashkénazes, la tébah pour les Sépharades, où la Torah est lue. Dans les synagogues sépharades, c'est également de là qu'on dirige l'office. Tout le monde se trouve donc à égale distance de l'officiant. Les synagogues ashkénazes ressemblent davantage à un oratoire, et l'officiant se place derrière un pupitre, "amoud" (Hébreu, pilier) faisant face à l'Arche, au-devant des fidèles. Ceci crée une "hiérarchisation" des rangs, les premiers, les plus proches de l'officiant, revenant aux plus riches ;
une Chandelle Éternelle (ner tamid), une lampe, lanterne ou chandelier, maintenue allumée en permanence, en souvenir de la Menorah qui brûlait continuellement dans le Temple à Jérusalem.
Fonctions religieuses dans le judaïsme
L'officiant (shalia'h tsibbour ou sha"ts) est souvent un rabbin. Toutefois, ce rôle peut échoir à n'importe quel membre de la communauté que l'on souhaite honorer, pour autant qu'il ait atteint la majorité religieuse. La connaissance des prières est hautement souhaitée mais non impérative : lors des offices suivant le décès d'un proche, c'est souvent un endeuillé lui-même (ou un proche masculin de l'endeuillée) qui dirige l'office, qu'il le connaisse ou non. Le rôle de l'officiant n'est pas d'être un « intermédiaire » entre la communauté et Dieu, mais de faciliter la prière collective, en permettant par exemple à ceux qui ne savent pas prier de répondre en public, ce qui leur est compté comme s'ils avaient fait toute la prière. Les Réformés autorisent les femmes à diriger la prière, ce rôle étant exclusivement dévolu aux hommes chez les Orthodoxes et Massortim "plus traditionnels".
Le hazzan (chantre) est un vocaliste tenant le rôle d'officiant de ba'al korè (lecteur de la Torah), ou, plus rarement, de "choriste". Choisi pour sa belle voix, sa connaissance de la liturgie et de la cantillation, ainsi que sa connaissance du sens de la prière et la sincérité de son interprétation, il s'agit parfois d'un virtuose du chant choral, voire de l'opéra. Toute communauté n'a pas son hazzan attitré.
Le Baal korè (maître de la Lecture) est la personne lisant la section hebdomadaire de la Torah, rôle que tout homme (ou femme dans les formes modernistes du judaïsme) ayant atteint sa majorité religieuse et capable de lire la section hebdomadaire peut remplir.
Le Dayan est un juge rabbinique, c'est-à-dire un rabbin expert en législation juive ; il dirige un beth din (tribunal rabbinique), tranchant dans les litiges financiers, matrimoniaux, ou des conversions au judaïsme, chargé de la remise du guett (acte de divorce').
Le mohel est un expert en matière de circoncision, appliquant la prescription de la brith milah dans le respect des rites.
Le shohet est un abatteur rituel, chargé d'abattre les bêtes de façon à ce qu'elles soient cachères. Expert en lois et prières d'abattage, il doit avoir été formé par un autre shohet, être en contact régulier avec un rabbin, afin de se tenir informé des normes actuelles, et abattre la bête avec l'intention de le faire selon les rites prescrits dans la Torah.
Le Mashgia'h (superviseur) en cacherouth doit surveiller la fabrication de marchandises et aliments afin d'établir leur cacheroute et la certifier. Il doit également superviser le sho'het. Il peut s'agir d'un expert en ces lois, ou d'une personne sous la supervision d'un rabbin expert en ces lois.
Le sofer est un scribe, écrivant les rouleaux de la Torah, des téfiline (phylactères) et des mezouzot (parchemins appliqués aux linteaux des portes), les ketoubot et les guittin (actes de mariage et de divorce, respectivement) selon la calligraphie traditionnelle en suivant un schéma très précis.
Le Rosh yeshiva ou "Gaon" - est un directeur d'académie talmudique, versé dans le Talmud, et titulaire des années supérieures de la yeshiva.
Le Mashgia'h dans une yeshiva est un expert du Moussar (éthique juive), et professeur des cours en cette matière, veillant au bien-être spirituel et émotionnel des étudiants de la Yeshiva.
Conversion au judaïsme
la conversion des Jébuséens, sous David,
celle de la tribu iduméenne des Hérode, sous les Hasmonéens,
celle de peuples ouralo-altaïques comme les Khazars de Russie.
après la fin de l'Empire romain, celle d'une partie des Francs ripuaires et des Souabes,
celle de Berbères (Djerawa de l'Aurès et Nefzaouas de Tripolitaine),
celle des Falashas d'Éthiopie…
celle des Khazars en 838 d'où les Juifs est-européens seraient issus.