La damnation, dans un sens religieux, signifie un jugement défavorable (ou une condamnation) ainsi que la punition ou châtiment qui en résulte, qu'il soit de la part de Dieu ou de la part de l'être humain (envers lui-même), ou encore, dans une conception eschatologique, le jugement défavorable par Dieu, d'abord lors du jugement personnel, immédiatement dès l'instant de la mort, puis lors du Jugement dernier ainsi que ses conséquences a priori éternelles (l'enfer, dont la peine principale est le dam et la corollaire la peine du sens, concernant non seulement l'âme mais encore le corps ressuscité incorruptible, soit pour le salut, soit pour la réprobation) (avec l'exception notable des annihilationnistes chrétiens qui conçoivent les choses différemment) : un jugement par lequel Dieu déclare que le péché est punissable par la mort. Il s'agit proprement d'un terme juridique ayant pour signification « sentence réprobatrice, jugement pénal, sentence ».
En théologie chrétienne
Détail d'un tableau de Jérôme Bosch situé au Musée du Prado.
Pour ce qui est du christianisme, dans les deux cas, la damnation par Dieu est irréversible. L'Evangile enseigne que l'entièreté de l'humanité est destinée à la damnation (voir surtout Romains 3 ; Romains 5:16) ou, plus justement, au châtiment, si le Christ n'avait pas opéré la Rédemption du genre humain. Dieu étant Juge parfait, sa justice requiert qu'il n'accorde de jugement favorable sur la vie de l'homme que si celui-ci a été parfait en tous points dans sa vie terrestre. Comme selon la Bible pas un seul être humain ne satisfait à ces exigences, la seule façon d'être déclaré juste devant Dieu est par un effet de grâce, identique à la grâce d'un juge ou de toute autorité de magistrat, par laquelle l'injustice, que notre faiblesse humaine ne nous permet pas de réparer, est assumée et effacée par l'oblation parfaite du Christ, l'antique condamnation due au péché originel et à ses séquelles faisant ainsi place au Salut. Par conséquent, le christianisme conçoit que ce Salut est accordé en vertu de l'amour de Dieu, attribut même de son essence (cf. 1 Jn 4,8), amour dont le Nouveau Testament enseigne qu'il a été manifesté et révélé en Jésus-Christ, le Verbe fait chair (cf. Jn 1,14) en vertu de qui, donc, la rédemption (c.-à-d. le rachat, la rançon, le "troc" ou échange) des péchés et de la condamnation est possible.
Car il n’y a pas de distinction : tous, en effet, ont péché et sont privés de la gloire de Jésus ; et c’est gratuitement qu’ils sont justifiés par sa grâce, au moyen de la rédemption qui est en Jésus-Christ — (Épître aux Romains, ch. 3 vv. 23-24)
Fondements bibliques
À cause du sens avec de fortes connotations eschatologiques que le terme « damnation » a prise, il est de moins en moins fréquent de le trouver dans les traductions de la Bible en français. Il est d'ailleurs désuet dans les traductions protestantes les plus récentes.
Dans L’Épître aux Romains (ch. 13, v. 2), il s’agit du terme grec κριμα (krima) ayant le sens de « châtiment » ou de « condamnation », condamnation qui s’étend sur ceux qui résistent à l’ordonnance de magistrature faite par Dieu. Cette sentence de condamnation ne vient pas du magistrat, mais de Dieu, à l’autorité duquel résistance est faite.
Dans la Première Épître aux Corinthiens (ch. 11, v. 29), le même terme est repris ; évoquant le jugement, il signifie aussi « condamnation », dans le sens d’une exposition à des jugements temporels (c.-à-d. ici-bas et non dans l’au-delà) sévères de la part de Dieu, comme le verset suivant l’explique.
Dans L’Épître aux Romains (ch. 14, v. 23), le terme prend une forme verbale, κατακρινω (katakrinô), qui évoque encore plus fort le vocabulaire juridique (« juger à l’encontre / en défaveur de », « juger comme digne de châtiment »). L’expression signifie ici « condamné » par sa propre conscience aussi bien que par la Parole de Dieu. L’apôtre S. Paul montre dans ce passage que de nombreuses choses qui sont légales ne sont pas opportunes ou indiquées ; et qu’en utilisant sa liberté chrétienne la question ne devrait pas se résumer à se demander si telle ou telle chose est légale, mais devrait également provoquer de se demander si on peut faire la chose en question sans porter atteinte aux intérêts spirituels d’un frère ou d’une sœur chrétienne. « Celui qui a des doutes » (v. 23), c.-à-d. celui qui n’est pas au clair dans sa conscience quant aux « viandes » (il s’agit des viandes sacrifiées aux idoles païennes, dont un chrétien pourrait se demander s’il est permis qu’il les mange), une telle personne violera sa propre conscience s’il/elle mange, et en mangeant il/elle est condamné(e) ; ainsi donc, on ne devrait pas utiliser sa liberté pour conduire quelqu’un qui est « faible » à amener sur lui/elle cette condamnation.
Dans les arts
Écrite en 1846 d'après l'œuvre de Goethe, La Damnation de Faust est un récit symbolique autour du pouvoir et de la beauté. Faust se damne en donnant son âme au diable Méphistophélès en échange de la jeunesse. À la fin, devenu centenaire, Faust se repent, congédie Méphistophélès et trouve le pardon divin (à la fin de la "Damnation de Faust", au terme d'une chevauchée de cauchemar, Faust est conduit par Méphisto en Enfer, où l'accueille un chœur des divinités infernales, tandis que l'âme de Marguerite est reçue au Ciel par un chœur d'anges - "elle a beaucoup aimé, Seigneur - viens, Marguerite, viens, viens, viens !").