La pollution est la dégradation d'un écosystème par l'introduction, généralement humaine, de substances ou de radiations altérant de manière plus ou moins importante le fonctionnement de cet écosystème. Par extension, le mot désigne aussi parfois les conséquences de phénomènes géologiques comme une éruption volcanique.
La pollution d'origine humaine peut avoir un impact très important sur la santé et dans la biosphère comme en témoigne l'exposition aux polluants et le réchauffement climatique qui transforme le climat de la Terre et son écosystème, en entraînant l'apparition de maladies inconnues jusqu'alors dans certaines zones géographiques, des migrations de certaines espèces, voire leur extinction si elles ne peuvent s'adapter à leur nouvel environnement biophysique.
C'est après la Seconde Guerre mondiale qu'une prise de conscience des répercussions des activités humaines sur l'environnement voit le jour, parallèlement à la naissance de l'écologisme et de l'écologie. Les préoccupations environnementales conduisent les gouvernements à prendre des mesures pour limiter l'empreinte écologique des populations humaines et pour contrer des activités humaines contaminantes.
Les premières grandes pollutions semblent avoir été induites par la révolution industrielle, permise par les machines à vapeur et le charbon. Cheminées industrielles, par Eugen Bracht (1842–1921), tableau daté de 1905.
Fumées industrielles généralement chargées de résidus de combustion.
Globalement, d’après l'OMS, plus de 7 millions de morts sont attribuables en 2012 aux effets des pollutions de l'air extérieure et domestique, et les régions de l'Asie et du Pacifique sont les plus touchées.
Notion de pollution
Signalisation de produit polluant.
Pollution vient du latin polluere (= por + luo) qui signifie « souiller en mouillant », « salir » et surtout « profaner » .
Historiquement, la pollution est la profanation ou la souillure d'un objet ou d'une demeure sacrée par des substances impures. C'est clairement un mot d'origine cultuelle.
Une définition contemporaine du terme pollution pourrait être un phénomène ou élément perturbateur d'un équilibre établi (« équilibre dynamique » dans le cas des écosystèmes) et plus particulièrement si cet élément est nuisible à la vie. Au sens large, la pollution peut être anthropique (c'est-à-dire induite par l'Homme) ou d'origine non-humaine.
Le Dictionnaire de l'environnement. Les termes normalisés de l'AFNOR définit le polluant comme un altéragène biologique, physique ou chimique, qui au-delà d'un certain seuil, et parfois dans certaines conditions (potentialisation), développe des impacts négatifs sur tout ou partie d'un écosystème ou de l'environnement en général.
Il est question de « pollution diffuse », lorsque les sources d'un polluant sont multiples (pots d'échappement, épandage de pesticides..) et de « pollution chronique » lors d'émissions répétées ou constante de polluant, et parfois lorsqu'un polluant est très rémanent.
La notion de pollution appelle donc celle de contamination d'un ou plusieurs composants des écosystèmes (air, eau, sol), d'un organisme (qui peut être l'être humain) ou d'un groupe d'organismes, ou ayant une incidence sur l'écosystème, au-delà d'un seuil ou norme. La contamination peut notamment s'étendre ou se modifier via le réseau trophique (chaîne alimentaire) (bioconcentration, bioturbation).
La science qui étudie les pollutions est la molysmologie.
Histoire de la pollution
Pollution aérienne aux États-Unis, 1973
Smog à New York.
Une certaine pollution de l'air a toujours accompagné les progrès de la civilisation.
La pollution commence dès la préhistoire, avec la maîtrise du feu : « la suie trouvée sur le plafond des grottes préhistoriques est une preuve évidente de ce que les foyers entraînaient un niveau élevé de pollution du fait d'une ventilation insuffisante »
La métallurgie de l'âge du bronze puis de l'âge du fer a marqué un tournant dans la pollution de l'environnement extérieur. Les carottages des glaciers du Groenland ont révélé un accroissement de la pollution associée à la métallurgie des grecs, des romains et des chinois. Mais à cette époque, la pollution était comparativement faible, et n'avait pas d'impact environnemental significatif.
Les concentrations urbaines ont constitué la source majeure de pollution tout au long de notre histoire. Les villes concentraient la présence et les déjections de nombreux hommes et de chevaux, conduisant à des pollutions de l'air et de l'eau. La nécessité de les évacuer (dans l'eau courante du fleuve) a conduit aux premiers systèmes d'égouts comme le Cloaca Maxima. C'est à cause de la puanteur qu'elles dégagent que les tanneries ont de tout temps été excentrées et placées en aval des villes. La combustion massive de bois et de charbon conduit également à des pollutions de l'air. Ainsi, en Angleterre, Édouard I édicta en 1272 une proclamation interdisant l'usage de la houille bitumineuse à Londres, alors d'usage très courant, après que la fumée que produisait son usage massif soit devenu insupportable.
Le développement des métropoles agrava le problème. Londres connu ainsi l'un des pires cas de pollution de l'eau avec la Grande Puanteur de 1858, qui entraîna la construction d'égouts à grande échelle et une nouvelle politique appelée « révolution sanitaire », et le mouvement hygiéniste. Berlin était dans une situation similaire en 1870, comme en témoigne August Bebel :
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« Les eaux usées sortent des maisons pour couler dans les caniveaux, dégageant une puanteur épouvantable. Il n'y a pas de toilettes publiques dans les rues ; les gens de passages, et particulièrement les femmes, sont souvent sans ressource quand la nature rappelle ses exigences. Dans les bâtiments publics, les installations sanitaires étaient incroyablement primitives. En tant que métropole, ce n'est qu'après 1870 que Berlin est passée de la barbarie à la civilisation. ».
C'est la révolution industrielle qui a conduit la pollution aux niveaux connus de nos jours. La combustion massive de charbon amena la pollution de l'air à des niveaux sans précédents, les industries déchargèrent leurs effluents chimiques et leurs déchets sans traitements particuliers, polluant les cours d'eau, les nappes phréatiques et les sources d'eau potable.
En Amérique, Chicago et Cincinnati furent les deux premières villes à passer des réglementations pour lutter contre la pollution de l'air. Vers le milieu du XX siècle, le smog provoqué par les échappements automobiles était devenu un problème majeur dans des villes comme Los Angeles, ou Donora (Pennsylvanie) Londres connu son pire épisode de pollution atmosphérique avec le Grand Smog de 1952, dont on estime qu'il a pu faire 12 000 morts.
D'autres catastrophes environnementales dues à de la pollution chimique massive conduisirent à une sensibilisation croissante de l'opinion : scandale de Love Canal, intoxications massives au mercure de Minamata au Japon, etc.
C'est à la suite de tels événements que la préoccupation environnementaliste se développa, et que des lois et conventions internationales furent développées pour lutter contre la pollution.
Origines des pollutions
Plage polluée de bouteilles en plastique sur les rives de la Mer Rouge en Égypte.
Les pollutions d'origine humaine, dites aussi anthropiques, ont de nombreuses formes en pouvant être locales, culturelles, ponctuelles, accidentelles, diffuses, chroniques, génétiques, volontaires, involontaires, etc.
Cette pollution est une diffusion directe ou indirecte dans l'environnement de polluants. Ce sont souvent des sous-produits involontaires d'une activité humaine, comme les émissions des pots d'échappement ou des installations de combustion. Les déchets de produits de consommation courante (emballages, batteries usagées) jetés sans précautions dans l'environnement biophysique et dans l'environnement humain, constituent également une source de pollution très fréquente. Il peut aussi s'agir de phénomènes physiques (comme la chaleur, la lumière, la radioactivité, l'électromagnétisme, etc.).
Le caractère impur ou malsain est généralement relatif car dépendant de la dose, de la durée d'exposition, d'éventuelles synergies, etc. Il est relatif :
soit à leur nature de « poison » pour l'Homme ou l'environnement (exemple : mercure de la baie de Minamata ; smog londonien généré par la combinaison d'un phénomène climatique naturel et d'émissions causées par le chauffage urbain) ; par extension, le simple caractère désagréable, même sans danger, peut suffire à invoquer le qualificatif de pollution là où le mot "nuisance" est souvent préféré ;
soit à leur nature tératogène (provoquant des malformations chez les nouveau-nés), même non associée à un caractère toxique;
soit à leur nature de perturbateur endocrinien ;
soit, en dépit de leur caractère non directement toxique pour l'homme et les êtres vivants, à leur capacité éventuelle à changer ou perturber le fonctionnement d'un écosystème ou de la biosphère,
soit en détruisant la vie (exemple : insecticides) ou ses conditions (exemple : chlorofluorocarbones détruisant la couche d'ozone),
soit au contraire en surfavorisant certaines expressions (exemple : nitrates ou phosphates agricoles, favorisant une flore nitrophile au détriment des autres espèces, voire l'eutrophisation ou la dystrophisation des zones humides, baies marines, évoluant vers des zones mortes dans les cas les plus graves).
Il peut aussi s'agir d'introduction d'espèces ou de pollution génétique pouvant perturber le fonctionnement des écosystèmes, c'est-à-dire l'introduction d'espèces ou de gènes dans un biotope d'où ils étaient absents (p. ex. rat musqué ou OGM) ou de pollution par des gaz à effet de serre tels que le gaz carbonique ou le méthane, cf. infra.
Des pollutions d'origine environnementale peuvent être dues :
aux conséquences directes ou indirectes de catastrophes naturelles, tels que le volcanisme ;
à une pollution liée à des phénomènes naturels, tels que les éruptions solaires ;
à une pollution d'un captage d'eau potable par un animal qui fera ses besoins à proximité, ou qui serait mort et en décomposition dans l'eau.
à la production de toxines lors du phénomène d'efflorescence algale
Milieux pollués
Pollution de l'air
Pollution atmosphérique au-dessus de Paris.
La pollution de l'air, provoquée par des polluants dits atmosphériques est plus délicate à réglementer efficacement dans un cadre local ou national que beaucoup d'autres formes de pollutions (de même pour les pollutions marines). Des conventions mondiales concernent les polluants destructeurs de la couche d'ozone ou les gaz à effet de serre, tous capables de modifier le fonctionnement planétaire du monde vivant. Elle intègre la pollution biologique induite par des taux anormaux ou anormalement allergènes de microbes, virus, pollens ou de spores fongiques. Les effets allergènes (rhinite, conjonctivite, asthme) de ces particules biologiques sont en augmentation, et ils semblent souvent exacerbés par les polluants urbains, routiers et de l'industrie.
Une mauvaise qualité de l'air peut tuer un bon nombre d'organismes et également les humains. Ce type de pollution peut causer des complications respiratoires, des maladies cardiovasculaires, une inflammation de la trachée, des douleurs abdominales et une congestion. Les personnes âgées sont plus exposées à des maladies liées à la pollution de l'air. Les personnes ayant des problèmes pulmonaires ou cardiovasculaires sont hautement exposées. Les enfants exposés aux pollutions automobiles développeraient plus facilement asthme, infections ORL, allergies respiratoires voire cancers, les enfants dans leur poussette étant particulièrement exposés à ce type de pollution. Des études estiment à 50 000 le nombre de victimes aux États-Unis à cause de la pollution de l'air.
En mars 2014, une grande partie de la France est atteinte par des pollutions importantes qui conduisent à déclarer l'alerte maximale dans 30 départements. Paris est plongé dans un épais brouillard, au point que la Tour Eiffel n'est quasiment plus visible.
Pollution de l'eau
Pollution dans un canal à sec à Ouagadougou (Burkina Faso).
Dépollution après la marée noire de l'Exxon Valdez.
La pollution de l'eau peut avoir diverses origines parmi lesquelles :
l'industrie dont ses sous-produits sont une des sources de pollution de l'eau parmi les plus importantes. Il s'agit essentiellement des produits chimiques et d'hydrocarbures (par exemple : dégazage) ; l'agriculture dont l'utilisation excessive de produit chimique (entre autres avec l'épandage du lisier) finissent soit dans les nappes phréatiques soit dans les cours d'eau par ruissellement ; L’automobile dont les rejets d'hydrocarbures (carburant imbrulés, huile, etc.) finissent dans les cours d'eau s'ils ne sont pas captés et recyclés correctement ; les eaux usées si elles ne sont pas traitées correctement, peuvent être une source de pollution de l'eau. Dans la plupart des pays développés comme en France des législations ont été mises en place obligeant à un traitement des eaux usées, afin de réduire ce type de pollution.
La pollution des eaux cause 14 000 décès par jour, pollution principalement la conséquence de mauvais traitements des eaux usées dans les pays en voie de développement. Il est estimé que 700 millions d'indiens n'ont aucun accès à l'hygiène et qu'un millier d'enfants meurt chaque jour de diarrhée infectieuse. Près de 500 millions de Chinois n'ont aucun accès à de l'eau potable.
En 2009, l'Association Santé Environnement France et le WWF ont mené une étude sur l'imprégnation aux PCB des riverains du Rhône. Les conclusions du rapport ont mis en évidence un lien entre la consommation de poissons ainsi que le lieu de vie et le niveau d’imprégnation aux PCB .
Pollution des sols
La pollution du sol peut être diffuse ou locale, d'origine industrielle, agricole (utilisation excessive d'engrais, de pesticides, etc. qui s'infiltrent dans les sols). Ces pollutions agricoles peuvent avoir plusieurs impacts sur la santé humaine en contaminant par bioaccumulation ou diffusion par ruissellement.
Pollution sonore
La pollution sonore cause une perte d'audition, de l'hypertension, du stress et des troubles du sommeil. Le mercure est lié à des déficits développementaux chez les enfants et à des symptômes neurologiques.
Impacts sur la santé des espèces
Impacts sur la santé humaine
Selon les estimations de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), 12,6 millions de personnes sont décédées en 2012 du fait d’avoir vécu ou travaillé dans un environnement insalubre, soit près d’un quart des décès dans le monde. Les facteurs de risque environnementaux, tels que la pollution de l’air (8,1 millions de décès), de l’eau et des sols, l’exposition aux substances chimiques, le changement climatique ou le rayonnement ultraviolet, contribuent à la survenue de plus de 100 maladies ou traumatismes. Les accidents vasculaires cérébraux (2,5 millions de décès par an), les cardiopathies (2,3 millions), les cancers (1,7 millions) et les affections respiratoires chroniques (1,4 millions) représentent aujourd’hui près des deux tiers des décès liés à des causes environnementales. On constate une baisse du nombre de décès entraînés par des maladies infectieuses, telles que les maladies diarrhéiques et le paludisme, souvent liées au manque d’eau, au défaut d’assainissement et à la mauvaise gestion des déchets. Cette baisse s’explique principalement par une amélioration de l’accès à l’eau potable et aux moyens d’assainissement. Ces décès sont surtout concentrés dans les régions de l'Asie du Sud-Est (3,8 millions), du Pacifique occidental (3,5 millions) et de l'Afrique (2,2 millions).
Morts prématurées
Globalement, plus de 7 millions de morts sont attribuables aux effets des pollutions de l'air extérieure et domestique, et les régions de l'Asie et du Pacifique sont les plus touchées. Au moins 656 000 individus meurent prématurément chaque année en Chine à cause de la pollution de l'air. En Inde, elle causerait 527 700 décès par an.
Il est estimé que 700 millions d'indiens n'ont aucun accès à l'hygiène et qu'un millier d'enfants meurt chaque jour de diarrhée infectieuse
Troubles de l'activité cérébrales
Les hydrocarbures aromatiques polycycliques (produits de la combustion des hydrocarbures) seraient responsable d'un ralentissement de l'activité cérébrale (réduction de la substance blanche dans le cerveau des enfants).
Impacts sur les espèces animales
Lutte contre la pollution
Conventions internationales et règlementations
Plusieurs conventions internationales portent sur les pollutions marines, animées par les commissions OSPAR et HELCOM notamment.
La Commission européenne a présenté le 9 février 2007 un projet de directive visant à condamner de manière uniforme au sein de l'Union européenne les crimes environnementaux. Actuellement (février 2007), la définition varie fortement d'un État membre à l'autre, avec des sanctions jugées souvent "insuffisantes" par la Commission. Franco Frattini, le Commissaire chargé de la Justice, à la liberté et à la sécurité a déclaré que 73 % des « crimes verts » sont causés par les entreprises, il fallait donc les pénaliser plus fortement. C'est ainsi que des amendes allant de 750 000 euros à 1,5 million d'euros peuvent être infligées, ainsi que pour les personnes, des peines de prison allant de 5 à 10 ans.
Les crimes pris en compte par ce projet sont notamment : émissions illicites de substances dangereuses, transport illicite de déchets et commerce illicite d'espèces menacées.
Définition légale
D'un point de vue législatif, dans la plupart des pays, le mot « pollution » qualifie la contamination d'un milieu par un agent polluant au-delà d'une norme, seuil, loi, ou hypothèse ; il peut s'agir de la présence d'un élément, de chaleur ou rayonnement dans un milieu ou dans un contexte où il est normalement absent à l'état naturel. Généralement, néanmoins, ce n'est pas simplement la présence mais plutôt la surabondance de l'élément dans un milieu où il est naturellement en équilibre (par exemple un métal lourd fixé dans les complexes argilohumiques et peu biodisponible) ou présent en plus faible quantité qui crée la pollution.
Selon l'article 1 de la Convention internationale OSPAR : « on entend par "pollution" : l'introduction par l'homme, directement ou indirectement, de substances ou d'énergie dans la zone maritime, créant ou susceptibles de créer des risques pour la santé de l'homme, des dommages aux ressources biologiques et aux écosystèmes marins, des atteintes aux valeurs d'agrément ou des entraves aux autres utilisations légitimes de la mer. »
La législation européenne définit la pollution comme « l'introduction directe ou indirecte, par suite de l'activité humaine, de substances ou de chaleur dans l'air, l'eau ou le sol, susceptibles de porter atteinte à la santé humaine ou à la qualité des écosystèmes aquatiques ou des écosystèmes terrestres dépendant directement des écosystèmes aquatiques, qui entraînent des détériorations aux biens matériels, une détérioration ou une entrave à l'agrément de l'environnement ou à d'autres utilisations légitimes de ce dernier » et un polluant comme une « substance pouvant entraîner une pollution, en particulier celles figurant sur la liste de l'annexe VIII » . Ces définitions abordent le problème de l'eau et évitent ceux des sols qui sera traité par le biais de la directive sol.
Marquage environnemental
De ce point de vue, en l'absence d'impact sur la santé ou sur le fonctionnement des écosystèmes marins, il n'y a pas de pollution au sens légal du terme (mais l'environnement peut être plus ou moins « marqué », de manière détectable, par des substances dont on sait par ailleurs qu'elles sont potentiellement polluantes à forte dose).
En France, dans le domaine juridique, pour les produits soumis à des normes ou seuils, on ne devrait donc théoriquement parler de pollution que dans le cas de dépassement des seuils ou normes, ces seuils étant eux-mêmes fixés en fonction de l'impact biologique que les substances considérées peuvent avoir. Ceux-ci sont listés dans un rapport de l'Institut national de l'environnement industriel et des risques (INERIS) qui rapporte des valeurs dans un même milieu avec des unités identiques, ce qui n'est pas toujours le cas dans les textes réglementaires. Les valeurs, en vigueur au 1 mars 2006, y sont données pour information. Il convient donc après cette date de vérifier qu'elles n'ont pas été modifiées ou abrogées, et de systématiquement se référer aux textes originaux.
Inversement, en France, en l'absence de loi ou de normes spécifiques aux pollutions anciennes liées aux séquelles de guerre, des territoires que l'on sait très fortement contaminés (les forêts de la Zone rouge de Verdun par exemple) ne sont pas officiellement reconnues comme polluées ; Aucune recommandation concernant les produits alimentaires issus de ces sols ne semble jamais avoir été émise par les autorités préfectorales ou ministérielles. Ceci vaut pour les champignons qui peuvent fortement accumuler les métaux lourds, mais aussi pour les sangliers.
Recherche des sources, causes ou responsabilités
Depuis très longtemps, la justice ou les autorités cherchent en cas de pollution grave ou chronique à identifier les causes et les responsables. Au XX siècle, les méthodes d'Investigation environnementale, parallèlement à l'évaluation environnementale se sont développées (en France, souvent sous l'égide des DRIREs (devenues DREALs) et des Agences de l'Eau depuis que ces entités existent. Alors que le droit de l'environnement se développe, et sur le modèle anglophone du mot forensic, on parle maintenant de « forensie environnementale » pour décrire les enquêtes et méthodes mobilisées par les experts appelés à chercher des preuves et des faits scientifiques utilisables devant un tribunal .
Mesures
Des atlas ou cadastres des pollutions se mettent peu à peu en place aux échelles communales à mondiales pour certains polluants, concernant les émissions et/ou les pollutions de stock.
L'Europe dispose ainsi d'un registre européen des émissions polluantes (Eper) couvrant cinquante polluants (eau et air uniquement), émis par les principales (grandes et moyennes) installations industrielles. Il a permis de conclure mi 2007 à un « bilan mitigé ». Si on observe une diminution de deux tiers des cinquante polluants industriels suivis, notamment azotés dans l'eau (-14,5 % dans l'eau), phosphore (-12 % dans l'eau) et dioxines et furanes (-22,5 % dans l'air) ; ces améliorations sont contrebalancées par une hausse des émissions de certains polluants dont le CO2 que la commission espérait réduire grâce à l'introduction du système communautaire d'échange de quotas d'émission. L'Eper sera en 2009 remplacé par un registre européen des rejets et des transferts de polluants (PRTR européen) construit à partir des données de 2007, cette fois pour plus de 91 substances d'industries dans 65 domaines d'activité. Et les émissions diffuses du trafic autoroutier, chauffage domestique et l'agriculture» y seront ajoutées.
En France, il existe un régime de déclaration annuelle obligatoire de certaines émissions polluantes et des déchets (par exemple pour les installations classées pour la protection de l'environnement et les exploitants de station d'épuration d'eaux urbaines.
Au niveau local, des Samu de l'environnement se créent en France, dont l'objectif principal est de fournir des laboratoires mobiles capables de mesurer rapidement et sur site pollué plusieurs centaines de paramètres physico-chimiques et biologiques.
Rôle des indicateurs
L'étude de l'impact d'un polluant relève du domaine de l'écotoxicologie. Il est cependant difficile de mesurer l'impact de polluants multiples agissant en synergies, comme cela est le cas par exemple pour le syndrome d'effondrement des colonies d'abeilles. L'application de l'écotaxe ou du principe pollueur-payeur a nécessité que l'on crée des indices de pollution. L'une des unités retenues en France est le métox, mais uniquement pour huit polluants de type métaux et métalloïdes (arsenic, cadmium, chrome, cuivre, mercure, nickel, plomb et zinc).
Les 10 sites les plus pollués au monde
La Croix verte internationale, en collaboration avec le Blacksmith Institute, a rendu un rapport en 2013, concernant les 10 sites les plus pollués au monde, se trouvant dans 8 pays. Ces lieux pollués menacent gravement la santé de centaines de milliers de personnes par inhalation directe, ingestion d'aliments ou contact cutané. Parmi ces sites, figurent :
Le fleuve Matenza-Riachuelo en Argentine. Sur ** kilomètres, quelque 5 000 industries déversent leurs déchets entre Buenos Aires et le Rio de la Plata. Plus de 20 000 personnes, la plupart vivant dans des bidonvilles, y respirent des composés organiques volatils (VOC), dont le toluène ;
Les tanneries du cuir au Bangladesh, en particulier à Hazaribagh. 160 000 personnes sont concernées par des installations vétustes ;
Le fleuve Citarum, en Indonésie. Plus de 500 000 personnes, cinq millions indirectement, sont exposées à plusieurs produits chimiques (plomb, cadmium, chrome, pesticides) ;
Les mines d'or de la province de Kalimantan en Indonésie. 225 000 personnes sont exposées au mercure ;
La décharge géante de matériel électronique d'Agbogbloshie, dans la banlieue d'Accra au Ghana. 40 000 personnes sont exposées à la pollution au plomb, au mercure et au cadmium ;
La pollution du sol liée au pétrole dans le delta du Niger au Nigeria ;
Les résidus en plomb de l'exploitation de mines (aujourd'hui fermées) à Kabwe, la seconde ville de Zambie ;
La ville de Dzerjinsk (Russie), centre de l'industrie chimique. Entre 1930 et 1998, quelque 300 000 tonnes de produits chimiques ont été traitées de manière impropre. Des traces de 190 produits toxiques y ont été identifiées dans la nappe phréatique, menaçant quelque 300 000 personnes ;
La ville de Norilsk, en Sibérie (Russie), par l'extraction du nickel et du cuivre qui provoque une pollution de l'air ;
La centrale nucléaire de Tchernobyl en Ukraine. Dix millions de personnes sont toujours les victimes potentielles de l'explosion du réacteur nucléaire qui a eu lieu le 26 avril 1986.
Aspects nationaux
En France
Si la loi Laure précise que la source de pollution est l’activité humaine, il existe des sources de gaz toxiques naturelles tels que le volcanisme, cause de gigantesques émissions dans certaines régions. La pollution urbaine est engendrée essentiellement par les activités humaines : déplacements, distribution d’essence, usines, chauffages, incinérateurs… Les sources humaines polluantes sont surtout concentrées en milieu urbain, là où les populations exposées aux conséquences sont elles-mêmes concentrées. À Paris, ville très peu industrialisée, la pollution est due principalement aux transports automobiles et pour une petite partie aux activités fixes (usines, chauffages, incinérateurs).
Qualité de l'eau
La loi n 92-3 sur l'eau du 3 janvier 1992 vise une gestion globale de la ressource en eau et des milieux aquatiques. Elle s'appuie sur des principes de partage de cette ressource entre les usagés et de protection des écosystèmes. Elle soumet à un régime de déclaration et d'autorisation (selon le même principe que la réglementation sur les I.C.P.E) certaines installations, ouvrages et travaux entraînants un prélèvement sur les eaux superficielles ou souterraines, une modification du niveau ou du mode d'écoulement des eaux ou un rejet. La Mission Inter-Service de l'Eau (MISE), regroupement départementale des services de l'État (DDASS, DDAF, DDE, DRIRE, DIREN…) est chargée d'assurer la police de l'eau.
Afin de permettre une gestion équilibrée de l'eau, la France a été découpée en six bassins versants hydrogéographiques principaux. Sur chacun de ces bassins les modalités de cette gestion sont définies dans un Schéma directeur d'aménagement et de gestion des eaux (SDAGE). Ce document se développe en trois points : un état des lieux des milieux aquatiques, et des ressources ; les objectifs de gestion, de qualité et de quantités à atteindre ; et les mesures à prendre pour satisfaire ces objectifs.
Afin de permettre une gestion plus proche des exigences locales, un outil à l'échelle de plus petites unités hydrogéographiques (sous-bassins) a été mis en place : le Schéma d'aménagement et de gestion des eaux (SAGE).
Qualité de l'air
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Qualité de l'air extérieur
Qualité de l'air intérieur Depuis le 1 janvier 2012 Les bâtiments accueillant du public doivent contrôler régulièrement les moyens de ventilation et la qualité de l'air intérieur. De nombreuses avancées ont vu le jour notamment dans les habitations grâce à la ventilation mécanique par insufflation qui permettent de réduire considérablement la pollution de l'air intérieur.
Autres
La réglementation sur les installations classées vise à réglementer les installations susceptibles de présenter un danger pour l'environnement, le voisinage ou la personne. Ces installations appelées ICPE (Installations Classées pour la Protection de l'Environnement), répertoriées dans une nomenclature, sont tenues avant leur mise en activité ou avant un changement ou une diversification de leur activité de présenter un dossier en préfecture répertoriant toutes les nuisances qu'elles sont susceptibles de provoquer et les moyens qu'elles comptent mettre en œuvre pour les prévenir et les réparer le cas échéant. Les activités ainsi répertoriées sont soumises soit à une simple déclaration (dépôt du dossier) soit à une autorisation pour les installations présentant les risques les plus importants. La déclaration doit tout de même faire l'objet d'un récépissé attestant que le dossier est complet et conforme à la législation.
Des taxes et redevances sont dues pour certaines pollutions, en vertu du principe du pollueur-payeur, qui fait assumer la charge financière de la prévention, de la réduction et de la lutte contre la pollution au pollueur. Dans cette optique, les équipements et produits polluants sont plus taxés (par des écotaxes) que des produits dits écologiques. Une redevance pour pollutions diffuses est par exemple versées par les distributeurs de pesticides et de semences pré-enrobées. L'assiette de cette redevance est basée sur une liste de substances actualisée chaque année en fonction des évolutions de la connaissance ou de la réglementation. Des incitations financières, comme des réductions d'impôts, visant à promouvoir le développement des énergies renouvelables sont appliquées. Et lors d'une catastrophe écologique (comme une marée noire), le pollueur est censé assumer le nettoyage des zones contaminées.
En Chine
En Chine, la qualité de l’air ne respecte pas les normes de l’Organisation mondiale de la santé dans 495 des 500 plus grandes villes du pays ; un cinquième des terres cultivables sont polluées, selon un chiffre officiel longtemps caché par l’État, et très probablement sous-évalué ; la qualité de l’eau est aussi très mauvaise : près d’un tiers des rivières sondées par le ministère de l’Environnement contiennent des eaux considérées comme dangereuses pour le simple contact avec la peau. Une nouvelle loi de protection de l’environnement va entrer en vigueur en 2015, avec des amendes quotidiennes, et nettement plus dissuasives qu’auparavant, pour les pollueurs, ainsi que des inspections pour vérifier les émissions de polluants des usines ; 180 sociétés, souvent de grands groupes d’État, se sont vu intimer l’ordre de publier quotidiennement leurs niveaux d’émission de polluants.
Pour les religions
Position de l'Église catholique romaine
Ce ballon de baudruche en latex synthétique sera difficilement biodégradé dans les branches de cet arbre. Il s'agit donc d'une pollution.
La pollution de l'environnement a été évoquée comme une forme moderne du péché par M Gianfranco Girotti, régent de la Pénitencerie apostolique, le 9 mars 2008. Ces nouvelles formes modernes de péché qu'il a citées ne sont néanmoins pas de nouveaux péchés capitaux, M Gianfranco Girotti a notamment insisté sur la définition collective du péché, alors que l'accent est traditionnellement mis sur la dimension individuelle : « Alors que le péché concernait jusqu’à présent plutôt l’individu, aujourd’hui, il a une résonance sociale, en raison de la mondialisation ».