Iconographie chrétienne du miracle
Un miracle désigne un fait extraordinaire, positif, et réputé non explicable scientifiquement. Il est vu comme surnaturel, attribué à une puissance divine et accompli soit directement, soit par l'intermédiaire d'un serviteur de cette divinité. Il s'agit d'une notion religieuse définie par rapport à la science.
Sens courant
Une autre métonymie est le sens actuel du mot miracle. Un miracle selon l'entendement commun étant à la fois mémorable, incroyable et bénéfique, on dit d’une personne qu’elle accomplit des miracles quand elle produit un haut-fait, quelque chose considéré comme très difficile.
Par un affaiblissement sémantique encore plus poussé, un tel « miracle » peut simplement être une action très utile et relativement difficile.
Différentes connotations du mot
Bien que l’on entende souvent par miracle les miracles de Dieu, dans la religion abrahamique, n’importe quelle divinité peut effectuer des miracles. On pense notamment aux divinités des religions polythéistes comme les religions grecque, scandinave ou pré-colombiennes. Cependant, il semble que l’émerveillement soit plus spécifiquement associé aux religions monothéistes : pour les religions antiques, les miracles, tout surnaturels qu’ils soient, ne sont pas inhabituels.
Un autre sous-entendu est qu’un miracle est forcément « bénéfique ». Là encore, dans une optique d'un Dieu bon, c’est généralement le cas. Les miracles censément accomplis par Jésus de Nazareth (résurrection de Lazare, multiplication des pains...) sont ceux qui sont les plus familiers aux chrétiens. Dans le monde musulman, la venue du Coran sur terre est un miracle, ou bien encore le voyage nocturne de Mahomet. Cependant, un miracle peut très bien être négatif, comme les plaies d’Égypte ou le Déluge, pour rester dans les religions abrahamiques. Quant aux « miracles » (s’ils ne sont jamais appelés ainsi, techniquement, c’en sont) des dieux grecs, ce sont rarement des interventions véritablement bénéfiques (que l’on parle de la transformation d’Arachné en araignée pour cause d’hubris, ou d'égarement en mer d’Ulysse par Poséidon ou même de la métamorphose de Narcisse en narcisse).
Sens chrétien
Les premiers miracles au sens chrétien ont été faits par Jésus et les apôtres, et sont relatés dans le Nouveau Testament. Les noces de Cana sont les premiers mentionnés.
Trois signes définissent le miracle :
c'est un fait prodigieux ;
d'ordre surnaturel, qui manifeste une intervention spéciale et gratuite de Dieu ;
adressant aux hommes un signe sensible de sa présence dans le monde.
Fait prodigieux : contraire aux lois de la nature, et donc par définition Dans la religion catholique, le miracle ne se limite pas à sa composante extraordinaire et inexplicable par la connaissance scientifique : de tels phénomènes extraordinaires peuvent (dans cette interprétation) être obtenus par des actions de magie ou de théurgie, sans qu'il y ait un miracle au sens propre. Pour le catholicisme, le miracle est l'intervention directe de la puissance de Dieu. Ceci exclut l'intervention de puissances intermédiaires d'esprits ou de démons, qui peuvent également provoquer des phénomènes inexplicables sous forme de phénomènes paranormaux.
Pour pouvoir parler de miracle, il faut en principe montrer que le phénomène extraordinaire constaté a eu un effet conforme au plan de Dieu. Le miracle se caractérise donc avant tout par son effet par rapport à l'avancement de la foi : si l'effet a été positif, il est possible de parler de miracle. Inversement, si l'effet est négatif, le phénomène extraordinaire sera interprété comme l'intervention possible d'un esprit, mais non comme l'intervention effective de Dieu.
Dans la religion protestante et dans le Christianisme évangélique, le miracle sert à authentifier, confirmer la foi du croyant ou à confirmer que son message est vrai (conforme à l'écriture biblique).
« Voici les miracles qui accompagneront Ceux qui auront cru... Le Seigneur travaillait avec eux, Et confirmait la Parole par les miracles qui l’accompagnaient. (Évangile de Marc 16 / 15 à 20). »
La Bible différencie le miracle de la « guérison ». Si la guérison est instantanée, on parlera alors de miracle. Avec une manifestation plus tardive, c'est le mot guérison qui prendra plus de sens.
Textes bibliques au sujet des miracles
Marc 16, 15-20 : Jésus leur dit : « Allez par le monde entier, prêchez l'Évangile à toute la création... Voici les miracles qui accompagneront ceux qui auront cru : en mon nom ils chasseront les démons, ils parleront des langues nouvelles, ils empoigneront des serpents, et s'ils boivent quelque poison, il ne leur fera aucun mal ; ils imposeront les mains aux malades, et ceux-ci en seront guéris... Ils s'en allèrent prêcher partout, le Seigneur les assistant dans leur travail, et confirmant leur parole par les miracles qui l'accompagnaient. »
Luc 16, 31 : « S'ils n'écoutent pas Moïse et les Prophètes, même si un mort ressuscitait, ils ne se laisseraient pas persuader ».
Jean, 14, 12-13 : « En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui croit en moi fera aussi les œuvres que je fais, et il en fera de plus grandes, parce que je m'en vais au Père, et que tout ce que vous demanderez au Père en mon nom, je le ferai, afin que le Père soit glorifié dans le Fils. »
Actes 3, 11-16 : La guérison d'un infirme totalement invalide ; les apôtres expliquent que c'est Dieu qui agit : « L'homme ne lâchait plus Pierre et Jean. Tout le peuple accourut vers eux à l'endroit appelé colonnade de Salomon. Les gens étaient stupéfaits ; voyant cela, Pierre s'adressa au peuple : « Hommes d'Israël, pourquoi vous étonner ? Pourquoi fixer les yeux sur nous, comme si nous avions fait marcher cet homme par notre puissance ou notre sainteté personnelles ? Le Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob, le Dieu de nos pères, a donné sa gloire à son serviteur Jésus... Dieu l'a ressuscité d'entre les morts, nous en sommes témoins. Tout repose sur la foi au nom de Jésus : c'est ce nom qui a donné la force à cet homme, que vous voyez et que vous connaissez ; oui, la foi qui vient de Jésus a rendu à cet homme une parfaite santé en votre présence à tous ». »
Église catholique
Pluie de sang en Provence en juillet 1608.
Dans la religion catholique, le miracle ne se limite pas à sa composante extraordinaire et inexplicable par la connaissance scientifique : de tels phénomènes extraordinaires peuvent (dans cette interprétation) être obtenus par des actions de magie ou de théurgie, sans qu'il y ait un miracle au sens propre. Pour le catholicisme, le miracle est l'intervention directe de la puissance de Dieu. Ceci exclut l'intervention de puissances intermédiaires d'esprits ou de démons, qui peuvent également provoquer des phénomènes inexplicables sous forme de phénomènes paranormaux.
Pour les catholiques, il y aurait peu de miracles en Occident latin (250 récits de miracles depuis le début du christianisme) ; à quelques rares exceptions près comme Lourdes, les stigmates ou les apparitions de la Vierge, force est de constater que les miracles sont rapportés surtout dans les pays du Sud et les sociétés pauvres.
Le terme miracle peut être utilisé de façon plus ou moins stricte. Ce qui est considéré par certains comme un miracle peut ne pas l'être par d'autres. Par exemple, une photo miraculeuse pourra (et devra) être considérée comme un miracle par celui qui a pris la photo et ses proches, mais ne pourra pas nécessairement l'être par des gens qui ne savent pas qui a pris la photo.
Au xix siècle, les catholiques s'imaginaient qu'un miracle irréfutable obligerait n'importe quel sceptique à se convertir. C'est pourquoi on a eu tendance à rendre de plus en plus rigoureux l'examen pour l'approbation d'un miracle, au point de rendre les choses très difficiles. Et une attitude hyper-critique s'est fait jour dans l'Église : "Devant un fait troublant, l'hypothèse la plus invraisemblable paraît préférable à la simple supposition d'une intervention surnaturelle" (G. Morand). Et Georges Morand de s'étonner que malgré le durcissement extrême, on trouve encore des miracles qui, comme à Lourdes, arrivent quand même à passer toutes les épreuves.
Reconnaissance officielle des miracles
La reconnaissance officielle des miracles ne s'applique pas à tous les types de miracles ; bien des miracles n'en ont pas besoin, n'importe qui est capable de le constater : voir par exemple dans l'Évangile la guérison de l'aveugle-né, ou dans les Actes celle de l'infirme par Pierre et Jean.
Quelques exemples de miracles : Miracles eucharistiques, bilocations, lévitations (le fait de se soulever miraculeusement au-dessus du sol ; phénomène qui peut être imité par le démon, voir le cas du magicien Elymas dans les Actes des Apôtres 13, 8, qui s'est élevé dans les airs avant de retomber se fracasser sur le sol). Le miracle du soleil qui a dansé, annoncé plusieurs mois à l'avance, et vu par 70 000 personnes à Fátima le 13 octobre 1917. Ce miracle se serait produit plus récemment et à de nombreuses reprises dans quelques lieux d'apparitions mariales, par exemple à El Escorial (et aussi les Apparitions mariales de Međugorje, controversées, et qui font l'objet depuis plus d'un an d'une commission d'enquête du Saint-Siège, laquelle comprend notamment six cardinaux).
Église évangélique
Pour les chrétiens évangéliques, le miracle fait partie du quotidien, car tout évènement positif est vécu comme un don de Dieu. Les guérisons, les succès professionnels ou scolaires, la naissance d'un enfant après plusieurs tentatives, l'obtention d'un visa pour l'étranger, etc., sont des exemples tangibles de l'intervention de Dieu dans la vie du croyant. Le mouvement charismatique accorde également une grande place pour les guérisons miraculeuses lors des réunions d'Église ou pour des campagnes d'évangélisation. Le missionnaire chrétien américain T.L Osborn, est un exemple de cette emphase. Les théologiens évangéliques différencie le miracle de la « guérison ». Si la guérison est instantanée, on parlera alors de miracle. Avec une manifestation plus tardive, c'est le mot guérison qui prendra plus de sens.
Jn 3:3 Jésus lui répondit: «En vérité, en vérité, je te le dis, si quelqu'un ne naît pas de nouveau, il ne peut voir le royaume de Dieu.»
Pour les évangéliques, les miracles sont toujours possible aujourd'hui, et ils sont également liés à la foi du croyant, selon la Parole et selon la volonté de Dieu (Marc 9:23; 1Jean 5:14). Selon eux, le plus grand des miracles, est celui expliqué par Jésus dans Jean 3:3; la nouvelle naissance.
Chaque croyant peut reconnaitre la présence de Dieu en lui, et voir l'action du St-Esprit dans sa vie. En effet, Jésus a dit que Dieu répondrait aux prières de Ses enfants, plus qu'un Père est bon avec ses propres enfants (Mt 7:11).
Discernement des miracles
Selon les chrétiens évangéliques, la bible est le guide de discernement. Ainsi les miracles sont opérés en priant Dieu, par le nom de Jésus afin d'amener quelqu'un à se rapprocher du Seigneur (Jn 14:13). Jn 14,13
Selon eux, les miracles peuvent avoir deux origines ; divine ou satanique. Plusieurs exemples bibliques sont relatés.
L'exemple de la verge changée en serpent par Aaron imitée par les magiciens d'Egypte de Pharaon (Exode 7:10-11).
L'avertissement de Jésus : « Beaucoup me diront ce jour-là: 'Seigneur, Seigneur, n'avons-nous pas prophétisé en ton nom? N'avons-nous pas chassé des démons en ton nom? Et n'avons-nous pas fait beaucoup de miracles en ton nom?' Alors je leur dirai ouvertement: 'Je ne vous ai jamais connus, éloignez-vous de moi, vous qui commettez l'injustice. » (Matthieu 7:22-23)
L'avertissement de Paul en 2 Thessaloniciens, verset 9 et 10 : « La venue de cet impie se fera par la puissance de Satan, avec toutes sortes de miracles, de signes et de prodiges mensongers, et avec toutes les séductions de l'injustice pour ceux qui périssent parce qu'ils n'ont pas accueilli l'amour de la vérité pour être sauvés. »
Selon les théologiens, les miracles attribués à Marie ou aux saints ne permettent pas de rapprocher quelqu'un vers le Dieu de la bible. Ainsi ils ne peuvent être d'origine divine, selon les paroles de Jésus: "Car il s'élèvera de faux christs et de faux prophètes ; ils feront de grands prodiges et des miracles, au point de séduire, s'il était possible, même les élus. Voici, je vous l'ai annoncé d'avance" (Matthieu 24:24-25).
Dans 2 Corinthiens 11:14, Paul ajoute: " Cela n'est pas étonnant, puisque Satan lui-même se déguise en ange de lumière."
Dans Colossiens 2:18, il continue sur le sujet: "Que personne, sous une apparence d'humilité et par un culte des anges, ne vous ravisse à son gré le prix de la course; tandis qu'il s'abandonne à ses visions, il est enflé d'un vain orgueil par ses pensées charnelles."
Le miracle en ésotérisme
En ésotérisme / occultisme s'opposent deux concepts :
le miracle, produit par le biais de la théurgie. C’est le pouvoir de la religion, du prêtre ;
le prodige, produit par le biais de la thaumaturgie. C’est le pouvoir de la magie, du mage/magicien/sorcier.
Dans les deux cas, une explication scientifique est largement accessoire. Le miracle vient « d’en haut », alors que le prodige vient d’en bas. Si dans un sens courant, on dit d’un thaumaturge qu’il « accomplit des miracles », c’est par définition incorrect : il accomplit des prodiges (il s’agit d’une métonymie). Seul un être divin ou son représentant (son « conduit ») peut accomplir un miracle. Bahram Elahi explicite la distinction entre miracles et prodiges dans La Voie de la perfection : « Les premiers procèdent d’un don divin alors que les seconds sont le fruit d’un savoir et de longues préparations, permettant d’exploiter certaines énergies [...] Ainsi, il est à la portée de tout un chacun de réaliser, au moyen d’une longue préparation par des techniques particulières (ascèses, méditation, techniques occultes ou autres), des prodiges tels que communiquer par la pensée... Mais ce genre de pouvoirs relève du paranormal, et non du Divin. »
Critique du miracle
Comme pour tout phénomène surnaturel, l'existence avérée des miracles est un sujet de litige entre croyants (religieux ou ésotéristes) et rationalistes pour lesquels il s'agit de phénomènes naturels que les connaissances contemporaines du « miracle » ne pouvaient expliquer ou d'interventions habiles et subtiles aussi explicables qu'un tour de magie.
Le philosophe David Hume est l'un des premiers à mettre en doute les témoignages concernant les miracles, contraires à toute expérience, en raison de leur improbabilité. Le sociologue Gérald Bronner, en travaillant statistiquement sur les travaux de Brendan O'Regan et Caryle Hirshberg, n'obtient pas de différences statistiques significatives entre les miracles de Lourdes et les rémissions spontanées en milieu hospitalier (soit 1 cas pour 350 000).
Ernest Renan écrivit : « C'est au nom d'une constante expérience que nous bannissons le miracle de l'Histoire. »
D'après l'historien Thierry Murcia, la plupart des miracles thérapeutiques relatés dans le Nouveau Testament s'expliquent naturellement ou médicalement. Concernant la nature des pathologies qui y sont présentées, le texte poserait des problèmes de traduction et Jésus aurait eu des connaissances médicales dont il serait servi pour guérir les malades venus le trouver.
Cette critique rationaliste utilise fréquemment les ressources de l'ironie, François Cavanna faisant par exemple remarquer qu'« on voit des aveugles recouvrant la vue ou des muets la parole, mais qu'aucun amputé n'a jamais vu repousser ses jambes ».
On trouve sur internet des sites humoristiques présentant de pseudo-miracles.
D'après un sondage de l'IFOP effectué en 2004, 42 % des Français croyaient aux miracles.
Selon un sondage de l'institut TNS-Sofrès réalisé en face-à-face les 6 et 7 juillet 2006 auprès d'un échantillon de 1 000 personnes représentatif de la population, selon la méthode des quotas, 35 % des Français affirment croire aux miracles. 62 % des personnes interrogées ne croient pas aux miracles et 3 % n'ont pas d'opinion sur le sujet, 31 % y voient « un phénomène que l'on ne peut expliquer », 27 % « un événement heureux auquel on ne s'attendait pas » et seulement 8 % « une intervention de Dieu ».
Dans le sikhisme
La population sikhe a tendance à croire aux miracles comme aux rituels de bonne fortune. Dans certains récits hagiographique de Guru Nanak, le gourou fondateur du sikhisme, (les Janam Sakhi), il y a des miracles. Dans le passé en Inde, des personnes mal intentionnées soutiraient de l'argent aux fidèles contre des guérisons qui devaient être miraculeuses. Guru Nanak, dans les textes du sikhisme, dit que seul le fait que Dieu existe est un miracle. Le concept de l'intervention divine sur un être pour des raisons mineures est rejeté. Le dharma, le karma sont les valeurs mises en avant.
Dans les milieux protestants
Dans les milieux protestants, le miracle est souvent associé au charisme d'un prédicateur. C'est le cas, de l'évangéliste américain T.L Osborn, surnommé par certains médias français, « L'homme qui fait marcher les croyants », par d'autres journalistes, « Le pasteur miracle ». Le ministère de cet homme a débuté en France dans le début des années 1960, touchant en majorité la communauté gitanes et tziganes.