Déforestation par brûlage, pour mise en culture, Sud du Mexique.
Image satellite montrant l'état relativement déboisé du plateau du Korat et de la plaine centrale de Thaïlande par rapport aux territoires voisins.
Culture de caféiers, au détriment de la jungle australienne du Queensland, ici à Kuranda, vers 1900.
Quand il n'y a ni route, ni fleuve à proximité, ou pour échapper à la surveillance des satellites, le bois peut être découpé sur place, à la tronçonneuse, puis utilisé sur place ou transporté sous forme de planches, à dos d'homme.
La déforestation est le phénomène de régression des surfaces couvertes de forêt. Elle résulte des actions de déboisement puis de défrichement, liées à l'extension des terres agricoles, à l'exploitation des ressources minières du sous-sol, à l'urbanisation, voire à l'exploitation excessive ou anarchique de certaines essences forestières. Il est cependant important de bien définir ce qu'est la déforestation. La déforestation est une action de nature anthropique ou naturelle qui occasionne la disparition permanente d'une forêt. On accuse souvent à tort les entreprises forestières de faire de la déforestation alors que ce sont davantage l'urbanisation, l'agriculture et le développement hydroélectrique qui en sont habituellement les plus responsables. Lorsqu'une forêt repousse après coupe, une épidémie d'insectes ou un feu, il ne s'agit pas de déforestation.
La déforestation n'est pas un phénomène récent. Elle était déjà signalée par certains chroniqueurs de l'Antiquité, mais elle a pris des proportions et une rapidité jamais atteintes. On pensait jusqu'à maintenant que l'Amérique du Nord avait échappé à ce phénomène. On croyait que les grandes prairies de l'ouest canadien étaient d'origines naturelles. On sait maintenant que les premières nations utilisaient le feu pour entretenir régulièrement ces vastes pâturages et empêcher la forêt de s'y installer.
En termes de volume de bois, dans le monde de 2000 à 2010, plus de 100 millions de mètres cubes de bois auraient été illégalement coupés par an, soit de quoi faire dix fois le tour de la planète en couchant bout à bout les troncs coupés. En termes financiers, les pays en développement ont été privés d'un revenu annuel d'environ 10 milliards de dollars (USD). En termes de surface, la déforestation actuelle concerne essentiellement les forêts tropicales, et rien que pour les coupes illégales, ce sont vers 2010 environ 5 millions d'ha de forêt qui sont coupés par an. En termes de réchauffement climatique, en 2005, l'ONU et la FAO ont qualifié d’« alarmante » la déforestation qui serait aussi responsable de 12 % ou 18 à 20 % des émissions de gaz à effet de serre.
La moitié des forêts de la planète a ainsi été détruite au cours du XX siècle. La lutte contre le déboisement est l'une des priorités retenues pour le Sommet de la terre lors de la Conférence des Nations unies sur l’environnement et le développement (Rio de Janeiro, 3-14 juin 1992) Rapport de la Conférence des Nations unies sur l’environnement et le développement, voir Chapitre 11 ; Lutte contre le déboisement.
Chiffres notables
Selon la FAO , environ 13 millions d’hectares de forêts disparaissent annuellement sur Terre. C'est l'équivalent de la surface de l'Angleterre, soit 40 terrains de football par minute. C'est l'équivalent en surface de 86 % de la forêt française qui disparaît ainsi chaque année.
Recul des forêts primaires : sur la base des chiffres officiels envoyés par chaque états, le rapport FRA 2005 de la FAO conclut qu'à la suite de la déforestation ou de coupes sélectives, les plantations artificielles d'arbres ont encore augmenté, couvrant en 2005 près de 5 % des superficies boisées du monde ; les forêts primaires ou faiblement anthropisées ne constituent plus en 2005 que 36 % de la superficie forestière mondiale, continuant à disparaître ou être modifié à raison de 7,3 millions d’hectares par an.
Devenir des terrains : une partie des coupes sera suivie d'une régénération forestière, souvent lente ou médiocre, une autre partie sera plantée d'arbres de rentes (eucalyptus, palmier à huile, hévéa, cacaoyer, théier, caféier..) mais en Amazonie, la plus grande partie est transformée en culture de soja et ailleurs en champs (environ 75 % des pertes forestières sont dues à l'expansion agricole). En zone tropicale, ces champs se dégradent rapidement, pour évoluer vers une savane ou la désertification.
Perte de biodiversité : Olfield suggérait en 1998 que près de 10 % des espèces d'arbres connues, soit environ 7 000 espèces, sont menacées d'extinction à court ou moyen terme (essentiellement en zone tropicale), et pour chaque espèce, c'est une richesse génétique plus grande encore qui est perdue. Une enquête de la FAO portant sur les ressources forestières mondiales montre que, même si la déforestation reste préoccupante, son rythme a ralenti ces dix dernières années : la déforestation a concerné, en valeur nette (reboisements compris) 5,2 millions d'hectares de surfaces boisées entre 2000 et 2010 contre 8,3 millions entre 1990 et 2000.
Historique
En Europe, le déboisement a été important autour des grandes villes médiévales et de la Renaissance
La déforestation est ancienne. Elle a commencé selon Williams dès la fin de la Préhistoire, avec une nette corrélation spatio-temporelle entre le recul des forêts et la densité de la population humaine en zone tempérée, même si des populations assez denses ont aussi pu localement vivre dans la forêt sans la détruire, en zone tropicale (ex : Amérindiens, populations d'Afrique noire et de l'actuelle Indonésie). Un cas historique étudié et médiatisé a été celui de l'île de Pâques dont la surexploitation par les Pascuans a provoqué la chute de leur culture et de leur population. Un modèle mathématique a établi que leur population n'aurait pas dû dépasser 2 000 habitants pour qu'ils puissent durablement survivre sur l'île sans épuiser la ressource forestière qui leur était indispensable, le palmier.
Un cas emblématique de l'irréversibilité de la déforestation est celui du cèdre du Liban, utilisé de façon intensive pour la construction navale et funéraire par les Égyptiens puis les Perses, les Turcs et les Romains : dès le I siècle les Romains avaient pris conscience de la raréfaction des cèdres et avaient mis en place un système de protection. Il n'en subsiste aujourd'hui que des îlots discontinus.
Europe
Accumulation de bois en amont du Pont Charles de Prague, en 1872. Les fleuves ont été les principaux axes de transport du bois (en radeau), contribuant pour une part à la déforestation de zones situées très en amont au profit des villes, des forges et des fonderies.
La déforestation a accompagné l'homme presque partout où il s'est sédentarisé, l'agriculture restant encore aujourd'hui la principale cause de déforestation suivie de près par le besoin en bois de chauffage. Elle est ancienne. Les feux de défrichement y ont beaucoup contribué. Les haches de silex reconstituées par les préhistoriens se montrent très efficaces, mais c'est surtout le travail des bûcherons et scieurs du Moyen Âge, ainsi que les techniques de transport par flottage du bois qui ont fait reculer la forêt médiévale pour alimenter les forges, les cheminées, les fours, les charbonniers et la construction.
La déforestation menée en France durant le Moyen Âge afin d'étendre les terres agricoles, réduit la forêt à 15% de sa surface à la fin du XIX siècle. En 1850, le défrichement gagne les pentes, jusqu'aux sommets de moyenne montagne. Rapidement les forêts de plaine des zones tempérées d'Asie et d'Europe se dégradent en de pauvres taillis et séparées par de nombreux kilomètres. La déforestation européenne s'est arrêtée lorsque des recherches ont permis de rentabiliser l'extraction du charbon et d'utiliser les énergies fossiles, ce qui favorisa la Révolution industrielle et permit des gains de productivité agricole : la fin du XIX siècle marque alors un tournant, la forêt progressant de nouveau en surface et en volume de bois sur pied.
Les forêts européennes ont été abattues depuis le néolithique. La Gaule du temps de Vercingétorix avait un taux de boisement inférieure à celui de la France actuelle Actuellement, 23 % sont enforestés. Le taux de boisement augmente depuis plus d'un siècle, surtout en moyenne montagne et montagne, mais avec des forêts souvent moins naturelles et écologiquement fragmentées. En France, Colbert (1619-1683) a donné un coup d'arrêt à la déforestation et ordonné la plantation de forêts pour la construction navale, mais les besoins en bois ont causé une exploitation soutenue de la forêt qui au début du XIX siècle, en tant qu'écosystème" était presque totalement détruite. Il a fallu de sévères mesures réglementaires (code forestier de 1827, et les grands reboisement du second Empire 1825-1880, et une loi sur la restaurations des terrains de montagne (1860) pour changer ce que (Chateaubriand) qualifiait d'un « semblant de désert ».
On comprend intuitivement que de nombreux animaux dépendant directement ou indirectement des forêts disparaissent avec elles. Ainsi J. Perrève, ancien procureur du roi et juge qui s'est intéressé au droit de la chasse écrivait en 1845 « Des milliers d'êtres ont disparu depuis que notre sol forestier a si notablement perdu de son ancienne étendue, et la dépopulation progressive du gibier, douloureusement signalée de nos jours, est un des graves inconvénients attachés à l'ardeur immodérée des défrichements. Les cinq sixièmes au moins de ces anciens bois, que nous tenions d'une nature bienfaisante, et qui préparaient d'éternels ombrages à une longue suite de générations, n'existent plus ; il ne nous reste que quelques masses isolées, impuissantes à calmer les feux de la terre embrasée (...) Moins abondant, faute de nourriture et d'asile, le gibier diminue encore progressivement, el sa disparition notable est le résultat non contesté de cet état des choses. Le déboisement des forêts, des plateaux et surtout des revers des montagnes a rendu pauvre et languissante l'épaisse végétation d'autrefois. ».
Afrique
Concernant la France et sa contribution à la déforestation en Afrique, comme le rappelle Gaston Cadoux en 1930 : « La mise en valeur » de ses « richesses forestières coloniales est récente. C'est seulement de 1909 que date l'importation en France, dans un ordre de grandeur appréciable, de nos bois coloniaux. La guerre interrompit brutalement leur progression ; mais, au cours des hostilités, on se rendit compte de l'importance qu'aurait, d'abord pour la reconstitution des régions dévastées, puis pour notre redressement économique, une exploitation plus méthodique des immenses ressources forestières de notre domaine colonial ». C'est en pleine guerre mondiale, en 1917 que le Gouvernement français charge « de se rendre en mission dans nos colonies de l'Ouest africain un conservateur des Eaux et Forêts, M.A. Bertin, en qualité de conseiller technique des colonies. Il devait préparer les cadres d'une classification des essences africaines considérées comme susceptibles d'une exploitation importante et régulière ».
Amériques
Vers 1570, au Brésil, avec des haches importées, les Amérindiens coupent leurs forêts pour les Européens « Come ce peuple couppe et porte le brèsil es navires » ; in Cosmographie universelle illustrée de diverses choses remarquables Vol. 2, André Thevet (franciscain), 1575
Le chef Raoni, un des principaux défenseurs de la forêt amazonienne, contre la déforestation et le pillage des ressources des peuples amérindiens de la forêt.
Avant l'arrivée des Européens aux États-Unis, près de la moitié de la surface des États-Unis était couverte par une forêt primaire.
Dès les débuts de la colonisation, certains s’alarmaient des effets d’un déboisement anarchique dont les effets pèseraient sur les générations futures. Dans la colonie fondée par William Penn en 1681 qui deviendra la Pennsylvanie, l’un des tout premiers États des États-Unis, il était prévu « de laisser un hectare d’arbres pour cinq hectares défrichés ». Ces sages préceptes n’ont pas été écoutés. Le 3 avril 1789, le Dr. Nicholas Collin, recteur des Églises suédoises de Pennsylvanie intervint devant la Société philosophique de Philadelphie et donna lecture d’un « Essai sur les recherches de Philosophie naturelle qu’il serait de l’intérêt des États-Unis d’entreprendre à présent » d’où il ressort que : « nos majestueuses forêts sont un trésor national qui mérite toute la sollicitude du philosophe et de l’homme politique patriote. Jusqu’ici, elles ont été abandonnées à la hache de bûcherons brutaux et sans prévoyance (…) N’est-il pas déplorable de voir que tant de cultivateurs américains détruisent ce dont leurs descendants regretteront amèrement l’absence ? ».
La forêt américaine commença de décroître vers le début du XIX siècle. Un constat des conséquences d’une surexploitation des forêts sera établi notamment par deux Français :
François André Michaux (1770-1855) se plaint dans un ouvrage traitant des arbres forestiers de l’Amérique du Nord que, ni le gouvernement fédéral, ni ceux de chaque État, n’aient conservé des zones boisées. Il en est résulté des effets désastreux, notamment pour l’alimentation en bois de chauffe des villes et la fourniture de bois de construction (raréfaction de la ressource et augmentation des coûts).
Jacques-Gérard Milbert (1776-1840) après avoir parcouru les États-Unis de 1815 à 1822 confirme les réflexions précédentes : « Mais il est un point où dans chaque canton le défrichement doit s’arrêter, si l’on veut, en peu d’années, voir se succéder à un pays verdoyant et fertile, une terre aride et dépouillée.
Exceptée dans sa partie ouest, la forêt était presque effacée de la carte et du paysage au début du XX siècle.
Répartition mondiale
Dans la seconde moitié du XX siècle, les 3 grandes zones de déforestation active, par taille décroissante de surfaces concernées sont : l'Amazonie, l'Afrique équatoriale et la zone Malaisie/Indonésie en Asie. Selon la FAO, c'est en Amérique du Sud que la perte nette de forêts a été la plus élevée de 2000 à 2005 (environ 4,3 millions d’hectares par an).
Les deux premiers pays destructeurs de forêts pour 2000-2005 sont : le Brésil (avec 3,1 millions ha/an détruits (0,6 % de déforestation)) et l'Indonésie, avec 1,8 million ha/an détruit (2 % de déforestation). En 2012, l'Indonésie a abattu près de deux fois plus de forêt vierge que le Brésil, avec 840 000 hectares de forêt abattus.
Près des deux tiers des forêts du monde sont concernées par une forte déforestation depuis deux siècles (le siècle étant un « pas de temps » court pour la reconstitution d'un écosystème forestier qui s'effectue sur plusieurs siècles, voire plus de 1000 ans sur les sols les plus difficiles), avec une aggravation du phénomène principalement dans 8 pays : Australie, Brésil, Chine, Inde, Indonésie, Fédération de Russie, Pérou, République démocratique du Congo. Les États-Unis et le Canada ont stabilisé la déforestation, mais la forêt y a souvent été très artificialisée. Ailleurs, comme en Europe et au Japon, la forêt est stable ou gagne de la surface (en Suisse et en France notamment), mais elle perd de sa qualité en termes de biodiversité et surtout d'intégrité écologique, en particulier à cause de la fragmentation écologique par les routes et des plantations d'essences de rentes. Par ailleurs, ces derniers pays contribuent à la déforestation en étant parmi les premiers importateurs de tabac, de bois tropicaux et de soja (cultivé à la place de forêts tropicales détruites).
Évolutions récentes et déclarations contradictoires : À titre d'exemple, mi-2007, le ministère brésilien de l'environnement annonçait un « net recul » de la déforestation amazonienne (d'un tiers au cours des douze mois précédents, pour retrouver un niveau plus bas (équivalent à celui depuis les années 1970), mais 6 mois plus tard, l’Institut National Brésilien pour la Recherche Spatiale, concluait de l'analyse des images satellitaires que le rythme de la déforestation s’est à nouveau fortement accéléré les six derniers mois de 2007 en Amazonie, avec une perte d'au moins 3 200 km d'août à décembre 2007. Les analyses provisoires donnent les pertes ci-dessous :
Même sur de fortes pentes, les cultures de thé et de café ont contribué au recul de la forêt (Malaisie).
Déforestation mesurée par images satellitaires en Amazonie août 2007 243 km septembre 2007 611 km octobre 2007 457 km novembre 2007 974 km décembre 2007 948 km
C'est la première fois qu'une déforestation si rapide est mesurée à cette période de l'année. L'explication en serait l'explosion de la demande en agrocarburants. Selon le gouvernement brésilien, 80 % de la déforestation de l'Amazonie serait imputable à l'élevage de bétail. Quant à la déforestation de l'Indonésie, elle serait plutôt liée à la demande en huile de palme.
Le Brésil possède 63 % du bassin amazonien, soit 4,1 millions de km² ; l'Amazonie brésilienne a déjà perdu 700 000 km² de forêt, dont 18 % au cours des trente dernières années. Alors que les taux annuels de déforestation en Amazonie avaient diminué depuis plusieurs années, ils ont augmenté de 28 % entre août 2012 et juillet 2013 ; les États où la hausse de la déforestation a été la plus forte, le Mato Grosso et le Pará, sont ceux où l'exploitation forestière illégale est la plus importante : d'après des données satellite, 78 % de la production du Pará, premier producteur et exportateur de bois de l'Amazonie brésilienne, était illégale, et 54 % pour le Mato Grosso, deuxième producteur et exportateur.
Causes
Les causes principales de la déforestation actuelle sont humaines. Un rapport du député Jacques Le Guen estime que la crise forestière mondiale est avant tout une crise de surconsommation : la mondialisation de l’économie expose les forêts tropicales à la pression du marché international. La conversion actuelle des forêts tropicales pour des cultures d’exportations constitue un accaparement indirect des terres par les pays industrialisés et ceux en transition (Chine, Inde).
Activités humaines
Les routes principales, puis secondaires, plus faciles que les fleuves sont les premiers axes de pénétration, de morcellement et de déforestation (ici en Amazonie). Les trouées suivent un « motif » caractéristique en « arêtes de poisson »
L'homme interfère depuis très longtemps avec la forêt, mais ses impacts deviennent plus important de par les armes (ex : fusil de chasse) et moyens techniques qu'il a récemment acquis (tronçonneuse, engins forestiers lourds, génie routier, etc.). Plusieurs thèmes sont récurrents dans la littérature :
Les cultures : Dans les années 1990, près de 70 % des zones déboisées ont été converties en terres agricoles. La déforestation en zone tropicale est causée principalement par l'élevage de bétail, la culture du tabac, du soja et du palmier à huile. En 1990, 75 % des terres déboisées, en Amazonie, étaient utilisées pour l'élevage. 16 % de la forêt amazonienne a été convertie en surface de culture pour le soja. Des effets pervers et différés existent aussi via par exemple la consommation dans les pays développés (de bétail ou de volaille, nourris par le soja cultivé au Brésil), ou le développement des agrocarburants (Brésil notamment).
L'élevage : Le surpâturage par le bétail détruit la végétation puis empêche sa régénération. Les bœufs brésiliens, par exemple, empiètent largement sur la forêt. Ruth DeFries (en), professeur au Earth Institute (en) de l’Université Columbia, et son équipe ont étudié les facteurs qui peuvent avoir un impact direct sur la déforestation. À partir de caractérisations d’images satellites d’étendues forestières situées en Afrique, en Amérique latine et en Asie, ils ont mis en lumière une corrélation assez évidente entre le phénomène de la déforestation et l’expansion urbaine ainsi que l’exportation agricole dans ces régions. Selon l’analyse faite par DeFries et son équipe du Earth Institute, la croissance de la population en milieu rural n’a, à aucun moment, montré de lien évident avec la déforestation. En fait, l’amélioration continuelle du niveau de vie dans les grands villes favorise grandement la déforestation, puisque davantage de terres sont consacrées à l’élevage et à la production de nourriture nécessaire pour nourrir les animaux.
Les incendies de forêt, comme ce fut le cas à Kalimantan (Bornéo) où 3,5 millions d'ha ont brûlé, ou en 1987 en Chine où 1,3 million d'ha ont disparu en fumée.
le bois de feu : dans les pays en voie de développement les trois quarts du bois servent de combustible utilisé dans des installations peu efficientes ; ceci a causé la déforestation presque totale d'Haïti. En zone sahélienne, la demande en charbon de bois est importante. Au sud de l'Afrique, plus de 140 000 hectares de terrains boisés indigènes disparaissent chaque année pour fournir du bois pour le séchage du tabac ; c'est 12 % de la déforestation annuelle totale de la région ;
la protection foncière et réglementaire : L'absence de protection légale, ou son non-respect, ou le recul des protections traditionnelles (forêts sacrées...) exacerbent le risque de déforestation ;
L'absence de gouvernance et de plans de gestion à long terme : Elle facilite la disparition et la dégradation des forêts : l'exploitation dépasse souvent la capacité de régénération naturelle ;
Le marché du bois : L'exploitation anarchique et illégale des ressources forestières du Sud est encouragée par les besoins locaux en bois de construction et bois de feu, mais aussi par la consommation de papier, bois et meubles ne garantissant pas une provenance légale ni une bonne gestion forestière au Nord, dont maintenant en Chine . La part de responsabilité du commerce et de l'exploitation du bois fait débat ; ainsi, la contribution directe du marché international des bois tropicaux ne serait pas dominante en termes d'impact direct en Amazonie, Asie et Afrique. Ex : Le prélèvement de bois d'exportation au Cameroun serait d'environ 1 tige/ha (soit 10 à 15 m³) par 30 ans (en Afrique il faut souvent parcourir l'équivalent de 6 terrains de football pour trouver un arbre intéressant pour le marché international, qui ne prélève qu'une faible part des essences tropicales, mais en contribuant néanmoins à la fragmentation forestière via les pistes nécessaires à l'exploration et au débardage, qui peuvent ensuite être utilisées pour un déboisement illégal, le brûlis, la chasse de viande de brousse, etc.
L'urbanisation et l'artificialisation des forêts : Un nombre croissant de forêt sont sous influence urbaine. Les dernières zones naturelles boisées sont de plus en plus fragmentées et mitées. Les forêts secondaires exploitées le sont aussi en raison notamment de certaines normes sylvicoles récentes et formes plus intensives d'aménagement forestier (véritables remembrements parcellaires organisés autour d'un réseau dense de voies forestières, éventuellement élargies) qui ajoutent leurs effets à ceux d'autres infrastructures (autoroutes, routes forestières…). Des creusements de canaux et des centaines de grands barrages hydroélectriques construits depuis quelques décennies, ainsi que de nombreux travaux de drainage ou de pompage d'eau, ont aussi un impact majeur et durable sur la biodiversité forestière et la santé des arbres.
L'exploitation minière, dont l'orpaillage : Outre un certain déboisement, elle provoque un empoisonnement de la terre et des eaux (ex : arsenic, cyanures, mercure et autres métaux lourds ou radionucléides...), avec les conséquences parfois durables la végétation : la mine de Carajás au Brésil a ainsi détruit 150 000 km² de forêt, et l'orpaillage guyanais et du Surinam empoisonne des milliers de km de cours d'eau forestiers par le mercure, jusqu'au cœur pourtant peu accessible de la jungle. Ces activités modifient souvent le cycle de l'eau via des pompages, drainages ou détournement de grandes quantité d'eau qui peuvent en priver la forêt ;
Les conflits : Ils causent et entretiennent certaines déforestation (légales ou illégales). La déforestation est source fréquente de graves violences, voire de meurtres pour les populations autochtones et ceux qui comme Chico Mendes ont voulu organiser la protection de la forêt. Les coupes illégales et le trafic de bois privent de nombreux États et communautés des revenus ou services qu'ils auraient pu en tirer. Des causes indirectes sont les guerres de pays voisins avec afflux de réfugiés en forêt, des difficultés sociales, pauvreté, l'explosion démographique, l'absence de réglementation au sein des pays concernés (qui découle en partie de l'ignorance et du désintérêt des acteurs et des consommateurs, ou de freins à la mise en place de lois forestières). Souvent un cercle vicieux entretient cette situation ; ainsi selon le réseau FERN, « le bois illégal finance l’achat des armes et alimente les guerres civiles » (ex : au Cambodge, en République Démocratique du Congo (RDC) et au Libéria).
La construction de routes : Outre la déforestation nécessaire à la construction d'une route, toute l'urbanisation qui en découle aggrave la déforestation. Les populations s'installent ainsi aux abords de la voie de communication et défrichent pour obtenir de l'espace pour leurs habitations et des surfaces planes pour les cultures ou l'élevage. C'est par exemple le cas de la route interocéanique reliant le Brésil à la Bolivie, en passant par le Pérou.
Facteurs naturels
Éruption du Mont Saint Helens provoqua la destruction de nombreux arbres
Actuellement, les facteurs naturels ayant une influence sur le couvert forestier incluent de nombreux facteurs. Les maladies et les champignons sont aidés par la présence de cultures monospécifiques, voire de cultures composées d'arbres clones. En effet lorsqu'un arbre est atteint tout le peuplement suit car chaque arbre dispose de la même vulnérabilité. La graphiose de l'Orme (Ceratocystis ulmi) est ainsi responsable de la mort de la quasi-totalité des ormes d'Europe durant les années 1980.
Les proliférations d'espèces comme les grands herbivores (favorisés par la disparition de leurs prédateurs) ou les insectes phytophages (favorisés par les cultures monospécifiques et le réchauffement climatique) peuvent être extrêmement destructrices, comme au Québec où la Tordeuse des bourgeons de l'épinette a provoqué entre 1938 et 1958 la mort de 60 % des sapins (Abies balsamea) et de 20 % des épinettes (Picea glauca) bien que ces épidémies se produisent dans des forêts naturelles gigantesques et non dans des plantations monospécifiques. En 1975, 35 millions d'hectares étaient touchés. Ces épidémies sont récurrentes en forêt boréale car elles sont sources de rajeunissement de la forêt mais on estime que le réchauffement de la planète pourrait accélérer ce processus. Dans le Sud de la France, les années 2003-2006 ont été très chaudes et sèches provoquant des épidémies dévastatrices dans les peuplements d'épicéas communs. Les forestiers locaux estiment que l'épicéa, introduit dans le Sud Massif Central et dans les Pyrénées dans les années 1950-60, pourrait devenir un reliquat d'ici quelques années, créant une pénurie de bois résineux dits "blancs" utiles pour la papeterie.
Déforestation au Honduras, exacerbée par le cyclone Mitch d'octobre 1998
Les orages secs créent avec leurs éclairs et vents induits des feux de forêts spectaculaires dans les forêts boréales (Canada, États-Unis, Sibérie Orientale et Nord de la Chine) ainsi que dans les forêt tropicales sèches lors de phénomènes macroclimatiques (El Nino en Indonésie). La tempête de 1999 par exemple détruisit 160 millions de m³ de bois rien qu'en France. L'éruption volcanique du mont Saint Helens aux États-Unis provoqua la destruction massive de plusieurs dizaines de kilomètres carrés de bois.
Conséquences
Sols
La déforestation expose davantage les sols aux rigueurs du climat : le lessivage par les pluies non freinées par la végétation emporte l'humus et découvre la roche-mère. Faute de racines pour retenir le sol, les glissements de terrains sont souvent favorisés en bordure de falaise, etc.
Biodiversité
Déforestation agricole sur les Monts Usambara (District du Lushoto, région Tanga, Tanzanie).
La déforestation cause la destruction d'habitats de milliers d'espèces animales et végétales, souvent condamnées à disparaître, et elle perturbe les équilibres et assemblages d'espèces, souvent en ajoutant les effets de l'agriculture, du roadkill ou de l'urbanisation associées à la déforestation. Elle est aussi un facteur de fragmentation écopaysagère qui diminue la résilience écologique des forêts. Une évaluation porte à 3 le nombre d'espèces disparaissant ainsi chaque heure (soit 72/jour et 26 280/an). La forêt est en effet le milieu terrestre qui abrite et nourrit le plus d'êtres vivants.
Une distinction est à faire entre la déforestation brute, où les plantations ne sont pas prises en compte, et la déforestation nette où celles-ci sont prises en compte. Un mécanisme de contrôle ne portant que sur la déforestation nette aura tendance à privilégier la fonction de stockage de carbone, et à négliger la perte de biodiversité liée aux destructions des forêts naturelles.
Cependant, il convient de rester prudent sur les effets de la déforestation car l'extension des surfaces forestières comme celle de la déforestation ne sont pas des données scientifiquement établies et indiscutables.
Déforestation et cycle de l'eau
Arbres et cycle de l'eau : Les forêts participent activement au cycle de l'eau, dont via l'évapotranspiration et l'infiltration vers les nappes. Les forêts contribuent même plus que tout le reste de la flore au phénomène d'évapotranspiration, qui influence la pluviométrie et ce qu'on appelle les « hydroclimats ». Ce sont elles qui entretiennent une hygrométrie élevée, parfois constante, dans les zones tropicales humides, ce qui est une condition favorable à une très haute biodiversité. Leurs racines vont chercher l'eau jusqu'à plusieurs dizaines de mètres de profondeur, ou de distance et facilitent l'infiltration des pluies.
Déforestation, pluviométrie et climat : Depuis les années 1980, de nombreux modèles et simulations informatiques laissaient penser que la déforestation récente et actuelle réduit fortement la pluviométrie (théorie « dessicationniste »). En croisant des analyses satellitaires et météorologiques, les scientifiques ont récemment (2012) confirmé que - à grande échelle en zone tropicale (Amazonie et bassins du Congo notamment) - la déforestation a cet effet de diminution des pluies, non seulement localement, mais aussi à échelle régionale et jusqu'à des milliers de kilomètres de là, même quand des pâturages ou cultures remplacent ces forêts (les pâtures contribuent en zone tropicale bien mieux que les champs à recharger les nappes, mais les forêts sont encore plus performantes (10 fois plus que les pâtures) ; Les forêts tropicales interceptent 50 % environ de la pluie. Cette eau est acheminée vers les nappes ou rendue à l'atmosphère via l'évapotranspiration qui contribue à recharger l'atmosphère en humidité, source de nouvelles pluies (« Sur plus de 60 % des zones tropicales terrestres, l'air qui a circulé sur une zone extensivement végétalisée dans les quelques jours qui précèdent, produit au moins deux fois plus de pluie que de l'air ayant circulé sur une zone peu végétalisée »). Sur cette base on peut estimer qu'au rythme actuel de conversion des forêts, le bassin de l'Amazone (l'un des plus grands du monde) pourrait subir une perte d'environ 12 % de sa pluviométrie en saison des pluies, et une baisse de 21 % en saison sèche en 2050. Et il faut s'attendre à ce que des réductions s'étendent jusqu'au bassin hydrographique du Río de la Plata à des milliers de kilomètres au sud de l'Amazonie, dans le sud du Brésil, au nord de l'Argentine, du Paraguay et de l'Uruguay. Si le Brésil respecte son engagement à limiter les taux « historiques » de déboisements (de 80 %) d'ici l'an 2020, ces prévisions pourraient cependant être revues à la baisse.
Déforestation et catastrophes naturelles : Une moindre pluviométrie augmente les risques d'incendies. De plus, sur les pentes, même faibles, la déforestation aggrave les glissements de terrains, avalanches et coulées de boues, augmente la turbidité et la pollution des cours d'eau, au détriment de la plupart des espèces animales et végétales, jusqu'à l'estuaire et au-delà. L'humus forestier fixe dans ses complexes argilo-humiques de nombreux métaux lourds et polluants (dont eutrophisants naturels). Il limite le ruissellement et l'érosion et favorisant l'infiltration d'une eau épurée vers les nappes. Sa disparition aggrave les problèmes d'inondations, de sécheresse, et de pollution de l'eau. L'eau « filtrée » par les forêts alluviales alimente aussi certains fleuves : 30 mètres de forêt riveraine retiennent la quasi totalité des nitrates agricoles. La déforestation augmente encore les problèmes de manque d'eau potable. C'est pourquoi de nombreuses législations ont créé des forêts dites « de protection », théoriquement intouchables.
Coûts financiers et humains : Les dégâts induits par la déforestation (dont crues, inondations et coulées de boue) sont de plus en plus coûteux et dévastateurs et ils pourraient être aggravés par le dérèglement climatique (avec des marges d'incertitudes qui restent encore à réduire concernant les effets futurs attendus, car le climat répond aussi à la modification de l'occupation des sols). Les sédiments emportés et pollués doivent être coûteusement curés et stockés, en posant des problèmes de gestion jusque dans les estuaires et en mer où elles exacerbent les phénomènes de zones mortes. Cette eau qui ruisselle emporte avec elle le sol, qui se retrouve dans le lit et l'embouchure des rivières. Le Rhône a ainsi perdu deux mètres de profondeur en amont de Lyon à cause de la déforestation des alpages de montagne et du labour excessif de son bassin versant. La rivière encombrée étend donc son lit, aggravant encore les inondations et provoquant des coulées de boue meurtrières, comme ce fut le cas en Chine qui a compris à ses dépens l'utilité des forêts. La déforestation en Chine est stoppée et des dizaines de milliers d'hectares sont reboisés, mais le problème a été simplement déplacé car la Chine est devenue un des plus grands importateurs de bois tropicaux et européens. La désertification menace 900 millions de personnes (dont 450 000 paysans dans le sud-ouest de Chine) et touche 3,5 milliards d'hectares, soit le quart des terres émergées.
Climat
Selon le groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat(GIEC), la déforestation contribuait à la fin du XX siècle à environ 20 % des émissions de gaz à effet de serre.
La déforestation provoque
une modification du climat, aux échelles mondiales, aussi bien qu'à l'échelle locale ; La forêt évapotranspire en rafraichissant l'air, et absorbe la lumière, là où le sol nu renvoie l'énergie du soleil vers l'atmosphère (albédo). La température ambiante moyenne peut localement augmenter de plus de 10 °C après une déforestation en zone tropicale. Ce réchauffement local modifie la pression atmosphérique, qui elle-même influe sur le déplacement des masses d'air et des cellules de tempêtes. Il peut contribuer à l'avancée de phénomènes de désertification ou salinisation. Les cycles pluviométriques sont donc modifiés à l'échelle régionale, voire mondiale, provoquant sécheresse et inondations anormales. La déforestation, en diminuant l'évapotranspiration, pourrait diminuer les précipitions en Amazonie.
une modification du cycle du carbone et des puits et stocks de carbone. La biomasse forestière emmagasinait de 1990 à 2005 environ 283 Gigatonnes (Gt) de carbone, mais avec une diminution enregistrée à l’échelle mondiale de 1,1 Gt par an. La somme des stocks de carbone de la biomasse forestière, du bois-mort, de litière et de l'humus et du sol est supérieur de 50 % au carbone présent dans toute l’atmosphère. Si les forêts représentent 40 % de la quantité de carbone de la biomasse sur Terre, on comprend que leur dégradation puissent faire doubler le taux de CO2 de l'atmosphère. Bien que les arbres absorbent jusqu'à 20 % de CO2 en plus du fait même de l'augmentation du taux de CO2 atmosphérique, la déforestation rejette 1,1 Gt de carbone chaque année. L'effet sur le réchauffement climatique est donc considérable.
Une partie importante du carbone est stockée dans les sols forestiers (en zone tempérée notamment). La déforestation peut causer l'érosion ou la dégradation de ces puits de carbone. Quand la déforestation se fait en incendiant les arbres, le stock de carbone constitué par les arbres sur pied, est en grande partie (hors cendres et charbon de bois) directement renvoyé dans l'atmosphère.
Activités humaines
Déforestation à Rio de Janeiro - Brésil.
Une étude scientifique rapporte que la déforestation n'améliore l'IDH des populations que temporairement, elle entraîne un déclin de productivité des activités économiques à cause, par exemple, de l'épuisement des ressources en bois ou la dégradation des pâturages. En Amérique du Sud, notamment au Brésil, les populations locales sont menacées par la déforestation dans leur mode de vie traditionnel. Disparition de patrimoines culturels liés à la forêt, et souvent la mort des populations autochtones : au XX siècle, au moins 90 tribus dépendantes de la forêt ont disparu avec leur langue, leur savoir et leur culture.
L'économie forestière, mais aussi rurale sont détruites là où la désertification ou les plantations industrielles suivent la déforestation. La déforestation au profit des cultures industrielles de tabac, de soja ou de palmier à huile entraîne, outre un effondrement de la biodiversité, de graves problèmes sociaux et culturels. Dans les pays où le tourisme est la principale source de revenus, le recul de la forêt peut le compromettre.
Dégradation du cadre de vie et des fonctions aménitaires du paysage.
Conséquences sanitaires pour les populations locales
Une étude scientifique publiée dans l'American society of tropical medicine and hygiene (en) rapporte que la déforestation a un lien direct avec la propagation du paludisme dans l'Amazonie péruvienne. Elle rapporte qu'on trouve dans les zones déboisées un taux 278 fois supérieurs aux zones boisées en termes de moustiques porteurs de la malaria. Cette étude montre que le nombre de moustiques contaminés est inversement proportionnel à la densité de boisement de la zone où ils évoluent. La déforestation amènerait donc un risque sanitaire supplémentaire aux populations vivant à proximité des zones déboisées.
De plus, une autre étude de l'université McGill de Montréal rapporte que les méthodes d'extraction pétrolières, la construction de route ainsi que l'urbanisation qui provoquent la déforestation auraient pour conséquence de libérer du mercure et de l'1-hydroxypyrene dans les cours d'eau. Une fois ces poisons libérés dans l'eau, ils seraient absorbés par les poissons dont se nourrissent les populations vivant aux abords de ces cours d'eau. Ces populations absorberaient donc des taux de mercure et d'1-hydroxypyrene dépassant les taux maximaux recommandés par l'OMS.
Émergence de nouvelles pathologies
Une étude de chercheurs de l'université de Hawaï effectue l'inventaire des nouvelles maladies infectieuses associées aux forêts et de leurs mécanismes d'émergence, notamment la déforestation :
« D’après un nombre croissant d’études spécialisées, les principaux facteurs contribuant à la prolifération des maladies infectieuses seraient les changements dans le couvert végétal et l’utilisation des terres, notamment les variations du couvert forestier (en particulier la déforestation et la fragmentation des forêts), ainsi que l’urbanisation et l’intensification de l’agriculture. »
En effet, une fois les animaux qu’ils parasitent décimés par la destruction de leur habitat naturel, les virus se cherchent de nouveaux hôtes en migrant à leur tour. Et il arrive que des virus initialement non mortels pour les animaux de la forêt se révèlent mortels pour les humains sur lesquels ils sont brutalement contraints de migrer.
« Les premiers pathogènes responsables de fléaux tels que la variole seraient nés en Asie tropicale, au début de l’histoire de l’élevage et lorsque les forêts ont commencé à être défrichées à grande échelle, au profit de cultures permanentes et d’établissements humains (McNeil, 1976). La densité et la promiscuité croissantes des hommes, des animaux domestiques et de la faune sauvage, ajoutées à un climat chaud et humide, étaient des conditions idéales pour l’évolution, la survie et la transmission des pathogènes, il y a plusieurs millénaires comme aujourd’hui. »
S'ajoutant à d'autres facteurs, cet enchaînement pourrait être à l’origine par exemple de l’apparition du virus Ebola dans des régions d’Afrique où la déforestation est intensive depuis plusieurs décennies.
Contrôle
Consommation de bois
Pour utiliser du bois en évitant la consommation abusive d'essences menacées, il existe différents moyens : Les bois éco-certifiés : des bois exotiques bénéficiant d'une éco-certification (PEFC, FSC…) garantissent une provenance de forêts dont la ressource est gérée de manière durable. Le boycott des bois exotiques non menacés pourrait ralentir le développement des pays concernés et paradoxalement provoquer un effet inverse : la forêt, devenue non rentable, serait défrichée et mise à disposition de l'agriculture.
Reboisement
Il y a lieu de distinguer déforestation brute de déforestation nette. La déforestation brute correspond à la destruction de forêts anciennes. La déforestation nette tient compte du reboisement. Une forêt nouvelle ne remplit pas les mêmes fonctions qu’une forêt ancienne. Il y a perte de service pendant sa période de croissance. Elle n’a pas la richesse écologique d’une forêt qui a mis des siècles à développer son écosystème. Ses capacités en biodiversité et en stockage de carbone ne sont pas les mêmes. Gaël Giraud, économiste en chef à l’Agence française de développement déplore que la Conférence de Paris de 2015 sur le climat, (Cop 21), n’ait pas clairement distingué la déforestation brute de la nette.
Tentatives de solutions
L'objectif zéro déforestation
Plusieurs organisations et ONG préconisent un objectif « zéro déforestation ». En 2010 le Consumer Goods Forum (en), qui regroupe des grandes entreprises totalisant 10 millions d'employés sur 70 pays, propose une déforestation nette de zéro pour 2020. Bien que soutenu par le gouvernement des États-Unis, cette initiative à cause de la complexité à du mal à se mettre en place. En 2013 l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) propose un « zéro déforestation illégale » afin de préserver les écosystèmes et les ressources en bois et en eau de populations souvent très pauvres. La FAO propose également une lutte contre les Feux de forêts qui vont devenir de plus en plus importants avec le réchauffement climatique notamment dans le bassin méditerranéen .
Greenpeace lance « la loi Zéro déforestation » au Brésil pour contrer un doublement des investissements dans le secteur bovin et les infrastructures comme les routes et barrages qui en sont la cause et essaye de réunir 1.4 millions de signatures. Greenpeace a réussi à obtenir des objectifs zéro déforestation de la part de grandes entreprises de la mode ou productrice d'huile de palme ou de pâte à papier lors de brumes sèches de pollution en Asie du sud est.
Parcs nationaux de Madagascar
La déforestation conduit à détériorer les habitats de populations végétales et animales, conduisant à une perte de ces populations. A Madagascar, pays où la biodiversité est extrêmement riche et variée, un réseau d’aires protégées terrestres a été mis en place depuis les années 1990, pour lutter autant que possible contre cette perte de biodiversité . Ce projet a également pour objectif de permettre une constance dans l’alimentation en eau potable des villes et en eau d’irrigation des cultures localisées en aval, de protéger les cultures contre l’arrivée de sédiments et de constituer enfin un point d’appui pour la mise en place de l’éco-tourisme . La gestion des aires protégées dépend de l’Association Nationale pour la Gestion des Aires Protégées (ANGAP), rebaptisée Parcs nationaux Madagascar (PNM) (Ramahatra et Sarrasin, 2006). En 2001, environ 10 ans après la création du réseau d’aires protégées, 46 aires protégées étaient dénombrées. La superficie totale de l’ensemble de ces aires s’élevait à 1,7 million d’hectares, soit approximativement environ 3% de la superficie du pays . En 2010, la superficie totale de l’ensemble des aires protégées s’élevait à 2,65 millions d’hectares, soit approximativement 4,5% du territoire malgache . D’un point de vue économique, la création et le maintien de ces aires est avantageux pour le pays, même s’il convient de s’interroger sur certains points et notamment sur la durabilité du financement des PNM . Toutefois, ces parcs constituent de véritables puits de carbone à l’échelle mondiale. Or, cette composante a une valeur théorique certaine pour le futur.
Sylviculture ProSilva
La déforestation engendre de nombreux apports énergétiques (comme le bois de chauffage) et économiques (comme le bois de construction). Ce phénomène permet aussi de libérer des surfaces agricoles, souvent destinées à l’élevage, ce qui procure d’autres ressources dont bénéficient les gouvernements, les multinationales et les populations locales. Cependant, la façon dont sont générées ces ressources est souvent loin d’être durable, prenant un caractère extensif et destructeur comme les cas d’agriculture sur brûlis . Formée en 1989 en Slovénie , l’association européenne ProSilva propose un ensemble de mesures spécifiques ayant pour objectif de gérer les forêts de manière plus pertinente . Implantée dans 24 pays en Europe , cette sylviculture entend maximiser à la fois la production et la protection des forêts. ProSilva privilégie donc une production rentable et continue de gros bois de qualité, généralement très recherché à l’exportation, tout en protégeant l’eau, les sols et la biodiversité forestière .
Pression sur les grandes entreprises
Les organisations non gouvernementales (Greenpeace par exemple) tentent de sensibiliser les grandes entreprises et les multinationales vis-à-vis de leurs pratiques et de leurs politiques induisant une partie de la déforestation. Certains moyens de pression comme la mise à mal de leur image de marque aux yeux des consommateurs sont parfois utilisés. Dans certains cas, les entreprises acceptent et signent des chartes pour préserver un maximum les forêts et pour les utiliser de manière durable. L'entreprise Unilever s'est engagée à respecter certains engagements auprès de ses fournisseurs en huile de palme en Indonésie pour tenter de limiter et de réguler la déforestation.