Rucher.
Des ruches en Haute-Savoie.
Rucher moderne.
"Un apiculteur et ses abeilles"; œuvre de Claus Homfeld.
Cadre recouvert d'abeilles, extrait d'une ruche par un apiculteur.
L'apiculture est une branche de l’agriculture qui consiste à l’élevage d’abeilles à miel pour exploiter les produits de la ruche, principalement du miel. L’apiculteur doit procurer au rucher un abri, des soins, et veiller sur son environnement.
Pratiquée sur tous les continents, cette activité diffère selon les variétés d’abeilles, le climat et le niveau de développement économique. C’est une activité où se rencontrent encore aujourd'hui des méthodes ancestrales comme la récolte du miel par pressage des rayons, mais aussi des méthodes modernes comme l'extraction par force centrifuge, l’insémination artificielle, ou l’étude du trajet d'abeilles équipées de microréflecteurs radar.
Histoire de l'apiculture
Première représentation iconographique d'une chasse à l'abeille mésolithique (Espagne).
Ruches représentées dans le tacuinum sanitatis.
Les apiculteurs, dessin de Bruegel, 1568.
Nom de Nesout-bity ("nom de couronnement"), littéralement "celui qui appartient au jonc et à l'abeille", dans la culture de l'ancien empire égyptien.
Agrandissement.
L’abeille était déjà présente il y a soixante millions d'années sur terre : des fossiles à l’aspect identique aux abeilles actuelles ont été mis au jour. Cette longévité est le résultat de l’adaptabilité exceptionnelle de cette espèce : le comportement de l’abeille est régi par des facteurs innés, et par son adaptabilité aux conditions d’environnement. Des recherches récentes laissent à penser qu'il n'y avait pas d'abeille au-dessus du 57e parallèle nord (soit environ le Danemark et l'Angleterre actuels) en Europe à l'époque du Néolithique (entre - 9000 et - 3000 ans).
Préhistoire et Antiquité
Dans les temps mythologiques, c'est Aristée qui le premier éleva des abeilles. La récolte et la consommation de miel, à distinguer de l'apiculture proprement dite, remontent à la préhistoire. Les peintures rupestres représentant des scènes de cueillette de miel montrent l’utilisation d'échelles et de l'enfumage. À cette époque, l’homme recueille le miel souvent en détruisant la colonie, comme l’atteste la première représentation iconographique d'une chasse à l'abeille décrite en 1924 par l'archéologue Eduardo Hernández-Pacheco y Estevan : une peinture rupestre mésolithique (datée de quatre à sept mille ans) trouvée à la « cueva de la Araña » (grotte de l’Araignée), près de Bicorp dans la province de Valence (Espagne). On y voit deux « cueilleurs de miel », le premier au sol, le second grimpant sur une sorte d'échelle de lianes ou de corde, portant un panier pour recueillir sa récolte, et la main plongée dans un tronc d’arbre ou une anfractuosité de rocher à la recherche de rayons de miel. Autour de lui sont grossièrement représentées des abeilles sauvages volant.
La première ruche fut probablement issue du prélèvement d’un tronc d’arbre creux contenant un nid d'abeilles. Ce tronc, rapporté de la forêt, permettait d'avoir des ruches près des habitations. Plus tard, avec la maîtrise des techniques d'enruchage (soit l'action de peupler d'abeilles une ruche ), apparurent les premières ruches artificielles, fabriquées comme des paniers à-partir de matériaux végétaux, Mais on ne sait pas exactement quand la domestication de l’abeille a eu lieu.
Celle-ci aurait vraisemblablement succédé à la sédentarisation de l'homme au début du Néolithique, environ 9 000 ans av. J-C. Des preuves archéo-chimiques d'usage préhistorique de miel et d'utilisation de cire d'abeilles sauvages ont été récemment recherchés dans environ **00 pots en argile trouvés au Proche-Orient, en Europe et en Afrique du Nord. On a ainsi retrouvé les plus vieilles traces de cire d'abeille dans des poteries de - 7 000 av. J.-C., situées en Anatolie, notamment dans le site de Çayönü Tepesi et celui de Çatalhöyük, près de Konya . Elle était peut-être utilisée pour rendre les pots étanches, ou - ce qui est probablement le cas à Çayönü Tepesi, puisque les traces sont mélangées à de la graisse animale - pourrait être des résidus de nid d'abeilles entretenus pour produire du miel afin de sucrer les aliments.
Outre l'Anatolie, les traces les plus anciennes de cire d'abeille retrouvées se situaient dans les Balkans, notamment dans des poteries trouvées sur les sites de Paliambela (Grèce actuelle, vers 4 900 à 4 500 av. J.-C.), Măgura (Roumanie actuelle) (5 500-5 200 av. J.-C.) et Drenovac Turska Česma (Serbie actuelle) , soit environ 1500 ans plus tôt qu'on ne le pensait avant cette étude. On en trouve encore en Pologne ou en France, dans les sites chasséens du IVe millénaire av. J.-C (Font-Juvénal, Chassey-le-Camp et Bercy) ainsi qu'à Clairvaux-le-Lac .
Des traces de cire d'abeille ont été retrouvées dans des poteries jusqu'au Danemark, ainsi qu'en Angleterre (mais pas en Écosse, ni en Irlande ou en Scandinavie) à une époque où cette région constituait probablement la limite nord de l'aire de répartition de l'abeille.
Egypte et Mésopotamie
L’apiculture est courante dans le Haut-Empire égyptien du XXIV siècle av. J.-C.. Des représentations ont été mises au jour dans la « chambre des saisons » du temple solaire du roi Niouserrê à Abou Ghorab (Égypte antique), où l’on voit des scènes montrant l'enfumage, l’extraction et la conservation du miel. Il s'agit du plus ancien témoignage graphique d'abeilles domestiquées et élevées. Des pots de miel aujourd'hui entièrement cristallisés ont été retrouvés dans des sépultures.
L'utilisation en médecine et comme offrande religieuse, de cire et de miel importé (sans que l'on puisse déterminer s'il s'agit de miel d'abeille ou de datte), est attestée en Mésopotamie au IIe millénaire av. J.-C.. Le gouverneur de Mari Shamas-res-ușur se posant en promoteur de l'élevage d'abeilles. Comme les Égyptiens ou les Mésopotamiens, les Hittites pratiquent l'apiculture : les Lois hittites à Hattusa punissent vers 1300 av. J.-C. les voleurs de ruches.
En septembre 2007, des archéologues découvrent à Tel Rehov 30 ruches intactes datées de l'époque biblique en Palestine, entre le milieu du X siècle av. J.-C. jusqu'au début du IX siècle. Leur production à cette époque est estimée annuellement à 500 kilogrammes de miel et 70 kilogrammes de cire.
Grèce et Rome antique
L’importance de la pratique apicole ainsi que la connaissance des pratiques d’apiculture dans le monde minoen et mycénien est bien établie. Le monde minoen et mycénien utilisaient des ruches similaires aux ruches traditionnelles en pierre, en céramique ou tressées, des enfumoirs et d’autres pièces apicoles. L'apiculture est une activité agricole importante dans la Grèce antique, notamment en Attique. Aristote, dans son Histoire des animaux, premier traité d'apiculture, décrit la forme hexagonale des cellules des ruches qui ont à leur tête une abeille-roi, à la fois mâle et femelle et des abeilles de différentes tailles et anatomies. Il considère que les abeilles n'ont pas de sang. Démocrite est le seul à considérer qu'elles ont des viscères, trop petites pour être vues à l'œil nu.
Il existe plusieurs traités qui concernent l'apiculture, durant la période de la Rome antique : Pline l'Ancien décrit avec précision certains modèles de ruche mobile, en osier ou en liège (apiarium), manipulée par un esclave apiculteur, l’« apiarius », et Virgile y consacre le quatrième Chant de ses Géorgiques, évoquant notamment la légende d'Aristée et ses ruches.
Allusions dans la Bible et le Coran
La Bible évoque régulièrement le miel mais il désigne le plus souvent la douceur du suc de datte ou de figue. Le miel issu d'abeille probablement sauvage n'est cité que deux fois, dans le Livre des Juges et le premier livre de Samuel. Dans le Coran, au septième siècle après Jésus-Christ, la seizième sourate, a pour nom « An-Nahl », Les Abeilles, en référence aux versets 68 et 69 où sont évoqués la domestication des abeilles et les bienfaits du miel.
Moyen Âge et Renaissance
Des modèles de ruches en planches sont courants dans l’Antiquité, ainsi que des ruches tressées, et en céramique : elles sont d’abord faites de baguettes de bois entrecroisées, étanchées avec un mélange de bouse de vache et de cendres. Les ruches en paille tressée, plus tardives, sont mentionnées pour la première fois dans une ordonnance de Charlemagne, datée de 799, le Capitulaire De Villis. La récolte dans ces ruches est pratiquée par étouffage total ou partiel de l’essaim, ou encore par la taille de rayons, ce qui entraîne sa mort, ou son affaiblissement. Au Moyen Âge, l'élevage de « mouches à miel » se développe particulièrement dans les monastères ou en forêt par des communautés paysannes ou des agents forestiers, les « bigres », le prélèvement d'essaims, de ruches, de miel ou de cire constituant des redevances féodales, l'abeillage. Parallèlement à l'essaimage naturel, la transhumance des ruches est pratiquée lorsqu'un espace floral était entièrement exploité. À la Renaissance, trois techniques principales sont pratiquées pour la récolte du miel : étouffage avec une mèche de soufre, transvasement d'une ruche vers une autre, prélèvement des galettes de cire sans se préoccuper du contenu des galettes.
En Europe, l'exploitation intensive du miel date de la fin du XVIII siècle avec l’invention de la hausse qui permet de rendre la récolte de miel plus productive, et c'est à partir de ce moment que l'on peut commencer à parler d'élevage. En 1772, Jonas de Gélieu décrit la première ruche à hausse fonctionnelle dans sa Nouvelle méthode pour former les essaims artificiels. L’avènement de l’apiculture moderne se fait par l’invention du cadre mobile, mis au point en 1844, par le D Charles Paix Debeauvoys (1797-1863).
Mayas
Les Mayas vouent un culte aux abeilles et à leur dieu Ah-Muzen-Cab. Ils récoltent le miel des mélipones, abeilles sans dard, dans des ruches encapsulées dans un tronc creux ou dans des pots de terre adossés aux murs des maisons, méthode ancestrale toujours pratiquée malgré l'arrivée des Conquistadors au XV siècle : ces colons espagnols et portugais importent en effet l'abeille européenne Apis mellifera plus productive afin de fournir suffisamment de cire pour fabriquer les cierges en cire d'abeille pure pour les églises.
Vie de la colonie
Races d'abeille domestique
Les espèces domestiquées sont principalement Apis mellifera et Apis cerana, ainsi que Meliponini, une tribu sans dard qu'on rencontre dans les régions tropicales. L'abeille et le bombyx du mûrier (ver à soie) sont les seuls insectes qu'on qualifie de domestiques. Il n'y a aucune différence physiologique entre les abeilles domestiques et sauvages ; c'est une question de terminologie. Une colonie domestique vit donc sous la protection de l'Homme, tandis qu'une colonie sauvage (on parle d'essaim même en-dehors de la période d'essaimage) vit par ses propres moyens.
Évolution d'une colonie
Une colonie d’abeilles se compose d’une reine unique (femelle), de nombreuses ouvrières (femelles), d'un harem de faux-bourdons (mâles), et de couvain (œufs, larves, et nymphes). Une seule colonie occupe une seule ruche.
La population de la colonie varie suivant les saisons : elle est plus importante pendant les périodes où les ressources sont abondantes, de 30 000 à 70 000 individus, afin de faire le plus de récoltes possibles. Elle diminue en hiver, à six mille individus, afin de minimiser la consommation de provisions. Mais elle doit demeurer suffisamment forte pour relancer la colonie au printemps.
Survie, reproduction et multiplication
En tant qu'insectes eusociaux, les abeilles ont un instinct de survie en tant qu'individus, mais aussi en tant que colonie. En première instance, le comportement des abeilles va toujours dans le sens de la sauvegarde de la colonie.
Reproduction des individus
Reproduction sexuée
En tant qu'individus, les abeilles possèdent un instinct de survie limité, et n'hésitent pas à se sacrifier pour défendre leur colonie (par exemple, elles piquent même si cela implique leur mort à court terme). Seules les reines (femelles) et les faux-bourdons (mâles) se reproduisent en tant qu'individus, par voie sexuée. Ce mode de reproduction favorise le brassage génétique. Mais les individus ne vivent pas très longtemps : moins d'un an pour les abeilles, et jusqu'à cinq ans dans le cas d'une reine.
Reproduction asexuée
Une reine est en outre capable de parthénogenèse, c'est-à-dire qu'elle peut pondre des œufs viables sans avoir été fécondée préalablement. Ces œufs non-fécondés font toujours naître des faux-bourdons (mâles) qui possèdent le même patrimoine génétique que leur mère.
Comportement de survie
Si sa reine meurt, une colonie est dite « orpheline », et son espérance de vie chute rapidement. Pour produire (au moins) une nouvelle reine, les ouvrières sélectionnent de jeunes larves fraîchement pondues (deux à trois jours au maximum), agrandissent leur cellule (« cellule de sauveté »), et les nourrissent exclusivement de gelée royale. Cette substance acide de qualité supérieure permet aux larves de se développer en reines. La première née éliminera toutes les autres afin d'assumer seule la survie de la colonie. Ce comportement est exploité par les apiculteurs pratiquant l'essaimage artificiel (voir plus bas).
Reproduction de la colonie
Principe
Concernant la reproduction de la colonie, le terme de « multiplication » est plus approprié. La technique utilisée consiste pour une colonie à multiplier ses reines et à se scinder en colonies plus petites. La technique porte le nom d'essaimage. Le maintien de la population d'une colonie se fait grâce à la reine, dont le rôle est de pondre constamment : une reine forte dans une colonie forte pond jusqu'à 2 000 œufs par jour. Rappel : les ouvrières sont capables, à partir d'une larve normale nourrie de gelée royale, de produire une nouvelle reine.
En résumé, les reines engendrent des ouvrières et les ouvrières produisent des reines. Une colonie est donc potentiellement immortelle même si les individus qui la constituent sont mortels.
Essaimage naturel
Tandis que les reines se reproduisent de manière sexuée (accouplement avec les faux-bourdons), les colonies se multiplient par essaimage.
C'est pendant le début du printemps (mois de mai en Europe) que les abeilles essaiment, mais une colonie peut également s'y livrer pendant l'été si son expansion aboutit à trop de promiscuité. Enfin, une colonie peut essaimer pour quitter un habitat devenu inhospitalier.
Avant l'essaimage, les abeilles établissent des cellules royales pour produire des jeunes reines. Une semaine environ avant leur naissance, la vieille reine fécondée prend son envol avec la moitié de l'effectif de la colonie. Chaque abeille se gave préalablement de miel afin de disposer d'assez d'énergie pour assurer la migration.
Dans la ruche, la première reine qui naît tue immédiatement toutes ses rivales encore dans leurs cellules, sauf dans les colonies très importantes où les abeilles protègent les jeunes reines afin d'essaimer encore une ou deux fois. Il ne peut en effet y avoir qu’une reine par colonie. Une semaine plus tard, la nouvelle reine effectue son premier vol nuptial. Une colonie peut produire, entre le début du printemps et le début de l’été, jusqu’à trois essaims. Ils sont dits « primaire », « secondaire » et « tertiaire », et comptent respectivement la moitié, le quart et le huitième de la population initiale de la ruche ; le contingent final dans la ruche est la différence (moitié, quart ou huitième).
« Nuage d'abeilles » en vol.
On appelle essaim le groupe formé d'une reine et de son escorte d'ouvrières. C'est au sens propre un nuage d'abeilles qui parcourt son territoire à la recherche d'un endroit propice pour s'établir et reformer une colonie. Un essaim est très impressionnant, mais le danger est moindre car une abeille issue d'un essaim pique rarement pour plusieurs raisons :
Une abeille meurt après avoir piqué (arrachement de l'aiguillon).
Chaque abeille transporte dans son jabot une partie du miel qui est la seule source de nourriture disponible pour l'essaim à court-terme.
Le sacrifice en grand nombre des abeilles conduit directement à l'affaiblissement de l'essaim.
L'établissement de la nouvelle colonie nécessite de conserver le maximum d'effectif.
Un essaim fixé sur une branche
Après avoir quitté la ruche, un essaim se réunit dans un endroit abrité, en général dans un arbre ou sous une toiture, formant ce qu'on appelle une grappe (d'abeilles), et des éclaireuses partent observer les environs pour trouver un emplacement propice à l'établissement de la nouvelle colonie. Le processus de délibération se fait ensuite par consensus, en utilisant le même mécanisme que pour la recherche de nourriture (danse des abeilles).
Si un essaim s'établit quelque part dans la nature, on dit qu'il retourne à l'état sauvage. Les abris peuvent être le creux dans un arbre, une cavité rocheuse, ou une construction humaine où on n'attendait pas vraiment la venue d'un essaim (et l'essaim risque d'être chassé ou capturé).
Apiculture et sédentarisation des colonies
En l'absence de l'homme, une grande partie de la colonie quitte l'emplacement initial, par essaimage. La partie sédentaire de la colonie est souvent assez faible, surtout dans le cas d'essaimages multiples, et de plus en plus affaiblie par les parasites (notamment à cause du non-renouvellement des cires). La mort de la colonie est suivie d'un nettoyage par les autres espèces, qui libère l'espace (tronc creux par exemple) et permet l'installation d'une nouvelle colonie avec construction à partir de nouvelles cires.
L'utilisation des abeilles à des fins de production, dans des ruches, requiert que la taille de la colonie reste suffisante. C'est une forme de sédentarisation des colonies, avec des pratiques apicoles qui lui sont associées.
Alimentation de la colonie et ressources
Pour survivre et se reproduire, une colonie d’abeilles a besoin de ressources, qui lui proviennent essentiellement de la flore environnante. Les ouvrières s'emploient toute leur vie à récolter ces matières-premières (nectar de fleurs, pollen, propolis...) en vue de fournir à la ruche les matériaux qui lui sont nécessaires, et de produire de la nourriture. La qualité imputrescible du miel qu'elles produisent leur permet de le stocker sans pertes en vue des périodes moins propices (hiver dans l'hémisphère nord, saison sèche en Afrique).
Flore mellifère
Pratiques et matériel apicoles
Les pratiques et le matériel utilisés diffèrent selon le type de ruche, la volonté de production (quels produits de la ruche et en quelles quantité), de conservation des abeilles ou de pollinisation.
Constantin Kléber, apiculteur à Saint-Christol, sur le plateau d'Albion.
La conduite classique d’une colonie consiste principalement à veiller à l’état de la démographie des ruches afin d'optimiser la production et d'assurer la survie des colonies. Cela passe par la protection générale contre le climat et les intrusions, par le nourrissage et les traitements anti-parasitaires.
L'apiculture est souvent associée à une observation de l’écosystème entourant les ruchers, avec la nécessité de certaines connaissances en botanique et entomologie.
Types de ruche
Apiculture naturelle
Ruches traditionnelles
Les ruches traditionnelles sont constituées d'un volume simple, par exemple une section d'arbre creux ou un panier-cloche en paille. La récolte se fait par destruction de la colonie (par le soufre notamment) ou prélèvement de rayons. Cependant, les abeilles étant menacées et protégées par la loi dans de nombreux pays, dont la France, ces méthodes traditionnelles sont peu utilisées. Dans certains pays, la loi contraint l'apiculteur à s'assurer de la santé des colonies, et donc à avoir un accès à la ruche.
Ruches modernes
L'apiculture en France est essentiellement pratiquée avec des ruches modernes, ne nécessitant pas la destruction de la colonie.
Ruches à cadres
Les ruches Dadant sont un exemple très répandu de ruches modernes. Elles sont constituées d'un corps surmonté de hausses, dans lesquels sont emboîtées des cadres qui peuvent être déplacés indépendamment les uns des autres. Les abeilles (la reine en particulier) vivent dans le corps, et le miel est stocké dans les hausses. L'ouverture de la ruche se faisant par le haut, il est possible d'accéder aux hausses sans toucher au corps. Certains apiculteurs utilisent des grilles à reine pour empêcher celle-ci de pondre dans les cadres de hausse. Ces grilles n'empêchent toutefois pas le stockage de pollen et de propolis dans les hausses, et freinent le mouvement des ouvrières, seules à pouvoir traverser la grille.
Ruches à barrettes
Les ruches à barrettes les plus fréquentes sont les ruches Warré et les ruches horizontales ou Top Bar Hive. Ne possédant pas de cadres, elle implique peu ou pas de manipulation des rayons. Certains modèles possèdent des vitres qui donnent accès visuel aux rayons pour le contrôle.
Emplacement des ruches
Ruchers installés en lisière d'une forêt.
Qu'elles soient à l'air libre ou dans un cabanon, les ruches doivent être situées de manière avantageuse pour les abeilles.
Quant à la végétation, il conviendra de s'éloigner au possible des agricultures les moins propres (pesticides, organismes génétiquement modifiés, monocultures...).
Une ruche ne devrait pas être posée face à un obstacle (arbre ou bâtiment qui gênerait l'envol des abeilles), ou directement sur le sol (à cause de la végétation et des insectes invasifs). Les solutions consistent à placer une ruche suffisamment en hauteur, à couper régulièrement l'herbe susceptible de pousser devant l'entrée, et de placer les pieds de la ruche dans des bassines remplies d'eau (afin que les insectes rampants aient de la difficulté à y accéder).
Un rucher doit aussi être protégé du vandalisme, des animaux sauvages, et du climat. À ce titre, il peut être intéressant d'entourer le rucher d'une barrière (ce qui évitera aussi aux imprudents de se faire attaquer), et de placer les ruches en lisière de forêt, sous les branches d'un arbre. Si le relief est montagneux, les ruchers ont avantage à être placés en haut des pentes, de manière à surplomber la vallée et à faciliter l'envol des abeilles. D'autre part, ces zones sont souvent éloignées des agglomérations et de l'activité humaine, d'où une sécurité accrue pour les colonies comme pour les gens.
Pour l'accès aux ressources
L’accès à l’eau et à la nourriture est vital. Un abreuvoir ou une mare peut subvenir aux besoins en eau de la colonie.
Pour les ressource florales, les apiculteurs placent leurs ruches dans un environnement plus ou moins diversifié. Cela aboutit par exemple à la production de miel "toutes fleurs" ou à dominante. Le déplacement des ruches ou la transhumance est possible, parfois nécessaire dans certains environnements de monocultures. On trouve des ruchers majoritairement en milieu rural, mais l'apiculture urbaine est possible.
Apiculture pastorale ou transhumante
Principe
Rucher en roulotte, remorquable.
Le rayon d'action des abeilles se limite à trois kilomètres, ce qui peut limiter la production d'un rucher quand la végétation ou la floraison sont limitées. L’apiculture pastorale est une apiculture qui consiste à déplacer les ruches de site en site, au gré des saisons et des floraisons. L'apiculteur essaie de suivre ces variations en commençant par les plaines et vallées bien exposées d’avril à juin, en rejoignant les floraisons plus tardives de montagne en juillet et août, pour finir par les récoltes de miellats de sapin, avant un retour en plaine pour l’hivernage.Le déplacement d'une ruche est possible à-condition que la durée du voyage n'excède pas quelques jours, car les abeilles vivent sur leurs réserves lorsqu'elles sont confinées dans leur ruche. Pendant cette manœuvre, il faut enfermer les abeilles dans leur ruche afin qu'elles n'attaquent et ne fuient pas. La fermeture de la ruche se pratique normalement à la tombée de la nuit, lorsque les abeilles se trouvent toutes à l'intérieur.
Histoire
Très ancienne, cette technique était déjà pratiquée par les nomades, qui emportaient leurs ruches à dos d’animal. Sur le Pô (Italie) et le Nil (Égypte), les ruches étaient chargées sur des bateaux qui remontaient le fleuve vers des régions à miellées plus favorables. Aujourd’hui les ruches sont embarquées sur des remorques d'automobile ou de camion. Elles sont déchargées et mises en place dans le rucher pastoral, ou, pour limiter les manutentions, restent en place sur des remorques ou des véhicules aménagés à cet effet.
Écologie
Chargement d'un camion de transhumance en Caroline du Sud.
L'essor des monocultures convient bien à ce genre de technique, puisque la floraison des arbres fruitiers n'est pas simultanée. De plus, les abeilles augmentent largement les rendements par le rôle qu'elles jouent dans la pollinisation. Toutefois, les zones d'openfields et d'agriculture intensive ont souvent perdu tout ou partie de leurs abeilles sauvages, car les floraisons synchrones et brèves ne permettent pas aux abeilles de se nourrir toute l'année. Dans certaines zones comme les plantations d'amandiers aux États-Unis, les arboriculteurs fruitiers manquent aussi d’abeilles. Les agriculteurs itinérants louent des ruches que des «locateurs d'abeilles» viennent disposer près de leurs champs ou vergers au moment de la floraison. Ils proposent des ruches d’Apis mellifera, et aussi d’abeilles moins productrices de miel mais plus résistantes et plus aptes à féconder les cultures, comme Megachile rotundata, introduite et naturalisée en Amérique du Nord, dite «découpeuse de la luzerne», et considérée comme le seul pollinisateur fiable pour la luzerne au Canada, bien qu'elle puisse véhiculer un champignon très pathogène pour la luzerne (Verticillium albo-atrum)). Les bourdons, jugés plus résistants et plus actifs à basse température (10 - 18 °C) que les abeilles. Les Bourdons, qui forment des colonies relativement petites, sont notamment préférés aux abeilles dans les serres artificielles, car celles-ci ne sont souvent pas assez vastes pour permettre l'essor d'une colonie d'abeille. De même que les abeilles, certaines espèces de bourdons semblent aussi en forte voie de régression.
Risques liés à la transhumance et la faible diversité florale
La transhumance est source de stress pour les abeilles, elle les rend plus vulnérables aux parasites et aux maladies, et pourrait diminuer leur capacité à fonctionner naturellement. Ces échanges facilitent aussi la propagation des maladies entre les ruchers. Dans la nature, on trouve au maximum trois à quatre ruches sauvages par kilomètre carré, qui "connaissent" leur environnement et bénéficient d'une alimentation très variée (pollen, nectar et miellats de milliers de plantes différentes), pour une production intensive de miel ou la pollinisation sous contrat c'est une à huit ruches par hectare qui sont déposées et ne peuvent se nourrir que d'une source alimentaire unique.
Apiculture urbaine
Ruches pédagogiques en carton de récupération.
Rucher en ville, dans l’enceinte d’un collège près de Grenoble
L'apiculture urbaine est une forme d'apiculture apparue dans les années 2000. Cette technique présente l'avantage pédagogique de faciliter l'accès des étudiants aux ruchers (visites, observations, apprentissage). Il semblerait que les abeilles soient capables de s'adapter au milieu urbain sans rencontrer de grandes difficultés, mais l'accès à la nature (extérieur de la ville) reste une nécessité absolue, et il faut tenir compte du rayon d'action limité des abeilles (environ 3 kilomètres). Il y a donc moyen de pratiquer une apiculture sociale et ludique, mais la production de masse ne reste possible et entièrement favorisée que dans la pleine nature.
Des études approfondies tendent à montrer que le miel produit en ville n'est pas meilleur ou pire que celui produit dans la nature. La pollution, notamment, n'aurait donc pas d'impact sur la qualité du miel.
En France, l'association hommes et abeilles, pionnière du genre, a mis en place une méthode et un protocole de visite des ruchers situés en agglomération. Ces outils peuvent permettre de dupliquer facilement cette nouvelle pratique de l'apiculture dans de nombreuses métropoles européennes. Trois métropoles françaises reçoivent aujourd'hui des ruchers de types sociaux et solidaires : Grenoble en 2008, Marseille en 2011 et Lyon au printemps 2012. Cette initiative socio-environnementale concerne particulièrement les Contrats Urbains de Cohésion Sociale, un financement est assuré par Grenoble Alpes Métropole et l'idée a su séduire l'Éducation nationale qui a lancé un projet pilote basé sur ce principe d'apiculture sociale en le collège Henry-Wallon situé à Saint-Martin-d'Hères en Isère.
Gestion et multiplication des colonies
Capture des essaims
Récolte d'un essaim à Montfavet dans les années 1900.
L'essaimage donne aussi lieu à des captures : lorsque la grappe s'abrite avant de trouver un emplacement définitif, un apiculteur peut intervenir et capturer l'essaim. C'est un procédé délicat dans lequel il convient de s'accaparer la majorité des individus, le reste ne pouvant être récupéré ensuite. L'apiculteur utilise divers matériels et techniques pour parvenir à enfermer l'essaim dans une caisse. Lorsque les abeilles se seront calmées, il les transférera dans une ruche où elles resteront enfermées une ou deux nuits. Si le travail est bien fait et que la ruche est accueillante (propreté, emplacement, protection), l'essaim restera sur place. Finalement, il arrive qu'un essaim s'établisse de lui-même dans une ruche vide. Il est possible pour les apiculteurs de recourir à des phéromones pour provoquer la venue des essaims pendant la période d'essaimage.
Essaimage artificiel
Traitement d'un essaim par un apiculteur de Montfavet dans les années 1920.
La capacité d'essaimage est mise à profit par les apiculteurs pour multiplier leurs colonies : ils prélèvent dans une ruche prospère quelques rayons comportant des cellules contenant des œufs de moins de trois jours, couverts d’ouvrières, et les transfèrent dans une ruchette aux rayons garnis de miel. Il faut veiller à éloigner la ruchette de la colonie (au moins un kilomètre) pour éviter que les ouvrières retournent parmi les leurs. Les ouvrières ainsi isolées s’attelleront très vite à la production d'une nouvelle reine, afin d'assurer la survie de leur nouvelle colonie.
La population d'une ruchette ainsi équipée et peuplée s'appelle « nucléi ». On peut dire que c'est le « bébé » qui deviendra une « colonie ».
Limitation des essaimages
Une pratique consiste à "clipper" les reines, c'est-à-dire à couper leurs ailes pour diminuer les chances d'essaimage des colonies et augmenter le rendement.
Sélection et élevage
Certains apiculteurs sélectionnent leurs reines afin de favoriser au mieux la production. La mise à mort d'une reine vieille ou trop faible est fréquente, et le maintien des races peut être un critère.
Races
L’abeille est un hyménoptère, appartenant au genre Apis, qui comporte plusieurs espèces sociales, dont trois sont originaires d’Asie : Apis dorsata, Apis florea et Apis cerana. L’Apis mellifera (Linné) se rencontre en Europe, en Afrique, au Proche-Orient, et dans une partie de la Sibérie. Sa très grande extension géographique a produit des races aux caractères morphologiques et comportementaux variés. Amenée par les colons, l’Apis mellifera a étendu son aire à l’Amérique du Nord et à l’Amérique du Sud, à l’Australie et à la Nouvelle-Zélande.
Les races d’Europe les plus connues sont identifiées par des zones géographiques, séparées par des montagnes, infranchissables par les essaims. Elles y ont vécu à l’état indigène, avec peu de contacts extérieurs. L’abeille noire, Apis mellifera mellifera (Linné, 1758) occupait la plus grande partie de l'Europe, depuis la péninsule Ibérique, l'Espagne et le Portugal, la France, l'Angleterre et l'Allemagne, la Pologne jusqu'à la partie européenne de la Russie. L’abeille jaune italienne, Apis mellifera ligustica (Spinola, 1806) occupe la majeure partie de l’Italie. L’abeille carnolienne, Apis mellifera carnica (Pollmann, 1879), est originaire de Slovénie et d'Autriche. La caucasienne à longue trompe, Apis mellifera caucasica (Pollmann, 1889), vit principalement dans le Caucase et en Géorgie.
Des races métisses ont été créées par l'action de l'homme, volontairement ou non.
L’abeille Buckfast, créée par le Frère Adam est l’une des plus appréciées. Elle est le résultat d'un travail de croisements et de sélection combinés. Ces travaux, qui se sont étendus sur plus de 70 ans, et ont comporté plusieurs voyages d'étude, ont fait émerger une méthode reprise actuellement par plusieurs éleveurs européens, disciples qui continuent le travail du Frère Adam. Cette abeille est, à l'heure actuelle, la seule dont le pedigree soit publié sur l'internet. Cette généalogie, classée par éleveurs, remonte jusqu'en 1925.
Un autre exemple de métissage est celui de l'abeille dite africanisée. Elle est née en 1957, au Brésil, à la suite de l'importation d'Afrique de l'abeille Apis mellifera scutellata (Lepeletier, 1836), qui avait semblé mieux adaptée au climat tropical. Elle se croisa avec l'abeille créole, descendante des abeilles ibériques apportées par les conquistadores. Ce croisement, auquel les caractéristiques de vigueur et de prolificité conféraient un important avantage évolutif, envahit toute la zone tropicale et subtropicale des Amériques.
Au-delà de ces races ayant une dénomination déterminée, les abeilles forment des populations, ou races locales, dans chaque région, et elles ne sont pas formellement répertoriées. Le degré d'originalité de ces races, leur homogénéité ou leur degré d'hybridation sont peu décrits. La population d'abeilles d'une région est issue de son héritage, combinaison entre l'ancienne race locale, et les apports continus d'abeilles d'origine éloignée ou de souche sélectionnée, par le négoce des reines et des essaims, ou la transhumance et les migrations. Elle subit l'influence des conditions de climat ou de ressources locales, conjuguées aux pratiques plus ou moins extensives des apiculteurs.
Les caractères raciaux, morphologiques et comportementaux sont l’objet d'études de biométrie : leurs apports en apiculture sont importants car elles permettent de connaître l’influence des caractères génétiques sur les qualités d’une race d'abeilles.
Sélection
La sélection est pratiquée comme dans les autres secteurs de l’agriculture ; elle tend à améliorer l’abeille pour combler les besoins de l’apiculture. Les qualités recherchées chez les abeilles sont la vigueur, la fécondité, la douceur, la propreté, la résistance aux maladies, et d'être peu "essaimeuse". Cependant il est remarqué dans le monde que la sélection affaiblit la diversité des abeilles et peut consister à terme une carence. Il existe différentes méthodes de sélection en apiculture. La plus répandue est la sélection dite massale.
Cette méthode consiste à choisir les reines qui semblent les plus intéressantes et à utiliser leurs filles comme départ pour élever les reines descendances suivantes. Successivement, l'opération de sélection permet d'améliorer les performances des reines filles en fonction des critères choisis. Entre deux étapes de sélection, les recombinaisons génétiques se font naturellement sans intervention humaine. Les reines sélectionnées descendantes sont différentes de celles de la génération précédente et différentes entre elles. Elles ne constituent donc pas une variété en soi.
Élevage de reines
Principe
Tout apiculteur pratique, dans son rucher, une forme de sélection ; en effet, lors de l’essaimage artificiel, il choisit comme souche ses colonies les plus fortes. Pour pratiquer une sélection plus rigoureuse, il doit pouvoir disposer d’un grand nombre de colonies : certains apiculteurs se sont donc spécialisés dans la production de reines sélectionnées.
Technique
Les éleveurs de reines disposent de ruches dédiées à leur activité. Des cadres sont aménagés pour contenir plusieurs ébauches artificielles de cellules à reine, appelées "cupules". Au moyen d'un stylet appelé "picking", l'éleveur dépose de jeunes larves (jusqu'à trois jours) dans les cupules. Cette opération se nomme "greffage". Les cadres garnis sont ensuite introduits dans la ruche d'élevage mise à l'état d'orpheline, c'est-à-dire que la reine de cette colonie vient d'être enlevée. Cet enlèvement a pour but de déclencher le mécanisme de survie de la colonie, c'est-à-dire le nourrissage des larves à la gelée royale; les ouvrières l'effectuent spontanément quand elles remarquent l'absence de leur reine. Par précaution, les alvéoles artificielles sont ensuite entourées par des grilles cylindriques destinées à empêcher une reine éventuellement née prématurément de les détruire pour éliminer ses rivales à-naître. Avant la naissance des reines, chaque cellule est placée dans une ruchette de fécondation. Cette ruchette est garnie d’ouvrières et de rayons de couvain operculés, à partir desquels il leur serait impossible d'élever de nouvelles reines (car les larves sous opercules sont forcément trop vieilles pour ce faire). Dans le mois qui suit leur naissance, les reines doivent être fécondées naturellement ou artificiellement. Dans le second cas, une insémination instrumentale permet d'injecter la semence — 8-12 μl, d'une bonne vingtaine de mâles, sélectionnés aux fins, par-exemple, d’obtenir une souche pure.
Critique du "progrès génétique" : adaptation, dérive et consanguinité
La forte sélection sur des critères de rendement a permis d'augmenter fortement la production par ruche mais s'est traduite par une forte perte de rusticité des colonies. Moins adaptées à l'environnement, les races productives d'abeilles sont souvent plus fragiles que les races locales.
La sélection sur le critère de douceur peut mener à des races moins résistantes aux parasites et aux prédateurs.
Les apiculteurs professionnels utilisent de moins en moins les populations locales comme l'Abeille noire, au profit de races sélectionnées à l'étranger, qui peuvent être peu adaptées aux conditions locales. L'importation depuis l'étranger de plusieurs races d'abeille productives a des conséquences importantes sur la diversité génétique des populations. Des conservatoires génétiques sont proposés pour répondre au maintien de cette diversité.
L'homogénéisation des populations d'abeilles par l'utilisation de quelques lignées pures a des conséquences à long terme sur leur consanguinité, qui est très néfaste chez les abeilles . De plus, la limitation de l'essaimage pour des raisons de production et la destruction des colonies sauvages tend à faire diminuer la ressource génétique sauvage, qui est une condition importante de limitation de la consanguinité.
Ouverture des ruches
Sécurité de l'apiculteur
Apiculteur intervenant dans une ruche, protégé par une combinaison intégrale.
Une piqûre d'abeille n'est normalement pas dangereuse (sauf en cas d'allergie), mais une attaque massive peut être mortelle. Le risque de piqûre nécessite le port de vêtements protecteurs. Les abeilles de genre apis attaquent préférentiellement la tête et les parties sombres qui, pour elles, représentent des orifices, comme les yeux, les cheveux et les oreilles.
Pendant son travail, l'apiculteur peut utiliser une combinaison de protection pour éviter les attaques d'abeilles. Au minimum, la tenue comporte une coiffe grillagée qui entoure la tête et la protège, mais certains apiculteurs utilisent des vareuses (qui protègent le haut du corps) ou des combinaisons intégrales. Le port de gants de protection est fréquent, mais complique les manipulations. La combinaison d'apiculteur a généralement une couleur claire (blanc, beige...).
Certains produits chimiques (aérosols, pommades) peuvent être appliqués directement sur la peau de l'apiculteur, avec l'effet de repousser les abeilles. L'efficacité est selon la qualité du produit, mais l'absence de protection supplémentaire implique la possibilité de subir quelques piqûres.
Le comportement joue un rôle important dans la sécurité de l'apiculteur. La panique et les gestes brusques doivent être évités pour ne pas susciter la colère des insectes. Même en cas de piqûre il convient de garder son sang-froid et d'agir dans un mouvement régulier et fluide. De toute façon, une abeille ne pique qu'une fois.
Enfumage
L'enfumage est une technique utilisée pour calmer les abeilles lorsqu'on ouvre la ruche. La fumée a pour effet de masquer les phéromones émises par les ouvrières donc de calmer la colonie, qui se réfugie dans le corps de la ruche (partie inférieure). Après le départ de l'apiculteur, les abeilles ventilent énergiquement la ruche pour purifier leur air, et recouvrent une activité normale dans la demi-heure.
La fumée est produite à l'aide d'un enfumoir. Il en existe plusieurs sortes, fonctionnant tous sur le même principe : le combustible allumé se trouve dans une chaudière, à travers laquelle est injecté de l'air. L'injection peut se faire à la main au moyen d'un soufflet, ou à l'aide d'une pipe, ce qui libère les deux bras de l'apiculteur. Une cheminée conique à la sortie de la chaudière permet de diriger la fumée sur la zone de travail.
La combustion (pyrolyse) doit produire une fumée abondante et claire, en panaches. Une ventilation trop forte doit être évitée, car elle produit de la fumée chaude qui pourrait brûler les abeilles et endommager le contenu de la ruche (miel, cire...). Les combustibles utilisés peuvent être de la paille, des aiguilles de pin, des pives, du carton, du bois pourri, etc. Les matières synthétiques, ainsi que les matériaux traités chimiquement, doivent être rejetés pour éviter les intoxications.
Une technique plus moderne consiste en l'utilisation d'aérosols qui ont pour effet de faire reculer les abeilles. Leur utilisation est très aisée.
Enfumoir prêt à libérer de la fumée.
Enfumoir ouvert.
Un enfumoir à soufflet.
Enfumoir à soufflet avec couvercle en cuir percé.
Apiculteur enfumant une ruche.
Gestion des risques pour les colonies
Risques climatiques
La ruche, naturelle ou sauvage (on parle alors de nid), est une structure solide qui protège les abeilles contre les facteurs environnementaux défavorables.
En tant qu'insectes, les abeilles sont directement vulnérables à l'eau et au froid, mais aussi au vent (qui évacue la chaleur, et disperse les abeilles) et à la lumière directe du soleil (la reine craint la lumière).
Risques chimiques
Il existe des risques importants liés à l'apparition de nouvelles molécules pour l'agriculture et l'élevage.
Risques liés aux pesticides agricoles
Prédateurs, intrusions dans la ruche et pathologies
Des menaces importantes et diverses pèsent sur les populations d'abeilles, et les taux de mortalité observés ces dernières années mènent l'apiculture à un déclin important de la production, particulièrement dans les régions anthropisées du monde. Étant donné leur importance dans la pollinisation, leur disparition a un impact important sur les écosystèmes.
Dans le cadre du Grenelle de l'environnement (qui a aussi proposé la mise en place d'un plan de restauration « pollinisateurs »), le rapporteur Martial Saddier a en octobre 2008 proposé de « fédérer les différents instituts de recherche afin d'arrêter un programme européen et mondial de recherche pour l'abeille » et suggérait « une identification particulière de l'abeille et de son rôle fondamental dans le monde, à travers par exemple un classement au patrimoine mondial de l'UNESCO ».
La stagnation de la ruche en tant qu'habitat implique naturellement des dangers sanitaires pour les abeilles. Elles s'en défendent par l'évacuation des petits déchets, par le vol de propreté (défection à l'extérieur sauf dans le cas de la reine), et par l'utilisation de propolis (matière végétale aux propriétés aseptisantes et antibiotique). Les abeilles ventilent abondamment leur ruche pour en évacuer la chaleur excédentaire, l'humidité, et l'air vicié.
Frelon asiatique
Le Frelon asiatique (Vespa velutina)) est le prédateur majeur de l'abeille en France, observé depuis l'été 2004 dans le Sud-Ouest de la France, il exerce une forte pression sur les populations d'abeilles là où il est présent, les abeilles locales n'ayant pas de défense contre ce prédateur. La lutte consiste essentiellement en un piégeage (pour le moment peu sélectif) à proximité des ruches ou des zones de nidification, et une destruction des nids.
Autres prédateurs
Ruches dans la région de Fada N'Gourma.
La ruche étant abritée des intempéries, source de chaleur et de nourriture (miel et abeilles), elle attire de nombreux visiteurs indésirables.
Parmi les insectes, on peut citer les fourmis (attirées par le miel sucré), les perce-oreilles (qui cherchent un abri mais ne pénètrent pas et ne causent pas de dégâts), la fausse-teigne (dont la larve consomme la cire d'abeilles, détruisant les cadres). Une autre menace est l'Aethina tumida, un petit coléoptère qui provoque des pertes importantes dans les ruchers nord-américains. Avec la mondialisation qui n'épargne pas le monde de l'apiculture, notamment par les exportations de reines et d'essaims, on peut craindre son arrivée en Europe.
Des animaux de plus grande taille peuvent également s'avérer gênants, notamment les souris et certains serpents qui recherchent la chaleur des ruches pendant l'hiver. Leur intrusion est alors dangereuse en raison du nombre restreint d'abeilles pendant la période d'hivernage. Le pic-vert et le pic épeiche n'hésitent pas à percer les parois de bois des ruches pour accéder aux larves, riches en protéines. Le goût des ours pour le miel est largement connu, quoiqu'ils consomment également les larves et la cire lors de leurs attaques.
Les vandales et les voleurs sont également une menace.
Infestations parasitaires
Varroa
Les apiculteurs ont subi, et parfois provoqué par introduction imprudente d'abeilles parasitées, de lourdes pertes dues à l'épidémie mondiale de varroa destructor, dans les années 1980.
Les apiculteurs contrôlent le taux de Varroa en observant les malformations des abeilles de la colonie. Dans certaines ruches, grâce à une plaque recueillant les varroas qui tombent au sol, on peut estimer la quantité de Varroa dans la ruche. Lorsque la quantité de Varroa est trop importante, un traitement peut être appliqué (amitraze, tau-fluvalinate ou thymol sont autorisés). Une diminution d'efficacité des traitements est observée, notamment du fait de l'apparition de résistances. Des méthodes simples comme le transvasement des colonies, la destruction des ruches fortement contaminées, le renouvellement des cires ou la mise en quarantaine avant l'introduction d'une nouvelle colonie permettent la diminution de l'infestation. Les échanges d'individus (notamment les mâles) entre colonies rendent difficile une éradication.
La sélection de races d'abeilles naturellement résistantes aux varroas est une solution envisageable pour une protection durable, mais pour l’instant aucune colonie d’Apis mellifera n’est résistante à ce parasite.
Nosémose
Infections bactériennes
Les loques américaine et européenne sont les principales infections bactériennes.
Infections virales
Les principales infections virales sont le virus des ailes déformées, le virus de la paralysie aiguë et le virus de la paralysie chronique.
Syndrome d'effondrement des colonies
Depuis 2006 aux États-Unis, et depuis les années 2000 au moins en Europe et presque partout dans le monde, des abeilles domestiques et parfois sauvages semblent massivement touchées par un recul inexpliqué de leurs populations. On parle de « syndrome d'effondrement des colonies d'abeilles », ou « CCD » (pour Colony Collapse Disorder) pour décrire le fait que des milliards d'abeilles ne rentrent pas dans leur ruche. Le taux de ruches abandonnées ou presque désertées atteint 70 % et parfois 80 % dans les régions et pays les plus touchés. La thèse d'un phénomène multifactoriel est fortement envisagée.
La multifactorialité implique la prise en compte à la fois des causes primaires et des causes secondaires des maladies : un parasite (cause secondaire) peut tuer la colonie, mais d'autant plus facilement que la vigueur de la colonie est faible (cause primaire), par exemple en cas de consanguinité.
Récolte et gestion de la production de miel
Certains apiculteurs ne produisent pas de miel, installant des ruches uniquement pour la pollinisation. Une ou plusieurs récolte de miel peuvent être effectuées, ainsi que la récolte d'autres produits de la ruche.
Déroulement de la récolte
Lors de la récolte, l'apiculteur extrait les cadres de hausse en remettant les abeilles dans la ruche. Si la saison n'est pas terminée, il remplace les cadres pleins par des cadres vides afin que les abeilles continuent la récolte. Dans le cas contraire, il enlève toute la hausse. Beaucoup d'apiculteurs récoltent le miel plusieurs fois dans l'année, notamment après chaque floraison dominante (châtaigner, colza, tournesol) pour séparer les miels.
L'alimentation artificielle : le « nourrissement »
Depuis les années 1970, l'utilisation de sirop de maïs à haute teneur en fructose est devenue très fréquente pour améliorer le rendement des ruches, la plupart des agriculteurs commerciaux distribuent ce substitut, seul ou additivé, à l'alimentation naturelle des abeilles. Le nourrissement permet d'extraire plus de miel et de laisser plus de place pour la production de couvain dans la partie basse de la ruche.
Critique du nourrissement
Couplé avec une sélection génétique qui favorise la prolificité des reines, la perte de diversité florale de l'espace agricole, le nourrissement est au centre d'un cercle vicieux : pour profiter des cultures industrielles à fort rendement en nectar mais à floraison courte ou pour assurer des contrats de pollinisation, certains apiculteurs pratiquent le nourrissement spéculatif à la sortie de l'hiver pour avoir des ruches pleines de butineuses. Lourdement chargées en abeilles mais pauvres en réserves puisque l'apiculteur prélève la hausse et que la partie basse est remplie de couvain, les ruches doivent ensuite recevoir des apports supplémentaires dès la fin de l'été pour passer l'hiver. Les abeilles domestiques sont devenues très dépendantes de cette alimentation exogène. Cette alimentation synthétique est pauvre, elle affaiblit le système immunitaire des abeilles, notamment leur capacité à éliminer les toxines naturelles ou synthétiques (pesticides et polluants).
Directives de durabilité de la filière
Le gouvernement donne désormais des directives concernant la durabilité de la filière apicole.
Produits de l'apiculture
Une ruche produit diverses matières dont les vertus sont multiples. La plus connue est le miel, et il y en a d'autres, comme la gelée royale, aux vertus anti-cancérigènes, la cire qui était utilisée pour faire des chandelles et pour l'entretien des meubles en bois, la propolis, aseptisante et antibiotique, et le pollen, comestible et riche en protéines. Différentes races d'abeilles sont utilisées pour optimiser les récoltes en miel, propolis ou pollen. Certaines techniques permettent de forcer les abeilles à la récolte de la propolis.
Miel
Généralités
Le miel est réputé depuis le début de l'apiculture pour ses nombreuses vertus, et possède la particularité d'être imputrescible.
Il est produit par les abeilles dans le but de constituer des réserves. Ces réserves sont consommées quand les abeilles ne peuvent aller se nourrir à l'extérieur (intempéries, hiver, absence de floraison...).
En moyenne, chaque abeille transporte dans son jabot 0,025 g de nectar de fleur (matière-première pour la fabrication du miel). Un gramme de nectar nécessite que les abeilles visitent 8 000 fleurs. Un kilogramme de miel correspond ainsi à 5,6 millions de fleurs visitées et 40 000 km de parcourus. Pendant une bonne année, une ruche très forte peut produire près de 100 kg de miel.
Autrefois, la récolte du miel nécessitait de chasser les abeilles et de détruire la ruche (pressage des rayons). La domestication des abeilles et la conception de ruches modernes permet aujourd'hui de récolter du miel sans porter atteinte à la colonie, si ce n'est en la dérangeant.
État à la récolte
Les cadres doivent être prélevés seulement si la majorité des alvéoles sont operculées (fermées par un couvercle en cire), ce qui signifie que le miel est "mûr" et apte au stockage. Les alvéoles doivent être désoperculées (au moyen d'un peigne ou d'un couteau à désoperculer) pour que le miel puisse être extrait.
Extraction
L'extraction peut se faire par écoulement, les cadres couchés et le miel s'écoulant naturellement (une face après l'autre). Cette technique convient bien aux amateurs, mais prend énormément de temps. Les apiculteurs les mieux équipés utilisent plutôt un extracteur centrifuge. La qualité et le temps d'extraction sont nettement avantageux.
Après l'extraction, les cadres peuvent être posés à proximité du rucher, afin que les abeilles récupèrent le miel qui a résisté à l'extraction. Cela rentabilise d'autant plus la récolte, et permet de stocker des cadres très propres. Attention : les cadres ne doivent pas être déposés très près des ruches afin d'éviter les tensions entre colonies (risque de pillage).
Stockage
Le stockage du miel peut se faire dans des fûts, des bidons ou des pots. Après l'extraction, un temps de maturation d'au moins deux semaines doit être respecté, ne serait-ce que pour récolter les déchets microscopiques qui remontent à la surface, formant une couche généralement blanche.
Après un certain temps, selon sa qualité et sa composition, le miel se cristallisera. La décristallisation peut être obtenue en réchauffant le miel au bain-marie, mais les 40 °C ne doivent pas être dépassés pour préserver les vertus du miel. Il arrive que des apiculteurs stérilisent leur miel (chauffage à température supérieure), mais c'est en principe inutile. Dans la même idée, le miel utilisé en pâtisserie devrait, si possible, être ajouté dans des conditions respectant ce principe.
Le miel possède la particularité d'être imputrescible. Il peut donc, en théorie, être conservé indéfiniment.
Protection et retrait des cadres.
Cadre.
L’enfumage.
Lire le média " style="width:120px;height:68px" src="https://wiki-gateway.eudic.net/wikipedia_fr/I/m/-D%C3%A9soperculage_manuel_de_cadres.webm.jpg">Lire le média Désoperculage des rayons.
Extraction du miel.
Filtrage du miel.
Mise en pot du miel (après maturation).
Gelée royale
De la gelée royale.
La production de gelée royale fait appel à des techniques particulières, car les abeilles en produisent peu et dans des conditions très précises. Sa récolte est pratiquée par des apiculteurs spécialisés.
La production de gelée royale nécessite de conduire les ruches comme pour la production de reines. Il s'agit d'enlever la reine pour inciter les ouvrières à en produire de nouvelles, et de récolter la gelée royale que les ouvrières donneront aux larves dans ce but.
Des cadres à cellules royales sont parfois utilisés. Ils fournissent une ébauche de cellule royale et facilitent le travail des ouvrières, mais les larves âgées de moins de trois jours doivent y être placées manuellement par l'apiculteur. Les ouvrières achèvent ces cellules et la remplissent de gelée royale pour nourrir la jeune larve. Après trois jours, les cellules sont pleines et peuvent être vidées par l'apiculteur, une-à-une. Une ruche peut donner au maximum trois cents grammes de gelée par an.
La gelée royale étant très acide (pH 4), elle ne peut être stockée dans des bocaux à couvercle en métal. On la stocke en général dans de petits flacons en plastique, et l'entrepose entre 2 et 5 °C, dans une atmosphère exempte d’humidité et à l’abri de la lumière. Dans de telles conditions, la gelée royale peut être conservée pendant plusieurs mois.
La gelée royale est un produit naturel très riche en vitamine B5, en oligo-éléments, en acétylcholine (jusqu’à 0,1% de masse), en facteurs antibiotiques particulièrement actifs sur les proteus et escherichia coli B, plus connu sous le nom de colibacille.
La gelée royale se négocie à prix très élevé sur les marchés spécialisés.
Pollen
Anatomie de l’abeille.
Corbeilles à pollen.
Chez les végétaux supérieurs, le grain de pollen constitue l’élément fécondant mâle de la fleur. Il se trouve sur les anthères des étamines. Sa forme, sa couleur et ses dimensions varient considérablement d’une plante à l’autre. Pour être fécondée, une fleur doit recevoir du pollen sur son pistil, organe femelle.
Les abeilles récoltent le pollen pour nourrir leurs larves, et stockent le surplus dans des cellules, c'est le pain d'abeille. On en retrouve également dans le miel, ce qui donne à celui-ci une partie de ses vertus. L'étude du miel à partir des pollens qu’il contient s’appelle la melissopalynologie, et permet d’identifier son origine botanique.
Les plantes entomophiles comptent en grande partie sur les insectes pour assurer leur pollinisation. Les abeilles jouent ce rôle, mais aussi les bourdons, qui sont friands de pollen, et de nombreux insectes volants ou pas. En butinant de fleur en fleur, l’abeille dépose involontairement et fatalement le pollen de l’une sur le pistil d'une autre, permettant la fécondation. L’abeille est largement utilisée pour la pollinisation des plantes cultivées, en particulier les arbres fruitiers. On estime que la valeur économique apportée par les abeilles lors de la pollinisation est de douze à quinze fois supérieure à celle des produits de la ruche.
La récolte du pollen par l’abeille est possible grâce à l’adaptation spécifique des pattes postérieures de l'ouvrière. Elle utilise la brosse à pollen située sur la face interne du métatarse pour récupérer le pollen dispersé sur son corps, puis le pousse et le tasse dans la corbeille à pollen (en) située sur la face externe du tibia de la patte opposée. Un poil unique dans la corbeille sert de mât qui maintient la pelote de pollen. Une pelote pèse environ quinze à vingt milligrammes, et l’abeille en transporte deux. Dans la ruche, le pollen est tassé dans les alvéoles par d’autres ouvrières, avec la tête.
Composition du pollen
Le pollen est d’abord une source de protides pour les abeilles, il entre dans la composition de la nourriture distribuée au couvain.
Le pollen est également riche en d’autres substances, et sa composition moyenne est de :
20 % de protides (acides aminés libres et protéines) ;
35 % de glucides ;
5 % de lipides;
10 à 12 % d'eau.
D’autres composants sont présents comme des vitamines, des oligo-éléments, des enzymes (amylase, invertase, certaines phosphatases), des substances antibiotiques actives sur toutes les souches de colibacilles et certaines de proteus et salmonelles. On y trouve aussi la rutine, une substance accélératrice de la croissance, des substances œstrogéniques, et de nombreux pigments qui donnent la couleur d’un pollen déterminé (jaune et orange dans la plupart des fleurs, mais aussi vert, bleu...).
Récolte et conservation du pollen
Trappe à pollen.
La récolte du pollen est assez récente. Les apiculteurs ont mis au point une trappe à pollen qu'ils placent à l’entrée de la ruche. Pour y pénétrer, les abeilles doivent passer à-travers d’étroites ouvertures et perdent leurs pelotes de pollen dans un tiroir situé en dessous. Le dispositif est conçu de manière à ce que, statistiquement, seulement dix pour cent du pollen soit prélevé, car il est indispensable à la croissance des colonies. Les tiroirs sont prélevés tous les un ou deux jours. Les pelotes de pollen sont séchées au maximum de 40 °C par le passage d’un courant d’air chaud et sec traversant des claies sur lesquelles elles sont étalées. Elles sont sèches dès lors qu’elles n’adhèrent plus les unes aux autres.
Le pollen étant hydrophile, il doit être stocké dans des récipients hermétiques pour éviter qu'il ne se réhydrate par l'humidité de l'atmosphère. Une autre méthode, plus récente, consiste à congeler les pelotes sans procéder au séchage.
Propolis
La propolis est récoltée par les abeilles afin de garantir l'hygiène dans la ruche, mettant à profit ses propriétés aseptisantes et antibiotiques.
Les principales essences produisant de la propolis en Europe sont des conifères, comme le pin, le sapin, et l'épicéa, plusieurs espèces de peupliers, qui semblent en être la source la plus importante, l’aulne, le saule, le marronnier d'Inde, le bouleau, le prunier, le frêne, le chêne et l’orme.
La propolis recueillie dans la ruche est constituée globalement de:
50 à 55% de résines et baumes,
30 à 40% de cire,
5 à 10 % d'huiles volatiles ou essentielles,
5% de pollen,
5% d’autres éléments (acides organiques, oligo-éléments, nombreux flavonoïdes, nombreuses vitamines...).
Cire d'abeilles
La cire est sécrétée par les glandes cirières situées sous l'abdomen des abeilles, pendant une période où on les appelle abeilles cirières (entre le douzième et le dix-neuvième jour de leur vie). La cire se manifeste sous la forme de petites écailles blanches transparentes.
La cire est principalement utilisée pour la fabrication des rayons, dans lesquels la reine produit son couvain, et où les ouvrières stockent leurs matières premières (pollen, propolis...) et le miel. Un rayon fraîchement construit est jaune pâle, presque blanc, il devient jaune puis brun foncé en vieillissant. La forme extrêmement sophistiquée des cellules et des rayons leur permet de contenir dix à douze kilogrammes de miel pour un kilogramme de cire.
La cire appartient à la famille chimique des cérides, elle est constituée d’acides et d’alcools gras à très longues chaînes, de vingt à soixante atomes de carbone. Son point de fusion est d’environ ** °C et sa densité de 0,97. Elle est insoluble dans l’eau et résiste à l’oxydation.
Les apiculteurs recyclent la cire des cadres détruits pour fabriquer des feuilles de cire gaufrée. Ces feuilles sont fixées au centre des cadres des ruches modernes et servent de base aux abeilles, qui construisent leurs alvéoles en respectant ce motif. Cette technique évite aux abeilles une éventuelle erreur de conception, améliorant indirectement le rendement de leur production, et favorise la production de cellules femelles (les cellules produisant des faux-bourdons étant plus larges).
En dehors de l'apiculture, on utilisait autrefois la cire d'abeilles pour fabriquer des chandelles ; cette utilisation est aujourd'hui marginale. On utilise, encore aujourd'hui, la cire d'abeilles pour le traitement du bois et des meubles (encaustiques).
La cire peut également être consommée, en général lors de la consommation du miel ou des larves.
Consommation des larves
La consommation de larves est possible, mais se pratique très peu dans les pays occidentaux. On rencontre plutôt cette pratique parmi les peuples qui se livrent à la chasse aux rayons, et qui consomment alors l'entier produit de leur récolte.
Apithérapie
L’apithérapie est un autre débouché pour les apiculteurs. Beaucoup utilisé autrefois dans les préparations médicinales traditionnelles, le miel est tombé en désuétude avec la médecine récente.
L'apithérapie est remise au goût du jour dans le cadre des médecines alternatives. En outre, le venin d’abeille (apipuncture), le pollen et la gelée royale sont des produits dont les propriétés ont été découvertes récemment. Elles n'ont pu l'être qu'avec la mise au point de techniques de récolte.
Produits dérivés
Les produits issus d'une ruche peuvent être consommée directement, mais aussi préparés.
La pâtisserie et la confiserie font fréquemment usage du miel, pour son goût, ses qualités, et sa réputation.
Le miel intervient aussi dans la production d'hydromel, boisson alcoolisée appréciée des amateurs.
L'industrie pharmaceutique, enfin, s'intéresse aux produits de l'apiculture pour produire des remèdes plus efficaces contre les pathologies qu'elle entend combattre. Par exemple, l'opercule aurait des effets particulièrement bénéfiques sur la santé.
Recherche en apiculture
Chiffres de la filière apicole
Production de miel
Production mondiale en millier de tonnes d'après la FAO Produit 19** 1969 1974 1979 1984 1989 1994 1999 2004 cire 30 37 41 44,5 47,5 47 52 57,5 60 miel 752 756 793 906 995 1146 1118 1237 1374
Filière apicole en France
En France métropolitaine, le recensement agricole de 2010 a dénombré 41 850 apiculteurs détenant au moins une ruche, 12 000 apiculteurs dont l'activité s'exerce dans une exploitation agricole ou possédant au moins dix ruches. La profession compterait 800 000 ruches et 14 800 tonnes de miel par an, pour environ 2000 professionnels, certains exploitant plus de 200 ruches. Cela représente 2,6% des apiculteurs et près de 50 % des ruches en France. Les petits apiculteurs possédant moins de dix ruches étaient plus de 53 000 en 2005. Un audit réalisé pour FranceAgriMer fait état pour 2010 de 1 074 200 ruches déclarées et 18 330 tonnes de miel par an, ce qui souligne la relativité des chiffres avancés et la difficulté d'établir des estimations fiables.
Filière apicole dans le monde
La Suisse est le pays où la densité géographique des ruches déclarées est la plus élevée, mais la majorité des exploitants sont amateurs et ne possèdent que peu de ruches.
Quelques personnalités
Saint Ambroise (340-397) : évêque de la ville de Milan, saint patron des apiculteurs, des abeilles et de la ville de Milan.
François Huber (1750-1831) : naturaliste suisse ayant fait des découvertes importantes sur la vie des abeilles. C'est lui qui décrivit le premier le vol nuptial. Pour faire ses expériences, il mit au point une ruche à cadre mobile.
Charles Darwin (1809-1882) : dans son ouvrage sur l'origine des espèces, « On the origin of species by Means of Natural Sélection or the Preservation of Favoured Races in the Struggle for life », Darwin parle de l'abeille qu'il a étudiée longuement, en particulier son instinct de bâtisseuse extraordinaire. Il démontre ainsi (chapitre VII) que l'abeille construit ses alvéoles par sélection naturelle, en gagnant en solidité, et en économisant la place et la matière première. Ainsi, la forme complexe et sophistiquée des alvéoles ne serait pas un hasard mais une nécessité.
Lorenzo Langstroth (1810-1895) : révérend américain, mit au point sa ruche en 1860, c'est actuellement une des plus répandues au monde.
Jan Dzierżon (1811-1906) : en 1845 découvrit la parthénogenèse chez les abeilles.
Charles Dadant (1817-1902) : né en France, il gagna les États-Unis en 1863, où il mit au point la ruche portant son nom. La société familiale qu'il fonda perdure toujours après cinq générations.
Georges de Layens (1834-1897) : botaniste et apiculteur français, célèbre pour ses nombreux ouvrages. Il a donné son nom à un type de ruche horizontale.
Jean-Baptiste Voirnot (1844-1900) : abbé français, créateur de la ruche Voirnot.
Gaston Bonnier (1853-1922) : célèbre botaniste français qui a travaillé avec G. De Layens sur des ruchers expérimentaux, et dont les observations furent des références dans ce domaine.
Ursmar Baudoux (Binche 1867-1934), d'origine belge : il augmenta la capacité des cellules, mit au point des instruments de mesure et « créa » des abeilles plus grandes, ayant une langue plus longue qui permit de récolter davantage de nectar.
Émile Warré (1867-1951) : abbé français ayant mis au point la ruche portant son nom après avoir étudié tous les types de ruches disponibles à son époque. Il en eut trois-cent-cinquante, et au minimum dix à douze par modèle, placées dans des situations identiques, même rucher, même direction.
Jean Hurpin (1883-1967) : débuta en apiculture en 1900. Il fonda en 1920, avec l’instituteur Jean Guerre, le journal « L’Abeille de France et l’apiculteur ». Il perfectionna la ruche De Layens et publia de nombreux ouvrages apicoles.
Karl von Frisch (1886-1982) : zoologiste et éthologiste autrichien ayant décrypté le langage des abeilles, notamment leurs danses de localisation des sources de nectar. Prix Nobel de médecine 1973.
Adam (1898-1996) : Frère né en Allemagne, infatigable voyageur apicole, et auteur de nombreux ouvrages, il créa, par croisement des meilleures souches, l'abeille buckfast.
Glossaire
-
Barres et barrettes
-
Planchettes disposées parallèlement et horizontalement en haut des ruches, sous lesquelles les abeilles vont bâtir leurs rayons. L'apiculteur les amorce en fixant une bande de cire gaufrée sur leur face inférieure qui servira de guide aux abeilles. Les barrettes sont utilisées dans les ruches Warré, leur largeur est d’environ 25 mm et leur épaisseur d’environ 9 mm, elles ne sont pas jointives de manière à ce que les abeilles puissent circuler entre le corps et les diverses hausses, le dernier étage est fermé par un couvercle (couvre cadre). Les barres sont utilisées dans des ruches horizontales type top-bar, leur largeur est d’environ 35 mm et leur épaisseur d’environ 25 mm. Elles sont montées jointives et forment une fois en place le couvercle de la ruche.
-
Cellule ou alvéole
-
Compartiment de section hexagonale et d’axe légèrement incliné par rapport à l’horizontale (d’environ 13 °) qui forme le motif de base des rayons d’une ruche et peut servir à divers usages : déshydratation de l’eau du nectar, maturation et stockage du miel, stockage du pollen, élevage des larves d’ouvrières.
-
Cellule de sauveté
-
Cellule construite par les ouvrières pour la production d’une reine dans les ruches orphelines.
-
Cire gaufrée
-
Présentée en feuilles, il s’agit d’une pellicule de cire naturelle sur laquelle une machine a marqué à chaud et sur les deux faces l’ébauche du fond des futurs alvéoles : placées verticalement sur des cadres de bois et rigidifiées par un fil métallique situé dans leur épaisseur et qui les parcourt en zigzag et de bord à bord, ces feuilles facilitent la tâche des abeilles cirières à qui l’apiculteur les propose comme ébauches sur lesquelles elles vont construire les parois des divers alvéoles.
-
Couvain
-
Ensemble des œufs, larves et nymphes contenus dans une ruche.
-
Entomophile
-
Se dit des plantes utilisant les insectes comme vecteur pour leur fécondation.
-
Faire la barbe
-
Comportement des abeilles qui dénote que la ruche est insuffisamment aérée ou manque de fraîcheur ; généralement, on observe ce phénomène lors des fins d’après-midi les plus chaudes de l’été : les abeilles, battant des ailes avec un bruissement caractéristique, se disposent en grand nombre sur la planche de vol ou restent suspendues les unes aux autres, les plus élevées étant accrochées au rebord de la planche de vol ou sur la paroi du corps de ruche qui surplombe l’entrée.
-
Jabot
-
Poche communiquant avec l’estomac, isolée de celui-ci par un clapet.
-
Mellifère
-
Plantes donnant en abondance des substances sucrées accessibles aux abeilles domestiques.
-
Opercule
-
Fine membrane de cire fermant une cellule.
-
Organoleptique
-
Qui agit sur la perception sensorielle, pour les aliments : goût, odeur, couleur, aspect, consistance…
-
Partition
-
Cloison mobile épousant la section d'une ruche, placée parallèlement aux rayons elle permet de réduire le volume de la ruche. Dans le but de faciliter son maintien en température par les abeilles lors de l'hivernage ou lorsque la colonie est faible.
-
Planche de vol (ou d’envol)
-
Petite surface plane, placée à la base du corps de ruche et légèrement inclinée vers l’extérieur : elle sert de piste de décollage ou d’atterrissage aux butineuses, ainsi que de poste de garde aux gardiennes (sentinelles).
-
Ruche orpheline
-
Ruche n’ayant plus de reine.
-
État de bruissement
-
État d’une ruche enfumée émettant un bourdonnement intense, à la suite de son enfumage.
-
Spermathèque
-
Réservoir dans l’abdomen de la reine contenant la semence des faux-bourdons qui servira à féconder les œufs d’ouvrières et de reines.
-
Top-Bar
-
Terme anglo-saxon désignant les barres, c'est aussi le nom d'une ruche munie de ces mêmes barres. Cette ruche, horizontale, se présente comme une profonde gouttière de section trapézoïdale, fermée par un toit. De faible coût elle a été créée initialement pour les pays en voie de développement.
Bibliographie
E. Alphandery, Traité complet d'apiculture, Paris, éditions Berger-Levrault, 1931.
Maurice Chaudière, Apiculture Alternative, édition Le Décaèdre, 2003 (ISBN 2914234066).
Le traité Rustica de l'apiculture - Édition Rustica
(en) Ethel Eva Crane, The World History of Beekeeping and Honey Hunting, Routledge, 2013, 720 p. (lire en ligne)
(en) Susan Kuchinskas, « Are Bees Too Busy? », East Bay Express, 1 août 2007 (lire en ligne)
Josquin Debaz, « Nous sommes tous de la coalition contre les abeilles », sur Socio-informatique et argumentation, sociologie argumentative des controverses, 5 novembre 2012