Olin Levi Warner, Imagination (1896), Washington, D.C., U.S.A.
L'imagination (du latin imaginatio, « image, vision ») est la faculté de se représenter ou de former des images à travers l'esprit à partir d'éléments dérivés de perceptions sensorielles ou bien de façon abstraite.
Dans les beaux-arts, la littérature et les sciences, l'imagination permet de créer de nouvelles formes, de nouveaux styles, et d'inventer de nouveaux concepts, de nouvelles théories.
Ce terme est techniquement utilisé en psychologie dans le processus « réanimatif » de la perception de l'esprit, tirée de l'expérience de la perception sensorielle.
Hypothèses
Une hypothèse évolutionniste de l'imagination humaine, c'est qu'elle ait permis aux êtres dotés d'une conscience de résoudre les problèmes (en augmentant conséquemment la valeur sélective de l'individu) par l'utilisation de la simulation mentale.
Une hypothèse freudienne : comme le suggère Freud dans Formulations sur les deux principes du cours des événements psychiques (1911), l'imagination s'est développée au même titre que la pensée suite aux premières acquisitions du principe de réalité principalement lors du sevrage. Mais avant le sevrage il y eut l'évènement de la naissance qui a dû être aussi un apprentissage difficile car il a fallu que l'enfant apprenne à se mouvoir dans la pesanteur terrestre et à gérer les sensations dues au fonctionnement de ses organes.Par la suite les jeux enfantins et la fantaisie ainsi que les expressions artistiques sont les moments fugitifs par lesquels les personnes se remémorent cette période sans contrainte, avant la naissance. Peut-être La métaphore poétique ne signifie t-elle pas autre chose que ce transport dans un état d'apesanteur ?
Imagination et réalité
Imagination précédant la réalité
Quand deux perceptions existantes sont combinées dans l'esprit, la troisième perception résultante est la synthèse, par occasion une quatrième appelée antithèse, qui à ce point existe seulement en tant que partie de l'imagination, peut souvent devenir inspiration pour une nouvelle invention ou technique.
Imagination tant que réalité
L'expérimentation du monde est une interprétation de données qui proviennent apparemment des sens, perçu comme tel comme réel en contraste avec la pensée et l'imaginant. Cette différence peut être altérée en degrés variables, pouvant être altérée par plusieurs causes historiques, c'est-à-dire changements dans la chimie cérébrale par états de conscience altérée, méditation, hallucinogènes ou impulsions électriques appliquées sur des parties spécifiques du cerveau.
La différence entre imaginaire et réalité perçue peut être si imperceptible qu'elle peut causer des états psychotiques. Beaucoup de maladies mentales peuvent être attribuées à cette incapacité de distinction entre le perçu et le monde implicitement crée. Certaines cultures et traditions considèrent la réalité apparemment partagée comme une illusion de l'esprit, comme les bouddhistes et mayas, ou à l'opposé extrême des aborigènes, en acceptant l'imaginaire, le rêvé et la réalité à valeur égale.
L'infinité de l'imagination est potentiellement autant une source de plaisir réel que de douleur inutile.
L'imagination peut également produire des symptômes de maladies réelles, dans certains cas physiquement manifestées. (voir psychosomatique et folie à deux)
Imagination et croyance
L'imagination diffère fondamentalement de la croyance car l'invention de l'esprit n'altère pas le cours de l'action pris dans le monde apparemment partagé, alors que la croyance est ce que la personne considère comme vérité inhérente au monde personnel et partagé.
Conceptions de l'imagination
On peut distinguer deux types fondamentaux de conception de l'imagination :
L'imagination comme activité cognitive qui consiste à réassembler différents souvenirs pour former une nouvelle représentation dynamique.
L'imagination passive, quand l'esprit se représente involontairement des impressions sensibles.
Distinctions
Pouvoir d'imager
Comme activité du sujet, l'imagination est une production impliquante. C'est le cas par exemple chez Aristote, pour qui elle est un pouvoir, appel à l'intelligence.
Au contraire, reçue sans une capacité de mise en ordre ou de construction signifiante, son intérêt s'affaiblit. Ainsi, dans l'empirisme, l'imagination est un écho d'impressions, un simple redoublement affaibli. Son statut devient alors secondaire, voire inférieur.
Forme des objets qui affectent nos sens
L'imagination est proche de la sensibilité, dans la mesure où les données sensibles la conditionnent. Il ne semble pas pouvoir y avoir d'imagination sans une expérience sensible antérieure. Ce rapprochement n'est pas encore suffisant pour caractériser l'activité propre de l'imagination, mais montre qu'en appartenant à la sensibilité, l'imagination en est néanmoins séparée. Cette séparation se comprend si l'on rattache à l'entendement le pouvoir de créer des formes et donc des connaissances. La place de l'imagination semble donc être entre ces deux facultés.
Cela pose le problème de la typologie des facultés :
Quel est le lieu exact de l'imagination ? L'imaginaire ?
Comment l'appareil cognitif de l'homme est-il organisé ?
Quelles sont alors les relations entre nos différentes facultés ?
Produit des représentations du temps
L'imagination, en tant que faculté de former par nous-mêmes des connaissances, est inséparable d'une temporalité, puisque toutes nos connaissances sont dans le temps. Ainsi, suivant la division classique du temps (cf. par exemple Augustin), on peut distinguer :
reproduction (présent) ;
imitation (passé) ;
préfiguration (futur).
La reproduction est contemporaine d'une présence : l'image de ce qui est présent est déjà une manifestation de l'imagination. C'est une construction morphologique qui participe à la formation de la perception.
L'imitation est une représentation du temps passé lié à la mémoire. C'est, au sens strict, la facultas imaginandi, le pouvoir d'imager des scènes déjà vécues et de temps en temps en apporter même des modifications.
La préfiguration nous représente sans cesse ce qui peut nous arriver. Cette anticipation nous présente des images avant la présence réelle d'un objet.
L'imagination créatrice
L'imagination créatrice, analysée par Théodule Ribot dans son Essai sur l'imagination créatrice (1900) qui est l'essence de la créativité et de l'inventivité.
Les imaginations multiples
L'imagination plastique
L'imagination diffluente
L'imagination mystique
L'imagination scientifique
L'imagination pratique et mécanique
L'imagination commerciale
L'imagination militaire (à laquelle Ribot ne consacre que quelques pages, tout un insistant sur le fait qu'il y aurait lieu de l'étudier, mais qu'il faudrait un homme de métier)
L'imagination utopique
imagination suplémentaire
L'imagination selon Descartes
Pour Descartes, il existe trois facultés de la conscience :
La Volonté (infinie) : pouvoir d’affirmer, de nier, de choisir; « puissance d’élire ». C’est le libre arbitre qui nous permet de choisir d'affirmer et ou de nier toute chose; donc d’affirmer la vérité et de nier le faux. Toutefois, l’infinité de la volonté implique également que l’on peut affirmer le faux et nier la vérité. L'Entendement (fini) : concevoir, comprendre, raisonner ; raisonnement. Étant donné que Descartes se place à quelque part entre la divinité et le néant sur l’échelle de l’existence, il rejette la possibilité que notre entendement, dont la finalité est de distinguer le vrai du faux, soit d’une telle imperfection qu’il nous fourbe volontairement. L’entendement nous offre un spectre fini de connaissances indubitables L’Imagination représente le fossé entre la volonté et l’entendement. Elle nous offre la possibilité de concevoir l’irréel, l’imaginaire, et ainsi passer outre aux limites de notre entendement. Donc, c’est elle qui « invente » des propositions fausses que notre volonté peut affirmer.
La Volonté (infinie) : pouvoir d’affirmer, de nier, de choisir; « puissance d’élire ». C’est le libre arbitre qui nous permet de choisir d'affirmer et ou de nier toute chose; donc d’affirmer la vérité et de nier le faux. Toutefois, l’infinité de la volonté implique également que l’on peut affirmer le faux et nier la vérité.
L'Entendement (fini) : concevoir, comprendre, raisonner ; raisonnement. Étant donné que Descartes se place à quelque part entre la divinité et le néant sur l’échelle de l’existence, il rejette la possibilité que notre entendement, dont la finalité est de distinguer le vrai du faux, soit d’une telle imperfection qu’il nous fourbe volontairement. L’entendement nous offre un spectre fini de connaissances indubitables
L’Imagination représente le fossé entre la volonté et l’entendement. Elle nous offre la possibilité de concevoir l’irréel, l’imaginaire, et ainsi passer outre aux limites de notre entendement. Donc, c’est elle qui « invente » des propositions fausses que notre volonté peut affirmer.
Par exemple, on perçoit un arbuste au loin qui est en fait une automobile. Il est de l’issue de notre volonté d’affirmer que c'est un arbre ou de croire que ce ne l’est pas. Or, dans un cas comme dans l’autre, notre entendement ne se trompe jamais, puisqu’il est vrai qu’il perçoit une chose ressemblant à un arbuste ; il est également vrai que Dieu nous ait donné la puissance d’élire une possibilité ou l’autre ; il peut cependant se révéler faux qu’il s’agisse bien et bel d’un arbre. C’est notre imagination qui nous offre la possibilité que la vision au loin soit un arbuste. Donc, l’erreur réside en le fossé entre l’entendement et la volonté qu’est l’imagination.
La fonction d'imagination :
Cette dimension procède de la création de nouveauté à partir de l'existant en introduisant de la variabilité dans les différentes composantes de l'objet soit en ce qui concerne sa structure ou sa fonction. L'imagination peut alors procéder de la mise en œuvre d'algorithmes ou de méthodes introduisant par exemple des fonctions de bruit. Cette fonction s'intègre dans une approche cybernétique de la conscience. De plus, les liens existants entre température et bruit (bruit thermique, recuit, recuit simulé) permettent d'envisager des relations entre les grandes régulations homéostatiques comme la thermorégulation et l'expression de la conscience.