Le basque (euskara) est une langue parlée au Pays basque. C'est le seul isolat encore vivant parmi les langues en Europe, tant du point de vue génétique que du point de vue typologique. De type ergatif et agglutinant, le basque est la plus ancienne langue d'Europe de l'Ouest in situ, attestée dès l'Antiquité sous le nom d'aquitain.
En 2011, l'enquête sociolinguistique du Pays basque a recensé 663 035 locuteurs de 16 ans et plus en Espagne (provinces de Biscaye, Alava, Guipuscoa et de Navarre) et 51 100 au Pays basque français. Le nombre total de locuteurs s'élève à 1 102 391, bilingues réceptifs inclus. Environ 10 000 personnes sont unilingues bascophones. Le basque est aussi parlé dans sa diaspora.
La langue basque comporte une grande diversité dialectale. Pour pallier le manque d'intercompréhension entre locuteurs de dialectes éloignés, l'Académie de la langue basque a mis en place vers la fin des années 1960 une koinê, un basque unifié (euskara batua). Engagé dans un processus de standardisation, d'unification et d'un développement du corpus, ce dialecte commun et nouvelle variété de basque est basé sur les dialectes du centre tels que le guipuscoan essentiellement, et le navarro-labourdin, et ce, parmi cinq ou sept dialectes constituant un continuum dialectal.
De nos jours, le basque unifié investit tous les secteurs formels tels que les émissions de radio-télévision, presse écrite, Internet, recherche, enseignement, littérature, administration, etc. Dans les domaines informels, le basque unifié cohabite avec chacun des dialectes dans un espace où se côtoient les bascophones natifs (euskaldun zahar) et les néo-locuteurs (euskaldun berri).
Étymologie
Production littéraire basque
Le mot « basque » vient du nom d’un peuple antique, les Vascons (en espagnol, basque se dit vasco), qui étaient la tribu occupant le territoire de l'actuelle Navarre. Il s'agirait d'une forme latinisée du nom autochtone de la racine eusk-, présente dans le nom de la langue (euskara), et de ceux qui parlent cette dernière euskaldunak (en français : « ceux qui possèdent (parlent) l'euskara »). Euskara pourrait venir de enausi (verbe archaïque signifiant "dire") et voudrait alors dire "manière de parler".
On a voulu voir cette racine dans le nom des Auscii, une tribu aquitaine de l'Antiquité qui a donné son nom à la ville d'Auch, mais l'étymologie possible (cf. ci-dessus) d'euskara contredirait cette hypothèse. Toutefois il n'y a pas de preuve de la chute du -n- intervocalique enausi > eausi et l'évolution phonétique a- > e- est fréquente en basque.
Euskera, eskuara, uskara et üskara sont des formes dialectales de euskara.
Histoire
Aire linguistique du basque depuis 2000 ans
Premiers écrits en basque.
Son origine est antérieure à l'arrivée des parlers indo-européens, dont sont issus entre autres le français et l'espagnol, et les langues latines (roman, gascon). Elle est aussi antérieure au celte qui les a précédées en tant que langue majoritaire dans la région.
Au cours des siècles, le basque a reçu de nombreux emprunts lexicaux des langues indo-européennes voisines, mais a gardé sa syntaxe totalement différente de ces langues, ainsi qu'un abondant lexique également sans connexion avec elles. La plus ancienne preuve d'une écriture basque daterait du XI siècle, il s'agit des Glosas Emilianenses. Toutefois, des inscriptions basques ont été découvertes sur le site de Veleia dans la province d'Alava. Elles dateraient du IV siècle. Certains les tiennent pour un faux, d'autres estiment qu'elles sont authentiques.
La survivance de la langue basque
Héctor Iglesias explique cette survivance par le fait que durant l'Antiquité les Basques auraient été des alliés plutôt que des ennemis de l'Empire romain, ce qui leur aurait permis de mieux sauvegarder leur langue.
Selon Luis Núñez Astrain, la raison principale de la survivance du basque est due précisément à la chute de l'Empire romain vers l'an 400 avec l'invasion des Visigoths. Les Basques (Autrigons, Caristes, Vardules, Vascons, et même Gascons) sont à cette époque des alliés des Romains. Astrain estime que si l'invasion des Goths avait été retardée de 200 ans, l'euskara aurait été laminé. Par conséquent, bien que les Goths aient été anti-Basques, c'est grâce à ces derniers que le basque doit en grande partie sa survie.
Cependant, depuis les deux derniers siècles, la révolution industrielle, l'urbanisation et le centralisme politique ainsi que la répression franquiste et l'exode rural au Pays basque nord ont exercé une pression écrasante sur l'euskara, ce qui a aggravé les disparités démographiques régionales et linguistiques. De 1868 à 1970, la population bascophone est passée de 471 000 à 597 000 locuteurs, alors que la population totale a augmenté de 875 900 à 2 561 400 habitants. La population totale a donc presque triplé, tandis que le pourcentage de la population bascophone a diminué, passant de 54% à 23%, soit le quart de la population totale.
Classification linguistique
Carte chronologique montrant le développement et l'évolution des langues parlées dans la péninsule ibérique de l'an 1000 à nos jours.
Le basque est considéré jusqu'à présent comme un isolat en Europe de l'Ouest (le seul encore vivant) et ne fait pas partie de la famille linguistique indo-européenne, tout comme les langues finno-ougriennes (finnois, estonien, same (lapon), hongrois, etc.), les langues turques (turc) et une langue sémitique (maltais). Si, sur le plan linguistique, le basque unifié est une forme de basque au même titre que chacun des autres dialectes, d'un certain point de vue, et de par son statut officiel, on peut le comparer à une langue comme le français issu du francien, qui a réussi au détriment des autres formes d'oïl.
L'origine de la langue basque étant antérieure à la diffusion de l'écriture en Europe et à l'arrivée des langues indo-européennes, elle est de ce fait, mal connue et toujours débattue. Ceci ne saurait toutefois constituer un obstacle insurmontable pour la paléolinguistique qui permet de remonter bien au-delà par la comparaison avec d'autres langues pré-indoeuropéennes.
Voici les principales hypothèses émises pour certaines depuis le XIX siècle :
Le préhistorien basque José Miguel de Barandiarán Ayerbe a suggéré que la racine d'« aizkora » "hache" est aiz (« pierre ») certains pensant toutefois qu'« aizkora » serait un emprunt au latin asciola « hachette ». On pourrait y ajouter les doublets zur « bois » et ezur « os » ou encore lur « terre » et elur « neige ». On trouve l'équivalence terre/neige dans d'autres langues très anciennes.
Autre « hypothèse préhistorique », celle selon laquelle le basque serait le dernier survivant d'un groupe de langues paléolithiques, parlées par des hommes de Cro-Magnon arrivés en Europe en provenance de l'est voici 40 000 à 10 000 ans, avec des termes reliques conservés par-delà les siècles et les distances dans d'autres groupes linguistiques. D'après Stephen Oppenheimer, le basque serait issu de la culture magdalénienne dont l'expansion fait suite à l'adoucissement du climat en Europe 16000 ans avant notre ère. Selon Kalevi Wiik, cette expansion serait en relation avec la distribution de l'haplogroupe R1b en Europe occidentale.
L'hypothèse « dené-caucasienne », proposée par le linguiste Merritt Ruhlen dans son ouvrage L'origine des langues, rattache le basque au groupe des langues sino-caucasiennes, lui-même rattaché à la super-famille des langues dené-caucasiennes. Pour le rattachement du basque à la famille dené-caucasienne, Ruhlen cite les travaux de Bengtson et Trombetti comme étant les principaux chercheurs ayant mis en lumière ce lien. Il explique également que les Dené-caucasiens sont isolés entre eux par les autres groupes de langues eurasiatiques arrivés postérieurement. Sur le plan génétique, il dit que pris au niveau mondial le groupe bascophone ne se différencie pas suffisamment des autres Européens pour constituer un isolat génétique. « Les langues ne font pas l'amour », dit-il pour expliquer des différences linguistiques que l'on ne retrouve pas dans les gènes. Selon cet auteur, des Proto-Basques auraient occupé l'Europe occidentale bien avant la migration des Indo-Européens au deuxième millénaire avant l'ère chrétienne. Les ancêtres des Basques se seraient alors maintenus vers l'Atlantique et les Pyrénées, dans la région qu'ils occupent actuellement et nommée durant la conquête romaine d'après les territoires des Caristes, des Vascons, des Cantabres, des Aquitains, des Vardules et autres tribus.
L'hypothèse « ibère » rapproche le basque de cet ensemble de langues anciennement parlées dans la péninsule Ibérique : de nombreuses similarités et des recoupements territoriaux importants, de part et d'autre des Pyrénées, permettent ce rapprochement selon lequel les langues ibères formeraient elles-mêmes un isolat. Même si l'ibère et le basque sont apparentés, cela ne fait que repousser la question.
L'hypothèse « kartvèle » (groupe linguistique « euscaro-caucasien » ) rapproche le basque de langues caucasiennes telle le géorgien, en partant du postulat que l'ethnonyme Iberi et les toponymes Iberia ou Hibernia qui se rencontrent de l'Atlantique au Caucase désigneraient bien des peuples linguistiquement apparentés, ce qui n'est pas démontré même si on a rapproché le suffixe basque itz du suffixe géorgien vili (très peu probable) et même si le basque et les langues caucasiennes sont ergatives, phénomène rare en Europe (mais cette caractéristique peut n'être qu'une similarité typologique).
L'hypothèse « vasco-berbère » situe l'apparition de la langue basque avec l'arrivée de certaines troupes berbères de Hannibal Barca estimées à 20 000 hommes qui en 218 av. J.-C. décidèrent de l'abandonner et de ne pas l'accompagner dans sa marche vers Rome depuis Carthage. La théorie est soutenue par quelques historiens espagnols qui se fondent sur certaines similitudes linguistiques avec l'amazigh parlé en Mauritanie, au Maroc, aux îles Canaries et en Algérie, ainsi que sur des considérations anthropologiques : les Basques étant majoritairement mésocéphales comme les populations du Maghreb contrairement au reste des Espagnols qui sont dolichocéphales pour ceux d'origine celte et brachycéphales pour ceux d'origine ibère.
L'hypothèse « vasconique », proposée par le linguiste allemand Theo Vennemann, postule qu'il y a suffisamment d'évidences toponymiques pour conclure que le basque est le seul survivant d'une plus grande famille qui s'étendait à travers la majorité de l'Europe, ainsi que le long du littoral atlantique, du Sénégal jusqu'aux îles Britanniques, et dont on retrouve des traces du wolof jusque dans les langues indo-européennes (plus récentes), en Europe.
Selon Lilias Homburger, le basque, étant une langue agglutinante est plus proche de l'égyptien ancien, des langues dravidiennes (parlées aujourd'hui en Inde du Sud), et des langues africaines du groupe sénégalo-guinéen (wolof, sérère, peul), que des langues indo-européennes. Ce qui laisse penser qu'au Néolithique, avant l'extension de l'indo-européen commun, les langues agglutinantes recouvraient probablement l'Afrique du Nord, l'Europe méridionale et l'Asie . Toutefois, la longue cohabitation avec les langues indo-européennes voisines a donné au basque actuel presque les deux tiers de son vocabulaire usuel.
On a aussi rapproché le basque des langue mésopotamiennes telles le kurde, ou le sumérien, hypothèse peu vraisemblable en ce qui concerne le kurde qui est une langue indo-européenne. Voir tableaux ci-après.
Arnaud Etchamendy, dans sa thèse de doctorat intitulée Euskera-Erderak : basque et langues indo-européennes : essai de comparaison et soutenue à l'université de Pau en 2007, suggère, en se basant sur les innombrables termes d'origine indo-européenne du basque et leur évolution dans la langue, que le basque pourrait être issu d'une « pidginisation pastorale » entre des parlers indo-européens et des substrats ibériques disparus (la « pidginisation pastorale » est un phénomène propre aux refuges montagneux accueillant des bergers et des exclus de diverses origines, fuyant la faim, la sécheresse, les persécutions en plaine : voir Saracatsanes ou Houtsoules) : ce serait donc une langue initialement indo-européenne ayant évolué en langue agglutinante.
Enfin, au début du XXI siècle, les comparaisons du basque avec d'autres langues non indo-européennes sont menées essentiellement par deux linguistes, l'Américain John Bengtson et le Français Michel Morvan. L'informatique pourra peut-être apporter davantage d'éléments permettant de pencher en faveur de l'une ou l'autre de ces hypothèses.
L'état actuel des recherches sur les origines de la langue basque
Au XXI siècle, les origines de la langue basque donnent toujours lieu à des débats.
De multiples comparaisons ont été faites à ce jour :
On a proposé des relations génétiques entre le basque et un nombre invraisemblable de langues : l'ibère, le picte, les langues afro-asiatiques (dont les langues berbères, le guanche), les langues Niger-Congo et khoisan, l'étrusque, le minoen, les langues ouraliennes, le bourouchaski, les langues dravidiennes du sud de l'Inde, les langues munda de l'est de l'Inde, les langues caucasiennes, certaines langues paléo-sibériennes, le chinois, les langues esquimaudes, les langues na-dené d'Amérique du Nord, et même les langues indo-européennes. Les seuls continents qui ont échappé à l'entreprise sont l'Amérique du Sud et le Pacifique. Elle montre qu'en 200 ans de recherches, aucune piste ne s'est imposée selon Michel Morvan en 1996. De plus, plusieurs études estiment qu'au bout de 10 000 ans, il ne resterait presque plus rien d'une langue, le matériau linguistique se trouverait entièrement renouvelé et l’origine commune entre le basque et toute autre langue serait alors très difficile à prouver .
Des paléolinguistes partagent une hypothèse commune :
l'hypothèse sino-caucasienne est en effet partagée par différents paléolinguistes comme Michel Morvan ou John Bengtson, qui donnent à la langue basque une origine commune avec des langues du Caucase (langues du nord-est) : Dans son ouvrage L'Origine des langues, publié en 1994, Merritt Ruhlen mentionne la langue basque comme faisant partie d'un groupe de langues appelé dené-caucasien. Ce groupe comprend le basque, le caucasien, le burushaski, le sino-tibétain, le iénisséien, le na-dené. Ruhlen rapporte que ce sont les travaux d'Edward Sapir qui ont mis en évidence le na-dené (localisé en Amérique du Nord). Puis que Sergueï Nikolaïev a repris les travaux de celui-ci en disant que le na-dené était apparenté à la famille caucasienne, sino-tibétaine et iénisséienne. À la fin des années 1990, John Bengtson y a ajouté le basque et le burushaski, « deux idées que préfiguraient déjà les travaux de Trombetti et d'autres chercheurs » dit-il. Enfin, Ruhlen mentionne les travaux de Sergueï Starostine qui a décrit une famille qu'il a nommée sino-caucasienne et qui comprend les familles caucasiennes, sino-tibétaine et iénisséienne. Dans son article intitulé « Le basque, langue eurasienne », publié en 2008, Michel Morvan cite également les travaux de Sergueï Starostine. Morvan rapporte que, dans sa forme originelle, le basque pourrait remonter au Paléolithique supérieur et il estime que cette langue est très stable dans le temps ce qui peut faciliter ainsi des comparaisons. Il donne à la langue basque une origine eurasienne pré-indo-européenne et écrit que « la piste sino-caucasienne est bonne ».
Dans son ouvrage L'Origine des langues, publié en 1994, Merritt Ruhlen mentionne la langue basque comme faisant partie d'un groupe de langues appelé dené-caucasien. Ce groupe comprend le basque, le caucasien, le burushaski, le sino-tibétain, le iénisséien, le na-dené. Ruhlen rapporte que ce sont les travaux d'Edward Sapir qui ont mis en évidence le na-dené (localisé en Amérique du Nord). Puis que Sergueï Nikolaïev a repris les travaux de celui-ci en disant que le na-dené était apparenté à la famille caucasienne, sino-tibétaine et iénisséienne. À la fin des années 1990, John Bengtson y a ajouté le basque et le burushaski, « deux idées que préfiguraient déjà les travaux de Trombetti et d'autres chercheurs » dit-il. Enfin, Ruhlen mentionne les travaux de Sergueï Starostine qui a décrit une famille qu'il a nommée sino-caucasienne et qui comprend les familles caucasiennes, sino-tibétaine et iénisséienne.
Dans son article intitulé « Le basque, langue eurasienne », publié en 2008, Michel Morvan cite également les travaux de Sergueï Starostine. Morvan rapporte que, dans sa forme originelle, le basque pourrait remonter au Paléolithique supérieur et il estime que cette langue est très stable dans le temps ce qui peut faciliter ainsi des comparaisons. Il donne à la langue basque une origine eurasienne pré-indo-européenne et écrit que « la piste sino-caucasienne est bonne ».
En 2015 une équipe rassemblant des archéologues et des généticiens a pu établir en étudiant des restes appartenant au premiers agriculteurs européens installés dans l'actuel Pays Basque que ceux-ci étaient génétiquement plus proches des Basques actuels qu'ils ne le sont des chasseurs-cueilleurs qui les ont précédés. Le basque aurait donc été amené dans la région lors de la diffusion de l'agriculture au néolithique.
Distribution géographique
Outre les locuteurs de la diaspora, le basque est parlé au Pays basque (Euskadi au sens initial), et plus précisément dans une partie des 3 provinces formant la Communauté autonome basque d'Espagne (Guipuzcoa, centre et Est de la Biscaye, extrême nord de l'Alava) ; dans le nord de la Navarre (Espagne également) ; et dans les 3 provinces basques de France : Labourd, Basse-Navarre et Soule (voir la carte).
Grammaire
Tableau du verbe auxilaire basque
La grammaire basque est d’une originalité radicale. Le basque est une langue agglutinante, où des suffixes ou des radicaux peuvent être accolés derrière d’autres suffixes ou radicaux. Le genre (féminin / masculin) n’existe pas, sauf attaché au verbe pour le tutoiement. Mais la particularité la plus importante réside dans le fait qu’en basque on ne conjugue souvent que l’auxiliaire du verbe, et que cet auxiliaire ne s’accorde pas qu’avec le sujet comme en français : celui-ci s’accorde également avec les compléments, dits directs et indirects en français.
Le basque suit généralement une syntaxe SOV voire OVS dans certains cas rares.
Le système numérique du basque présente la particularité d'être vicésimal (base 20) comme en vieux français, en breton ou en danois.
Vocabulaire
Signalisation bilingue à Saint-Pée-sur-Nivelle.
Si la grammaire basque est d’une originalité radicale, on estime que 75% du vocabulaire provient de langues géographiquement voisines (celte, latin, gascon, aragonais, roman de Navarre, espagnol, français).
Français |
Basque |
Prononciation standard |
terre |
lur |
lour |
ciel |
zeru, ortzi |
sérou, ortsi |
eau |
ur |
our |
feu |
su |
SSou |
vent |
haize |
(h)aïssé |
homme |
gizon |
guiçon' |
femme |
emakume |
émakoumé |
manger |
jan |
yan’ / dyan’ |
boire |
edan |
édan’ |
grand |
handi |
(h)an'di |
petit |
txiki, ttipi |
tchiki / tyipi |
nuit |
gau |
gaou |
jour |
egun |
égoun' |
mot |
hitz |
(h)its |
chiffre |
zenbaki |
sèn'baki |
un |
bat |
batt |
deux |
bi |
bi |
trois |
hiru |
(h)irou |
quatre |
lau |
laou |
cinq |
bost, bortz |
boSSt / borts |
six |
sei |
SSei |
sept |
zazpi |
saspi |
huit |
zortzi |
sortsi |
neuf |
bederatzi |
bédératsi |
dix |
hamar |
(h)amar |
Notes :
Le r est roulé mais, au Pays basque nord, le r simple est roulé, le r double est généralement prononcé « à la française » chez les nouvelles générations. En Soule, le « r » est parfois amuï. Le h est généralement aspiré par les locuteurs âgés du Pays basque nord, mais il est tout-à-fait muet au Pays basque sud. Le s est prononcé au Pays basque sud comme le s espagnol standard de Castille, le s finlandais ou le sigma grec ; au Pays basque Nord, par influence du français, il est pratiquement —mais fautivement— prononcé comme un ch. Le z est prononcé comme un s partout, sauf en Biscaye et sur la côte de Gipuzkoa, où il est prononcé comme le s basque ; finalement, le x est prononcé comme un ch partout.
Le j représente en principe le y de yaourt au début d’un mot (à l’intérieur d’un mot, on utilise généralement la lettre i). C'est la prononciation standard recommandée pour le basque unifié. Cependant, au Pays basque Sud, on a tendance à le prononcer comme le j espagnol (Rajoy, 'José, Guadalajara) ou le ch allemand ou écossais (Bach, loch), alors qu’en Soule et à Lekeitio (Biscaye), on le prononce comme le j français de journal.
Les noms et adjectifs se déclinent en s’augmentant de suffixes. La forme donnée dans la liste ci-avant est celle de l’absolutif indéterminé : à cette forme, les noms et adjectifs apparaissent sous leur forme la plus simple, sans aucun suffixe.
Écriture
La langue basque s’écrit avec l’alphabet latin. L’alphabet basque est globalement phonétique, toutes les lettres d’un mot se prononcent à l’exception du h qui est muet dans la plupart des dialectes. Généralement, les voyelles qui se suivent forment une diphtongue.
Dialectes
L'occidental (biscayen)
Le central (guipuscoan)
Le navarrais
Le navarro-labourdin
Le souletin
En 1571, on doit à Jean de Liçarrague, sur ordre de Jeanne d’Albret, la traduction en basque du Nouveau Testament. Les cinq dialectes du basque sont le navarro-labourdin, le guipuscoan, le navarrais, le souletin et le biscayen. Certains sont peu intelligibles entre eux comme le biscayen et le souletin.
Un autre dialecte, le roncalais, a vu sa dernière locutrice s’éteindre en 1991 (Fidela Bernat).
Le basque standard, ou « basque unifié », se fonde sur les dialectes centraux comme le guipuzcoan et le navarro-labourdin, mais aussi sur le labourdin classique du XVII siècle, précurseur de la littérature basque et trait d’union entre les dialectes continentaux et péninsulaires.
Le basque unifié, ou euskara batua, langue coofficielle avec le castillan dans les communautés autonomes basque et navarraise, y est largement enseigné, et commence à y supplanter les formes dialectales, dorénavant associées aux échanges non formels, voire à la ruralité.
Les locuteurs
Distribution linguistique du basque
Sur une population totale de 2 975 000 habitants répartis dans les 7 provinces du Pays basque, 26,9 % sont bilingues et 15,3 % ont une connaissance approximative du basque, soit 1 255 750 personnes. (881 300 personnes sont des locuteurs bilingues actifs et 454 400 sont des locuteurs bilingues passifs). Du point de vue de leur rapport avec l’euskara, les habitants du Pays basque se répartissent en 4 grandes catégories.
Les unilingues bascophones ne parlent que le basque en France ou en Espagne. Ils sont âgés, mais certains enfants sont mis à l'ikastola (moins de 0,7 %, ce qui représente tout de même 20 000 personnes).
Les bilingues basque actifs parlent deux langues, français / basque ou espagnol / basque. Ils sont 26,9 % et se répartissent en 3 sous-catégories : 40 % sont bilingues avec le français ou l’espagnol dominant ou l’erdara dominant. 29 % sont des bilingues équilibrés, ils connaissent aussi bien le basque que l’espagnol (ou le français). 32 % sont bilingues avec le basque dominant.
40 % sont bilingues avec le français ou l’espagnol dominant ou l’erdara dominant.
29 % sont des bilingues équilibrés, ils connaissent aussi bien le basque que l’espagnol (ou le français).
32 % sont bilingues avec le basque dominant.
Les bilingues basques réceptifs comprennent ou lisent le basque mais le parlent peu. Ils représentent 15,3 % et sont de plus en plus nombreux, car les cours de langue pour adultes sont très populaires.
Les non-bascophones qui ne connaissent pas le basque. Ils sont majoritairement unilingues espagnol ou français, mais peuvent aussi être des bilingues voire multilingues par leur connaissance d'autres langues (immigrés non espagnols ni français notamment). Ils forment la grande majorité de la population, avec 57,8 %.
Il existe de grandes disparités dans la population au regard du bilinguisme basque selon les provinces. La Biscaye compte 1 141 000 habitants, dont 26,5 % (302 000) sont bilingues et 24,9 % (284 000) de bilingues passifs. Le Guipuzcoa avec 686 000 habitants a le plus grand nombre de locuteurs bascophones, soit 329 000, ce qui correspond à 48 % de la population et 9,5 % (65 000) de bilingues réceptifs. La Navarre (594 000) n’a que 10,5 % (85 500) de bascophones qui sont groupés essentiellement dans le nord de la province et 6,8 % de bilingues réceptifs (40 200). L’Alava avec ses 298 000 habitants a 13,4 % (40 000) de bilingues et 11,1 % (33 000) bilingues réceptifs. Le Labourd avec 208 000 habitants a 37,2 % de sa population bilingue (38 600) et 24 600 bilingues réceptifs. Quant à la Basse-Navarre et à la Soule, les plus faiblement peuplées (30 000 et 17 000), elles ont de loin les plus forts pourcentages de personnes bilingues, avec 60,9 % de bilingues (28 600) et 15,1 % de bilingues réceptifs (7 000).
Statut de la langue basque
Antécédents
La langue basque fut déclarée langue co-officielle, avec l'espagnol, lors de la mise en place du premier Statut d'autonomie du Pays basque le 7 octobre 1936, peu après le début de la guerre civile espagnole.
La prise de Bilbao le 19 juin 1937 par les troupes franquistes mit fin à l'expérience sur le territoire basque. Cependant le Gouvernement basque en exil (1937-1979) continua d'utiliser cette langue dans ses activités.
En 1948 à l'occasion du VII Congrès d'Eusko Ikaskuntza, est créée une « Journée internationale de la langue basque » fêtée tous les 3 décembre, anniversaire du décès, en 1552, de Saint François-Xavier.
Attitude des États espagnol et français
Espagne:
La constitution espagnole de 1978 reconnait dans son préambule et à son article 3 que le Castillan est la langue nationale et que les communautés autonomes ont le droits d'adopter une ou des langues officielles, ces dernières devenant de jure langue co-officielle. L'Espagne a signé la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires le 5 novembre 1992 et l'a ratifiée le 9 avril 2001.
France:
La constitution française ne reconnait que le français comme seule langue officielle sur son territoire. Le 7 mai 1999, la France a signé la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires, mais ne l'a jamais ratifiée, ce qui laisse cette Charte sans effets.
Situation juridique de l'euskara au Pays basque
Le basque langue co-officielle
La langue basque est co-officielle, avec l'espagnol, dans les deux communautés autonomes qui correspondent au territoire basque traditionnel en Espagne
Communauté autonome basque, qui regroupe les provinces d'Alava, Biscaye et Guipuscoa.
La langue basque est co-officielle, avec l'espagnol, depuis 1980 et la mise en place du statut d'autonomie (2 184 606 habitants en 2011).
Communauté forale de Navarre, qui correspond à la Haute-Navarre.
La langue basque est co-officielle, avec l'espagnol, depuis la loi forale de 1986, dans la zone historiquement "bascophone". Cette zone correspond à 63 communes du nord de la Navarre (soit, en 2009, 58.932 habitants).
Le basque langue minoritaire
Communauté forale de Navarre.
La langue basque est minoritaire dans deux autres zones de la Navarre, l'espagnol étant la seule langue administrative. Dans la Zone Mixte (55 communes du centre de la Navarre, dont la capitale Pampelune) la langue basque peut bénéficier de certaines mesures comme l'enseignement public bilingue ou la signalisation toponymique bilingue Dans la Zone Non Bascophone (sud de la Navarre) la langue basque ne béneficie d'aucun statut juridique officiel.
Département des Pyrénées-Atlantiques
Le français est la seule langue officielle dans cette circonscription administrative dans laquelle sont regroupées les provinces basques de Labourd, Basse-Navarre et Soule.
Commune d'Ustaritz
Le 26 juin 2014, le Conseil municipal d'Ustaritz, ville de 6.200 habitants, chef-lieu de canton du département des Pyrénées-Atlantiques a fait du basque la langue officielle de la commune. Le tribunal administratif de Pau a annulé, le 26 janvier 2015, cette délibération. La commune attend depuis de recevoir les motivations de ce jugement pour décider si elle fera appel ou non.
Vie publique
Enseignement
Pourcentage d'élèves inscrits avec une scolarité en basque. La ligne rouge démarque la frontière franco-espagnole.
Le basque est enseigné dans les écoles immersives associatives dites « ikastola » où tous les cours, dans les premières années de maternelle se font par immersion en basque avec introduction progressive du français qui est utilisé en parité avec l'euskara (histoire, géographie, sciences, mathématiques…). Les enfants sont donc rapidement parfaitement bilingues.
La langue est aussi enseignée dans certaines écoles, collèges et lycées publics en tant que langue facultative. Il existe aussi des cours du soir pour apprendre la langue et la culture basques.
En France est créé à Bayonne en 2004 l’Office Public de la Langue Basque (OPLB) qui poursuit son projet de politique linguistique en ouvrant des sections d'enseignement bilingue dans le Pays basque.
Télévision
Euskal Telebista : Le consortium qui dépend de la communauté autonome basque possède deux chaînes exclusivement en basque : ETB 1 : Chaîne généraliste exclusivement en basque créée en 1982. Peut être captée en hertzien dans la CAB, la Navarre et le Pays basque français. ETB 3 : Chaîne dédiée aux jeunes créée exclusivement en basque en 2008. Diffusée via la TNT dans la CAB. ETB Sat : Chaîne disponible via les systèmes satellites et ADSL diffusant une partie des programmes d'ETB-1.
ETB 1 : Chaîne généraliste exclusivement en basque créée en 1982. Peut être captée en hertzien dans la CAB, la Navarre et le Pays basque français.
ETB 3 : Chaîne dédiée aux jeunes créée exclusivement en basque en 2008. Diffusée via la TNT dans la CAB.
ETB Sat : Chaîne disponible via les systèmes satellites et ADSL diffusant une partie des programmes d'ETB-1.
Hamaika : Chaîne généraliste exclusivement en basque créée en 2009. Diffusée via la TNT dans la CAB.
France 3 Euskal Herri Pays Basque : Décrochage local de France 3 Aquitaine. Une petite partie des informations est diffusée en basque (1 min par jour sur les 6 minutes totales du décrochage d'information ainsi qu'un tiers des reportages hebdomadaires).
TVPI.
Kanaldude: Télévision de Basse-Navarre, participative et en langue basque. Diffusion par internet et via le canal TNT de TVPI.
Radio
Communauté autonome basque
Dans la CAB, en plus de certaines stations de service public Euskadi Irratia (groupe EITB) — Euskadi Irratia, Gaztea, EiTB Musika —, une cinquantaine de radios associatives émet en basque.
Navarre
De nombreuses radios associatives parmi lesquelles Euskalerria irratia à Pampelune, Xorroxin Irratia (Baztan).
Pays basque français
Les radios associatives du Pays basque nord se sont groupées dans une association nommée Euskal irratiak et diffusent des programmes en commun :
Gure Irratia créée en 1981 et Antxeta Irratia créée en 1999, basées au Labourd
Irulegiko Irratia créée en 1982 et basée en Basse-Navarre
Xiberoko Botza créée en 1982 et basée à Mauléon (Soule)
De plus France Bleu Pays Basque consacre 55 minutes d'actualité en basque.
Il existe aussi une radio à caractère religieux diffusant en basque depuis Ustaritz, Radio Lapurdi Irratia.
Journaux
Quotidiens (egunkaria)
Berria, quotidien exclusivement en basque. Successeur d'Egunkaria.
Gara, quotidien en basque et en espagnol.
Hebdomadaires (aldizkaria)
De nombreux hebdomadaires sont écrits en basque parmi lesquels :
Herria, hebdomadaire du Pays basque nord exclusivement en basque. Créée en 1944.
Argia, hebdomadaire exclusivement en basque.
Mintza, hebdomadaire exclusivement en basque ajouté chaque jeudi au quotidien basque de langue française le Journal du Pays basque.
Iparraldeko hitza, hebdomadaire exclusivement en basque. Distribué avec Berria.
Bimensuels
Ekaitza, bimensuel politique de gauche, indépendantiste, du Pays basque nord. La majorité des articles sont en français, mais certains sont en basque. Créé en 1986.