Mouvement de base avec trois balles.
La jonglerie, souvent appelée jonglage ou encore jongle, est un exercice d'adresse qui consiste dans son sens le plus strict à lancer, rattraper et relancer de manière continue des objets en l’air. Elle peut être un jeu, un sport, un art ou encore un rite religieux. L’acception que l’on donne au mot peut varier selon les pays ou les pratiquants, prenant en compte la seule manipulation d’objets ou l’ensemble du spectacle que l’artiste donne. De ce fait on en donne souvent une définition plus large qui inclut toutes les manipulations d’objets demandant de l’entraînement. La part artistique de la jonglerie pouvant être importante, l’expression corporelle et le côté théâtral comptent souvent autant que la performance pure.
Les personnes pratiquant la jonglerie sont appelés des jongleurs, du latin joculare.
Histoire de la jonglerie
Cette peinture murale égyptienne (datée de -1994– -1791) semble dépeindre une scène de jonglerie aérienne.
Les premières traces connues remontent à plus de 4000 ans. Elles ont été retrouvées sous la forme de fresques dans les tombes égyptiennes de Beni Hassan. De nombreuses autres traces de la jonglerie nous viennent du monde entier et de nombreuses cultures : la Rome antique, en Chine, les Aztèques (représentation d’antipodisme), l’Europe du Moyen Âge. Certains peuples, comme c’est le cas sur les îles Tonga, ont d’ailleurs fait de la jonglerie un véritable rite. Nous possédons malheureusement peu d’informations écrites et peu de témoignages sur la vie des jongleurs passés. En réalité il s’agit plus d’allusions et de gravures. Il faudra attendre le XV siècle pour voir apparaître un jongleur dans un écrit de Pierre Gringore.
L’apparition des cirques en dur à la fin du XVII siècle et le développement des théâtres de variétés au XIX siècle apportera à la jonglerie un nouvel âge d’or. Cette période connaîtra son apogée à l’entre-deux-guerres dans un lieu mythique ; le Wintergarten de Berlin, avec le jongleur exceptionnel Enrico Rastelli. Rastelli, jongleur d’origine italienne fut le premier à élever sa maîtrise technique à un niveau tel qu’il en inspira les poètes et artistes de son temps. Ses funérailles furent l’objet d’un véritable deuil national.
Il faudra attendre les années 1980 pour que la jonglerie soit reconnue en tant qu’art autonome avec une nouvelle forme contemporaine qui se fera fort de rallier la danse, le mime et le théâtre pour étoffer la pratique du jonglage. Ce mouvement sera incarné aux États-Unis par Michael Moschen puis en France par Jérôme Thomas.
Également initié par le travail sur les nouveaux objets de Michael Moschen, une tendance de la jonglerie moderne tente de se recentrer sur l’essence de la jonglerie. Elle se veut plus abstraite et moins dépendante des arts connexes. De nouveaux objets, de nouvelles structures sont mobilisés.
La communauté jonglistique est très active depuis une vingtaine d’années. Afin de vulgariser la pratique de nombreuses rencontres appelées conventions de jonglerie sont organisées de par le monde. Côté théorique, la jonglerie a su développer assez rapidement de nombreuses notations spécifiques, dont notamment la notation siteswap.
Différentes disciplines
La jonglerie dans son acceptation large inclut :
le jonglage aérien ou jongle : lancer/reprise de massues, balles, anneaux de manière continue et répété, et parfois d’objets moins courants (chapeaux, foulards, boîtes à cigares par exemple) ;
le jonglage à rebond ou rebond, généralement avec des balles silicones ;
le contact et le palmspinning : manipulation d’un ou plusieurs objets sans qu’ils ne quittent le corps ou les mains
De nombreuses disciplines mélangent contact et jonglerie :
la jonglerie de bar (flair) : jonglerie et manipulation de bouteilles et de shakers ;
la jonglerie de stylo (penspinning) ;
les poi ou bollas, une ou deux boules retenues par une corde / une chaîne qu’on manipule autour du corps ;
le long bâton ou staff que l’on fait tourner autour du corps (voir aussi bâton de feu) ;
le twirling bâton ;
le hula hoop.
Certaines disciplines sont spécifiques à l'objet pratiqué :
le diabolo, deux baguettes reliées entre elles par une ficelle, le jongleur manipule une ou plusieurs bobines - parfois vu sans baguettes avec une ficelle bouclée sur elle-même dont le créateur est Pierre Varichon.
le bâton du diable ou golo, deux baguettes rugueuses, le jongleur manipule un bâton biconique ou droit ;
les assiettes chinoises que l’on fait tourner rapidement avec une baguette en bois qui les soutiennent en leur centre ;
le yo-yo ;
l’Astrojax ;
le bilboquet et ses variantes ;
Certaines disciplines utilisent les pieds :
le footbag (ou hacky sack) ;
le pili : il s’agit d’un volant composé de quatre plumes d’oie et d’un leste.
l'antipodisme
D’autres disciplines du cirque et des arts de la rue s'associent souvent à la jonglerie :
l’acrobatie ;
le théâtre ;
la voltige : trapèze, drap
l’équilibrisme : échasse, échelle, boule, fil, corde raide…
le monocycle, girafe, roue ultime, bmx
la prestidigitation, notamment la manipulation de carte
Jonglerie pyrotechnique
Une pratique historiquement répandue de la jonglerie consiste à enflammer ses agrès, accroissant ainsi la difficulté par une prise de risque mesurée mais impressionnante. L’intérêt pour cette discipline, tant comme pratique personnelle que dans le cadre de spectacles publiques, provient de la fascination pour le feu, élément à forte charge symbolique.
Staff double artifice (compagnie Cessez L'Feu, France).
Certains agrès dont la manipulation le permet, comme le staff ou les bollas, se sont aussi parfois vu agrémenter d'artifices pyrotechnique. Cette pratique induit une attention toute particulière en ce qui concerne la sécurité du jongleur et de son environnement proche. Ces artifices sont généralement soit des petits articles de pyrotechnie achetés dans le commerce, soit des artifices artisanaux (ex. bollas spéciales contenant de la paille de fer ou du charbon a narguilé).
Littérature
L’art de la jonglerie occupe une part importante dans le roman Le château de Lord Valentin (Lord Valentine’s castle, 1980) de Robert Silverberg. L’auteur y met notamment en scène une race extraterrestre à quatre bras spécialiste de la jonglerie.
Romain Gary évoque dans plusieurs de ces romans la jonglerie avec balles (Les Mangeurs d’Etoiles, La Promesse de l’Aube).
Dans La Jongleuse (1900), Rachilde fait de la jonglerie un usage à la fois métaphorique et littéral (la protagoniste jongle avec les sentiments des hommes comme elle jongle avec des couteaux).