Le jihad ou djihad, également écrit jihâd ou djihâd (جهاد en arabe), est un devoir religieux pour les musulmans. En arabe, ce terme signifie « abnégation », « effort », « lutte » ou « résistance », voire « guerre sainte ». Le mot jihâd est employé à plusieurs reprises dans le Coran, souvent dans l'expression idiomatique « al-ǧihād bi amwalikum wa anfusikum » qui peut se traduire par « lutter avec vos biens et vos âmes ». Ainsi, le jihad est souvent défini par l'expression « faites un effort dans le chemin de Dieu ».
Le concept de jihad a varié au cours du temps et, parfois, ses interprétations successives ont été en concurrence. Le jihad est parfois considéré comme le sixième pilier de l'islam par une minorité au sein du sunnisme bien qu'il n'en ait pas le statut officiel. Dans le chiisme duodécimain, il est considéré comme l'une des dix pratiques religieuses du culte. La notion de jihad existait également au sein du babisme, une religion indépendante proclamée à Chiraz en Iran en 1844.
L'islam compte quatre types de jihad : par le cœur, par la langue, par la main et par l'épée. Le jihad par le cœur invite les musulmans à « combattre afin de s'améliorer ou d'améliorer la société ». Le jihad peut aussi être interprété comme une lutte spirituelle, dans le cadre du soufisme par exemple, mais aussi armée. Cette dernière interprétation a pu servir d'argument à différents groupes musulmans à travers l'histoire pour promouvoir des actions contre les « infidèles » ou d'autres groupes musulmans considérés comme opposants et révoltés.
Le jihad ne doit pas être confondu avec l'ijtihad qui désigne, en droit musulman, l'effort de réflexion pour interpréter les textes fondateurs de l'islam.
Étymologie
Étymologiquement, la racine du mot « jihad » (ou « djihâd ») en arabe signifie « effort ». Ainsi, le djihad est souvent défini par « faites un effort dans le chemin de Dieu ».
Guerre et Paix : l'historique de ces notions dans la charia
Dans le Dictionnaire du Coran (Laffont, 2007), Marie-Thérèse Urvoy traite des notions de guerre et de paix selon la charia.
Selon elle, suivant les anciens ouvrages traitant de la charia, un territoire régi par les lois de l'islam peut repousser l'échéance d'une guerre avec un territoire voisin non islamisé pour une période de 10 ans. Elle explique que cette notion est fondée charaïquement sur base de la convention de Houdaibiya, et note que la durée est dite plusieurs fois renouvelable. Elle précise : « Il s'agit de la notion de sulh, de la racine arabe : ص ل ح, donnant l'idée de paix et de réconciliation. Cette période sera appelée muwâda'a (relations sans heurts) » (p. 376).
Selon ses investigations :
« Les fondateurs des écoles juridiques ont eu des opinions différentes concernant les relations entre les deux domaines. C'est al-Shâfi'î (767-820) qui, le premier, a exposé la doctrine selon laquelle le djihad doit être une guerre permanente contre les non-croyants et non pas seulement lorsque ceux-ci entrent en conflit avec l'islam. Il se fonde sur ce verset : « Après que les mois sacrés expirent, tuez les associateurs où que vous les trouviez. Capturez-les, assiégez-les et guettez-les dans toute embuscade. Si ensuite ils se repentent, accomplissent la Salat et acquittent la Zakat, alors laissez-leur la voie libre, car Allah est Pardonneur et Miséricordieux. » (9,5). Lorsque la situation du monde musulman s'est modifiée à partir du IX/X siècle, des oulémas ont affirmé que la chari'a n'obligeait pas à s'acquitter du devoir du jihâd, sauf si le domaine de l'islam était menacé par des forces étrangères. Le Hanbalite intransigeant Ibn Taymiyya lui-même a proclamé que les musulmans ne doivent pas imposer l'islam par la force aux non-musulmans, si ceux-ci n'empiètent pas sur le dâr al-islâm. Il faut noter enfin que pour nombre de tendances chiites, le jihâd offensif est interdit jusqu'à l'avènement du Mahdi. (...) Ainsi le sulh n'a pas été appliqué envers le domaine de la guerre à des fins territoriales mais dans l'intérêt de la communauté. La conciliation ou trêve, tout comme les traités et accord, vise à tenir des périodes de paix avec chacune de ces catégories afin de faciliter les relations commerciales et culturelles. »
Enfin, Urvoy termine en soulignant que, « nonobstant l'éclatement du monde musulman et le caractère devenu défensif du jihâd, les traités se sont maintenus dans leur formulation initiale. Comme le jihâd demeure une obligation aussi longtemps que demeurera l'islam, ou l'unification du monde entier sous l'islam, la paix avec les infidèles ne saurait être, aujourd'hui encore, et tout au moins théoriquement, que des trêves temporaires. Renoncer ou non à cette obligation relève somme toute, de la volonté des musulmans » (p. 375).
Les conditions où le combat armé est obligatoire à l'unanimité
Il faut savoir que le combat armé n'est qu'une forme de djihad. La recherche de la connaissance, la pratique d'un bon comportement ou la persévérance face aux épreuves de la vie sont autant de formes différentes du djihad.
D'après Hocine Kerzazi (doctorant en histoire à l'université du Maine), « nulle part le Coran n’attribue au terme « djihad » le sens de conflit armé lequel est désigné par l'expression « qital » (« combat », « guerre »). Le sens de « djihad » a quant à lui fondamentalement à voir avec la lutte intime qui oppose l'homme à son égo (nafs) ».
Les conditions nécessaires pour que le djihad par les armes devienne une obligation pour chaque musulman (fard ʿayn) sont :
quand les non-musulmans envahissent une terre musulmane ;
quand les lignes de bataille commencent à se rapprocher ;
Quand un imam appelle une personne ou un peuple pour se lancer au combat ;
Quand les non-musulmans capturent et emprisonnent un groupe de musulmans.
Dans Hashiyah Ad-Dussuqi (2/174), il est énoncé : « le jihâd devient Fard ʿAyn quand l'ennemi attaque en surprise. » En outre, Ad-Dussuqi a dit : « Partout où ceci se produit, le jihâd y devient immédiatement Fard ʿAyn pour tout le monde, même les femmes, les esclaves et les enfants, et ils se lancent au combat même si leurs gardiens, maris, chefs ou maîtres le leur interdisent. »
Jihad majeur et Jihad mineur
Dans Le Jihad : origines, interprétations, combats, Michael Bonner étudie l'évolution historique des interprétations et pratiques pré-modernes du djihad. Bonner y souligne que ce concept n'a cessé de changer au fil des siècles, selon l'époque et la région étudiées, et que les interprétations interdisent toute représentation figée. En outre, il souligne l'opposition classique entre le « petit djihad », dirigé vers l'extérieur, et le « grand djihad », interne et spirituel. Il reconnait que la seconde interprétation — spirituelle — a été longtemps prédominante (p. 22).
Selon Bonner, il existe plusieurs façons d'aborder la question des origines du concept de jihâd, mais la question reste délicate. Le hadith constituant le djihad comme un outil pour ouvrir le monde (fath) à l'islam. L'auteur souligne également qu'en filigrane, la tradition prophétique présente le djihad comme un moyen de subsistance et cite le hadith attribué à Mahomet, où le Prophète dit : « Allah [...] a placé ma subsistance (rizqi) sous ma lance » (p. 59). Les sîras et ouvrages d'histoire islamiques traiteront amplement de cet aspect militaire du Prophète, feront les éloges des combattants luttant dans cette voie pour obtenir le martyre, tout en témoignant de l'usage des batailles pour exiger des capitations des populations assujetties (voir en particulier p. 50-63).
Après avoir traité de l'évolution du concept du djihad sous les omeyyades et les abbasides, Bonner conclut : « Corollaire de ces inflexions politiques, c'est semble-t-il au cours de cette première période abbasside que furent composés quelques-uns des plus anciens traités de jihad ».
Djihad majeur
Marie-Thérèse Urvoy a réalisé une analyse détaillée de l'usage du mot jihâd dans le Coran. Elle relève que 41 occurrences à la racine de ce mot s'y trouvent, dont 6 correspondant à des sens particuliers : « serment solennels » (5 fois) et « trouver le nécessaire »). Dans 16 cas, « [l'occurence] apparaît dans un sens vague et imprécis de « mener combat pour Dieu », avec une unique référence explicitement non violente ». Elle écrit qu'il y a 6 occurrences « signifiant nettement l'idée de « mener combat de ses biens et de sa personne » » (9,41 et 88 ; 49, 15 ; 61,11 ; 48-81), et souligne que des passages coraniques utilisent d'autres termes n'usant pas de la même racine qui incitent au combat, comme « lancez-vous légers et lourds » (9,41), « l'exemption »(9,41 et 86), ou encore « l'opposition aux non-combattants » (dits « 'al-qâ'idun », ceux qui restent assis) (4,95). Elle termine en citant une dernière formulation coranique dans ce cadre d'analyse : « combat contre les infidèles, et être dur contre eux » apparaît deux fois (9,73 ; 66,99).
Urvoy en conclut :
« On ne saurait donc opposer le djihad au qitâl (combat). Qu'il y ait, dans les 18 occurrences où le sens reste vague, possibilité pour les musulmans de greffer la théorie du jihâd majeur contre soi-même, on peut l'admettre. Mais il est illégitime d'affirmer que le jihâd coranique est uniquement spirituel. En revanche, l'on peut dire que dans le texte de la période mecquoise, l'emploi du terme jihâd et ses dérivés, semble désigner plutôt une guerre spirituelle, à savoir : respecter la consigne de résister à l'impiété environnante. Le mot d'ordre suprême est alors tenir ferme. Ce qui reste compatible avec les menaces contre les infidèles, qui se réaliseront dans la période médinoise… Par ailleurs, qualifier le combat de jihad mineur ne signifie pas son élimination, et l'histoire islamique a connu nombre de soufis s'adonnant au service militaire dans les ermitages-forteresses appelés ribât. »
Le prophète Mahomet aurait dit, au retour d'une bataille : « Nous sommes revenus du plus petit djihad (al-jihad al-Asghar) pour le plus grand djihad (al-jihad al-akbar) ». Lorsqu'on lui a demandé : « Quel est le grand djihad ? », il répondit : « C'est la lutte contre soi-même ». [Source ?]
Ce hadith est sujet à caution chez certains universitaires et n’apparaît chez aucun des rapporteurs de hadiths qui font autorité. Le théologien hanbalite Ibn Qayyim al-Jawziyya estime par exemple ce hadith comme faible, mais pense que le jihad majeur est important. De même, le théologien contemporain Abdullah Azzam considère ce hadith comme faible, mais aussi comme faux puisqu'il ne viendrait pas de Mahomet mais d’un de ses compagnons, Ibrahim Ibn Abi `Abalah. Cependant, ce concept de jihad majeur a une influence importante dans l’islam mystique (soufisme).
Djihad mineur et lutte armée
C'est le seul établi par le fiqh (droit musulman) qui le définit comme un effort et un devoir collectif. La guerre sainte n'a pas été incluse dans les obligations religieuses de l'islam, sauf pour les kharijites qui ont élevé le djihad au rang de sixième pilier de l'islam. Cependant, le Coran distingue ceux qui le pratiquent de ceux qui s'en abstiennent.
Le djihad mineur peut être mené contre les infidèles (kûffar) ou contre des factions de musulmans considérées comme opposantes et révoltées.
Au cours de l'histoire, ce djihad s'est exercé à l'encontre de sectes musulmanes tenues pour hérétiques. À l'époque contemporaine, cette raison a pu être utilisée dans :
les guerres entre l'Iran et l'Irak ;
les conflits entre factions rivales musulmanes (en Afghanistan, Pakistan, Yémen, Irak, Syrie, Liban, etc.) ; aujourd'hui, entre sunnites et chiites) ;
la Guerre civile algérienne, contre les civils et militaires algériens opposés à l'établissement de la charia dans les années 1990 ; guerre ayant causé plus de 150 000 morts.
Les règles du combat lors du djihad
Voici une liste de règles de la guerre en islam, reprise point par point d'un ouvrage de Hisham Kabbani intitulé : Le concept de jihad en Islam.
Les prisonniers de guerre doivent être bien traités. Les traditions du Prophète réglementent de façon rigoureuse et stricte la pratique guerrière, et il est interdit de disposer à sa guise des prisonniers, et de tuer les femmes et les enfants lors des batailles. Les captifs peuvent être asservis en esclavage, relâchés sous rançon, ou alors ils pourront rester en terre d'islam et devront rester dans un statut de dhimmi et payer une capitation annuelle, la djizya.
« Épargner les enfants, les fous, les femmes, les prêtres, les vieillards et les infirmes, sauf s'ils ont pris part au combat » : il est strictement interdit de tuer ceux qui ne font pas partie de l'armée. En effet, dans le Sahih-i Muslim (Kitab-i Jihad was-siyar), chez Sarakhsi (kitab al-Mabsut, siyar al-Kebir), etc., Mahomet interdit strictement de tuer les vieux, les femmes et les enfants ne portant pas d'arme. Seuls les dégâts collatéraux involontaires sont tolérés dans le Sahih-i Muslim. Cependant, des hommes non armés ont été tués : Ibn Khatal, An-Nadr ibnul Harith, 'Oqba ibn Abi Mu'ayt, Kaab ibn al-Ashraf, etc..
Il est interdit de brûler l'ennemi. En effet, Mahomet a dit : « Tuez [l'ennemi], mais ne le brûlez pas. Car personne ne punit avec le feu excepté le Seigneur du Feu ». Abdullah ibn Omar rapporte cependant : « Le messager d'Allah a coupé et brûlé les palmiers de la tribu juive des Banu Nadir ». Fut alors révélé le verset 59:5 : « Tout palmier que vous avez coupé ou que vous avez laissé debout sur ses racines, c'est avec la permission d'Allah et afin qu'Il couvre ainsi d'ignominie les pervers ».
Il est interdit de mutiler les corps [Quel rapport ?].
Enfin, le pillage est interdit, c'est-à-dire des actes de vandalisme (vols, destruction des biens, etc.) et de violence (violence physique, viol, etc.) envers les civils. Cependant, la prise des butins de guerre était pratiquée après les batailles contre les ennemis, en dédommagement des dégâts.
Plusieurs interprétations du djihad selon les anciens
Les catégories de djihad selon Averroès (1126-1198)
Dans son ouvrage intitulé Muqaddimah, le philosophe, théologien islamique et juriste musulman andalou du XII siècle, Ibn Rushd (connu en Occident sous le nom d'Averroès) classe le djihad dans quatre catégories :
le jihad du cœur : la lutte contre le moi intérieur ;
celui de la langue ;
celui de la main ;
celui de l'épée.
Le jihad de la main implique la lutte avec l'épée (ǧihādun bi al-sayf). Ibn Rushd, en tant que cadi (juge musulman), écrit dans son Bidāyat al-muǧtahid que certains l'ont considéré comme n'étant pas une obligation, et d'autres comme une obligation éternelle pour tous musulmans. Néanmoins, la majorité soutient que le jihad armé n'est pas une obligation pour tous les musulmans : seule une armée dressée par l'Amîr al-Mu'minîn est obligée de participer à la guerre.
Les quatre catégories de djihad selon Ibn Al-Qayyim (1292- 1350)
Dans sa Za'ad ul ma'âd, le philosophe et théologien traditionaliste musulman Ibn Al-Qayyim écrit que le djihad se subdivise par catégories. À l'instar de l'approche théorique d'Averroès, chez Ibn Al-Qayyim aussi, la subdivision sera organisée selon un hadith célèbre de Muslim ibn al-Hajjaj (821-875) dans son Sahih, traitant des traditions prophétiques sunnites considérées saines et fiables.
En résumé, le jihad a quatre rampes :
Le jihad contre son égo ;
celui contre Satan ;
celui contre les infidèles ;
celui contre les hypocrites.
En premier lieu, le jihad contre l'égo comporte quatre étapes :
lutter contre son égo en étudiant la voie de la félicité et de la religion ;
s'efforcer d'agir en conformité avec les religieux et en toute droiture après avoir appris son jihâd avec l'âme ;
enseigner la religion aux personnes qui ne la connaissent pas et les y appeler par le djihad intellectuel, dans l'enseignement ;
patienter contre les épreuves de la vie terrestre.
En second lieu, le djihad contre Satan comporte deux étapes :
lutter contre les doutes inspirés par Satan ;
Lutter contre le désir illicite et ses tentations interdites.
Enfin, le djihad contre les infidèles et les hypocrites comporte quatre étapes :
avec le cœur ;
avec la langue
matériellement, avec ses biens ;
le cœur et l'âme.
Ibn Al-Qayyim achève ce chapitre en soulignant que contre les infidèles prime la lutte avec les mains. Contre les hypocrites, c'est avec la langue principalement que se fait la lutte. Et retenant que contre les infidèles, il faut essayer d'empêcher physiquement le mal, à défaut de quoi il faut se servir de la langue, et si cela est impossible il faudra lutter en son cœur et rejeter cela comme mauvais. Cela est le minimum de la foi.
Les batailles de Mahomet
Il n'est pas possible de traiter du djihad, sans faire une analyse de la pratique de Mahomet. Les anciennes siras de Mahomet telles que celles d'ibn Hicham (ibn Ishaq) ou al-Waqidi, et Al-maghazi (en) comme ceux d'Ibn Sa'd al-Baghdadi ou Tabari, citent systématiquement les raisons de toutes les batailles de Mahomet. Toutes les batailles sont présentées comme étant défensives. Les interprétations expansionnistes du Coran sont pour ces raisons sujettes à controverses, et depuis les fondateurs de la charia le débat n'est pas encore clos (Urvoy, p. 376).
Ainsi, Youssef al-Qardawi déclare : « Le Jihad sur le sentier d'Allah sert uniquement à la défense de la terre, de l'honneur et des choses sacrées… Ici, nous adoptons ce qu'ont adopté les savants musulmans de cette époque : cheikh Abu Zuhra, cheikh Rachîd Ridâ, cheikh Chaltut, cheikh Abdallah Darâz, cheikh Al-Ghazâli : tous sont d'avis que le Jihad en Islam sert uniquement à la défense de la religion, de l'État, des choses sacrées, de la terre, de l'honneur… et ne sert pas à la conquête du monde comme le décrivent certains ».
Le Coran et l'incitation au combat
Nonobstant des débats théologico-politiques, le Coran comprend plusieurs passages licitant la légitime défense, y compris la violence, envers ceux des polythéistes de l'Arabie agressifs ou violant les traités signés, dont les exégètes ont situé les circonstances de révélations propres à l'époque et à certaines des batailles de Mahomet avec Quraïche, voici quelques exemples (dans leurs contextes) :
Sourate 8, verset 39 : « Et combattez-les jusqu'à ce qu'il ne subsiste plus d'association, et que la religion soit entièrement à Allah. Puis, s'ils cessent (ils seront pardonnés car) Allah observe bien ce qu'ils œuvrent. » Révélé contre Quraïche et la Mecque « suite à leurs maltraitances envers les convertis musulmans qui ont dû s'exiler jusqu'en Abyssinie », d'après Tabari (839-923), selon Urwah ibn Zubayr (en) (m. 713). Comme en témoignent, en effet, les versets précédents et suivants d'après Kazimirski par exemple, de même pour la citation infra (Sourate 8, versets 59-60). Les musulmans les plus faibles demeuraient à la Mecque dans des conditions très difficiles car ils refusaient de revenir aux croyances de leurs ancêtres, et n'avaient pas les moyens d'émigrer.
Sourate 8 versets 59 et 60 : « Que les mécréants ne pensent pas qu'ils Nous ont échappé. Non, ils ne pourront jamais Nous empêcher (de les rattraper à n'importe quel moment). » « Et préparez [pour lutter] contre eux tout ce que vous pouvez comme force et comme cavalerie équipée, afin d'effrayer l'ennemi d'Allah et le vôtre, et d'autres encore que vous ne connaissez pas en dehors de ceux-ci mais qu'Allah connaît. Et tout ce que vous dépensez dans le sentier d'Allah vous sera remboursé pleinement et vous ne serez point lésés. » L'historien médiéval Tabari rapporte que le fait de se surarmer avait pour but de dissuader l'ennemi de s'attaquer aux musulmans. Les ennemis qui sont évoqués au verset 59 sont toujours les habitants de la Mecque qui ont poussé les musulmans à fuir en Abyssinie et vers Médine. À considérer avec les versets précédents (voir remarque plus haut, même sourate, même contexte).
Sourate 47, verset 4 : « Lorsque vous rencontrez (au combat) ceux qui ont mécru frappez-en les cous. Puis, quand vous les avez dominés, enchaînez-les solidement. Ensuite, c'est soit la libération gratuite, soit la rançon, jusqu'à ce que la guerre dépose ses fardeaux. Il en est ainsi, car si Allah voulait, Il se vengerait Lui-même contre eux, mais c'est pour vous éprouver les uns par les autres. Et ceux qui seront tués dans le chemin d'Allah, Il ne rendra jamais vaines leurs actions. » Tabari rapporte d'après Qatada ibn al-Nu'man (en) (m. 742 ou 749) que ce verset aura été révélé à Mahomet lors de la Bataille de Uhud dans le campement musulman, « pour que les musulmans ne faiblissent pas et arrêtent de se faire massacrer », il vise donc les adversaires présents à Uhud au moment de la bataille. Comme signalé par Mohammed Arkoun en note de bas de page de la traduction du Coran de Albert Kazimirski de Biberstein pour ce verset.
Le statut des individus vaincus par le domaine musulman
Françoise Micheau, professeur d'histoire médiévale des pays d'Islam à l'Université Paris I écrit :
« Le statut juridique des non-musulmans s'appuie sur un double fondement : le comportement de Mahomet et les conditions de ses conquêtes. Lors de la soumission de l'Arabie dans les dernières années de sa vie, le Prophète a conclu des accords de soumissions avec les groupes d'Ahl al-Kitâb (les gens du Livre), notamment les juifs de Khaybar (au nord de Médine) et les chrétiens de Najrân (sud de l'Arabie). (...) L'attitude de Mahomet à l'égard des Ahl al-Kitâb, au sens strict juifs et chrétiens, fut étendue après débat aux zoroastriens, qui disposaient également d'un livre sacré avec le Zend-Avesta, et pratiquement à toutes les confessions des pays conquis. Néanmoins il est difficile de connaître précisément les conditions faites aux populations vaincues car les sources sont postérieures et servent surtout à légitimer un état de fait. En particulier, le pacte dit de 'Umar, attribue au calife 'Umar qui régna de 634 à **4 et devenu la référence normative en matière de définition des clauses de la dhimma, a peut-être été élaboré à l'époque du calife al-Mutawakkil (qui régna de 232/847 à sa mort, en 247/861) qui obligea tous les non musulmans à se conformer aux règles de leur statut, mais la plus ancienne version conservée date du VII/XII siècle. »
Le problème du terrorisme
De nombreux colloques se sont tenus en Égypte, en Arabie saoudite et ailleurs, qui condamnent les attentats suicides, l'agression physique des personnes civiles et les attentats du 11 septembre, du 11 mars, de Riyad, du 7 juillet etc. Les intellectuels, hommes politiques et religieux du monde arabo-musulman ont élaboré et 57 États ont cosigné une Convention arabe pour la lutte contre le terrorisme : « Conformément aux hauts principes moraux et religieux, notamment les règles de la charria islamique ainsi qu'au patrimoine humanitaire de la nation arabe qui réprouve toute forme de violence et de terrorisme ».
La notion de martyre est aussi ancienne que la naissance de l'islam, cependant les attentats-suicides par ceux que l'on surnomme kamikazes islamistes sont apparus et se sont développés dans le monde au XX siècle et sont sévèrement condamnés par les autorités de l'islam. Les bases islamiques sur lesquelles s'appuient les oulémas sont principalement :
l'interdiction de tuer des innocents : « Épargner les enfants, les fous, les femmes, les prêtres, les vieillards et les infirmes, sauf s'ils ont pris part au combat ») ; « C'est pourquoi nous avons prescrit pour les enfants d'Israël que quiconque tuerait une personne non coupable de meurtre ou d'une corruption sur la terre, c'est comme s'il avait tué tous les hommes. Et quiconque lui fait don de la vie, c'est comme s'il faisait don de la vie à toute l'humanité. En effet, nos messagers sont venus à eux avec les preuves. Et puis voilà qu'en dépit de cela, beaucoup d'entre eux se mettent à commettre des excès sur la terre. » (Cor. V, la Table servie : 31-32).
l'interdiction de provoquer le chaos (al-fitna) : « Le chaos est pire que la guerre. Tant qu'eux ne vous combattront pas dans l'enceinte sacrée, ne leur livrez pas la guerre. Si eux vous déclarent la guerre alors tuez-les. Voilà la fin des infidèles » (Cor. II, La vache : 190-191).
le suicide, clairement condamné dans le Coran : « Ne vous donnez pas la mort » (Cor. IV, Les femmes : 28-29).
Rumeur du « djihad sexuel »
En 2013 apparaît en Tunisie la rumeur du « djihad sexuel », selon laquelle des centaines de jeunes filles émigreraient en Syrie où elles se prostitueraient à de nombreux combattants de l'EIIL et d'autres groupes djihadistes en étant « mariées » puis « divorcées ». La rumeur naît en décembre 2012 avec un message présenté comme étant un tweet du cheikh salafiste Mohamed Al-Arifi qui autorise « les femmes musulmanes, à partir de 14 ans, à se marier avec un djihadiste pour quelques heures, puis à d'autres djihadistes, afin de renforcer le moral des combattants, et d’ouvrir les portes du paradis ». Le cheikh Al-Arifi nie rapidement avoir prononcé un telle fatwa, mais la rumeur se répand dans les médias et est relayée par les déclarations devant l'Assemblée nationale constituante du ministre tunisien de l'Intérieur, Lotfi Ben Jeddou le 19 septembre 2013 et par le régime syrien qui fait réaliser des reportages de propagande produisant de faux témoignages. Mais après contre-enquêtes plusieurs chercheurs et journalistes concluent en 2013 qu'il n'existe aucun témoignage crédible qui accréditerait la réalité d'un « djihad sexuel », d'ailleurs nié par toutes les sources djihadistes et qui ne repose sur aucun fondement religieux. Pour Human Rights Watch, ces rumeurs s'appuient sur un fait bien réel, la pratique du « mariage provisoire » qui est en fort développement.
Théologiens de la doctrine du jihâd
Ibn Taymiyyah
Mohamed ibn Abd al-Wahhab
Syed Ahmad Shaheed
Hassan El-Banna
Sayyid Qutb
Abdul Ala Maudoodi
Ali ibn Tahir al-Sulami
Abdullah Yusuf Azzam
Fazlur Rahman
Javed Ahmed Ghamidi
Sarakhsi
Jihad dans le babisme et le bahaïsme
Le babisme et le bahaïsme sont deux religions monothéïstes indépendantes apparues en Iran et au Machrek dans la seconde moitié du XIX siècle. Elles sont nées dans un milieu chiite duodécimain et se basent sur des révélations divines postérieures au Coran.
La notion de ǧihād bi al-sayf (« djihad par l'épée ») a été revivifiée dans le babisme, comme le montre la révolte babie au Mazandaran et la bataille de Shaykh Tabarsi, mais elle a été totalement abolie dans le bahaïsme, où « l'épée est remplacée par la parole ».
**(阿拉伯语:جهاد,阿拉伯语发音: /dʒiˈhæːd/;英语:Jihad;汉语音译:杰哈德亦或吉哈德)是伊斯兰教及穆斯林世界常用的宗教术语,出自阿拉伯语词根“jahada”,即“作出一切努力”或“竭力奋争”之意,字面的意思并非“神圣的战争”(Holy war),较准确的翻译应该是“斗争、争斗”或“奋斗、努力”。伊斯兰术语,Jihad 是穆斯林的宗教义务。在阿拉伯语中,这个词 Jihad 转化为名词,意为“争扎”。Jihad 在“古兰经”里出现过41次,并经常在“古兰经”中的惯用表达“为神而挣扎”,所以翻译成“**”是一种扩张解释的翻译。在伊斯兰的教导中,必须敌我分明,不可以非穆斯林为盟友或保护者,故**是必须把持、禁止抛弃的教条之一。
伊斯兰教义
**是指「奋斗、努力」的意思,**被少数逊尼派穆斯林视为六功之一。**的广义被界定为「运用最大限度的力量、气力、努力及能力对付不被认可的事物」。不被认可的事物可指敌人、魔鬼及私欲,故可划分为不同种类的**。**一词如果不是用作修饰词,一般被理解为军事层面上的意思。**又可指一人对追求宗教及道德完善的斗争。特别是什叶派及苏非主义的穆斯林权威人士将**分为「大**」及「小**」,「大**」是指精神上的自我完善,「小**」则指战事。 在伊斯兰法学里,军事上**常指对非穆斯林采取的军事行动,以保卫及捍卫伊斯兰为目的,视为被压迫下的最后选择,但战争方式则受许多道德条件的约束。**是伊斯兰法律里唯一容许使用的战争词形,穆斯林可对路霸、暴力团体及攻击伊斯兰教的非穆斯林领袖及国家等发动**。大部分的穆斯林只会把**理解为防卫**。
含义
最高一层:心的**,或者自我的**。这是获取正确信条和从自我中去除有关这一信条的所有疑惑和误解的内在奋争,是对信徒所吩咐的命令和禁令。它进一步包括从灵魂中清除低级欲望和获得高尚的品质。例如:不再贪恋红尘,达到清净无我。它的特点是要仁慈至善。
次级一层:舌的**,或者言语的**。这是针对邪恶以及错误的信念和行动的奋争(多称为『劝善戒恶』)。。
最底层的形式是那消耗生命和财产的、手的或者剑,在自己的生命受到威胁的情况下处于自我防卫而进行的**。
学者阐述的现代意义
伊斯兰学者哈西米(S. Hashmi)在他对伊斯兰战争与和平伦理的讨论中指出,尽管“**”和西方的“正义战争”分属不同的传统,但它们之间的“共同之处远多于分歧之处”:“和正义战争一样,早期的伊斯兰理论家设想**是为了尽量减少战争的理由,以此增加和平的可能。和正义战争一样,**是创建在这样一种信念上的,那就是社会与社会间的关系应平的,应当免遭不断的、破坏性战争的涂炭。”哈西米对**的解释与其说是在描述现实情况,还不如说是在努力沟通伊斯兰战争观和世界性的现代化战争观之间的联系。哈西米承认,**的和平是一种在穆斯林“社会与社会间”的关系,至于这一关系如何扩展到现代意义的国家与国家的关系,即意味着对伊斯兰传统思想的挑战。值得一提的是,根据古代伊斯兰教学者制定的世界观,社会分为伊斯兰之舍(阿拉伯语:الدارالاسلام)与战争之舍以及议和之地。 当今西方世界频繁遭受伊斯兰**者的****,不过西方对中东的不当外交政策更胜于来自媒体对伊斯兰教义的片面解读。有极端份子以**的名义搞极端主义,受到了伊斯兰世界绝大多数学者的谴责,认为凶手曲解伊斯兰精神 。中国学者陈嘉厚等人撰写的《现代伊斯兰主义》提到,“**”有“用心、用舌、用手、用剑”之分。用心是指信徒不断同自己内心的邪恶意念作斗争,净化心灵,虔信真主;用舌、用手是指信徒发表演说,规劝辩论,着书立说;用剑仅仅是指为了处于自我防卫而拿起武器。