Rituel d’initiation dans le zoroastrisme
L’initiation (du latin : initiatio) est le processus par lequel un novice acquiert un statut social ou spirituel plus élevé par l'acquisition de connaissances ou l'admission aux activités particulières d'une communauté religieuse, d'une société secrète ou d'un groupe. D'une façon plus générale, le terme désigne l'accession à la connaissance préliminaire d'une science, d'une profession, d'un art.
Le terme désigne aussi la cérémonie, le rite de passage ou l'épreuve, qui permet d'accéder au nouveau statut d'initié.
Depuis les mystères d'Isis en Égypte, ceux d'Éleusis en Grèce, jusqu'à la franc-maçonnerie de nos jours, en passant par les peuples premiers, chaque espace culturel contient des rites d'initiation.
Différents types d'initiations
Selon le sociologue Roger Bastide, on peut distinguer trois types d'initiation :
initiation tribale : qui fait entrer des jeunes personnes dans la catégorie des adultes ;
initiation religieuse : qui ouvre l'accès à des sociétés secrètes ou confréries fermées ;
initiation magique : qui permet d'accéder à la possession de pouvoir surnaturels.
Le philosophe Pierre Riffard distingue également les initiations suivantes :
initiation spirituelle : accès aux mystères sacrés par évolution intérieure ;
initiation sacerdotale : transmission de connaissances secrètes (ex: brahmanes, druides, flamines) ;
initiation chevaleresque : cf. les différentes étapes de sélection du chevalier telles que l'adoubement ;
initiation de métier : elle donne accès à des artisans ou ouvriers aux secrets de la profession.
Initiation dans le langage courant
Dans leur acception courante, les rites de passage marquent, dans tous les peuples, l'accession à la maturité ou à l'indépendance. Ainsi, le baccalauréat, le permis de conduire, les bizutages dans certains établissements d'enseignement supérieur, par exemple, sont considérés comme des passages obligés indiquant un changement de statut social.
On évoque aussi couramment une « initiation à l'informatique », au « secourisme », à la « plongée sous-marine », « au vol à voile », etc.
« Initiatique » est devenu un mot à la mode, plus encore qu’« initiation », car toute épreuve de la vie (une longue maladie vaincue, un grave accident, un changement de profession, etc.) peut être considérée comme un vécu initiatique.
Dans un registre différent, un voyage est parfois qualifié d'« initiatique », parce qu'il amène l'individu à découvrir au dedans de lui un aspect inconnu de sa personne, vers un « renouveau », parfois exprimé comme une « renaissance ».
Dans l'antiquité
Cependant, dans son acception ancienne, l'initiation a un sens moins profane, souvent marqué par un rite, ou des symboles, censés provoquer un éveil spirituel et une autre vision du monde.
Dans l'antiquité existaient de nombreux cultes dits à « Mystères » tout autour de la Méditerranée. Il y avait, comme l'atteste le conte de les Métamorphoses couramment nommé « L'âne d'or » d'Apulée, ou les textes de Plutarque, lui-même prêtre d'Apollon à Delphes, des initiations consacrées entre autres à Isis, ou à Osiris, à Cybèle, Orphée ou Héraclès, etc.
On y célébrait aussi Dionysos (le deux fois né) à travers un ensemble de rites souvent spectaculaires ayant pour fonction d'imprégner la personnalité du futur initié et de la préparer au moment de l'initiation, ou à la révélation qu'il allait recevoir. Quelle était la nature de cette initiation et surtout de cette révélation ? On en sait aujourd'hui peu de choses, car le disciple était tenu à garder le secret, (et était censé ne pas parler même sous la torture). Cependant, quelques traits de l'initiation ont percé à travers les ouvrages des philosophes pré-socratiques comme Héraclite ou les mythes développés par Platon.
Autour de ces maîtres, dont la vie semblait être la mise en pratique de leurs idées, la jeunesse dorée de l'Antiquité se regroupait, en quête de connaissance. Puis, pour parfaire leur « chemin », il n'était pas rare qu'ils voyagent à travers le bassin méditerranéen passant d'une initiation à une autre, en quête de perfectionnement et d'épreuves. Cependant, si l'initiation reste liée aux mythes qui façonnaient l'Antiquité, ceux-ci n'en construisent pas moins, encore aujourd'hui, notre personnalité.
L'initié vivait, par exemple, la mort d'Osiris et sa résurrection, la quête d'Isis, celle d'Orphée dans son corps et sa conscience. Ces phénomènes que la religion considère comme véritables étaient semblables dans les Écoles des Mystères à des stades de découverte intérieure et de transformations censées conduire le disciple ou l'élève de son état actuel à un état de conscience plus élevé.
L'initiation dans les religions
La plupart des religions ont des rites initiatiques.
L'initiation en ésotérisme
Le terme Initiation, dans son acception ésotérique désigne celui qui progresse dans son émancipation personnelle et spirituelle. L'apprenti, l'aspirant, reçoit, par le biais de son maître ou instructeur, le contact avec une force au contact de laquelle il recevrait une connaissance spécifique dépendant de son niveau de compréhension. Lorsqu'il réussit son initiation, l'apprenti peut alors être considéré comme un initié.
Or, cette progression se fait par le biais d'une échelle de cheminement qui comporte différents stades appelés généralement degrés, (ou grades) initiatiques. L'apprenti, (ou l'Aspirant) qui aura passé avec succès telle ou telle initiation sera considéré comme initié de tel ou tel degré. On retrouve cette terminologie de l'initiation dans un grand nombre de sociétés ésotériques et groupements occultistes comme la Franc-maçonnerie, le rosicrucianisme ou la doctrine théosophique. Ainsi, au fil de sa compréhension des enseignements ésotériques de la doctrine auquel il appartient, l'apprenti (ou l'Aspirant) chemine progressivement de degré en degré jusqu'à obtenir l'équivalent du degré de son maître ou instructeur, voire de le dépasser.
L'initiation se fait par des rites. Selon René Guénon, « ils constituent l’élément essentiel pour la transmission de l’influence spirituelle et le rattachement à la "chaîne" initiatique, si bien qu’on peut dire que, sans les rites, il ne saurait y avoir d’initiation en aucune façon. »
L'initiation en Franc-Maçonnerie
Les Franc-maçons progressent dans leur démarche initiatique par grade, parfois appelé Degré Le mot initiation est réservé à la première cérémonie, car elle fait passer la personne candidate du statut de profane à celui du premier grade : Apprenti. L'initiation est précédée d'un minutieux processus d'enquête et de période de questionnement. Une partie de l'initiation maçonnique se déroule d'ailleurs dans un cabinet de réflexion.
Le grade maçonnique détenu par un maçon est une balise qui indique le chemin parcouru dans sa progression initiatique, chemin prouvé par des travaux présentés au sein de sa Loge et par un vote de la Loge. Il n'est surtout pas le label d'une qualité humaine qui serait prétendument supérieure. Même si certains maçons disent qu'un maçon est censé se considérer comme un apprenti permanent, il est plus juste d'utiliser l'idée que le maçon est un éternel compagnon (le second grade), tant pour l'idée d'être un cherchant, c'est-à-dire comme des hommes ou des femmes animés du désir de perfectionnement, que par ses valeurs humaines (compagnon : celui qui partage le pain). Selon les rites maçonniques, il existe différentes échelles de grades dans la progression d'un maçon.
L'initiation rosicrucienne
Le rosicrucianisme - malgré la diversité de ses regroupements - se fonde sur l'idée d'une appréhension progressive d'un état d'éveil recherché (celui de Rose-Croix). D'après la terminologie rosicrucienne, ce degré ultime est un état de réalisation de soi.
L'initiation dans la Kabbale
Le système mystique de la Kabbale, tradition ésotérique et exégèse de la Torah, comporte également une dimension initiatique. Bien que cette initiation puisse se passer dans le cadre d'un enseignement reçu par des élèves auprès d'un Rabbin kabbaliste, celle-ci ne consiste pas en des grades particuliers et bien définis comme dans la Franc-Maçonnerie ou le rosicrucianisme mais davantage dans la capacité qu'a l'élève à pénétrer les secrets que renferment la Torah et de la lumière qu'il en reçoit. Ceci est exprimé, dans la Kabbale, par le principe du Pardes. (voir l'article Pardès)
L'initiation dans la Théosophie
La caractéristique essentielle de l'initiation est que tout initié peut à volonté entrer en contact avec son âme.
Selon l'appréciation du mouvement occultiste de la Théosophie moderne, l'initiation consiste en une progression vers une forme graduée de « sainteté », soit une entrée dans la présence de l'âme, puis plus tard en présence de l'esprit (ou monade) plus aisée à chaque degré initiatique passé. Cela est vécu dans une perspective clairement mystique, proche de l'idée de l'initiation dans la Kabbale dont la Théosophie moderne s'inspire sans doute en partie. La notion de degrés initiatiques qui paraissait différer en fonction des auteurs de la galaxie théosophique, est maintenant solidement établie en 9 degrés d'initiés depuis les travaux de la Théosophe Alice Bailey.
Bibliographie
Jean-Marc Aractingi et Christian Lochon, Secrets initiatiques en Islam et rituels maçonniques, l'Harmattan, 2008, (ISBN 978-2-296-06536-9 ).
Walter Burkert, Les cultes à Mystères dans l'antiquité, Belles Lettres, 2003, ISBN 2-251-32436-4.
Alain Moreau, Mythes grecs II : L'initiation. Montpellier : Service des Publications de l'Université Paul Valéry - Montpellier III, 2004, 279 p.
L’initiation. Tome I : Les rites d’adolescence et les mystères. Actes du colloque international de Montpellier 11-14 avril 1991 organisé par le SEMA. Études rassemblées par Alain Moreau, Montpellier : Publications de l’Université Paul Valéry - Montpellier III, 1992, 326 p.
L’initiation. Tome II : L’acquisition d’un savoir ou d’un pouvoir. Le lieu initiatique. Parodies et perspectives. Actes du colloque international de Montpellier 11-14 avril organisé par le SEMA. Études rassemblées par Alain Moreau, Montpellier : Publications de l’Université Paul Valéry - Montpellier III, 1992, 320 p.
Rudolf Steiner, L'Initiation ou Comment acquérir des connaissances sur les mondes supérieurs ?, GA n 10, Éditions Anthroposophiques Romandes, Genève, 1992, traduction de Georges Ducommun, ISBN 2-88189-106-3.
Le Vade-mecum de l'apprenti, Claude Darche, éditions Dervy, 2006.