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词典释义:
antisémite
时间: 2023-09-22 21:01:48
[ɑ̃tisemit]

a.太人的, 排斥太人的

词典释义
a.
太人的, 排斥太人的

n.
太人者, 排斥太人者

常见用法
acte antisémite反太人的行为
loi antisémite反太人法
propos antisémites太人的言论

短语搭配

acte antisémite反犹太人的行为

propos antisémites仇视犹太人的言论

loi antisémite反犹太人法

原声例句

Et la série Paris Police 1900 va...com-plè-tement ignorer tous ces beaux aspects, pour nous plonger dans un Paris sordide, criminel, et surtout, antisémite.

而《巴黎警局1900》将......完全忽略所有巴黎这些美丽的方面,把我们带到一个肮脏,犯罪,最重要的是犹太主义的巴黎。

[硬核历史冷知识]

A l'annonce du procès, les ligues nationalistes, les antisémites, mais aussi les anarchistes, se réveillent.

在审判宣布时,民族主义联盟,犹太主义者,以及无政府主义者,都清醒了。

[硬核历史冷知识]

Elle ne se laisse pas faire, même lorsque le cabinet de son patron juif est attaqué par une foule antisémite.

她不会让这种情况发生,即使她的犹太老板的办公室遭到反犹暴徒的袭击。

[硬核历史冷知识]

Un antisémite est celui qui éprouve de la haine pour les personnes de religions ou d'origine juive.

对信仰犹太教的人或犹太人表现出憎恨的人,我们称之为“犹太人者”。

[un jour une question 每日一问]

C'est pourquoi en France, la loi punit fermement les actes et les discours antisémites.

这也就是为什么法国法律会严厉惩戒反犹性质的言论和行为。

[un jour une question 每日一问]

Être antisémite, c’est d’être hostile à l’encontre des juifs simplement parce qu’ils sont juifs.

犹太人,就是敌视犹太人,仅仅因为他们是犹太人。

[un jour une question 每日一问]

Mais les injures antisémites continuent d’être prononcées, les cimetières juifs sont saccagées.

但是反犹分子继续辱骂犹太人,犹太墓地被洗劫。

[un jour une question 每日一问]

Nous avons été témoins de gestes haineux et antisémites qui ont ciblé des personnes innocentes ainsi que des lieux où elles se rassemblent et prient.

我们目睹了仇恨和反犹太主义的行为这些行为针对的是无辜的人以及他们聚集和祈祷的地方。

[加拿大总理贾斯汀·特鲁多致辞]

Nombre d’entre eux sont de farouches antisémites.

他们中的许多人是极端的反犹分子

[Pour La Petite Histoire]

Entre 1933 et 1936, les lois antisémites se multiplient et marginalisent complètement les juifs au sein de la société allemande.

从1933年到1936年,反犹法律倍增,犹太人在德国社会中完全被边缘化。

[Pour La Petite Histoire]

例句库

Drumont, l'auteur de l'article, est antisémite, c'est même le père de l'antisémitisme en France.

文章作者特鲁蒙是个犹太主义者,甚至可以说他是法国反犹太复国主义的鼻祖。

Il comparaît devant le tribunal correctionnel pour injures à caractère antisémite, après des altercations avec des clients d'un bistrot parisien.

早前他在巴黎的一间小酒馆与其他顾客口角,因有犹太人言论而出现在此次的审判法庭中。

Les journaux antisémites exaltent le «faux patriotique» du lieutenant-colonel Henry.

敌视犹太人的报纸赞扬亨利中校提供了“爱国主义的伪证”。

Hélas, le racisme antisémite, en dépit de tout ce qui a été fait pour le combattre, réapparaît comme nous le voyons périodiquement sous la forme d'infâmes attaques perpétrées contre des synagogues, de profanations de cimetières et de spéculations cyniques de présumés historiens qui modifient ou nient les événements qui ont eu lieu.

令人遗憾的是,尽管我们采取了许多行动来打击种族主义性质的反犹太主义行为,但此种行为却时常再现于我们所看到的针对犹太教堂的可耻攻击、对墓地的亵渎以及那些妄自更改或否定已发生事件的所谓历史学家玩世不恭的推想中。

Le Comité partage les préoccupations de la délégation au sujet de la montée des actes racistes, antisémites et xénophobes.

代表团对于种族主义、反犹太人和仇外行动有所增加的情况表示关注,委员会对此也有同感。

Il affirmait dans cette plainte que des membres de la faculté l'avaient peu à peu considéré comme antisémite, et que les opinions politiques qu'il exprimait à l'époque, critiquant l'attitude d'Israël qui à son avis ne faisait pas assez d'efforts pour résoudre la question palestinienne, ajoutées à d'autres facteurs comme sa race, son origine ethnique et sa religion, ont créé une polémique qui a nui à son droit à l'égalité de traitement en matière d'emploi et en particulier à sa titularisation.

他说,他系里某些人认为,他是反犹太主义者,而他在相关时候提出以色列在解决巴勒斯坦问题方面未尽全力的政治意见,加之其他事实,包括他的种族、族裔血统和宗教的问题,都消极影响其在就业方面获得平等待遇权利,而特别是影响到他晋升为正教授的申请。

Les attitudes xénophobes sont courantes et un pourcentage appréciable de la population professe des idées antisémites.

排外行为已经不足为奇,而且相当一部分民众信奉反犹太主义。

En collaboration avec plusieurs organisations de survivants de l'Holocauste et de la Fédération des communautés juives de Roumanie, notre gouvernement a institué la Journée de l'Holocauste en Roumanie pour rendre un hommage sincère à tous ceux qui ont souffert des politiques discriminatoires, antisémites et racistes promues par l'État roumain au milieu du XXe siècle, à une époque troublée de notre histoire nationale.

我国政府与大浩劫幸存者的一些组织以及罗马尼亚犹太社区联合会一道,确定了罗马尼亚大浩劫纪念日,以向那些在十二世纪中叶我国历史动荡时期遭受罗马尼亚推行的歧视、反犹太人和种族主义政策之害的所有人表示由衷的敬意。

Il comprend l'adoption d'une législation interdisant les symboles et organisations fascistes, racistes, xénophobes ou antisémites ainsi que le culte des personnalités assumant une responsabilité dans les crimes contre l'humanité.

其中包括通过立法,取缔法西斯主义、种族主义、排外主义或反犹太主义标志和组织,以及对犯有危害人类罪的个人的崇拜。

Ce n'est un secret pour personne que de nombreux actes antisémites, notamment la profanation de cimetières juifs et de synagogues, ont été le fait de jeunes factions radicales, notamment des skinheads.

许多反犹行动,包括对犹太人坟地和教堂的亵渎,是由极端派青年包括光头党煽动的,这不是秘密。

Qui aurait pu imaginer que, moins de 60 ans après Auschwitz et Bergen-Belsen, le peuple juif et Israël seraient la cible d'attaques antisémites, même dans les pays qui ont été témoins des atrocités nazies?

谁会想象,在奥斯维辛和卑尔根—贝尔森的不到60年之后,犹太人和以色列竟会成为反犹太主义袭击的对象,甚至在目睹纳粹暴行的国家里?

Et nous ne saurions rester silencieux face à une pernicieuse propagande antisémite.

我们也决不能在恶毒的反犹太宣传面前保持沉默。

La promotion de la discrimination raciale et de l'intolérance par le biais de l'Internet pose un grave problème, l'Union européenne appuie le Protocole additionnel à la Convention sur la cybercriminalité, relatif à l'incrimination d'actes de nature raciste et xénophobe commis par le biais de systèmes informatiques, aujourd'hui signé par la plupart des États membres de l'Union européenne Pour lutter contre la cybercriminalité, l'OSCE a organisé une réunion sur les liens entre la propagande raciste, xénophobe et antisémite diffusée sur l'Internet et les crimes motivés par la haine, tenue à Paris les 16 et 17 juin 2004.

通过因特网使种族歧视和不容忍行为加剧是个严重的问题,欧盟支持《网络犯罪公约关于宣告利用计算机系统犯下的种族主义或仇外行为为犯罪行为的附加议定书》,现在,大部分欧盟成员国都已签署该附加议定书。

D'autre part, alors que s'estompe le souvenir des atrocités commises pendant la Seconde Guerre mondiale, le nombre d'actes antisémites a augmenté au cours de ces dernières années.

另一方面,随着人们逐渐淡忘第二次世界大战时犯下的暴行,近几年来,反犹太活动在增加。

L'Union européenne, déterminée à réagir, est très préoccupée par l'utilisation des médias traditionnels ou de l'Internet pour diffuser des messages racistes, antisémites ou intolérants, notamment au sujet de la situation au Moyen-Orient.

欧盟决心予以反击,对利用传统媒体或因特网来散布尤其是有关中东局势的种族主义、反犹太和不容忍的信息深感忧虑。

Le Centre est doté d'une unité spéciale de suivi des actes antisémites.

该中心有一个监测反犹行为的专门单位。

Le Comité est préoccupé par les incitations à la violence et les actes de violence à l'encontre de personnes appartenant à des minorités ethniques ou nationales, notamment par les actes perpétrés contre des Roms, les agressions antisémites, la violence à l'encontre de personnes d'origine africaine et asiatique et de non-ressortissants, ainsi que par les allégations persistantes selon lesquelles la police et les autorités n'ouvrent pas d'enquêtes et se montrent peu disposées à dûment protéger les victimes ou à mener des enquêtes immédiates, impartiales et effectives sur ces allégations.

委员会也表示关注少数种族和少数民族受到的刺激和暴力行为,包括罗姆人受到虐待、反犹太人受到攻击、有非洲人和亚洲人血统的人以及非公民遭受暴力,关于不对事件进行调查的持续指控和警察不愿意对受害人提供足够保护、或对这些传闻进行迅速、公平和有效的调查。

La Ligue contre la diffamation a spécialement pour mission de lutter contre l'antisémitisme et le sectarisme, de détecter les attitudes antisémites et d'y parer.

反诽谤同盟的主要任务主要是打击反犹太主义和偏见,以及监测和回应反犹态度。

Des attitudes antisémites, actives ou passives, ainsi que des idéologies antisémites sont à l'origine de ces actes antisémites.

支配此种反犹行为的,是明确或潜在的反犹态度,以及反犹思想意识。

Constatant que les attitudes antisémites s'enracinent souvent dans les opinions émises quotidiennement par tout un chacun dans les expressions, les proverbes, le ton de la voix, les plaisanteries, les gestes, les railleries et les silences qui en disent long, Mme Sroda a affirmé que chacun a une responsabilité dans la lutte contre l'antisémitisme chez soi, sur le lieu de culte, dans sa communauté ou son quartier.

Sroda认为,反犹态度往往根深蒂固,存在于人们平常的见解、习惯用语、谚语、音调、笑话、手势、嘲弄和带有某种意味的沉默中,因此,她指出,人人都有责任在家中、在礼拜场所、社区内和邻居之间同反犹现象作斗争。

法语百科
Caricature antisémite. Le Monde Moderne, 1898.
Caricature antisémite. Le Monde Moderne, 1898.

L’antisémitisme (originellement : anti-sémitisme) est le nom donné de nos jours à la discrimination et à l'hostilité manifestées à l'encontre des Juifs en tant que groupe ethnique, religieux ou racial.

Il s'agit, dans son acception originelle telle que formulée vers la fin du XIX siècle, d'une forme de racisme dirigée nominalement contre les peuples sémites, regroupés en tant que tels sur base de critères linguistiques, mais ne visant en réalité que les Juifs.

Bien que certains historiens comme Jules Isaac insistent pour distinguer antijudaïsme et antisémitisme, le second terme est cependant le plus souvent utilisé aujourd'hui pour qualifier tous les actes d’hostilité anti-juive au cours de l'Histoire, que leurs fondements soient raciaux ou non.

Les motifs et mises en pratique de l'antisémitisme incluent divers préjugés, des allégations, des mesures discriminatoires ou d’exclusion socio-économique, des expulsions, voire des massacres d’individus ou de communautés entières.

Définitions

Caricature antisémite de Charles Léandre représentant la supposée hégémonie de la famille Rothschild, couverture du journal Le Rire, 16 avril 1898

Le terme « antisémitisme » et ses dérivés apparaissent en Allemagne à la fin du XIX siècle bien que la réalité des faits qu’ils décrivent soit plus ancienne.

Pour Alex Bein, le terme fut utilisé pour la première fois en 1860 par l'intellectuel juif autrichien Moritz Steinschneider dans l'expression « préjugés antisémites » (« antisemitische Vorurteile »), afin de railler les idées d'Ernest Renan qui affuble les « peuples sémites » de tares culturelles et spirituelles (la désignation des peuples du Levant sous ce terme remontait à 1781). Mais Gilles Karmasyn estime que c'est le journaliste allemand Wilhelm Marr qui invente véritablement le terme « Antisemitismus » dans le sens « d'hostilité aux Juifs », à l'occasion de la fondation d'une « ligue antisémite » en 1879 et non, comme il est communément admis, dans son pamphlet anti-juif « Victoire du judaïsme sur la germanité considérée d'un point de vue non confessionnel », publié la même année mais où l'expression n'apparaît pas. La traduction française d’Antisemitismus par « antisémitisme » apparaît selon le dictionnaire Robert en 1886, suivi de l’épithète antisémite trois ans plus tard. Jules Isaac précise que le terme « antisémitisme » est par lui-même équivoque alors que « son contenu […] est essentiellement anti-juif ». Marr utilise en effet le mot « Semitismus » comme synonyme de « Judentum », lequel désigne indifféremment le judaïsme, la communauté juive et la judaïté. Le mot « antisémitisme » abandonne donc la signification spécifiquement religieuse de l'hostilité anti-juive pour se prêter au concept de « race juive » par lequel on a commencé par désigner des Juifs baptisés, justifiant la poursuite des discriminations à leur égard alors qu’ils ont apostasié. Des théories pseudo-scientifiques sur la conception de « race » se sont répandues en Europe dans la seconde moitié du XIX siècle, particulièrement chez l'historien prussien Heinrich von Treitschke dont les idées seront reprises dans les théories nazies.

Une confusion naît de ce mot, qui n'a jamais visé les autres populations de langue sémitique, telles que les Arabes. Au contraire, il peut être utilisé pour désigner l'hostilité des Arabes envers les juifs lorsque l'on parle d'antisémitisme arabe. Cela n'empêche pas l'étymologie de refaire périodiquement surface. Ainsi pour Jean-Claude Barreau, le terme « antisémitisme » est « complètement inapproprié » puisque le judaïsme d'aujourd'hui ne serait plus que très partiellement sémite.

De nos jours, l'affaissement de la dimension proprement et ouvertement raciste de l'hostilité envers les juifs permet de penser que l'antisémitisme englobe une notion plus large que la conception raciale originale du XIX siècle et du début du XX siècle. C'est qu'il a en réalité existé sous des formes qui ne s'appuient parfois ni sur des conceptions raciales, ni sur des fondements religieux, ce qui rend le concept difficile à définir de manière précise.

Pierre-André Taguieff a d'ailleurs proposé le terme de « judéophobie » pour désigner l'ensemble des formes anti-juives dans le monde depuis la Seconde Guerre mondiale et le distinguer de l'antisémitisme lié aux thèses racialistes. D'autres préfèrent parler de « nouvel antisémitisme » pour qualifier les idéologies plus récentes qui s'appuieraient sur la dénonciation d'un “supposé lobby juif ou du sionisme pour masquer leur antisémitisme". Le négationisme et la compétition des victimes s'ajoutent à l'antisionisme pour définir les trois axes du nouvel antisémitisme, selon Bernard-Henri Lévy.

Formes d'antisémitisme

Aquarelle du XVI siècle représentant un Juif de Worms portant la rouelle. Il est également accompagné d'une bourse d'or illustrant la cupidité attribuée aux Israélites.

Même si, dans sa définition originale et la plus stricte, le mot « antisémitisme » prend une tournure raciale et laïque, il est désormais utilisé pour qualifier tous les actes anti-juifs qui ont pu avoir lieu dans l'Histoire quel que soit leur motif, ainsi que pour désigner les actes hostiles aux Juifs avant l'invention du terme antisémitisme.

On peut donc en distinguer plusieurs formes distinctes qui évoluèrent dans leur conception au cours de l'Histoire, qui ne sont d'ailleurs pas forcément complémentaires et ne s'appuient pas toujours sur les mêmes fondements. L'antisémitisme, dans son acceptation globale, n'est donc pas nécessairement une idéologie racialiste (qui ne se développe d'ailleurs que tardivement à partir du XIX siècle) et, par conséquent, n'est pas toujours une forme de racisme.

René König mentionne l'existence d'antisémitismes sociaux, économiques, religieux ou politiques. Il avance que les natures diverses qu'a pris l'antisémitisme démontrent que « les origines des différents préjugés antisémites sont ancrés dans différentes périodes de l'Histoire. » Pour lui, les divers aspects des préjugés antisémites au cours des époques et leur distribution variable au sein les classes sociales « rend particulièrement difficile la définition des formes de l'antisémitisme. »

L'historien Edward Flannery distingue lui aussi plusieurs variétés d'antisémitisme :

« l'antisémitisme économique et politique », donnant comme exemples Cicéron ou Charles Lindbergh

« l'antisémitisme religieux », ou antijudaïsme

« l'antisémitisme nationaliste », citant Voltaire et d'autres penseurs des Lumières qui attaquèrent les Juifs sur leur supposées arrogance et avarice

« l'antisémitisme racial », exprimé par le nazisme

Enfin, le documentaliste Louis Harap distingue quant à lui l'antisémitisme « économique » de l'antisémitisme « politique », et fusionne ce dernier avec l'antisémitisme « nationaliste » au sein d'un « antisémitisme idéologique. » Il ajoute également un antisémitisme social, avec les propositions suivantes :

religieux : « les juifs sont les assassins du Christ » (Peuple déicide)

économique : « les juifs sont des banquiers et des usuriers obsédés par l'argent »

social : « les juifs sont socialement inférieurs » et doivent être tenus à l'écart du reste de la société dans des ghettos et porter un signe permettant de les distinguer des Chrétiens comme la rouelle et le Judenhut au Moyen Âge, ou l'étoile jaune sous le régime nazi.

racial : « les juifs sont une race inférieure »

idéologique : « les juifs sont des révolutionnaires complotant pour renverser le pouvoir en place » (Théorie du complot juif)

culturel : « les juifs corrompent la morale et la civilisation du pays dans lequel ils vivent par leur culture »

Antisémitisme culturel

Louis Harap définit l'antisémitisme culturel comme une « forme d'antisémitisme qui accuse les Juifs de corrompre une culture donnée et de vouloir supplanter ou de parvenir à supplanter cette culture. »

Pour Eric Kandel l'antisémitisme culturel se fonde sur l'idée d'une « judéité » vue comme « une tradition religieuse ou culturelle qui s'acquièrent par l'apprentissage, à travers des traditions et une éducation distinctives. » Cette forme d'antisémitisme pense que les Juifs possèdent des « caractéristiques psychologiques et sociales néfastes qui s'acquièrent par l'acculturation. »

Enfin, Donald Niewyk et Francis Nicosia décrivent l'antisémitisme culturel comme une idée se focalisant sur la supposée « attitude hautaine des Juifs au sein des sociétés dans lesquelles ils vivent. »

Antisémitisme religieux

Exécution de Francisca Nuñez de Carabajal, une juive convertie accusée d'être restée secrètement fidèle au judaïsme, 1601.
Exécution de Francisca Nuñez de Carabajal, une juive convertie accusée d'être restée secrètement fidèle au judaïsme, 1601.

Tract distribué à Kiev avant le procès de Mendel Beilis, accusé de meurtre rituel, recommandant aux parents chrétiens de veiller sur leurs enfants durant la Pâque juive.

L'antisémitisme religieux, ou antijudaïsme, se définit comme l'opposition aux croyances juives et au judaïsme. Il n'attaque donc pas les Juifs en tant que peuple ou ethnie, et prône même parfois leur conversion. Cependant, les persécutions peuvent persister pour ces Nouveaux Chrétiens, suspectés de rester secrètement fidèles à leur religion ou leurs traditions, comme ce fut le cas envers les marranes, des Juifs espagnols et portugais convertis au catholicisme à partir du XV siècle.

Les Juifs ont été également accusés de crimes rituels, souvent au travers de légendes d'enlèvement d'enfants pour des sacrifices. Il s'agit de l'une des allégations antisémites les plus anciennes de l'Histoire : de la légende du meurtre d'Anderl von Rinn en 1492 jusqu'à l'Affaire Beilis en 1911. Selon l'historien Walter Laqueur, il y aurait eu plus de 150 accusations et probablement des milliers de rumeurs de ce type dans l'Histoire.

L'antijudaïsme en Europe provenait souvent d'une méconnaissance des traditions de la religion juive, qui étaient perçues comme étranges et parfois maléfiques. Par exemple, le mot « sabbat », qui désigne une cérémonie nocturne de sorcières, provient du mot « shabbat », désignant le jour de repos hebdomadaire sacré des Juifs.

Antisémitisme économique

L'antisémitisme économique se fonde sur l'idée que les juifs produisent une économie nuisible pour la société, ou que l'économie devient nuisible quand elle est pratiquée par les juifs.

Les allégations antisémites lient souvent les juifs à l'argent et à l'avidité, les accusant d'être cupides, de s'enrichir aux dépens des non-juifs ou de contrôler le monde des finances et des affaires. Ces théories furent développées entre autres dans Les Protocoles des Sages de Sion, un faux prétendant attester le projet de conquête du monde par les Juifs, ou dans le Dearborn Independent, un journal publié au début du XX siècle par Henry Ford.

Remplaçant peu à peu l'antijudaïsme, cet antisémitisme prend son essor, comme l'antisémitisme racial, au cours du XIXe siècle, parallèlement au développement du capitalisme industriel dans le monde occidental. Il est incarné en France par Édouard Drumont dans son ouvrage La France Juive.

L'historien Derek Penslar explique que ces allégations s'appuient sur les imputations suivantes :

les juifs « sont naturellement incapables d'exercer un travail honnête. »

les juifs « dominent une cabale financière cherchant à assujettir le monde. »

Penslar avance également l'idée que l'antisémitisme économique se distingue aujourd'hui de l'antisémitisme religieux, qui est lui « souvent feutré », alors qu'ils étaient liés jusqu'à maintenant, le second expliquant le premier.

Abraham Foxman relève quant lui six a priori communs à ces accusations :

« tous les juifs sont riches »

« les juifs sont avares et cupides »

« des juifs puissants contrôlent le monde des affaires »

« la religion juive prône le profit et le matérialisme »

« les juifs n'hésitent pas à berner les goys »

« les juifs utilisent leur pouvoir au service de leur communauté »

Finalement, le mythe du juif et de l'argent est résumé par l'assertion suivante de Gerald Krefetz : « [les juifs] contrôlent les banques, la réserve monétaire, l'économie et les affaires — de la communauté, du pays, du monde. »

La critique de cet antisémitisme a vu le jour en France au XVIII siècle et a mené sous la Révolution aux décrets d'émancipation de 1790 et 1791. Le 23 décembre 1789 à l'Assemblée constituante, Maximilien de Robespierre explique la situation en ces termes :

« On vous a dit sur les Juifs des choses infiniment exagérées et souvent contraires à l’histoire... Ce sont au contraire des crimes nationaux que nous devons expier, en leur rendant les droits imprescriptibles de l’homme dont aucune puissance humaine ne pouvait les dépouiller. On leur impute encore des vices, des préjugés, l’esprit de secte et d’intérêt les exagèrent. Mais à qui pouvons-nous les imputer si ce n’est à nos propres injustices ? Après les avoir exclus de tous les honneurs, même des droits à l’estime publique, nous ne leur avons laissé que les objets de spéculation lucrative. Rendons-les au bonheur, à la patrie, à la vertu, en leur rendant la dignité d’hommes et de citoyens... ».

Antisémitisme racial

Tableau de 1935 expliquant ce qu'est un Juif d'après les lois de Nuremberg.

L'antisémitisme racial se définit comme la haine des juifs en tant que groupe racial ou ethnique plutôt que sur des fondements religieux. Il considère que les Juifs sont une race inférieure à celle de la nation dans laquelle ils vivent. Cette théorie se développe particulièrement dans les mouvements eugénistes de la fin du XIX siècle et du début du XX siècle qui considèrent que les « Aryens » (ou le peuple germanique) sont racialement supérieurs aux autres peuples.

Au début du XIX siècle, des lois entrent en vigueur dans certaines pays d'Europe de l'Ouest permettant l'émancipation des Juifs. Ils ne sont désormais plus obligés de vivre dans les ghettos et voient leurs droits de propriété et leur liberté de culte s'étendre. Pourtant, l'hostilité traditionnelle envers les Juifs sur des bases religieuses persiste et s'étend même à l'antisémitisme racial. Des théories ethno-raciales comme celles de l'Essai sur l'inégalité des races humaines (1853-55) de Joseph Arthur de Gobineau participent à ce mouvement. Ces théories plaçaient souvent les peuples blancs européens, et particulièrement la « race aryenne », au-dessus du peuple juif.

Il s'agit donc d'une idéologie laïque prenant le relais du vieil antijudaïsme religieux et s'y substituant. Les nouvelles formes d'hostilité qui s'en manifestent sont donc détachées de toute connotation religieuse, du moins dans la représentation que se fait d'elle-même cette idéologie. Les Nazis, mouvement néo-païen, ne firent d'ailleurs aucune différence entre les Juifs orthodoxes et laïcs, les exterminant qu'ils pratiquent le judaïsme ou soient baptisés chrétiens, voire engagés dans une vie religieuse chrétienne.

Antisémitisme politique

Les Juifs étaient accusés par les nazis de chercher à s'emparer du pouvoir à travers les partis communistes, le syndicalisme ou l'anarchisme.

L'antisémitisme politique se définit comme une hostilité envers les Juifs fondée sur leur supposée volonté de s'emparer du pouvoir au niveau national ou mondial, ou leur volonté de dominer le monde au travers d'un « complot international ».

Les Protocoles des Sages de Sion, un faux se présentant comme un plan de conquête du monde établi par les juifs, sont généralement considérés comme le début de la littérature contemporaine de la théorie du complot juif. Daniel Pipes note que le document développe des thèmes récurrents de l'antisémitisme du complot : « les Juifs complotent toujours », « les Juifs sont partout », « les Juifs sont derrière chaque institution », « les Juifs obéissent à une autorité centrale, les vagues Sages », et « les Juifs sont proches de réussir leur plan ».

L'antisémitisme politique se démocratise particulièrement durant l'entre-deux-guerres à la suite de la Révolution russe de 1917, notamment sous l'influence des Russes blancs, avant d'être récupéré par l'idéologie nazie. Il reposait sur l'idée que les « judéo-bolchéviques » tenteraient de prendre le pouvoir en imposant le communisme ou l'anarchisme à travers le monde.

Le concept apparaît alors comme un renouvellement de la théorie du complot juif qui se superpose, sans le remplacer, au mythe développé par l'antisémitisme économique du Juif responsable du capitalisme. Il s'appuie également sur le fait qu'un certain nombre de penseurs ou de révolutionnaires communistes étaient réellement juifs ou d'origine juive : les théoriciens Karl Marx, Rosa Luxemburg, Georg Lukacs et Ernest Mandel ; ou bien, en Russie, les révolutionnaires bolcheviks Trotsky, Martov, Lénine, Kamenev, Zinoviev, Sverdlov, Riazanov ou Radek. Ainsi, et pour certains des Russes favorables au régime tsariste, l'assassinat de la famille impériale par les Bolcheviks était forcément l'œuvre d'un « complot juif » et cette interprétation contribua à alimenter le climat antisémite en Russie.

Ce fait a également été repris par l'argumentaire nazi pour justifier l'existence d'un complot judéo-bolchévique visant à dominer l'Europe et réprimer violemment les militants communistes. Les Juifs furent par ailleurs accusés, après la Première Guerre mondiale, d'être les responsables de la défaite allemande. Ce mythe, nommé en allemand Dolchstoßlegende (le « coup de poignard dans le dos »), fut une tentative de disculper l'armée allemande de la capitulation de 1918, en attribuant la responsabilité de l'échec militaire aux Juifs, mais aussi socialistes, aux bolcheviks et la République de Weimar.

Nouvel antisémitisme

Les théoriciens du nouvel antisémitisme avancent que l'antisionisme peut parfois cacher une idéologie antisémite. Ici une manifestation contre la guerre de Gaza en Tanzanie, 2009.

Dans les années 1990 naît un concept inédit, celui d'un nouvel antisémitisme qui se serait développé aussi bien dans des partis de gauche que de droite, ainsi que dans l'islam radical. Pour certains auteurs, ces « nouveaux antisémites » se cacheraient désormais derrière l'antisionisme, l'opposition à la politique israélienne et la dénonciation de l'influence des associations juives en Europe et aux États-Unis — voire parfois même derrière l'anticapitalisme et l'antiaméricanisme —pour exprimer leur haine des Juifs.

Bernard-Henri Lévy réfère le nouvel antisémitisme à trois raisons principales :

1. L’antisionisme : « Les juifs seraient haïssables parce qu’ils soutiendraient un mauvais Etat, illégitime et assassin.»

2. Le négationisme : « Les juifs seraient d’autant plus haïssables qu’ils fonderaient leur Israël aimé sur une souffrance imaginaire ou, tout au moins, exagérée.»

3. La compétition des victimes : Les juifs commettraient « un troisième et dernier crime qui les rendrait plus détestables encore et qui consisterait, en nous entretenant inlassablement de la mémoire de leurs morts, à étouffer les autres mémoires, à faire taire les autres morts, à éclipser les autres martyres qui endeuillent le monde d’aujourd’hui et dont le plus emblématique serait celui des Palestiniens.»

Pour l'historien Bernard Lewis, le « nouvel antisémitisme » représente la « troisième vague » ou la « vague idéologique » de l'antisémitisme, les deux premières vagues étant l'antisémitisme religieux et l'antisémitisme racial. Il estime que cet antisémitisme prend ses racines en Europe et non dans le monde musulman, l'Islam n'ayant pas la tradition chrétienne d'exagérer la puissance juive. L'obsession moderne vis-à-vis des Juifs dans le monde musulman est donc un phénomène récent qui dérive du Vieux-continent. L'émergence dans certains établissements scolaires de ce nouvel antisémitisme serait donc liée à une montée du communautarisme islamique et à la diabolisation de l'État d'Israël.

Les critiques du concept de « nouvel antisémitisme » arguent quant à eux qu'il mélange l'antisionisme et l'antisémitisme, qu'il donne une définition trop étroite de la critique faite à Israël et trop large de sa diabolisation, ou encore qu'il exploite l'antisémitisme dans le but de faire taire le débat sur la politique israélienne. Pour Norman Finkelstein, par exemple, le « nouvel antisémitisme » est un argument utilisé périodiquement depuis les années 1970 par des organisations telles que l'Anti-Defamention League (équivalent américain de la LICRA) non pour combattre l'antisémitisme, mais plutôt pour exploiter la souffrance historique des Juifs et le traumatisme de la Shoah dans le but d'immuniser Israël et sa politique contre d'éventuelles critiques. » Pour appuyer cette thèse, il cite le rapport de 2003 de l'Observatoire européen des phénomènes racistes et xénophobes qui inclut, dans sa liste d'activités et de croyances antisémites, des images du drapeau palestinien, le support à l'OLP, ou la comparaison entre Israël et l'Afrique du Sud du temps de l'apartheid. Finkelstein soutient par ailleurs que les dérives de l'antisionisme vers l'antisémitisme sont prévisibles et non spécifiques aux Juifs : le conflit israélo-palestinien contribue au développement de l'antisémitisme tout comme les guerres du Vietnam et d'Iraq ont contribué à la montée de l'antiaméricanisme dans le monde.

Pour mieux percevoir la difficulté de dessiner une frontière précise entre antisémitisme et antisionisme, notons que l'essayiste Alain Soral et l'humoriste Dieudonné sont par exemple accusés par les médias et une partie de la classe politique française de se dissimuler derrière la critique du sionisme et du pouvoir supposé d'un lobby juif pour diffuser des idées antisémites. Soral se défend de ces accusations en affirmant ne pas fustiger ce qu'il nomme les « Juifs du quotidien » — ou la communauté juive dans son ensemble —, ou encore les courants spirituels du Judaïsme, mais faire la critique de la « domination d'une élite communautaire juive organisée » en France et aux États-Unis ; de la politique israélienne en Palestine ; ainsi que des valeurs de ce qu'il nomme la « philosophie talmudo-sioniste », perçue par l'essayiste comme une lecture « belliqueuse » et « racialiste » de la Torah. Alain Soral avance, par exemple, que si un « Juif spiritualiste » traduit dans l'expression biblique de « peuple élu » une alliance entre Dieu et un « peuple choisi », invité à devenir un modèle de moralité pour les autres peuples, un « Juif racialiste » y lirait une preuve de la supériorité raciale et divine des Juifs sur le reste de l'humanité.

Politique et antisémitisme

France

À partir de la seconde moitié du XIXe siècle se développent dans les démocraties occidentales des partis et des ligues politiques ouvertement antisémites : la ligue antisémitique (1889-1899), l'Action française (1898-1952), le Grand Occident de France (1899-?), le Parti national antijuif (1901-1904), ou la Ligue franc-catholique (1927-?). Un Groupe antijuif se forme même au parlement en 1898. Plusieurs journaux, souvent liés à ces mouvements politiques, adoptent également une ligne antisémite, exacerbée au moment de l'Affaire Dreyfus : La Croix, La Libre Parole, L'Antijuif, la Revue internationale des sociétés secrètes, etc.

Cependant, tous les partis nationalistes et fascistes, nombreux durant l'entre-deux-guerres, n'adhèrent pas forcément aux thèses antisémites répendues dans cette frange politique. Paul Déroulède (Ligue des patriotes), François de La Rocque (Croix-de-Feu, Parti social français) et Marcel Bucard (jusqu'en 1935, Parti franciste), par exemple, se sont tenus éloignés de l'antisémitisme durant leur carrière politique.

Histoire

Selon les textes religieux hébraïques composés au fil des siècles et en voie de fixation vers le I siècle av. J.-C., l’oppression des Juifs en tant que peuple a existé de longue date : ils présentent le peuple hébreu se constituant dans sa résistance contre l'oppression des Égyptiens. Les textes relatent ensuite les attaques répétées auxquelles le peuple juif doit faire face pour préserver son indépendance et le caractère singulier de sa foi.

Pour les historiens contemporains, ces éléments n'ont pas de valeur historique et Jules Isaac ne relève ainsi aucune « trace authentique, incontestable de l'antisémitisme prétendu éternel. » jusqu'au III siècle av. J.-C.. Selon les travaux de Léon Poliakov, le phénomène remonte cependant bien au monde gréco-romain, particulièrement à l'Égypte ptolémaïque. La nature précise de l'hostilité dont les juifs sont alors l'objet, particulièrement à Alexandrie, théâtre de lutte factieuses, fait toutefois encore l'objet de débats.

Antiquité

Antiquité gréco-romaine

Selon Léon Poliakov, il n'existe aucune trace d'antisémitisme dans l'Antiquité avant le III siècle av. J.-C., et le foyer de cet antisémitisme est l'Égypte ptolémaïque. Encore peut-on ajouter, avec Jules Isaac, qu'il s'agit moins d'une hostilité envers les Juifs en tant que tels que d'une « haine envers les Asiatiques », ces derniers étant des Orientaux au sens large, et non pas seulement des Juifs. Néanmoins des égyptologues comme Jean Yoyotte proposent des origines égyptiennes aux premières formes d'antisémitisme/antijudaïsme, remontant selon les auteurs à une période plus ou moins ancienne, à l'instar de Jan Assmann ou plus tardive, comme Alain-Pierre Zivie. Plusieurs chercheurs voient dans une lettre privée du I siècle av. J.-C. adressée à un habitant de Memphis le témoignage le plus ancien de l'expression de l'existence d'un sentiment antisémite au sein de la chôra égyptienne qui pourrait, selon certains chercheurs, puiser ses racines dès avant la conquête gréco-macédonienne.

Les premières expressions historiquement attestées de la « haine contre les juifs » se trouvent rassemblées dans le Contre Apion, un ouvrage de l'historien juif et citoyen romain Flavius Josèphe qui rassemble vers la fin du I siècle une anthologie des textes d'auteurs de l'Égypte gréco-romaine, parmi lesquels des détracteurs des Juifs, particulièrement Alexandrins. Ainsi, dès le III siècle av. J.-C., Manéthon propose une sorte de « contre-Exode » qui propage des fables à leur encontre, notamment celle suivant laquelle les Hébreux auraient été des lépreux chassés d'Égypte. Ces accusations, infamantes alors, sont néanmoins à contextualiser dans le cadre des tensions communautaires qui opposent à Alexandrie notamment les juifs hellénisés aux égyptiens dont le culte animal est l'objet d'une véritable répulsion par les premiers. On peut noter qu'au-delà de l'hostilité sur une base religieuse qui relève de l'antijudaïsme, l'association de critères physiques trace peut-être les contours d'une forme d'antisémitisme antique.

Les violences généralisées contre les juifs n'apparaissent que sous la domination romaine. Au I siècle les juifs d'Alexandrie réclament auprès des autorités romaines le droit de cité auquel les grecs alexandrins s’opposent. Les tensions communautaires dégénèrent, la communauté juive est l'objet de persécution par le préfet d'Égypte Flaccus et la ville est le théâtre d'une crise inter-ethnique en 38 qui se traduit par de violentes émeutes contre les juifs, qui seraient qualifiées aujourd'hui de « pogroms ». Les affrontements intercommunautaires deviennent monnaie courante et un nouveau pogrom se déroule en 66, sous les ordres de Tiberius Julius Alexander, lui-même d'origine juive.

La période hellénistique

Alexandre le Grand est l'initiateur de la présence juive à Alexandrie d'Égypte, en tant que fondateur de cette ville. L'un de ses généraux, qui lui succède comme souverain en Égypte, Ptolémée I, fait venir des Juifs pour peupler la nouvelle cité. La Cœlé-Syrie se trouvant sous influence Lagide jusqu'à la 5 Guerre de Syrie. À Alexandrie, ils forment une entité politique séparée : ils occupent deux quartiers sur cinq de la ville hellénistique, ils sont responsables devant une juridiction spécifique, l'ethnarque, s'occupant de commerce, ils édifient rapidement de grandes fortunes (ce qui fait dire qu'ils sont avides d'or): ils se voient confier plusieurs fermes des impôts par les Lagides durant le III siècle. Formant des communautés fermées, en lien les unes avec les autres à l'échelle du monde méditerranéen, ils doivent non seulement faire face à l'animosité populaire: animosité contre le percepteur, contre leur richesse, mais aussi des prêtres et des philosophes: Le Stoïcien Apollonius Molon les accuse d'anthropophagie rituelle, Les Sophistes leur reprochent de falsifier des textes grecs, ce qui, selon Bernard Lazare, semble ne pas être sans fondement.

Les persécutions contre les Juifs en tant que tels sont rares et ne peuvent jamais être attribuées à un antisémitisme d'État. C’est ainsi que la première persécution connue de la religion juive est perpétrée par Antiochos IV Épiphane, descendant de l’un des généraux d’Alexandre le Grand. Les Juifs se sont révoltés contre lui et ont vaincu les Grecs sous la direction des Maccabées. Les motivations principales de cette « crise macchabéenne » ne sont pas nécessairement religieuses. Cette crise résulte de la conjonction entre une crise politique au sein des élites judéennes pour le contrôle de la Grande Prêtrise (conflits entre les Oniades, descendants légitimes du Grand Prêtre Yéhoshoua, et les Tobiades, famille puissante mais privée de pouvoir politique) et les conflits entre les grands empires (séleucides, lagides, puis plus tard romains) qui se déchirent pour le partage du Proche-Orient. Les persécutions d'Antiochos IV n'interviennent pas soudainement, elles suivent la dégradation de la situation politique à Jérusalem où les rivalités internes à la société juive et les pressions économiques des souverains séleucides ont déjà plongé le pays dans la guerre civile. La dynastie hasmonéenne tire parti de ces oppositions et fonde la dernière dynastie des Hébreux. Ces événements ont par la suite symbolisé au sein de la communauté juive la résistance des Juifs face aux persécutions des « païens » et ont été à l'origine de la fête juive de Hanoucca.

L'Empire romain

Au I siècle av. J.-C., les Romains occupent la terre d'Israël et soumettent les Juifs. Si les Romains détruisirent le Second Temple de Jérusalem, on ne peut parler initialement d'antisémitisme, puisque les Romains appliquaient le même procédé (répression des causes de désordre public) à nombre de peuples conquis.

Les Romains sont dans l'ensemble assez tolérants en matière religieuse, n'exigeant pas des populations conquises qu'elles abandonnent leurs cultes, mais ils sont heurtés, comme une bonne part de l'Antiquité polythéiste, par l'aniconisme des Juifs. Après la sacralisation de l'Empereur, le refus de ceux-ci de sacrifier à son culte, que le judaïsme rejette absolument, selon le principe de l'exclusivisme monothéiste est incompréhensible pour la plupart des peuples de l'Antiquité (sauf par les zoroastriens). Par ailleurs les autorités romaines ne peuvent appliquer l’Interpretatio romana au judaïsme ce qui était une cause de tension.

Néanmoins les Romains, en administrateurs pragmatiques, adaptent certaines de leurs coutumes aux Juifs, les dispensant ainsi partiellement du Culte impérial, privilège qui suscite des jalousies. Certains juifs peuvent devenir citoyens romains, à l'exemple de Paul de Tarse ou de Flavius Josèphe, et peuvent même accéder aux magistratures en acceptant de sacrifier aux dieux, à l'instar de Tiberius Julius Alexander. D'après Tacite et Flavius Josèphe 4 000 Juifs furent exilés en Sardaigne. Plus tard, Titus Flavius Clemens, un consul de la famille impériale des Flaviens aurait été exécuté pour ses sympathies envers le judaïsme ou le christianisme. À la même époque le Contre Apion de Flavius Josèphe montre l'existence d'un antisémitisme structuré et ancien en Égypte.

L'attitude répressive des Romains est également exprimée par Titus écrasant la Judée lors de la première Guerre judéo-romaine et surtout par Hadrien changeant le nom romain de Judée de cette partie de province que les rebelles juifs nomment Israël dans leurs monnaies, en celui de Syria Palestina (ou terre des Philistins) ce qui pourrait dénoter une orientation vers l'antijudaïsme dans une guerre de maintien de l'ordre dirigée contre des rébellions juives. Lors de la persécution des chrétiens dans l'empire romain, ceux-ci avaient d'abord été considérés comme une faction juive, les premiers chrétiens dont Jésus et les apôtres, étant juifs. Suétone rapporte que « les juifs » fomentaient des troubles « à l'instigation d'un certain Crestus » (souvent lu Cristos), mais juifs et chrétiens furent ensuite progressivement distingués les uns des autres notamment en raison de l'existence du Fiscus judaicus et de la réaction des synagogues qui rejetèrent de plus en plus les juifs reconnaissant Jésus comme Messie biblique et refusant la circoncision.

L'empire chrétien

Au sein de la chrétienté, une opposition va se faire autour de deux passages de Paul de Tarse :

Dans l'épître aux Thessaloniciens, en effet, il considère les Juifs déicides et « ennemis de tous les hommes » : « Vous, frères, vous êtes devenus les imitateurs des Églises de Dieu qui sont en Jésus-Christ dans la Judée, parce que vous aussi, vous avez souffert de la part de vos propres compatriotes les mêmes maux qu’elles ont soufferts de la part des Juifs. Ce sont ces Juifs qui ont fait mourir le Seigneur Jésus et les prophètes, qui nous ont persécutés, qui ne plaisent point à Dieu, et qui sont ennemis de tous les hommes. » Il écrit pourtant dans l'épître aux Romains (Rm 11) que les Juifs sont « chers à Dieu », en précisant notamment (Rm 11:28-29) : « Ils sont aimés à cause de leurs pères. Car Dieu ne se repent pas de ses dons et de son appel. »

Paul était juif lui-même, ce qui peut aussi expliquer une plus grande liberté de ton quand il s'adresse directement à eux, que lorsqu'il en parle aux Romains convertis.

Dans la pratique, le pouvoir romain devenu chrétien saura utiliser les deux attitudes en fonction de ses intérêts du moment. Dans le premier contexte, l’antijudaïsme devint religieux : la haine des Juifs prit ici un tour nouveau, la religion officielle véhiculant l'idée que le judaïsme puisse être intrinsèquement pervers. Les premiers chrétiens étant Juifs, ils rejettent leur ancienne religion et développent donc naturellement à son égard une haine d'ordre spirituel, d'autant que la loi juive, dont Jésus se réclamait, en tant que Rabbi aux termes des évangiles, continue de les solliciter à accepter les Dix commandements et l'incorporéité absolue de Dieu.

Par ailleurs, la continuité de l'existence des juifs (Ancien Israël) aux côtés de la nouvelle religion (Nouvel Israël) était perçue comme la négation de fait de l'authenticité du message évangélique. D'où le harcelèment envers les Juifs. Même une partie du clergé et quelques théologiens les présentèrent comme coupables collectivement du supplice de Jésus Christ. Les juifs n'en restaient pas moins considérés comme destinés à se convertir et à participer à la Parousie.

Selon Jules Isaac : « L'avènement de l'Empire chrétien au IV siècle a eu pour effet immédiat de renforcer et développer l'action (ou la réaction) antijuive, par l'étroite union des pouvoirs politiques et religieux. ». L'historien pointe ainsi certains Pères de l'Église « appliqués à traîner leurs adversaires dans la boue » ; par exemple, Jean Chrysostome (Adversus Judaeos) crée le mythe antisémite d'une « cupidité » des Juifs. À cette période, « par la volonté de l'Église, [le Juif] est devenu l'homme déchu ; on pourrait déjà dire l'homme traqué. »

Moyen Âge

Plus encore que l'accusation de déicide, ce qui fut âprement reproché aux Juifs par les chrétiens fut leur refus de se convertir à la foi nouvelle et de reconnaître Jésus comme messie. Seuls les Juifs baptisés étaient laissés en paix et certains convertis devinrent d'ailleurs d'actifs prosélytes chrétiens, jouant souvent à leur tour un grand rôle dans les campagnes antijuives : ainsi, l'archevêque Julien de Tolède, au VII siècle, lui-même d'origine juive, mena activement campagne pour la conversion forcée de ses anciens coreligionnaires en Espagne wisigothique.

Au haut Moyen Âge, ainsi que le montre Bernhard Blumenkranz, la population chrétienne paraît généralement coexister avec les juifs sans grand problème. Parfois même, elle les soutient. Lorsque le juif Priscus est tué à Paris, en 582, par Pathir, devenu chrétien depuis peu, Pathir doit se réfugier avec ses domestiques dans l'église de Saint-Julien-le Pauvre. Il réussit à s'enfuir, mais l'un de ses serviteurs est sauvagement tué par la foule.

Cependant, dès 633, le IVe Concile de Tolède publie, parmi ses décisions, le canon 57 à propos des juifs :

« Au sujet des juifs, le Saint Concile a prescrit que nul désormais n'utilise la violence pour faire des conversions... Mais ceux qui ont déjà été obligés de venir au christianisme...du fait qu’il est sûr que recevant les sacrements divins et baptisés ils ont eu la grâce, qu'ils ont été oints du chrême et qu'ils participent de la chair et du sang du Christ, ces hommes-là, il importe de les obliger à conserver leur foi, même s'ils l'ont reçue de force. »

Au cours du haut Moyen Âge les juifs, ne jouissent pas des mêmes droits que les chrétiens, mais les expulsions ou menaces d'expulsion proviennent avant tout du clergé et rarement du souverain. Au X siècle, le pape Léon VII répondant à l'archevêque de Mayence qui lui demande s’il faut contraindre les juifs au baptême ou plutôt les expulser, lui recommande de leur prêcher, mais de ne pas les obliger au baptême tout en les menaçant de l'exil s'ils ne se convertissent pas.

Au début du XI siècle, un mouvement que rapporte Raoul Glaber annonce de futures persécutions. Ce mouvement aurait éclaté en France et en Italie pour répliquer à une prétendue collusion entre juifs et le sultan Al-Hakim. Les juifs d'Orléans auraient prévenu le sultan que s'il ne détruisait pas le Saint-Sépulcre, les chrétiens viendraient conquérir son royaume.

Le juif qui vit en marge de la société chrétienne peut désormais être considéré comme un être maléfique. Quand, en 1020, le jour du vendredi saint, un tremblement de terre détruit Rome, les juifs en sont rendus responsables. La persécution est le fait tout à la fois du pouvoir civil et religieux. L'Église imposa peu à peu aux autorités civiles la relégation des Juifs au ban de la société. Ils souvent reclus dans des ghettos. L'aboutissement de cette évolution fut les massacres perpétrés par la population chrétienne dans toute l'Europe, quels qu'en soient les motifs originels (croisades, épidémies de peste, rumeurs de meurtres rituels d'enfants chrétiens...) L'Église se trouva souvent dépassée par les conséquences de son enseignement et essaya souvent de limiter les violences contre les Juifs. Ainsi en France, les juifs étaient particulièrement protégés dans le Comtat Venaissin (territoire papal).

Nombre de professions furent interdites aux Juifs. Ils furent exclus de toute fonction administrative, et surtout des corporations de métiers, et des confréries religieuses. Il leur était interdit de posséder des terres pour les cultiver. Ils vivaient donc dans les villes, où ne leur restaient comme possibles activités que celles qui étaient précisément interdites aux chrétiens. Si bien qu’ils furent repoussés de presque tous les métiers, et contraints principalement de s’orienter vers le commerce et le prêt à intérêt, souvent interdit aux chrétiens d’Occident et aux musulmans. On attribue à l’interdiction par les évêques du prêt à intérêt à Rome, une part de responsabilité dans la crise économique qui se termina par sa chute. Constantinople n’eut pas ces scrupules et accueillit nombre de Juifs chassés d'Espagne qui contribuèrent largement à la réussite de l'Empire ottoman.

Par exception, les Juifs pratiquaient aussi l’artisanat d’art (orfèvrerie, la taille des pierres précieuses) et la médecine : c’est ainsi que des professeurs juifs de l’Université de Montpellier, pratiquaient secrètement la dissection afin d'améliorer leur connaissance du fonctionnement du corps humain.

La répression et les expulsions concernent avant tout l'Angleterre, la France et l'Empire germanique, car l'Espagne connaît un décalage d'un siècle par rapport à ces pays tandis qu'en Italie, les relations judéo-chrétiennes restent bien meilleures. Au Moyen Âge, ils donnèrent à l'Europe de nombreux savants, et furent des traducteurs et importateurs des textes anciens, grecs en particulier, qu'ils traduisirent, commentèrent et permirent à l'Europe de découvrir, également à partir de la langue arabe, lors de la grande période de l'Espagne andalouse (Al-Andalus) où les échanges entre intellectuels juifs et musulmans atteignirent là leur plus haut niveau, dans le registre de la culture savante. Cette époque fut aussi celle de la traduction des textes d'Aristote (1120-1190), qui mobilisa des équipes composées de confessions des religions monothéistes, à Tolède, et dans quatre villes d'Italie (Pise, Rome, Palerme, Venise). Elle fut à l'origine de la Renaissance du XII siècle.

Au concile de Trente au XVI siècle l'Église catholique romaine remet en question l'accusation de déicide contre le peuple juif en précisant que le déicide est le chrétien qui renie le Christ par ses actes

L'antijudaïsme islamique

Massacre par les premiers Musulmans des Banu Qurayza, une tribu juive de Médine, 627.

À l'époque de Mahomet, à Médine et dans la péninsule Arabique vivaient des tribus juives que Mahomet s'efforça d'abord de convertir, sans succès. Il finit par les combattre et les chasser. La position de Mahomet à l'égard du judaïsme est de considérer certaines prescriptions mosaïques comme étant en réalité coraniques. Il considère que les Hébreux sont des Arabes. Mahomet se fait donc fort de rappeler aux Juifs leur propre loi que le Talmud aurait falsifiée. La religion véritablement originaire est l'islam, les prophètes juifs sont en réalité musulmans et ce n'est pas à Isaac mais à Ismaël que les bénédictions ont été accordées.

Les conditions de vie des Juifs en terre musulmane, quoique préférables à ce qu'elles étaient en Europe, n'en étaient pas moins très dures : ils vivaient dans un état misérable parce qu'ils avaient rejeté la loi du Prophète. En outre, dans la vie quotidienne, les Juifs étaient considérés avec mépris, supposés lâches et perfides, éléments de dissolution du corps social. Il arrivait toutefois que des fonctions administratives ou financières leur soient confiées en cas de besoin, en raison de leur compétence. À Bagdad et ailleurs, on forçait les Juifs à porter un insigne et un couvre-chef destinés à les distinguer. Des milliers de Juifs furent tués dans des pogroms organisés à Grenade en 1066 ou à Fez en 1465.

Des communautés juives d'Afrique du Nord ont également été converties de force, et des synagogues ont été détruites. De nouveaux pogroms eurent lieu à la fin du XVIII siècle et au début du XIX, principalement en Afrique du nord. Ce ne fut pas le cas dans l'Empire ottoman qui les accueillit pour le développement du commerce, après leur expulsion d'Espagne et du Portugal. La dhimma est le statut que l'Islam décerne aux « gens du Livre », auquel font partie les Juifs. C'est un statut de citoyen de seconde zone : ils avaient le droit de pratiquer leur religion, mais non ostensiblement, devaient s'acquitter d'un impôt spécial et étaient soumis à toutes sortes de restrictions. Ils ne pouvaient être fonctionnaires ni porter d'armes. Les Juifs dans la rue devaient céder la place aux musulmans. Il leur était interdit de monter à cheval ou à chameau. S'ils acceptaient ce statut, les Juifs étaient tolérés. Parfois l'antisémitisme émanait, selon l'époque et le lieu, des sphères dirigeantes ou du peuple. Dans sa forme moderne, l'antisémitisme musulman n'apparaît qu'au XIX siècle. L'accusation de meurtre rituel, familière aux nations chrétiennes, était inconnue des musulmans jusqu'à l'affaire de Damas (1840). À partir de cette date commencèrent les accusations de crime rituel à l'encontre des Juifs dans l'Empire ottoman, en 1897 en Algérie, ou en 1901 au Caire notamment.

« Les Marranes »

En 1391, les royaumes espagnols furent théâtre des « baptêmes sanglants » qui virent de nombreuses conversions forcées de Juifs sous la pression de pogroms populaires. En 1492, les Rois catholiques, par le décret de l'Alhambra, expulsèrent tous les Juifs d'Espagne, mesure sans précédent à l'origine de la Diaspora séfarade. Seuls restèrent les convertis ou ceux qui acceptèrent de le devenir. Mais le bruit se répandit que les juifs convertis continuaient à pratiquer leur religion en secret.

Aussi, plusieurs professions furent-elles interdites aux nouveaux chrétiens. Et cela bien que beaucoup de ces nouveaux chrétiens, instruits dans la religion catholique depuis plusieurs générations aient été sincères. Si bien que, dans les familles ibériques, l’usage vint de demander des « certificats de pureté de sang » avant de contracter mariage, ou pour exercer telle ou telle profession. Nombre d'entre eux s’efforcèrent de fuir les territoires hispano-portugais et, une fois relativement en sécurité en France, en Turquie, au Maroc, aux Pays-Bas ou en Angleterre à partir de Cromwell, ils y redécouvrirent la religion de leurs ancêtres. Ce fut le phénomène du marranisme, porteur d'une mémoire secrète, souterraine, cachée, malgré la disparition des synagogues, des textes, et l'impossibilité de suivre les rites. Les marranes, accusés de « judaïser en secret » gardèrent, pour certains d'entre eux, la mémoire de leurs origines, avant d'y revenir parfois, c'est-à-dire lorsque la situation le leur permettait. Nombre de descendants de marranes, ces chrétiens convertis de force, ont essaimé en Europe, avec des destins divers, et jusqu'en Amérique, ou même en Asie, où l'Inquisition continua à les poursuivre longtemps après leur départ du Vieux Continent, pour tenter de faire disparaître le judaïsme.

Du XVII siècle au XIX siècle

En somme, dans toute l'histoire de la chrétienté, ou de l'Europe, et jusqu'au XX siècle non compris, le sentiment antijuif et les persécutions et discriminations qui s'ensuivirent furent le fait de l’antijudaïsme chrétien, même si l'antisémitisme de Voltaire n'est pas de source chrétienne. Cependant, selon Hannah Arendt, au XVIII siècle, les hommes des Lumières, à l'exception de Denis Diderot, méprisent les Juifs comme trop attachés à leur religion, alors qu'ils sont mieux considérés par les conservateurs :

« Les hommes des Lumières qui préparèrent la Révolution française méprisaient tout naturellement les Juifs : ils voyaient en eux les survivants de l’obscurantisme médiéval, les odieux agents financiers de l’aristocratie. Leurs seuls défenseurs déclarés en France furent les écrivains conservateurs qui dénoncèrent l’hostilité envers les Juifs comme « l’une des thèses favorites du XVIIIe siècle » (J.de Maistre). »

— Hannah Arendt, Sur l’antisémitisme, Calmann-Lévy, 1973, p.110

L'antisémitisme n'était pas un sentiment général dans les milieux intellectuels du XIX siècle comme on le voit notamment avec Friedrich Nietzsche qui écrit: "Or les juifs sont sans aucun doute la race la plus forte, la plus résistante, et la plus pure qui existe actuellement, ils savent s'imposer… grâce à certaines vertus dont on aimerait faire des vices, grâce surtout à une foi résolue… C'est un fait que les juifs s'ils le voulaient pourraient dès maintenant exercer leur prépondérance et même littéralement leur domination sur l'Europe, c'est un fait qu'ils n'y travaillent pas et ne font pas de projet en ce sens. Ils aspirent à s'établir enfin quelque part où ils soient tolérés et respectés."

Cet antijudaïsme doit être distingué de l’antisémitisme moderne qui va s'exacerbant avec la crise des États-nations, et qui pointe avec l'affaire Dreyfus en France, les théories de Houston Stewart Chamberlain en Allemagne et qui va exploser en racisme avec le nazisme exterminateur (voir pour cette histoire et la périodisation des différents formes de persécutions antijuives, de Raul Hilberg : L'extermination des Juifs d'Europe).

Affiche antisémite française de 1889 d'Adolphe Léon Willette.

Dans le monde moderne, avec le développement des grands États européens, certains banquiers Juifs comme les frères Péreire ou la dynastie des Rothschild ont joué un rôle important dans le financement du développement industriel et de grands projets nationaux (chemins de fer). Cette place est assortie de privilèges, comme l'anoblissement, qui fait que, d'une part, les Juifs privilégiés sont en quelque sorte des hors-caste, sans que cela soit vu comme une marque d'exclusion (mais ces privilèges n'en suscitent pas moins les jalousies), d'autre part, ces Juifs privilégiés seront eux-mêmes défavorables à l'extension de leurs privilèges à ceux des Juifs qui pâtissent de ces mesures gouvernementales discriminatoires. Dans l'ensemble, les Juifs riches bénéficient de cette manière d'une protection politique (ce qui est fréquent dans leur histoire, comme on le voit au début de l'Islam qui protégea les Juifs et en fit des administrateurs), qu'il s'agisse des Juifs de Cour, ou de certains financiers du XIX siècle. Par exemple, Bismarck, qui tenait des propos antisémites dans sa jeunesse, y renoncera plus tard. Par la suite, des antisémites l'accuseront d'être à la solde des Juifs.

Il apparaît ainsi que le développement de l'Europe, déjà tributaire de leur culture et de leur religion, fut tributaire de la puissance financière des Juifs les plus riches ; mais, comme le remarque Hannah Arendt, cette puissance s'accompagne d'une grande réticence à s'engager dans les événements du monde, contrairement à ce que diront les antisémites par la suite, avec la théorie du complot juif. Outre le rôle financier des Juifs dans l'Europe moderne, il faut remarquer que du fait de leur présence dans tous les pays d'Europe, les Juifs furent une communauté internationale, par opposition à la montée en puissance de l'isolement nationaliste des autres peuples. Pour Diderot, un des rares philosophes des Lumières à ne pas détester les Juifs : ceux-ci sont selon lui le ciment indispensable des nations européennes. Les Juifs étaient en effet parfois considérés comme les financiers des aristocrates ; des socialistes du XIX siècle, adhérant à l'antisémitisme, reprendront un argument similaire. Selon Hannah Arendt encore, la gauche est majoritairement antisémite jusqu'à l'Affaire Dreyfus, où, par opposition aux cléricaux majoritairement anti-dreyfusards, elle défendra Dreyfus :

« Les cléricaux se trouvant dans le camp antisémite, les socialistes français se déclarèrent finalement contre la propagande antisémite au moment de l’affaire Dreyfus. Jusque-là, les mouvements de gauche français du XIX siècle avaient été ouvertement antisémites. »

— Hannah Arendt, Sur l’antisémitisme, Calmann-Lévy, 1973, p.111

C'est vers cette époque que débute le mouvement d'émancipation des Juifs d'Europe et au début du XIX siècle. Dans certains pays, ils obtiennent l'égalité des droits, parce que la notion de citoyenneté est jugée plus importante et plus universelle que la question de savoir si un individu est juif ou non.

Mais ce caractère international fut interprété également dans le sens d'un complot (dont la famille Rothschild, installée en France, en Autriche, en Angleterre, aurait été le symbole), alors qu'il est lié en réalité à la plus grande importance chez les Juifs de la famille par rapport à la nation. Aussi les antisémites ont-ils projeté sur les Juifs des catégories de pensée qui sont étrangères à ces derniers.

Par la suite, au cours du XIX siècle, l'influence financière des Juifs diminue fortement, et c'est à ce moment de leur histoire où les Juifs ne sont presque plus influents économiquement en ce qui concerne les affaires politiques, que naîtra cette haine virulente les accusant d'intentions qu'ils n'ont jamais réalisées quand ils l'auraient pu, et qu'ils n'étaient de fait plus capables de réaliser, même au cas où ils l'auraient voulu. En revanche, c'est à ce moment que les Juifs obtiennent des postes en nombre plus importants, dans l'administration par exemple, ce qui sera encore une fois jugé comme une menace (France enjuivée). Ces accusations ne sont pas seulement des contre-vérités économiques et politiques, mais elles ignorent également cette tendance fréquente chez les Juifs à l'assimilation, à la dissolution même de la communauté juive d'un pays, tendance freinée soit par un regain d'hostilité à leur égard, soit par une politique d'État visant à conserver le statut de Juif, eu égard à son utilité indiquée plus haut. Paradoxalement, on reproche aux Juifs leur particularité, leur "isolement sociétal". Et on les réprime lorsqu'ils entament des processus d'ouverture, d'assimilation à la société environnante. Au moment où l'antisémitisme explose en Europe et s'organise (vers 1870, après plusieurs vagues au cours du XIX siècle), les Juifs n'ont donc plus la même importance, et l'existence même de l'identité juive est en passe de disparaître, sans que la cause en soit une volonté délibérée de détruire leur culture.

Caricature antisémite autrichienne sur une affiche électorale du parti chrétien-social à Vienne, 1920

L'organisation de l'antisémitisme commence donc dans les années 1870 - 1880. En Grande-Bretagne, l'afflux des réfugiés juifs originaires de Russie, où se multiplient les pogroms durant les années 1880, finit par provoquer des émeutes antisémites à Londres, cependant isolées et réprimées par la police. En Allemagne, les propos antisémites commencent à avoir du succès avec Stöcker, et avec Schönerer en Autriche, où la virulence de l'antisémitisme est plus grande du fait de l'opposition de la communauté allemande alors prépondérante contre l'État : le pangermanisme y est particulièrement exacerbé, et les Juifs sont, on l'a vu, associés à l'État dans ce genre de propagande (le mouvement autrichien apparaît ainsi comme la véritable préfiguration du nazisme).

Un trait caractéristique de l'antisémitisme, à ce moment de son histoire, est son caractère supranational, ce qui peut apparaître paradoxal. Le fait est cependant que les partis antisémites allemands et autrichiens se présentant comme des partis au-dessus des partis (donc des partis qui ont vocation à contrôler totalement l'État, à incarner la nation), se réunissent en congrès internationaux, et c'est à ce niveau qu'ils ont l'ambition de lutter contre les Juifs, qui sont alors le seul élément de dimension européenne. En somme, les antisémites imitent les Juifs tels qu'ils les imaginent, et projettent de prendre le pouvoir occulte qu'ils leur attribuent.

L'agitation antisémite n'est toutefois pas durable, et il n'y a pas d'intensification constante de cette idéologie jusqu'à l'avènement du nazisme. Ainsi Stefan Zweig nota-t-il que la période 1900 - 1920 sembla un âge d'or pour les Juifs, au point que les précédentes agitations contre ces derniers ne semblaient plus qu'un mauvais souvenir.

L'antisémitisme au début du XX siècle

Affiche antisémite en Allemagne nazie, avec un SA en premier plan. « Allemands ! Défendez-vous ! N'achetez pas chez les Juifs ! », 1933

Le premier coup d’arrêt à l'antisémitisme en France fut la réaction à l’affaire Dreyfus (1894 à 1906). L’empire russe, lui, connaissait des vagues de pogroms successives, persécutions qui provoquèrent en réaction l'idée du projet sioniste créé par le journaliste, écrivain et homme politique Theodor Herzl afin de faire accéder les Juifs au rang de peuple politique, susceptibles enfin de bénéficier des mêmes droits politiques que tout autre peuple ou nation se donnant son organisation politique, ainsi que des Droits de l'homme que les États européens qui abritaient les Juifs durant la période nazie, n'avaient pas convoqués ni su faire jouer pour les protéger des persécutions du nazisme. On lira à ce propos avec intérêt les analyses de Hannah Arendt, soulignant l'absence de contenu de la notion de « Droits de l'homme » en l'absence d'un État pour les faire valoir et les appliquer à une nation donnée. Avec les persécutions nazies, les Droits de l'Homme sont en effet apparus après-coup, comme étant équivalents aux « droits des peuples » dans le système de l'État-nation. Les peuples sans État (celui de leur nation) se trouvèrent là démunis, privés de tous droits, et leurs droits, en tant qu'« hommes » n'étaient garantis par aucune institution. (in L'impérialisme, Fayard, 1982).

Victimes juives d'un pogrom à Dnipropetrovsk, 1905.

Des écrivains ont vivement pratiqué et encouragé l’antisémitisme : Charles Maurras, les Frères Goncourt, Édouard Drumont avec son pamphlet La France juive (1886), Brasillach, Céline à l'époque où l'Europe sombra dans le fascisme. Charles Maurras donna à ses écrits une forme doctrinale, qui s'est développée dans le courant de l'Action française entre 1899 et 1939, et fut condamnée à deux reprises par le Vatican (en 1914 et en 1926). Cette doctrine rejetait les racines juives du christianisme (voir Antijudaïsme dans la période contemporaine). Mais à l'inverse d'autres écrivains, parfois catholiques comme Léon Bloy, soutiennent le rôle historique et religieux du peuple juif et sa qualité. Bloy écrit dans ses mémoires « quelques-unes des plus nobles âmes que j'ai rencontrées étaient des âmes juives. La sainteté est inhérente à ce peuple exceptionnel, unique et impérissable ».

Historiquement, de nombreux motifs ont été utilisés pour justifier, perpétuer ou susciter l’antisémitisme, incluant des éléments sociaux, économiques, nationaux, politiques, raciaux et religieux. Notamment :

la théologie chrétienne du Vetus Israël/Verus Israël (ancien Israël contre véritable Israël) développée par Augustin d'Hippone au IV siècle. Selon elle, le peuple chrétien serait désormais le véritable peuple de l’Alliance, car Dieu se serait détourné des Juifs. De ce fait, le judaïsme serait condamné à disparaître et les Juifs à se convertir. Cette position théologique se nomme le supersessionisme ou théologie de la substitution. Elle a contribué à l'antijudaïsme chrétien, lien qui a été mis en évidence lors de la conférence de Seelisberg (1947) et que Jules Isaac appelait l'Enseignement du mépris, pouvant conduire à des persécutions et des conversions forcées se résolvant, dans le meilleur des cas, dans le marranisme. D'après Y. Leibovitz seul cet enseignement du mépris, inhérent selon lui au messianisme chrétien du sauveur dégageant l'homme du « joug de la Torah et des mitsvot », explique que les populations et les élites dirigeantes européennes aient laissé faire et souvent réalisé elles-mêmes l'assassinat des Juifs d'Europe pendant la seconde guerre mondiale.

Certificat de non-appartenance à la race juive (régime de Vichy, 1943).

La limpieza de sangre (pureté du sang) qui se développe en Espagne après le décret de l'Alhambra (1492) et l’expulsion des Juifs. Pour obtenir certaines charges honorifiques, exercer certaines professions, entrer dans certains ordres religieux, il est nécessaire de prouver qu’aucun ancêtre n’était juif ou musulman : la Reconquista terminée, Grenade prise, il s'agit à présent de reconstruire l'identité nationale. Ce statut n'est progressivement adopté par les archevêchés que dès la fin des années 1520. En pratique, la limpieza est reconnue à un seuil de trois générations ; au-delà, il est quasi-certain que l'ancêtre ait du sang juif ou musulman, étant donné le métissage de l'Espagne médiévale. La reconnaissance de la limpieza de sangre se fait par enquête de l'Inquisition, sur dénonciation : enquête par définition longue, et coûteuse. Ainsi, qui sort de ce filet se trouve lavé de tout soupçon, mais généralement ruiné.

À la fin du XIX siècle, deux documents fallacieux apparaissent à quelques années de distance. D'une part, le prêtre Pranaitis publie Le Talmud démasqué (1892), ouvrage rempli de fausses citations du Talmud et destiné à faire croire à une volonté meurtrière des juifs contre les chrétiens. Pranaitis sera confondu lors de l'affaire Beilis mais son livre continuera à être diffusé. D'autre part, moins de dix ans plus tard, la théorie du complot juif international est diffusée principalement par Les Protocoles des Sages de Sion (1901), un faux fabriqué par Matveï Golovinski pour le compte de la police secrète de la Russie tsariste (l'Okhrana). Les Protocoles sont un pamphlet qui décrit les prétendus plans de conquête du monde par les Juifs. Ce faux fut utilisé par les nazis comme instrument de propagande et figurent en bonne place parmi les prétextes invoqués pour justifier la persécution des Juifs et leur extermination, la Shoah. Ce faux a été réactualisé ces dernières années en forme de série télévisée, et diffusée dans quelques chaînes diffusant en langue arabe. Il a été de facto censuré par la plupart des pays arabes pour son contenu inapproprié. Il est de nouveau édité en Russie et en Ukraine.

L'Église catholique romaine, par la déclaration Nostra Ætate de 1965, le discours de Jean-Paul II à la grande synagogue de Rome en 1986 puis lors des repentances de la fin du II millénaire, a finalement reconnu avoir véhiculé dans l'Histoire un discours et une culture antijudaïques, illustrés entre autres par l'expression de « peuple déicide » ou la mention des « Juifs perfides », restée dans la prière du vendredi saint jusqu'aux réformes du Concile Vatican II sous les papes Jean XXIII et de Paul VI.

En Union soviétique, un antisémitisme existait dans la sphère de la vie quotidienne ainsi qu'au niveau de l'État, notamment sous Joseph Staline lors du complot des blouses blanches.

Antisémitisme et sionisme

L'antisémitisme se retrouve en toile de fond de plusieurs événements de l'histoire du sionisme en Palestine mandataire entre la prise de contrôle du pays par les Britanniques en 1917 et la fondation de l'État d'Israël à la suite de la résolution 181 de l'Assemblée générale de l'ONU.

Historiquement, le Mandat britannique fut un facteur majeur qui permit l'établissement d'un foyer national juif en Palestine. Selon l'historien Tom Segev, assez paradoxalement, le soutien initial des Britanniques au projet sioniste tient principalement à l’idée que les « Juifs contrôlent le monde » et que le Commonwealth se verrait récompensé en les appuyant ; Chaim Weizmann, parfaitement conscient de ce sentiment, aurait su l’utiliser pour faire avancer sa cause.

Dès l'arrivée des premiers immigrants vers 1900, le projet sioniste a vu l'opposition des Arabes de Palestine. D'abord exprimée sous forme de plaintes aux autorités ottomanes, elle s'est muée en nationalisme pan-arabe puis palestinien dans les années 1920 et s'est rapidement accompagnée de dérives à caractère antisémite de plus en plus violentes. Des massacres de Juifs eurent lieu lors des Émeutes de Jérusalem de 1920, des émeutes de Jaffa en 1921, des émeutes et du massacre d'Hébron en 1929 et lors de la Grande Révolte arabe en 1936-1939. Le contrôle de la Palestine par les Britanniques et la lutte contre le sionisme poussèrent également les nationalistes arabes dans le camp nazi. Plusieurs d'entre eux collaborèrent activement pendant la Seconde Guerre mondiale. La propagande israélienne sut en faire usage en particulier dans le cas du Mufti de Jérusalem, en en amplifiant l'importance au point de marquer la conscience collective israélienne.

La Shoah est souvent présentée comme une des causes de la fondation de l'État d'Israël. Les historiens ne partagent pas ce point de vue. Déjà avant la Seconde Guerre mondiale, les « bases sociales, politiques, économiques et militaires de l'État-à-venir étaient déjà fermement en place ; et un sens profond d'unité nationale prévalait. (…) [même si] le choc, l'horreur et le sentiment de culpabilité ressenti par beaucoup généra un sentiment de sympathie envers les Juifs en général et le mouvement sioniste en particulier ».

Après la Seconde Guerre mondiale, ce fut au tour des Juifs de passer à l'offensive et de s'attaquer aux Britanniques pour réclamer l'indépendance, notamment aux travers d'actions sanglantes organisées par l'Irgoun et le Lehi. Près de 100 000 soldats britanniques furent dépêchés en Palestine avec à leur tête le Général Bernard Montgomery qui avait maté la Révolte arabe de 1936 et le Général Barker, antisioniste et pro-arabe convaincu. Dans ce contexte, et malgré la mise en vigueur de certaines lois jugées « nazies », la crainte d'être accusés d'antisémitisme poussa les Britanniques à faire preuve de nettement moins de détermination et de brutalité qu'ils ne le firent à l'encontre des Arabes 10 ans plus tôt. Certaines dérives 'antisémites' se produisirent également, notamment dans le chef du Général Evelyn Barker (en) qui émit un ordre d'interdiction aux soldats britanniques de fréquenter les établissements juifs, ce qui était un bon moyen de les combattre « en leur frappant au porte-monnaie, ce que la race déteste particulièrement ». Dans les différentes motivations à se retirer de Palestine, dont les principales restent le coût, l'impossibilité de résoudre le conflit entre Juifs et Arabes et la mort inutile de soldats britanniques, un Ministre britannique écrivit : « (…) [la présence britannique] expose nos garçons, pour aucune bonne raison, à des expériences abominables et nourrit l'antisémitisme à la vitesse la plus choquante. ».

En 1947, les dirigeants arabes sous-estimèrent la capacité des Juifs à mener une guerre. Ce point de vue constitue une des causes de la victoire israélienne de la Guerre de Palestine de 1948. Selon Ilan Pappé, cette vision des choses était due notamment à leur 'antisémitisme' qui toutefois n'était pas présent chez le roi Abdallah de Jordanie, par ailleurs conscient de la puissance réelle du Yichouv.

Antisémitisme et conflit israélo-palestinien

L’Observatoire européen des phénomènes racistes et xénophobes (EUMC) a publié en mai 2006 un document de travail sur l’antisémitisme dans l’Union européenne des quinze États membres de 2001 à 2005. L’EUMC s’est donné pour tâche « d’observer le développement historique de l’antisémitisme, d’identifier le contexte social qui donne essor à la haine des agresseurs, mais aussi d’écouter avec sensibilité les peurs des communautés juives ». Le rapport conclut que, dans de nombreux pays l'augmentation des incidents antisémites est le fait plus de musulmans au Danemark, en France, en Belgique que de l'extrême-droite. Ce serait moins le cas aux Pays-Bas, en Suède ou en Italie.

Angela Merkel prononçant un discours dénonçant l'antisémitisme (14 septembre 2014).
Angela Merkel prononçant un discours dénonçant l'antisémitisme (14 septembre 2014).

L’EUMC estime que « les évènements au Moyen-Orient, les activités et le discours de l’extrême-droite et jusqu’à un certain point de l’extrême-gauche peuvent influer sur le nombre d’actes antisémites ».

Si « les études montrent que les stéréotypes antijuifs ont peu changé, les manifestations publiques d’antisémitisme dans la politique, les médias et la vie quotidienne ont changé récemment, surtout depuis le déclenchement de l’Intifada Al-Aqsa en septembre 2000 ».

Concernant l’antisionisme, l’EUMC note que : « En Europe, "l’antisémitisme secondaire" et l’utilisation de l’antisionisme comme un moyen de contourner le tabou antisémite dominent parmi les extrêmes gauche et droite. Le révisionnisme et le négationnisme sont devenus un élément central du répertoire propagandiste des organisations d’extrême-droite dont l’antisémitisme forme un élément central dans leur formation. »

C'est bien cette convergence entre antisionisme et antisémitisme qui amène une trentaine de familles juives à quitter, en 2009, Malmö en Suède après des incidents antisémites dont l'incendie d'une synagogue.

En 2014, la presse internationale rapporte une augmentation des incidents antisémites dans le monde, liée à l'opération Bordure protectrice. Ainsi USA Today signale-il des incidents antisémites dans plusieurs pays européens (Allemagne, Angleterre, Italie, Belgique, France) et en Turquie. Ces incidents sont déplorés par le secrétaire général de l'ONU, Ban-Ki-Moon qui dénonce « la flambée d'attaques antisémites, notamment en Europe, en lien avec les manifestations concernant l'escalade de la violence à Gaza » et estime que « le conflit au Proche-Orient ne doit pas fournir un prétexte pour une discrimination qui pourrait affecter la paix sociale n'importe où dans le monde ». En Allemagne, la chancelière Angela Merkel dénonce l'antisémitisme lors d'une manifestation à la Porte de Brandebourg, à Berlin : « La vie juive fait partie de notre identité et de notre culture ».

Législation

Institutions internationales

En 1993, les chefs d’États membres du Conseil de l'Europe établissent la Commission européenne contre le racisme et l'Intolérance (CERI) et décident de mettre en œuvre une politique commune de lutte contre le racisme, la xénophobie et l'antisémitisme. À la suite de la croissance de l'antisémitisme en Europe, l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe adopte en 2007 la résolution 1563 « Combattre l'antisémitisme en Europe » qui met l'accent sur le danger immense de l'antisémitisme et demande aux États membres de mettre systématiquement en œuvre une législation criminalisant l'antisémitisme et les autres discours de haine. Elle leur demande aussi de condamner toutes les formes de négation de l'Holocauste.

En 2008, c'est l'Union européenne qui adopte la décision-cadre 2008/913/JHA concernant la lutte contre le racisme et la xénophobie. En vertu de cette décision, Viviane Reding, commissaire européenne chargée de la justice, demande, lors de la Journée internationale de commémoration de l'Holocauste en 2014, « à tous les États membres de l’UE d'agir afin de transposer intégralement la décision-cadre de l’UE et de garantir son application sur le terrain. ».

L'Assemblée générale des Nations unies tient une session extraordinaire le 22 janvier 2015 consacré à la lutte contre l'antisémitisme, la première de son histoire. Elle est ouverte par Bernard-Henri Lévy. L'ambassadeur d'Arabie saoudite y représente l'Organisation de la coopération islamique.

Législation française

Des lois nombreuses forment le dispositif français de lutte contre le racisme, la xénophobie et l’antisémitisme :

1881 : loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse (chapitre IV), première loi sanctionnant les propos publics discriminatoires ;

1939 : décret-loi Marchandeau du 21 avril 1939, modifiant la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse. Il réprime l’excitation à la haine raciale ou religieuse. Le décret-loi Marchandeau sera abrogé le 27 août 1940 par le gouvernement de Vichy ;

1972 : loi n 72.546 du 1 juillet 1972 relative à la lutte contre le racisme par laquelle un certain nombre d’actes de la vie courante sont érigés en infraction (par exemple, le refus de fournir un bien ou le licenciement pour des raisons raciales) ;

1990 : loi n 90-615 du 13 juillet 1990 tendant à réprimer tout acte raciste, antisémite ou xénophobe avec en particulier, création du délit de contestation de crime contre l’humanité : négationnisme ;

1994 : le Nouveau Code Pénal, publié le 1 mars 1994, a créé de nouvelles infractions et renforcé la répression des délits racistes (l'étendant aux personnes morales) ;

2003 : Décret n 2003-11** du 8 décembre 2003 portant création du comité interministériel de lutte contre le racisme et l'antisémitisme. NOR : PRMX0300202D

2004 : la loi n 2004.204 du 9 mars 2004 portant adaptation de la justice aux évolutions de la criminalité précise cette circonstance aggravante quand l’infraction est « précédée, accompagnée ou suivie de propos, écrits, images, objets ou actes » racistes ou antisémites. La loi prévoit différentes sanctions pénales allant de l’amende à l’emprisonnement. Ainsi, l’injure raciale est punie - au maximum - de 6 mois d’emprisonnement et/ou d’une amende de 22 500 euros.

2004, sur Internet (cybercriminalité), la loi n 2004-575 du 21 juin 2004 stipule que « les hébergeurs et fournisseurs d’accès Internet ont l’obligation de contribuer à la lutte contre la diffusion de données à caractère pédophile, négationniste et raciste ».

Références législatives

Site Légifrance

Site de la Présidence de la République française

Ministère de la Justice : Les lois antiracistes

Haute Autorité de lutte contre les discriminations et pour l'égalité (Halde) : rapport annuel

La Documentation française : Lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la xénophobie : rapport annuel de la Commission nationale consultative des droits de l'homme

Lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la xénophobie : rapport annuel de la Commission nationale consultative des droits de l'homme

Autres documents : Moyens de la lutte contre l’expression raciste, antisémite, ou xénophobe sur l’internet : dossier de presse, Forum des droits sur l’internet, juin 2004 Comité interministériel de lutte contre le racisme et l’antisémitisme, service de presse du Premier Ministre

Moyens de la lutte contre l’expression raciste, antisémite, ou xénophobe sur l’internet : dossier de presse, Forum des droits sur l’internet, juin 2004

Comité interministériel de lutte contre le racisme et l’antisémitisme, service de presse du Premier Ministre

Législation européenne

En janvier 2003, le Conseil de l'Europe a ouvert à la signature le Protocole additionnel à la convention sur la cybercriminalité. Le 28 janvier 2004, le ministre français des Affaires étrangères a ainsi présenté au Conseil des ministres un projet de loi autorisant l’approbation de ce protocole additionnel.

Ce protocole négocié à la demande de la France, demande aux États de criminaliser la diffusion de matériel raciste et xénophobe par le biais de système informatiques afin d’« améliorer la lutte contre les actes de nature raciste et xénophobe commis par le biais de systèmes informatiques, en harmonisant le droit pénal » français et européen. Comportements visés :

diffusion de matériel raciste et xénophobe ;

diffusion des insultes et menaces motivées par des considérations racistes et xénophobes ;

approbation ou justification publique des faits de génocide ou de crime contre l’humanité.

中文百科

反犹太主义是一种意识型态,对于对仇恨犹太人或犹太教的思想与行为的总称,在各个不同历史时期有不同的动机和表现形式。反犹太主义不仅在基督徒有,在欧洲人、亚洲人及阿拉伯人也有。

「反犹太主义」的原文(英语:Antisemitism、Anti-Semitism 或 anti-semitism)直译为反闪族主义。在字面意义上,反闪族主义是对于所有闪族的反感情绪,虽然犹太人与阿拉伯人同属闪米特人,但是这个名词在欧洲特指对于犹太人的仇恨情绪。这个名词在1873年首次在德国出现,同义词是「仇恨犹太人者」(德语:Judenhass,英语:Jew-hatred)。

概述

反犹主义在各个不同历史时期有不同的动机和表现形式,但是其中也不乏共通性和延续性,例如将犹太人视为“谋杀救主基督的人”,“贪婪、阴险”的民族,“企图控制世界”的犹太集团,需对世界一切政治和经济问题负责的“幕后黑手”等。 反犹主义的思想和行为自产生至今导致灾难性后果。自罗马帝国时期,欧洲历史充斥着针对犹太人的暴力行为,例如十字军对犹太人的掠夺与大**,15世纪西班牙对犹太人的彻底驱逐及灭绝,19世纪和20世纪沙皇俄国反犹太人浪潮。而反犹太人主义的最高潮则公认是1933年至1945年之间纳粹德国在欧洲广泛进行的**,造成约600万犹太人死亡。

反犹历史

基督教兴起之前 历史上,在地中海沿岸地区进行征伐的各个大帝国—例如亚述、巴比伦、波斯和罗马帝国等—都有将自己的宗教与文化强加于于被征服民族的习惯。而信仰一神教的犹太人与信仰多神教的其它被征服民族相比,更容易引发与征服当局的冲突,从而导致征服势力更残酷的镇压。征服者通常视犹太人拒绝新的宗教与文化的行为视作对统治者的拒绝的反抗行为。例如公元前168年,叙利亚塞琉古王朝国王安条克四世发布命令,宣布犹太教为“非法”,下令废止犹太教习俗,焚烧犹太教经典,强迫犹太人食用猪肉等,掀起了历史上第一次大规模的反犹运动,引发了著名的马卡比起义。 基督教 基督教徒反犹的原因 基督教认为耶稣是弥赛亚(“救世主”),是神,但是犹太人并不认为耶稣是犹太教信仰的弥赛亚,在《圣经·新约》中已经出现了对犹太人不认为耶稣是神、不赞同耶稣心意的描述。基督教将新的经典定名为《新约》,而把希伯来圣经称为“旧约”。在某些犹太人的记述中,耶稣是潘得拉强暴玛利亚所生,而基督教则认为耶稣是童贞女玛利亚所生;根据犹太人的记载,耶稣因犯罪受到惩罚被处死,而基督教则认为耶稣被犹太人**致死,这些都是部分极端基督徒仇恨犹太人的原因。 罗马帝国基督教化时期 西元391年基督教成为罗马帝国的国教之后,犹太人的宗教与生活开始逐渐受到限制。例如438年的提奥多西法典中作出犹太人禁止与基督徒通婚,不得修建新的犹太会堂等规定。 西欧中古世纪 在基督教会尚未形成严密组织的中世纪早期,犹太人及其宗教并未受到严苛的待遇。公元800年至1100年间,约有150万犹太人生活在基督教统治下的欧洲各国。他们未成为封建阶级社会中的一部分,因此幸运地避开了许多基督徒不得不承受的奴役或战争的磨难。与大多数没有受教育的基督徒不同,绝大多数犹太人都能写能读,具有较高的教育水平。由于他们在金融业、行政和医生等行业发挥了较大的作用,因此往往受到地方君主或贵族的庇护,避免了在基督教社会中的孤立处境。基督教学者甚至会与犹太教拉比讨论圣经的有关话题。 但此后不久,罗马天主教廷通过变革,势力大大增强,尤其是在方济各会和多明我会创立后,许多居住在城市里的基督教徒和对异教缺乏容忍的中产阶级纷纷崛起,从此犹太教的好日子便不复存在了。早在1300年,天主教修士和地方僧侣就开始在基督受难剧中大肆宣扬犹太人杀害了耶稣这一情节,从而鼓动普通市民仇视或杀害犹太人。这一时期开始出现对犹太人的大规模**和驱逐。 欧洲历史上著名的十字军运动对犹太人进行多次的掠夺及大**,而且也推进了限制犹太人从事大多数经济活动的立法活动。这一结果是犹太人只被允许从事货币借贷和其他贸易行业。从1300年起,犹太人被驱逐出英格兰、法国和神圣罗马帝国,他们中的大多数被迫向东迁移到波兰等东欧国家。当14世纪中叶恐怖的黑死病夺走了当时欧洲一半以上人口后,不幸的犹太人又被当做了替罪羊。 宗教改革时期 宗教改革期间,欧洲各新教派主要与罗马教廷进行斗争,同时对减少。 近现代 1944年至1946年,二战末期的波兰曾发生排犹运动。1968年三月****时期,波兰政府借对学生镇压之机也对犹太人进行排挤,引发了上万犹太裔波兰人流亡至以色列。 教宗庇护十一世直接谴责反犹主义。如今天主教会已将其祈祷文中涉及犹太人的部分做出更正。 纳粹 20世纪的欧洲反犹现象在二战时期达到高峰。纳粹德国在希特勒的领导下对犹太人进行了大规模的**和有计划的种族灭绝。在二战期间,纳粹德国政府在欧洲有组织地杀害了600万名犹太人。 纳粹反犹的行动分为三个阶段。第一阶段是从1933年1月到1938年11月9日。这个阶段中,纳粹对犹太人的政策是限制并逐步剥夺犹太人的人身权利。犹太人杂在就业、生活和从事商业活动方面都受到了限制,成为了“二等公民”。1935年9月15日的纽伦堡会议后,犹太人被剥夺了一切的法律保障和公民权利,遭到大规模驱逐离境。 第二个阶段是粹德国政府对犹太人的**转为使用暴力和武力。1938年11月9日晚间,有约1574间犹太教堂(大约是全德国所有的犹太教堂)、超过7000间犹太商店、29间百货公司等遭到纵火或损毁。超过3万名犹太男性遭到逮捕并被关入集中营,主要是在达豪、布痕瓦尔德和萨克森豪森;集中营里的囚犯得不到人道的对待,然而,多数人在三个月内就获释放,但他们必须离开德国;而一些则被殴打致死,一般估计有91人死亡。估计死于集中营的,大约有2000-2500人。事件发生后,3万名犹太人被押往集中营并死于其中。之后,开始剥夺犹太人财产,并要求犹太人佩戴标记以区别。 1939年9月德国**波兰后,对**。由于信息封锁,几乎所有的犹太人都不知道德军和党卫队**犹太人的计划,从而在毫无防备的情况下被杀害。 美国 19世纪末以后,美国的反犹太现象经历过两次高潮。20世纪初,美国针对犹太人的纵火、抢劫与枪击案屡见不鲜。墙壁上的反犹涂鸦也时常见到。犹太人的墓地被基督教激进派人士推倒。日常生活中,犹太人也常常受到基督徒的排挤,在就业、居住、教育、参与社会活动时都受到不同程度上的歧视。20世纪20年代与30年代的经济大萧条期间,数十个反犹太组织成立,拥有上万名坚定的憎恨犹太人者。 二战前与二战期间,美国的反犹与排犹环境为犹太人从欧洲逃脱纳粹的**造成了障碍。二战期间逃难的犹太人不少被美国移民局拒绝入境。著名的事件包括1939年的“圣路易斯”号事件。 伊斯兰教 中世纪 穆罕默德创立伊斯兰教后,早期对犹太人未有大的敌意,直到他与追随者迁到麦地那后,与当地犹太人的矛盾逐渐加剧。穆罕默德首先驱逐麦地那的两个犹太部落:盖奴卡族和纳迪尔族。627年的壕沟之战后,麦地那的穆斯林围攻另一个犹太部落古莱扎族,古莱扎族投降后,其男丁被**(可能多达900人),妇女及儿童则沦为奴隶。 据犹太历史学家莱昂·波里亚克夫(法语:Léon Poliakov)的研究,在早期伊斯兰社会中,犹太人享有充分的自由,其社区活动也非常活跃。当时的法律或社会观念并没有限制犹太人从事任何经济活动。许多犹太人跟随着穆斯林,在新**的土地上创建新的家园和犹太人社区。巴格达的高官也将其资产委托给犹太银行家打理。犹太人在海上货物买卖和奴隶贸易中占据了相当大的份额。更有甚者,基督教纪元10世纪波斯地区的主要港口城市Siraf的地方长官也由犹太人担任。 从11世纪开始,各地逐渐出现一些**犹太人的事件。1066年的格拉纳达大**中,安达卢斯的全部犹太人惨遭灭绝。在中世纪的北非、埃及、叙利亚和也门,也发生了数起针对犹太人的暴力事件。 当时控制着伊比利亚地区的伊斯兰教穆瓦希德王朝比穆拉比特王朝奉行更彻底的伊斯兰原教旨主义,因此对待统治范围内的犹太人和基督教徒(这两类人被统称为“吉玛人”,阿拉伯语:ذمي‎)更为苛刻严酷。大量犹太人和基督徒被驱逐出摩洛哥和安达卢斯。犹太人面对仅有的改宗皈依或种族灭亡的两个选择时,毅然决定集体外迁。当时包括犹太思想家迈蒙尼德家族在内的许多犹太人向东迁移到较为宽容的穆斯林国家,而另一部分犹太人则被迫向北进入基督教日渐兴盛的西欧和中欧地区。而从15世纪起,摩洛哥的犹太人被限制居住在称为“犹太人区”(阿拉伯语:الملاح‎, 希伯来语:מלּאח‎)的特定社区内。 近现代 沙特阿拉伯有教科书宣扬反犹太的观点,描述犹太人的起源是猴子和猪。这些教科书在国外的穆斯林社区中也有使用。 Steven K. Baum在《Antisemitism Explained》一书中提到逊尼派最重要的圣训集《布哈里圣训实录》有58项反犹太人的提及。 一些被指为反犹的穆斯林言论引用《穆斯林圣训实录》41:6985的记述:「复生日不会来临,直到穆斯林杀戮犹太人。当穆斯林追杀犹太人,他们藏于石头和树木后时,石头和树木就会喊:『穆斯林!安拉的仆民!我后面的就是犹太人,快来杀他!』但厄尔盖德树不会这样,因为它是犹太人的树。」巴勒斯坦的哈马斯组织也采用这段圣训为其宪章第7条的一部分。 2012年1月,在法塔赫成立47周年纪念活动上,巴勒斯坦政府穆夫提穆罕默德·侯赛因(Muhammad Hussein)说《布哈里圣训实录》和《穆斯林圣训实录》的可靠圣训都说:「那时刻不会来临,直到你们与犹太人战斗,犹太人将会藏于石头或树木后,而石头或树木就会喊:穆斯林,安拉的仆民,我后面有犹太人,快来杀他。厄尔盖德树是例外。」他说人们看到以色列的定居点和殖民区被厄尔盖德树围绕不用奇怪。以色列认为他的讲话是呼吁杀死所有犹太人的仇恨言论。 2013年,埃及宗教捐助部长塔拉特·阿菲菲(Talaat Afifi)在电视上表示:「我希望先知穆罕默德的话可以实现:『审判日不会来临,直到穆斯林与犹太人战斗,犹太人将会藏于石头和树木后,可是石头和树木就会喊:穆斯林,安拉的仆民,我后面有犹太人,快来杀他。厄尔盖德树是例外,因为它是犹太人的树。』我们完全相信这片土地(指以色列)的将来是由伊斯兰教和穆斯林决定。」他的这番言论被以色列视为反犹。 2015年10月,巴勒斯坦的伊玛目Sheikh Khaled al-Mughrabi在耶路撒冷阿克萨清真寺讲道时指称犹太人将会在该寺外面兴建一座崇拜魔鬼的庙宇,又引用上面的「石头和树木都会说话」的圣训指出穆斯林将会歼灭犹太人。 近年西欧国家的极端穆斯林袭击和恐吓当地犹太**件增多,引致西欧犹太人移居以色列的人数上升,2015年约有1万名西欧犹太人移居以色列,是近年新高。 在也门兴起的胡塞武装组织以「以色列去死,诅咒犹太人,伊斯兰必胜」为口号。 有指《神奇宝贝》是犹太人的一项阴谋,意图使儿童背弃伊斯兰教。谣言又指「Pokemon」一词在日语的意思是「我是犹太人」。任天堂公司已经否定谣言。

法法词典

antisémite adjectif ( même forme au masculin et au féminin, pluriel antisémites )

  • 1. qui fait preuve d'hostilité violente et de discrimination à l'égard des Juifs et du judaïsme

    une idéologie antisémite

antisémite nom commun - masculin ou féminin ( antisémites )

  • 1. personne qui fait preuve d'hostilité violente et de discrimination à l'égard des Juifs et du judaïsme

    un antisémite fanatique

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