La fièvre est l'état d'un animal à sang chaud (homéotherme) dont la température interne est nettement supérieure (hyperthermie) à sa température ordinaire (37 °C en moyenne chez l'humain), de façon contrôlée. On observe par la mesure à l'aide d'un thermomètre une élévation de la température corporelle habituelle. Ce phénomène physiologique semble être principalement une réponse hypothalamique stimulée par des substances pyrogènes principalement libérées par les macrophages et/ou lors des phénomènes inflammatoires.
La fièvre semble être une réaction systémique des homéothermes à la présence de certains agents infectieux. L'effet bénéfique est de perturber les réactions biochimiques (cf. constantes d'équilibres) des micro-organismes pathogènes afin de diminuer leur virulence.
Le phénomène se déroule suivant trois phases :
- montée thermique
- plateau d’hyperthermie
- défervescence
Chez l'humain, la température corporelle normale moyenne est de 37 °C (entre 36,5 °C et 37,5 °C selon les individus). La fièvre est définie par une température rectale au repos supérieure ou égale à 38,0 °C. Une fièvre au-delà de 40 °C est considérée comme un risque de santé majeur et immédiat, particulièrement chez les jeunes enfants (voir hyperthermie). Lorsque la fièvre est modérée, entre 37,7 °C et 37,9 °C, on parle de fébricule.
Mesure de la température corporelle
Il n'existe pas de définition précise universellement admise de la fièvre notamment du fait de difficultés concrètes de mesure en situation clinique (la température mesurée dépend du moment de la journée, de la proximité d'un repas, de caractéristiques environnementales). Cependant le Brighton Collaboration Fever Working Group s'accorde à la définir en 2004 la fièvre comme relevant d'une température corporelle supérieure ou égale à 38 °C, et ce quelles que soient les modalités de mesure, l'âge ou les conditions environnementales. L'OMS de son côté, considère comme fiévreuse une température axillaire supérieure ou égale à 37,5 °C.
La température corporelle se mesure à l'aide d'un thermomètre médical. Suivant le placement de celui-ci, on parle de :
température buccale : thermomètre placé dans la bouche (la méthode la plus courante dans les pays anglo-saxons, sauf pour les petits enfants) ;
Un thermomètre clinique indiquant
38,7 °C de fièvre.
température rectale : bout du thermomètre placé dans le rectum via l'anus (la méthode la plus précise, traditionnellement conseillée pour les petits enfants) ;
température axillaire : sous le bras. Cette mesure est moins précise que la mesure rectale. Selon les sources, la température axillaire est entre 0,5 °C et 0,9 °C de moins que température rectale. Le CHU de Rouen ajoute systématiquement 0,9 °C à la mesure par thermomètre axillaire électronique ;
température tympanique : mesure infrarouge de la température du tympan.
La température buccale et la température axillaire étant moins élevées que la température rectale, prise comme référence, des corrections doivent être appliquées (+0,5 °C pour la buccale, +0,8 °C pour l'axillaire ).
Étiologie
La fièvre est un signe médical fréquent.
Il appartient au médecin d'essayer de la rattacher à une étiologie (diagnostic) et d'évaluer sa gravité.
Pour établir un diagnostic devant ce signe le médecin recherchera ses caractéristiques sémiologiques : homme / femme - âge - antécédents - ethnie - facteurs de risques - caractère aiguë / prolongée - lieu de séjour - fièvre isolé ou regroupement syndromique - incidence et prévalence locales et saisonnières - etc.
En médecine générale, le plus souvent (cf. carré de White) la fièvre conduira vers un diagnostic de pathologie bénigne.
Malgré leurs faibles prévalences dans les pays occidentaux, il est indispensable que le médecin sache écarter des atteintes particulièrement graves :
au retour d'un voyage : paludisme
si fièvre persistante : tuberculose
associée à des douleurs articulaires : arthrite septique
isolée, chez l'homme : prostatite
en cas de souffle cardiaque : endocardite infectieuse
Réponse thérapeutique
Voici ce que recommande l'ANSM pour l'enfant : "Les bénéfices attendus du traitement sont désormais plus centrés sur l'amélioration du confort de l'enfant que sur un abaissement systématique de la température, la fièvre ne représentant pas, par elle-même et sauf cas très particuliers, un danger.
Au cas par cas (par exemple : antécédents convulsifs, allergie, comorbidité, fiabilité de l'entourage, traitements associés, etc.) le médecin doit peser le rapport entre les bénéfices attendus et les risques encourus (hépatotoxicité, cardiotoxicité, syndrome de lyell, choc anaphylactique, cellulite faciale, etc.) avant de prescrire ou non des antipyrétiques.
Attitudes pratiques pour la prise en charge d'une fièvre persistante supérieure à 38,5 °C :
recourir à des mesures physiques simples : avant toute prise de médicament, il faut éviter de couvrir l'enfant, ne pas le maintenir dans une pièce surchauffée et lui donner à boire autant et aussi souvent que possible ; ceci, sans qu'il soit indispensable de lui donner un bain tiède comme cela était classiquement conseillé.
si prescrit on peut donner une seule classe de médicaments antipyrétiques en tenant compte des contre-indications et des précautions d'emploi qui lui sont propres.
brumiser de l'eau sur le visage pour rafraîchir si besoin.
Ces recommandations concernent le confort de l'enfant et ne font ni baisser, ni n’élèvent la température car le thermostat hypothalamique mettra en marche les mécanismes de thermogenèse (si l'enfant est trop refroidi) et de thermolyse (si l'enfant est dans un environnement trop chauffé) afin de laisser le corps à la température prévue tant que les mécanismes immunitaires seront activés.
Devant une fièvre de l'enfant, dans les pays occidentaux, il est fréquent de demander un avis diagnostic auprès d'un médecin généraliste pour affirmer le caractère bénin de l'épisode afin que l'enfant puisse être pris en charge par des adultes rassurés.
Toutefois, un diagnostic médical est primordial si la fièvre de l'enfant présente des caractéristiques inhabituelles : nourrissons, fièvre plus élevée qu’habituellement, durée et évolution inhabituelle, comportements inhabituels (pleurs continus, fatigue, agitation, etc.), teint inhabituel, éruptions cutanées, signes d'accompagnements (vomissements, etc.), épidémie locale de pathologies potentiellement graves (méningite, etc.)...
Au-dessus de 40 °C, la température peut être un signe de maladie grave et peut être mal tolérée par l'organisme : Exemple : pour le cerveau, le risque de convulsion augmente.
Fièvre et risques de convulsions
Chez le jeune enfant, cette fièvre peut entraîner des convulsions qui, si elles sont impressionnantes, sont en général bénignes ; il faut toutefois impérativement éviter que cette situation ne se prolonge, il faut donc abaisser lentement la température de l'ensemble du corps.
On préconisait auparavant de donner systématiquement des bains d'eau dont la température est de 2 °C en dessous de la température du bébé, et la prescription médicale consistait souvent en une bithérapie aspirine-paracétamol ; la chute de la température était une priorité avec trois objectifs : empêcher le développement de l'hyperthermie maligne, éviter les convulsions fébriles et améliorer le confort de l'enfant.
Cependant, aucune étude récente n'a mis en évidence l'effet des antipyrétiques pour la prévention des convulsions, et par ailleurs, seuls certains enfants (2 à 5 %) sont sujets aux convulsions.
Quand consulter ?
Une fièvre réelle (supérieure à 38 °C) chez un enfant doit toujours donner lieu à une consultation médicale, mais rarement aux urgences de l'hôpital sauf pour les nourrissons de moins de 3 mois.
Il convient de prendre contact rapidement avec un médecin (le Samu en France) afin d'avoir des conseils et éventuellement une intervention médicalisée en présence de signes de gravité tels que :
température supérieure à 40 °C,
perte de poids,
convulsions qui se répètent ou durent malgré le refroidissement,
taches sur la peau,
troubles de la conscience,
pleurs incessants,
…
Avant d'aller consulter un médecin, il est nécessaire d'attendre 24 h pour un enfant entre 4 mois et moins de 2 ans puis 48 h pour un enfant de 2 ans et plus, sauf si les symptômes s'aggravent.
Traitement
La fièvre ayant un rôle dans la lutte contre l'infection, pour un enfant n'étant pas sujet aux convulsions et hors urgence (voir ci-dessus), l'administration d'antipyrétique n'est plus systématique, et n'est envisagée qu'à partir de 38,5 °C. On conseille alors plutôt le paracétamol en monothérapie.
L'utilisation de l'ibuprofène chez l'enfant est controversée. Il peut y avoir des effets secondaires rares mais graves chez l'enfant varicelleux.
Pyrétothérapie ou pyrétite
Par le passé, la fièvre a pu être délibérément provoquée dans un but de guérison. C'est ce que l'on a appelé aussi « la pyrothérapie ». C'est le D Konteschweller Titus qui forgea le mot « pyrétothérapie » en 1918 rappelant notamment à cette fin l'usage du vaccin contre la typhoïde. Cette approche obtint une certaine reconnaissance avec la mise au point par Julius Wagner-Jauregg de la malariathérapie pour la guérison de la syphilis (cela lui valut le Nobel en 1927). D'autres procédés ont été utilisés, que l'avènement des antibiotiques notamment ont relégué dans un oubli presque total. Dans les dernières années cependant – notamment dans le domaine de la lutte anticancéreuse – la réévaluation de la littérature à l'aune des connaissances contemporaines suscite un regain d'intérêt pour la - fever therapy, pyrétothérapie ainsi que pour la thermothérapie (élévation de la température par voie externe).