La Guinguette, Vincent van Gogh.
Une guinguette est, à l'origine, un cabaret populaire de banlieue parisienne officiant aussi comme restaurant et, souvent, comme lieu de bal. Ce type d'établissement se développa par la suite, un peu partout en France.
L'origine la plus probable du terme est le mot guinguet, désignant un petit vin blanc aigre et bon marché produit en Île-de-France.
Une origine historique crédible
Elle nous est donnée par Charles Virmaître : « La chaussée de Mesnil-Montant était de temps immémorial fréquentée par une foule de Parisiens qui ne reculaient pas à gravir sa pente rapide pour se rendre aux guinguettes nombreuses sur sa hauteur. On y buvait un petit vin, produit des vignes dépendant du clos Guinguet ; c'est ce qui donna le nom de guinguettes aux endroits où on le débitait ».
Une origine populaire moins crédible fait venir le nom de bal-guinguette de Pierre Guinguet, fondateur vers 1640 d'un cabaret à Ménilmontant.
Situation géographique
Ambiance guinguette (à défaut d'une vraie) dans le Déjeuner de Canotiers d'Auguste Renoir
Avant l'agrandissement de Paris en 1860 qui engloutit un certain nombre de petites localités voisines, un grand nombre de guinguettes se trouvent juste au delà des barrières, pour échapper à l'octroi sur les vins. Les plus fameuses sont les guinguettes de la Courtille lieu qui se trouvait près de la barrière de Belleville. On trouve des guinguettes sur les bords de la Seine et de la Marne, et certaines jusqu'à l'entrée de Rouen. Cette situation était initialement due à la taxe qui frappait les marchandises entrant dans la ville de Paris. En s'établissant en dehors des murs de la ville, ces établissements n'y étaient pas soumis. Certaines guinguettes ne se trouvaient pas éloignées de fleuves où se pratiquait le canotage. Ce n'est que vers la fin du XVIII siècle que les guinguettes commencèrent à vraiment se distinguer des simples débits de boisson, en proposant leur activité de petits bals relativement bon marché. Elles étaient à cette époque surtout fréquentées l'été, le dimanche par un public familial, le lundi par les ouvriers et le jeudi par les étudiants.
Le développement du chemin de fer et la création de la gare de la Bastille avec de nombreux trains vers la banlieue Est de Paris est pour beaucoup dans le succès des guinguettes éloignées de la capitale. Il y avait des guinguettes par centaines jusqu'à Nogent-sur-Seine, lieu où les bords de Seine ont le plus changé et également à Robinson dans le Sud de Paris et desservi par la ligne de Sceaux.
Déclin de la tradition
Le canal de l'Ourcq et la guinguette de la rue Hippolyte Boyer au lieu dit "le Petit-Pantin" en 1920
Les guinguettes furent un éminent sujet de peinture, fin XIX siècle et première moitié du XX. Le cinéma français de l'entre-deux guerres a également mis en scène les guinguettes (voir plus loin « Films mettant en scène des guinguettes »).
L'interdiction de la baignade dans les rivières a provoqué le déclin des guinguettes. Cette interdiction était motivée par des motifs d'hygiène (qualité de l'eau dégradée dans les années 1960-70) et de sécurité (risques dus au trafic des péniches et noyade). Dans les années 1960, elles passent dans le domaine de la nostalgie.
Depuis les années 1980, on assiste à un certain renouveau, en particulier dans les boucles de la Marne : Créteil, Champigny-sur-Marne, Joinville-le-Pont, Nogent-sur-Marne, Le Perreux mais aussi en Basse-Normandie a Pont-d'Ouilly. Les guinguettes constituent une des attractions de la manifestation annuelle organisée par le département du Val-de-Marne, le Festival de l'Oh. Une guinguette est également organisée, chaque année à la mi-juin, au Parc Henry Sellier par l'association arts et loisirs du Plessis-Robinson. À noter également qu'une association, Culture guinguettes, se consacre à la conservation du patrimoine et de la tradition des guinguettes. Chaque été, une guinguette installée au Jardin des Deux Rives à Strasbourg en bordure du Rhin, propose bals et cours de danses du monde. On retrouve également une guinguette organisée chaque année à Nogent le Bas (Haute-Marne) par l'association des Balibeux, et qui rassemble des amoureux de variété française dansant sur le parquet une bonne partie de la soirée.
Films montrant des guinguettes
Documentaires
Nogent, Eldorado du dimanche de Marcel Carné, 1929
La Marne, une rivière de chansons, écrit et produit par Philippe Blanchis, réalisé en 2002 par Philippe Pinson, avec entre autres, Jean-Marc Thibault.
Films de fiction
La Belle Équipe de Julien Duvivier, 1936, avec Charles Vanel et Jean Gabin chantant sa fameuse valse Quand on s’promène au bord de l’eau
Casque d'or de Jacques Becker, 1952, avec Simone Signoret et Serge Reggiani
Un dimanche à la campagne de Bertrand Tavernier, sorti en 1984