Le terme français mademoiselle, abrégé en M, est un titre de civilité, donné à une jeune fille ou a une femme (supposée) non mariée. Au Québec, il est familièrement réservé aux « très jeunes filles ». Après avoir été contesté pour son caractère sexiste, son usage dans les documents officiels est progressivement abandonné dans plusieurs pays, notamment en Suisse depuis 1973, au Québec en 1976, en France et au Luxembourg depuis 2012 ainsi qu'à Bruxelles et en Wallonie depuis 2015. Il est l'équivalent du terme anglais Miss, en déclin depuis les années 1970 pour les mêmes raisons, et du terme allemand Fräulein, considéré comme discriminatoire dans les pays germanophones.
En France
Selon l'usage courant, la connotation du terme mademoiselle faisait qu'il était plutôt employé pour désigner une jeune fille ou une femme (présumée) non-mariée ou pour s'adresser à elle, en fonction du contexte. En effet, l'existence de deux termes, madame et mademoiselle, imposait un choix, au point que Proust écrit : « L'incertitude où j'étais s'il fallait lui dire madame ou mademoiselle me fit rougir ». En pratique, le fait de se désigner par le prénom avait déjà conduit à une raréfaction de l'usage du terme.
Les organismes juridiques (administrations, sociétés commerciales) laissaient en théorie aux femmes le choix sur le libellé avec lequel leur courrier leur était adressé. Il arrivait cependant que certaines administrations ne posent pas la question ou ne tiennent pas compte de ce choix et décident arbitrairement du terme utilisé. À partir des années 1970, les modalités de l'usage de ce titre de civilité ont été contestées en France, notamment par des associations féministes qui préféreraient que le titre soit choisi par la personne concernée voire que soit banni le mot de la langue française courante comme c'était alors le cas dans de nombreux autres pays européens. Suivant cette logique, une circulaire du Premier ministre François Fillon, datée du 21 février 2012 préconisait la suppression du terme « Mademoiselle » de tous les documents officiels. Le 26 décembre 2012, le Conseil d'État a validé l'interdiction de l'utilisation du terme « Mademoiselle » dans l'ensemble des document officiels, tout en précisant que cette interdiction ne s'appliquait pas à la sphère privée ni aux formulaires déjà édités et cela jusqu'à épuisement des stock.
Remise en question de la distinction Madame / Mademoiselle
Comme pour toutes les règles de savoir-vivre, de politesse ou de protocole, la distinction entre l'usage des titres de civilité Madame et Mademoiselle n'est régie par aucun texte législatif ou réglementaire. En France la réponse ministérielle n 5128 du 3 mars 1983 (in J.O. Sénat du 14 avril 1983, page 572) arguant du caractère discriminatoire qu'une telle disposition aurait vis-à-vis des hommes à qui l'on s'adresse par Monsieur, indépendamment de l'âge ou de l'état civil incite les administrations à se conformer au choix des intéressées, Madame semblant employé par défaut s'il n'est pas connu.
Une campagne « Madame ou Mademoiselle » a été lancée pour demander la suppression de la case « Mademoiselle » sur les formulaires administratifs afin de ne conserver que le titre de civilité « Madame » pour les femmes.
En janvier 2012, la ville de Cesson-Sévigné, dans l'Ouest de la France, a décidé d'abandonner l'appellation de « mademoiselle » dans tous les documents administratifs, estimant que comme de coutume avec les hommes, le titre de civilité des femmes ne devrait pas être fonction de leur situation matrimoniale.
Le 21 février 2012, sur la proposition de la ministre des Solidarités Roselyne Bachelot, le Premier ministre François Fillon dans la circulaire n° 5575 supprime l'utilisation des termes Mademoiselle, nom de jeune fille, nom patronymique, nom d'épouse et nom d'époux des formulaires et correspondances des administrations.
Le 26 décembre 2012, le Conseil d'État rejette la requête d'Alexandre-Guillaume Tollinchi, un cadre de l'UMP, qui demandait l'annulation de la circulaire. Il annonce immédiatement se pourvoir devant la Cour européenne des droits de l'homme, estimant que des libertés fondamentales sont violées par l'État français.
Le 26 décembre 2012, le Conseil d'État valide la suppression du « Mademoiselle » dans les documents administratifs.
Au Québec
Au Québec, le terme mademoiselle est réservé à la « toute jeune fille ».
Histoire
Étymologie
Mademoiselle : composé de ma (adjectif possessif) et de demoiselle.
Demoiselle vient du latin vulgaire domnicella, diminutif et féminin de dominus : le seigneur.
Moyen Âge et période moderne
Au Moyen Âge, ce terme est utilisé pour désigner, dans la haute société, « une personne non noble ou noble mais non titrée », et ce, indépendamment de son statut marital.
Évolution en France
Ma demoiselle, au Moyen Âge et sous l'Ancien Régime, désigne une jeune fille noble ou une femme mariée noble ou de la bonne bourgeoisie.
Mademoiselle, sans plus de précision, était un titre porté par la fille du frère cadet du roi, qui portait le titre de Monsieur. Il est notamment utilisé pour désigner Anne-Marie-Louise d'Orléans, dite la Grande Mademoiselle. L'appellation Madame était normalement d'usage pour les membres de la famille royales non titrées ou non mariées. Les exemples les plus connus sont les sœurs de Louis XVI, ou encore Henriette d'Angleterre (la mère de la Grande Mademoiselle). La rue Mademoiselle à Paris doit son nom à Louise Marie Thérèse d'Artois, fille du duc de Berry.
Depuis, plusieurs Mademoiselles sont restées célèbres en lien avec : des personnes réelles : Mademoiselle Clairon, actrice née en 1723 - Mademoiselle Madeleine Scudéry, écrivaine née en 1607 - Mademoiselle Chanel (aussi prénommée La Grande Demoiselle) - Mademoiselle Hiroko, célèbre muse et mannequin de Pierre Cardin des personnages imaginaires : Mademoiselle Jeanne (Le Journal de Spirou, Gaston Lagaffe) des institutions ou monuments : Maison des demoiselles de la Légion d'Honneur (ou Maison d'éducation de la Légion d'honneur) - la Tour Eiffel.
des personnes réelles : Mademoiselle Clairon, actrice née en 1723 - Mademoiselle Madeleine Scudéry, écrivaine née en 1607 - Mademoiselle Chanel (aussi prénommée La Grande Demoiselle) - Mademoiselle Hiroko, célèbre muse et mannequin de Pierre Cardin
des personnages imaginaires : Mademoiselle Jeanne (Le Journal de Spirou, Gaston Lagaffe)
des institutions ou monuments : Maison des demoiselles de la Légion d'Honneur (ou Maison d'éducation de la Légion d'honneur) - la Tour Eiffel.
Au début du XX siècle, les remises en cause ont commencé : les mouvements féministes ont manifesté leur opposition à la généralisation depuis la fin du XIX siècle de la ségrégation des femmes en deux modes distincts d'adresse ou de référence.
Cette question a été considérée notamment par les circulaires FP 900 de 1967, FP 1172 de 1974, circulaire CNAF n° 1028 - 410 de 1978. En 1972, une décision du garde des sceaux autorise explicitement toute femme de plus de vingt et un ans, mariée ou non, à être appelée « madame ».
Les questions/réponses ont abordé la problématique des titres de civilité en 1983 et en 2005 au sénat français, avec les questions/réponses écrites, n° 5128 du 3 mars 1983 établissant le statut des appellations des femmes, et questions écrites du 3 novembre 2005 demande réitérée de retirer la mention à la distinction Madame, Mademoiselle, Monsieur dans les documents et formulaires officiels dans la mesure où la mention du sexe apparaît suffisante et que ces titres de civilité ne relèvent pas de l’état civil.
L'année 1974 est l'année de la circulaire FP n° 1172 du 3 décembre 1974 relative à la suppression des mentions telles que Veuve X, Épouse divorcée Y, Mademoiselle A, pour les lettres adressées à des femmes par les services administratifs.
Évolutions récentes
Mademoiselle a été et est encore une des trois formules les plus courantes de protocole (appelées titres de civilité) que l'on utilisait en français, soit pour s'adresser à un être humain de sexe féminin dans la conversation ou dans la correspondance, soit que l'on place avant le prénom et le nom pour rédiger une adresse postale, documenter un formulaire administratif ou parler de quelqu'un. Spécifique au sexe féminin, ce mode d'adresse et de référence signalait la condition de célibataire, par opposition à celle de femme mariée. Mademoiselle peut s'écrire en abrégé en M et Mesdemoiselles en M, mais uniquement dans les adresses de la correspondance commerciale ou dans certains textes imprimés. Dans ce cas, l'abréviation de Mademoiselle n'est pas Melle.
Dans les coutumes, il fut d'usage d'adresser ou de référencer par « Madame » les femmes célibataires occupant une position d'autorité ou d'indépendance (commerçantes, directrices, …). « Madame » entre dans les normes dans les années 1980 pour les femmes ayant eu des enfants, qu'elles soient mariées ou non, et pour les femmes ayant atteint l'âge adulte.
Par contre, il était d'usage d'appeler mademoiselle certaines employées comme les vendeuses, les employées de maison ou les préceptrices, même lorsqu'elles étaient mariées. Les actrices continuaient souvent à se faire appeler Mademoiselle, même lorsqu'elles étaient mariées ou avaient atteint un âge mûr. Il s'agit d'une tradition qui remonte au XVII siècle, et qui s'est conservée chez les sociétaires de la Comédie-française. Certaines actrices continuent à se faire appeler « Mademoiselle » aux génériques des films auxquels elles ont participé.
En 2003, la question écrite n° 06340 interroge le ministre de la jeunesse, de l'éducation nationale et de la recherche, sur le fait que le titre de civilité madame serait imposée dans des courriers adressés à des étudiantes, sans leur laisser le choix du titre de civilité mademoiselle. La réponse indique que la majorité des établissements d'enseignement supérieur imprime les diplômes des étudiants au moyen de produit logiciel dénommé apogée (application pour l'organisation et la gestion des étudiants). Ce logiciel serait conforme avec les modèles joints en annexe des dispositions de l'arrêté du 19 octobre 1994 conformément à une règle soutenue à l'époque par le secrétariat d'Etat aux droits des femmes. À cette date, aucune demande pour réintroduire Mademoiselle n'avait été formulée.
En 2006, dans une réponse à une question écrite, le garde des sceaux affirme que les appellations madame et mademoiselle ne peuvent être imposées aux intéressées sans leur consentement, en réponse à la question écrite au Sénat, n° 24509, sur la persistance dans les documents et logiciels administratifs d’une appellation différenciée pour les femmes.
Variations selon les langues et les civilisations
La distinction qui existait avant 2012 en français de France entre Madame et Mademoiselle n'a généralement pas d'équivalent, ou bien est tombée en désuétude dans certaines langues ou dans certains pays.
L'allemand, par exemple, n'utilise presque plus « Fräulein » depuis longtemps, considéré comme discriminatoire. Ce terme est progressivement tombé en désuétude totale en Allemagne, mais est encore d'usage en Autriche. À noter que -lein est un diminutif comme -chen, qui se trouve dans Mäd-chen (petite fille, jeune fille se disant plutôt Madel). Toutes les femmes sont donc appelées "Frau" (Madame) dès l'âge du lycée. Tout comme à Fräulein qui équivalait à Mademoiselle et se disait jusque dans les années 1970, Frau est maintenant utilisé pour toutes femmes qui ne sont plus des jeunes filles ("Mädchen"). En langue allemande, la distinction ancienne entre la femme ("Weib") et la Ma-/Dame ("Frau") n'existe plus, ce qui n'est pas le cas du côté des hommes ("Männer"), qui sont également tous adressés comme Messieurs ("Herren"), mais qui restent des hommes au niveau de la dénomination générique. Traduit littéralement, en Allemand on dit Mesdames, Messieurs ("Meine Damen und Herren") pour s'adresser à un groupe d'hommes et de femmes ("Männer und Frauen").
Aux États-Unis, sous l'influence des quakers, tous les titres distinctifs ont été combattus, et l'usage de parler des gens, ou de s'adresser à eux, sans faire précéder leur nom d'aucun titre, est bien établi, sans que ce soit considéré comme une impolitesse ou un manque de considération.
Dans le monde anglophone en général, l'utilisation du terme de « Miss » (équivalent de « Mademoiselle ») est en déclin depuis début des années 1970's - et dans les situations où un titre de civilité est requis, le terme « Ms » offre une alternative convenable pour éviter de classer les femmes en fonction de leur statut matrimonial.
Adresse publique
Dans les discours, l'adresse publique «Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs» a parfois été utilisée mais cette formulation est toutefois restée rare alors que l'adresse publique «Mesdames, Messieurs» ou «Mesdames et Messieurs» demeurait la plus couramment utilisée même du temps où le terme Mademoiselle était utilisé dans les documents officiels. La formule condensée consacrée à l'entrée d'un commerce est Messieurs-dames.
Autres usages
Le terme demoiselle était également utilisé dans les expressions demoiselle d'honneur et demoiselle de compagnie.