L'arrangeur musical est un musicien qui crée des arrangements. Il n'est pas forcément le compositeur de la musique. Il maîtrise généralement les techniques d'écriture courantes de la musique tonale et possède des techniques d'instrumentation. Il est aussi appelé orchestrateur lorsqu'il écrit pour un orchestre, notamment dans la musique de film.
Le métier
On lui « fournit » une mélodie avec ou sans accompagnement et il est capable de faire tout le reste. Il aide le compositeur en se chargeant de toute la partie technique. Il peut aussi transformer un morceau de musique joué dans un style pour l'adapter dans un autre. Il peut adapter - "arranger" - l'écriture d'une mélodie pour qu'elle convienne à un chanteur. C'est un technicien de la musique dans le sens de l'écriture. En quelque sorte, le rôle de l'arrangeur est de mettre la bonne note, au bon endroit, par le bon instrument. Il lui faut posséder des connaissances de l'instrumentation. En principe, il doit pouvoir réaliser les partitions d'orchestre pour la musique classique et, plus rudimentairement les grilles harmoniques ou lead-sheets pour les exécutants en musique légère. Au plan de l'habillage musical en musique moderne (pop-rock, variétés), la partie la plus complexe est celle qui concerne les chœurs.
Le travail de structure d'un titre s'arcboute sur une bonne section rythmique : batterie, basse, piano et/ou guitare acoustique. Ensuite, à partir d'une voix témoin il est possible de procéder à l'ornementation ou aux fioritures. On applique aussi les "riffs" et "overdubs" ainsi que les motifs et leitmotivs. S'il est un point à observer dans la conduite du travail d'arrangement, c'est bien la sobriété ! Il faut à tout prix expurger le contenu de ce qui n'est pas essentiel à l'enjolivement d'un titre. Les règles en ce sens sont celles qui découlent d'une capacité à travailler avec bon goût et bon sens. À cet égard, une oreille exercée sera bon juge.
Cette discipline est aussi ancienne que la musique elle-même. On peut imaginer qu'en même temps que l'homme a parlé, il a aussi chanté ; d'abord à l'unisson en groupe, puis, peu à peu, il a élaboré sous le chant principal des contre-chants, rudimentaires comme l'étaient les mélodies, puis, au fil du temps de plus en plus complexes. L'arrangement peut donc autant revêtir une forme simple (une voix qui en suit une autre) qu'une forme extrêmement travaillée (double chœur, soit seize voix, dans le contrepoint). Cette notion de "voix" s'est naturellement appliquée aux instruments de musique où, là aussi, il s'agit de combiner les instruments et de les faire "sonner" de la meilleure manière. Là encore, suivant le style du morceau à arranger, l'arrangeur, suivant son goût mais aussi en tenant compte des impératifs économiques, utilisera un certain nombre d'instruments, divisés en pupitres. Sauf à l'école, il n'existe pas d'arrangement théorique ; celui est toujours dépendant d'un cahier des charges précis. Cela peut être Mozart qui utilise des cors de basset car il connaît bien les musiciens et sait qu'ils vont jouer juste, Stravinski qui modifie au dernier moment une partie de basson lorsqu'il s'aperçoit, lors d'une première répétition, que son bassoniste est particulièrement doué ou tout simplement un producteur qui demande à Ivan Jullien de supprimer une section entière d'instrumentistes par économie (le phénomène économique n'est pas récent et déjà Mozart devait se renseigner sur le nombre d'instrumentistes qu'il aurait à sa disposition).
Les droits de redevances
Au Québec, un arrangeur ne reçoit aucun droit de redevance sur une œuvre musicale, à moins que son contrat en indique le contraire, suivant les lois canadiennes sur les droits d'auteurs. Il faut d'emblée comprendre que l'arrangeur musical ne travaille en rien à la conception initiale de l'œuvre ; il n'a ni écrit les paroles, ni les partitions. L'arrangeur est donc un employé qui travaille à disposer les instruments ou la voix de manière harmonieuse, selon les partitions du compositeur ou les paroles de l'auteur. De nos jours, les arrangeurs se retrouvent souvent en studio et procèdent à l'orchestration des instruments analogiques, ou accompagnent la composition à l'aide d'échantillons sonores et d'instruments numériques.
Certains arrangeurs ajoutent des notes à la composition, comme c'est le cas dans le jazz entre autres, où l'on ajoute des notes aux percussions et intègre des solos, mais les droits demeurent au compositeur initial de l'air de la chanson; à celui qui possède la propriété intellectuelle de l'œuvre, l'ayant droit d'une œuvre de l'esprit.
L'arrangeur n'obtiendra donc des droits que s'il achète les droits initiaux de la composition et en crée une tout autre œuvre, ou que si son contrat d'arrangeur pour une production le stipule. Selon la définition du Petit Robert, il s'agit d'une personne qui arrange une composition pour d'autres instruments. La distribution des redevances sur les droits est administrée par la SOCAN, qui indique que dès qu'une œuvre musicale est jouée en public comme à la radio, en concert, à la télévision, sur internet ou n'importe quelle voie de communication, ce sont les détenteurs des droits d'auteurs de la pièce qui reçoivent les redevances, ce qui exclut du coup l'arrangeur.
Dans la chanson française
Michel Colombier
Ivan Jullien
Jean-Michel Defaye
Bernard Estardy
Alain Goraguer
André Grassi
Michel Legrand
Paul Mauriat
Jean Musy
Simon Fache
André Popp
François Rauber
Jean-Claude Vannier
Jean Bouchéty
Sources
Jean-Michel Bruguière, Droit des propriétés intellectuelles, Paris, Ellipse, 2011, 180 p.
Le Petit Robert 2014, Paris, SEJER, 2013, 2838 p.
Débat entre Jean-Michel Bruguière et Christophe Geiger sur canal-u.tv. Consulté le 27 septembre 2013. [vidéo]
(fr) Gouvernement du Canada. Loi sur le droit d'auteur (L.R.C. {1985}, ch. C-42 sur lois-laws.justice.gc.ca. Consulté le 27 septembre 2013
(fr) Distribution des redevances sur socan.ca. Consulté le 27 septembre 2013 [PDF]
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Composition musicale
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