Le protectionnisme est une politique économique interventionniste menée par un État ou un groupe d'États, consistant à protéger ses producteurs contre la concurrence des producteurs étrangers. Les buts peuvent être le maintien de l'emploi dans certains secteurs d'activité, la diminution du déficit commercial, ou la défense du niveau de vie. Les mesures protectionnistes consistent essentiellement à freiner les importations (barrières douanières, normes contraignantes, freins administratifs...), encourager les exportations (subventions diverses, incitations fiscales, dévaluation, dumping comme le « protectionnisme offensif »), privilégier les entreprises nationales dans les appels d'offres de marchés publics, ou empêcher les investisseurs étrangers de prendre le contrôle d'entreprises nationales.
Des Institutions internationales comme le GATT puis l'OMC ont été créés pour abaisser les barrières protectionnistes et en limiter autant que possible l'usage.
Conséquences et justifications du protectionnisme
Aspects positifs
Les activités économiques protégées peuvent s'abstraire au moins en partie des pressions et contraintes de toutes natures en provenance du contexte concurrentiel. Elles bénéficient de ce fait d'une plus grande liberté de manœuvre et d'une plus grande certitude concernant leur rentabilité et développement futur .
Le protectionnisme apparaît comme le moyen nécessaire pour protéger en particulier les activités ou industries naissantes : L'économiste Friedrich List au XIX° siècle a défendu les bienfaits d'un « protectionnisme éducateur ».
Les États (même libéraux) ayant recours au protectionnisme (États-Unis, Japon, Angleterre du XV au XVIII siècle) invoquent une concurrence déloyale ou des pratiques de dumping.
«Dumping environnemental» lorsque la réglementation environnementale est moins contraignante qu'ailleurs. C'est, en partie, pour cela que de nombreuses entreprises occidentales implantent leurs activités polluantes dans les pays émergents. «Dumping fiscal» qui consiste, pour un État, à imposer faiblement (c'est-à-dire plus faiblement que ce que font les autres pays) les sociétés et les personnes présentes sur son territoire. Exemples : Le taux d'imposition des entreprises est de zéro en Estonie et de 12 % en Irlande. En 2006, la moyenne du taux d'imposition des entreprises dans les pays de l'OCDE était de 28,6 %. Les paradis fiscaux profitent de leurs politiques de dumping fiscal. « Dumping social » lorsqu'un gouvernement réduit (ou supprime) les cotisations sociales, ou bien que les autorités d'un pays conservent des normes sociales très basses (par exemple, en Chine, la réglementation du travail est moins contraignante pour les employeurs que des réglementations en vigueur ailleurs).
Certains États - en position conjoncturelle ou structurelle fortement défavorable - revendiquent clairement le protectionnisme pour limiter les effets de la mondialisation : délocalisation, tassement des salaires.
Aspects négatifs
Selon le journaliste économique français Éric Le Boucher, « le protectionnisme n'est pas une solution contre la chute des emplois industriels », et notant qu'il a fait perdre 2 millions d'emplois en France dans les trente dernières années. Contrairement au régime de libre-échange, Il fait baisser la variété des produits offerts à la consommations et empêche le pays d'acquérir son importance commerciale selon le principe d'avantage comparatif, car les agents économiques ne sont pas incités -en l'absence de pression concurrentielle- à développer au maximum leurs points forts de production.
Selon l'économiste Daniel Cohen, « le protectionnisme aggraverait la crise » et constitue un danger dans la mesure ou si un pays A met en place un protectionnisme à l'import sur un bien d'un pays B, ce pays B peut en retour mettre en place un protectionnisme sur un bien provenant du pays A. Le protectionnisme induit alors un cercle vicieux. L'exemple du bœuf aux hormones américain et du fromage européen illustre ce mécanisme. En effet, depuis 1989, l'Union européenne à mis en place un protectionnisme sur le bœuf aux hormones d'origine américaine, en retour les États-Unis ont mis en place un protectionnisme sur les fromages européens.
Situation d'urgence et Clause de sauvegarde
Lorsqu'un pays considère qu'une de ses productions est gravement menacée, la mise en œuvre de la « clause de sauvegarde » vise à limiter les importations (soit en les interdisant, soit en les taxant fortement) durant une période donnée. Exemple : Fin 2008, l'Inde a décidé de taxer fortement les importations d'acier
L'histoire du protectionnisme
Dans l'histoire de la pensée économique, le libre-échange a longtemps été la règle, et le protectionnisme était perçu comme étant une anomalie nuisible au bon développement de l'économie. Mais à partir du XVI siècle, les pensées économiques vont justifier la légitimité du protectionnisme.
Les mercantilistes
Selon les auteurs mercantilistes, la richesse d'un pays dépend positivement du stock de métaux précieux qu'il possède. La quête de ces ressources, provenant des nouveaux territoires découverts, est comparable à une véritable guerre. Le commerce est considéré comme un jeu à somme nulle : celui qui importe gagne, et celui qui exporte perd. Les États vont donc mettre en place des mesures afin à la fois de capter le maximum de ressources minières provenant du nouveau monde, afin d'en exporter le minimum, car si l'État exporte ses richesses, il les perd même contre toute autre compensation. L'État interdit l'exportation de monnaie du pays ainsi que les métaux précieux (or, argent...), et essaye de faciliter au maximum ses importations (par l'intégration des marchés nationaux par exemple). En France par exemple, l'État va même organiser la production nationale (avec les manufactures de Colbert par exemple).
Le protectionnisme dans la Richesse des Nations
Dans son ouvrage maître, Adam Smith justifie le libre-échange, en développant l'idée que, contrairement à ce qu'affirmaient les mercantilistes, le commerce est synonyme de paix et d'enrichissement mutuel. Toutefois, Smith n'est pas contre l'idée d'instaurer des droits de douane, pour deux cas bien spécifiques : en cas de présence d'industries stratégiques pour la défense nationale et en réaction à des taxations opérées par des pays sur les exportations nationales. Le protectionnisme est donc selon Smith une mesure exceptionnelle, mais qui, en règle générale, nuit au bon fonctionnement de l'économie.
Protectionnisme et libre-échange à l'Époque contemporaine
Selon l'historien économiste Paul Bairoch, avant les années 1840, « le protectionnisme est la règle, le libre-échangisme l'exception » : le décollage industriel de la Grande-Bretagne et de la France au début du XIX siècle bénéficie de fortes barrières douanières, le Zollverein de la Prusse est une union douanière allemande. Depuis la fin des années 1940, l'extension du libre-échange n'a pas totalement éliminé les pratiques protectionnistes.
Quelques mesures utilisées dans le cadre du protectionnisme
Le protectionnisme peut recourir à plusieurs mesures ; on distingue les mesures tarifaires des mesures non tarifaires.
Droits de douane
Imposer des droits de douane consiste à taxer les produits importés afin d'augmenter leur prix, et ainsi de diminuer la quantité achetée par les consommateurs.
Exemples :
En janvier 2009, les États-Unis ont triplé les droits de douane qu'ils appliquent sur le roquefort, tout en portant à 100 % les droits de douane sur d'autres produits européens (chocolats, jus de fruit, légumes, fruits, chewing-gums...).
En décembre 2008, l'Inde a augmenté ses droits de douane sur le soja, le fer et l'acier; pour les porter à 20 %.
Mesures dites non tarifaires
Procédure de Dédouanement
Il s'agit d'alourdir les procédures administratives pour les importations (obligation de remplir des documents administratifs compliqués, longue période de blocage en douane, etc.). Exemple : En 1982, la France a mis en place ce système pour réduire les importations de magnétoscopes en provenance du Japon. Ces derniers devaient être dédouanés à Poitiers.
Normes techniques ou sanitaires
Ces normes correspondent à un cahier des charges (types de traitements autorisés -ou obligatoires- pour les produits agricoles, etc.) qu'un produit doit remplir pour pouvoir être vendu dans un pays. Exemple : L'Union européenne interdit les importations de bœuf aux hormones.
Autres normes professionnelles
Les statuts des professions "protégées" et autres réglementations / normes faisant barrière à l'accès à ces activités, présentées comme apportant des garanties de compétence et rigueur aux utilisateurs, sont des domaines où le corporatisme tend à rejoindre le protectionnisme.
Dans le même ordre d'idée se situe la protection des monopoles de certaines entreprises et institutions publiques.
Quotas
Ils visent à limiter la quantité de produits importés.
Exemples :
Pour la période allant du 15 décembre 2008 au 31 décembre 2010, l'Indonésie a mis en place des « licences d'importations » sur cinq cents produits (électronique, jouets, textiles, certaines denrées alimentaires)
quotas de l'Union européenne sur l'acier ukrainien (supprimés en mai 2008).
l'accord Multifibre (supprimé en 2005) établissait une limite (pour chaque pays et chaque produit) des textiles qui pouvaient être importés dans l'Union européenne. Lorsqu'il fut supprimé en 2005, on a assisté à un forte hausse des importations de textile provenant de Chine, au détriment de celles en provenance de la Tunisie et du Maroc.
Lois limitant les investissements étrangers
Les autorités d'un pays peuvent chercher à protéger certaines activités (considérées comme stratégiques) contre les prises de participation par des investisseurs étrangers.
Exemples :
En 2009, La loi sur investissement Canada (LIC) a subi un certain nombre de modifications importantes prenant effet dès mars 2009. Notamment, La LIC vise notamment à encourager les non-Canadiens à investir au Canada puisque cela contribue à la croissance économique et à la création d’emplois.
En avril 2008, l'Allemagne a adopté une loi qui rend nécessaire une autorisation pour « tout investissement supérieur à 25 % du capital d'une entreprise dans le domaine des "infrastructures stratégiques" et dès lors que l'"intérêt national" est en jeu ».
En avril 2008, la Russie a adopté une loi qui rend nécessaire une autorisation pour « tout investissement supérieur à 25 % du capital des entreprises de quarante-deux "secteurs stratégiques" (nucléaire, pétrole, mines, pêche, édition...) ».
Depuis octobre 2007, une loi promulguée aux États-Unis instaure que « tout achat ou implantation d'entreprise par des fonds étrangers peut être interdit dès lors qu'il "met en cause la sécurité nationale" ».
En 2006, les États-Unis ont interdit que P&O (société propriétaire des ports de Baltimore, Philadelphie et New York) soit rachetée par une entreprise de Dubaï.
Le 30 décembre 2005, la France a décrété qu'une autorisation serait désormais nécessaire « pour tout investissement touchant à l' "intérêt national" dans onze secteurs : défense, produits chimiques, technologies "duales" (pouvant servir au militaire comme au civil), etc. ».
En 2005, les États-Unis ont interdit que la compagnie pétrolière américaine Unocal soit rachetée par le groupe chinois Cnooc.
Manipulation du taux de change
Une monnaie se dévalue, ou subit une dévaluation, lorsque son taux de change se déprécie par rapport à une monnaie de référence, ou un panier de monnaies. Un gouvernement peut intervenir sur le marché des changes en « vendant de la monnaie » pour abaisser la valeur de sa devise. Cela rend les produits moins chers à l'exportation, mais diminue le pouvoir d'achat en augmentant le prix des produits importés (Condition de Marshall-Lerner).
Ainsi la Chine est accusée de maintenir sa monnaie (le yuan) à un niveau artificiellement bas. Tandis que les États-Unis sont accusés de laisser le cours de leur monnaie baisser afin de favoriser le dollar au détriment de l'euro.
Passation de marchés publics
Un pays peut instituer dans les politiques de passation des marchés publics une préférence pour les produits fabriqués localement (ou pour les services des entreprises locales).
Exemple : Les États-Unis ont instauré une clause « acheter américain » (Buy American Act) pour leurs marchés publics.
Subventions
Subventions aux acheteurs
Elles consistent à accorder des facilités financières aux clients (crédits bonifiés, déductions d'impôts, etc.). Exemple : Début 2009, les autorités françaises ont décidé de débloquer 5 milliards d'euros pour les futurs acheteurs d'Airbus.
Exemple : Le gouvernement fédéral du Canada a instauré en janvier 2009 un plan qui permet aux acheteurs d’une première résidence de déduire jusqu’à 5 000 $ de coûts (tant pour les frais juridiques que de mutation) de leurs revenus imposables pour l’année d’achat.
Subventions aux producteurs
Elles visent à donner un avantage (soit sous forme de prêts bonifiés, soit sous forme de dons) aux producteurs nationaux.
Exemple : En 2008 et 2009, les États-Unis et la France ont accordé des aides à leurs constructeurs automobiles.
Exemple : Depuis 2007, les agriculteurs québécois ont reçu environ 1,1 milliard de dollars par année des différents programmes gouvernementaux fédéraux et provinciaux.
Protectionnisme par zones
Selon l'ancien député Bernard Carayon, qui a lancé la politique publique d'intelligence économique en France en 2005, l'Union européenne ne pratique presque pas le protectionnisme en matière de marchés publics : pour ce type de marchés (1000 milliards d'euros par an), le taux d'ouverture européen est de 90 %, alors qu'il n'est que de 32 % aux États-Unis, de 28 % au Japon, et de 0 % dans les « pays émergés ».
États-Unis
Marchés publics
Depuis les années 1930, les États-Unis adoptent une politique systématique consistant à interdire dans les marchés publics les produits qui ne sont pas fabriqués aux États-Unis. Il existe aussi des subventions. Les lois sont :
Buy American Act de 1933 ;
Small Business Act de 1953 pour les petites entreprises (voir aussi pacte PME) ;
Defense Federal Acquisition Regulations Supplement (DFARS) ;
Exceptions sécurité nationale (ALENA, chapitre 10, partie D, article 1018) ;
Amendement Berry (textiles, denrées alimentaires et vêtements non américains) ;
Amendement Byrnes-Tollefson (bateaux non américains) ;
Buy American - transports en commun (subventions de la Federal Transit Administration) ;
Buy American - construction routière (subventions de la Federal Highway Administration) ;
Buy American - aéroports (subventions de la Federal Aviation Administration) ;
Buy American provision dans le cadre du plan de relance de 2009.
Voir : Passation des marchés de l'administration américaine : aide-mémoire des liens relatifs aux obstacles les plus fréquents
En 1989, le groupe Bull a acheté le constructeur de micro-ordinateurs Zenith Data Systems, dans l'espoir d'acquérir le marché des micro-ordinateurs de l'administration américaine, méconnaissant totalement la législation américaine sur les achats publics. Le gouvernement fédéral américain a évidemment répliqué en faisant appel à un autre fournisseur. Cette erreur stratégique a entraîné de lourdes pertes financières pour Bull, qui ont dû être négociées par Bernard Pache auprès de l'Union européenne. Les subventions sont aujourd'hui interdites par l'Union européenne.
Les États-Unis se sont opposés au développement du supersonique Concorde en appliquant des normes sur le bruit (il est vrai que le Concorde était un avion très bruyant).
Advocacy policy
Depuis la fin des années 1980, les États-Unis ont élargi cette politique à des actions plus offensives de soutien cohérent des entreprises américaines à l'exportation. Cette politique est appelée « advocacy policy ». Elle s'appuie sur une organisation spécialisée, l'« advocacy center », et sur l'utilisation de techniques informatiques sophistiquées, en Network Centric (réseau centré) .
Dans la vision des stratèges américains, le monde se répartit en trois zones : les États-Unis conçoivent, l'Asie produit, et l'Europe consomme.
Aujourd'hui les États-Unis cherchent à imposer des normes internationales dans le domaine des technologies de l'information.
Par exemple, la spécification technique ebXML tend à s'imposer dans le monde comme un standard de commerce électronique.
Mesures de rétorsion
La section 301 de la loi américaine générale de 1988 sur le commerce et la compétitivité permet à l'Administration américaine de prendre dans des délais très brefs toute mesure de rétorsion à l'égard des partenaires commerciaux dont les pratiques seraient jugées déloyales.
En 2000, le président George W. Bush a mis en place des mesures protectionnistes sur les importations d'acier pour satisfaire les demandes des grandes entreprises du secteur dont la productivité était insuffisante. Les effets a posteriori semblent avoir été négatifs puisque, si les mesures ont sauvé 3 500 emplois, elles en ont détruit entre 12 000 et 43 000 chez les entreprises qui consomment de l'acier.
Japon
L'un des tarifs douaniers les plus élevés du monde est celui que pratique le Japon sur le riz étranger, taxé à 800 %.
Union européenne
La politique agricole commune a longtemps consisté en versement de subventions agricoles. Cette politique a favorisé l'agriculture intensive, ce qui a eu des conséquences dommageables sur le plan du développement durable.
En France, on invoque quelquefois l'exception culturelle.
Les relations économiques entre l'Union européenne et les États-Unis ont fait l'objet d'un rapport d'information à l'Assemblée nationale en France en 1999.
Voir : Rapport d'information déposé par la délégation de l'Assemblée nationale pour l'Union européenne sur les relations économiques entre l'Union européenne et les États-Unis.
En France
La France n'est pas un pays protectionniste à part entière. Les douanes sont présentes et contrôlent les importations par voie d'eau et d'air, mais ce n'est pas un système extrémiste.
Mais, selon un sondage Ifop, 65 % des français sont pour un système plus avancé du protectionnisme national.
Développements théoriques et points de vue
Le point de vue mercantiliste
Chez les mercantilistes le rôle du commerce extérieur est de permettre le gain monétaire, c'est-à-dire l'afflux d'or. Dans cette optique, les mercantilistes préconisent une politique volontariste de soutien aux exportations via la création de grandes compagnies de commerce ou de grandes manufactures. Au contraire l'État doit tenter de freiner les importations qui sont synonymes de sorties d'or.
Pour Jean-Baptiste Colbert, « les compagnies de commerce sont les armées du roi, et les manufactures sont ses réserves ». L’objectif de ses « armées » est de repousser les « armées » étrangères. Ainsi pour souligner cette haine du commerce étranger, Antoine de Montchrestien déclare :
« Les marchands étrangers sont comme des pompes qui tirent hors du royaume […] la pure substance de nos peuples […] ; ce sont des sangsues qui s’attachent à ce grand corps de la France, tirent son meilleur sang et s’en gorgent »
La logique mercantiliste repose sur l'idée que la richesse n'est fondée que sur le volume détenu de métaux précieux, et que dès lors, ce volume étant défini, le commerce est un jeu à somme nulle. L'enrichissement d'un État par ses exportations ne peut se faire que par l'appauvrissement d'un autre par ses importations.
D'autres tel Friedrich List, considèrent le protectionnisme comme nécessaire à court terme pour amorcer le développement d'une économie. Le libre-échange ne serait alors juste qu'entre pays de puissance économique comparable. Un pays, ayant une fois rattrapé le niveau des autres, pourra passer à un système de libre-échange qui reste l'objectif de long terme. Il explique :
« Le protectionnisme est notre voie, le libre-échange est notre but. »
Ce point de vue fonde son analyse sur plusieurs arguments en faveur de l'insertion internationale dont la protection est bénéfique pour les industries naissantes.
En effet, les industries dans l'enfance (industries naissantes) ne sont pas adaptées au marché international (accoutumance de la main-d’œuvre, niveau de production optimal, tarification optimale…). Pour cela, elles bénéficient d'un « temps d'adaptation » qui vont leur permettre de développer leur compétitivité c’est-à-dire de passer d'un avantage comparatif potentiel à un avantage comparatif réel (au sens de David Ricardo). Les industries naissantes vont donc se protéger de la concurrence internationale afin de développer un système productif en corrélation avec le marché mondial compte tenu de la contrainte de prix et de production extérieure. Pour que la transition soit efficace plusieurs conditions doivent être réunies : le passage d'un avantage comparatif potentiel à un avantage comparatif réel doit être réalisé, la protection doit être temporaire et l'ouverture à la concurrence doit être réalisée au moment opportun c’est-à-dire quand la firme devient compétitive (quand le prix des biens qu’elle fournit sont supérieurs à ses coûts de production =bénéfices). Cette position est critiquée par les libéraux .
Ceci constitue un des arguments au niveau national. D'autres arguments comme celui de l'industrie déclinante, du revenu, de l'emploi ou encore des distorsions internes expliquent la pensée mercantiliste en matière de protectionnisme.
Le protectionnisme a pour effet de diminuer le déplacement des biens dans son ensemble ce qui réduit l'empreinte écologique du transport.
Les points de vue libéraux
Le concept "libéral" doit être analysé en deux branches :
le libéralisme classique issu des enseignements de Léon Walras et plus récemment de ceux de Milton Friedman, dérivé d'une interprétation des écrits d'Adam Smith et de David Ricardo ;
l'ordolibéralisme issu de la pensée de Walter Eucken.
Le premier a été le thème d'une déclaration du Parlement britannique en 1820 qui conduisit, en 1846, alors que les conservateurs ("Tories") étaient majoritaires, à l'abrogation du "Corn Law" (la loi sur le blé) qui protégeait les agriculteurs britanniques. Cette abrogation entraina la ruine de l'agriculture britannique, la baisse violente des prix des denrées alimentaires, la baisse des salaires et l'enrichissement de la "City", mais aussi un sous-investissements dans la recherche et la modernisation de l'industrie (F. William Engdahl, "Pétrole une guerre d'un siècle", Jean-Cyrille Godefroy, France, 2007, p. 17).
À la même époque, le "protectionnisme éducatif" favorisa la création de la Zollverein promue par la Prusse (elle disparaît lorsque l'Allemagne est unifiée en 1870), la modernisation très rapide de ses flottes commerciale et militaire, de ses industries. Le Royaume uni ne récupéra la première place qu'au prix de la défaite militaire allemande.
Les libéraux, depuis Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations d'Adam Smith (1776), ont beaucoup critiqué les théories protectionnistes des mercantilistes. Selon eux, le protectionnisme est une imposture intellectuelle qui ne sert qu'à favoriser des groupes d'intérêt aux dépens du plus grand nombre et du bien public. Lire par exemple les Sophismes économiques de Frédéric Bastiat (1845), dont le septième, la Pétition des fabricants de chandelles.
Pourquoi les libéraux sont-ils opposés au protectionnisme ?
1. Pour des raisons morales : le protectionnisme est l'expression de la loi du plus fort, celle de l'État, qui favorise arbitrairement certains producteurs aux dépens d'autres (étrangers ou non) ;
2. Pour des raisons économiques : contrairement à ce que beaucoup pensent naïvement, le protectionnisme ne profite pas aux pays qui le pratiquent. Son seul effet, résultant de la fermeture du marché, est d'augmenter les coûts des produits dans le pays protectionniste, et ceci au profit de quelques producteurs qui s'enrichissent indûment.
Le commerce international pouvant être vu dans la majorité des situations comme un accord gagnant-gagnant, la mise en place de mesures protectionnistes diminuera le bien-être global. Par exemple, la majorité des historiens économiques considèrent que la Grande Dépression a été aggravée par les mesures protectionnistes mises en place dans les années 1930, comme la loi Hawley-Smoot.
Dans les années 1980, début 1990, des économistes tels que Jagdish Bhagwati ont insisté sur les activités de recherche de rente qu'induisaient les politiques protectionnistes. En effet pour un groupe, il est très tentant d'obtenir de l'État une protection de sorte qu'il puisse soit obtenir des profits plus élevés soit éviter de se mettre au niveau de ses concurrents internationaux. D'une manière générale le protectionnisme est vu, depuis Adam Smith comme favorisant les offreurs au détriment des consommateurs. Enfin, l'alliance entre des groupes de pression forts et l'État a tendance à déplacer les conflits commerciaux du champ économique vers le champ de la souveraineté étatique ce qui peut être potentiellement plus dangereux.
Pour les libéraux, alors que le libre marché est une démocratie de consommateurs, le protectionnisme consiste à faire peser sur le contribuable la protection politique de secteurs économiques défaillants. Défendre le protectionnisme, c'est cautionner la raréfaction autoritaire des marchandises et la hausse artificielle des prix. Cela revient donc à gruger le consommateur, obligé de se contenter de biens et services moins bons ou plus coûteux quand l'accès aux biens ou services qui l'intéressent lui est interdit. Selon eux, les patrons de sociétés qui demandent des aides à l'État ne sont pas de vrais entrepreneurs, mais des confiscateurs de richesses.
Comme toute intervention étatique, le protectionnisme a des effets positifs, mais qui ne concernent qu'une minorité et sont financés par l'impôt ou par les consommateurs, c'est-à-dire par des effets négatifs pesant sur les autres. La propagande étatique montrera les effets positifs (« on protège l'emploi » en achetant « national », on « sauvegarde nos industries », etc.) et dissimulera soigneusement les effets négatifs (renchérissement des biens et services, perte de qualité et de compétitivité, alourdissement de la charge fiscale).
Selon les libéraux, d'un point de vue économique, l'erreur du protectionnisme est de croire qu'il n'y a pas de relation entre importations et exportations, et qu'on peut agir sur les unes, supposées néfastes (les importations), sans conséquence sur les autres, supposées favorables (les exportations). Il n’y a pas d’exemple dans l'histoire d’un pays qui ait été ruiné par le libre échange, alors que le protectionnisme appauvrit tout le monde, tant le pays qui l'instaure que les pays émergents auxquels on refuse ainsi le droit de se développer.
Un des arguments parfois avancés par les partisans du protectionnisme est celui de la symétrie : « notre pays doit se protéger, parce que les autres pays en font autant et protègent leur marché intérieur ». C'est un non sequitur pour les libéraux : si les autres pays décident de renchérir le prix des produits importés par des mesures protectionnistes, ils sont les premiers perdants, et il n'y a aucune raison pour les imiter dans leurs erreurs. Le protectionnisme motivé par des raisons exclusivement politiques (comme le fut le Blocus continental napoléonien de 1806 à 1814) relève d'un masochisme absurde, un jeu perdant-perdant : on est prêt à s'appauvrir en espérant qu'en contrepartie cela appauvrisse également l'ennemi.
Certains libéraux assimilent le protectionnisme à une discrimination : faire du commerce avec les nationaux serait bien, tandis que faire du commerce avec les étrangers serait mal, car cela détruit des emplois nationaux.
Pour les partisans du libre-échange, l'erreur centrale du protectionnisme consiste à faire croire qu'il désavantage les étrangers et profite aux seuls nationaux, et notamment aux entreprises nationales. Or, selon eux, le protectionnisme viole non seulement les droits des consommateurs, mais aussi ceux de nombreux producteurs. Il nuit automatiquement à toutes les entreprises autres que celles qu'il privilégie en amputant le pouvoir d'achat général, et plus directement à celles qui dépendent d'approvisionnements étrangers pour maintenir leur compétitivité, ainsi qu'aux exportateurs qui ont besoin que l'étranger vende dans le pays pour avoir les moyens d'acheter des produits du pays.
Les points de vue altermondialistes
Le mouvement altermondialiste s'oppose à la concurrence internationale entre les travailleurs qu'induit la baisse des tarifs douaniers entre les États (« libre échange »). C'est en ce sens que le mouvement altermondialiste a organisé la protestation contre la conférence ministérielle de l'Organisation Mondiale du Commerce à Seattle le 30 novembre 1999. À la suite de manifestations parfois violentes contre les forces de police, le sommet n'a pu se dérouler normalement. Reste que le mouvement altermondialiste est aujourd'hui traversé d'un débat entre partisans de ce que l'ancien président d'Attac Bernard Cassen a nommé des formes de « protectionnisme altruiste » et des économistes critiques du protectionnisme.
Certains altermondialistes reprennent les théories de l'économiste Friedrich List: les pays développés ont d'abord construit leur industrie en utilisant le protectionnisme, puis une fois leurs économies devenues largement supérieures à celles des pays du tiers monde, ils ont ouvert leurs frontières afin de bénéficier de la réciprocité, qui leur permet de prévenir l'émergence de concurrents et d'acquérir des matières premières à moindre coût. Puisque le tiers monde ne peut pas bénéficier du protectionnisme qui a permis l'émergence des économies puissantes, il est condamné à rester sous-développé.
D'autres altermondialistes préconisent le commerce équitable. Le commerce international n'est alors justifié qu'à la condition de satisfaire les travailleurs des pays en développement et les consommateurs des pays riches. Le commerce équitable préconise l'organisation de la production et du commerce en coopératives.
D'autres enfin préconisent la relocalisation des activités économiques.
Plusieurs altermondialistes considèrent que le protectionnisme des pays riches empêche les pays pauvres de rattraper rapidement leur retard. Ainsi, si toutes les mesures protectionnistes étaient abandonnées, la très grande majorité des industries seraient délocalisées vers les pays pauvres ce qui diminuerait fortement leur taux de chômage et leur permettrait donc d'avoir plus d'argent pour leurs systèmes d'éducation et de santé. D'ailleurs, même si la fin des mesures protectionnistes induirait temporairement une hausse du chômage dans les pays riches à cause du départ de leurs industries, il descendrait par la suite puisque la baisse des prix des produits manufacturés entrainerait une hausse du pouvoir d'achat et donc de la consommation dans le secteur des services, qui lui resterait évidemment local.
Ce raisonnement est d'autant plus infondé que les pays "pauvres" (telle la Côte d'Ivoire) s'entourent de hautes barrières douanières derrière lesquelles végètent quelques maigres industries de substitution. Dans ces pays où règne la démagogie ("Mes chers paysans" d'Houphouët-Boigny), les recettes publiques propres proviennent principalement de la douane, ce qui évite tout débat sur la nature et la pertinence des dépenses publiques. Allant plus loin encore, la Côte d'Ivoire perpétue les "droits de sortie" institués par le colonisateur (arrêté du 22 décembre 1897) avec l'approbation de la Banque mondiale (C. Garrier, "Forêt et institutions ivoiriennes", L'Harmattan, Paris, 2007, p. 150 ; "L'exploitation coloniale des forêts de Côte d'Ivoire - Une spoliation institutionnalisée", L'Harmattan, Paris, 2006, p. 174).
Le point de vue du protectionnisme européen
L'Europe économique issue des traités successifs depuis la création de la CEE à Rome en 1957 a permis de faire aujourd'hui de la zone des 28 un espace économiquement unifié, très intégré, reposant sur une libre circulation des capitaux, des biens, des services et des personnes. La question est maintenant de savoir si un protectionnisme « extérieur » est possible, afin de protéger un marché intérieur de 500 millions de consommateurs.
Les défenseurs de ce projet mettent en avant le taux d'ouverture de 12 % de la zone régionale (88 % du commerce européen se fait avec un membre de l’Union), taux assez faible pour permettre des politiques économiques communes ainsi que des tarifs extérieurs plus protecteurs pour les secteurs en difficultés (délocalisations). Les États-Unis sont paradoxalement l'un des pays le plus protecteur du monde.
Les adversaires d'un tel projet mettent en avant les méfaits du protectionnisme, la remise en cause de la concurrence, le risque de repli des États sur eux-mêmes. Ainsi les États-Unis ont accusé l'Union européenne de renier la signature qu'elle a donnée au General Agreement on Tariffs and Trade (GATT) en créant un marché commun entre les États membres.
Selon eux, le marché auto-élimine les entreprises les moins rentables (cas du textile) qui se délocalisent vers des pays où la main-d'œuvre est moins chère ; les pays dits « développés » sont quant à eux voués à se spécialiser dans des secteurs innovants, à forte « matière grise », et non concurrençables - pour le moment - par les pays émergents.
Une critique plus profonde a été faite par Maurice Allais : pour réussir, une union douanière doit être cohérente, ce qui n'est pas le cas : la crise grecque et la réaction allemande montrent l'écart considérable entre ces économies. Les PECO (pays d'Europe centre et orientale), ex-démocraties populaires, ont importé dans ce qui est devenu l'Union européenne, des économies peu différentes de celles du Tiers-monde, des pratiques gouvernementales incompatibles avec la rigueur morale (un ministre radié pour avoir présentée une thèse faite de copier/coller pris sur Internet, un autre pour n'avoir pas sanctionné les militaires responsable du bombardement de civils en Afghanistan) et financière allemande. Le laisser-emprunter français est déjà hérétique face à ces rigueurs. Le libre échange que condamnent les auteurs français, est l'un des piliers du prétendu "miracle allemand", un autre étant l'implication des syndicats dans la marche des entreprises (à partir de 2000 salariés, la moitié des administrateurs sont élus par les salariés, disposant des mêmes pouvoirs que ceux qui sont élus par les actionnaires ; on est loin de la monarchie absolue française). L'ordolibéralisme issu de la pensée de Walter Eucken, mis en œuvre depuis plus de quarante ans (initialement, par Franz Josef Strauss), n'est pas même enseigné en France. Le protectionnisme de Friedrich List est lui aussi envisageable : le financement des projets de recherche ou la mise en place de branches considérées comme naissantes et donc fragiles pourrait être étudiés. Les secteurs clés (énergie, sécurité, agriculture, écologie) ne peuvent pas être considérés comme de simples secteurs vendables au plus offrant. Peut-être faudrait-il réinsérer l'idée de protection dans certains cas précis. Aujourd'hui, le mot protectionnisme n'est plus en vogue. Il est opposé au libre-échange et par extension au terme libéralisme.
Selon les défenseurs du protectionnisme européen, ce dernier serait une voie pour créer un espace fermé où les entreprises auraient la possibilité de prendre conscience que
les salaires ne sont pas seulement un coût, mais aussi la source du pouvoir d'achat et donc du chiffre d'affaires,
la forte productivité des salariés européens compense fortement leur cout horaire.
Il en résulterait une réindustrialisation, et une baisse du chômage. Cette dernière serait alors à l'origine d'une hausse des salaires par le jeu de l'offre et de la demande. Ce type de théorie est défendue par plusieurs auteurs, dont Emmanuel Todd (qui a depuis abandonné l'idée et penche désormais pour un protectionnisme au niveau national). Ce raisonnement s'applique à la France, non à l'Allemagne qui ne subit que peu les délocalisations. cette dernière bénéficie à l'exportation d'une image qu'elle s'est créée depuis un siècle et demi, la «qualité allemande». C'est ainsi que pour étendre la pénétration de ses appareils photos et caméscope, Sony les dote d'optiques Zeiss ; lorsque Toyota veut mesurer l'image de fiabilité de ses voitures, il les compare avec celles de Mercedes et de BMW ; lorsque Ssangyong lance sa Musso (4x4 haut de gamme), elle la dote d'un moteur Mercedes ; le modèle de luxe Chairman est décliné en trois motorisations Mercedes.
Le point de vue nationaliste
D'autres, proche du nationalisme anti-mondialiste, avancent que les pays développés seraient menacés par les pays émergents et devraient s'en protéger vu que ceux-ci auraient de meilleurs coûts de production dans certains types d'activités. De fait, ces mouvements sont l'expression d'un même mal généré par un libre-échangisme dérégulé, ou loi de la jungle, qui met en concurrence frontale, sans protection, les riches avec les pauvres, les pays développés (qui ont capitalisé une avance technologique et financière) avec les pays émergents (qui profitent de l'ouverture des frontières pour envahir les marchés et plus discrètement les pays en situation de dépendance qui malgré un déficit de leurs échanges peuvent causer du mal à certaines branches agricoles notamment des premiers).
Le point de vue localiste
Pour les partisans de la relocalisation des activités humaines, le protectionnisme doit se penser de la famille à l'unité civilisationnelle : l'Europe. Le protectionnisme n'est pas conçu comme un moyen de protéger un niveau d'organisation humaine en particulier (nation, région, etc.) mais comme un moyen de recentrer l'activité économique sur son objectif premier « satisfaire au besoin de la communauté ». Les Localistes proposent d'appliquer le principe de façon souple et progressive en organisant la taxation concentrique des embauches et des ventes de biens et services. Le parti localiste Maison Commune de Laurent Ozon, seule offre politique clairement positionnée comme Localiste et Protectionniste, se réclame d'un protectionnisme localiste et pragmatique. Notons que le localisme se différencie du protectionnisme par la volonté de ne pas définir de frontière mais plutôt des échelles géographiques.
Controverse sur le rôle du protectionnisme lors de la Grande Dépression de 1929
Pour discréditer les mesures protectionnistes, des partisans du libre-échange proclament que les mesures protectionnistes instaurées après la Grande Dépression de 1929 auraient aggravé la crise économique. Par conséquent, certains prétendent même que ces mesures protectionnistes auraient conduit à la Seconde Guerre mondiale, ainsi qu'à la montée du nazisme et du fascisme. Ce parallèle fallacieux entre protectionnisme et xénophobie étant très souvent repris dans les médias.
Jacques Sapir réfute ces hypothèses en expliquant que « la chute du commerce international a d'autres causes que le protectionnisme ». Il fait remarquer que « la production intérieure des grands pays industrialisés régresse [...] plus vite que le commerce international ne se contracte. Si cette baisse avait été la cause de la dépression que les pays ont connue, on aurait dû voir l'inverse. » De plus, « si la part des exportations de marchandises dans le produit intérieur brut (PIB) passe de 9,8 % à 6,2 % pour les grands pays industrialisés occidentaux de 1929 à 1938, elle était loin, à la veille de la crise, de se trouver à son plus haut niveau, soit les 12,9 % de 1913. »
« Enfin, la chronologie des faits ne correspond pas à la thèse des libres-échangistes […] L'essentiel de la contraction du commerce se joue entre janvier 1930 et juillet 1932, soit avant la mise en place des mesures protectionnistes, voire autarciques, dans certains pays, à l'exception de celles appliquées aux États-Unis dès l'été 1930, mais aux effets très limités. En fait, ce sont les liquidités internationales qui sont la cause de la contraction du commerce. Ces liquidités s'effondrent en 1930 (-35,7 %) et 1931 (-26,7 %). Or, on voit la proportion du tonnage maritime inemployé augmenter rapidement jusqu'à la fin du premier trimestre 1932, puis baisser et se stabiliser. »
Jacques Sapir relève que « la contraction des crédits est une cause majeure de la contraction du commerce ». Une étude du National Bureau of Economic Research met en évidence l'influence prédominante de l'instabilité monétaire (qui entraîna la crise des liquidités internationales) et de la hausse soudaine des coûts de transport dans la diminution du commerce durant les années 1930.
Le « taux d'ouverture » et les rétorsions commerciales
Les interdépendances croissantes entre pays apparaissent comme un obstacle aux politiques protectionnistes. En effet, un pays qui protège son marché domestique s'expose à des répliques douanières de la part de ses partenaires. Ainsi, en cas d'escalade protectionniste, les emplois liés à l'export peuvent être menacés. Cet argument est fréquemment employé par les partisans du libre échange, tels Christian Jacob ou Laurence Parisot. Ceux-ci déclarent que 25 % des emplois français sont directement liés à l'exportation.
Néanmoins, ce chiffre semble volontairement exagéré. En effet, le "taux d'ouverture", qui sert de base à l'argumentaire libre-échangiste n'est pas représentatif de la dépendance réelle d'un pays vis-à-vis de l'export. En outre, les conséquences en termes d'emplois sont très difficiles à estimer.