L'Afrique vue de l'espace.
L’Afrique est un continent couvrant 6 % de la surface terrestre et 20 % de la surface des terres émergées. Sa superficie est de 30 415 873 km avec les îles. Avec plus de 1,1 milliard d'habitants, l'Afrique représente 16 % de la population mondiale en 2014. Le continent est bordé par la mer Méditerranée au nord, le canal de Suez et la mer Rouge au nord-est, l’océan Indien au sud-est et l’océan Atlantique à l’ouest. Depuis l'accession à l'indépendance du Soudan du Sud en 2011, l'Afrique compte 54 États souverains (non inclus la RASD et le Somaliland).
L’Afrique est traversée, presque en son milieu, par l’équateur et présente de nombreux climats : chauds et humides vers l'équateur, chauds et arides le long des tropiques de chaque hémisphère, subtropicaux dans les régions extratropicales, tempérés dans les zones d'altitude. Le continent est caractérisé par le manque de précipitations régulières et d’irrigation. En l'absence de glaciers ou de systèmes montagneux aquifères, il n'existe pas de moyen de régulation naturelle du climat à l’exception des côtes.
Étymologie
L'étymologie de ce nom a fait l'objet de nombreuses hypothèses.
Selon Michèle Fruyt, le terme Africa est apparu dans les langues européennes par l'intermédiaire des Romains qui désignaient ainsi la partie Nord du continent car, en Campanie, africus qualifiait le vent pluvieux provenant de la région de Carthage.
Selon l'hypothèse de Daniel Don Nanjira, le mot latin Africa pourrait provenir soit du nom Afridi, une tribu qui vivait en Afrique du Nord près de Carthage, soit du terme phénicien Afar signifiant « poussière ».
Selon d'autres chercheurs, le mot Afrique provient de la tribu des Banou Ifren (tribu Amazigh), dont l'ancêtre est Ifren, appelée aussi Iforen, Ifuraces ou Afer (terme signifiant également « grotte » ou « caverne » en langue berbère selon Ibn Khaldoun). Ifri, la forme au singulier du mot Ifren, désigne également une divinité amazigh. D'autres encore désignent les Banou Ifren comme étant les habitants de l'ancienne ifrīqīyā إفريقيا qui désignait jadis en arabe l'actuelle Tunisie et que le nom d'Afrique découle de la nomination de la tribu des Banou Ifren. De plus, les Banou Ifren seraient les Ifuraces, tribu qui rassemble les Afar. Les Ifuraces habitaient l'ancienne tripolitaine et sont des Zénètes Berbères, que Corripus a désigné dans son livre par Ifuraces.
Les étymologies antérieures au XX siècle ne sont plus aujourd'hui que des curiosités historiques : Isidore de Séville tirait ce nom du latin aprica (« ensoleillée »), Léon l'Africain invoquait un mot grec fictif a-phrike (« sans froid »).
Longtemps, le terme Afrique n'a servi qu'à désigner la partie de l'Afrique du Nord entourant Carthage, à dominante arabo-berbère, le sud à majorité noire était appelé Éthiopie. Ainsi dans le livre V de son Histoire naturelle, Pline l'Ancien mentionne le fleuve Niger, qu'il nomme Nigris, comme délimitation : « le fleuve Nigris sépare l'Afrique de l'Éthiopie » et mentionne également les « nations éthiopiennes » qui vivent à ses abords.
Géographie
Géographie physique
Reliefs de l'Afrique.
Avec une surface émergée de 30 millions de km, l’Afrique est le troisième continent par sa superficie ; cela représente 6 % de la surface terrestre et 20 % de la surface des terres émergées. Séparé de l'Europe par la mer Méditerranée, il est rattaché à l'Asie à son extrémité nord-est par l'isthme de Suez (traversé par le canal de Suez) sur 163 km. De son extrémité nord, à Ras ben Sakka (37°21' N) en Tunisie, à son extrémité sud, au Cap des Aiguilles (34°51'15" S) en Afrique du Sud, le continent s'étend sur environ 8 000 km. Du Cap-Vert (17°33'22" O), à son extrême ouest, à Ras Hafun (51°27'52" E) en Somalie, à l'extrême est, il s'étend sur 7 400 km.
Ses côtes, peu découpées, sont longues de 26 000 km. L'absence de profondes entailles de sa rive est remarquable ; en effet, par comparaison, l'Europe, qui s'étend sur 10,4 millions de km, soit environ un tiers de la surface de l'Afrique, présente un littoral de 32 000 km, plus long de 6 000 km.
Le Sahara, le plus grand désert d'Afrique et le plus grand désert chaud du monde, couvre à lui seul une superficie de près de 8,6 millions de km. Le Sahel, bande continue de savanes tropicales semi-arides située juste au sud du Sahara, couvre près de 2,7 millions de km. Ainsi les régions hyper-arides, arides et semi-arides d'Afrique du Nord (Sahara et Sahel) couvrent environ un tiers de la superficie totale du continent africain.
Géographie politique
Le plus grand pays d'Afrique par sa superficie, le dixième mondial, est l'Algérie tandis que l'archipel des Seychelles, au large de la côte est de l'Afrique, est le plus petit et le moins peuplé (env. 91 000 hab.). Le plus petit État d'Afrique continentale est la Gambie. Le plus peuplé est le Nigeria (184 millions d'habitants en 2015), au septième rang mondial.
Climats
Climats en Afrique.
Position de la ZCIT en janvier (en bleu) et en juillet (en rouge).
Traversée presque en son milieu par l'équateur, comprise en majeure partie entre les deux tropiques, l'Afrique est un continent chaud, avec une température moyenne supérieure à 21 °C neuf mois sur douze et l'intensité du rayonnement solaire y est constamment forte. Les climats et la végétation qui leur correspond se définissent en fonction des variations pluviométriques plutôt que thermiques.
La pluviométrie est essentiellement dépendante des mouvements atmosphériques se produisant dans la zone de convergence intertropicale (ZCIT). Il s’agit, dans une zone comprise entre les tropiques et l'équateur, d'un mouvement ascendant d'un air humide apporté par les alizés. La montée en altitude rafraîchit l’air et l’humidité est relâchée sous forme de précipitations à hauteur de l'équateur, ce qui détermine des climats humides, climat équatorial au plus près de l'équateur et climat tropical de part et d'autre. L'air asséché converge ensuite vers les tropiques nord et sud, ce qui crée un climat aride à ces endroits, aux alentours des 20 parallèles nord et sud. Cela correspond au Sahara au nord, et au Kalahari au sud. Les déserts et les steppes prévalent également dans la corne de l'Afrique.
Les saisons, alternance entre les saisons sèches et humides, sont liées aux oscillations annuelles de la ZCIT. Ces oscillations sont un phénomène majeur pour le continent car il est dépourvu de chaînes montagneuses d'importance qui pourraient réguler le climat.
Comme la majeure partie du continent est sous l'influence de la ZCIT, il est extrêmement sensible aux perturbations de celle-ci, notamment en Afrique de l'ouest, même lorsque ces perturbations sont faibles. Ainsi, d'une année à l'autre, la saison des pluies peut varier en durée jusqu'à 30 %.
L'allongement de la saison sèche, quand on s'éloigne de l'équateur, caractérise le passage du climat équatorial accompagné de forêt dense au climat tropical, qui s'accompagne de forêts claires, puis de savanes lorsque la saison sèche est intense. Lorsque la saison sèche est largement dominante, la savane prend un caractère semi-aride avec, néanmoins, une saison des pluies intense mais très courte. C'est le cas du Sahel, notamment, où la steppe domine. Ensuite, les déserts apparaissent près des tropiques.
Enfin, le climat méditerranéen caractérise les côtes de l'Afrique du Nord et la pointe sud de l'Afrique du Sud.
Les amplitudes thermiques annuelles et journalières sont faibles en climat humide équatorial et tropical et s'accentuent lorsqu'on s'éloigne de l'équateur. Un facteur influençant l'amplitude thermique, notamment quotidienne, est la proximité des côtes, l'écart augmentant avec l'éloignement de celles-ci ; « au cœur du Sahara, les variations de température entre le jour et la nuit atteignent 20 degrés ».
Le record « officiel » de température est de 55 °C mesuré le 7 juillet 1931 à Kébili, Tunisie.
Environnement
Températures en Afrique 1971-2000.
Prairies
Forêts sempervirentes subtropicales
Forêts sempervirentes méditerranéennes
Forêts de mousson
Déserts arides
Déserts et broussailles xérophytes
Savane aride
Déserts semi-arides
Savanes
Savanes et forêts claires
Forêts décidues sèches tropicales et subtropicales
Forêts décidues humides tropicales et subtropicales
L'Afrique est une mosaïque de climats et de biomes ; deux de ses principales caractéristiques sont, d'une part, qu'il s’agit du continent le plus chaud et le plus sec de la planète et, d'autre part, d'un des endroits au monde les plus sensibles à la variabilité climatique.
Les terres arides représentent 60 % de la surface du continent ; il est donc particulièrement sensible à la pluviométrie et à ses variations qui conditionnent fortement le niveau de production agricole et la biodiversité. En effet, quoique l'eau souterraine soit abondante, la difficulté à l'exploiter fait que l'Afrique est et restera encore longtemps dépendante de l'eau pluviale et de l'eau de surface dont l'exploitation est peu rationalisée ; 20 % seulement du potentiel d'irrigation du Sahel est exploité. La prévalence de l'onchocercose (cécité des rivières) explique sans doute l'absence d'une tradition d'irrigation (à la notable exception du Nil) sur le continent, malgré la présence de fleuves parmi les plus puissants du monde.
La problématique de l’eau conditionne largement les conditions du développement humain. Le stress hydrique, défini par l'ONU comme « une insuffisance d’eau de qualité satisfaisante, pour pouvoir répondre aux besoins humains et environnementaux » concerne, par ses conséquences en termes de sécurité alimentaire et de santé, jusqu'à 300 millions de personnes.
Des conflits, parfois armés, tels celui du Darfour en 2003, ont des causes au moins partiellement liées à l'accès à l'eau ou, plus largement, liées aux changements climatiques.
Même lorsque l'eau n'est pas rare au sens strict, comme en Afrique de l'Ouest, laquelle, globalement, dépasse le volume de 1 700 m d'eau disponible par habitant et par an, seuil retenu pour caractériser le stress hydrique, le contexte de la disponibilité de l'eau rend la région « soudano-sahélienne […] tributaire d’une forte variabilité des précipitations, tant au plan spatial que temporel ». Ce n'est pas l’abondance de la ressource qui est en cause, mais sa variabilité et, par conséquent, la possibilité de l'utiliser au bon endroit et au bon moment.
Autre caractéristique, l'Afrique abrite le second plus grand massif forestier continu du monde, celui du bassin du Congo. Pour l'ensemble du continent, le couvert arboré représente 21,8 % de sa surface quoiqu'avec une répartion très inégale, de zéro pour les déserts à 85 % pour le pays ayant le couvert forestier le plus important. Mais la déforestation est considérée comme la plus grave menace environnementale car les forêts régressent ; l’Afrique a perdu 3,4 millions d’hectares de couvert boisé par an entre 2000 et 2010 même si l'attrition s'est ralentie (la perte était de 4,1 millions d'hectares par an dans les années 1990). L’exploitation commerciale du bois n'est pas nécessairement le plus important ni le plus négatif des facteurs anthropiques, contrairement à certaines idées reçues. La pression démographique, l’extension des villes et l'agriculture itinérante, dont la culture sur brûlis, participent largement à la régression des milieux naturels. La déforestation a, elle aussi, une influence limitative sur le développement humain puisqu'elle est une des principales causes de dégradation des terres. Celle-ci va jusqu'à la désertification, sachant que 63 % de la population d'Afrique subsaharienne et 40 % de celle d'Afrique du nord est rurale et que 90 % des Africains dépendent du bois et de la biomasse pour leurs besoins énergétiques. Cette utilisation massive de combustibles solides est, de plus, une cause notable de morbidité du fait de la pollution de l'air à l'intérieur des habitations qu'elle entraîne.
Un autre aspect environnemental du continent est celui de sa biodiversité, importante (le PNUE qualifie le continent de « paradis de la biodiversité ») mais menacée. Huit des trente-quatre points chauds de biodiversité, zones possédant une grande richesse de biodiversité particulièrement menacée par l'activité humaine, sont situés en Afrique. Trente-quatre pays (sur cinquante-quatre) voient leur biodiversité régresser. Essayant de limiter le phénomène, les pays africains ont créé 1 200 aires protégées, recouvrant 2,5 millions de km(250 millions d'hectares).
L'ensemble se conjugue pour dessiner une situation où le continent, soumis à la « variabilité et aux extrêmes climatiques » est l'un des plus fragiles et des plus en danger. Le « changement climatique va progressivement menacer la croissance économique de l'Afrique et la sécurité des populations » car « le climat de l'Afrique est déjà en train de changer et les impacts se font déjà sentir », aggravant les causes environnementales de l'insécurité alimentaire qui touche déjà le continent.
Histoire
Préhistoire, protohistoire
Lucy, squelette d'Australopithecus afarensis, découvert le 24 novembre 1974 dans la vallée de l'Awash, dans la dépression de l'Afar en Éthiopie.
Naissance de l'espèce humaine
L'Afrique est considérée par la plupart des paléoanthropologistes comme le berceau de l'humanité, où est née l'espèce humaine (Ève mitochondriale). Dans le courant du XX siècle, les anthropologues découvrent un grand nombre de fossiles et de preuves d'une occupation par des hominidés précurseurs de l'être humain, datés, par datation radiométrique, de 7 millions d'années avant le présent pour l'espèce Sahelanthropus tchadensis (fossile Toumaï), de 6 millions d'années pour Orrorin tugenensis, de 4 millions d'années pour le fossile Ardi de l'espèce Ardipithecus ramidus, de 3,9 à 3,0 millions d'années pour l'Australopithecus afarensis, de 2,3–1,4 millions d'années avant le présent pour Paranthropus boisei et d'environ 1,9 million–600 000 ans avant le présent en ce qui concerne Homo ergaster.
Après l'évolution d'homo sapiens, il y a environ 200 à 100 000 ans, le continent est principalement peuplé par des groupes de chasseurs-cueilleurs. Selon la théorie de l'« origine africaine de l'homme moderne » (Out of Africa), ces premiers humains modernes quittent l'Afrique et peuplent le reste du monde entre 80 à 50 000 ans avant le présent. Ils auraient quitté le continent en traversant la mer Rouge via le Bab-el-Mandeb, le détroit de Gibraltar et l'isthme de Suez.
Des migrations de ces humains modernes, à l'intérieur du continent, datent des mêmes époques, avec des traces de peuplement humain précoce en Afrique australe, Afrique du Nord et au Sahara.
Hiatus géographique
La taille du Sahara a considérablement varié au fil du temps, essentiellement du fait des conditions climatiques. À la fin de la glaciation qui a lieu aux alentours de 8 500 ans av. J.-C., le Sahara était redevenu un territoire vert et fertile. On trouve, dans le Tassili n'Ajjer, des peintures rupestres, datant d'environ 8 000 ans av. J.-C., représentant un Sahara fertile et largement peuplé. Plus tard, l'échauffement et l'assèchement du climat, vers 5000 av. J.-C., font que le Sahara devient de plus en plus chaud et hostile. Par une évolution lente s'étirant jusqu'aux alentours de 3900 av. J.-C., le Sahara connaît une période de désertification rapide. Une récession climatique importante se produit, entraînant une diminution des pluies en Afrique de l'est et du centre. Depuis cette époque, ce sont des conditions sèches qui prédominent en Afrique de l’est. Le Sahara devient un « hiatus climatique […] qui joue un rôle capital dans le cloisonnement géographique d'une grande partie de l'Afrique ». Cela réduit la quantité de terres propices au peuplement et provoque des migrations des communautés agricoles vers le climat plus tropical de l'Afrique de l'Ouest et vers la vallée du Nil, en-dessous de la seconde cataracte, où s'établissent des implantations permanentes ou semi-permanentes. Cette émigration a permis l'émergence de sociétés complexes et hautement organisées durant le IV millénaire av. J.-C., comme en témoigne le site de Nabta Playa. Ce hiatus climatique est un obstacle à la circulation nord-sud ; Pierre Gourou parle de « hiatus isolant ». La vallée du Nil devient le couloir privilégié de circulation et l'Égypte suit un processus de développement distinct du reste de l'Afrique.
Domestication du bétail et agriculture
La domestication du bétail en Afrique précède l’agriculture et existe parallèlement aux cultures de chasseurs-cueilleurs ; ainsi le bœuf est-il domestiqué depuis 7 500 à 6 000 ans av. J.-C. en Afrique du nord. Dans l'aire nilo-saharienne, de nombreux animaux sont domestiqués, dont l'âne.
L'agriculture apparaît selon un processus complexe et multipolaire vers 6 000 ans av. J.-C. Il s'agit d'abord d'une adoption par l'Égypte de plantes venant du sud-ouest asiatique ; ensuite, vers 2 000 ans av. J.-C., il s’agit d'une agriculture autochtone avec la domestication du mil, du riz africain, de l'igname et du sorgho.
Organisation des habitats humains
Des entités politiques notables s'établissent dès avant la période historique.
Ainsi, le site de Nabta Playa, à l'ouest du Nil, dans le désert de Nubie, est peuplé, quoique de manière saisonnière, depuis le IX millénaire av. J.-C. jusqu'au I millénaire av. J.-C. La cuvette où il est situé était, à ce moment, beaucoup plus arrosée et fertile. Le site comporte un important champ mégalithique à vocation astronomique, daté de 6000 à 6500 av. J.-C. Les populations, qui pratiquent l'élevage, présentent des signes d'une organisation d'un niveau élevé, plus que celui de l'Égypte à la même époque. On retiendra comme exemples des constructions en pierre, au-dessus et en-dessous du niveau du sol, des villages construits selon des plans établis à l'avance et des puits profonds, capables de retenir l'eau tout au long de l'année ainsi, bien évidemment, que les connaissances, notamment astronomiques, nécessaires à la construction des mégalithes.
Un peu plus tard, contemporaine de Nabta Playa entre -3 800 et -3 000 ans, la culture de Nagada (période prédynastique égyptienne), voit apparaître les premiers hiéroglyphes à Abydos. Les tablettes d'Abydos permettent d'attester l’existence d'une organisation politique en royaume ; elles évoquent le roi Scorpion I qui aurait régné vers 3200 av. J.-C. sur l'ensemble de l'Égypte, voire au-delà.
Apparition et généralisation du travail du fer
Aux alentours du I millénaire av. J.-C., le travail du fer, apparu sur le continent au III millénaire av. J.-C., se répand rapidement en Afrique du nord et dans la partie septentrionale de l'Afrique subsaharienne. Vers 700 av. J.-C., le travail du fer est monnaie courante en Afrique de l'ouest. Des objets en cuivre, datant de 500 av. J.-C., provenant d'Égypte, d'Afrique du Nord, de Nubie et d'Éthiopie ont été découverts en Afrique de l'ouest, suggérant l’existence d'un commerce transsaharien à cette époque.
Civilisations anciennes
Synoptique des civilisations anciennes en Afrique
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Aire nilotique et premières civilisations subsahariennes
Aire géographique de la culture de Nok.
Le Royaume de Koush à sa plus grande extension (env. 700 av. J.-C.)
Vers 3250 ans av. J.-C. s'ouvre l'ère historique avec l'émergence de l'écriture dans la civilisation pharaonique de l'ancienne Égypte. Cette émergence est probablement liée à la forte concentration de population ainsi qu'au degré d'organisation politique qui en découlait. À cette époque, les autres zones de peuplement du continent sont beaucoup moins denses, ce qui n’entraine pas les mêmes besoins en matière d'organisation sociale.
La civilisation égyptienne est l'une des plus anciennes et les plus durables, elle perdure jusqu'en 343 ap. J.-C. L'influence égyptienne s'est fait profondément sentir dans la Libye moderne, au nord de la Crète et de Canaan et, au sud, dans les royaumes, qui lui furent contemporains, de Koush (Nubie) et d'Aksoum (actuelle Éthiopie) notamment.
Au moment où l'Égypte atteint son apogée, vers 1500 av. J.-C., plus au sud, dans l'actuel Nigeria, se développe la culture de Nok, l'une des plus anciennes cultures d'Afrique subsaharienne. Elle est connue pour son art des poteries en terre cuite, mais aussi parce qu'elle atteste de l'utilisation conjointe d'outils lithiques (Late Stone Age) et d'outils en fer, situation représentative de la transition vers l'âge de fer dans cette région. Elle disparaît de manière brutale peu de temps après les débuts de l’ère chrétienne, vers 200 ou 300 ap. J.-C. Elle a cependant eu une descendance, notamment artistique, au travers par exemple de la civilisation d'Ife, dont la ville éponyme est peuplée dès le VI siècle av. J.-C.
Migrations bantoues
Origine et diffusion des langues bantoues, d'env. 1000 av. J.-C. à 500 ap. J.-C.
Aire des langues bantoues.
Tandis que prospèrent et se développent les civilisations de l'aire nilotique, vers 2000 av. J.-C. ou 1500 av. J.-C., commence la première migration bantoue vers les forêts tropicales d’Afrique centrale, à partir d'une localisation située au sud-est du Nigeria et du Cameroun actuels. Il s'agit probablement d'un effet de la pression démographique des populations du Sahara qui fuient l’avancée du désert. La seconde phase de migration, environ mille ans plus tard, vers -1000, les amène jusqu’en Afrique australe et orientale. Les bantous, éleveurs et semi-nomades, dans leur mouvement vers le sud, se métissent et s’affrontent aux populations locales de chasseurs-cueilleurs, jusqu'à atteindre l'aire des locuteurs khoïsan, en Afrique australe. Ces évènements expliquent la carte ethno-linguistique de l'Afrique actuelle.
Phéniciens, grecs, perses, romains
Le nord de l’Afrique, dans l'aire d'influence méditerranéenne, est exploré depuis l’antiquité, par les phéniciens, les grecs et les romains qui y établiront de nombreux comptoirs et, pour les derniers, finiront par le conquérir et l'intégrer dans leur empire.
Sur la côte, la cité-état d'Utique (située dans l'actuelle Tunisie) est fondée par les phéniciens en 1100 av. J.-C. ; Carthage, base d'une civilisation importante sur la côte nord, est fondée par des colons phéniciens de Tyr, en 814 av. J.-C ; Utique est, plus tard, absorbée par Carthage au fil du développement de cette dernière. Cyrène, en actuelle Libye, est fondée en **4 av. J.-C. par les grecs. Elle deviendra le centre politique de la Cyrénaïque qui finira englobée dans l'Égypte ptolémaïque (dynastie des Lagides). En 332 av. J.-C., Alexandre le Grand est reçu comme un libérateur par l'Égypte, alors occupée par les Perses. Il fonde Alexandrie, qui deviendra la prospère capitale du royaume ptolémaïque.
La prospérité de la civilisation carthaginoise repose sur le commerce méditerranéen, mais aussi sur celui avec l'intérieur de l'Afrique, avec notamment les villes de Sabratha et de Leptis Magna (en actuelle Libye), situées au débouché des pistes transahariennes. Du point de vue de l'organisation sociale et politique, Carthage ne forme pas un « empire » aussi solide et structuré que celui des romains, ce qui expliquerait sa défaite.
Progressivement, à partir de 146 av. J.-C., après la victoire de Rome sur Carthage à l'issue des Guerres puniques, toute la côte nord du continent est incorporée dans l'Empire romain.
Civilisations anciennes au sud du Sahara
Art préhistorique de Tsodilo, Botswana, env. 2000 av. J.-C.
En Afrique subsaharienne, les habitats humains s'établissent et se structurent notamment en fonction de critères géographiques. Les zones de savanes donnent naissance à des organisations qui, partant de la chefferie, croissent jusqu'à devenir des État-nations voire des empires. Les habitats des zones de forêt dense sont plus petits et plus isolés. Certaines de ces zones ont d'ailleurs joué le rôle de refuges pour les populations chassées par les États en expansion : « Les savanes africaines ont donc joué un rôle bénéfique en favorisant, en Afrique, les conditions préliminaires à la naissance des États. [...] le corollaire de l’apparition des États dans les zones de savanes a été l’éparpillement des groupes plus faibles, moins bien organisés, dans des environnements répulsifs : zones montagneuses escarpées ; déserts ; forêts épaisses. »
Malgré le hiatus du désert, le nord et le sud du continent ne sont pas totalement isolés et leur développement respectif est, en partie, lié. Une forme de commerce transsaharien est attestée depuis, au moins, l'époque de la civilisation carthaginoise ; à l'époque historique, il utilise le dromadaire, animal mieux adapté aux conditions climatiques que le cheval. L'Afrique subsaharienne fournit ainsi au monde antique, via les commerçants carthaginois, les plumes d'autruche, l'ivoire et les esclaves. Aux deux extrémités des routes de ce commerce, à 2 000 kilomètres de distance, Carthage et les premiers royaumes africains prospèrent simultanément, connaissant croissance démographique et développement agricole. Mais les échanges ne sont pas seulement transsahariens, le commerce transcontinental et intercontinental du cuivre, du fer, de l'or ainsi que celui du sel est la base du développement économique et démographique de l'Afrique subsaharienne.
Empires
Frise chronologique
Les périodes indiquées sont données à titre d'illustration graphique et sont donc approximatives.
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Conquête arabe du nord de l'Afrique
En Afrique du nord, après une courte occupation Vandale (439 à 534) puis une emprise Byzantine (Exarchat de Carthage, env. 590-**2), la conquête arabe commence au début du VII siècle sous le règne de la dynastie Omeyyades : « En 639, les Arabes prennent pied en Afrique, sept ans seulement après la mort du Prophète. » En **, alors qu'ils viennent de conquérir l'Égypte, ils y fondent la ville d'Al-Fustât (aujourd'hui Le Caire) et construisent la première mosquée d'Afrique. En 670, le général arabe Oqba Ibn Nafi Al Fihri établit son camp sur l'emplacement de ce qui deviendra la ville de Kairouan (actuelle Tunisie), où commence, la même année, la construction de la Grande Mosquée de Kairouan. Malgré de nombreuses résistances, particulièrement celle des autochtones Berbères (avec les figures historiques de Koceila et Kahena notamment), et celle des royaumes de Nubie, christianisés depuis le vi siècle, l'arabisation et l'islamisation du Maghreb progressent rapidement.
Carte de l'empire du Ghana à son apogée
Au moment où les arabes conquièrent l'Afrique du Nord, grâce au commerce de l'or et du sel, la plus puissante et la plus riche entité politique au sud du Sahara est l'empire du Ghana. L'influence de l'Islam s'y fait rapidement sentir ; les commerçants sont majoritairement musulmans et il se crée une élite politique islamisée autour d'un roi resté cependant, comme sa population, animiste.
La zone du fleuve Sénégal, où domine le royaume de Tekrour, est en partie islamisé dès le vii siècle et le sera plus massivement au ix siècle ; le royaume du Kanem, qui deviendra le royaume du Kanem-Bornou au xii siècle, établi depuis le viii siècle au nord de l’actuel Tchad, est islamisé dès le ix siècle. Les Songhai, métissés avec des berbères qui fuyaient l'avancée arabe, s'installent au début du VII siècle le long des rives du Niger ; ils fondent un petit royaume, islamisé au ix siècle, qui deviendra le puissant Empire songhaï (dont l'apogée se situera aux XVetXVI siècles).
La côte est du continent, baignée par l'océan indien, est depuis longtemps — au moins le début du I siècle, comme l'atteste Le Périple de la mer Erythrée — tournée vers l'Arabie et, au-delà, l'Inde et la Chine ainsi que vers l'Europe. Au moment du développement de l'islam, la culture swahilie, métissage culturel entre l'Afrique et le monde arabo-musulman se déploie concomitamment ; l'islamisation de la zone est attestée dès le viii siècle, des cités commerçantes musulmanes sont fondées ou développées. Mais « les marchands musulmans limitèrent leurs activités aux établissements côtiers, l’intérieur des terres échappant aux influences islamiques. »
L'islamisation de l'Afrique subsaharienne est essentiellement pacifique et, pour une part, superficielle. Il s'agit d'une acculturation et pas d'une colonisation ou d'une conquête. La propagation de la religion est d'ailleurs le fait des africains subsahariens eux-mêmes (Haoussas, Peuls, Dioulas), qui répandent la religion tout en commerçant. On utilise parfois le terme d'« islam de cour » pour parler des élites musulmanes du commerce, de la science et de la politique qui cohabitent avec les populations restées largement animistes.
Au sud du Sahel
Plus au sud, dans une région peuplée dès le vi siècle av. J.-C., correspondant au sud-ouest de l'actuel Nigeria, la civilisation d'Ife (ou Ifé), se développe autour de la ville éponyme, laquelle devient une cité importante à partir du ix siècle et jusqu'au xii siècle. Elle restera un centre artistique majeur jusqu'au xiv siècle.
Encore plus au sud, dans la région des actuels Zimbabwe et Mozambique, les bantous, arrivés dans la zone vers 500 ap. J.-C., chassant devant eux les autochtones San, construisent, entre le Xi et le xiii siècle, le Grand Zimbabwe, capitale de l’empire Monomotapa, renommé, voire mythique, grâce à son or. Il atteint son apogée au xv siècle. Les Portugais essaient de dominer l'empire dès le xvi siècle, attirés par l'or, mais ils n'y parviennent qu'en 1629 ; le Monomotapa de cette époque a déjà fortement décliné, ses sources d'or tendent à s'épuiser et le commerce des esclaves est passé sous la domination des états côtiers et insulaires de la côte est.
Poussée berbero-musulmane
Au xi siècle, l'expansion de l'islam en Afrique connaît une deuxième phase, plus guerrière, car justifiée par le Djihad, lorsque les berbères islamisés de la dynastie Almoravide partent à la conquête du continent, vers le nord et le sud. Au nord, ils fondent Marrakech vers 1062, prennent Fès en 1075 et Tlemcen en 1080. Au sud, ils s'emparent, en 1076, à l'issue d'une « expédition sanglante, ponctuée partout de pillages, de massacres et de chasses à l'homme », de la capitale de l'empire du Ghana, Koumbi Saleh, avec l'aide du royaume de Tekrour ; le roi du Ghana se convertit à l'islam.
L'influence de l'islam ne dépasse pas, dans son expansion vers le sud, le 10 parallèle nord, où commence la grande forêt équatoriale, difficile à franchir et peu propice au peuplement dense. On attribue aussi parfois un rôle à la mouche tsé-tsé, vecteur de la maladie du sommeil, dangereuse pour les chevaux des cavaliers arabes. Mais l'arrêt de l’expansion géographique s’explique aussi par le souci qu'ont les successeurs d'Abu Bakr Ibn Omar, le vainqueur de l'empire du Ghana, de consolider les possessions Almoravides en Afrique et ailleurs.
Lorsqu'au xii siècle les Almohades succèdent aux Almoravides, la carte de l'islam en Afrique est fixée ; il occupe tout le nord du continent jusqu'à la frontière septentrionale de la forêt tropicale ainsi que la zone côtière Est.
Traite intra-africaine et traite arabe
Itinéraires de traite en Afrique au Moyen Âge.
À l'instar d'autres organisations sociales de la même époque, les communautés africaines sont inégalitaires et fondées sur le servage, l’esclavage et un système de castes en lien avec les métiers (castes de forgerons, tisserands, griots…) La traite esclavagiste existe depuis longtemps en Afrique : « Ce sont les guerres, nombreuses entre peuples voisins, qui furent les principales pourvoyeuses de prisonniers (et de femmes) incorporés en qualité d'esclaves à la société victorieuse. » Avec la poussée islamique, le commerce transsaharien s'intensifie, faisant circuler entre le nord et le sud du continent, l'or, le sel et les esclaves. Ces derniers forment une part importante des caravanes. La traite arabe prend une dimension supplémentaire en accentuant, outre la traite intra-africaine, un trafic intercontinental soutenu, longtemps avant les européens. C'est ainsi, par exemple, que la côte est de l'Afrique alimente l'Inde et la Chine en esclaves noirs depuis au moins le ix siècle. La traite arabe a concerné environ dix-sept millions de personnes déportées.
Trois grands empires
Ghana
Le premier des trois grands empires subsahariens, l'Empire du Ghana, puissant au moment de l'islamisation de l'Afrique, est affaibli par les attaques des Almoravides au xi siècle et commence à décliner. Il est progressivement réduit à son noyau originel, correspondant au Royaume du Ouagadou.
Plusieurs autres royaumes (Royaume de Sosso, Royaume de Diarra…) se partagent la domination de la région contrôlée par le Ghana à son apogée.
Mali
Carte de l'empire du Mali à son apogée au xiv siècle.
Vers 1230, Soundiata Keïta, roi du Mandé, région correspondant à peu près à l'actuel Mali, coalise les Malinkés afin de contrer les attaques du roi du Sosso, Soumaoro Kanté. En 1235, à la bataille de Kirina, il défait son adversaire. Il poursuit ensuite ses conquêtes, reprenant ainsi Koumbi Saleh, ex-capitale de l’empire du Ghana, des mains du roi du Sosso. Il crée le second des trois grands empires, le très riche et puissant empire du Mali, qui est élargi, organisé et géré par ses successeurs.
L'empire du Mali est aussi connu pour la « Charte du Manden », datant de 1222 ou de 1236, correspondant au serment prononcé par Soundiata Keïta à l'occasion de son intronisation. Considéré comme l'un des plus anciens textes relatifs aux droits de l'homme, il s'agit d'un contenu oral, « constitutionnel », relatif aux droits de l'homme et à l'organisation formelle et légale régissant les rapports entre les hommes. Il ne fera l'objet d'une transcription écrite qu'au xx siècle.
Après le règne de Mansa Moussa II (vers 1387), l'empire connaît une période de troubles de succession qui l'affaiblisse ; dans le même temps, les berbères touareg, restés durablement rebelles, lancent des attaques contre les villes de la zone sahélienne, notamment Tombouctou dont ils s'emparent en 1433 ; les portugais, quant à eux, arrivés au début du xv siècle (prise de Ceuta en 1415), commercent avec l'empire ; mais, pour favoriser leur négoce, notamment d'esclaves, ils tendent à soutenir les petites communautés côtières et les poussent à s’émanciper, participant à l'affaiblissement de l'empire.
Songhaï
Carte de l'empire songhaï au XVI siècle.
La domination touarègue dans la zone septentrionale est de courte durée. Sous l'impulsion de Sonni Ali Ber (« Sonni Ali le grand »), considéré comme un grand stratège, le royaume du songhaï, tributaire de l'empire du Mali depuis 1300, met en place une politique de conquêtes territoriales, rompant avec l'économie de razzia qui prévalait jusqu'alors. Il combat et vainc les peuls et les touaregs ; il reprend Tombouctou en 1468. C'est l'avènement du troisième empire, l'empire songhaï, lequel se développe durant le xv siècle et le xvi siècle, la conquête territoriale s'appuyant sur une organisation politique largement inspirée de celle de l'empire du Mali.
Sonni Ali, musulman « de façade », reste fidèle aux traditions songhaïs. À sa mort, le parti musulman l'emporte et l'empire songhaï est dirigé par une dynastie musulmane, la dynastie des Askia, qui porte l'empire à son apogée au xvi siècle. À la fin du xvi siècle, des guerres civiles se conjuguent aux assauts des Saadiens, qui lui contestent la possession des mines de sel de Teghazza, au Sahara, pour affaiblir l'empire. La bataille de Tondibi, perdue contre les Saadiens, le 12 avril 1591, marque la fin de l'empire et son allégeance au sultan du Maroc.
Tableau résumé des principales entités politiques historiques en Afrique
Entités politiques et civilisations africaines les plus notables Nom début fin zone géographique approximative Égypte antique 3000 av. J.-C. -30 actuelle Égypte Culture Nok 1500 av. J.-C. 200 ou 300 ans ap. J.-C. actuel Nigéria Civilisation carthaginoise -814 -146 Côte nord du continent Royaume de Koush (ou Royaume de Nubie) -750 340 actuel Soudan Royaume d'Aksoum I siècle av. J.-C. X siècle actuelle Éthiopie Les trois grands empires Empire du Ghana 300 ap. J.-C. 1240 nord du golfe de Guinée Empire du Mali XI siècle XVII siècle nord du golfe de Guinée Empire Songhai XIV siècle XVI siècle nord du golfe de Guinée Royaume du Kanem-Bornou VIII siècle 1846 nord du Tchad Royaume de Kongo IX siècle ou XII siècle XVIII siècle actuelles République du Congo et République démocratique du Congo Royaume Mossi XI siècle XIX siècle actuel Burkina Faso Ife XII siècle XV siècle actuel Nigeria Empire Djolof XII siècle 1549 actuels Sénégal et Gambie Fédération puis Empire Ashanti XIII siècle XIX siècle actuel Ghana Royaume du Bénin XIII siècle XX siècle actuel Nigeria Empire Monomotapa ou « Empire du Grand Zimbabwe » XI siècle 1629 actuels Zimbabwe et Mozambique Royaume d'Oyo XV siècle XIX siècle sud de l'actuel Nigeria Royaume de Dahomey XVII siècle XIX siècle sud de l'actuel Bénin
Autres entités politiques
D'mt - VIII siècle av. J.-C. - VII siècle av. J.-C. - Érythrée, nord de l'Éthiopie actuelles Afrique romaine - 146 av. J.-C. - 429 - côte nord et nord-est du continent Monoemugi - XVI siècle - XVIII siècle - actuelle Tanzanie Royaume de Loango - XVI siècle - 1885 - actuelle République du Congo Royaume bambara du Kaarta - XVII siècle - 1854 - actuel Mali Royaume bambara de Segou - XVII siècle - 1861 - actuel Mali Royaume Kuba - XVII siècle - XIX siècle - actuelle République démocratique du Congo Royaume zoulou - XVIII siècle - XIX siècle - actuelle Afrique du Sud Empire peul du Macina - XIX siècle - XIX siècle - actuels Mali et Mauritanie
Statues de Ramses II (règne de -1279 à -1213) à Abou Simbel (Égypte).
Pyramides de Méroé (Soudan), (VI siècle av. J.-C.), patrimoine mondial de l'UNESCO.
Ruines Romaines de Tipaza (Algérie), fondée par les Phéniciens vers le v siècle av. J.-C.
Falaise de Bandiagara (Mali), architecture du pays Dogon, habitée dès le iii siècle av. J.-C.
Mosaïque de la Domus Africa de Thysdrus (Tunisie), II siècle.
Obélisque à Aksoum (Éthiopie), III siècle.
Grande Mosquée de Kairouan (Tunisie), construite en 670.
Bronzes d'Igbo-Ukwu (Nigeria), IX siècle.
Ruines du Monument national du Grand Zimbabwe (Zimbabwe), XI au XV siècles.
(en) « Gebel Barkal and the Sites of the Napatan Region », UNESCO World Heritage Centre
Traite atlantique
Marchands d'esclaves à Gorée (v. 1797).
Médaillon officiel de la Société britannique anti-esclavage. L'inscription dit : « Ne suis-je pas un homme et un frère ? » (1795)
Le commerce des esclaves (traite négrière) se développe massivement avec l'arrivée des Portugais, suivis des autres Européens, qui organisent une « traite atlantique », outre la traite intra-africaine qui continue à emprunter les chemins caravaniers et la traite arabe laquelle transite par la Méditerranée (vers l'Europe) et par l'Océan Indien (vers le Moyen-Orient, l'Inde et l'Asie). Cette traite atlantique prend la forme du « commerce triangulaire » en Atlantique nord : les navires venus d'Europe, chargés de marchandises (tissus, armes, alcool…) débarquent sur les côtes, échangent ces produits contre des esclaves qui sont ensuite vendus aux Antilles et en Amérique. Les navires rapportent ensuite, notamment, la mélasse issue de la canne à sucre, destinée à fabriquer le sucre et l'alcool dans les distilleries européennes. Dans l'Atlantique sud, c'est le « commerce en droiture », pratiqué par les Portugais, qui domine ; les navires relient directement les côtes africaines aux côtes américaines et antillaises.
Ce sont les Portugais qui mettent en place la traite au xv siècle. Des esclaves africains, venus d'Arguin (île de l'actuelle Mauritanie), sont vendus dans la ville portugaise de Lagos dès 1444 et « les premiers esclaves noirs sont introduits à Hispaniola dès 1493 ». Les Portugais découvrent les îles du Cap-Vert en 1456 puis celles de Sao Tomé-et-Principe en 1471, désertes à l'époque, s'y installent et commencent à cultiver la canne à sucre grâce à des esclaves venus du continent. Ils instaurent ainsi une économie de plantation rapidement transposée aux colonies américaines ; en 1505, le premier circuit triangulaire se met en place, à destination de Cibao et d'Hispanolia. « Les Portugais furent la première et, pendant cent cinquante ans, la seule nation européenne engagée dans la traite négrière atlantique. » Les circuits sont, dès leurs débuts à la fin du xv siècle, contrôlés et organisés ; le roi du Portugal accorde des droits exclusifs de navigation ou des droits de commercialisation en échange de redevances.
Cette traite atlantique s'accélère lorsque l'exploitation du continent américain par les Européens s'accompagne d'une forte demande de main-d'œuvre pour les plantations de canne à sucre, café, cacao, coton, tabac… qui se développent massivement dans la seconde moitié du xvi siècle. La demande concerne aussi, dans une moindre mesure, l'exploitation des mines d'argent et d'or du Pérou et du Mexique. Les implantations portugaises puis, plus largement, européennes, de la côte ouest-africaine deviennent les plaques tournantes de la traite tandis qu'à l'intérieur du continent de complexes circuits d'échanges s'établissent, la traite atlantique européenne se conjuguant aux circuits antérieurs qui perdurent, ceux de la traite orientale de la côte est et ceux de la traite transsaharienne orientés vers le nord.
Les autres puissances européennes s'engagent dans la traite aux XVIetXVII siècles, impliquant les Français, les Anglais, les Néerlandais et même les Danois et les Suédois. Ces autres nations européennes suivent la même voie que le Portugal, créant des compagnies « à charte » (bénéficiant d'un monopole ou d'un privilège accordé par un État). Cependant, au fil du temps, elles sont progressivement remplacées par des compagnies d'initiatives purement privées ; vers 1720, ces dernières dominent le commerce, profitant de la dérégulation progressive concédée par les gouvernements européens. La place des pays dans la traite fluctue au gré des luttes et des rapports de force entre nations européennes. La fin du XVII siècle est marquée par la domination française, et c'est l'Angleterre qui domine la traite atlantique à son apogée, au xviii siècle.
Les Européens ne pénètrent pas encore à l'intérieur du continent. Implantés sur le littoral, ils commercent avec les ethnies et les royaumes côtiers qui livrent les esclaves capturés à l'intérieur des terres. Des royaumes africains, à la fois guerriers et commerçants, prospèrent ainsi grâce à ce commerce — qui coexiste avec la traite orientale —, tels le Royaume de Dahomey, le Royaume de Kongo, l'Empire ashanti ou le Royaume du Kanem-Bornou, au détriment notamment de l'Afrique intérieure, « objet de razzias incessantes ».
Le nombre d'esclaves déportés depuis l’Afrique au titre de la traite atlantique est évalué à douze millions environ en 400 ans.
Colonisation
Carte de l'Afrique en 1853 d'après P. Rousset, Atlas Achille Meissas et Michelot.
La colonisation effective de l'Afrique est précédée par une période de grandes explorations.
Abolition et fin des traites
Le xviii siècle est en France le siècle des lumières. L'encyclopédie de Diderot et d'Alembert, qui paraît entre 1751 et 1772, propage les idées humanistes. Un peu plus tard se créent en Angleterre, où l'influence de l'intelligentsia française était loin d'être négligeable, des organisations abolitionnistes qui militent contre la traite et l’esclavage telle l'Anti-Slavery Society, établie dans le premier tiers du xix siècle. Ces idées conduisent à une « révolution morale » et à un « élan abolitionniste de l'occident » qui amènent le Danemark à abolir de jure la traite en 1792, suivi par l'Angleterre en 1807, les États-Unis en 1808, la Suède en 1813, la France en 1815 (à l'occasion du congrès de Vienne), l’Espagne et le Portugal en 1817, et le Brésil en 1850 seulement. L'Angleterre, à la pointe du mouvement abolitionniste et « gendarme des mers », s'attache, dès 1807 et surtout à partir de 1833, à faire respecter l'interdiction de la traite dans les eaux ouest-africaines avec plus ou moins de bonheur. La traite atlantique ne s’arrête évidemment pas subitement, elle se poursuit illégalement jusque vers le début du xx siècle. Ainsi, quoique « sérieusement combattu après 1842, le trafic ne disparaît pas des côtes de Loango avant les années 1900. »
Cependant, dans le même temps, les traites arabes et intra-africaines se poursuivent et s’amplifient. La traite intra-africaine augmente même au xix siècle car les cultures d'exportation (huile de palme, arachides, miel, clous de girofle, caoutchouc, coton), utilisatrices de main-d'œuvre servile, se développent dans le cadre du commerce avec les Européens. La traite de la côte orientale profite de la baisse de la traite atlantique ; à la fin du xix siècle le plus important marché négrier du continent est celui de Zanzibar, à l'époque sous contrôle du sultanat d'Oman. Quant à la côte nord de l'Afrique, elle voit les corsaires sévir jusqu'au début du xix siècle. La pénétration européenne fera cesser les traites arabes et intra-africaines qui auront perduré jusqu'aux premières années du xx siècle.
Explorations
L'Afrique a, aujourd'hui encore, la réputation d'être un « continent insalubre », touché par des maladies comme le paludisme (malaria), la filariose, l'onchocercose (cécité des rivières), la trypanosomiase (maladie du sommeil), la lèpre, ou encore la fièvre jaune. Les voyageurs, avant de se risquer à l'exploration, s'entraînent et s'endurcissent. En 1854, la découverte de la quinine contribue à faciliter la conquête et la colonisation de l'Afrique.
À la fin du xviii siècle, l'esprit du moment en Europe, outre l'abolitionnisme, est aussi celui de la curiosité scientifique — qui justifie l’exploration — et celui de l'impérialisme culturel — qui pousse à évangéliser les populations tout en commerçant — ; c'est la « théorie dite des « trois C » [...] [qui] consiste à associer les termes de civilisation, de commerce et de christianisme pour en faire les fondements de l’idéologie coloniale. » À côté des sociétés abolitionnistes, des sociétés d'exploration (l'African Association par exemple, fondée en 1788 en Angleterre) et des sociétés missionnaires (ainsi la Société missionnaire de Londres, créée en 1795) apparaissent à ce moment. Dans les débuts du xix siècle, l'intérieur de l'Afrique reste largement inexploré et les informations géographiques ou ethnographiques concernant le continent sont très anciennes ; lorsque René Caillié part à la découverte de Tombouctou, qu'il atteint en 1828, « les dernières informations concernant la ville dataient du 16° siècle et émanaient des récits de Léon l'Africain. » Sous l'impulsion anglaise, la fin du xviii siècle puis le xixet le début duxx siècle voient donc de grandes expéditions se monter, financées par les sociétés missionnaires, les sociétés d'exploration, les grands journaux et les États. Parallèlement, les missions chrétiennes s'implantent massivement dans tout le continent ; il en existait quelques-unes au début du xix siècle, elles se comptent par dizaines à la fin du même siècle.
Les explorations et les missions n'ont pas que des visées désintéressées, scientifiques et évangélisatrices ; dans les faits, une exploration « précède souvent des prises de possession coloniales. » Notable exemple du phénomène, à la fin du xix siècle, Léopold II de Belgique commandite plusieurs expéditions, dont une menée par l'explorateur Henry Morton Stanley, lequel crée l'État indépendant du Congo, en 1885, qui sera la propriété personnelle du roi.
Domination coloniale
L'Afrique coloniale en 1913.
Allemagne
Belgique
Espagne
France
Grande-Bretagne
Italie
Portugal
États indépendants
En 1880, à l'aube de la colonisation massive, moins de 20 % du continent est aux mains des Européens. Il s’agit, à l'ouest, de zones côtières, tandis que l'Afrique orientale est exempte de présence européenne. Seule l'Afrique australe est significativement occupée, 250 km à l'intérieur des terres ainsi que l'Algérie, conquise par les Français en 1830.
Entre 1880 et 1910, en un laps de temps très court du fait de la supériorité technologique des Européens, « les changements les plus importants, les plus spectaculaires, les plus tragiques » de l'histoire du continent se produisent et la quasi-totalité de son territoire est conquise et occupée par les puissances impérialistes qui instaurent un système colonial. La période après 1910 est essentiellement celle de la consolidation du système.
Ce déferlement entraîne des frictions entre les nations européennes ; c'est notamment le cas pour la zone du Congo où les intérêts belges, portugais et français se confrontent et pour l'Afrique australe, où se combattent Britanniques et Afrikaners. Afin de traiter la situation, les États européens organisent, en l'absence de tout représentant africain, à la fin de 1884 et au début de 1885, la conférence de Berlin qui débouche sur un traité fixant les règles auxquelles les signataires acceptent de se soumettre dans le cadre de leur processus de colonisation. Cela a pour effet d'accélérer la colonisation et donc le déploiement des « 3 C » (commerce, christianisme, civilisation) au nom du « fardeau de l'homme blanc ».
Deux pays échappent au partage de l'Afrique, le Liberia, créé par une société de colonisation américaine en 1822 et ayant proclamé son indépendance le 26 juillet 1847 et l'Éthiopie, État souverain depuis l'Antiquité, qui parvient à repousser la tentative de colonisation des Italiens auxquels elle inflige une défaite à la bataille d'Adoua, le 1 mars 1896. Il s'agit de la première victoire décisive d'un pays africain sur les colonialistes.
Ce que les francophones nomment « partage de l'Afrique », mettant ainsi l'accent sur les conséquences pour le continent, est appelé Scramble for Africa (« la ruée vers l'Afrique ») par les anglophones, qui mettent ainsi en exergue les causes. Ce terme est corrélé avec l'analyse économiste qui avance que cette colonisation est déclenchée par les besoins en matières premières des économies européennes, engagées dans la révolution industrielle et dans le commerce international. Le terme fait aussi référence à la compétition économique que se livrent les nations sur le sol africain. Pour l'acception économiste, inspirée par John Atkinson Hobson, l'impérialisme et la colonisation sont les conséquences de l'exploitation économique pratiquée par les capitalistes et le résultat des rivalités entre les nations.
La plupart des régimes coloniaux mettent fin, de jure, à l'esclavage dans leur zone d'influence — quoique la pratique perdura de facto pendant longtemps encore —, assumant ainsi un rôle de « mission civilisatrice ». C'est un second volet explicatif de la « ruée » : le sentiment de supériorité de l'Europe vis-à-vis de l'Afrique, conforté par les théories du darwinisme et de l'atavisme social ainsi que par la période de la traite négrière, laquelle avait vu la montée du sentiment raciste et l'idée de hiérarchie entre les races (courant de pensée dit racialiste, incarné par exemple par Gobineau, auteur d'un Essai sur l'inégalité des races humaines en 1855), tout cela justifiant d'apporter la civilisation et le christianisme aux peuples du « continent noir », via le « sabre et le goupillon ».
Enfin, le sentiment nationaliste des pays européens joue aussi un rôle, la compétition pour la domination de l'Afrique en étant un des aspects.
L'économie coloniale qui se met en place repose principalement sur deux secteurs : l'extraction minière et la traite de produits agricoles. L'activité commerciale internationalisée (économie de traite) est aux mains des Européens via leurs firmes pratiquant l'import-export, lesquelles disposent du capital nécessaire à l'investissement local.
Plusieurs dispositifs structurent cette économie : l'impôt de capitation, qui contraint les Africains au travail salarié pour le compte des colons afin d’acquitter l'impôt, les plantations obligatoires, l'« abject » travail forcé et le travail migratoire, le déplacement des populations, la saisie des terres, le code de l'indigénat sous ses diverses variantes qui excluent les colonisés du droit commun, l'indirect rule britannique. Cela déstabilise fortement les structures sociales en place ainsi que le système productif, ce qui conduit à la pauvreté, à la sous-alimentation, aux famines et aux épidémies. Ces pratiques, déjà brutales par essence, s’aggravent de répressions sanglantes contre les soulèvements et les résistances. La répression des héréros (1904-1907) est ainsi qualifiée de « premier génocide du xx siècle ». Les pertes humaines sont telles que la démographie du continent en est affectée : « les deux ou trois premières décennies de l’ère coloniale (1880-1910 environ) [...] provoquèrent [...] une forte diminution de la population. »
La Première Guerre mondiale mobilise 1,5 million de combattants africains et, au total, 2,5 millions de personnes sont touchées, d'une manière ou d'une autre, par l'effort de guerre.
La période qui suit, jusqu'à l'aube de la Seconde Guerre mondiale, est qualifiée d'« apogée » [sic] de la colonisation ; les puissances coloniales construisent des routes, des voies ferrées, des écoles et des dispensaires. Néanmoins, « la période 1920-1935 resta une période coloniale dure [...] Lors de la Grande Dépression [1929], il régnait une misère profonde. » L'Afrique s'intègre de plus en plus à l’économie mondiale et le continent bénéficie jusqu'en 1950 environ, date à laquelle culminent les profits des entreprises, de la reprise — interrompue par la Seconde Guerre mondiale — qui suit la crise de 1929.
L'Afrique coloniale, aperçu par nations
État indépendant du Congo (1885 – 1908) puis Congo belge (1908 – 1960) (actuelle République démocratique du Congo)
Ruanda-Urundi (1923 – 1962) (actuels Rwanda et Burundi)
Mauritanie (1902 - 1960)
Sénégal (1887 - 1960)
Soudan français (1892 – 1904 & 1920 – 1959) (actuel Mali)
Guinée française (1891 – 1958) (actuelle Guinée)
Côte d'Ivoire (1893 - 1960)
Colonie du Niger (1922 – 1960) (actuel Niger)
Haute-Volta (1919 – 1932 & 1947 – 1958) (actuel Burkina Faso)
Colonie du Dahomey (1894 – 1958) (actuel Bénin)
Gabon (1886 - 1960)
Congo français (1880 – 1906) (actuelle République du Congo)
Oubangui-Chari (1903 – 1958) (actuelle République centrafricaine)
Tchad (1900 - 1960)
Algérie française (1830 – 1962) (actuelle Algérie)
Protectorat français de Tunisie (1881 – 1956) (actuelle Tunisie)
Protectorat français au Maroc (1912 – 1956) (actuel Maroc)
Côte française des Somalis (1896 – 1967) puis Territoire français des Afars et des Issas (1967 – 1977) (actuel Djibouti)
Colonie de Madagascar (1897 – 1958) (actuelle Madagascar)
Territoire des Comores (1946 – 1975) (actuels Comores)
Kamerun (1884 – 1916) (actuel Cameroun et une petite partie du Nigéria)
Afrique orientale allemande (1885 – 1919) (actuels Rwanda, Burundi et une notable partie de la Tanzanie)
Sud-Ouest africain allemand (1884 - 1915) (actuelle Namibie)
Togoland (1884 - 1916) (actuel Togo et l'est du Ghana)
Libye italienne (1911 - 1943) (actuelle Libye)
Érythrée italienne (1890 – 1936) (actuelle Érythrée)
Somalie italienne (1905 – 1936) (une partie de l'actuelle Somalie)
Angola portugais (1575 – 1975) (actuel Angola) Cabinda (1885 - 1975) (enclave de Cabinda, une des dix-huit provinces de l'actuel Angola)
Cabinda (1885 - 1975) (enclave de Cabinda, une des dix-huit provinces de l'actuel Angola)
Mozambique portugais (1498 – 1972) (actuel Mozambique)
Guinée portugaise (1475 - 1974) (actuelle Guinée-Bissau)
Cap-Vert (1456 - 1975)
Sao Tomé-et-Principe (1471 - 1975) Fort de São João Baptista de Ajudá (1721 - 1961) (actuelle ville de Ouidah, au Bénin)
Fort de São João Baptista de Ajudá (1721 - 1961) (actuelle ville de Ouidah, au Bénin)
Sahara espagnol (1884–1975) (actuel Sahara occidental)
Protectorat espagnol au Maroc (1912 – 1956) (nord de l'actuel Maroc)
Guinée espagnole (1778–1968) (actuel Guinée équatoriale)
Royaume d'Égypte (1882 - 1953) (actuelle Égypte)
Soudan anglo-égyptien (1899 – 1956) (actuel Soudan)
Somalie britannique (1884 – 1960) (partie de l'actuelle Somalie)
Zanzibar (1990 – 1963) (partie de l'actuelle Tanzanie)
Afrique orientale britannique (1895 – 1920) puis Colonie du Kenya (1920 – 1963) (actuel Kenya)
Protectorat de l'Ouganda (1894 – 1962) (actuel Ouganda)
Tanganyika (1919–1961) (partie de l'actuelle Tanzanie)
Bechuanaland (1885 – 1966) (actuel Botswana)
Rhodésie du Sud (1923 - 19**) (actuel Zimbabwe)
Rhodésie du Nord (1911 – 1953) (actuelle Zambie)
Union d'Afrique du Sud (1910 - 1961) (actuelle Afrique du Sud) formée de la fusion de quatre colonies : Colonie du Transvaal (1902 - 1910) Colonie du Cap (1806 - 1910) Colonie du Natal (1843 - 1910) Colonie de la rivière Orange (1900 - 1910)
formée de la fusion de quatre colonies :
Colonie du Transvaal (1902 - 1910)
Colonie du Cap (1806 - 1910)
Colonie du Natal (1843 - 1910)
Colonie de la rivière Orange (1900 - 1910)
Gambie (1894 - 1965)
Sierra Leone (1787 - 1961)
Colonie et Protectorat du Nigeria (1914 - 1960) (actuel Nigeria)
Cameroun britannique (1922 - 1961) (parties des actuels Cameroun et Nigeria)
Côte de l'Or (1821 – 1957) (actuel Ghana)
Nyassaland (1907 - 19**) (actuel Malawi)
Basutoland (1884 – 1966) (actuel Lesotho)
Swaziland (1881 - 1968)
L'Afrique coloniale, aperçu chronologique
Année début Nom du territoire Pays colonisateur 1456 Cap-Vert Portugal 1471 Sao Tomé-et-Principe Portugal 1475 Guinée portugaise Portugal 1498 Mozambique portugais Portugal 1575 Angola portugais Portugal 1778 Guinée espagnole Espagne 1787 Sierra Leone Royaume-Uni 1806 Afrique du Sud Royaume-Uni 1821 Côte de l'Or Royaume-Uni 1830 Algérie française France 1880 Congo français France 1881 Protectorat français de Tunisie France 1881 Swaziland Royaume-Uni 1882 Royaume d'Égypte Royaume-Uni 1884 Kamerun Allemagne 1884 Sud-Ouest africain allemand Allemagne 1884 Togoland Allemagne 1884 Sahara espagnol Espagne 1884 Somalie britannique Royaume-Uni 1884 Protectorat de l'Ouganda Royaume-Uni 1884 Basutoland Royaume-Uni 1885 Afrique orientale allemande Allemagne 1885 Cabinda Portugal 1885 Bechuanaland Royaume-Uni 1886 Gabon France 1887 Sénégal France 1890 Érythrée italienne Italie 1890 Zanzibar Royaume-Uni 1891 Guinée française France 1892 Soudan français France 1893 Côte d'Ivoire France 1894 Colonie du Dahomey France 1894 Gambie Royaume-Uni 1895 Afrique orientale britannique Royaume-Uni 1896 Côte française des Somalis France 1897 Colonie de Madagascar France 1899 Soudan anglo-égyptien Royaume-Uni 1900 Tchad France 1902 Mauritanie France 1903 Oubangui-Chari France 1905 Somalie italienne Italie 1907 Nyassaland Royaume-Uni 1911 Libye italienne Italie 1911 Rhodésie du Nord Royaume-Uni 1912 Protectorat français au Maroc France 1912 Protectorat espagnol au Maroc Espagne 1914 Colonie et Protectorat du Nigeria Royaume-Uni 1919 Haute-Volta France 1919 Tanganyika Royaume-Uni 1922 Colonie du Niger France 1922 Cameroun britannique Royaume-Uni 1923 Rhodésie du Sud Royaume-Uni 1946 Territoire des Comores France
Autonomie politique et indépendances
Fréjus, embarquement pour le front de tirailleurs sénégalais (1915).
Même si l'Éthiopie ne fut jamais colonisée et malgré des indépendances précoces (le Liberia en 1847 et l'Union d'Afrique du Sud en 1910), les prémices de l'émancipation de l'Afrique remontent à la Première Guerre mondiale.
Pour les Européens, ce conflit est l'occasion de côtoyer des « frères d'armes » africains (plus d'un million d'Africains sont mobilisés), ce qui change leur regard sur eux. Le tirailleur sénégalais et le tirailleur algérien voisinent avec le poilu dans le livre des images d'Épinal militaires françaises. Pour les Africains, la guerre permet de rompre avec le rapport déséquilibré du colonisé à son « maître », à tel point, par exemple, qu'en « Guinée, le retour des anciens combattants fut le prélude de grèves, d’émeutes dans les camps de démobilisation et d’une contestation de l’autorité des chefs. » Le traité de Versailles de 1919 dépouille l'Allemagne de ses colonies, que les vainqueurs se partagent, ce qui trace à peu près les frontières de l'Afrique actuelle. Le sentiment anticolonial continue à se développer en Afrique après la guerre, ainsi que, modestement, dans les pays occidentaux. Le président Américain Woodrow Wilson, dans son programme de paix (les Quatorze points de Wilson), rédigé en amont de la conférence de paix de Paris (1919), mentionne explicitement l'auto-détermination des peuples, ce qui inspire et légitime les mouvements anticolonialistes et nationalistes africains. Ces mouvements se font entendre, comme le Wafd, délégation égyptienne qui souhaite participer à la conférence de Paris pour y plaider l'indépendance de l'Égypte et dont les membres sont déportés par les autorités anglaises. Certains obtiennent d'être entendus par la Société des Nations, tel le National Congress of British West Africa, mouvement indépendantiste de la Gold Coast (actuel Ghana), représenté par J. E. Casely Hayford, qui obtient une audition internationale au début des années 1920. Dans le prolongement, les années 1930 voient la montée des formes de résistance et de syndicalisation qui déboucheront ultérieurement sur les indépendances. Cependant, dans le même temps, en 1931, en France, s'organise l'exposition coloniale, symbole de l'unité de la « plus grande France », faisant suite à la British Empire Exhibition de 1924. À cette époque, à l'instar de la France, les métropoles ne sont pas prêtes à se détacher de leurs colonies. Les empires ont permis de gagner la guerre, grâce aux hommes, mobilisés de force, et aux ressources, réquisitionnées pour alimenter les mères-patries. En 1935, l'Italie fasciste décide même d'envahir l'Éthiopie, où elle se maintient jusqu'en 1941, faisant preuve de persistence dans l'idéologie coloniale.
La Seconde Guerre mondiale est un tournant crucial. Durant le conflit, les « coloniaux » s'illustrent à nouveau sur les champs de bataille, mobilisés par centaines de milliers, essentiellement par la France et l'Angleterre. En août 1941, Winston Churchill et Franklin D. Roosevelt, signent la Charte de l'Atlantique, laquelle préfigure la Charte des Nations unies (1945) ; ce faisant, « ils signaient du même coup l’arrêt de mort, pour le restant du xx siècle de l’idée de légitimité du colonialisme. » L'évolution des modes de pensée consécutive à la guerre tend à rendre insupportable l'idée même du colonialisme : « La raison même d’être de la guerre, lutte contre la tyrannie et la conquête, semblait condamner le colonialisme. » L'année 1945, fin de la guerre, est aussi la date du congrès panafricain de Manchester, qui marque le début du panafricanisme militant. L'après-guerre voit des élites africaines, formées aux États-Unis ou en Europe (Julius Nyerere, Jomo Kenyatta, Kwame Nkrumah, Nnamdi Azikiwe…), prendre en main la contestation du modèle colonial, dénoncé comme étant au service exclusif des blancs. Des partis politiques sont créés, tels le Convention People's Party (Gold Coast ou Côte-de-l'Or, actuel Ghana, 1949), le Rassemblement démocratique africain (fédération de partis politiques des colonies françaises, 1947)… dont les dirigeants seront les principaux hommes politiques des futurs États indépendants. Les revendications d'après la Seconde Guerre mondiale sont plus affirmées : les « mouvements, qui réclamaient auparavant un plus grand rôle dans l’administration, en viennent à exiger les rênes du pouvoir. »
L'après-seconde guerre mondiale est aussi le moment où le monde voit les centres de pouvoir se déporter nettement de l'Europe vers les États-Unis et l'URSS. Succédant à la SDN, « l'O.N.U. devint ainsi la tribune de l'anticolonialisme militant. » La tonalité anti-coloniale de sa charte dérive de l'influence de l'URSS, alors qu'aucun pays européen n'est, à ce moment, sur la même ligne politique. Au contraire, les puissances coloniales se raidissent, effrayées, dans le contexte de la guerre froide, par une possible « subversion communiste » (sic), et elles répriment violemment toutes les manifestations politiques (par exemple l'insurrection malgache de 1947 ou celle du Kenya dans les années 1950). Les États-Unis, pour leur part, encouragent discrètement les mouvements indépendantistes, à condition qu'ils n'aient pas partie liée avec le communisme. L'URSS soutient elle aussi les mouvements indépendantistes, en lutte contre « l'impérialisme stade suprême du capitalisme ».
Les années 1950 voient une évolution politique mais aussi l'émergence, en France, du cartiérisme, mouvement de pensée qui expose que les colonies, au lieu d'être source de profit, coûtent cher et qu'il vaut mieux financer la mère-patrie. L'analyse se prolonge par la notion de complexe hollandais, qui entend démontrer que l'abandon des colonies dope l'économie de la métropole, en prenant l'exemple des Pays-Bas, qui perdent leur colonie d'Indonésie à la fin des années 1940 et qui connaissent une forte croissance économique dans les années 1950 grâce à une réorientation des dépenses publiques et de l'investissement.
C'est dans ce contexte que débute le mouvement de décolonisation, que le premier ministre britannique Harold Macmillan appelle en 1960, le « Vent du changement ».
En 1951, l'Italie vaincue est forcée par l'ONU d'accorder l'indépendance à la Libye dont le territoire est occupé par les forces françaises et anglaises. Les protectorats français au Maroc et en Tunisie accèdent à l'indépendance en 1956. L'Afrique subsaharienne suit, avec l'indépendance de la Côte-de-l'Or, devenue Ghana en 1957, début d'une vague d'indépendance, relativement pacifique et négociée, qui dure jusqu'en 1960. À son issue, plus d'une vingtaine de pays ont obtenu leur émancipation politique, dont la majeure partie des colonies françaises. De 1960 à 1965, ce sont essentiellement les possessions britanniques (Nigeria, Tanganyika devenue Tanzanie, Kenya, Ouganda, Rhodésie du nord devenue Zambie) qui sont concernées. Les négociations y sont plus compliquées du fait de la forte présence de colons blancs (Kenya) ou d'une grande diversité ethnique ou religieuse (Nigeria).
Certaines indépendances sont cependant plus arrachées que négociées. Pour l'Algérie, l'indépendance arrive en 1962 après une guerre commencée en 1954, la Rhodésie du sud devenue Rhodésie puis Zimbabwe-Rhodésie puis Zimbabwe, déclare unilatéralement son indépendance en 1965. Les possessions portugaises (Guinée-Bissau, Cap-Vert, São Tomé et Príncipe, Angola et Mozambique) font l'objet de guerres qui ne se terminent qu'avec la fin du régime de Salazar, en 1974 et 1975, date qui est aussi celle à laquelle l'Espagne abandonne le Sahara espagnol (quoique pour un statut contesté). D'autres territoires obtiennent tardivement leur indépendance de pays non européens. La Namibie doit attendre la fin de l'apartheid en Afrique du Sud et l'année 1990 pour devenir indépendante. L'Érythrée, réunie à l'Éthiopie à la fin de la Seconde Guerre mondiale, s'en détache en 1993, à l'issue de trente ans de guerre et le Soudan du Sud fait sécession du Soudan en 2011.
Afrique contemporaine
Carte des États d'Afrique.
Les nouveaux États indépendants ont des tâches urgentes à accomplir ; ne voulant pas se lancer dans une recomposition aventureuse, ils décident de conserver les frontières coloniales que l'OUA, nouvellement créée, décrète intangibles en 1963. Ils font de même avec la langue du colonisateur, idiome commun à des citoyens aux parlers nombreux. La situation diffère cependant en Afrique du Nord, où l'arabe reprend le pas sur la langue du colon ainsi qu'en Afrique de l'Est où le swahili l'emporte.
Les frontières font fi des réalités ethniques et géographiques du continent. L'unité nationale des nouveaux États ne peut donc pas se fonder sur une base ethno-culturelle ou une histoire commune, elle doit plutôt se baser sur des considérations politiques et économiques, constitutives d'un projet commun. Beaucoup de ces pays prennent, de ce fait, le chemin du parti unique, voire de la dictature, les héros de l'indépendance se transformant en despotes tels Sékou Touré, Léopold Sédar Senghor, Léon Mba, Fulbert Youlou, parfois à la suite de putschs comme Gnassingbé Eyadema et Mobutu Sese Seko par exemple ; il s’agit d'imposer à marche forcée une unité à des nations qui en sont dépourvues à l'origine. L'idéologie sert ainsi de vecteur. Certains adoptent une voie « socialiste » ou « marxiste-léniniste », comme l'Algérie, la Tanzanie, le Sénégal, la Guinée, le Mozambique… et les diverses républiques populaires, du Congo, du Bénin… Ailleurs, c'est la religion qui sert à souder l'unité nationale comme en République islamique de Mauritanie.
Ahmed Sékou Touré en 1982.
Léopold Sédar Senghor en 1987.
Léon M'ba en 19**.
Fulbert Youlou en 1963.
Gnassingbé Eyadema en 1983.
Mobutu Sese Seko en 1983.
Kwame Nkrumah en 1961.
Mathieu Kérékou en 2006.
Politiquement, l'idéologie panafricaine, qui inspirait les mouvements de libération en tant que principe unificateur de lutte contre les puissances coloniales, décline après les indépendances malgré la création de l'OUA en 1963. Par ailleurs, dès 1955, l'Afrique était représentée à la conférence de Bandung, fondatrice du mouvement des non-alignés et base de la naissance du concept de tiers-monde. L'« imaginaire identitaire » africain se construit ainsi de manière composite, entre panafricanisme et volonté d'échapper à la logique des blocs de la guerre froide (non-alignement).
Les nouveaux États ne sont cependant pas débarrassés des structures économiques héritées de la colonisation et les liens avec les métropoles ne sont pas rompus. Beaucoup sont signataires d'accords politiques, économiques et militaires, parfois secrets, qui les lient aux anciennes métropoles et la majeure partie des anciennes colonies du Royaume-Uni rejoint le Commonwealth. Les anciennes métropoles entendent conserver ainsi une position privilégiée en échange d'assistance technique et d'aide au développement. De fait, l'immédiat après indépendance est une période dite de « néocolonialisme », concept clé des relations nord-sud à cette époque : les Européens, mais aussi les États-Unis, l'Union soviétique, Cuba, la Chine…, protagonistes de la guerre froide, s'ingèrent largement dans la politique et dans l'économie du continent.
Mine de diamant de Jwaneng au Botswana. « L'Afrique concentre environ 30 % des réserves minérales mondiales ».
Entre 1960 et 1980, le PIB des pays africains triple sans, pour autant, que les conditions de vie des Africains s’améliorent sensiblement. La gestion de l'économie, qu'elle s'appuie sur une idéologie libérale ou socialiste, ne permet pas de « décoloniser » le tissu productif des nouveaux États. L'agriculture de subsistance continue à cohabiter avec l'agriculture de rente destinée à l'exportation, et les matières premières sont massivement exportées, sans produire de valeur ajoutée locale. Les débouchés se trouvent dans les pays développés qui, dans le contexte des « trente glorieuses », ont besoin des ressources du continent pour nourrir leur croissance. Le continent s'endette massivement durant les années 1970 — à cette époque, les États africains sont considérés comme solvables grâce à la hausse des cours des matières premières et aux faibles taux d'intérêt —, auprès des banques qui recyclent ainsi leurs liquidités en eurodollars puis pétrodollars. Les investissements sont pharaoniques et comprennent quelques éléphants blancs ; le montant de la dette atteint près du quart du PIB africain en 1980.
Mais, alors que depuis les indépendances les recettes d'exportation croissaient, « entre 1979 et 1982 les prix des principales exportations africaines retombent, en termes réels, à leur plus bas niveau depuis 1950. » Simultanément les taux d'intérêt augmentent de manière « vertigineuse ». Les recettes d'exportation baissent, les taux d'intérêt grimpent ; prise ainsi dans un effet de ciseaux, l'Afrique s’engage dans une spirale de crise. Les possibilités d'investissement décroissent drastiquement, les déficits budgétaires se creusent et la dette devient un boulet financier. En 1990, elle représente 106,1 % du PNB en Afrique subsaharienne et de 52 % (Algérie) à 126 % (Égypte) en Afrique du Nord. Il n'y a plus d'argent pour les projets et l'aide publique au développement sert avant tout à soulager les banques occidentales de leurs créances devenues douteuses. Les bailleurs de fonds internationaux (le FMI et la Banque mondiale essentiellement) accordent des prêts en les conditionnant à la mise en œuvre de politiques d'ajustements structurels visant à réformer l'ensemble de l'économie des pays ou, au minimum, des secteurs entiers (énergie, éducation), ce qui en modifie profondément le fonctionnement. Inspiré par une pensée économique libérale, l'ajustement structurel consiste notamment à privatiser, le plus souvent au profit d'entreprises étrangères, des pans entiers de l'économie, à lever les barrières aux échanges commerciaux, à réduire le poids de l'État y compris les aides aux plus défavorisés. En 1992, presque tous les pays du continent sont concernés par l'ajustement structurel. Au regard des critères libéraux l'économie s'en trouvera assainie, mais il faudra plus de vingt ans pour cela et le bilan social en est « terrifiant » : chômage, mise à mal des systèmes de santé et d'éducation, accroissement des inégalités… Politiquement, les pays sont soutenus même lorsque leurs fondements démocratiques ne sont pas en place, confortant de facto des régimes autoritaires ou des démocraties imparfaites.
Au début des années 1990, à la suite de la chute du mur de Berlin, les aspirations démocratiques du continent s'amplifient. C'est la période du discours de La Baule, des « conférences nationales » en Afrique francophone — qui instaurent, notamment, le multipartisme —, de la fin de l'apartheid, de l'indépendance de la Namibie et de l'Érythrée. La démocratie ne progresse cependant pas massivement dans un contexte de tensions ethniques et régionalistes et de conflits armés. Cela fait qu'encore aujourd'hui le continent présente un visage contrasté, « les jeunes démocraties cohabitant avec les tyrans sanguinaires ».
D'un point de vue économique, profitant d'un retournement de cycle, la dette des pays d'Afrique subsaharienne baisse de moitié en quinze ans et redescend à un niveau plus soutenable, passant de 85 % en 2000 à 40 % du PIB à la fin des années 2010. La croissance économique du continent est soutenue depuis le début du xxi siècle, aux alentours de 5 % par an pour la production réelle et de 4 % pour le PIB.
Conflits
Le continent reste fortement touché par des affrontements violents : « L’Afrique retient l’attention car elle apparaît […] comme le théâtre du plus grand nombre de conflits actuels » et « Les conflits violents durent plus longtemps et sont plus meurtriers en Afrique que dans les autres régions du monde ». « Entre 1989 et 2002, 10 à 15 conflits ont éclaté chaque année, entraînant des conséquences néfastes pour le développement socioéconomique et infrastructurel de l’Afrique. De 1994 à 2003, on a dénombré 9,2 millions de morts en raison des conflits armés, et à partir de 2003, 15,6 millions de personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays. »
Selon l’Atlas stratégique, en 2008, sur 35 conflits graves répertoriés dans le monde, 13 sont situés en Afrique, où 15 pays sur 53 sont concernés par une « crise d’intensité moyenne à haute ». La situation ne s'améliore pas au fil du temps ; en octobre 2015, sur seize opérations de maintien de la paix menées par l'ONU, neuf se situent en Afrique et, en mai 2016, sur dix « situations sous enquêtes » à la Cour pénale internationale, neuf concernaient l'Afrique. De même le conflit du Rwanda a été juridiquement qualifié de génocide.
S'il est possible de caractériser globalement les conflits africains (ils sont locaux ou transfrontaliers mais pas inter-étatiques), l'historiographie moderne échoue à trouver des explications partagées à ce sujet, chaque situation étant, in fine, considérée comme particulière.
Il existe néanmoins des facteurs de contexte fréquemment évoqués : la faiblesse voire la défaillance des États (Burundi, République Centrafricaine…), phénomène souvent corrélé à un faible niveau de revenu et à une répartition inégalitaire des revenus sur des bases ethniques ou géographiques. Cela nourrit les antagonismes ethniques (Côte d'Ivoire, Rwanda, Touareg au Mali…) lesquels, parfois, traversent les frontières (Liberia et Sierra Leone, Rwanda, Burundi et Ouganda, Guinée-Bissau et rebellion casamançaise…). Ces inégalités économiques, pour l'aspect géographique, entraînent des luttes pour l'appropriation des zones où se situent les ressources naturelles, sources des richesses (Soudan du Sud, Somalie, République démocratique du Congo…)
Ces facteurs se conjuguent de manière complexe, d'autant que dans un monde globalisé, les diasporas jouent un rôle, par le financement, l'appui à l'organisation des rebellions et la propagation des idéaux dans les pays extérieurs au continent (Érythrée…) et que l'Afrique s'inscrit aussi dans une « mondialisation criminelle » des « foyers terroristes […] qui se concentrent dans un croissant s’étirant du Pakistan au Sahel. » Cette mondialisation a aussi pesé de tout son poids dans les printemps arabes de 2011 en Égypte et en Tunisie, ainsi que, conjuguée à la problématique terroriste, dans le conflit libyen, à dimension internationale.
Démographie
Évolution de la population
Enfants sud-soudanais.
Bidonville à Nairobi, Kenya.
Croissance de la population et urbanisation
L'Afrique est le continent dont la population en pourcentage a le plus augmenté depuis le début du XX siècle et dont le taux d'accroissement naturel, avec 2,5 % en 2015 est le plus élevé. Estimée à 133 millions d'habitants en 1900 soit 8,1 % de la population mondiale, la population de l'Afrique est passée en 1950 à 228 millions soit 9,1 % puis à 808 millions en 2000 soit 13,2 %, à 1,1 milliard en 2012 soit 16 % de la population mondiale. Selon les estimations de l'ONU, la population de l'Afrique pourrait être de 2,5 milliards en 2050 soit 25 % de la population mondiale, et de 4,4 milliards en 2100 soit 39 % de la population mondiale. Le Nigéria, la République démocratique du Congo et l'Éthiopie seront, en 2050, parmi les dix pays les plus peuplés de la planète.
Cela n'est cependant qu'une forme de rattrapage puisqu'en 2050 la population du continent retrouvera la proportion, environ un cinquième du total mondial, qu'elle représentait au xvi siècle avant les traumatismes démographiques de la colonisation et de la traite négrière.
La croissance de la population s'accompagne d'un exode rural massif et d'une croissance vertigineuse des villes : « Durant la seconde moitié du xx siècle la population des villes d'Afrique subsaharienne a été multipliée par 11. » Il s’agit, là encore, d'un phénomène de rattrapage, car l'Afrique est le continent le plus faiblement urbanisé de la planète.
Conséquences
Cette croissance démographie et cette urbanisation sont susceptibles d'avoir des effets constrastés selon que l'on adopte un point de vue malthusien et afro-pessimiste ou non. Ainsi la Banque mondiale présente-t-elle en 2015 un rapport intitulé « La transition démographique africaine : dividende ou désastre ? » Le rapport expose qu'une partie de l'Asie a connu une situation similaire avant sa transition démographique et le décollage économique des tigres asiatiques. On peut citer comme exemple positif le fait que la concentration des populations en ville crée des marchés solvables pour les agricultures locales. Ou bien encore constater que l'accroissement démographique est un bienfait pour le développement du marché de la téléphonie mobile, ce qui a été à la base de la « bancarisation » fulgurante du continent qui permet à l'Afrique d'être la « championne du monde du paiement par téléphone mobile ». La croissance de la population est donc aussi celle de la consommation domestique et du développement économique qui l'accompagne notamment grâce aux « classes moyennes » qui croissent plus vite (3,1 %) que la population dans son ensemble (2,6 %).
Dans ce contexte, la transition démographique du continent, entamée dans certains pays (Kenya, Sénégal, Botswana…), si elle se confirme, est une chance potentielle grâce à la baisse du taux de dépendance qu'elle entraînerait avec une population active plus importante que celle des inactifs. Quelques pays (Ghana, Côte d’Ivoire, Malawi, Mozambique et Namibie) ont déjà été identifiés comme étant sur cette voie.
Les positions malthusiennes, à rebours, invitent à considérer la croissance de la population comme un fardeau en parlant de « suicide démographique », avançant que la transition démographique est loin d'être globalement acquise et que les taux de dépendances sont pour l'heure extrêmement élevés. De même, les investissements, notamment en éducation, qui devront accompagner la transition démographique pour la transformer en vraie chance, sont considérables. La population, en tout état de cause plus nombreuse, devra s'entasser car même si la densité globale du continent est faible (36 hab/km), certaines zones sont inhabitables ce qui fait que l'on constate, en certains endroits du Nigeria, pays le plus peuplé du continent, des densités de l'ordre de 190 hab/km et que 62 % des urbains d'Afrique subsaharienne vivent dans des « quartiers précaires ». À l'inverse, l'Afrique du Nord est la région qui connaît la plus faible proportion de population urbaine vivant dans des bidonvilles (13 %). Pour ce qui concerne la structure de consommation, l'existence même de la classe moyenne africaine est niée par certains.
Une caractéristique principale du continent est que son indiscutable croissance économique ne bénéficie que peu à ses populations. C'est le concept de « la croissance sans le développement », proposé par George Ayittey.
Mouvements de population
Les migrations volontaires de l'Afrique subsaharienne sont massivement internes, ce qui est sans équivalent sur les autres continents. Les trois-quarts, voire plus, des migrations d'Afrique subsahariennes sont intra-continentales. Elles concernent de 20 à 70 millions de personnes selon les sources. Les migrations volontaires extra-continentales sont donc fortement minoritaires et, a fortiori, ne représentent qu'un flux et un stock très minoritaire des immigrés dans les pays de l'OCDE : « 6 % des flux migratoires vers les pays de l’OCDE, et 5 % du stock de migrants ». En ce qui concerne l'Afrique du Nord, les migrants qui en sont issus représentent 7 % du stock total de migrants de la zone OCDE.
Du fait de la conflictualité du continent, aux migrations volontaires, essentiellement économiques (travail, commerce), s’ajoutent les déplacements forcés ; les personnes déplacées internes (dans leur propre pays) et réfugiées (personnes déplacées ayant franchi une frontière internationale), sont 17 millions en 2014.
Natalité et mortalité
La croissance démographique est évidemment liée au taux de fécondité lequel, en Afrique, est le plus élevé au monde avec 4,7 enfants par femme pour la période 2010-2015, contre une moyenne mondiale de 2,5. Si la majeure partie des pays africains ont un taux de natalité élevé, ils font également face à une mortalité infantile très élevée. En 2013, deux pays africains avaient un taux de mortalité infantile supérieur à 100 ‰ et 34 un taux supérieur à 50 ‰. Par ailleurs, les quatre pays ayant l'espérance de vie la plus faible dans le monde en 2012 étaient tous africains.
Le sida est devenu la première cause de mortalité en Afrique à la fin du XX siècle. C'était encore le cas en 2007, où ONUSIDA estimait à 22 millions le nombre de personnes infectées en Afrique. En 2013, sur 35 millions de personnes infectées, 24,7 millions vivaient en Afrique subsaharienne, dont 58 % de femmes. Le VIH a fait 1,3 million de morts sur le continent en 2009, mais il en faisait 1,4 million en 2001. Entre 2005 et 2013, les cas de nouvelles contaminations ont cependant baissé de 33 % en Afrique subsaharienne.
La mortalité infantile a chuté de 30 % en 20 ans et l'espérance de vie s'est accrue de 15,4 ans depuis 1950. Mais, en Afrique subsaharienne, 1 enfant sur 8 meurt avant ses 5 ans contre 1 pour 143 dans les pays développés.
Les conditions sanitaires sont largement indépendantes de l'économie. Malgré un niveau de revenu cinq fois inférieur, l'Éthiopie, (573 $/hab), grâce à sa politique en la matière, présente de meilleurs indicateurs sanitaires que le Nigeria (3 203 $/hab.) : mortalité infantile 47 ‰ (78 ‰ au Nigeria), mortalité maternelle 350 ‰ (630 ‰ au Nigeria). De la même manière, l'aridité est correlée avec la malnutrition mais, pour des raisons politiques, elle sévit lourdement en République démocratique du Congo, pourtant un des pays les plus arrosés de la planète.
Cultures, langues et religions
Culture traditionnelle
La culture africaine n'est pas un bloc monolithique, il existe plusieurs cultures africaines. La culture africaine subsaharienne traditionnelle est basée sur la transmission orale, souvent accompagnée de musique. Le griot, messager et chanteur de la communauté, chargé de conserver la mémoire et la tradition du peuple, fut longtemps la clé de voûte de la société africaine. Ses paroles étaient souvent accompagnées d'instruments, et il était chargé de gérer les conflits dans la communauté.
Culture contemporaine
Depuis l'époque dite « des indépendances » les intellectuels et artistes africains se sont engagés dans une large réflexion autour de l'identité et de la modernité. L'équation entre authenticité et modernité se résout différemment selon les directions choisies. Il y a eu bien sûr le mouvement de Négritude, fondé entre autres par Léopold Sédar Senghor et Aimé Césaire, axé sur la négation de l'assimilationnisme colonial et l'union des cultures noires à travers le monde. Ce mouvement a trouvé son expression dans le Festival mondial des Arts nègres organisé par le président sénégalais Léopold Sédar Senghor en 1966. Il fut suivi en 1969 par le Festival Panafricain d’Alger qui proposa une nouvelle vision de la culture africaine, tentant de dépasser les conceptions raciales ou ethnocentristes au profit d’une culture africaine unie sous le signe de la révolution ou du rejet du néocolonialisme.
Aujourd’hui, malgré les difficultés politiques ou économiques qui forcent certains d’entre eux à émigrer en Europe ou aux États-Unis, beaucoup d’artistes et de penseurs africains ont acquis une renommée internationale. On citera par exemple Fela Anikulapo Kuti, Dele Sosimi, Patience Dabany, Oliver N'Goma, Manu Dibango, Ray Lema, JB Mpiana, Koffi Olomidé, Lokua Kanza, Papa Wemba, Werra Son, Alpha Blondy, King Kester Emeneya, Youssou N’Dour, Cesária Évora, Cheb Khaled, Ali Farka Touré, Toumani Diabaté ou encore Tinariwen dans le domaine de la musique ; mais aussi quatre prix Nobel de littérature avec John Maxwell Coetzee, Nadine Gordimer, Naguib Mahfouz et Wole Soyinka ; pour les plasticiens Kudjoe Affutu, Eric Adjetey Anang et l'atelier Kane Kwei, Ataa Oko au Ghana, Frédéric Bruly Bouabré en Côte d'Ivoire ou Ousmane Sow au Sénégal ; pour le cinéma Ousmane Sembène, Youssef Chahine (grand prix du jury au festival de Berlin) ou Mohammed Lakhdar-Hamina (palme d’or à Cannes)…
Littérature
En 2016, l'Afrique compte trois lauréats du prix Nobel de littérature :
Wole Soyinka, 1986, nigérian, d'expression anglaise ;
Naguib Mahfouz, 1988, égyptien, d'expression arabe ;
Nadine Gordimer, 1991, sudafricaine, d'expression anglaise.
Cinéma
Vidéo-club à Dakar (2007).
Vu la faible quantité de la production, il est souvent considéré comme un ensemble, même s'il existe bien évidemment une multitude de « cinémas africains ». Pendant longtemps il s'est agi d'un cinéma de l'extérieur puisque les conditions économiques étant rarement réunies pour qu'une vraie industrie puisse exister, beaucoup de réalisateurs étaient des expatriés, en France, en Belgique ou ailleurs. Ces dernières années, avec la démocratisation de la vidéo (et donc des tournages plus légers et économiques), on assiste dans un certain nombre de pays à l'émergence de cinéastes de l'intérieur.
C'est notamment le cas au Nigeria. Le cinéma nigérian est considéré comme le troisième mondial par la quantité de films produits selon The Sunday Telegraph. Les films produits par l'industrie cinématographique nationale (connue sous le nom de Nollywood) sont tournés en quinze jours et coûtent en moyenne 11 000 euros. En l'absence d'un réseau de salles de cinéma, les films sont ensuite distribués directement en vidéo.
Parallèlement à cette production ciblant les spectateurs de leurs pays, certains réalisateurs africains sont plus connus (et reconnus) à l'international. On citera notamment le Mauritanien Abderrahmane Sissako, les Maliens Souleymane Cissé et Cheick Oumar Sissoko, le Burkinabé Idrissa Ouedraogo et le Sénégalais Ousmane Sembène.
Tout en rendant hommage à Sembène décédé au cours de l'année, la vingtième édition du FESPACO, qui s'est tenu en février-mars 2007 à Ouagadougou, témoigne cependant de la montée d'une nouvelle génération de cinéastes, à laquelle se rattachent notamment les trois lauréats du festival, le Nigérian Newton Aduaka pour Ezra, le Camerounais Jean-Pierre Bekolo avec Les Saignantes et le Tchadien Mahamat-Saleh Haroun, réalisateur de Daratt. Les protagonistes des films récents sont souvent des adolescents ou de jeunes adultes, ce qui correspond à la moyenne d'âge du continent africain. La guerre, la violence et leurs conséquences font partie des thèmes fréquemment abordés, de même que l'immigration et la diaspora.
Langues
Carte simplifiée des familles linguistiques en Afrique.
Une représentation simplifiée des langues autochtones en Afrique. Leur multiplicité a déterminé la majorité des états a adopter comme langues officielles celles de leurs anciennes puissances coloniales.
Les linguistes recensent environ 2 000 langues vivantes sur le continent africain (soit environ le tiers des langues du monde), regroupées en quatre grandes familles, exclusion faite des langues de souche non africaine.
La famille afro-asiatique (ou chamito-sémitique), composée de 353 langues vivantes dont 299 parlées en Afrique, totalisant 340 millions de locuteurs, n’est pas exclusivement africaine. Elle s’étend également sur la péninsule Arabique et ne couvre que la partie nord de l’Afrique de l'Ouest. Elle inclut notamment le berbère, la langue originelle des habitants de l'Afrique du nord, ainsi que l’arabe qui est la première langue d'Afrique en nombre de locuteurs.
La famille nilo-saharienne (197 langues vivantes et 35 millions de locuteurs) couvre une partie du Sahara, le haut bassin du Nil et certains hauts plateaux de l’Afrique orientale. Elle est composée de douze groupes de langues dont seulement deux sont localisés en Afrique de l'Ouest : le songhaï (Mali, Niger, Burkina, Bénin) et le Kanuri (Niger, Nigeria, Cameroun et Tchad autour du lac du même nom).
La famille khoisan (22 langues vivantes et 360 000 locuteurs) est la plus petite famille linguistique africaine. Elle est centrée sur la Namibie et rayonne sur l’Angola, le Botswana et l’Afrique du Sud. Dans le passé, les langues khoisan étaient parlées dans la majeure partie de l’Afrique australe et orientale. Elles ont été progressivement évincées de maints endroits par les langues bantou puis européennes.
La famille Niger Congo compte près de 1 500 langues vivantes, ce qui fait d’elle la plus grande famille linguistique du monde (22 % des langues de la planète et 71 % des langues africaines). Elle couvre la plus grande partie du territoire ouest-africain et concerne l’immense majorité de la population de la région. Elle compte en son sein un groupe, le bantou, qui couvre à lui seul la quasi-totalité de l’Afrique sub-équatoriale à l’exception de l’aire khoisan. On retrouve dans cette famille la langue swahili (parfois appelée kiswahili).
Beaucoup de spécialistes estiment que le foyer originel des Bantou se situe au sud de la Bénoué, à la frontière du Cameroun et du Nigeria. Il y a de cela 4 000 ans, les Bantou entament une longue migration vers l’Afrique centrale, sans doute poussés par l’aridification du climat et le développement de l’agriculture et de l’élevage qu’ils rejettent. Cette colonisation prend près de trois millénaires. Les Bantou n’atteignent le Sud du continent qu’aux XVIetXVII siècles av. J.-C., fuyant les Massaï venus de la haute vallée du Nil. Les nombreuses similitudes entre les langues bantoues ainsi que leur remarquable extension géographique en font une zone linguistique spécifique très souvent distinguée du reste de la famille nigéro-congolaise.
Il existe d'autres familles linguistiques présentes sur le continent :
les Langues austronésiennes avec, notamment, le malgache ;
les Langues indo-européennes avec, notamment, le français, le portugais, l'anglais et l'afrikaans.
Afrique francophone.
Le français joue actuellement un rôle important en Afrique, servant de langue véhiculaire ou de langue maternelle (au Gabon, Côte d'Ivoire, République du Congo, République démocratique du Congo, Cameroun et Bénin notamment) dans un grand nombre de pays, et son utilisation s'intensifie.
Entre 1992 et 2002, le nombre d'apprenants du et en français en Afrique subsaharienne et océan Indien a augmenté de 60,37 %, passant de 22,337 millions à 34,563 millions de personnes. On peut observer une tendance similaire au Maghreb. Cependant, les chiffres fournis par l'Organisation internationale de la francophonie pour le Maghreb ont été réunis avec ceux du Moyen-Orient, le décompte exact pour les pays du Maghreb n'est donc pas possible mais on observe une augmentation de 10,47 millions à 18 millions d'apprenants pour cet ensemble, quand bien même le français n'est pas langue officielle (cas de l'Algérie par exemple). D'ores et déjà, il y a plus de francophones en Afrique qu'en Europe.
L'Académie africaine des langues a été créée en 2001 afin de gérer ce patrimoine linguistique.
Religions
Carte des principales religions en Afrique (christianisme en violet, islam en vert et hindouisme en orange).
Basilique Notre-Dame de la Paix à Yamoussoukro, en Côte-d'Ivoire. Construite entre 1986 et 1989, c'est le plus grand édifice chrétien du monde. Son coût a été estimé à 6 % du budget annuel du pays.
Le christianisme fut présent dès le I siècle en Afrique romaine et en Égypte et s'y développa rapidement. Au III siècle, l'Église d'Alexandrie était un des piliers du christianisme oriental où naquit le monachisme chrétien et son Didascalée une des plus grandes écoles théologiques. La communauté chrétienne d'Afrique romaine était numériquement la plus importante du christianisme latin. En est issu Augustin d'Hippone, père de l'Église dont la pensée devait avoir une influence déterminante sur l'Occident chrétien au Moyen Âge et à l'époque moderne.
Déchirées par des conflits théologiques, ces communautés ne subsistèrent pas longtemps lors de la conquête musulmane de l'Afrique du Nord. Un christianisme orthodoxe sous la forme monophysite existe en Éthiopie, Érythrée et Égypte depuis l'Antiquité tardive. L'Éthiopie se considère comme la seconde plus ancienne nation chrétienne au monde, après l'Arménie, faisant remonter cette tradition à l'an 330.
L'Afrique est très marquée par l'arrivée de l'islam qui s'installe en Afrique du Nord à partir du VII siècle, et qui se diffuse ensuite vers l'intérieur de Afrique de l'Ouest et la côte d'Afrique de l'Est.
Le commerce caravanier et l'expansion islamique permettent de nouer de nouvelles relations entre l'Afrique du nord et le reste du continent. L'islamisation se fait de trois manières : volontaire (les croyants le deviennent par conviction, pacifiquement), contrainte (les populations se convertissent pour ne plus être prises en esclavage et pour échapper à la double-imposition) ou forcée (lors des conquêtes militaires, elles n'avaient parfois d'autre choix que la conversion ou la mort). L'islam sunnite se répand surtout au Maghreb, l'islam chiite dans certaines oasis sahariennes et en Égypte, d'où il sera supplanté ultérieurement.
Les prêtres et « sorciers » des nombreux cultes animistes sont parfois les premiers à se convertir, afin de sauvegarder leurs positions sociales et leurs savoirs traditionnels ; ils forment de puissantes confréries comme les Mourides et les Tidjanes en Afrique occidentale. De ce fait, le christianisme et l'islam présentent parfois des particularités syncrétiques et initiatiques typiquement africaines, que les intégristes de chaque religion et les missionnaires combattront. Ces processus s'accélèrent à partir du XVIII siècle avec la compétition entre les esclavagistes musulmans (Traite orientale) et les colonialistes et esclavagistes chrétiens (Traite occidentale).
Au XV siècle, la papauté concéda au Portugal l'exclusivité du commerce avec l'Afrique en lui attribuant l'activité de mission sur ce continent par le principe du padroado. Les portugais évangélisèrent quelques rois, ce qui facilita les traites négrières notamment dans l'empire Kongo où le fils du Manikongo devint le premier évêque noirmais la christianisation toucha surtout les esclaves déportés aux Amériques et non les Africains. Les efforts des missions chrétiennes qui intervinrent au XIX siècle lors du partage de l'Afrique ne rencontrèrent pas un grand succès ; au début du XX siècle seuls 9% des africains étaient chrétiens.
Les religions tribales africaines qui dominaient historiquement les régions d'Afrique de l'Est, d'Afrique centrale, d'Afrique australe et la région côtière d'Afrique de l'Ouest restaient très pratiquées.
C'est au XX siècle qu'un nouvel essor du christianisme apparut en Afrique, surtout dans la partie sub saharienne où foisonnent de multiples confessions. Il est dû en partie au prosélytisme des protestants évangéliques, mais aussi à l'émergence de prophètes créant de nouvelles Églises. Ces Églises d'institution africaine, évaluées à près de 6000 en 1968. étaient estimées à plus de 11500 en 2004, dont la plupart sont totalement inconnues en Occident. Au début du XXI siècle l'Afrique est le continent où le nombre de chrétiens augmente le plus vite
L'animisme a moins de pratiquants aujourd'hui qu'avant l'arrivée des Européens, mais il reste important dans certains pays, notamment le Bénin et le Togo. Il y a beaucoup d'Africains qui incorporent quelques éléments d'animisme dans leur foi chrétienne ou musulmane.
Les conditions de cohabitation entre islam et christianisme sont très disparates suivant les pays. Dans les pays du Maghreb, l'islam, très majoritaire, est religion officielle. La Tunisie et plupart des pays d'Afrique de l'Ouest ont une constitution laïque qui garantit la liberté de religion.
On compte aussi une minorité juive présente essentiellement dans la partie nord du continent. La présence des séfarades dits « Mekomim » ou « Tochavim » remonte à l'ère phénicienne. Les séfarades dits « Megorashim », contraints à l'exil à la suite du décret de l’Alhambra, arrivent quant à eux après 1492. Les falashas, dont la présence remonte à l'ère du roi Salomon et de la reine de Saba, sont présents en Éthiopie. En Afrique du Sud, on compte plus de 70 000 juifs, pour la plupart des ashkénazes d'origine européenne. Certains peuples, comme les Lemba et les Abayudaya (en), se revendiquent aussi du judaïsme.
Il n'existe qu'un seul pays africain où l'hindouisme est la religion majoritaire : il s'agit de Maurice.
Religions par pays Composition pour chaque pays en 2010 : Pays Christianisme (%) Islam (%) Autres (%) Afrique du Sud 81,2 1,7 17,1 Algérie 0,2 97,9 1,9 Angola 90,5 0,2 9,3 Bénin 53,0 23,8 23,2 Botswana 72,1 0,4 27,5 Burkina Faso 22,5 61,6 15,9 Burundi 91,5 2,8 5,7 Cameroun 70,3 18,3 11,4 Cap-Vert 89,1 0,1 10,8 Comores 0,5 98,3 1,2 Côte d'Ivoire 44,1 37,5 18,4 Djibouti 2,3 96,9 0,8 Égypte 5,1 94,9 0,0 Érythrée 62,9 36,6 0,5 Éthiopie 62,8 34,6 2,6 Gabon 76,5 11,2 12,3 Gambie 4,5 95,1 0,4 Ghana 74,9 15,8 9,3 Guinée 10,9 84,4 4,7 Guinée-Bissau 19,7 45,1 35,2 Guinée équatoriale 88,7 4,0 7,3 Kenya 84,8 9,7 5,5 Lesotho 96,8 0,1 3,1 Liberia 85,9 12,0 2,1 Libye 2,7 96,6 0,7 Madagascar 85,3 3,0 11,7 Malawi 82,7 13,0 4,3 Mali 3,2 92,4 4,4 Maroc 0,1 99,9 0,1 Maurice 25,3 16,7 58,0 Mauritanie 0,3 99,0 0,7 Mozambique 56,7 18,0 25,3 Namibie 97,5 0,3 2,2 Niger 0,8 98,4 0,8 Nigeria 49,3 48,8 1,9 Ouganda 86,7 11,5 1,8 République centrafricaine 89,5 8,5 2,0 République du Congo 85,9 1,2 12,9 République démocratique du Congo 95,8 1,5 2,7 Rwanda 93,4 1,8 4,8 Sahara occidental 0,2 99,0 0,8 Sao Tomé-et-Principe 82,2 0,1 17,7 Sénégal 3,6 96,4 0,0 Seychelles 94,0 1,1 4,9 Sierra Leone 20,9 78,0 1,1 Somalie 0,0 100,0 0,0 Soudan 5,4 90,7 3,9 Soudan du Sud 60,5 6,2 33,3 Swaziland 88,1 0,2 11,7 Tanzanie 61,4 35,2 3,4 Tchad 40,6 55,3 4,1 Togo 43,7 14,0 42,3 Tunisie 0,2 99,0 0,8 Zambie 97,6 0,5 1,9 Zimbabwe 87,0 0,9 12,1
Sports
Beaucoup de sportifs de niveau international sont d'origine africaine : des footballeurs tels que Rabah Madjer premier africain vainqueur de la coupe d'Europe avec Porto en 1987, George Weah (Ballon d'or France Football 1995), Samuel Eto'o triple vainqueur de la Ligue des champions, Salif Keita (premier Ballon d'or africain), Sana Cassamà, Noureddine Naybet, Roger Milla, El-Hadji Diouf, Didier Drogba, Emmanuel Adebayor, Michael Essien, Claude Makélélé, Abedi Pelé, Shabani Nonda, Lomana LuaLua ont tous évolué ou évoluent dans l'élite du football international. Noureddine Morceli, Kenenisa Bekele, Hicham El Guerrouj, Haile Gebreselassie et Said Aouita ont quant à eux brillé en athlétisme. Le football et l'athlétisme sont les sports les plus répandus. Les pays qui sont d'anciennes colonies britanniques pratiquent également le cricket ; quant au rugby, il est surtout pratiqué en Afrique du Sud. La Coupe du monde de football de 2010 s'est tenue en Afrique du Sud, devenant ainsi le premier pays africain à organiser cette manifestation mondiale.
Économie
Histoire économique
IDE en Afrique, part dans l'investissement mondial.
Aide publique au développement en Afrique, en dollars constants.
Dette
Dette publique par pays en 2011, en % du PIB.
Les années 1980-1990 sont marquées par la crise de la dette ; le relèvement des taux d'intérêt et la baisse des revenus d'exportation plongent le continent dans une crise financière qui amèneront la mise en place des programmes d'ajustement structurels. Dans le même temps l’aide publique à l'Afrique diminue notablement, réorientée vers l'Europe de l'est ; c'est l'époque de « Adieu Bangui, bonjour Varsovie ». L'organisation politique et économique des États est drastiquement revue notamment par le démantèlement des appareils étatiques jugés coûteux et inefficaces et celui des entreprises para-étatiques à la compétitivité critiquable. Cette purge libérale a créé la « génération ajustée » ou « génération déflatée » ; mais, conjugée au retournement des cycles internationaux en matière de taux d'intérêt, à une reprise des aides publiques vers l'Afrique et à une reprise des investissements directs étrangers depuis l'an 2000 (avec notamment une forte implication chinoise), cela a conduit à une baisse de la charge de la dette dans les finances des États. Aujourd'hui l'Afrique est moins endettée que les pays occidentaux développés, même si sa dette reste sous surveillance : « La viabilité de la dette est une préoccupation croissante ».
Contexte macro-économique contemporain
Croissance du PIB, investissements étrangers directs et aide publique au développement en Afrique, au 21 siècle.
La caractéristique la plus générale du continent est que son économie et ses exportations reposent sur les industries extractives : « la moitié environ des pays d’Afrique subsaharienne sont exportateurs nets de produits de base et, contrairement à ce qui s’est passé ailleurs, les exportations de produits des industries extractives ont vu leur importance augmenter depuis les années 90, ce qui a fait de cette région l’une des parties du monde les plus fortement tributaires des produits de base, plus ou moins à égalité avec la région Moyen-Orient et Afrique du Nord. » Cela entraîne une forte dépendance aux cours internationaux des matière premières. À titre d'exemple, 80 % des exportations de l'Algérie sont constituées de produits pétroliers. En 2014, pour l’ensemble du continent, le pétrole et ses dérivés ajoutés au gaz naturel liquide ou gazeux, représentaient 53,3 % des exportations.
S'il est riche en pétrole et le plus riche de la planète en matière de minerais avec 30 % des réserves minérales mondiales, il l'est aussi en terres agricoles disponibles, ce qui crée une nouvelle « ruée sur l'Afrique » notamment de la part de pays du Golfe et d'émergents comme l'Inde et la Chine, qui achètent des terres sur le continent. Environ 5 % de la surface du continent appartient ou est louée pour une longue durée à des pays étrangers.
Profitant d'un supercycle haussier des matières premières, la croissance du PIB de l'Afrique, notamment subsaharienne, est continue et soutenue, supérieure à la moyenne mondiale, depuis le début du xxi siècle : « L’Afrique a enregistré un taux de croissance de 5,1 % entre 2000-2011 malgré le décrochage de la crise mondiale qui a fait chuter ce taux à 2,5 % en 2009 ; la productivité a affiché une croissance de l’ordre de 2,7 % au cours de la décennie 2000 ». Les disparités entre pays et entre sous-régions sont cependant importantes ; en 2011, le PIB/hab. en parité de pouvoir d'achat de l'Afrique du Nord (7 167 $) est presque le triple de celui de l'Afrique subsharienne (2 391 $). L'inégalité sociale est également très forte. La croissance a marqué le pas en 2015 du fait de la baisse du cours des matières premières, principales sources de revenus pour le continent, comme cela avait été le cas en 2009 du fait de la crise mondiale. La forte demande des classes moyennes émergentes devrait malgré tout entretenir la croissance et les perspectives de long terme sont bonnes.
Cependant, le continent est « en retard » (34 des 48 pays les moins avancés se situent en Afrique) et présente de faibles performances ; en 2014, le PIB par habitant en parité de pouvoir d'achat est de 3 513 $ pour l'Afrique subsharienne, alors que la moyenne mondiale se situe à 14 956 $.
Partant, de nombreuses études existent sur les causes de ce phénomène, que d'aucuns appellent la « malédiction des tropiques ». On a ainsi mis en avant les facteurs démographiques (fécondité…), politiques (faiblesse des États de droit…), historiques (influence de la colonisation…), infrastructurels (production d'énergie insuffisante…), ou invoqué la malédiction des frontières (États trop petits, enclavés…) ou bien encore, constatant le poids des industries extractives, le syndrome hollandais (ou « malédiction des matières premières ») et le phénomène d'État rentier qui l'accompagne (captation des revenus de la rente par une oligarchie au détriment de la population).
Il existe néanmoins quelques « miracles » économiques permettant d'éviter une généralisation abusive. Le Botswana, riche en diamant, mais sans accès à la mer, a réalisé aux xxetxxi siècles une performance économique exceptionnelle, à l'encontre du syndrome hollandais et du handicap lié à l'enclavement, tout en ayant une gouvernance et une transparence sans égales à comparer du reste du continent. On déplore cependant une prévalence du SIDA très élevée avec un taux de 25,2 % pour la tranche d'âge 15-49 ans. Maurice, partant d'une situation où le sucre représentait 20 % du PIB et plus de 60 % des recettes d’exportations, a misé sur l'industrialisation dans le secteur textile, puis sur les services dont le tourisme. Sa croissance a été de 5 % par an pendant 30 ans et son revenu par habitant qui était de 400 $ au moment de l’indépendance s'établit aujourd'hui à 6 700 $ (estimé à 18 900 $ PPA en 2014). Son système éducatif est performant et son rang dans le classement Doing Business (climat des affaires) de la Banque Mondiale (28) est meilleur que celui de la France (31). Le Rwanda est un autre miraculé. Après le génocide de 1994 qui le laisse en ruines, le pays, fermement repris en main depuis par Paul Kagame, a su se développer fortement malgré une densité de population extrêmement élevée de 420 hab./km, plus de dix fois supérieure à la moyenne du continent. Atteignant la transition démographique et misant sur l'éducation de sa population, outre les aides internationales, il est devenu un modèle de redistribution et de croissance inclusive en Afrique, attestant que le retard économique n'est pas une fatalité.
Le continent n’a donc pas de handicaps géographiques, culturels ou structurels indépassables, de malédiction qui l'accablerait, c'est la politique qui a créé la Rising Africa (« l'Afrique montante ») et qui lui permettra de prospérer à l'avenir.
Pour l'heure, le retard est bien réel, l'usage même du terme « miracle » indiquant qu'il ne s'agit que de contre-exemples dans une Afrique qui reste le « continent de la pauvreté ». Même si la pauvreté recule, la proportion de pauvres vivant en Afrique est malgré tout en croissance, montrant que ce recul est moins rapide qu'ailleurs sur la planète. Parmi les objectifs du millénaire, les indicateurs concernant l'insécurité alimentaire et la pauvreté sont ceux qui progressent le moins.
Infrastructures
Le continent souffre d'un déficit d'infrastructures (électricité et transport essentiellement) qui lui coûte le chiffre énorme d'environ deux points de croissance annuelle ; or l'investissement en infrastructures est nécessaire à la croissance économique, aux entreprises, mais aussi au bien-être des populations grâce un accès à l'eau, à laquelle 65 % des africains sont reliés, et surtout à l'électricité, qui présente un taux d'accès de 29 % seulement, sachant que « La production cumulée de 48 pays d’Afrique subsaharienne ne dépasse pas les 68 000 mégawatts, soit l’équivalent de l’électricité produite par l’Espagne ».
Gouvernance
La gouvernance est, après les infrastuctures, l'autre point d'amélioration majeur de l'Afrique.
Depuis 2007, l'indice mis en place par la fondation Mo Ibrahim évalue l'efficacité de l'action publique des États africains et, avec les notes obtenues (de 1 à 100), établit un classement. La note moyenne du continent a faiblement évoluée, passant de 49,9 en 2007 à 50,1 en 2016. La meilleure moyenne régionale se situe en Afrique australe : 58,9 ; et la plus faible en Afrique centrale : 40,9.
L'Afrique est l'un des continents où la corruption est la plus répandue selon l'ONG Transparency International : « 3 pays parmi les 10 plus mal classés sont dans la zone Moyen-Orient et Afrique du nord - Irak, Libye et Soudan. […] En Afrique subsaharienne […] 40 des 46 pays de la région montrent de sérieux problèmes de corruption . »
Économie informelle
L'économie informelle est définie par le Bureau international du travail depuis 1993, avec une révision en 2003, ce qui permet d'avoir des mesures comparables d'un pays à l’autre. Son poids dans l'économie du continent est considérable, compris entre 40 et 75 % du PIB (20 à 37 % en ne considérant que l'activité hors agriculture), causant notamment un manque à gagner fiscal important. La pression fiscale est cependant, en Afrique, une des plus basses du monde et elle est probablement insuffisante. Selon la Banque mondiale « pour déclencher un financement de développement durable, il faut 20 à 24 % de pression fiscale. La moyenne africaine se situe à environ 17 % (35 % dans les pays riches) ; la première puissance économique africaine, le Nigeria, atteint à peine 8 %. »
Macro-économiquement elle est un moyen de la résilience sociale et économique face à une croissance qui n'entraîne pas la création subséquente d'emplois. La proportion d'emplois relevant du secteur informel est estimé à 66 % en Afrique subsaharienne.
Au niveau micro-économique, outre l'évitement de l'impôt, l'économie informelle existe aussi par la volonté des opérateurs de contourner la corruption de l’administration et de se désolidariser de la mauvaise gouvernance et du mauvais usage systématique des fonds publics. Pour autant, les entreprises du secteur informel sont soumises aux mêmes mécanismes de corruption que les entreprises du secteur formel, essentiellement le « comportement prédateur des fonctionnaires cherchant des pots-de-vin ».
Mondialisation
L'Afrique est inscrite dans la mondialisation économique depuis toujours notamment par sa façade méditerranéenne et orientale.
Durant l’antiquité, la puissante civilisation égyptienne est, grâce à sa position géographique à la jonction entre le monde méditerranéen et l'Arabie, ainsi qu'au Nil, par lequel transitent les marchandises, au centre d'un important commerce ; ses villes sont les têtes de pont du commerce intercontinental. À la suite, les cités marchandes phéniciennes installées dès le I millénaire av. J.-C. (fondation d'Utique en 1100 av. J.-C., de Carthage vers 814 av. J.-C.) sont les vecteurs de l'intégration économique du continent dans la « première mondialisation » ; ainsi et par exemple, au v siècle av. J.-C., les Carthaginois commercent-ils l'or du désert « au-delà des colonnes d'Hercule ». Un peu plus tard, Carthage vaincue est redevenue une grande ville, une des premières cités de l'empire romain.
Le Périple de la mer Érythrée, récit de voyages datant du I siècle, atteste d'un commerce intercontinental depuis une zone allant de l'Égypte à la Tanzanie, en direction de la péninsule arabique, de l'Inde et de la Méditerranée et portant sur des produits tels que l'ivoire, les épices, la cannelle, l'encens, le styrax, le lapis-lazuli, les topazes, les turquoises, la soie, l'indigo, sans oublier les esclaves qui se retrouvent en Inde et en Chine.
Au iii siècle, le royaume d'Aksoum commerce avec plusieurs « contrées » de l'océan indien et de la Méditerranée. Le commerce, notamment d'ivoire, profite au développement du royaume par la création de villes-marchés. À l'autre extrémité des routes commerciales l'autre partie prospère aussi ; dans les premiers siècles de l'ère chrétienne, le royaume d'Awsân (actuel Yémen) doit son essor au commerce avec l'Afrique. À partir du vii siècle, l'islamisation de l'Afrique subsaharienne lui permet de s'intégrer encore plus fermement dans le commerce international, les arabes servant d'intermédiaires avec le monde occidental.
Dès l'an mil l'or du Monomotapa part vers l'Inde via Kilwa dans les ports duquel s'échangent cotonnades et verroteries. La période qui correspond au Moyen Âge européen est l'âge d'or de l'Afrique avec les grands empires du Ghana, du Mali et Songhaï. C'est aussi l'âge de l'or. Kanga Moussa, dixième mansa (roi des rois) de l'empire du Mali dans le premier tiers du xiv siècle, considéré comme l’un des hommes les plus riches de l’histoire de l'humanité, contrôle de facto tout le commerce du métal précieux dans le bassin méditerranéen.
À partir de la fin du xv siècle, le continent connaît la traite atlantique puis la colonisation au xix siècle, formes les plus tragiques d'intégration mondiale. Les déportations d'esclaves alimentent le développement de l'Amérique et les pays européens enclenchent leur processus d'industrialisation grâce aux ressources coloniales ; le volume du commerce entre l’Afrique et l'Europe décuple entre 1820 et 1850.
Après les indépendances l'Afrique ne prend cependant pas le virage de l'industrialisation. La part en valeur de son économie et de son commerce décroit mécaniquement dans les échanges face à des productions incorporant plus de valeur ajoutée.
À l'époque actuelle, la place du continent dans le commerce mondial est minime, environ 3 % en valeur et il ne représente que 1,6 % du PIB mondial (4,5 % en parité de pouvoir d'achat).
Le continent est donc souvent présenté comme « périphérique » ou « en marge ». « C'est indéniable si l'on raisonne en terme de PIB. » Cependant, on le considère aussi comme globalement (même historiquement) marginalisé alors que l'étude du temps long montre l'évidence du contraire y compris à l'époque récente : « c'est faux pour d'innombrables raisons : économiques mais aussi stragégiques, démographiques, culturelles et humaines ».
Ressources naturelles
Industries extractives
L'exploitation des matières premières est de loin la première exportation de l'Afrique mais la part de l'Afrique dans les exportations mondiales a chuté de 4,5 % en 1990 à 1,1 % en 2008 et celle des investissements étrangers directs de 5,8 % en 1990 à 1 % en 2008, selon un communiqué de la FAO.
Les exportations de l'Afrique sont constituées à 80 % de pétrole, de minerais et de produits agricoles.
Les ressources naturelles (pétrole, gaz naturel, charbon, uranium, cobalt, pierres précieuses, or, zinc…) sont exploitées majoritairement par des grandes multinationales. Ces dernières sont souvent accusées de contribuer à la paupérisation des populations. Depuis quelques années, on assiste à l'exploitation des ressources naturelles par de nouveaux intervenants, notamment les pays asiatiques dont la Chine et l'Inde ou les États pétroliers en manque de place ; des terres agricoles sont achetées et les surfaces concernées sont très importantes pour un continent qui subit la malnutrition et des famines régulières. Certains parlent de recolonisation de l'Afrique à ce sujet.
Agriculture et pêche
Industries de transformation
Services
Quoiqu'on caractérise l'Afrique par l'abondance de ses ressources naturelles, les services représentent plus de 50 % du PIB des pays du continent et le secteur est en croissance constante.
Tourisme
Illustration du secteur tertiaire, le tourisme en Afrique ne cesse de croître. Les visiteurs internationaux du continent étaient 37 millions en 2003, ils sont 65,3 millions en 2014 ; le chiffre d'affaires correspondant est de 43,9 milliards de $ en 2013. Les premières destinations touristiques du continent sont, dans cet ordre, le Maroc, l'Égypte, l'Afrique du Sud, la Tunisie et le Zimbabwe.
Jardin de la Ménara, Marrakech, Maroc.
Pyramides en Égypte.
Paysage du parc national Kruger, en Afrique du Sud.
Amphithéâtre d'El Jem, Tunisie.
Les chutes Victoria, à la frontière du Zimbabwe et de la Zambie.
Société
Pays les moins avancés.
Éducation
Selon l'Unesco, il y a, en 2012, 4,8 millions d'étudiants inscrits dans des établissements d'enseignement supérieur dans les pays subsahariens, soit près de vingt-cinq fois le chiffre de 1970. La poussée démographique et les moyens déployés par les États pour améliorer l'accès à l'enseignement primaire et secondaire expliquent la hausse de fréquentation des campus africains. Le continent reste en retard sur le reste du monde, avec un taux de scolarisation dans l'enseignement supérieur de 6 % selon l'Unesco, contre 13 % dans le sud et l'ouest de l'Asie et 72 % en Amérique du Nord et en Europe occidentale.
Presse
Malgré les progrès sensibles enregistrés récemment dans des pays comme le Niger, le Botswana, le Ghana ou la Tanzanie, l'Afrique se caractérise toujours par de nombreuses entraves à la liberté de la presse, allant de la violence à l'encontre des journalistes aux phénomènes de censure et d'autocensure.
États d'Afrique contemporaine
Afrique du Nord
Afrique de l'Ouest
Afrique Centrale
Afrique de l'Est
Afrique australe
Carte physique de l'Afrique.
Photographie satellite composite de l'Afrique.
En 1914, du fait de l'essor des empires coloniaux, le « continent noir » ne comptait plus que deux États souverains, l’Abyssinie (ou Éthiopie) et le Liberia. Depuis la Seconde Guerre mondiale, le nombre d'États africains indépendants n'a cessé d'augmenter, passant de 4 en 1945 à 27 en 1960, pour atteindre 53 en 1993 et 54 en 2011 (non inclus le Sahraouie et le Somaliland).
Les frontières des États africains sont en grande partie issues de la colonisation. Quant au regroupement des différents pays en sous-régions, il est plus utilisé dans un souci pratique qu'en référence à une réalité historique. On distingue généralement :
l’Afrique du Nord, limitée au sud par le Sahara, habitée par des populations à majorité arabe et berbère ;
l'Afrique subsaharienne, elle-même subdivisée en quatre sous-régions : l’Afrique de l'Ouest, l’Afrique de l'Est, l’Afrique centrale ; l'Afrique australe constituée de l'ensemble des territoires situés au sud de la forêt équatoriale.
l’Afrique de l'Ouest,
l’Afrique de l'Est,
l’Afrique centrale ;
l'Afrique australe constituée de l'ensemble des territoires situés au sud de la forêt équatoriale.
États d'Afrique de l'Est
Noms des pays et des territoires, avec drapeau Superficie (km²) Population (estimation 2010) Densité de population (par km²) Capitale Burundi 27 830 9 863 120 354,4 Bujumbura Comores 2 170 773 410 356,4 Moroni Djibouti 23 000 740 530 32,2 Djibouti Érythrée 121 320 6 233 682 47,7 Asmara Éthiopie 1 127 127 90 873 739 78,1 Addis-Abeba Kenya 582 650 43 013 341 68,7 Nairobi Madagascar 587 040 21 281 840 36,3 Antananarivo Malawi 118 480 15 447 500 130,4 Lilongwe Maurice 2 040 1 294 100 634,4 Port Louis Mozambique 801 590 22 061 450 27,5 Maputo Rwanda 26 338 11 055 980 419,8 Kigali Seychelles 455 88 340 194,2 Victoria Somalie 637 657 10 112 450 15,9 Mogadiscio Somaliland de facto 137 600 3 500 000 25 Hargeisa Soudan du Sud 619 745 8 260 490 13 Djouba Tanzanie 945 087 41 892 900 44,3 Dodoma Ouganda 236 040 33 398 680 141,5 Kampala Zambie 752 614 13 460 310 17,9 Lusaka Zimbabwe 390 580 11 651 860 29,8 Harare
États d'Afrique centrale
Noms des pays et des territoires, avec drapeau Superficie (km²) Population (estimation 2010) Densité de population (par km²) Capitale Angola 1 246 700 20 901 811 16,5 Luanda Cameroun 475 440 20 549 211 43,2 Yaoundé République centrafricaine 622 984 4 844 930 7,8 Bangui Tchad 1 284 000 10 543 460 8,2 N'Djamena République du Congo 342 000 4 125 920 12,1 Brazzaville République démocratique du Congo 2 345 410 75 507 308 30,1 Kinshasa Guinée équatoriale 28 051 650 700 23,2 Malabo Gabon 267 667 1 545 260 5,8 Libreville Sao Tomé-et-Principe 1 001 175 810 175,6 São Tomé
États d'Afrique du Nord
Noms des pays et des territoires, avec drapeau Superficie (km²) Population (estimation 2010) Densité de population (par km²) Capitale Algérie 2 381 741 37 100 000 14,5 Alger Égypte 1 001 450 81 249 302 80,4 Le Caire Libye 1 759 540 6 461 450 3,7 Tripoli Maroc 710 850 32 245 000 70,8 Rabat Soudan 1 886 068 31 957 965 16,9 Khartoum Tunisie 163 610 10 673 000 **,7 Tunis
États d'Afrique australe
Noms des pays et des territoires, avec drapeau Superficie (km²) Population (estimation 2010) Densité de population (par km²) Capitale Botswana 600 370 2 029 310 3,4 Gaborone Lesotho 30 355 1 919 550 63,2 Maseru Namibie 825 418 2 128 470 2,6 Windhoek Afrique du Sud 1 219 912 49 109 110 40,3 Pretoria Swaziland 17 363 1 354 050 78 Mbabane
États d'Afrique de l'Ouest
Noms des pays et des territoires, avec drapeau Superficie (km²) Population (estimation 2010) Densité de population (par km²) Capitale Bénin 112 620 9 056 010 80,4 Porto-Novo Burkina Faso 274 200 16 241 810 59,2 Ouagadougou Cap-Vert 4 033 508 660 126,1 Praia Côte d'Ivoire 322 460 21 058 800 65,3 Yamoussoukro (Politique) Abidjan (Économique) Gambie 11 300 1 824 160 161,4 Banjul Ghana 239 460 24 339 840 101,6 Accra Guinée 245 857 10 324 030 42 Conakry Guinée-Bissau 36 120 1 565 130 43,3 Bissau Liberia 111 370 3 685 080 33,1 Monrovia Mali 1 240 000 13 796 350 11,1 Bamako Mauritanie 1 030 700 3 205 060 3,1 Nouakchott Niger 1 267 000 15 878 270 12,5 Niamey Nigeria 923 768 162 000 000 175 Abuja Sénégal 196 190 12 323 250 62,8 Dakar Sierra Leone 71 740 5 245 700 73,1 Freetown Togo 56 785 6 587 240 116 Lomé
Dépendances européennes en Afrique
Noms des pays et des territoires, avec drapeau Superficie (km²) Population Densité de population (par km²) Capitale Îles Canaries (Espagne) 7 492 2 118 520 282,8 Las Palmas de Gran Canaria, Santa Cruz de Tenerife Ceuta (Espagne) 20 80 570 4 028, 5 Ceuta Îles Éparses de l'océan Indien (France) 44 0 0 Saint-Denis Madère (Portugal) 797 247 400 310,4 Funchal Mayotte (France) 376 212 **5 566 Mamoudzou Melilla (Espagne) 12 73 460 6 121, 7 Melilla La Réunion (France) 2 512 843 617 336 Saint-Denis Sainte-Hélène, Ascension et Tristan da Cunha (R.U) 410 7 670 18,7 Jamestown Territoire britannique de l'océan Indien (R.U) 60 4 000 67 —