Le gazon est composé de nombreux brins d'herbe
Le gazon, appelé aussi pelouse artificielle, ou plus couramment pelouse, est une surface semée densément d'herbes fines sélectionnées, essentiellement des graminées. Il est généralement entretenu et tondu régulièrement pour le maintenir à une faible hauteur et le rendre plus dense.
Le gazon est généralement constitué de plusieurs espèces et variétés de graminées sélectionnées pour cet usage. De ce fait la flore est généralement moins diversifiée que les pelouses ou les prairies naturelles. Si elle est parfois monospécifique, elle est alors assez pauvre en biodiversité végétale, mais aussi animale et fongique.
Les pelouses peuvent présenter un certain intérêt pour l'environnement (stockage de CO2, filtre pour l'air et pour l'eau, amortissement des bruits…) et être polluantes via les apports de désherbants, lombricides, insecticides, ou fongicides, ainsi que d'engrais divers (phosphates, nitrates, etc.) qui peuvent contaminer les eaux de drainage.
La surfréquentation des pelouses, notamment après des périodes de pluies peut les dégrader.
Principales espèces de graminées utilisées
Les principales espèces de graminées utilisées pour les semis de pelouses de jardins ou de terrains de sport sont choisies en fonction de leur qualité ornementale selon les périodes de l'année, de leur résistance au piétinement, aux maladies du feuillage, à la sécheresse, de leur durée de vie et de l'entretien qu'elles nécessitent.
Les principales espèces utilisées en gazon Nom Esthétique Résistance au piétinement Résistance à la sécheresse Fréquence des tontes Le ray-grass anglais ++ +++ ++ ++ Le pâturin des prés ++ +++ ++ ++ La fétuque rouge traçante, 1/2 traçante ou gazonnante +++ + +++ + La fétuque élevée ++ +++ ++ ++
Ces différentes espèces ont été d'abord sélectionnées sur l'aptitude à faire des couverts denses et pérennes. Partant des qualités naturelles des espèces sauvages, ces plantes ont ensuite été améliorées pour obtenir des variétés plus résistantes au piétinement, moins sensibles aux maladies du feuillage, pour former un couvert plus fin, plus dense ou poussant moins.
La création en France, dans le Catalogue officiel des espèces et variétés, d'une liste spécifique pour les gazons a permis de mieux valoriser ces améliorations variétales.
Afin de permettre à l'amateur de bénéficier de ces variétés améliorées, un Label rouge a été mis au point avec trois catégories : ornement, détente et agrément, sport et jeux.
De nombreuses autres espèces sont utilisées dans les régions tempérées selon les usages telles que différents agrostides (stolonifère, ténue, de Castille), la fétuque ovine durette, le cynodon dactylon, le paturin commun, la fléole bulbeuse, la crételle des prés, la canche cespiteuse,...
Avec le changement climatique en cours, des espèces spécifiques aux régions tropicales viennent compléter la liste des espèces traditionnelles dans nos régions comme le kikuyu (Pennisetum clandestinum), originaire d'Afrique centrale, le Zoysia tenuifolia. Ces espèces peuvent être utilisées dans le sud de la France pour leurs qualité de résistance à la sécheresse.
Pour être complet, il faut dire qu’un gazon ne reste jamais dans l’état dans lequel il a été semé, comme tous les milieux il évolue, les espèces de graminées apportées avec le gazon entrent en compétition avec les espèces sauvages locales (souvent qualifiées de mauvaises herbes).
Principales maladies des gazons
Les maladies des gazons sont nombreuses et peuvent fortement nuire à l'aspect ainsi qu'à la durée de vie des plantes. Il peut s'agir de diverses mycoses, de bactérioses ou de viroses. Les plus fréquentes sont les rouilles, mildious, helminthosporioses, fusarioses et le fil rouge.
Pour les golfs, ou la qualité du tapis végétal est particulièrement importante, les greenkeepers sont largement confrontés aux fusarioses hivernales, au dollar spot, aux fusarioses estivales … puis dans une moindre mesure aux pythiums, ronds de sorcières et anthracnoses. Les maladies les plus fréquentes sont aussi les plus traitées.
Un choix judicieux des espèces et des variétés, lors de la composition des mélanges, permet de limiter leur propagation.
Certaines maladies et adventices actuellement rencontrées proviennent de régions chaudes, en raison des changements climatiques. Par exemple, les greenkeepers doivent faire face à l’importante évolution dans l’extension géographique de Sclerotium rolfsii qui envahit le Sud Ouest de la France avec une gravité inégalée
Entretien
La tonte sélectionne les rares plantes résistant aux blessures répétées qu'elle induit. Mais l'élimination des produits de coupe finit par épuiser les sols pauvres, secs et fragiles.
Une des périodes pour semer du gazon est le printemps, ou la fin de l'été (globalement de mi-aout à fin septembre dans l'hémisphère Nord). Dans certains cas, il peut être conseillé de semer en surface (sans labourer au préalable) puis passer le rouleau pour bien faire adhérer les graines sur le sol. On pourra ensuite passer le rouleau en entretien pour favoriser l'enracinement sauf en région ou il neige en hiver car la neige a un poids suffisant pour compacter le sol.
Dans les régions où la pluie ne suffit pas, le gazon nécessite quelques arrosages si l'on veut le maintenir bien vert, et impérativement la première année après le semis pour un bon enracinement. Une fois le gazon levé, il faut arroser abondamment (4 à 5 litres au m² en moyenne, de préférence de nuit) et peu fréquemment si le fait de pousser le gazon à s'enraciner plus profondément à la recherche d'eau est voulu. Le fait que le gazon ait de courtes racines ne lui permet pas toujours d'aller puiser l'eau en profondeur. De plus, une grande partie de la réserve d'eau du gazon se trouve dans son brin, en surface. Une coupe de gazon courte sur une semence non adaptée peut entrainer un jaunissement du gazon par manque d'eau.
La coupe du gazon se fait à l'aide d'une tondeuse à gazon, mais son entretien peut nécessiter d'autres outils :
le coupe-bordure ou la cisaille à gazon, pour peaufiner le travail de la tondeuse dans les endroits difficiles d'accès ou autour des plantations, ainsi que le long des murs,
le râteau ou le balai à gazon, pour retirer les feuilles mortes par exemple,
le scarificateur ou l'aérateur, pour aérer le sol et retirer le feutre formé au cours de la saison estivale.
L'usage de désherbants sélectifs permet d'éliminer pour un certain temps des végétaux jugés indésirables tels que le trèfle, le pissenlit, la digitaire, la chicorée, l'oxalis, la lupuline, le lierre terrestre, les plantains, l'herbe à poux, l'herbe à puce et autres pâquerettes… au détriment de la biodiversité.
Les mousses peuvent être traitées par une aération du sol et un ratissage avec un râteau fin, avec l'aide d'un produit anti-mousse sous forme de granulés ou sous forme liquide.
Impact environnemental
Le gazon « intensif » est parfois à l'origine d'un gaspillage important d'eau et d'une pollution par les engrais
Le gazon est préféré par les écologistes aux pelouses artificielles ou aux sols nus ou imperméabilisés, car il protège le sol et permet le cycle de l'eau. Mais il peut aussi être artificialisant et générer divers impacts environnementaux négatifs.
Impacts positifs
Par rapport à un espace labouré ou à un espace imperméabilisé et construit, dans les zones climatiques où elle est adaptée, la pelouse contribue significativement à la qualité de l'air de l'eau et des sols, de plusieurs façons :
grâce à son évapotranspiration, elle a un pouvoir rafraichissant de l'air ;
elle contribue à fixer certains aérosols et les poussières de l'air ;
le "feutre racinaire" d'une pelouse dense constitue un excellent filtre pour l'eau et limite fortement les "fuites de nitrates" et d'autres polluants dans la nappe phréatique (des produits non biodégrables, tels que les métaux lourds peuvent toutefois finir par dangereusement s'accumuler dans la couche supérieure) du sol et dans l'herbe elle-même ;
dans une certaine mesure (cela ne fonctionne pas avec les désherbant totaux ou visant les graminées, quand les doses atteignent leur seuil d'efficacité), les bandes enherbées peuvent absorber des pesticides et en protéger les eaux superficielles et de nappe.
la pelouse amortit les bruits (amortissement direct, et effet tampon du bruit ambiant assuré par le sol et la végétation) ;
elle permet d'abriter une certaine biodiversité ;
en captant du gaz carbonique et libérant de l'oxygène, les pelouses séquestrent autant de CO que les forêts pour la même surface, et selon une étude américaine, un gazon bien géré, dans de bonne condition est aussi dans une certaine mesure un puits de carbone. Une pelouse de 230 m produit l'équivalent des besoins en oxygène d'une famille de 4 personnes .
enfin, la sélection des plantes à gazon permet une gestion de plus en plus « écologique » des pelouses en diminuant le nombre de tontes, les quantités de déchets verts et les besoins d'entretien, grâce aux améliorations de la résistance aux maladies des différentes espèces de graminées à gazon.
Impacts négatifs
Le gazon est dans certaines zones à l'origine d'une consommation importante d'eau d'arrosage.
Sur les sols pauvres et sableux, des apports d'engrais importants, s'ils sont lessivées par les pluies et les arrosages, peuvent polluer la nappe phréatique et/ou les cours d'eau superficiels.
À l'échelle d'un pays comme les États-Unis où les surfaces engazonnées sont très étendues, une mauvaise gestion des tontes peut être à l'origine d'émissions non négligeables de méthane (Cf. mauvais compostage). Si les tontes sont jetées avec les ordures ménagères, elles risquent de méthaniser dans une décharge ou d'être brûlées dans un incinérateur en gaspillant des carburants fossiles.
Le gazon est à l'origine dans certains pays, aux États-Unis notamment, d'une pollution de l'eau et des sols par les pesticides.
L'utilisation intensive d'une tondeuse thermique est source de bruit.
Pour ces différentes raisons, selon les pratiques d'entretien, l'empreinte écologique des gazons peut être élevée.
Gestion écologique et donc différenciée
La flore spontanée peut être intégrée au gazon, ici sur du sable, à proximité de la mer (Hardelot-Plage, Pas-de-Calais, France) où survivent encore quelques hannetons
Cette forme de gestion propose une alternative au gazon anglais nécessitant une coûteuse gestion intensive et produisant un gazon homogène et pauvre en espèces et en biodiversité ; Une gestion plus écologique impose une gestion dite différenciée, conservant des zones plus rarement tondues ou fauchées, éventuellement déplacées légèrement d'une année sur l'autre, pour accueillir une flore et une biodiversité animale plus élevée, et approcher les équilibres écologiques naturels en copiant pour partie les effets du broutage hétérogène par les herbivores dans la nature. La flore spontanée et autochtone y est conservée, tout en controlant les ligneux par la tonte ou la fauche.
Cette gestion permet une meilleure protection du sol, voire sa restauration, ainsi que la montée en graine sur une partie du gazon (favorable à l'adaptation du gazon à d'éventuels changements climatiques ou des conditions locales), et la conservation d'un plus grand nombre d'espèces d'herbacées qui permettent par exemple de mieux supporter les sécheresse ou période très humides. Les floraisons échelonnés dans le temps et dans l'espace offrent un aspect plus varié. Dans sa version poussée, le gazon évolue vers la prairie fleurie, tout en gardant si le propriétaire le souhaite un aspect de parfait gazon anglais dans les cheminements, qui peuvent alors n'être entretenu qu'au moyen d'une petite tondeuse mécanique à main. Le temps gagné à moins tondre peut être occupé à affiner la gestion en question. Il faut environ 5 ans pour passer d'un gazon homogène à un gazon diversifié évoluant vers une prairie fleurie. Les sols plus pauvres seront naturellement recolonisés par un plus grand nombre d'espèces, qui pousseront moins vite (demandant donc moins d'entretien), c'est pourquoi cette méthode promeut l'abandon de l'utilisation d'engrais (hors légumineuses tels que les trèfles) et l'exportation des produits de fauches, au moins pour une partie du terrain. Il n'est pas rare que des orchidées et d'autres plantes devenues localement rare ou ayant disparu depuis des décennies réapparaissent alors spontanément.
Ce type de gestion est souvent associée à l'architecture dite HQE
Autres types
Pose de gazon pré-cultivé
Des gazons techniques sont conçus pour certains sports (ici pour le cricket)
Il existe également des gazons fleuris, certains mélanges contiennent des plantes à feuilles larges comme la pâquerette.
Certains mélanges sont conçus pour être plus écologiques et demandent moins d'entretien, moins de tonte et peu ou pas d'engrais.
D'autres mélanges sont constitués pour végétaliser les bordures d'autoroutes, les pistes de ski, ...ou des voies de tramway en ville avec des espèces comme le zoysia tenuifolia sur la côte atlantique et méditerranéenne (faible consommateur d'eau et d'entretien).
Des pelouses spéciales sont conçues pour la pratique de certains sports (football, le rugby, le golf, le tennis, etc) dont certaines font appel à des technologies sophistiquées d'arrosage, de drainage, d'aération, voire de chauffage hivernal (au fuel, gaz ou électrique, sous bâche ou par le sol) pour éviter le gel de l'herbe et permettre la pratique sportive hivernale. Ce chauffage électrique de pelouse est rare car très coûteux en termes de fonctionnement ; à titre d'exemple le club de Sochaux a enterré sous sa pelouse semi-synthétique (premier exemple en France) du stade Auguste-Bonal environ 28 000 mètres de résistances chauffantes (en aluminium), qui entrent en fonction dès que la température extérieure descend sous 3 °C.
Il existe également du gazon synthétique, en matière plastique (comme le polypropylène), utilisé pour certains terrains de sport.
Cinéma
Touche pas à mon gazon est un film américain réalisé par Ted Kotcheff (1977)
Gazon maudit un film français réalisé par Josiane Balasko (1995)