Un ingénieur est un professionnel concevant des projets, si possible, par des moyens novateurs, et dirigeant la réalisation et la mise en œuvre de l'ensemble : produits, systèmes ou services impliquant de résoudre des problèmes techniques complexes. Il crée, il conçoit, il innove dans plusieurs domaines tout en prenant en compte des facteurs sociaux, environnementaux et économiques. Il lui faut pour cela, non seulement des connaissances techniques, mais aussi économiques, sociales, environnementales et humaines reposant sur une solide culture scientifique et générale.
Ce terme revêt cependant des significations diverses selon les époques et les secteurs d'activité. Le terme « ingénieur » et les fonctions qui y sont reliées se sont en effet beaucoup élargis.
La technicité, l'autonomie requise et les coûts importants associés à certains équipements modernes amènent parfois le remplacement de techniciens ou de professionnels qualifiés par des ingénieurs.
Étymologie
Origine du mot
Le terme en français n'est attesté, sous sa forme actuelle, qu'à partir de la Renaissance. Il s'agit d'une réfection probable d'après "ingénier" du terme attesté en ancien français engigneor « constructeur d'engins de guerre », dérivé de « engin ». Au Moyen Âge, le terme engineor est attesté au XI siècle dans le Domesday Book.
« Espèce-ingénieur » décrit parfois des espèces animales qui modifient leur environnement en créant de nouveaux habitats (ex : le castor qui grâce à ses barrages crée des zones humides, ou les vers de terre qui produisent l'humus et mélangent le sol).
Féminisation du mot
En France, l'Académie française relève que l'ajout d'un « e » final au mot « ingénieur », afin de former un féminin, est « contraire aux règles ordinaires de dérivation et constitue un véritable barbarisme ». Les Éditions Larousse suivent cette remarque et préconisent également l'emploi épicène. Enfin, l'association qui regroupe les ingénieurs de sexe féminin choisit en 1982 le nom de « femme ingénieur » et le conserve depuis. Toutefois, il existe de nombreuses utilisations du mot « ingénieure » sur le site de la dite association ou encore dans ses opérations « Ingénieure au Féminin » ; quant à l'Office national d'information sur les enseignements et les professions (Onisep), organisme public français, il utilise l'expression « ingénieur(e) » dans ses fiches métiers. Enfin, un Comité d'études (Anne-Marie BECQUER, Nicole CHOLEWKA, Martine COUTIER et Marie-Josèphe MATHIEU) au sein de l'unité mixte de recherche Analyse et traitement informatique de la langue française du CNRS, mandaté par le gouvernement français de l'époque pour étudier la question, estime correct l'usage de la forme « ingénieure » en parallèle de l'usage épicène. Position contestée, par l'Académie.
Les québecois et les suisses ont ajouté un « e » final.
En Belgique, un décret suivi d'un arrêté suivent la position de l'Académie Française en 1993. Cependant, face aux décisions canadienne et suisse, le Conseil supérieur de la langue française belge décide d'accepter également la forme avec un « e » final.
Le mot ingénieure pour désigner un ingénieur de sexe féminin est utilisé par Paul d'Ivoi dans son roman d'aventures Les fermiers de l'or.
Histoire
Objet conçu par des ingénieurs : le moteur à combustion interne et son système bielle/manivelle.
De l'Antiquité à l'Âge classique, ce sont les architectes-bâtisseurs-constructeurs-inventeurs qui sont les proto-ingénieurs, avec des figures telles qu'Imhotep, architecte de la plus ancienne pyramide à degrés du monde à Saqqarah en Égypte, Archimède, savant grec connu pour ses découvertes en mécanique (poussée d'Archimède, vis d'Archimède), les légions romaines et leurs œuvres de génie civil, les corporations de bâtisseurs des cathédrales européennes au Moyen Âge, Gutenberg et Léonard de Vinci et les inventions de la Renaissance, Denis Papin et la machine à vapeur. Au-delà de références historiques d'essence militaire, l'ingénieur apparaît, dans sa version moderne, pour l'essentiel à partir du XIX siècle (1 révolution industrielle), où il se confirme comme un acteur de premier plan du développement industriel. Les ingénieurs, dont le nombre augmente dès lors régulièrement, se constituent ainsi, comme groupe social reconnu en France au sein de la population des cadres. Toutefois, la considération accordée aux ingénieurs varie sensiblement selon les pays : elle est ainsi, très élevée en France et en Allemagne. Elle est moindre dans les pays anglo-saxons où les ingénieurs ont un profil plus spécialisé et technique et où le terme « engineers » recouvre simultanément les profils de techniciens (e.g. maçons, électriciens) et d'ingénieurs-concepteurs.
Dans un sens vieilli, ce terme désigne donc celui qui construisait ou inventait des machines de guerre ou concevait et réalisait des ouvrages de fortification ou de siège de places fortes. Ainsi, Vauban et Léonard de Vinci étaient ingénieurs. À cette époque, l'ingénieur est en général un architecte-technicien, inventif et rationnel. Dans l'Encyclopédie de Diderot et d'Alembert, l'article concernant l'ingénieur en distingue trois types : « Les uns pour la guerre ; ils doivent savoir tout ce qui concerne la construction, l'attaque & la défense des places. Les seconds pour la marine, qui sont versés dans ce qui a rapport à la guerre & au service de mer ; & les troisièmes pour les ponts & chaussées, qui sont perpétuellement occupés de la perfection des grandes routes, de la construction des ponts, de l'embellissement des rues, de la conduite & réparation des canaux. »
Dans la 6 édition du Dictionnaire de l'Académie française (1832-1835), l'article concernant l'ingénieur, évoque, outre l'ingénieur des fortifications militaires : « Celui qui conduit quelques autres ouvrages ou travaux publics, tels que la construction et l'entretien des routes, l'exploitation des mines, etc. Ingénieur des ponts et chaussées. Ingénieur des mines. Ingénieur de la marine ou maritime. Ingénieur-constructeur de vaisseaux. Ingénieur géographe, celui qui dresse des cartes de géographie. Ingénieur pour les instruments de mathématique, Celui qui fait des instruments de mathématique. Ingénieur-opticien, celui qui fait des instruments d'optique. »
Le terme « génie » rassemble les processus et méthodes d'invention de solutions et de coordination technique permettant d'aboutir – par synthèses successives et approche pluri-disciplinaire – à des objets techniques complexes. Dans la pratique, les termes utilisés incluent : génie de l'Air, génie chimique, génie civil, génie électrique, génie génétique, génie industriel, génie logiciel, génie maritime, génie mécanique, génie physique, génie rural, génie urbain, ... dans des sens où en anglais on utilise le terme engineering. Le dictionnaire Hachette-Oxford donne d'ailleurs bien génie comme traduction correcte du terme engineering.
La création des grands corps techniques de l'État à partir de la Révolution française donne lieu, à l'époque contemporaine, à une définition statutaire du mot ingénieur, qui désigne dans le vocabulaire administratif les membres de ces corps. Ceux-ci conservent le titre d'ingénieur même quand leurs activités professionnelles n'ont pas de lien avec la technique. Dans les entreprises, depuis le milieu du XX siècle, le titre d'ingénieur recouvre des réalités très diverses, parfois éloignées de la définition théorique. Il est en effet appliqué aussi bien à des fonctions techniques de réalisation ne comportant aucune responsabilité de conception ou de conduite de projet, qu'à des fonctions commerciales ou de conseil en relation avec des produits ou services à caractère technique mais dont le contenu n'est pas essentiellement technique.
Accès au titre et à la profession
Au Canada
Au Canada, le métier d'ingénieur est une profession réglementée et l'accès à la profession nécessite une autorisation d'exercer. Au Québec, par exemple, le titre d'ingénieur est réglementé par l'ordre des ingénieurs du Québec (OIQ).
En France
En France, le métier d'ingénieur est une profession non réglementée. L'usage du titre d'ingénieur et l'accès à la profession sont libres ; cependant le titre d'« ingénieur diplômé » est réglementé : la délivrance d'un titre d'ingénieur diplômé par un établissement d'enseignement supérieur (école d'ingénieurs, université, etc.) ou un organisme de formation professionnelle est en effet, depuis 1934, soumise à l'agrément de la Commission des titres d'ingénieur (CTI) qui aboutit à une habilitation par l'Etat prononcée par arrêté annuel. Un étudiant d’une école habilitée par l’État à délivrer un diplôme d'ingénieur, devient après ses études « ingénieur diplômé (de l'école concernée, avec éventuellement mention d'une spécialité) ». Seuls ceux-ci ont ce titre. Depuis 1934, une personne usurpant le titre d'« ingénieur diplômé » (le mot diplômé est ici important car il montre le rattachement du diplôme à la CTI) est passible d’un emprisonnement d’un an et d’une amende de 15 000 €.
En France, c'est l'association Ingénieurs et scientifiques de France (IESF) qui gère les demandes pour l’attribution du titre « Ingénieur Européen EUR ING » auprès de la Fédération européenne d'associations nationales d'ingénieurs (FEANI). Le titre « ingénieur européen EUR ING » permet à un ingénieur d’avoir une reconnaissance européenne.
Il existe également le titre « ingénieur en » avec le certificat de compétence d’ingénieur professionnel (CDCIP) qui est délivré par la Société nationale des ingénieurs professionnels de France (SNIPF). La SNIPF est accrédité par le Comité français d'accréditation (COFRAC). Ce titre est un label qui reconnaît qu’un individu est capable, à un moment donné, d’assurer la fonction d’ingénieur dans une spécialité précise (titre « ingénieur en » CDCIP).
Le diplôme d'ingénieur français bénéficie, depuis 2013, d'une équivalence de niveau Master aux USA (Master of Science, MSc).
L'association Ingénieurs et scientifiques de France (IESF, ex-CNISF, ex-FASFID) représente les ingénieurs en France. Elle gère le « Répertoire des ingénieurs et des scientifiques », accessible en ligne sur le site de l'association, qui permet de connaître les diplômes des personnes physiques titulaires d'un diplôme d'ingénieur, d’un diplôme national de master scientifique ou technique, d’un mastère spécialisé scientifique ou technique ou d’un doctorat scientifique dans les catégories : « Ingénieur Diplômé » (ID), « Ingénieur Universitaire Master » (IUM) c’est-à-dire ceux titulaires d’un diplôme Bac+5 scientifique universitaire ou d’un titre scientifique reconnu CNCP niveau I, « Ingénieur Reconnu » (IR).
En Tunisie
En Tunisie, pour exercer le métier d'ingénieur il faut être obligatoirement inscrit au tableau de l'Ordre des ingénieurs tunisiens (OIT) l’accès aux écoles d'ingénieurs ne peut se faire qu’après soit :
Le passage par les concours nationaux d'entrée aux écoles d'ingénieurs en quatre sections différentes : Biologie/Géologie qui ouvre des horizons sur la formation d'ingénieurs, agronomes ou géologues. Mathématiques/physique, Physique/Chimie et Physique/Techniques qui ouvrent des horizons sur l’ingénierie industrielle assurée par la plupart des écoles d'ingénieurs tunisiennes.
Biologie/Géologie qui ouvre des horizons sur la formation d'ingénieurs, agronomes ou géologues.
Mathématiques/physique, Physique/Chimie et Physique/Techniques qui ouvrent des horizons sur l’ingénierie industrielle assurée par la plupart des écoles d'ingénieurs tunisiennes.
Le passage par des concours sur dossiers soit à l'institut national des sciences appliquées et de technologie de Tunisie ou à ISSAT (Sousse).
Fonctions
L'ingénieur intervient principalement au niveau de la recherche et développement, de la conception ou de la fabrication de produits. Il apporte son expertise technique et sa créativité en tenant compte de contraintes de temps, de ressources, d'innovation, d'ergonomie et de respect de l'environnement et des réglementations.
Le métier d'ingénieur est très différent suivant les secteurs d'activité. Il intervient dans les domaines suivants :
Recherche et développement (R&D) : métier très large consistant à concevoir de nouveaux produits. L'ingénieur peut être concepteur, calculateur, responsable des essais, comme dans l'aéronautique, responsable de la veille technologique, etc. ;
Application : l'ingénieur, dans ce cas, s'occupe de la partie industrielle. Il peut travailler pour les méthodes (définition des moyens de fabrication d'un produit), gérer les différents aspects d'une chaîne de production (approvisionnement, stock, délais, etc.), gérer les nouvelles machines et planifier les opérations de maintenance dans une usine ;
Qualité : métier transverse, la fonction de l'ingénieur est d'améliorer la qualité et la fiabilité d'un produit, d'une chaîne de production, d'un processus ;
Sécurité : métier transverse. L'ingénieur édicte les règlements de sécurité, transcrit les normes de protection en fonction du métier et vérifie leur application ;
Vente : le rôle de l'ingénieur ici est de transcrire les besoins des clients en solutions techniques réalisables.
Les principaux domaines d'applications sont les suivants :
Aéronautique
Aérospatiale
Agronomie
Automobile
Biotechnologie
Chimie
Dronautique
Électronique
Électrotechnique
Génie civil, architecture, génie urbain
Informatique
Télécommunication
Robotique
Formation d'ingénieur
On trouve de plus en plus de formations d'ingénieurs. Leur nombre a été multiplié par 10 depuis 1940 en France, et par 4 en Colombie dans les 10 dernières années.
On observe également que les formations d'ingénieurs s'internationalisent. Le nombre d'ingénieur formés varie énormément selon le pays : en 2006, la France forme, par l'intermédiaire des écoles d’ingénieurs, 30 000 ingénieurs par an et en 2007, les États-Unis en forment 70 000. La même année, l'Inde forme environ 350 000 ingénieurs par an et la Chine environ 600 000 ingénieurs. Précisément en raison des différences d'accès à la reconnaissance comme ingénieur, il est très difficile de mener une comparaison précise des statistiques sur le nombre d'ingénieurs entre les pays : un travailleur appelé ingénieur dans un pays pourrait être technicien dans un autre. Cet enjeu ne peut d'ailleurs pas se réduire à une hiérarchie de formations plus ou moins poussées et des choix sont faits entre spécialisation et pratiques transversales. Des « ingénieurs-techniciens » très pointus peuvent maîtriser un domaine précis de façon plus fine qu'un ingénieur davantage à la française à la formation généraliste et transversale.
Les formations ont aussi tendance à se standardiser, avec la notion du « bon » ingénieur, de compétence internationale.
Évolution du métier
Le livre blanc des Ingénieurs et Scientifiques de France souligne que les sociétés humaines prennent conscience depuis le début du XXI siècle de la réalité d'un monde fini, où la croissance démographique va poser des problèmes de ressources. Notamment, les émissions de CO2 ont un impact sur le climat, et il s'avère nécessaire de soumettre la totalité des actions humaines à un impératif de développement responsable. Les ingénieurs et scientifiques sont directement concernés :
pour mesurer la réalité des faits et mettre en œuvre des techniques de suivi ;
pour concevoir et mettre en œuvre des solutions concrètes aux nouveaux problèmes rencontrés ;
pour accepter une modification en profondeur des pratiques de métier de l'ingénierie et de leur positionnement dans les processus décisionnels.
Cela se traduit par une participation accrue en amont aux fonctions de conception et de maîtrise d'ouvrage, dans un esprit de responsabilité sociétale et avec un rôle à repenser au sein de l'entreprise. Dans ce nouveau paradigme, les ingénieurs et les scientifiques doivent apprendre à poser les problèmes autant qu'à les résoudre.
Selon le président de l'association des Centraliens, l'ingénieur doit avoir une approche globale de toutes les problématiques qu'il est amené à traiter. Sa « compréhension des phénomènes physiques, chimiques, biologiques » est indispensable, à un moment où l'« on a tendance à oublier les réalités physiques » (usage fréquent du mot « immatériel »). L'ingénieur a en effet un schéma de pensée « analyser / caractériser / synthétiser / proposer des solutions pragmatiques » qui convient particulièrement bien pour relever les défis que notre monde va affronter dans les décennies à venir.
Au Québec, les ingénieurs ont un code de déontologie particulier. En France, l'association qui représente les ingénieurs et scientifiques, IESF, a publié en 2001 une charte d'éthique.
Aspect social
Les salaires des ingénieurs
En général, les ingénieurs ont des salaires relativement élevés par rapport aux salaires moyens dans leur pays respectif. Leur salaire peut cependant dépendre de la spécialité choisie, et est la plupart du temps croissant avec le temps. La croissance du salaire va également dépendre du domaine dans lequel l'ingénieur travaille. Par exemple, un ingénieur en informatique ou en mécanique peut souvent prétendre à un meilleur salaire qu'un ingénieur en sciences de l'environnement.
Pays |
Salaire moyen par mois d'un ingénieur (USD) |
Salaire moyen dans le pays (USD) |
États-Unis |
7 916 |
4 537 |
Suisse |
9 466 |
7 916 |
République Tchèque |
1 7** |
1 408.5 |
Japon |
6 316 |
4 180 |
Royaume-Uni |
5 975 |
4 198.6 |
L'image des ingénieurs dans la culture populaire
Dans le classement du National Opinion Research Center (NORC) de 1989, qui classe par prestige plus de 800 professions différentes, on retrouve à la 13 place le poste d'ingénieur en général.
Ce classement range les métiers selon l'image que les gens ont de sa valeur.
Classement de prestige
Occupation |
Prestige |
Médecin |
86,05 |
Avocat |
74,77 |
Scientifique ou informaticien |
73,70 |
Enseignant |
73,51 |
Physicien ou astronome |
73,48 |
Chimiste |
73,33 |
Ingénieur chimiste |
73,30 |
Architecte |
73,15 |
Biologiste |
73,14 |
Scientifique en physique (classé nulle part ailleurs) |
73,09 |
Professeur |
71,79 |
Juge |
71,49 |
Ingénieur (classé nulle-part ailleurs) |
70,69 |
Chef de la direction, de l'administration générale, ou dans l'administration publique |
70,45 |
Géologue |
69,75 |
Psychologue |
69,39 |
Manager |
69,22 |
Ingénieur aérospatial |
69,22 |
Pasteur |
68,96 |
Ingénieur civil |
68,81 |
Il a été observé que quand des personnes non familières avec l'ingénierie pensent aux ingénieurs, elles ont plus souvent tendance à penser à quelqu'un qui répare quelque chose, que quelqu'un de créatif qui conçoit des solutions pratiques. Il apparaît de fait que le terme « ingénieur » regroupe de nombreux domaines d'application, ce qui contribue à l'incompréhension de ce métier.
La diversité chez les ingénieurs
Les femmes dans l'ingénierie
L'ingénierie est un domaine vu comme surtout masculin par le grand public. En fait, bien que les femmes soient très peu présentes dans ce domaine (19,1 % de femmes étudiant l'ingénierie aux États-Unis en 2013), leur nombre est en croissance.
La présence des femmes est cependant, plus accentuée dans certains domaines de l'ingénierie que d'autres. Par exemple, aux États-Unis en 2013, 14,3 % des masters d'ingénieur en mécanique ou 15,7 % des masters d'ingénieur en aérospatial étaient décernés à des femmes, contre 46 % des masters d'ingénieur en environnement ou 40,8 % des masters d'ingénieur en biomédical qui leur ont été remis.
Pourcentage de femmes étudiants l'ingénierie en Australie, au Canada, au Royaume-Uni et aux États-Unis.
Pays |
% de femmes |
année |
Australie |
14,1 % |
2004 |
Canada |
18,5 % |
2004 |
Royaume-Uni |
9,5 % |
2005-06 |
États-Unis |
19,3 % |
2005-06 |
Certaines personnes, comme Lawrence Summers, 27 président de l'université de Harvard, ont voulu expliquer ce faible taux de femmes par une différence de capacité innée dans les sciences entre les hommes et les femmes, mais cette idée fut rapidement rejetée. Une autre explication avancée serait une influence sociale très traditionnelle, avec dès leur plus jeune âge les garçons poussés vers la technique par leurs parents, contrairement aux filles qui seraient orientés vers des métiers plus féminins, tel qu'infirmière.
On remarque également qu'en plus d'être moins nombreuses à commencer des études d'ingénierie que les hommes, les femmes ont tendance à avoir des carrières ne progressant pas autant que les hommes. Des études ont trouvé que les femmes étant mariées et ayant des enfants accédaient moins souvent que les hommes présentant les mêmes caractéristiques aux postes les plus élevés de leur domaine. Une explication avancée est le fait que les entreprises ont souvent une politique qui impose un "modèle masculin" de carrière, fondé sur une extrême disponibilité et sur l'auto-exclusion des femmes qui anticipent et intériorisent les contraintes familiales et domestiques.
En effet, en ce qui concerne le domaine de l'ingénierie, bien que la proportion de femmes ne cesse de s’accroître, les hommes ne se sont pas plus investis dans la sphère privée pour autant . Cela est une conséquence des responsabilités des femmes dans le foyer, et d'une longue tradition dans laquelle l'homme a un rôle de travailleur-pourvoyeur, et est un phénomène qui peut être observé dans de nombreux domaines (en France en 2013, seulement 12 % des pères ont modifié leurs activités professionnelles à la suite de la naissance d'un enfant, contre environ une femme sur deux).
Les pauses, parfois inévitables, prises par les femmes pour s'occuper des jeunes enfants ont des conséquences souvent néfastes sur leurs carrières : les arrêts pour cause de maternité privent souvent les femmes des années les plus importantes pour la réussite de leur carrière. De plus, le retour dans l'ingénierie est alors plus compliqué et les carrières sont ralenties, et peuvent s'accompagner d'une perte d'intérêt de la femme pour le domaine dans lequel elle travaillait.
Donc, bien que les femmes soient de plus en plus nombreuses dans l'ingénierie, des inégalités subsistent. On en retrouve dans l'investissement des hommes et des femmes dans leur carrière par rapport à l'investissement dans la sphère privée, ce qui peut-être un facteur parmi les différents qui expliquent des différences dans la réussite des carrières.
Différentes initiatives et organisations ont été constituées afin de renforcer la place des femmes dans des études d'ingénierie. Voici une liste non complète :
Organisation Pays Anita Borg Institute for Women and Technology Global Women In Engineering ProActive Network États-Unis Society of Women Engineers États-Unis Grace Hopper Celebration of Women in Computing États-Unis Robogals Australie, Royaume-Uni, États-Unis, Afrique du Sud, Canada, Japon, Philippines Women in SET Royaume-Uni German Association of Women Engineers (dib e.V.) Allemagne Association Femmes Ingénieurs France Association of Professional Women Engineers of Nigeria (APWEN) Nigeria Institute of Electrical and Electronics Engineers (IEEE) Women in Engineering Canada Ontario Network of Women in Engineering Canada South African Women in Engineering Afrique du Sud Women in Engineering Student Society Royaume-Uni Women's Engineering Society Royaume-Uni
Associations d'étude sociale des ingénieurs
The International Network for Engineering Studies (INES)
Society for the History of the Technology
Society for Philosophy and Technology
Society for the Social Study of Science (4S)
European Society for the Study of Science and Technology
Société d'Anthropologie des Connaissances
Ingénieurs notables
Pour leurs réalisations scientifiques, techniques et/ou industrielles
Jean-Jacques Archambault
Joseph-Armand Bombardier
Gerald Bull
Lucien L'Allier
Pierre Bézier
Louis Blériot
Wernher von Braun
Isambard Kingdom Brunel
Fredrik Rosing Bull
André Citroën
Georges Claude
Gottlieb Daimler
Marcel Dassault
Rudolf Diesel
Guillaume Henri Dufour
Gustave Eiffel
Eugène Freyssinet
Zénobe Gramme
Sergueï Korolev
René Leduc
Etienne Lenoir
René Lorin
John McAdam
Willy Messerschmitt
André Michelin
Henri Poincaré
Ferdinand Porsche
William Siemens
Igor Sikorsky
Emil Škoda
Nikola Tesla
Fritz Todt
Léonard de Vinci
Henri Ziegler
Vannevar Bush
Vinton Cerf
Henry Ford
Henry Gantt
Robert Goddard
Herman Hollerith
Robert Metcalfe
Claude Shannon
Frederick Taylor
John von Neumann (également )
Soichiro Honda
Hideo Itokawa
Taiichi Ohno
Shigeo Shingo
Genichi Taguchi
Littérature
Auguste Detœuf, ingénieur lui-même et grand employeur d'ingénieurs : « Il y a trois manières de se ruiner, disait le grand Rothschild : le jeu, les femmes - et les ingénieurs. Les deux premières sont plus agréables - mais la dernière est plus sûre. »
Dans son roman Les Dompteurs de l'or, Paul d'Ivoi utilise le mot au féminin et écrit à plusieurs reprises « l'ingénieure » pour désigner son héroïne.
Jules Verne a choisi comme personnage principal de son roman L'Île mystérieuse un ingénieur américain nommé Cyrus Smith.