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词典释义:
nationaliste
时间: 2023-09-20 17:01:35
[nasjɔnalist]

a. 民族,国家 n. 民族,国家

词典释义
a.
民族 ,国家
journal nationaliste民族报纸
mouvement nationaliste en Afrique非洲民族运动

n.
民族 ,国家

近义、反义、派生词
名词变化:nation, natif, native, nationalisation, nationalisme, nationaux
动词变化:nationaliser
形容词变化:natif, native, national, nationale, nationaux
词:
chauvin,  cocardier,  patriote
词:
cosmopolite
联想词
nationalisme 民族; indépendantiste 独立; populiste 民粹; patriote 爱国; extrémiste 极端,走极端,过激,偏激; progressiste 进步; patriotique 爱国; fasciste 法西斯分子; réactionnaire 反动; communiste 共产; marxiste 马克思;
短语搭配

journal nationaliste民族主义报纸

l'idéologie nationaliste民族主义思想

la foi nationaliste民族主义信仰

professer des opinions nationalistes发表民族主义意见

mouvement nationaliste en Afrique非洲的民族主义运动

un nationaliste à tous crins一个坚定的民族主义者

le caporalisme des nationalistes de l'entre-deux-guerres两次世界大战之间的国家主义者的极端专制主义

Les nationalistes appelaient étrangers, renégats, ou traîtres ... (Rolland)民族主义分子纠集外国人、变节者或叛徒…(罗曼·罗兰)

Cet orateur puise ses arguments dans l'imagerie nationaliste.这位演说家从民族主义者的平庸的套话堆中汲取论点。

原声例句

La défaite de 1870 de la France contre la Prusse et la perte de l'Alsace-Lorraine, on fait de Pasteur un ardent nationaliste.

法国 1870 年被普鲁士击败,阿尔萨斯-洛林的失守,巴斯德被视为狂热的民族主义者

[德法文化大不同]

Hermann est désormais mobilisé par les nationalistes de tous poils, et naturellement Hitler aussi se reconnaîtra en lui.

Hermann现在被各色各样的民族主义者动员起来,希特勒自然也会在他身上找到自己的影子。

[德法文化大不同]

A l'annonce du procès, les ligues nationalistes, les antisémites, mais aussi les anarchistes, se réveillent.

在审判宣布时,民族主义联盟,反犹太主义者,以及无政府主义者,都清醒了。

[硬核历史冷知识]

Mais ces mouvements se confronte à la vague nationaliste qui touche tous les pays européens.

但这些运动面对的是影响所有欧洲国家的民族主义浪潮。

[历史小问题]

Des mouvements nationalistes, des insurrections et des guérillas sont à l’origine de guerres coloniales (p.ex. en Indochine et en Algérie) et amènent la France à accorder peu à peu l’indépendance à ses colonies et protectorats.

民族主义运动、起义及游击战导致了殖民地战争(例如在印度支那和阿尔及利亚的战争),促使法国逐渐将独立交还给殖民地和保护地。

[法语词汇速速成]

Consacré en 1782, lorsque Bangkok devint capitale, ce temple est un haut lieu de pèlerinage pour les bouddhistes et les nationalistes.

这座寺庙开放于1782年,曼谷成为首都的时候,是佛教徒和民族主义者朝圣的胜地。

[旅行的意义]

J’ai besoin de votre détermination pour ce sursaut européen et j’ai besoin qu’ensemble nous ne cédions rien ni aux nationalistes ni aux sceptiques.

我需要你们为欧洲的飞跃而下定决心,我需要我们在一起,不屈服于民族主义者或怀疑论者。

[法国总统新年祝词集锦]

Ce mouvement politique défendait des idées nationalistes et d’extrême droite.

这场政治运动捍卫民族主义和极右主义思想。

[un jour une question 每日一问]

Et comme attendu, c'est la coalition nationaliste Pè a Corsica qui arrive en tête du premier tour.

毫无意外,法国科西嘉岛当地联盟政党Pè a Corsica(为了科西嘉)在第一轮获胜。

[法语动画小知识]

Pour ce faire, il s'unit aux maquisards nationalistes du front de libération du Sud Viêt Nam : les « Viêt-Cong » .

为此,它与越南南方民族主义战线联合:“越共”。

[Pour La Petite Histoire]

例句库

Les nationalistes ont une forte croyance.

国家主义者们拥有很强的信念。

Villain l'a lu partout, dans tous les journaux qui lui sont tombés sous la main.Car la presse nationaliste s'est déchaînée ces derniers temps contre le grand tribun.

是的,民族主义者报刊一段时间以来,对伟大的演说家让·若雷斯倾泻了刻骨的仇恨,使用了种种恶毒言词。

Du côté du Japon, le premier ministre Junichiro Koizumi leur donna les verges pour se faire fouetter en se rendant au sanctuaire shinto nationaliste Yasukuni en 2001.

在日本一方,首相小泉纯一郎于2001年参拜靖国神社一事曾为对方提供了攻击自己的藉口。

Je ne suis pas nationaliste, mais ce n'est absolument pas exagéré de dire que la langue chinoise représente une fierté voire un miracle.

我不是一个民族主义者,然而说中文是一个骄傲甚至奇迹,却绝对不过分。

Le passage plus que mouvementé de la flamme olympique à Paris, il y a 10 jours, a enflammé les militants nationalistes chinois et le court message de Pékin pour calmer le jeu n'y a rien changé.

10天前巴黎奥林匹克火炬传递中的运动,点燃了中国中国民族主义积极分子的激情,而北京简短的呼吁冷静的信息对活动没有任何影响。

De plus en plus d'organisations nationalistes paraissent.

越来越多的民族主义组织出现。

"Ce type est sûrement japonais", dit un commentaire, au sujet d'un opposant au boycott, retrouvant les bons vieux réflexes nationalistes et l'ennemi traditionnel...

"这家伙肯定是个日本人,"一个网民评论道,有关反对派的抵制,又重新找到了一个老生重谈的民族主义和一个传统的敌人的话题。

Reportage sur TF1, un jeune super bon mais aveugle qui a été donné son savoir faire à des gens hypers Nationalistes.

TF1上,一位年轻的朋友说的很好,他认为的资本家正在出卖国家。

Avec l'occupation de Shusha, capitale traditionnelle de tout le Karabakh, les nationalistes arméniens achevaient le nettoyage ethnique de cette région de l'Azerbaïdjan.

占领历史上一直是整个卡拉巴赫区域首府的舒沙市之后,亚美尼亚极端民族主义分子在阿塞拜疆的这个区域彻底完成了全面的族裔清洗。

Ce faisant, les nationalistes arméniens ont commis un crime horrible de génocide contre la population azerbaïdjanaise.

在进行侵略的过程中,亚美尼亚极端民族主义分子犯下了对阿塞拜疆人民进行灭绝种族的可怕罪行。

Les nationalistes arméniens ont ainsi jeté les bases de leurs futures revendications territoriales contre l'Azerbaïdjan, ce qui a entraîné de nouvelles tragédies à la fin du XXe siècle et qui se poursuivent encore au Sud-Caucase.

因此,亚美尼亚极端民族主义分子建立了对阿塞拜疆未来领土主张的基础,导致了南高加索在20世纪末并且仍然在继续的进一步惨剧。

Des millions d'innocents ont donc été victimes de la sauvagerie des nationalistes arméniens.

从而有数百万无辜的平民惨遭亚美尼亚极端民族主义分子的杀害。

Les conflits de territoire, les sentiments nationalistes et les différences culturelles, qui entraînent des difficultés de communication, sont à l'origine d'un affaiblissement des liens de loyauté, plus important chez ceux chargés de combattre la criminalité transnationale que chez les criminels.

地域冲突、民族主义情绪以及导致交流困难的文化差异造成那些打击跨国有组织犯罪的人的忠诚度不如从事这些犯罪的人。

Tous ces actes sont commis au nom de raisons soi-disant religieuses et nationalistes.

所有这些都是在虚伪的宗教和民族主义旗号下进行的。

Nous devons avant tout nous rappeler dans quelle mesure le nationaliste chauvin et les philosophies négationnistes peuvent être pernicieuses.

首先,我们必须提醒自己沙文民族主义和否定哲学可以达到的危害程度。

Il faut, en règle générale, rejeter promptement et efficacement toutes manifestations d'extrémisme - politiques, nationalistes ou religieuses.

总体而言,我们必须迅速有效地击退任何表现和任何类型,即政治、民族主义或宗教的极端主义。

Il y a quatre ou cinq ans, le requérant a été accusé de meurtre par des membres du Parti nationaliste bangladais (BNP) et par la Ligue Awami et arrêté par la police.

四、五年前,他被孟加拉国民族主义党和人民联盟的成员指控犯有谋杀罪,并遭到警察的逮捕。

Les deux rapports du Rapporteur spécial lancent un cri d'alarme face à l'aggravation de nombreux problèmes, entre autres la recrudescence de mouvements nationalistes et de partis d'extrême droite qui prônent la xénophobie.

特别报告员的两份报告针对大量问题提出了警告,其中包括宣传仇外心理的新民族主义运动和极右翼运动再次出现。

Le 16 avril, deux cérémonies d'incorporation des conscrits en Republika Srpska ont été sérieusement perturbées par des expressions de sentiments nationalistes par les Serbes de Bosnie.

4月16日,塞族共和国的两个新兵入伍仪式因波斯尼亚塞族民族主义情绪的爆发而受到严重干扰。

Dans la Fédération, les nationalistes et les modérés ont maintenu leurs positions mais tous les trois partis qui s'appuient essentiellement sur la communauté bosniaque ont perdu des voix en raison du faible taux de participation.

在联邦内,民族主义者和温和派保持了其席位,但是,主要得到波什尼亚克社区支持的所有三个政党因投票人数不多而丢失了选票。

法语百科

Le nationalisme est un principe politique, né à la fin du XVIII siècle, tendant à légitimer l'existence d'un État-nation pour chaque peuple (initialement par opposition à la royauté, régime politique qui en France sera ensuite nommé Ancien Régime). Ce principe politique s'est progressivement imposé en Europe au cours du XIX siècle et au début du XX siècle. Les historiens ne présentent pas ce nationalisme, en général, comme une idéologie, car il est peu et mal argumenté ou justifié par des intellectuels. Depuis son avènement il est en revanche facilement présenté comme une évidence dans la vie politique et sociale.

Ce terme désigne aussi des mouvements politiques déclarant vouloir exalter une nation sous toutes ses formes (État, culture, religion, traditions, préférence nationale pour l'emploi...), par opposition aux autres nations et populations. Cette deuxième variante du mouvement s'est développée à partir de la fin du XIX siècle, vers 1870 : chauvine et xénophobe, elle trouvait alors ses militants principalement dans la petite bourgeoisie.

Le nationalisme apparaît aussi, à partir du milieu du XIX siècle, comme un sentiment national plus ou moins répandu et exalté au sein de la population d'un pays, et s'invitant (surtout au XX siècle) au sein de multiples doctrines ou idéologies politiques, allant du communisme (par exemple le concept de Patriotisme anti-impérialiste de Mao Zedong) et du fascisme (concept de Totalitarisme anticapitaliste de Benito Mussolini) jusqu'aux démocraties parlementaires, en passant par la Troisième Internationale léniniste. Ainsi il a souvent servi de justification aux épurations ethniques du XX siècle, peut-être parce que le sentiment national est devenu « puissamment mobilisateur », comme l'avaient compris dès le printemps des peuples de 1848 certains conseillers de dynasties européennes.

Le nationalisme d'avant le XVIII siècle

Antiquité

Dès l’Antiquité, il existe un sentiment d'appartenance commune à des entités politiques ou morales.

On peut citer en exemple :

Le sentiment d'appartenance au monde grec par opposition aux « barbares » (qui ne parlent pas la langue grecque) et la mobilisation d'une partie des cités grecques contre l'envahisseur perse. L'autre partie des cités grecques se battait aux côtés des Perses ;

L'alliance de nombreux peuples gaulois contre les romains et leurs alliés, qui comptaient d'autres peuples gaulois, pendant la guerre des Gaules ;

La notion de compatriote utilisée par les bretons insulaires pendant les guerres contre les Angles et les Saxons d'où résultent les noms de la Cambrie, Cumberland, Northumbrie et le nom que se donnent eux-mêmes les Gallois (Kymry) : Tous ces noms proviennent d'une racine celtique désignant les compatriotes;

La notion d'appartenance commune à une même nation chez des confédérations de populations de cavaliers, de nomades ou privés de territoire, parfois d'origines et de langues différentes, mais réunis par une "communauté de destin" (Schicksalsgemeinschaft en allemand selon Theodor Much) tels les Huns, les Avars, les Proto-Bulgares, les Onoghoures, les Alains, les Juifs, les Roms et bien d'autres.

Ces exemples font référence à des entités historiques et/ou morales, et non à des nations au sens moderne.

Le Moyen Âge

L'existence d'un « nationalisme » au Moyen Âge est controversée, en particulier parce que l'historiographie récente montre comment l'État-nation, en tant que tel, n'est réellement apparu qu'avec la Révolution française et l'émergence de l'« ère des nationalismes » au XIX siècle. Selon Eric Hobsbawm, utiliser le terme de « nationalisme » avant cela (pour qualifier par exemple la fierté des élites des empires chinois, grec, aztèque ou inca telle qu'elle apparaît dans les sources anciennes) est donc un anachronisme, une projection a posteriori d'un sentiment identitaire moderne, sur une réalité antérieure à son émergence. Ainsi, Eric Hobsbawm affirme qu'il ne faut pas confondre le sentiment national avec d'autres variantes du sentiment d'appartenance collective, nommés sentiments « protonationaux », qui « n'avaient pas -ou n'ont pas- de relation nécessaire avec l'unité d'organisation politique territorial [...]. », et évoque les difficultés de connaître « les sentiments des illettrés qui formaient l'écrasante majorité de la population mondiale avant le XX siècle », soulignant que l'on ne dispose d'informations que sur la fraction instruite de la population, et qu'il est illégitime de généraliser de l'élite aux masses, ou de confondre le nationalisme avec un « nationalisme de noblesse ».

Certains auteurs, tels Gaines Post, avaient cependant soutenu l'hypothèse d'une ébauche de nationalisme au XIIIetXIV siècles, avec le début de la construction des États territoriaux (Royaume d'Angleterre, de France et d'Espagne) liée, selon eux, à l'apparition d'un sentiment de patriotisme (patria communis) unissant les sujets et le souverain dans une même allégeance. En tout état de cause, si nationalisme il y avait, celui-ci différait fortement du nationalisme moderne : l'éclatement du système juridique et linguistique français diffère ainsi largement des conditions modernes du jacobinisme.

Le nationalisme créateur de nations, à partir de la fin du XVIII siècle

Histoire ou typologie ?

Le nationalisme est un phénomène apparu clairement au XVIII siècle et ayant conquis les esprits et tous les degrés de la politique mondiale entre les XVIIIetXX siècles. Cet élargissement s'est accompagné d'une diversification de ses manifestations et d'évolutions au cours du temps dans chaque lieu où il s'est manifesté. Les historiens, dans une volonté de synthèse, ont eu à choisir entre retracer l'évolution temporelle du nationalisme, en évoquant chaque région du monde et en soulignant ses constantes (c'est le choix de Benedict Anderson qui insiste sur les imitations entre politiques nationalistes qui se multiplient au cours du temps), et entre proposer une typologie du nationalisme, mettant ainsi en valeur les dépendances et indépendances de ses manifestations envers les situations historiques de ses apparitions (c'est le choix de Raoul Girardet et d'Ernest Gellner). Certains ont choisi une voix médiane où les détails historiques soulignent une typologie proposée : c'est le choix d'Eric Hobsbawm qui utilise la typologie de Miroslav Hroch.

L'historien français Jacques Bainville, dans son Histoire de trois générations (1918), réfléchit aux causes profondes de la Grande Guerre. Il fait remonter à la Révolution française et à son exaltation quasi-religieuse de la « Nation » le processus de développement des idéologies nationalistes et les illusions françaises sur la bienveillance naturelle qu'auraient les nationalismes européens entre eux.

Les causes du nationalisme

Généralités

Nombre d'historiens s'accordent sur le fait que le nationalisme peut être considéré comme une volonté d'organiser la société suivant des principes en adéquation avec l'économie libérale naissante au XVI siècle. Ils refusent toutefois de le considérer comme une simple conséquence mécanique de l'économie, montrant que sa mise en place, d'une région à l'autre du monde, a été très influencée par les dynamiques politiques locales et par les fonctionnements sociaux propres aux diverses populations. L'historien Bernard Michel, spécialiste de l'Europe centrale, considère que la diversité est telle qu'une vision synthétique de l'ensemble du nationalisme à l'échelle du monde, voire simplement d'un continent, est de peu d'efficacité et que « l'étude comparative des nationalismes prend tout son sens là où les réalités sont comparables ». Eric Hobsbawm souligne que ce lien entre nationalisme et économie libérale n'est pas du tout envisagé par les théories libérales du XIX siècle qui, au contraire, considèrent les nations et leurs pouvoirs centralisés comme des freins au développement d'une économie mondiale que les économistes appellent de leurs vœux. Ernest Gellner montre que si une économie agraire peut se satisfaire d'une société où l'écriture et le savoir sont le privilège d'une minorité, et où l'ensemble de la société est multiplement cloisonné, l'économie industrielle a besoin d'une homogénéité de la population et d'une interchangeabilité des individus (une « entropie sociale »), d'où la nécessité d'un large partage de l'écriture, du savoir, d'un langage commun et d'un égalitarisme.

Ces mêmes historiens insistent sur le rôle de la presse écrite et des publications diverses dans les prises de conscience par les individus qu'ils font partie d'une communauté d'intérêts (au sens de préoccupations, et pas seulement d'intérêts économiques) : peu importe le contenu des publications, leur seule existence étant l'élément central d'une propagande nationaliste. Les différentes publications ne sont pas seulement des expressions d'une communauté d'intérêts, elles contribuent à forger cette communauté. De ce fait, et du fait de ses intérêts économiques, le rôle de la bourgeoisie lettrée a été moteur dans toute construction d'un nationalisme : souvent il s'agit d'une coalition entre la petite aristocratie foncière, les universitaires et la bourgeoisie. Des différences notables sont observées suivant les régions du monde : par exemple le rôle nationaliste hongrois a été joué par l'aristocratie industrieuse magyare dans l'Empire austro-hongrois, en la quasi-absence d'une bourgeoisie ; « les lecteurs du polonais » étant dans un cas semblable. « Ce qui […] a rendu les nouvelles communautés imaginables, c'est l'interaction à demi fortuite, mais explosive, entre un système de production et de rapports de production (le capitalisme), une technique de communication (l'imprimé) et la fatalité de la diversité linguistique. »

Benedict Anderson souligne l'importance des découpages administratifs (qui sont géographiques, ethniques, linguistiques, économiques, etc.) qui ont eu comme effet sur les futurs nationalistes de leur créer des horizons géographique, culturel, politique naturels car intimement vécus comme tels, ce qui ne veut pas dire que tous ont tout accepté de cet héritage. Par exemple, en Amérique du Sud, les actuels pays hispanophones sont peu ou prou découpés suivant les frontières administratives tracées par la couronne espagnole ; l'Inde et l'Indonésie ne sont aujourd'hui des entités unifiées qu'à la suite des découpages administratifs de leurs colonisateurs respectifs qui ont ainsi créé, malgré eux, des horizons aux représentations nationales chez leurs indépendantistes respectifs, et lesquels ont, après l'indépendance, joué de rapports de forces entre eux pour arriver à définir précisément leurs nations. Les États-Unis constituant une notable exception, au terme de leurs 150 années de travail d’expansion et d'unification. L'historien note qu'après l'effondrement « du vieux monde socialiste », « les lignes de fragmentations [de l'URSS en États] ont remarquablement suivi la carte des structures territoriales et administratives instaurées par Lénine, Staline et Khrouchtchev, plutôt que celles des communautés ethniques rivales ».

Les sociétés non industrielles

Les sociétés agraires, suivant la terminologie d'Ernest Gellner, sont les sociétés non-industrielles et sont structurés par certaines classifications des individus, vécues comme naturelles, soutenues par une économie et des cultures fonctionnant en harmonie. La description générale est : une population illettrée multiplement cloisonnée verticalement par le lieu de vie, la corporation de métier (statut social), la religion ; une élite souvent lettrée cloisonnée horizontalement par la strate d'appartenance (pouvoir, religion ou autre) et le statut atteint au sein de celle-ci. Les cloisonnements verticaux correspondent à des populations localisées et ayant à peu près le même statut social, mais séparées par des différences vécues comme majeures et se manifestant parfois par des différences de langues parlées (la langue pouvant changer d'un village à l'autre, les corporations ayant parfois des langues spécifiques et un savoir-faire nécessitant un très long apprentissage) et dont les langues n'ont qu'un sens local (pas de mot pour désigner les abstractions coutumières des élites). « Les langues vernaculaires non écrites représentent toujours un ensemble de variantes communiquant entre elles avec des degrés divers de facilité ou de difficulté ». Les cloisonnements horizontaux correspondent à des strates de la société qui sont non-localisées (en tout cas moins localisées que la population illettrée) qui exigent de ses membres la connaissance d'une langue spécifique parmi celles en cours (langue de cour, d'administration, de création littéraire, de l'enseignement religieux, de langue liturgique, langues des enseignements primaire, secondaire ou universitaire) et un apprentissage ou une cooptation ; et acquérir le tout nécessitait parfois une vie entière de labeur.

Les langues y sont associées à des fonctions sociales, pas à des populations (d'ailleurs les noms de plusieurs futurs nationalités signifient paysan), les langues populaires sont multiples et non transcrites, en général. « Il serait aussi incongru pour les maîtres des domaines de parler le langage de leurs paysans que de labourer les terres ou de garder les bestiaux. »

Les cultures sont multiples dans ce système : cultures religieuses, de corporatismes, administratives (liées à l’État), liée à un village, etc. La reproduction d'une culture (son enseignement) n'est pas une affaire d’État, mais l'affaire de la strate sociale concernée. L'individu n'éprouve pas, en général, le besoin de se définir identitairement de manière précise par rapport à l'une d'elles et est attaché à plusieurs cultures, parfois même à plusieurs d'entre elles que l'on aurait aujourd'hui tendance à considérer comme concurrentes (y compris le choix de la langue d'expression quand plusieurs langues coexistent pour un même niveau culturel). À part les clercs, les corporations culturelles n'ont pas une pratique politique de leur culture : nulle prétention à une hégémonie ni même à une expansion. Les frontières (matérielles et sociales) culturelles, linguistiques et politiques sont distinctes. Les petites communautés paysannes vivent centrées sur elles-mêmes, sur leurs besoins économiques locaux. L’État a « intérêt à prélever l'impôt, à maintenir la paix et pas beaucoup plus ».

Ces cloisonnements multiples, que l'on peut détailler jusque dans le mode de reproduction des différentes strates, ont été vécus comme naturels et n'ont donné lieu à aucune tentative de révolution, sinon des jacqueries, du moins jusqu'à l’avènement de l'économie industrielle et du nationalisme. Les sociétés agraires ont été le mode de vie normal durant plus de cinq mille ans.

Exemples : les cité-États de l'Antiquité, le Moyen Âge occidental, la Chine pré-industrielle, etc.

Les sentiments d'appartenance à un groupe, qui ont existé dans ces sociétés, sont étudiés par Eric Hobsbawm. Il en ressort que si les illettrés ont laissé peu de traces de leurs avis, ils n'ont que rarement manifesté des sentiments d'appartenance comparables au nationalisme. Les identités revendiquées, et liées à une collectivité, étaient parfois religieuses, tribales ou ethniques, rarement linguistiques (et dans ce cas comme critère secondaire). Par exemple, au XIX siècle, les premiers parmi les migrants vers les États-Unis que l'on classerait comme Albanais, ne se déclaraient pas comme Albanais. Ce qui est compris c'est qu'aux XIX - XX siècles les activistes nationalistes ont cherché à fédérer et à s'appuyer sur des identités collectives diverses qui n'étaient pas nationalistes (proto-nationalistes), avec des succès variés puisque, par exemple, les sentiments tribaux ont été parfois fort réticents à se fondre dans le nationalisme.

Les sociétés industrielles

Les origines de la société industrielle sont sujets de débats d'érudits, « il en sera très probablement ainsi longtemps encore ». Cette société est caractérisée, entre autres, par un haut niveau de productivité (et la croyance en l'accroissement continuel de cette productivité) nécessitant une division du travail en perpétuel changement, et cela sur un rythme soutenu. Ce changement touche aussi bien le rôle économique de l'individu que sa position au sein de la société. Déjà Adam Smith soulignait la précarité de la richesse des bourgeois : la mobilité professionnelle et même sociale touchent parfois l'individu au cours de sa vie, elles sont certaines d'une génération à l'autre. Une société fonctionnant sur cette mobilité ne peut pas s'accorder avec les cloisonnements de l'époque pré-industrielle : l'interchangeabilité des individus devient nécessaire, et un égalitarisme en est la conséquence. La communication du savoir et des savoir-faires est gage d'accroissement de la productivité, de « progrès », elle doit être précise et capable de descriptions formelles (techniques) adressées, hors contexte, à une personne anonyme : la langue devient un outil de communication universel, et non pas local ou réservé à une sorte de tribu sociale, elle devient aussi dé-ritualisée et dé-sacralisée, par contre elle devient écrite (si elle ne l'était pas avant), strictement codifiée et sa codification largement répandue et enseignée afin qu'elle joue son rôle.

L'éducation de l'individu, pour qu'il soit mobile au sein de la société, doit lui permettre de lire la langue répandue, et d'avoir des compétences de bases assez larges pour pouvoir s'adapter à un large éventail de rôles sociaux. Les connaissances sont aussi désacralisées et largement accessibles : pour accéder à une spécialité l'heure n'est plus, comme dans les sociétés non-industrielles, aux études de toute une vie, ni aux rituels sacrés d'une corporation. Ainsi, puisque la reproduction culturelle n'est plus en lien avec des corporations sociales, l'éducation est organisée par la plus large corporation possible : l'État. L'éducation d’État est ainsi la garantie de l'interchangeabilité des individus, et l'enseignement devient l'enjeu essentiel de l’État, et sa principale dépense financière : l'unité culturelle de la société est un impératif d’État. « Le monopole de l'éducation légitime est maintenant plus important et plus décisif que le monopole de la violence légitime ».

Le nationalisme consiste à réclamer ce fonctionnement de la société, par opposition au fonctionnement des sociétés non-industrielles.

Ernest Gellner étudie son modèle de la société industrielle en évoquant les différentes situations initiales possibles (coexistence de populations initialement distinguables) et les aboutissements possibles (scission de la nation, fusion des populations, etc.) et détaille l'égalitarisme, la quasi-interchangeabilité et la mobilité sociale des individus, qu'il nomme « entropie sociale », nécessaires pour le bon fonctionnement économique de la société, et qui deviennent des normes morales.

Naissances et développements des nationalismes

Si on considère en général que le nationalisme est apparu d'abord en Europe occidentale, avec en premier lieu le nationalisme romantique, Ernest Gellner soutient qu'une des premières manifestations culturelles de la transition vers la société industrielle est la Réforme protestante qui a consacré l'universalisation du sacerdoce et « constitue une préfiguration des attitudes et des traits sociaux qui, selon [son] modèle, produisent la période nationaliste ». Benedict Anderson pense, lui, que la réforme protestante et le « capitalisme de l'imprimé » ont profité l'un de l'autre pour accroître leurs audiences respectives.

Benedict Anderson soutient que le nationalisme a d'abord émergé dans les colonies européennes sur le continent américain, en lien avec la création d'une communauté linguistique via les progrès de l'imprimerie, focalisant ainsi l'attention sur les guerres d'indépendance en Amérique du Sud et l'indépendance des États-Unis qu'il considère comme la première création d'une nation.

« Voici donc l'énigme: pourquoi est-ce précisément les communautés créoles qui acquirent si tôt le sentiment de former une nation – bien avant la plus grande partie de l'Europe ? Pourquoi ces provinces coloniales, qui rassemblaient généralement de fortes populations opprimées et non hispanophones, ont-elles données naissance à des créoles qui redéfinirent sciemment ces populations comme autant de ressortissants d'une même nation? »

L'historien répond lui-même à sa question : cela vient des découpages administratifs (géographiques, ethniques, linguistiques, économiques, etc.), créés et entretenus par la métropole, et volontairement distincts d'elle, qui ont eu comme effet sur les futurs nationalistes de leur créer très tôt des horizons géographique, culturel, politique naturels car intimement vécus comme tels.

En dehors des causes permettant l'émergence du nationalisme, Benedict Anderson insiste sur le rôle des imitations dans les élaborations des politiques nationalistes officielles, au point que certaines semblent machiavéliques (russification forcée sous Alexandre III de Russie, par exemple), d'autres artificielles et inconsistantes (dans l'Empire d'Autriche-Hongrie, le nationalisme Hollandais dans sa colonie indonésienne).

Le nationalisme n'a cessé de se manifester depuis le XVIII siècle, se présentant d'abord dans les textes et idées pour finalement intervenir puissamment dans le domaine politique. Outre le continent Américain, l’Europe du XIX siècle est un des principaux lieux d'expression politique du nationalisme : surtout à partir du printemps des peuples de 1848, les mouvements nationalistes sont parties prenantes des événements politiques européens, et une bonne partie des États y sont devenus des États-nations dès 1918. Ceux d'Europe centrale, après un entre-deux-guerres où la protection des minorités nationales sous l'égide de la SDN donnera des résultats peu convaincants, se retrouveront envahis sous des prétextes nationalistes, et déchiquetés durant la Seconde Guerre mondiale. Ils attendront la chute du mur de Berlin, en 1989, qui signe la fin de la période soviétique en Europe, pour renouer officiellement avec des préoccupations nationalistes (alors que durant la période soviétique, et sans que ce soit officiellement admis, des nationalismes se sont manifestés à tous les niveaux politiques en Europe de l'Est). Au XX siècle les colonies d'Asie et d'Afrique ont développé des nationalismes amenant aux décolonisations. Dans tous les cas, nombre d'historiens admettent la typologie de Hroch distinguant trois phases.

Le nationalisme, mouvement politique d'après 1870

Selon Eric Hobsbawm, à partir des années 1870, en Europe et ailleurs, le nationalisme change sur trois points essentiels : il n'y a plus de seuil minimal du nombre de personnes pour qu'un groupe se considérant comme une nation revendique le droit à un État et un territoire ; l'ethnie et la langue deviennent des critères centraux, voire les seuls, pour légitimer une nation ; le thème de la nation, de la patrie, du drapeau subit un glissement politique « vers la droite ». Certaines confusions apparaissent entre les notions de nations, races, langues et religions (par exemples l'antisémitisme n'acquit son caractère racial que vers 1880, il était avant surtout religieux, et race et nation sont utilisés comme « des quasi-synonymes », avec une idée d'hérédité). Les raisons de ses changements importants seraient multiples, notamment le contexte guerrier, la crise économique de la seconde industrialisation et la démocratisation de la vie politique dans un nombre croissant d'États (sans que cela soit une contribution facilement compréhensible).

Nationalisation de la langue

En accord avec nombre d'historiens, Eric Hobsbawm note que « l'élément politico-idéologique est évident dans le processus de construction de la langue » qui peut aller jusqu'à « la création ou l'invention de nouvelles langues », « la politique de la langue devient un exercice de formation de la société » et que « l'importance symbolique des langues prévaut sur leur utilisation effective », et aussi que les différentes classes sociales se sentent différemment concernées par ce thème, les plus fervents activistes venant de la couche intermédiaire modeste socialement mais instruite, en bref la « petite bourgeoisie ». Il insiste sur l'utilisation des structures étatiques (école, administration, armée) par des pouvoirs nationaux, parfois dès les années 1860, pour imposer une langue unique et standardisée (parfois quasiment inventée) à des populations aux parlés diversifiés, mais ne s'y opposant pas (malgré d'amers souvenirs d'enfance de certains intellectuels).

Racisme et hostilités entre nations

À ce sujet, les avis des historiens divergent quant à leur lien avec le nationalisme.

Benedict Anderson souligne que la nation inspire surtout l'amour, un amour qui « va souvent jusqu'au sacrifice », le nationalisme pensant en termes de « destin historique » alors que le racisme rêve de « domination éternelle » et trouve son origine dans les idéologies de classes, « surtout dans les prétentions des dirigeants à la divinité, et chez les aristocraties », dans un but de répression et de domination intérieures ; ce qui se retrouve aussi dans le racisme des « bourgeois gentilshommes » des empires coloniaux européens, alors que dans les mouvements nationalistes des décolonisations les manifestations de haine envers les colons sont très rares. Cet historien affirme que « des puissants [...] menacés d'être exclus, ou marginalisés » dans les communautés nationales ont développé des « nationalismes officiels » « calqués sur les nationalismes populaires largement spontanés » mais qui furent des « politiques conservatrices, pour ne pas dire réactionnaires ». L'historien Bernard Michel soutient qu'au XIX siècle en Europe centrale, le nationalisme a permis le développement de réseaux de sociabilité nationaux concurrents et pacifiques, et n'est pas responsable de conflits armés (aux exceptions près des révolutions de 1848 et de la longue guerre entre les Hongrois et l'armée impériale de l'Empire d'Autriche), mais que ceux-ci ont été déclenchés par des puissances impériales (puis au XX siècle par des États à caractère totalitaire), les haines entre nationalités étant entretenues par les États voulant détourner le mécontentement populaire ou par les mouvements pangermanistes. Le seul conflit purement nationaliste étant la Première Guerre mondiale, entre Français et Allemands. En ce qui concerne l'Europe, l'historienne Anne-Marie Thiesse affirme qu'après une première phase libérale-nationale où les idées libérales sont inspirées de la révolution française, le printemps des peuples de 1848 met en lumière la problématique du territoire de chaque nation et donc les futurs conflits entre elles, notamment du fait de ce qui sera plus tard appelé les minorités nationales ; ceci étant visible dès cette époque par l'opposition entre le pangermanisme et le panslavisme. L'historienne souligne aussi le fait que certains pouvoirs monarchiques et certaines mouvances nationalistes comprennent qu'ils doivent s'associer pour assurer leur avenir respectif (ces monarques semblant peu ébranlables et les idées nationales s'avérant « puissamment mobilisatrices »). Elle rapporte également l'émergence de divisions au sein des mouvements nationalistes, entre « conservateurs, libéraux modérés ou avancés... ». L'unité allemande de 1871 en est un aboutissement. De son côté, Eric Hobsbawm affirme que « les liens entre racisme et nationalisme sont évidents », et souligne les confusions de cette époque entre nation et race, associés à des idées d'hérédité et de pureté raciale, linguistique, etc. L'historien ne trouve pas surprenant que le nationaliste ait « rapidement gagné du terrain entre 1870 et 1914 » : les changements sociaux et politiques, le grand nombre de migrations augmentant le nombre de frictions entre groupes, la situation internationale ont fourni de multiples occasions de manifester de l'hostilité envers des étrangers, la démocratisation de la politique y contribuant. « Dans les puissances et les États-nations établis, le zèle patriotique des couches [sociales] intermédiaires était plus que bienvenu pour les gouvernants engagés dans l'expansion impériale et les rivalités nationales contre d'autres États ». Cet avis est similaire à celui des historiens Jean-Claude Caron et Michel Vernus. Ernest Gellner affirme que le nationalisme est une vision égoïste de la politique, que la satisfaction de certains nationalistes implique la frustration des autres, et que l'unité politique territoriale ne devient ethniquement homogène que si on tue, expulse ou assimile tous les non-nationaux. En ce qui concerne la France, Gérard Noiriel répertorie des rixes et violences entre ouvriers à la fin du XIX siècle et constate que s'il y a toujours eu des violences entre ouvriers locaux et ceux venant d'ailleurs, considérer de manière systématique que ailleurs c'est un pays étranger date du milieu des années 1880 : avant, pour les ouvriers, venir d'un pays étranger ou d'une autre région française était équivalent. Toutefois l'historien note que l'on manque d'éléments pour étayer cette analyse. Dans ce contexte de crise économique de la seconde industrialisation et au sujet de la désignation des problèmes et des solutions, l'historien note aussi l'effet boule de neige entre la presse à la recherche de lecteurs, les politiciens à la recherche d'électeurs (la troisième république est établie depuis la fin de l'année 1870) et les ouvriers pouvant se plaindre, et il conclut que « la presse construit les stéréotypes sur lesquels vont s'appuyer les acteurs du champ politique pour élaborer leurs discours » et qu'à cette époque « un large accord existe [...] pour affirmer qu'il faut protéger les Français de la concurrence des étrangers ».

Exemples de définitions et de classements de nationalismes

Un exemple de classement

Le politologue Denis Monière classe le nationalisme sous deux typologies :

– une typologie dite « classique », basée sur les critères d'appartenance, qui fait la distinction entre le nationalisme civique ou politique et le nationalisme ethnique ou culturel. Chacun renvoie à une conception de la nation bien particulière ; –une seconde, basée sur des critères basés sur les objectifs, comprend quatre groupes : nationalisme de domination, nationalisme de libération, nationalisme de conservation, nationalisme de revendication.

Deux principaux courants idéologiques en France

Le nationalisme contemporain en France peut se subdiviser en deux courants principaux :

Le courant du « nationalisme révolutionnaire » de coloration athée, et parfois même néopaïenne, prônant un nationalisme européen influencé notamment par les idées de la Nouvelle Droite. Pour cette tendance le christianisme n'est qu'une parenthèse malheureuse de l'héritage européen, car il s'est constamment inscrit en faux contre les traditions païennes propres au Vieux Continent. L'Europe ne renouera véritablement avec ses racines propres qu'en rejetant le « poison » monothéiste.

Le courant du « nationalisme contre-révolutionnaire » faisant référence au christianisme, au monarchisme, et au nationalisme traditionnel (qui conçoit la France comme un État-Nation depuis les rois capétiens). Le catholicisme a alors une place privilégiée dans l'identité de la nation française. Ce nationalisme fait souvent référence à la « chrétienté ». Le nationalisme français, dit traditionnel, est l'héritier de cette dernière conception.

Tendances « nationalistes » propres au XX siècle

Au XX siècle, le nationalisme se conjoint à l'anti-impérialisme pour former des mouvements de libération nationale.

Les indépendantistes

On peut situer dans ce courant :

beaucoup de leaders d'anciennes colonies comme Gandhi, qui se disait explicitement nationaliste,

le nationalisme algérien

le nationalisme afrikaner, très vieux mouvement (dès 1850), qui a connu son âge d'or pendant l'Apartheid.

une partie du nationalisme basque

le nationalisme occitan

l'indépendantisme catalan

le nationalisme irlandais, autant le politique, axé sur libération du joug britannique, que le culturel visant à rétablir la culture gaélique des Irlandais

le nationalisme libanais, le bloc national (Émile Eddé, Raymond Eddé)

le nationalisme écossais,

le nationalisme wallon,

le nationalisme corse,

le nationalisme niçois,

le nationalisme savoyard,

le nationalisme breton,

le nationalisme portoricain

le nationalisme québécois

le nationalisme flamand et thiois.

une partie du nationalisme valdôtain

Quand l’entité dominante est un État, on parlera, suivant le degré d’autonomie souhaité, de régionalisme, d’autonomisme, de séparatisme (à connotation négative) ou de sécessionnisme.

Le souverainisme s'oppose au fédéralisme. En Europe, l'euroscepticisme est une forme de souverainisme, ainsi que le mouvement souverainiste du Québec en Amérique du Nord.

Les impérialismes

L'autre grande tendance dans le nationalisme, le nationalisme dominateur, nettement plus conquérante, vise à la domination par une nation d'un territoire nettement plus vaste que celui qu’elle occupe. On peut notamment citer :

– le pangermanisme ; – le nazisme ; – le colonialisme ; – la définition d'un « ennemi héréditaire » à des fins de propagande.

Le nationalisme est dans ce cas synonyme d’impérialisme (si l’entité dominée est hors de l’État dominant) ou de jacobinisme (si l’entité dominée fait partie intégrante de l’État dominant). Ce nationalisme cherche parfois des justifications dans une grande histoire : rêves de rétablissement de l'Empire romain de Mussolini, théorie du Lebensraum (espace vital) des nazis, prétentions civilisatrices du colonialisme, etc.

Une distinction cruciale entre ces deux tendances fondamentalement différentes est la reconnaissance ou non de droits égaux aux autres peuples.

Le « nationalisme technologique »

Maurice Charland a caractérisé un « nationalisme technologique » comme une tendance vers la construction et la légitimation de l’État-nation par des systèmes de transport et de communication financés et parrainés par les pouvoirs publics. Harold Innis, théoricien de la communication, amorce une réflexion sur le nationalisme technologique et sur la relation économique qui unit le Canada urbain au Canada rural, idées sur lesquelles s'appuie sa théorie des principales ressources.

Oppositions au nationalisme

Karl Marx, puis certains théoriciens marxistes, se sont officiellement opposés au nationalisme, qu'ils présentaient comme une étape dans le développement des sociétés humaines, et avançaient l'idée qu'une internationale prolétarienne allait assurer la victoire de cette classe sociale. Toutefois, certains historiens considèrent que si les observateurs marxistes ont été perspicaces sur les rouages du nationalisme, leur combat politique pour s'opposer à l'envahissement du nationalisme dans les cœurs des prolétaires est un échec sans appel ou relatif, suivant les historiens.

Les partis socialistes de tous les pays défendirent officiellement l'internationalisme, qui s'oppose au nationalisme. Ce tournant fut marqué, en France, par l'Affaire Dreyfus, au cours de laquelle le nationalisme en France devint une valeur de droite voire d'extrême-droite. Cependant, l'« internationalisme prolétarien » pouvait se joindre à une défense du patriotisme (par exemple chez Jaurès, qui déclare « Un peu d'internationalisme éloigne de la patrie ; beaucoup d'internationalisme y ramène. Un peu de patriotisme éloigne de l'Internationale ; beaucoup de patriotisme y ramène », ou chez le radical-socialiste Clemenceau, voire chez Bakounine qui distinguait le nationalisme en tant qu'idéologie d'État du patriotisme en tant que « sentiment naturel », même s'il pouvait se montrer très critique également envers ce dernier). Malgré l'internationalisme affiché, la majorité des socialistes se rallièrent aux bellicistes en 1914, puis, en France, la SFIO de Guy Mollet au colonialisme après 1945 - malgré l'opposition de certaines tendances. En 1995 le président François Mitterrand a déclaré: Le nationalisme, c'est la guerre !. Ce qui montre bien qu'encore aujourd'hui, le nationalisme est sujet à dissension au sein du parti socialiste.

Dans la pratique, le stalinisme se montra presque nationaliste. Les divers courants marxistes antistaliniens conservent des convictions internationalistes.

Les fédéralistes européens se définissent en opposition au nationalisme, défini comme étant la croyance en l'idée d'État-nation, vu comme un facteur de guerre.

Parmi les utilisateurs de la langue espéranto, s'est développée depuis 1921 une organisation qui se nomme la SAT (abréviation en espéranto de Sennacieca Asocio Tutmonda qui signifie Association mondiale anationale) SAT - Sennacieca Asocio Tutmonda, l'une des plus importantes associations dans le milieu espérantophone. L'un de ses principaux fondateurs, Eugène Lanti, pseudonyme de Eugène Adam se disait lui-même anationaliste. Pour lui, l'Anationalisme s'opposait à l'internationalisme, qui était en fait de l'inter-nationalisme et donc une forme de nationalisme. Aujourd'hui, si tous les membres de SAT ne sont pas anationalistes, SAT possède en son sein une fraction anationaliste.

On peut citer en opposition au nationalisme, l'universalisme politique, cf le journal L'Universaliste.

Un des principaux critiques du nationalisme a été George Orwell : voir en particulier Notes sur le nationalisme, publié en mai 1945

Nationalismes par pays

En Allemagne

Le XIX siècle voit le développement de l'idée nationale allemande et l'unification de l’Empire allemand autour de la dynastie prussienne.

L'idée de l'unité des populations germanophones datait de fin du XVIII siècle, le théologien Johann Gottfried Herder en étant un de ses plus notables théoriciens. Toutefois, entre le temps de l'émergence des idées et l'unité politique, il se passera près d'un siècle, la dynastie de Prusse refusant en 1848 de recevoir la couronne impériale des mains des représentants du peuple réunis à Francfort. La création d'Empire allemand se fait finalement sous l'égide du chancelier Otto von Bismarck, qui impose l'unification des États germaniques « par le haut » (par les monarques) après la guerre de 1870.

C'est en Prusse que se développe le plus tôt un sentiment national allemand. Battue par Napoléon I, la Prusse est affaiblie et cherche à se relever : elle cherchera dès lors à regrouper autour d'elle (quitte à combattre l'Autriche pour cela) le maximum d'états allemands. Stein, ministre d'État prussien de 1804 à 1808 et Hardenberg, ministre des Affaires étrangères de 1804 à 1806, réforment l'État prussien ; Scharnhorst et Gneisenau, général et maréchal prussiens, réorganisent l'armée prussienne de 1807 à 1813 et y insufflent l'idée du sacrifice pour le salut commun des états germaniques.

C'est autour de la Prusse que se regroupent les patriotes allemands dans cette guerre patriotique et nationale que l'on appelle très vite les guerres de libération (Befreiungskriege). Apparaissent alors toute une série de libelles et de textes réclamant la constitution d'un État allemand groupant tous les peuples parlant la langue allemande, incluant au besoin des peuples en dehors de ce qui était jusqu'en 1806 le Saint-Empire. Ainsi se développe le Volkstum, rassemblement de tous les hommes de même langue, de même culture.

Au début du XIX siècle, on disait ainsi que « la Prusse n'était pas un pays qui avait une armée, mais une armée qui avait un pays » . En effet, sur les 7 à 8 000 officiers de l'armée prussienne, en 1806, plus d'un millier d'entre eux étaient étrangers. Les étrangers étaient encore plus nombreux dans les armées de Frédéric le Grand (règne de 1740 à 1786), l'armée ayant été partiellement « nationalisée » sous Frédéric-Guillaume III (1797-1840) à la suite des réformes de Gneisenau et Clausewitz.

Il n'y a cependant pas un, mais trois nationalismes très différents en Allemagne : l'un aristocratique (pour lequel l'être humain commençait au baron, comme disait Metternich), le deuxième bourgeois-conservateur, et le troisième populaire-romantique, manifesté au Parlement de Francfort (considéré comme « dangereux » par les aristocrates). Il faudra un siècle pour les unifier et les concrétiser par des mesures politiques : progressivement, la liberté de circulation au sein des États allemands est instaurée, un traité des laissez-passer (1850) étant signé entre la majorité des États, suivi d'un autre en 1865 (non signé par la Prusse) qui abolit la nécessité des passeports, et enfin d'une loi de 1867 négociée sous l'égide de Bismarck qui supprime les restrictions à la liberté de circulation visant les « classes dangereuses ».

Dans l’Empire austro-hongrois

L'identité binationale en Autriche-Hongrie crée une situation particulière dans cet État, Empire central en Europe. Les germanophones et les Magyars étant les communautés linguistiquement, culturellement, socialement, économiquement et politiquement dominantes, l'Empire est ressenti par les autres peuples regroupés sous l'autorité des Habsbourg et de l'aristocratie autrichienne et hongroise, comme un État étranger à eux et oppresseur. De ce fait, le XIX siècle voit la naissance ou l'affirmation de sentiments nationaux opposés aux Habsbourg, centrifuges et/ou irrédentistes, avec la « Renaissance nationale » tchèque (publication du Dictionnaire tchéquo-allemand dans les années 1840 par Josef Jungmann) et le Panslavisme chez les autres slaves de l'Empire, tandis qu'Italiens et Roumains regardent respectivement vers l'Italie et la Roumanie auxquelles ils espèrent être un jour rattachés. Cette situation mènera à la dissolution de cet empire à l'issue de la Première Guerre mondiale.

En Belgique

En Espagne

En France

En France, le concept de nation est hérité de la Révolution française.

On vit en effet apparaître, au début de la Révolution, une société, le Club de 1789, plutôt modéré, qui se réclamait du patriotisme. Une autre société, que François Perrault décrit comme beaucoup plus radicale, apparut par la suite (1792) : la Société patriotique du Luxembourg.

Il en découle une politique dont les objectifs sont essentiellement l'indépendance, l'unité et la prospérité de sa propre nation et de son peuple. Le nationalisme base l'identité d'un individu sur son rapport à une nation.

En Italie

Le XIX siècle voit le développement de l'idée nationale italienne et l'unification de l’État italien autour de la dynastie de Piémont-Sardaigne.

Au Japon

Le nationalisme moderne japonais se développe d'abord durant l'Ère Meiji (1867-1912). À ce moment-là il est défensif, visant à préserver l'indépendance du Japon face à la menace du colonialisme occidental symbolisé par la politique de la canonnière menée par le commodore Perry en 1853 et par les traités inégaux de 1858. Ce nationalisme devient expansionniste sous l'ère Shōwa. Il est basé alors sur la supériorité de la race nipponne, le monarchisme, le militarisme et l’expansionnisme.

En Chine

Au Royaume-Uni

Les nationalistes irlandais s'organisent et créeront en 1905 le Sinn Féin et l'IRA (parties revendiquant l'indépendance, l'IRA utilisera la violence pour se faire connaître…). Pendant la Première Guerre mondiale, les Irlandais se révolteront et la répression sera féroce.

Quoique les idéologies nationales du Pays de Galles et de l'Écosse n'aient pas atteint le degré de violence précité, ces deux autres nations formant l'État plurinational de Grande-Bretagne ont également développé des nationalismes ; celui d'Écosse échoue en 1930, là où il réussira en 1997 concernant la souveraineté autonomique, en se réformant considérablement (le visage du nationalisme écossais contemporain est bien différent des années 1930).

En Russie

Dans l'Empire russe, multinational, les Slaves orientaux sont majoritaires et le régime tsariste, aristocratique et coupé de la population, laisse la plus grande partie de celle-ci dans l'illettrisme. Néanmoins, le sentiment national russe, véhiculé par les instituteurs et les popes, se répand, y compris chez les Biélorusses (alors appelés Russes blancs) et les Ukrainiens (alors appelés Petits-russes). Il est favorisé par la politique impériale de russification qui, en revanche, heurte les autres peuples de l'empire, et notamment ceux d'Europe (Finnois, Baltes, Polonais, Roumains, une partie des Ukrainiens) et du Caucase, mais aussi, dans une moindre mesure, les musulmans d'Asie centrale (révoltes des Basmatchis dans les actuels Ouzbékistan et Turkménistan). Ces peuples développent d'autant plus facilement leurs propres nationalismes, que leur niveau d'instruction est généralement supérieur à celui des masses russes, par exemple en Pologne. L'antisémitisme du régime et les pogroms à répétition suscitent aussi un nationalisme (et les ligues d'auto-défense) chez les Juifs : ce nationalisme est initialement fortement teinté de socialisme (fondation du Bund). Cette situation provoque des courants d'émigration (surtout chez les Juifs) et mènera, à l'issue de la Première Guerre mondiale, à l'indépendance de la Finlande, des pays baltes, de la Pologne, de l'Ukraine, de la Bessarabie, de la Géorgie et de l'Arménie ; le gouvernement bolchevik parviendra à reprendre la Géorgie, l'Arménie et l'Ukraine en 1920-1924, la moitié orientale de la Pologne en 1939, les pays baltes et la Bessarabie en 1940.

Pour contrôler les nationalismes, l'URSS se constitue en 1922 en état fédéral, mais ce contrôle ne peut fonctionner que dans le cadre d'un communisme dictatorial, et, aussitôt les libertés civiles revenues à l'issue de la perestroïka et de la glasnost, ils ont ressurgi d'autant plus intensément et ont abouti à l'éclatement de l'état soviétique, comme l'avaient d'ailleurs prédit Andreï Amalrik en 1970 et Hélène Carrère d'Encausse en 1978.

Dans les Balkans

Le XIX siècle voit la propagation de l'idée nationale dans les Balkans et chaque peuple, défini par son histoire et sa langue, aspire à l'indépendance vis-à-vis de l'Empire ottoman et à son unification au sein d'un seul état. Albanais, Bulgares, Grecs, slaves de Macédoine, Roumains, Serbes s'émancipent par étapes, mais ils sont instrumentalisés par les grandes puissances qui, de plus, cherchent à ménager l'Empire ottoman ; leurs populations sont imbriquées dans de nombreuses régions et leurs frontières posent des problèmes tranchés parfois arbitrairement par le Congrès de Berlin et par les deux guerres balkaniques, ce qui entretient et parfois exacerbe les tensions nationalistes.

Si au début du XIX siècle les dynamiques de rassemblement prédominent (fondation du Royaume des Serbes, Croates et Slovènes), elles ne profitent pas également à tous (Albanais et Bulgares ne parviennent pas à se regrouper tous). Des ressentiments s'accumulent, qui s'exprimeront durant le Seconde Guerre mondiale et à partir de 1992 et aboutiront à la fragmentation de la Yougoslavie en pas moins de six ou sept états dont quatre utilisent la même langue mais la dénomment différemment, et dont deux sont à peine plus grands qu'un département français ou une province belge.

Dans l'Empire ottoman

À la fin du XIX siècle, le nationalisme turc se manifeste dans le mouvement Jeune Turc qui, à ses débuts, est surtout réformateur et non xénophobe. En réaction au recul de l'Empire en Europe (face aux états des Balkans) et au nationalisme des Grecs et des Arméniens de l'empire (qui font craindre des pertes territoriales en Anatolie, qui se produisent en 1919), le nationalisme turc devient de plus en plus xénophobe vis-à-vis des minorités de l'Empire et finit par mener, pendant et après la Première Guerre mondiale, à la première grande purification ethnique du XX siècle : le génocide arménien et grec accompagné, au terme du traité de Lausanne, de l'expulsion de la grande majorité des chrétiens survivants.

Ultérieurement, c'est l'affrontement des nationalismes turc (devenu conservateur) et kurde (devenu majoritairement marxiste) qui mènera, en Anatolie orientale, à des conflits armés.

Évolution chronologique

Sur le continent américain

En Amérique du Nord

Association de l'icône de la statue de la Liberté avec la liberté d'entreprendre, comme exaltation du Victory Program pendant la Seconde Guerre mondiale.

En Amérique du Sud

En Europe

Le nationalisme romantique

En dehors de la philosophie des lumières, le XVIII siècle européen voit éclore une littérature qui se veut fondée sur des textes populaires, tutoyant la littérature classique et haussant les peuples au rang d'héritiers de dignes traditions culturelles, ce qui s'avérera comme un pas vers une légitimité d'existence politique. Ce nationalisme se développe dans les salons littéraires, dans les maisons d'édition, et, progressivement, dans la bourgeoisie lettrée européenne.

En 1763, la publication par James Macpherson des œuvres du barde écossais Ossian suscite un grand enthousiasme : cette poésie galloise, supposée ancestrale, sera brandie comme une œuvre équivalente à celles d'Homère ou Virgile, et autres grands classiques de la littérature antique. En 1817 une commission d'experts universitaires conclut que ce texte n'a rien d'authentique. Ce texte est le premier du genre (du moins le premier ayant un tel succès) : bien d'autres suivront à travers toute l'Europe, et cela durant tout le XIX siècle. Dans toute l'Europe littéraire voient le jour des théories sur les peuples et de leur continuité dans le temps. Un des plus notable théoricien étant Johann Gottfried Herder, synthétisant les idées neuves de son époque telles que : la lutte contre le monolithisme culturel et le despotisme politique, les aspirations au bonheur et à la liberté, le rejet des séparations entre les ordres sociaux, l'élan vers le progrès et la redécouverte de la nature et des traditions. Chaque redécouverte d'une épopée, d'une tradition populaires reçoit le soutien international des lettrés ; du moins jusqu'au milieu du XIX siècle : après certaines rivalités se font jour entre les différents nationalismes qui ont de plus en plus d'effets politiques.

De la révolution française au printemps des peuples

Après le Bill of rights limitant le pouvoir du Roi d'Angleterre et la guerre d'indépendance des États-Unis, la Révolution française consacre l'importance politique des sujets d'un roi, en Europe c'est la première prise du pouvoir au nom d'un peuple. Mais son écho sera faible dans les populations européennes. Les guerres napoléoniennes stimuleront, par opposition, les nationalistes européens (à cette époque présents seulement dans une frange restreinte de la population) en les amenant à se poser le problème de l’État comme protecteur, en particulier ceux de langue allemande, mais aussi en Espagne.

En 1815, par le traité de Vienne la Sainte-Alliance consacre la toute-puissance des trônes sur le destin des pays et ses membres se liguent contre toute volonté expansionniste de la France. Toutefois deux entorses majeures vont révéler les limites de ce principe dynastique, en novembre 1830 lors d'une conférence réunissant à Londres les grandes puissances (Grande-Bretagne, Russie, Autriche, Prusse et France). L'indépendance de la Belgique, réclamée par des manifestations populaires, en est la première, et semblait sans conséquence stratégique bien qu'encourageant les révisionnistes (nationalistes) de l'ordre de Vienne. Les insurgés grecs contre l'Empire ottoman obtinrent aussi le soutien de ces puissances dynastiques réunies du fait « de leur quête d'intérêts particuliers, le plus souvent rivaux ».

Le printemps des peuples de 1848, impulsé en France à (presque) toute l'Europe, est un ensemble de mouvements nationalistes insurrectionnels aux objectifs assez distincts et en général animés par la classe moyenne et universitaire, mais dans certains cas par une petite noblesse opposée à un pouvoir central dynastique dans lequel elle ne se reconnaît pas (cas magyar). La faiblesse numérique qui découle de l'étroite assise populaire de ces mouvements explique qu'ils n'aient pas résisté longtemps aux répressions des armées fidèles aux dynasties, toutefois le cas de la révolte magyar qui a tenu tête aux armées autrichiennes a permis d'illustrer la solidarité des dynasties contre tout nationalisme : l'Empire de Russie est intervenu dans l'Empire d'Autriche pour mater cette révolte (il faut dire que l'Empire russe avait déjà dû réprimer une révolte polonaise en 1830 et ne voulait pas qu'elle soit ranimée). Ces mouvements relativement populaires ont été l'aboutissement d'une évolution nationaliste des idées dans une part croissante de la population ; leur échec général a semblé définitif à nombre de protagonistes.

Du printemps des peuples à 1918

Après le printemps des peuples, et parfois avant (comme pour la Russie), des conseillers de couronnes comprennent que le nationalisme est une puissance avec laquelle il faut compter. En plus de leurs stratégies d’alliances déjà connues, les États cherchent alors à favoriser les nationalismes internes aux royaumes rivaux et à contenir ceux qui pourraient diminuer leur propre puissance.

Dans le but de fissurer le front uni du traité de Vienne contre la France, Napoléon III déclare officiellement vouloir favoriser le nationalisme à travers l'Europe, ce qu'il fera notamment pour constituer un État italien allié et diminuer la puissance du Pape, tenter de faire éclater l'Empire des Habsbourg (en aidant le nationalisme serbe, entre autres), jouant sur le nationalisme polonais pour contrer de l'intérieur l'Empire russe et la Prusse.

Sous l'impulsion de Bismarck, la Prusse attire à elle les petits États allemands (germanophones), en se présentant comme puissance protectrice et en s'alliant la bourgeoisie commerçante par le biais de traités commerciaux unifiant le marché. Elle rentre alors en concurrence avec l'Empire des Habsbourg en cherchant à s'allier ses populations germanophones.

L'Empire russe et celui des Habsbourg aident et se posent en recours de diverses populations sous la domination de l'Empire ottoman, pour mieux le dépecer. La couronne d'Angleterre s'oppose aux nationalismes pour contrer toute nouvelle montée en puissance de la France et limiter l'extension de l'Empire russe qu'elle voit comme un solide concurrent.

Finalement, ces stratégies guerrières favorisent les nationalismes qui se développent et rivalisent les uns avec les autres pour leurs droits au sein des États. La Prusse devient le centre d'un État Allemand où les représentants de la population prennent un poids politique croissant ; l'Italie se constitue laborieusement et suivant le modèle français (le Risorgimento se conclut en 1870) ; sans pour autant avoir tenté de développer un nationalisme qui lui soit propre, l'Empire des Habsbourg semblait inébranlable aux contemporains, mais il se parcellise progressivement en États nationalistes ; sous la crainte de l'éclatement (à la suite de la révolte polonaise de 1863) l'Empire russe se lance dans une russification forcée de ses populations qui exacerbe même les nationalismes latents dans l'Empire et dans lesquels les révolutions russes (de 1905 et 1917) trouveront des appuis. Au croisement de toutes les tensions se trouvent les Balkans : nationalismes d'émancipation, violents et en concurrence les uns avec les autres, intérêts géostratégiques rivaux de toutes les grandes puissances européennes qui soufflent le chaud et le froid, oppositions symboliques (Europe-Asie, oppositions religieuses), imbrications étroites de différentes populations se réclamant de nationalités différentes ce qui rend plus complexe qu'ailleurs le tracé de frontières les séparant (le problème est similaire dans l'Empire des Habsbourg). Cette région sera quasi-continuellement le théâtre de guerres au cours du XIX siècle et au début du XX siècle : cette « poudrière de l'Europe » donnera un prétexte au déclenchement de la Première Guerre mondiale.

À partir des années 1870 en France, Allemagne, Italie se développe un nationalisme « agressif », différent de celui des révolutions de 1848 : « nourri des bouleversements sociaux et économiques que produisait le déracinement des populations », « il n'est plus un instrument d'émancipation à l'égard de la société d'Ancien Régime [...], il est devenu un instrument d'intégration et de mobilisation des populations à une politique impérialiste ».

En 1914, les nationalismes en Europe sont devenus un rouage social important et pris dans les oppositions entre États, s'opposent les uns aux autres. Durant la Première Guerre mondiale, les États mobiliseront les populations par des arguments nationalistes, et aux différentes étapes de cette guerre, même les pacifistes les plus volontaires (forts rares) ne trouverons pas d'argument anti-nationaliste, seuls Lénine et les Bolcheviks considéreront la paix préférable à la victoire nationaliste. Pour autant, les documents intimes consultables montrent plus une démoralisation chez les soldats qu'une exaltation nationaliste.

De 1918 à 1945

De 1945 à 1989

Après 1989

En Asie

Le Japon

La Chine

Être chinois, avant le XX siècle, se reconnaît à trois facteurs principaux : être sous l'influence de l'administration de l'Empereur ; avoir des pratiques culturelles chinoises, dont les rites (mariages, funérailles, etc) mais aussi dans les pratiques quotidiennes, comme l'art culinaire ; être de descendance chinoise. Jusqu'à la dynastie mandchoue, une représentation concentrique du monde prévaut : le noyau central est chinois, un premier cercle l'entourant est constitué des « barbares cuits », c'est-à-dire partiellement acculturés, viennent ensuite les « barbares crus » ayant gardés leurs coutumes propres. Dans cet ordre d'idée, on peut devenir chinois, se siniser. Mais les cultures et les pratiques dites chinoises sont multiples et locales : les critères culturels et rituels sont donc locaux. La généalogie chinoise est alors une création a posteriori : quand on se sent chinois, on sinise ses propres ancêtres et être chinois devient un héritage de longue date.

Le XX siècle a vu arriver des notions occidentales nouvelles, dont celle de nation qui est alors comprise comme une conception raciale, biologique, au travers des filiations patrilinéaires. L’Empereur est alors vu comme l'ancêtre mythique de la race chinoise. En 1911, à la création de la République de Chine (provisoire) de Sun Yat-sen, ont été reconnues cinq populations distinctes constituant la population chinoise : les Hans ("majoritaires"), les Mandchous, les Mongols, les Tibétains et les Musulmans. Sous le régime communiste, la Chine est officiellement un « État multinational unifié », avec 56 « nationalités » officielles, et le droit à la nationalité est un droit du sang. Le XX siècle a été dominé par une intelligentsia persuadée que la culture traditionnelle chinoise est archaïque et ne correspond pas aux défis modernes : la nation chinoise s'oppose alors à la tradition culturelle chinoise et ne s'y réfère pas. L'appartenance à une province, à un pays local est de mise, même si la famille a quitté ce lieu ancestral depuis plusieurs générations, et une appartenance provinciale revendiquée correspond à des réseaux d'entre-aides. De manière plus explicite qu'à l'époque impériale, la Chine s'envisage plurielle sur son propre territoire avec des provinces ayant des marges d'initiatives importantes, mais pas dans le domaine politique. Par exemple, si la sinisation de l'ensemble de la population est avancée, nombre d'ethnies officiellement reconnues ont leur propre langue comme langue d'enseignement du primaire au supérieur, mais aussi dans la presse écrite et audio-visuelle, et les cadres doivent apprendre la langue de la province où ils sont en poste.

Si, traditionnellement, l'exil est regardé comme une trahison, depuis ce regard s'est adouci bien qu'à partir de 1980 le droit du sol prévale dans le droit à la nationalité et que la double nationalité soit interdite : on parle de « citoyens étrangers d'ascendance chinoise » et la Chine culturelle semble retrouver du crédit.

Les colonies européennes

Dans le monde arabe

En juin 1916 éclate la Grande Révolte Arabe dans les provinces de la péninsule arabique jusque là occupées par l'Empire ottoman. Cette révolte, menée par le chérif de La Mecque Hussein Ben Ali, dura de juin 1916 à octobre 1918. Elle éclata à la suite de la montée du nationalisme arabe dans la région, lui même alimenté par les Britanniques présents sur place, entre autre l'officier Thomas Edward Lawrence dit Lawrence d'Arabie, et dont les intérêts sont nombreux.

En Afrique

中文百科

民族主义(英语:Nationalism),亦称国族主义或国民主义,为包含民族、人种、与国家三种认同在内的意识形态,民族主义者(英语:Nationalist)主张在(各民族和人种)意识形态相互认同前提条件下以拥有相同国籍的民族共同体为人类群体生活之「基本单位」,以作为形塑特定文化与政治主张之理念基础。具体的说,其主张为:民族为「国家存续之唯一合法基础」,以及「各民族有自决建国之权」。民族主义与爱国主义经常(并非总是,有的时候不一定)无从区分。过去民族主义大多强调民族共同体,而最近则着重于由国家或政府陈述的文化或政治共同体。

民族主义亦特指民族独立运动之意识型态,即以民族之名义作出文化与政治主张,如今通常用以叙述英格兰;民族主义也同时被称为凝聚民族共同体的学说。民族主义的两种度量标准(与相异的方法论)为本尼迪克特·安德森之《想像的共同体》(Imagined Communities)以及利娅·格林菲尔德(Liah Greenfeld)之《民族主义:现代化五途》(Nationalism: Five Roads to Modernity)。

民族主义者以明确的准则为基础界定民族,以自其他民族区别,并据以判定「孰为民族之一员」。其准则可包含共同的语言、文化、以及价值取向。民族之「认同」与以上两者以及族群上之「归属感」皆有相关。民族主义者视民族性为排他且非自主,也就是不像其他自主性团体般可自由加入。

因民族国家已成为国家结构的主流,民族主义对世界历史和地缘政治影响巨大。世界上绝大多数人口都生活在──至少是名义上的──民族国家之中,民族国家之目的在确保民族存续,保持身份认同,并提供民族文化与社会性格可支配的地域。民族国家大多诉诸文化与历史神话以自证其存续与「合法性」(legitimacy)。

民族主义者认可「非民族国家」的存在,其实,早期的民族主义运动往往是针对帝国,诸如奥匈帝国之类。梵蒂冈是为了天主教的领导权,而非民族,所存在的主权国家;而伊斯兰教徒寻求于全球各地所创建的哈里发为另一个非民族国家的例子。

具民族认同,并以民族国家为合法性基础的任何人皆可称之为「民族主义者」。依此理念,大多数成年人皆为「消极性的民族主义者」。然而,如今所谓之「民族主义」一词涉及以政治活动(或涉及军事)支持民族主义者的主张,其中或包含分离主义、民族统一主义、以及军国主义,在极端的情况下甚至包含「种族清洗」。政治学上(以及媒体)倾向注意这些极端类型的民族主义。

背景与争议

民族主义的一般性定义极为广泛,其争议遍及古今。民族主义的例子极其多样,论及民族主义不时引致极端性的情绪,使得表述并定义民族主义极为困难。一个反复发生的争议是,人们以自身地区性的经验来定义民族主义。对布列塔尼的民族主义者而言,国家民族主义与文化民族主义之争为论战焦点;对其他地区而言,其间的差异或无关紧要。民族主义的支持者经常担忧,因民族主义冲突所产生的负面结果、种族冲突、战争、与内政上的冲突,会归结至民族主义本身,导致旁人以负面角度看待民族主义的一般性观点。他们认为经由最负面的观点看待民族主义为扭曲原意。过份强调争端,定将对一般性争论的注意力转移至民族国家的特征等个案。 民族主义者的运动不一定声称自己的国家优于他国。他们或者就是主张一个民族在容许自治的情况下,最好能够分离,即民族自决之原则。然而,这经常承受来自有不同身份认同与法统的「敌对阵营」作意识型态上的攻击。在以巴冲突中,双方皆主张对方并非真正的民族,故无权建国;沙文主义与极端爱国主义(Jingoism;主张对外实行战争政策)过份主张民族间的优越性;民族性的刻板印象极为常见,多具侮辱性。以上这些都是民族主义运动者抬头的现象,也值得注意,但不足以成为民族主义的一般性理论基础。极端类型的民族主义者几乎全然自认为本国优于他国,而最极端的民族主义甚至会寻求摧毁非我族类的文化,导致种族灭绝以及世界性的浩劫。 民族主义的理论之争 较早期的民族主义推动者,都会把民族的观念诉诸语言、文化、种族或其他远古的现象,而且对大众很有感染力。这个并不是正式的理论,战后鲜有社会学学者推动。 首次对民族主义之研究为民族主义运动者的整体性的历史论据。马克思主义者与社会主义者在十九世纪末对民族主义运动所提供的政治性分析,后来活跃于中欧与东欧。民族主义大部分的社会学理论始自第二次世界大战之后。 若干的民族主义理论为民族主义者自身所顾虑之争议,如属不属于同一民族,以及「归属」一词的确切意义。新近的一般性争议专注于潜在性的争议,以及国家民族孰先孰后的问题。民族主义运动者自认代表现存之民族,与民族主义基本教义派相互一致,将民族─至少是族裔团体─视同两千年前的社会现实。 现代主义理论暗示,在公元1800年之前,并无人对居住地以外之处效忠。在欧洲,民族认同与国家一统为因应经济与社会现代化所需,自上而下所强加。据此,民族主义冲突为意料之外的副作用。 较新的民族主义理论受后现代主义所影响,强调民族为社会建构现象。本尼迪克特·安德森将民族表述为「想像的共同体」。恩斯特·格尔纳(Ernest Gellner)评论道:「民族主义并非民族自我认知的觉醒:它只是在不存在民族的各处虚构出(invent)各民族。」“简言之,民族主义是一种关于政治合法性的理论,它在要求族裔的疆界不得跨越政治的疆界,尤其是一个国家中,族裔的疆界不应该将掌权者与其他人分割开——这一偶然性在该原则制定时早已被正式排除了。”安德森与盖尔勒的「想像」与「虚构」等词为描述用的中性用法,并非暗示民族为虚构或者想像。)现代的理论则视印刷术与资本主义等事物为民族主义所必需。 安东尼·史密斯(Anthony D. Smith)则提出综合传统与后现代的观点。据史密斯所言,形成民族的先决条件为(现存或历史上的)确定的祖国、高度自治、具敌意的环境、争斗的记忆、宗教性的核心、语言文本、特殊的习俗、历史记录与想法。史密斯认为民族经由全体人民(非仅精英份子)、法制与政治体制、民族主义意识形态、国际承认、与划界等条件的汇聚,而形成。

民族主义的历史发展

1900年之前 1815年至1870年间,各个独立公国逐渐统一为意大利国 大多数的民族主义理论皆假定欧洲为民族国家之滥觞。虽有争议,一般通常认为现代国家始自1**8年之威斯特伐利亚和约。该条约开创威斯特伐利亚系统式的国家,即彼此互相承认主权与领土。签约国中,如荷兰合省邦联(Dutch United Provinces,当时的称呼)被视为民族国家,但德国并无对等情况,尽管神圣罗马帝国几乎据有当时全体说德语的国家。1**8年,多数欧洲强权尚非民族国家。其他的看法为拿破仑启动民族主义,并使民族主义达到预料之外的程度。 许多人,但非全部,认为民族国家最主要的转变源自18世纪晚期与19世纪。自浪漫式民族主义(romantic nationalism)开始,民族主义运动者于欧洲遍地兴起,当中有些为反对大帝国的分离主义者,另有寻求一统分隔零散的领土,如德国与意大利。这些运动促进民族认同与民族文化,且获得成功。19世纪末,人们多数接受欧洲划分为多个民族,且自我认同于其中之一。奥匈帝国与鄂图曼帝国于第一次世界大战后崩溃,加速了民族国家之形成。 依据标准观点,十九世纪之前,人们有乡土性、区域性、或宗教性的效忠,但无国家观念。典型的欧洲国家为皇室所统治的皇朝国家,若高于区域性之效忠,则为由统治性家族所有之君主制。朝代国家可由皇室联姻取得土地,又因分割继承而失地─现今看来十分荒谬可笑。远古时期,古希腊称所有非希腊人为蛮族,但希腊的各城邦又经常为统治地位相互作战。民族主义引入各民族领土范围明确的观念,并更进一步的应用于索求其他民族的土地。原则上,民族国家并不寻求克敌取地,然而,民族主义运动者们罕对边界之划定意见一致。随着民族主义运动者之勃兴,也为欧洲带来了领土纷争。 民族主义运动也决定了19世纪的欧洲政治。在民族为帝国一部之处,民族解放的奋斗同时也是为抵抗先前的****而奋斗;在民族国家巩固先前君主政体之地,如西班牙,民族主义自身成为保守及保皇势力。民族主义运动大多始自对抗现有的安排,但到了20世纪,亦有政体(regime)自认为民族主义者。 19世纪民族国家起源之标准理论颇受争议。其中之一在于南美洲人的独立奋斗,以及美国独立革命先于欧洲的民族主义运动。有些国家,如荷兰与英国,似于19世纪之前即有清楚之民族认同。而意大利之统一,为基于人种/语言之民族主义运动范例。 20世纪的民族主义 19世纪末,民族主义的观念扩及亚洲。在印度,民族主义鼓动着终结英国的统治。印度在20世纪的民族主义与甘地密切相关,另有许多当地领袖涉足其中。在中国,民族主义始创创建现代国家的信念,与过去天下一家的帝国观点并不兼容。在日本,民族主义与日本卓异论(Japanese exceptionalism)相结合,形成了帝国主义,正如极端民族主义通常引致帝国主义。 第一次世界大战引导出新成立的各民族国家。这些国家因美国之对抗古老帝国而受激励,也因为法国希望将德国与奥地利孤立为一连串托管的国家。民族国家纷纷成立的结果导致多民族的帝国(鄂图曼帝国与奥匈帝国)解体。帝俄亦因之丧土失地。凡尔赛条约,基于伍德罗·威尔逊的十四点和平原则,企图承认民族主义的原则,使得大部份的欧洲分解为多个民族国家,婉言称之为「维持和平的尝试」。然而多民族与多人种的国家依旧存在,更新出现了两个多族合组的国家:捷克斯洛伐克(占人口43%的捷克控制一切)与南斯拉夫(由塞尔维亚人统治)。 20世纪初,暹罗的泛泰主义也是一种民族运动,由拉玛六世的“国王-宗教-民族”三位一体理论为起源,支持者认为泰国的泰族、老挝的老族、英属缅甸的掸族、英属印度的阿萨姆邦阿豪姆人、法属印度支那的侬族、岱依族、越南泰族以及中国云南的傣族乃至中国南方广西的壮侗语系的壮族、布依族、水族、侗族、仫佬族、毛南族海南岛上的黎族、临高族等都是泛泰民族。有些泛泰主义者还把南诏、大理国当泰人国家。到了二十世纪三十年代泰国政治领域的泛泰主义受到了当时日本法西斯思潮影响,之后便影响当时的总理銮披汶·颂堪陆军元帅,之后便奉行泛泰主义方针,1939年是他领导的泰国政府将国名由“暹罗”改为“泰国”。 第二次世界大战启始了创建民族国家的新浪潮,肇因于战前出现的法西斯主义与纳粹主义,以及欧洲各殖民帝国于战后主张独立。最戏剧化的去殖民化出现于非洲,自欧洲的殖民禁脔转变为民族国家。其中数国合乎欧洲「单一人种,单一语言」以及固定领土的理想。令人意想不到的是,最符合此一准则的索马里解体了。 苏联解体于1990年左右在欧洲引致无预期的民族运动复兴,使波罗的海三国(爱沙尼亚、拉脱维亚和立陶宛)在现代史上第二次独立。 20世纪下半,若干潮流的出现或显示了民族国家与民族主义之弱点。欧盟看来大大地将权力自国家转移至次国家(sub-national)与超国家(supra-national)的层次。非难全球化者通常诉诸民族认同情感、文化、与主权。北美自由贸易协定与关税暨贸易总协定(GATT)等自由贸易协定,与贸易市场持续国际化,看来损害了国家经济,引致经济民族主义(economic nationalism)之复苏,及反对全球化负面因素的激烈抗议行为(参见反全球化)。 并非所有反全球化者皆为民族主义者,但民族主义持续主张民族主义以顺应潮流。民族主义政党持续于选举中获胜,而人们大多对民族感有强烈的认同。且全球化主义与欧洲联邦主义并不全然反对民族主义。例如说,中华人民共和国国内的中国民族主义理论家清楚表明,中国因鼓励国际与多边组织贸易,国力潜在性增长,而非降低。曾有一次,加泰隆尼亚自治论者(Catalonian autonomist)与威尔斯民族主义者(Welsh nationalism)等次国家的权力中心支持强大的欧盟,希望分为大区的欧洲可以约制现有的民族国家。然而,随着欧洲怀疑主义遍及欧盟,这项改革已不再存于政治日程内。 语言与民族主义 共同的语言为民族的特征之一。例如说,在法国革命之前,法兰西当地说的是布列塔尼语和奥克语,两者彼此不能互通。标准法语通行于全国大部分地区,且为主要语言,但在革命之前无以成为非法语区的民族语言,像布列塔尼就禁用凯尔特语命名。形成民族国家并在独立之后巩固自身,一般伴随着以政策限制、取代、或弃绝少数民族语言。由此加速社会语言学研究所注意到的趋势,即地位高的语言取代地位较低者。参见法国语言政策。 若干理论家相信,民族主义于19世纪成为显学是因识字能力(literacy)提高而使语言成为重要的统一工具。更多的人阅读报纸、书籍、小册(pamphlet)等等,阅读能力因印刷术广为散播而提高,首次于历史上得以发展出对本乡本土以外的广泛文化认同。语言间的差异也在同一时候固定下来,裂解为方言,不同语群之间并且相互排斥。 自爱尔兰至印度的民族主义运动者推广教学、保存、及使用凯尔特语、希伯莱语、北印度语等传统语言。参见语言复兴。 美国向来是一个欢迎多民族移民的国家,对英语以外语言的歧视仍显而易见。其中,德语是个鲜明的例子,其于第一次世界大战中于美国境内几遭连根拔除;而法语与意大利语也几乎从日常生活中绝迹。今日,西班牙语在美国很多地方是第二语言。有些政治人物,如帕特·布坎南(Pat Buchanan),因害怕传统制度受侵蚀,曾有意的反对西班牙语兴起为美国的第二语言。 阿拉伯世界在殖民时期,曾依不同程度被强迫学习土耳其语、法语、西班牙语、以及英语。殖民时期结束后(大多是第二次世界大战之后),经过一段「阿拉伯本土化」(Arabisation)的过程,以复兴阿拉伯语作为一统阿拉伯国家并促进受泛阿拉伯主义所推动的广泛阿拉伯认同。阿尔及利亚与西撒哈拉从事大规模的阿拉伯本土化,各自由法国化与西班牙化转为阿拉伯化。 然而,阿拉伯世界中有些民族主义份子企图摆脱官方语言并以传统阿拉伯语为外语,与名义上的阿拉伯国家─政治上阿拉伯化,但在语言文化与人种上则未必见得─文盲人口通常不能互通。这项政策由埃及学者兼民族主义人士Ahmad Lutfi al-Sayyid于20世纪中期于埃及境内推广,他称埃及官方语言为埃及人的母语。晚近的埃及语言学家兼埃及古物学学者Bayoumi Andil以民族主义的角度研究他认为与阿拉伯话「无关」的「现代埃及语」。他主张,是继承自Coptic语的第四期古埃及语于句法、形态以及音韵上,涉及阿拉伯语。 类似于强调少数民族语言与阿拉伯语言互不相关的是,努比亚语(Nubians)自埃及与苏丹中划分而出,较成功的例子为柏柏尔诸语言自摩洛哥中划出。

民族主义种类

巩固国家团结,包含危机出现时拯救国家的运动。

强调国家认同,受文化保守主义(cultural conservatism)及仇外情绪所影响,排除外来作用。

在民族的生存空间上限制他族,尤其是移民。在极端的例子中,成为种族清洗。

并吞其认为属于祖国之一部分的土地,通称民族统一主义,源自意大利沦陷区运动。

经济民族主义,即以经济政策,尤其是保护主义与反对自由贸易,以促进国家利益。

反对与责难

民族主义为专断之意识型态,其主张广泛深远,甚至包含抹去一整个国家在内;所以招致强烈反对不足为奇。早期许多对民族主义之反对是有关其主张每个民族都应各有其国的这种地理政治学理想。19世纪,传统的民族主义者排拒欧洲当时各多民族帝国,导致这些帝国(多为**)政府的严峻压制。分离主义、压制、与暴力等常规流传至今,但多变为大国压制小国(目前不会有国家自称帝国)。即使在早期,仍存有对民族主义批评,从而在西方世界衍生出各色反民族主义的型式。在20世纪崛起的伊斯兰教也对民族主义具有伊斯兰式的责难。 自由政治传统常批评民族主义是一危险的力量,是造成民族国家间冲突与战争的原因。一般来说,自由主义者并不否认民族国家的存在,但也强调个人自由以平衡民族认同,因为民族认同难免倾向集体主义。 和平主义者对民族主义的非难着重于民族主义运动的暴力行为、与军国主义结合、以及因爱国侵略主义(Jingoism)与沙文主义而在民族间产生冲突。在某些国家,如德国,民族象征与爱国性的自负因与过去的战争相关而名声大坏。 反种族主义(anti-racism)者对民族主义的非难则集中于其对他族之态度,以及民族国家为一族而存在以排拒他族之说;他们唤起人们重视许多国家中的沙文主义与仇外心理。有些作家─如《**之敌友》(The Friends and Foes of Human Rights)一书之作者狄米区克里托─论断,民族主义因削弱**运动,须为大多数的**侵犯行为负责。对克里托而言,民族主义为**之大敌;而民族主义之反面,即世界主义,有助**。 左派的政治运动者通常怀疑民族主义,但也不寻求消灭民族国家。马克思主义是否倾向民族主义曾有疑义(传统上认为马克思反对民族主义及爱国主义),19世纪有些马克思主义者则全然反对。对有些马克思主义者来说,世界革命暗示着世界政府(世界性无政府)大同,对另外的马克思主义者而言,各民族国家各有其革命进程。一个重要的事件为**与社会主义运动未能跨国界动员欧洲劳动者们反对第一次世界大战。最近大部份,虽非全部,左派团体接受了民族国家,视之为其政治活动之竞技场。 西方世界中,所能替代民族主义的最广泛的意识型态为世界主义。世界主义与国际主义常被相互误解。国际主义按定义就缺省着国家之存在。种族世界主义抛弃种族民族主义一条重要的原则:民族之一员较其他族裔者对本族负更多更大的责任;即抛弃民族认同与民族忠诚。反过来说,种族民族主义者也猜疑种族世界主义者的态度,视其为叛国。 政治世界主义具有地理政治学方案以匹配民族主义:追寻某种世界政府。极少有人心胸开放且公开地支持创建全球性政府,但政治世界主义影响国际刑事法的发展,并侵蚀国家主权。 民族主义与民族国家最广泛而深远的替代性主义之一来自激进伊斯兰主义,其否定基于伊斯兰教义以外事物为基础的国家之存在。对伊斯兰主义激进人士来说,团结于伊斯兰教之下代表地球上只能有一个伊斯兰王国(caliphate,或khalifa)存在。这并不是西方意义上的政府,所有现存的政府,包含以伊斯兰教为国教之民族国家在内,与这种理想皆不兼容。仅有少数伊斯兰主义人士持此观点,而凯达组织的意识型态则包含创建伊斯兰王国在内。 作为全球性宗教,伊斯兰教在名义上反对所有不具信仰者。伊斯兰教促进由穆斯林共同组成的乌玛(Ummah,意为群众或团体)。许多穆斯林毫无疑问对宗教团体具有强烈认同,说不定比基督徒更深。斋月与麦加朝圣(Hajj或Haji)等共有的仪节更加促进这样的认同。"Ummah"一词在字典上的意思为「回教国家」,但它并不是一般意义上的国家。饱受批评的美国的伊斯兰国家组织(Nation of Islam,NOI)认为,将伊斯兰与俗世意义上的国家相比为渎神。'Ummah'并不是伊斯兰国家('caliphate')的同义词,而是与伊斯兰历史(可参看阿拉伯帝国)上的伊斯兰王国相关的观念。 无政府主义与此类似,反对民族国家与民族主义。无政府主义者一般提倡创建基于自由结合(free association)与互助(mutual aid)的互助性社会,不计种族之别。

民族主义的历史性影响

捷克胡司战争

1817年塞尔维亚起义

希腊独立战争

匈牙利1848年革命

波兰1830年起义、1863年起义

意大利烧炭党革命

普丹战争、普奥战争、普法战争

朝鲜三一运动

中国辛亥革命、五四运动

萨拉热窝事件

1916年至1918年阿拉伯大起义

1916年中亚大起义

爱尔兰独立战争

1946年中国“三反运动”(反饥饿、反内战、反**运动)

1956年匈牙利事件

1960年日本安保斗争

1968年布拉格之春

1990年“波罗的海人链”

1773年,波士顿倾茶事件

1834年,38个德意志邦联的邦国为扫除相互之间的贸易障碍而组建德意志关税同盟

1905年,中国因美国拒绝终止排华法案而发生抵制美货运动

1925年,中国因五卅惨案而发生抵制英货和日货运动

1930年,圣雄甘地发起“食盐进军”运动,号召印度民众抵制英国食盐

1938年,墨西哥将全部外资石油公司收归国有

1930年代,巴西创建国营淡水河谷公司经营本国铁矿

1940年,圣雄甘地号召印度民众自行纺线织布,抵制英国纺织品

1940年代后期,庇隆政权没收了美国和英国在阿根廷的大量资产并收容逃亡到阿根廷的德国战犯

朝鲜和越南在二战后全面停用汉字,韩国亦大规模减少汉字使用。

乌兹别克和土库曼独立后实施文本拉丁化改革,逐步停用俄文本母。

1893年,印度国大党激进派发起大规模的象头神祭祀活动以复兴印度教。

蒙博托政权将刚果的法语地名大量更改为本地语言地名,并禁止刚果新生儿取基督教名,鼓励刚果男性少穿西装。

赞比亚独立后将维多利亚瀑布更名为以本地语言命名的莫西奥图尼亚瀑布。

塔吉克斯坦独立后将最大城市列宁纳巴德恢复古代名字“苦盏”,将**改名为伊斯玛仪·撒曼尼峰,将列宁纳巴德州改名为粟特州。

2007年,塔吉克斯坦政府号召国民使用不带俄语后缀的姓氏,未成功;2009年又颁布《国家语言法》,取消了俄语在塔吉克斯坦的普通话地位。

法法词典

nationaliste adjectif ( même forme au masculin et au féminin, pluriel nationalistes )

  • 1. politique qui nourrit un culte parfois exagéré pour sa propre nation

    un parti nationaliste

nationaliste nom commun - masculin ou féminin ( nationalistes )

  • 1. politique personne qui revendique pour sa communauté le statut de nation autonome

    les nationalistes basques

  • 2. politique personne qui subordonne l'individu à la nation et exalte jusqu'à l'excès la supériorité de sa propre nation

    l'extrémisme de certains nationalistes

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