Une cravate mal ajustée au motif de rayures obliques et dans des tons de bleu.
Une cravate est une bande de tissu destinée à être passée autour du cou, sous le col d'une chemise, et qui se noue par devant. Elle dissimule les boutons de fermeture de la chemise.
Il peut y figurer divers motifs ou teintes et est attachée au cou pour pendre libre devant le buste. Il existe différents nœuds de cravate, qui peuvent être serrés ou lâches. Il existe également les cravates militaires, dites aussi cravates de sécurité, à clip rapide avec un nœud permanent. Elle fait surtout partie de la garde-robe masculine standard, bien que certaines femmes la portent mais elles sont rares dans l'ensemble à la porter, le plus souvent les femmes qui portent un tailleur ou un chemisier le font sans cravate. Il existe plusieurs largeurs de cravates (de 4 cm à 9,5 cm).
L'éventail des prix en est extrêmement ouvert, en Europe, de quelques euros à une centaine d'euros, autant selon le prestige du fabricant et le mode de commercialisation qu'à partir du coût réel de l'étoffe, du coût de la main-d'œuvre et du design.
C'est un objet n'ayant aucun intérêt vestimentaire particulier, servant seulement d'apparat, qui s'est imposé, durant le XX siècle, comme un standard vestimentaire, souvent associé à la tenue d'un costume, chez les hommes aisés ou les hommes ayant un emploi les mettant en visibilité devant un public.
Le port de la cravate est autant perçu comme un signe de distinction sociale que comme une contrainte sociale quasi toujours abandonnée hors de tout contexte professionnel.
Histoire de la cravate
Origine
En 1944, dans un centre de démobilisation au Royaume-Uni, un militaire (à gauche), pour choisir une cravate qui puisse s'accorder avec la chemise de sa future tenue civile, est conseillé par un membre des Royal Army Ordnance Corps (en) (à droite).
Cravate en soie avec des motifs d'avions Concorde pour Air France.
Les origines de la cravate sont anciennes. Les soldats de la garde personnelle de l'empereur Qin Shi Huangdi (III siècle av. J.-C.) sont « cravatés » d'un nœud en soie comme le montre le mausolée de l'empereur Qin. Les orateurs et légionnaires romains portent le focalium (du latin fauces, la « gorge »), sorte d'écharpe en laine ou en soie autour du cou pour se protéger du froid. Parfois, ils nouent autour de leur cou une sorte de mouchoir appelé sudarium.
La cravate moderne est un attribut vestimentaire particulier d'un régiment de hussards croates créé sous Louis XIII, et dont l'uniforme comprenait une écharpe blanche dont la mode gagnera la cour de France. Ce régiment de cavalerie légère recevra de Louis XIV, en 1666, le nom de Royal-Cravates. Il est aujourd'hui le 10 régiment de cuirassiers de l'armée française. Le mot cravate tire de là son origine, une déformation du mot croate.
La mode du port de la cravate en Europe paraît débuter au XVII siècle. Elle commence alors à remplacer les jabots de dentelle, qui eux-mêmes avaient supplanté les fraises, plus encombrantes et certainement moins confortables. La cravate est alors généralement une large bande de coton ou de lin, décorée de dentelles. Cette bande est enroulée autour du cou et nouée sur le devant en laissant pendre les deux extrémités.
Sous Louis XIV, on commence à agrémenter ce nœud de rubans multicolores. C'est également le Roi Soleil qui crée la « fonction » de « cravatier ». Celui-ci dépend du « Grand Maître de la Garde Robe » dont la charge a été créée en 1669. Le cravatier appartient donc aux services de la chambre du roi et a le statut d'écuyer. Sa fonction est alors de choisir et d'ajuster la cravate du roi, mais également les boutons de manchette et les diamants.
Vers la fin du XVII siècle, c'est au tour de la cravate dite Steinkerque de faire son entrée. Elle apparut lors de la bataille des Flandres du même nom. C'est une cravate au nœud simple dont on passe l'un des pans dans la boutonnière. Celle-ci disparaît au début du XVIII siècle pour faire place à de nouvelles modes, notamment le « stock ». Cette dernière est modifiée vers la fin du XVIII siècle par l'ajout d'un ruban noir entourant le cou et maintenant les cheveux derrière la tête. Cette cravate est la plus connue de ce siècle, et on la retrouve d'ailleurs dans bon nombre de reconstitutions historiques de l'époque.
Malgré quelques débats houleux sur la place sociale de cet accessoire, la Révolution française ne viendra pas à bout de la cravate, bien au contraire. Alors que les Français s'essaient à une cravate très bouffante, dite à la Garat, du nom du comédien l'ayant popularisée, les Britanniques ne jurent que par la cravate blanche aux nœuds complexes, à l'instar de Brummell, grand dandy de son époque. Ce type de cravate de couleur noire, porté par Diderot (voir la cravate) notamment, devient alors à la mode en France.
Peu de temps après, face à la difficulté de nouer ce genre d'accessoires (la plupart étant d'ailleurs vendus déjà montés), apparaît la cravate « Régate » qui est véritablement l'ancêtre de notre cravate actuelle. C'est d'ailleurs au même moment qu'apparaît le nœud papillon moderne. Le cravatier new-yorkais Langdorf aura l'idée en 1924 de la couper en diagonale et de l'assembler en trois parties pour en simplifier l'usage. Une invention de taille qui viendra donner à la cravate son aspect actuel.
La cravate aujourd’hui
Au fil des siècles, la cravate a évolué en suivant les codes de la mode. Pour preuve, entre les années 1960 et le début des années 1980, la largeur de la cravate a augmenté de quatorze centimètres. La cravate extra-large accessoirisait très bien le pantalon à pattes d’éléphant et la chemises à col « pelle à tarte » des années disco. Pendant la décennie suivante (années 1980) la cravate fine, également appelée « slim », la cravate tricot (appelée aussi cravate en tricot de laine) ou la cravate en cuir connaissent leurs heures de gloire.
Accessoire masculin elle s'est par la suite déclinée en un accessoire féminin, mais demeure, dans cet usage, assez marginale.
Aujourd’hui la cravate « standard » varie entre 7,5 cm et 8,5 cm de largeur sauf pour la « slim fit » des années 1960 qui fait son retour avec une largeur de 5 à 7 cm : si dans les années 1960, les Rolling Stones, les Kinks ou les Mods portent la cravate fine et influencent l'époque, celle-ci est remise au goût du jour quatre décennies plus tard, entre autres par Hedi Slimane chez Dior.
Accessoire usuel de la mode, la plupart des maisons de mode masculine en réalisent. Elle concurrence le nœud papillon comme accessoire du costume pour les grandes occasions et reste un élément de la tenue habituelle voire de la tenue règlementaire de certaines professions. Certains la considèrent cependant comme un accessoire trop sérieux, symbole du conformisme, de bureaucratie, de technocratie et de phallocratie, surtout depuis les années 1980. Face à ce sentiment, une mode venue des États-Unis, autorise les cadres à ne pas porter la cravate le vendredi, veille du week-end. C'est le Friday Wear, ou Casual Friday.
En Allemagne, la cravate portée dans le cadre professionnel indique souvent les orientations politiques du porteur, sauf dans le cas d'un uniforme (comme celui des policiers).
David Woodard (avec William S. Burroughs), vers 1997, dans une cravate « quatre en main »
Principes de fabrication
L’étoffe d’habillage
Toutes les cravates utilisent une étoffe d'habillage.
L'étoffe d'habillage est une étoffe au moins choisie pour son aspect esthétique, sa première fonction est en effet de donner les motifs de la cravate : motifs géométriques et figuratifs, couleurs, reflets.
Au delà des motifs une matière peut être par ailleurs préférée en raison de sa tenue spécifique, de son caractère précieux ou pour la facilité de son nettoyage.
Les étoffes suivantes sont le plus souvent employées : polyester, laine, lin, soie, ou bien le cuir.
Il existe trois procédés employés pour obtenir des motifs. Ces procédés peuvent être utilisés cumulativement pour l'obtention des motifs, c'est alors le dernier procédé employé pour la fabrication des motifs de l'étoffe qui est généralement déterminant sur les motifs obtenus et qui donne spécifiquement son nom à la cravate.
Les cravates tissées
Cravate de la maison Charvet Place Vendôme à Paris.
Les cravates tissées sont les cravates dont les motifs sont formés lors du tissage par l'entrelacement de fils préalablement sélectionnés pour leur matière, leur texture et la couleur dont ils ont été teintés. L'obtention des motifs par tissage est privilégié pour les cravates en laine et en lin. La méthode de tissage est également employée avec le polyester afin d'obtenir un effet moiré ; elle permet avec la soie d'en orienter la brillance afin d'obtenir des contrastes variant avec le mouvement de la cravate et l'exposition à la lumière, voire d'obtenir un effet métallique spécialité de la maison traditionnelle Charvet Place Vendôme.
Les cravates imprimées
Les cravates imprimées sont les cravates dont les motifs sont obtenus par la soumission d'un tissu, généralement tissé de fils teintés d'une couleur, ou d'une matière à la technique d'impression des motifs. Cette méthode permet de réaliser des cravates avec des motifs figuratifs, des motifs plus fins que ceux obtenus par le tissage, ou encore aux couleurs très diversifiées et complexes. Cette technique donne un rendu généralement mat ou uniformément brillant. Elle est privilégiée par la grande maison italienne E. Marinella (en).
Les cravates teintées
Les cravates teintées sont les cravates dont les motifs sont obtenus par la soumission d'un tissu ou d'une matière à la technique de la teinture. Essentiellement utilisée pour le cuir, elle permet par ailleurs d'obtenir un effet de nuages ou brouillard de couleurs.
Procédés de montage
Il existe deux grands procédés de montage d'une cravate : l'assemblage et le 7 plis.
Le procédé d'assemblage
Les cravates artisanales comme industrielles sont aujourd'hui généralement réalisées par l'assemblage de trois principales étoffes : une étoffe de matelassage est enveloppée de deux étoffes ; l'étoffe d'habillage du côté exposé et sur la longueur de la partie destinée à être contre le corps ; l'étoffe de doublure aux extrémités de la partie destinée à être contre le corps.
L'étoffe du matelassage est une étoffe légère mais relativement épaisse. Sa fonction est de donner l'épaisseur, la tenue et de maintenir la forme de la cravate. Cette étoffe est généralement de la ouate. Les indications sur le tissu employé (100 % soie, 80 % soie et 20 % lin…), sur les étiquettes des cravates, ne sont que celles de l'étoffe d'habillage.
L'étoffe d'habillage est découpée de façon à simplement envelopper complètement l'étoffe de matelassage et à être fermée avec des points de couture. L'étoffe de doublure est découpée de façon à simplement couvrir les extrémités de la cravate, dont l'étoffe de matelassage n'est pas cachée par l'étoffe d'habillage ; la doublure est cousue à l'habillage.
La cravate sept plis
Cravates imprimées de la maison Hemès. Sur la cravate de gauche , le pliage de l’extrémité large indique une cravate sept plis.
Le nom cravate sept plis désigne des cravates formées avec un seul morceau d'étoffe qui en constitue l'épaisseur.
L'origine du nom sept plis renvoi au procédé de montage : l'étoffe (soit uniquement d'habillage, soit d'habillage doublée finement sans matelassage) est découpée en une forme spécifique. Ce morceau d'étoffe est ensuite replié sept fois sur lui-même de façon à donner la forme, l'épaisseur et la tenue à la cravate. Le pliage est enveloppé sur lui-même et fermé par des points de couture.
Il existe aussi des cravates neuf plis sur le même principe.
Il existe enfin de fausses cravates sept plis. L'apparition de ces fausses cravates repose sur le fait qu'extérieurement, sans démonter la cravate, le moyen de vérifier le procédé de fabrication sept plis est de constater six (le 7 étant au-delà du point de couture) ou sept des plis aux extrémités de la cravate. Partant de ce moyen de vérification faillible, certaines entreprises ont donc eu l'idée de fabriquer et vendre sous le nom « sept plis » des cravates sur lesquelles elles ont fait des plis à l'extrémité large ou aux deux extrémités, mais, au-delà de ce pliage, en ayant fabriqué cette cravate par la méthode de l'assemblage décrite ci-dessus : le démontage de ces cravates révèle alors que les plis s'arrêtent juste au-dessus des points de couture, et que l'intérieur de la cravate est rempli d'un matelassage. La production d'une cravate sept plis impliquant une grande quantité de tissu d'habillage, souvent de soie, un prix identique ou inférieur à des cravates fabriquées par assemblage est un indice d'une fausse cravate sept plis.
Faire un nœud de cravate
La galerie ci-dessous donne la méthode pour l'exécution du nœud de cravate Windsor. Les images donnent l'aperçu du porteur de la cravate (sauf pour la dernière étape).
Enrouler la cravate autour du col. Croiser la bande large au niveau de la couture (voir détail).
Faire le tour du brin. Tendre légèrement.
Passer derrière le petit bout. Maintenir tendu.
Faire le tour en remontant du deuxième brin. Maintenir tendu.
Passer devant le nœud. Cette partie constitue la partie définitive du nœud.
Passer derrière le premier brin.
Passer dans le nœud sous le premier pli.
Ajuster le nœud en tirant sur le petit bout. Glisser le petit bout dans l'étiquette.
Le nœud peut présenter un pli central (photo), ou non.
Pour retirer la cravate sortir complètement le petit bout.
Claquer le nœud en tirant sur les deux extrémités.
Il existe de nombreux nœuds de cravate dont certains avec des variantes :
le nœud simple ou « quatre en main » (variante : le nœud italien et le nœud Onassis) ;
le nœud Victoria ou nœud double simple (variante : le nœud Prince Albert) ;
le nœud William Thomson ou nœud Kelvin ou nœud double simple inversé (variante : le nœud de David) ;
le Windsor ou nœud double ;
le demi Windsor ;
le Saint-André ;
le Plattsburgh ;
le Cavendish ;
le Grantchester ;
le Hanovre ;
le Balthus.
Il existe également des "variantes" à la cravate :
la lavallière ;
la cravalière ;
l'ascot.
Dans les arts
La cravate est le titre du premier court métrage réalisé par Alejandro Jodorowsky.
La cravate est aussi le premier roman de Milena Michiko Flasar paru en 2013.