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词典释义:
exil
时间: 2023-08-17 12:33:29
TEF/TCF专八
[εgzil]

流亡,流放,被迫迁居

词典释义
n.m.
1. 放, 放逐;
lieu [terre] d'exil 放地
exil volontaire, 逃
condamner qn à l'exil 判处某人
envoyer en exil 送去
être [vivre] en exil 放中, 在

2. 被迫迁居, 远居他乡

3. 放地

4. 〈书面语〉〈引申义〉离,
Vivre loin d'elle est pour lui un dur exil .远离她他来说等于是过生活。

5. 【宗教】尘世;尘世生活

常见用法
être contraint/poussé à l'exil被强制

近义、反义、派生词
联想:
  • punir   v.t. 惩处,惩办;处罚,处分

近义词:
bannissement,  déracinement,  déportation,  expatriation,  ostracisme,  proscription,  relégation,  éloignement,  isolement,  séparation,  expulsion,  émigration
反义词:
rappel,  amnistie,  grâce,  retour
联想词
exilé 放的,被放逐的; émigration 移居国外,侨居国外; exiler 放,放逐,使; exode 成群移居; errance 浪,游荡,漫步; déportation 放逐,放; émigré 移居,侨居国外的移居,侨居国外者; emprisonnement 监禁,坐牢; émigrer 移居国外,侨居国外; clandestinité 秘密性; incarcération 监禁,拘禁;
当代法汉科技词典

à l'exil loc. adv.  

短语搭配

envoyer en exil送去流放

être en exil在流放中,在流亡中

être en exil在流放中, 在流亡中

condamner qn à l'exil判处某人流放

Vivre loin d'elle est pour lui un dur exil.远离她对他来说等于是过流亡生活。

être contraint/poussé à l'exil被强制流放

exil volontaire流亡, 逃亡

exil perpétuel永久流放

exil à babylone巴比伦囚虏

à l'exil流放

原声例句

La France prendra aussi sa part en accueillant les enfants forcés à l'exil, séparés de leurs pères restés combattre, et ce en étroite collaboration avec les associations et les ONG qui œuvrent déjà sur place et dans notre pays.

法国也将尽自己的一份力量,迎接被迫背井离乡的儿童,他们与正在战斗的父亲们分开。这将会是和在当地和法国工作的协会与非政府组织的密切合作。

[法国总统马克龙演讲]

Il est vaincu définitivement à la batailles de Waterloo et meurt en exil.

在滑铁卢之战中,拿破仑被彻底打败,在流放过程中死去。

[法语词汇速速成]

Le peuple ne peut pas participer à la vie politique ; l’opposition est interdite, les opposants au régime sont mis en prison ou expulsés ; d’autres choisissent l’exil.

禁止反对,反对制度的人通常被囚禁监狱或被驱逐,还有的人选择背井离乡

[法语词汇速速成]

Pourtant, l'exil n'est pas un phénomène nouveau.

然而,流亡并不是新现象。

[TEDx法语演讲精选]

Comme elles étaient très amies, Élisabeth part en exil en Italie puis en Autriche.

由于他们非常友好,伊丽莎白流亡到了意大利,然后是奥地利。

[艺术家的小秘密]

Il savait amuser son évêque, vieillard aimable, fait pour le séjour de Paris, et qui regardait Besançon comme un exil.

德·福利莱神甫知道如何逗主教开心。主教是一个可爱的老人,生来就是要住在巴黎的,把来贝藏松视为流放

[红与黑 Le rouge et le noir 第一部]

Ce sera M. Valenod qui voit dans mon exil à Verrières l’effet de sa lettre anonyme.

肯定是瓦勒诺先生,他已经从我在维里埃的流放中看出他的匿名信的效果了。”

[红与黑 Le rouge et le noir 第一部]

N’ayant pas voté la mort du roi, il n’avait pas été compris dans les décrets d’exil et avait pu rester en France.

由于他没有投票赞成处决国王,所以屡次的放逐令上都没有他的名字,他也就能留在法国。

[悲惨世界 Les Misérables 第一部]

Les guerres et les conflits qui poussent certaines populations à l’exil rendent également les individus plus vulnérables vulnérables et donc susceptibles de venir des victimes de ces exploitations.

战争和冲突使一些人被迫流亡,同时也使人们变得更加脆弱,从而更有可能成为剥削的受害者。

[Décod'Actu]

Ainsi, la première chose que la peste apporta à nos concitoyens fut l'exil.

因此,鼠疫带给同胞们的第一个感觉是流放感

[鼠疫 La Peste]

例句库

L'exil est son partage.

远居他乡是他的命运。

Vivre loin d'elle est pour lui un dur exil.

远离她对他来说等于是过流亡生活。

L’exil de l’homme, c’est l’ignorance; sa patrie, c’est la science.

“人的流放是无知,他的家乡是科学。”

Le lendemain, Zola rentre d'exil et le commandant Picquart sort de la prison où il était enfermé depuis près d'un an.

第二天,左拉结束流亡生活返回祖国。皮卡尔少校在受了近一年的牢狱之苦后也被释放。

Les Tibétains en exil affirment que la répression chinoise a causé au moins 135 morts parmi les Tibétains.

流亡藏人肯定中国的镇压导致135名藏人死亡。

Des milliers de « réfugiés environnementaux » prennent les routes de l’exil.

成千上万个“环境难民”被迫奔走在背井离乡的路上。

Victor Hugo vécut en exil sous le second Empire.

维克多·雨果在第二帝国时期过着流亡生活。

Sur la terre d’exil pourquoi resté-je encore ?

怎能再留在这片放逐的土地?

Une retenue qu'ont dû respecter tous les chefs d'Etats en exil accueillis par l'Arabie saoudite.

这里是一个封闭的逗留场所,沙特接纳并尊重所有流亡的国家元首。

Que vêt parmi l'exil inutile le Cygne.

(天鹅)穿着(象衣服一样)这梦,在天鹅徒劳(无用)的流放中.

Mots clés : patrie, exil, retour, impossibilité.

故乡,流亡,回归,不可能性。

"Il y avait une majorité en faveur de la voie moyenne", a-t-elle expliqué, appelant le gouvernement en exil à défendre cette approche.

她解释说,“中间路线获得大多数人支持”,要求流亡政府保障这一方式。

Pendant ses 2000 jours d’exil, l’ex-empereur a peaufiné sa légende en se confiant au comte de Las Cases qui publiera ses notes l’année suivante sous le titre “Le Mémorial de Sainte-Hélène”.

流放的2000多天里,前任皇帝在向拉卡斯伯爵倾吐心事的同时,也将他的传奇事迹进行了一番润饰。而后者于次年出版了他的笔记,标题为《圣赫拉拿岛回忆录》。

J’ai noté que les communautés en exil dans les pays libres étaient actives et heureuses de participer à l’élection et que les candidats étaient de qualité.

我看到有些流亡藏人在自由国家很活跃且乐于参加竞选,候选人也很出色。

Dans l’exil de JinWenGong, Jie Zitui lui a offert un morceau de sa chair pour manger quand il mourrait de faim.

在晋文公流期间,介子推为了救快要饿死的晋文公,从自己腿上割下了一块肉,用火烤熟了给他吃。

Zola est en exil, le commandant Picquart est aux arrêts en attendant d'être jugé. Dans l'armée, les officiers dreyfusards sont systématiquement dénoncés et sanctionnés.

左拉流亡异乡,皮卡尔少校则身陷囹圄,等候审判。在部队里,德雷福斯派军官被一一揪出来惩治。

9 Sur l'allégation de violation de l'article 12, le conseil estime que les conditions de la fuite d'Algérie s'assimilent à un exil.

9 关于侵犯第二条的指称,律师认为,逃离阿尔及利亚的条件与流亡情况相似。

L'État n'avait aucune habilitation légale à agir comme il le fit uniquement par voie réglementaire et aucune mesure de protection légale ne fut mise en œuvre pour éviter sa fuite, son exode et son exil.

该国依法无权完全通过行政规章进行没收,同时又未提供本来应可使他免于逃亡、移居和流亡任何法律保护。

L'auteur a été privé de ses droits en raison de l'absence d'effectivité des garanties de la minorité française: en étant contraint à l'exil il a été empêché, au sens de Lovelace, d'exercer le droit de vivre en Algérie dans son milieu culturel et linguistique.

提交人的权利被剥夺的原因是法国少数群体未得到有效保护;提交人被迫流亡,他在阿尔及利亚享有自己文化和语言的权利根据《Lovelace》案件的含意 遭到了干预。

Les dirigeants de l'opposition en exil, dont ceux de l'ancienne l'Union des tribunaux islamiques, l'ex-Président du Parlement Sharif Hassan et un groupe d'ex-parlementaires ainsi que le Premier Ministre adjoint et Ministre des travaux publics du gouvernement d'alors, Hussein Aidid, ont tenu une série de réunions à Asmara. Ils ont sévèrement critiqué l'action militaire du Gouvernement fédéral de transition et des forces éthiopiennes à Mogadiscio, les accusant d'y commettre des crimes de guerre.

遭流放的反对派领导人——包括前法院联盟领导人、联邦过渡议会前议长谢里夫·哈桑·谢赫·亚丁以及一个前议员团体——和时任过渡联邦政府副总理兼公共工程部部长的侯赛因·艾迪德在阿斯马拉举行一系列会议,在会上严厉批评政府和埃塞俄比亚部队在摩加迪沙采取的军事行动,并指责他们犯下战争罪行。

法语百科

L’exil est l'état (social, psychologique, politique...) d'une personne qui a quitté sa patrie volontairement ou sous la contrainte – bannissement, déportation, impossibilité de survivre ou menace d'une persécution – et qui vit dans un pays étranger avec ce que cela implique de difficultés (langue, insertion, identité...) et de sentiment d'éloignement de son pays (nostalgie, déracinement...).

Exil, exilés

Définitions

Du latin ex(s)ilium « bannissement, lieu d'exil », le terme évolué en vieux français vers le mot « exill » signifiant « détresse, malheur, tourment » et « bannissement ». L'« exilé » est défini par l'Académie Française'comme « la personne qui vit en exil » (pour l'adjectif), celui « qui a été condamné, contraint à l'exil ou s'y est déterminé » (pour le substantif).

Le mot exilé est d'usage plus récent que celui d'exil. Dans son Dictionnaire critique de la langue française de 1787, Jean-François Féraud donnait au terme un sens pénal :

« Exil a la même signification que bannissement, mais il n'a pas le même emploi. Celui-ci est une condamnation faite en Justice ; l'autre est une peine imposée par le Souverain. Dites en de même d'exilé et banni ; de bannir et d'exiler. »

Cependant, en deux siècles, la signification du mot dans le langage courant a évolué. En 1994, l'Académie française retient deux significations dont la première est historique :

« 1. Adj. Qui a été condamné, contraint à l'exil ou s'y est déterminé ; qui vit en exil. Un peuple exilé, une famille exilée. Un opposant exilé. Par ext. Séparé, éloigné. Il vit exilé au bout du monde, il vit en solitaire. »
« 2. N. Personne qui vit en exil. Une famille d'exilés. Le retour des exilés. »

Tout en faisant la même distinction, le dictionnaire Trésor de la Langue Française informatisé (TLFi) inverse cependant l'ordre de présentation des deux sens du mot « exilé » :

« 1. Qui, volontairement ou non, a quitté sa patrie » ;
« 2. Personne que l'on chasse de son pays ou qui choisit de le quitter ».

Le terme désigne plus le fait de mener une vie loin de la mère patrie que le fait d'y avoir été contraint ou le type de contrainte qui y a conduit.

Célèbres et anonymes

La notion d'exilé est passée, durant les XIXetXX siècles, de la signification politique ou romantique, présente dans l'histoire et la littérature, des personnalités célèbres en exil à une signification plus anodine, portée par l'anthropologie décrivant un exil ordinaire et sans qualité des millions d'anonymes contraints à la vie en exil.

Exilés célèbres

Pour des raisons historiques, la notion d'exil évoque encore le sort de personnalités célèbres, intellectuels, artistes, dirigeants politiques subissant le bannissement prescrit par des lois d'exil. L'exil est alors une sanction pénale élitiste, permettant de mettre à l'écart l'influence politiquement gênante d'une personne ou d'un groupe sans cependant mettre en péril les privilèges sociaux des membres de l'aristocratie, de l'élite ou de la classe dirigeante à laquelle elle appartient ou risquer de susciter, en raison de sa notoriété, des mobilisations ou soulèvements en sa faveur : typiquement, les tyrans conservant de puissants soutiens dans le pays ainsi que les familles royales lors de l'avènement d'une République relèvent de cette catégorie d'exilés ; en France, la famille Bonaparte de par la loi du 1 janvier 1816, puis Louis-Philippe après la révolution de 1848. On retrouve cela au Brésil, en Turquie, en Italie, en Grèce, en Espagne...

Les exilés pouvant continuer à peser sur la vie politique interne depuis l'étranger, la notion renvoie également à l'activisme politique délocalisé qui prend des formes très diverses (partis à l'étranger, actions clandestines, polices secrètes...) mais dont la plus spectaculaire et de ce fait la plus connue, est celle du gouvernement en exil : groupe politique qui se proclame gouvernement légitime d'un pays, mais qui, pour diverses raisons, n'est pas en mesure d'y exercer son pouvoir et réside dans un autre en attendant de pouvoir retourner au pays reprendre le pouvoir.

Parfois pour des raisons similaires de notoriété et de privilège élitaire, des intellectuels, artistes, écrivains, notables et leaders politiques ont été bannis par substitution à d'autres formes de sanctions pénales. Cependant, si la notion d'exilé évoque des célébrités dont les œuvres sont marquées par l'expérience de l'exil, cela tient davantage à la notoriété de ses œuvres qu'à la spécificité des situations personnelles de leurs auteurs qui, lors des guerres, persécutions, changements de régimes, sont alors logés à la même enseigne de l'exil que beaucoup d'autres compatriotes moins connus. La liste est interminable des exilés célèbres : Mahomet, François-René de Chateaubriand, Gustave Courbet, Fiodor Dostoïevski, Norbert Elias, Sigmund Freud, François Guizot, Victor Hugo, Ovide, Alexandre Soljenitsyne, Léon Trotsky, Émile Zola, Charles de Gaulle, etc.

Exilés anonymes

De multiples facteurs sociaux, au cours des XIXetXX siècles, ont réduit le nombre et la portée des lois d'exil contraignant des individualités célèbres de pays riches occidentaux mais aussi accru les phénomènes (guerres coloniales, totalitarismes, génocides, guerres mondiales...) produisant des exodes de masse. Le phénomène de mondialisation des échanges accentue cette tendance. Les significations du mot « exilé » évoluent durant cette période vers une acception plus large. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, en outre, la proclamation du droit d'asile dans la Déclaration universelle des droits de l'homme (10 décembre 1948, art. 13 & 14) et l'émergence d'un droit du réfugié cadré par la Convention du 28 juillet 1951 relative au statut des réfugiés tend à occulter la notion d'« exilé » derrière celle de « réfugié ». Si celle-ci s'inspire encore dans ses définitions juridiques et jurisprudentielles occidentales à la figure mythique de l'exilé banni ou dissident, dans le monde, plusieurs dizaines de millions d'exilés ordinaires — parfois nommés réfugiés prima facie notamment dans les camps de réfugiés du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) — vivent sans être les victimes et bénéficiaires d'une loi d'exil plus ou moins personnalisée ou d'une notoriété qui permet le bannissement plutôt que d'autres sanctions. De ce fait, le mot exilé en est venu à désigner toute personne « Qui, volontairement ou non, a quitté sa patrie » (TLFi), c'est-à-dire vivant durablement à l'étranger, au-delà du simple passage touristique, pour y faire ou y refaire sa vie.

En relation avec le développement des migrations humaines et des réflexions, études et débats publics relatifs à l'immigration, les termes et expressions pour désigner des exilés se sont multipliés. Ces termes correspondent parfois à des catégories juridiques et administratives, parfois à des notions véhiculées par les médias de masse, parfois à des notions d'usage courant : travailleurs migrants, migrants forcés, demandeurs d’asile, réfugiés, déboutés du droit d’asile, sans papiers, irréguliers, clandestins, etc.

Exilé, migrant, réfugié

Dans les travaux de sciences humaines et sociales relatifs à l'exil et aux migrations, trois termes – exilé(s) migrant(s) et réfugié(s) - sont employés souvent avec la même volonté conceptuelle d'englober l'ensemble des catégories sociales existantes pour s'en affranchir, les comparer, les étudier elles-mêmes en tant qu'éléments de construction sociale de la réalité observée.

Migrant et exilé

La notion de migrant évoque davantage le mouvement, le déplacement d'un pays à un autre, la migration étant définie comme « Déplacement d'une population qui passe d'un territoire dans un autre pour s'y établir, définitivement ou temporairement ». Celle d'exilé évoque davantage la dimension anthropologique de la vie sociale au loin, du sentiment de dépaysement, des contraintes sociales, économiques et politiques inhérentes à l’exil. En outre, l’exil implique l’idée de contrainte même lorsque l’exil est volontaire. Plus que la notion de migrant, celle d’exilé laisse entendre que le départ du pays a été subi sans que cela préjuge de la nature ou de l’intensité de la contrainte.

Travailleur migrant

La notion de migrant est fortement associée à l'idée d'une recherche de travail et à un motif de déplacement plus librement consenti que réellement contraint par une persécution ou une impossibilité de survivre. Le Trésor de la Langue Française (TLFi) reflète ce sens très actuel :

« Migrant, -ante, adjectif et substantif (Travailleur) migrant. Individu travaillant dans un pays autre que le sien. Synon. immigré. Faciliter la circulation des travailleurs migrants en créant un passeport de travail (Pt manuel Conseil Eur., 1951, p.47). Pour la plupart, les migrants sont venus en France dans l'espoir de percevoir des salaires plus élevés que ceux auxquels ils peuvent prétendre dans leur patrie (Giraud-Pamart Nouv. 1974). »

Or ce sens apparaît en une période de l'histoire où s'affaiblit la crédibilité des exilés à faire entendre des motifs de contrainte à leur déplacement.

Migrant et réfugié

Une classification de sens commun distingue « migrants » et « réfugiés » : d’un côté ceux qui partent à l’étranger chercher du travail ; de l’autre ceux qui fuient leurs pays en raison de persécutions. Cette dichotomie est fréquemment fausse parce que les processus de persécution commencent le plus souvent par des formes de sanction ou d’exclusion économiques avant de passer à d’autres registres de violence symbolique, matérielle ou physique. Mais la prégnance de cette distinction dans l’espace public et le champ politique justifie de s’interroger sur sa genèse et ses usages, ce qui oblige alors à s’en affranchir pour l'étudier. Parler des exilés évite ainsi de préjuger de ce qu’ils sont à l’aune de cette distinction de sens commun ou de la sélection opérée dans le cadre du droit de l'asile, non seulement son origine mais aussi les raisons de son succès, la politique publique qui la met en œuvre, les effets politiques qu’elle produit sur les représentations sociales relatives aux exilés. Éviter d’en préjuger, refuser l’évidence idéologique de ce classement, est une nécessité méthodologique pour apercevoir et plus encore analyser le retournement des politiques du droit d’asile contre les exilés.

Catégorie d'exilés

L'étude des diverses catégories de classification des exilés est essentielle à toute sociologie de l'exil tant le passage d'une catégorie à l'autre fait partie intégrante de la condition de vie en exil. L'analyse typologique s'impose en outre parce ce que ce sont souvent les mêmes individus qui sont ainsi désignés à des moments différents de leur vie En outre, ces catégories correspondent à des constructions sociales souvent orientées politiquement de la réalité sociale mais aussi à des dispositifs intellectuels et juridiques de politiques publiques.

Déplacés

Un déplacé est une « Personne contrainte à vivre en dehors de son territoire à cause de la guerre ou d'une oppression politique. Camp de personnes déplacées (Lar. encyclop.). J. C. Flujel rend compte (...) des névroses particulières aux personnes déplacées et à beaucoup d'émigrés (Choisy, Psychanal. 1950, p. 125). Par ces temps (...) de personnes déplacées, d'apatrides (...) la méfiance, le soupçon constant règnent (Arnoux, Solde, 1958, p. 163) ». Ils sont parfois distingués des exilés et des réfugiés pour signaler leur rattachement à un programme international de prise en charge collective de populations et/ou pour souligner le caractère forcé et parfois collectif du déplacement de populations.

Déplacés internes

Les déplacés internes sont des personnes forcées de fuir leur domicile tout en restant à l’intérieur de leur pays, notamment en cas de guerre civile ou de partition informelle du pays entre deux parties adverses. Elle provient d'une distinction faite par le HCR entre les « déplacés internes » et les « réfugiés » sur le critère du franchissement d'une frontière internationale qui caractériserait les seconds. Elle apparaît à une époque où les États occidentaux, principaux bailleurs de fonds du HCR, favorisent les formes d'asile éloignées de leurs territoires, y compris à travers la politique d'externalisation de l'asile.

Étranger

Personne « qui n'est pas d'un pays, d'une nation donnée; qui est d'une autre nationalité ou sans nationalité ; plus largement, qui est d'une communauté géographique différente. » d'une part et « qui n'est pas familier (ière) à quelqu'un, qui n'a pas de relation avec lui, qui en est mal connu(e), distant(e) » d'autre part. C'est sans doute la catégorie sociale la plus largement englobante mais si elle ne se superpose que partiellement avec d'autres : on parle ainsi des étrangers de la seconde ou troisième génération pour désigner des descendants de migrants alors même qu'il s'agit de nationaux ; tous les étrangers d'un pays d'accueil ne sont pas des exilés et tous les exilés ne sont pas des étrangers du point de vue du pays d'origine. La notion d'« étranger » souligne une altérité qui dépend de multiples phénomènes culturels (ex.: xénophobie), politiques (ex. nationalisme), et juridiques. En droit, les étrangers font souvent l'objet de régimes distincts de ceux qui s'appliquent aux nationaux, ce qui s'atteste particulièrement dans l'institution historiquement ancienne des camps d'étrangers.

Migrant

Dans une acception strictement géographique, le migrant est celui qui se déplace ou s'est déplacé d'un pays à un autre ; il est émigrant du point de vue du pays d'origine et immigrant du point de vue du pays d'accueil et subit les contraintes générales de la vie en exil. Cependant, sous l'effet des transformations culturelles relatives aux phénomènes migratoires, la notion a évolué pour désigner plus spécifiquement les travailleurs migrants comme l'atteste la définition la plus actuelle données par le dictionnaire Trésors de la Langue Française (TLFi) :

« Migrant, -ante, adjectif et substantif(Travailleur) migrant. Individu travaillant dans un pays autre que le sien. Synon. immigré. Faciliter la circulation des travailleurs migrants en créant un passeport de travail (Pt manuel Conseil Eur., 1951, p.47). Pour la plupart, les migrants sont venus en France dans l'espoir de percevoir des salaires plus élevés que ceux auxquels ils peuvent prétendre dans leur patrie (Giraud-Pamart Nouv. 1974). P. ext., substantif Personne effectuant une migration. Ces migrants [les «vacanciers»] sont de plus en plus nombreux (Belorgey, Gouvern. et admin. Fr., 1967, p.377). A) Adj. 1951 travailleur migrant (Pt manuel Conseil Eur., p.47). B. Subst. 1961 «id.» (La Croix, 2 déc. ds GILB. Mots nouv. 1971). Part. prés. de migrer*. »

Migrant économique

C'est une expression qui souligne la dimension actuelle du mot migrant (travailleur migrant) et/ou signale une opposition de sens commun entre migrants et réfugiés ou migrants forcés (les uns se déplaçant de leur plein gré, les autres étant forcés de fuir leurs pays en raison de persécutions ou d'autres contraintes). Cette notion pose le problème de la liberté de choix dans le fait de partir à l'étranger pour y trouver du travail, la contrainte économique pouvant être irréductible d'une part, et politiquement instrumentalisée à des fins de persécutions d'autre part. Dans un contexte de déclin de l'idée de droit d'asile, la notion de migrant économique peut impliquer une disqualification relative de l'exilé comme personne dénuée de la légitimité et des droits liés au statut de réfugié.

Migrant forcé

L'expression relaie le sens géographique du premier mot en focalisant l'attention sur les causes involontaires du déplacement international tout distinguant la personne qui subit ces contraintes à quitter son pays d'un réfugié (statutaire) reconnu au titre de la Convention du 28 juillet 1951 relative au statut des réfugiés restreignant la reconnaissance de celui-ci à certains motifs de persécutions. Par suite de cette distinction implicite, la notion de migrant forcé peut désigner un ensemble plus large incluant les réfugiés statutaires et ajoutant les réfugiés prima facie ainsi que toutes les personnes contraintes de fuir leur pays ou lieu d'habitation qui n'entrent pas dans les deux catégories précédentes. Mais elle peut aussi s'employer, en un sens plus restreint, pour subvertir le sens commun de « migrant » (travailleur migrant) ou de « migrant économique » (libre choix de migrer) pour souligner le caractère tendanciellement contraint de la migration.

Travailleurs migrants

La notion de travailleurs migrants, aujourd'hui presque synonyme de « migrant », renvoie à celle de migration de travail que l'on oppose parfois à la migration pendulaire d'une part et à la migration de peuplement d'autre part. Elle implique un déplacement en vue de trouver du travail pendant quelques jours, semaines, mois ou années dans la région d'arrivée, mais sans que la migration soit forcément pensée comme définitive. Parler de travailleur migrant plutôt que de migrant peut être une façon de mentionner la participation des migrants à la création de richesse dans le pays où ils travaillent ou également aux « droits des travailleurs migrants » reconnus par la Convention internationale sur la protection des droits de tous les travailleurs migrants et des membres de leur famille, entrée en vigueur en 2003 après avoir été ratifiée par vingt États tandis que quinze autres l'ont signé (mais pas encore ratifié)… mais qu'aucun pays riche occidental (notamment Australie, Canada, États-Unis, pays de l'Union européenne…) n'a encore signé.

Expatrié

En un sens originel et minimal, le mot « expatrié » signifie « Qui a quitté sa patrie » mais a longtemps eu le sens d'une personne victime d'un sort peu enviable : « Toutes les couches de la misère humaine, les expatriés, les excommuniés, les déshérités (HUGO, Corresp., 1856, p. 250) ». Cependant, l'usage du mot dans le langage de la diplomatie d'une part et celui de la gestion du personnel des entreprises, organisations publics et associations d'autre part, en fait aujourd'hui une catégorie plus administrative que symbolique, plus technique et moins chargée culturellement ou historiquement que celle d'émigré.

Demandeurs d’asile est une notion administrative directement liée au développement du droit de l'asile dans la deuxième moitié du XX siècle et notamment dans le cadre de l'application de la Convention du 28 juillet 1951 relative au statut des réfugiés. Par l'effet de ce traité, les demandeurs d'asile se voient reconnaître un certain nombre de droits ouverts le temps de l'examen de leur demande, notamment la régularité du séjour (principe de non refoulement). Mais ces droits peuvent varier d'un pays à l'autre et d'une époque à l'autre : en France par exemple, la circulaire du 26 septembre 1991 interdit aux demandeurs d'asile de travailler, tandis qu'une autre circulaire du 19 décembre 1991 créé les centres d'accueil de demandeurs d'asile (CADA) qui n'accueilleront pourtant jamais plus d'un quart des demandeurs d'asile, laissant les autres dans une situation de régularité juridique de séjour mais sans leur fournir d'hébergement.

Réfugié

En un sens historique courant, le mot « réfugié » a une signification plus large que celle qui tend à s'imposer à la fin du XX siècle : « [Personne] qui a trouvé refuge hors de sa région, de son pays d'origine dans lequel il était menacé (par une catastrophe naturelle, une guerre, des persécutions politiques, raciales, etc.) » . Le sens initial est proche de celui d'exilé ou de migrant forcé. Cependant, les transformations historiques de l'idée de droit d'asile en un droit du réfugié et la définition restrictive donnée du réfugié par la Convention du 28 juillet 1951 relative au statut des réfugiés et le droit de l'asile tel qu'il se développe dans les différents États, conduit aujourd'hui à employer le terme de réfugié en un sens restrictivement juridique qui le réserve à la catégorie des exilés reconnus comme réfugiés au titre de cette convention. En raison de cette évolution, des expressions spécifiant le sens du mot réfugié apparaissent dans le langage des spécialistes du secteur : celle de réfugié prima facie procède du droit d'asile et de l'aide humanitaire, et celle de réfugié statutaire du droit de l'asile.

Réfugié statutaire

L'expression « réfugié statutaire » est une spécification du sens qui tend à s'imposer à la fin du XX siècle au mot réfugié réduit, par l'effet du développement d'un droit de l'asile restrictif dans les États riches occidentaux, aux rares demandeurs d'asile qui obtiennent un titre de séjour au titre de la Convention du 28 juillet 1951 relative au statut des réfugiés et le droit de l'asile et au terme d'une procédure d'examen individualisé des demandes d'asile. C'est là un signe du succès d'une certaine idéologie du droit d'asile, l'asile dérogatoire procédant d'une définition restrictive du réfugié, d'un examen individuel des demandes d'asile et du rejet de la grande majorité de ces demandes. Dans ce contexte historique, l'usage de l'expression peut signifier vrai réfugié ou réfugié reconnu comme tel par opposition aux demandeurs d'asile auxquels la qualité de réfugié n'a pas été reconnue, ces derniers pouvant être:

des réfugiés qui n'ont pas déposé de demande d'asile ou dont la procédure n'est pas achevée

des personnes alléguant des faits inexacts pour bénéficier du titre de séjour accordé aux réfugiés statutaires

des personnes alléguant des faits exacts mais qui ne suffisent pas à leur donner la qualité de réfugiés

Réfugié prima facie

La plupart des réfugiés dans le monde pris en charge par des programmes d'action humanitaire notamment financés par le HCR ne font pas l'objet d'un examen individuel de leur situation au regard de l'accueil dont ils bénéficient : en particulier, dans les camps de réfugiés créés par le HCR face aux exodes massifs et soudains de populations (guerres, catastrophes...) , les exilés sont dits réfugiés prima facie et accueillis comme tels dans les camps sans examen possible des situations individuelles. Le HCR et, dans son sillage, bon nombre d'organisations humanitaires publiques ou privées fonctionnent de facto avec deux définitions du réfugié : l'une, juridique et restrictive, s'imposant dans les pays riches occidentaux et l'autre, non juridique et extensive, étant utilisée dans les autres pays, pauvres notamment, pour l'accueil des réfugiés. Mais des deux catégories, la seconde est de très loin celle qui désigne la population d'exilés la plus vaste.

Déboutés du droit d’asile

Cette expression, d'usage courant dans le secteur des spécialistes du droit de l'asile, est une façon technique de désigner par référence à ce régime juridique plutôt qu'à d'autres critères sociologiques, les personnes dont la demande d'asile a été rejetée. Ces personnes étant, dans la plupart des pays, supposées quitter le territoire national où a été exprimée cette demande, se retrouvent en situation irrégulière si elles s'y maintiennent. Les taux de rejet des demande d'asile se situant dans la plupart des pays de l'Union Européenne entre 90 % et 100 %, et la plupart des exilés passant par la procédure du droit de l'asile, la population des déboutés du droit d'asile forme un ensemble qui se superpose pour une très large part avec celle des demandeurs d'asile et celle des étrangers en situation irrégulière. La défense des déboutés du droit d'asile clive le milieu de soutien des exilés entre des personnes et organisations qui n'entendent défendre que les demandeurs d'asile et réfugiés statutaires d'une part et celle qui entendent défendre également les déboutés du droit d'asile.

Sans-papier, travailleur sans papiers, immigrant sans papier

L'expression substantive ou qualificative de sans papier désigne l'ensemble des étrangers dépourvus de titre de séjour. Tant en langue anglaise qu'en langue française, les institutions internationales et les partisans des droits de ces étrangers préfèrent les termes undocumented worker (« travailleur sans papiers ») ou undocumented immigrant (« immigrant sans papiers ») qui, selon eux, marquent d'une part d'une façon plus exacte et, d'autre part, moins stigmatisante, la situation dans laquelle se trouvent ces personnes. Ce mode d'expression est utilisé aussi pour souligner que les sans papiers ne sont pas pour autant dépourvus de droits, notamment au regard des règles générales de droit public et des protections de la personne humaine au titre des droits humains fondamentaux. L'expression est impropre dans la mesure où les sans-papiers ont toujours au minimum, les papiers de leur pays d'origine.

Clandestins

Le clandestin, en un sens courant, est une personne « qui se soustrait par nécessité aux représentants de l'autorité en place et vit en marge des lois; qui échappe à la procédure normale. Passager clandestin (mar.). Celui qui s'embarque en cachette sans papiers ni titres de transport (cf. Cendrars, Bourlinguer, 1948, p. 11). Travailleurs (immigrés) clandestins. Travailleurs ayant passé illégalement une frontière pour trouver du travail. » En ce qui concerne les exilés, l'expression évoque une vie cachée, comme dans une dimension souterraine de la société, qui ne correspond que rarement à la réalité sociologique de la vie des sans-papiers le plus souvent présents et visibles dans la société d'accueil et pour cette raison certaines organisations (par ex. Amnesty International) évitent d'employer cette expression. Le philosophe Jacques Derrida remarquait ainsi :

« les « sans-papiers » ne sont pas clandestins (...) la plupart d'entre eux travaillent et vivent, ont vécu et travaillé au grand jour pendant des années (...) c'est l'iniquité de la répression gouvernementale à l'égard des « sans-papiers » qui souvent crée de la clandestinité là où il n'y en avait pas. »

Migrants illégaux, irréguliers ou étranger en situation irrégulière

Ces catégories, les deux premières d'usage courant, notamment dans le langage politique, l'autre relevant d'un langage technique juridique, évoque la situation d'un étranger présent sur le territoire national d'un État sans titre de séjour en insistant sur l'infraction au droit qu'implique cette situation et a pour effet implicite de classer l'exilé dans la catégorie plus générale des contrevenants au droit voire délinquants. De ce fait elle comporte une dimension de stigmatisation des étrangers et l'immigration illégale qui peut alimenter des phénomènes de xénophobie. Pour éviter cet effet, la notion de sans papier lui est alors préférée non sans être critiquée par ceux qui lui reprochent de faire de l'exilé, dans cette situation juridique, une victime à qui il manquerait des papiers plutôt qu'un contrevenant au droit. Cette situation juridique, peut advenir de multiples façons (entrée clandestine, maintien sur le territoire au delà de la période de séjour autorisée, retard ou erreur dans les procédures de régularisation, transformations des régimes juridiques relatifs au séjour, etc.).

Internés, retenus, étrangers détenus

L'internement des exilés est issu d'une tradition coloniale d'internement arbitraire des indigènes comme mode de domination sur les sociétés colonisées. L'internement administratif a été particulièrement utilisé dans les colonies et les métropoles durant les guerres de libération. La notion de retenus qui seraient étrangers par différenciation avec les détenus qui seraient nationaux apparaît avec l'intensification des politiques de répression des migrations et l'inflation du nombre et de la population des « centres de rétention administrative » (en France) ou établissements similaires sous d'autres appellations dans les pays occidentaux. Existant officiellement en France depuis 1981, les « CRA » visent à maintenir les « retenus » sous surveillance pour le temps « strictement nécessaire » à l’organisation de leur départ forcé, et de garantir ainsi « l’effectivité des mesures d’éloignement » . Sur une durée plus courte, la rétention administrative s’est progressivement insérée dans l’ensemble plus vaste formé par les camps d’étrangers qui quadrillent aujourd’hui le territoire de l’Union Européenne et son pourtour, y assurant la mise à l’écart différenciée et complémentaire des migrants. Elle accompagne le phénomène de criminalisation des migrants qui aboutit à une surreprésentation des étrangers dans les prisons européennes.

Expulsés

Les expulsés sont des personnes exclues d'un territoire ou d'une communauté. Cette catégorie prend une importance sociale qui augmente dans les sociétés riches occidentales, ainsi que chez leurs voisins, au fur et à mesure que s'intensifient les politiques publiques et se diversifient les modalités policières d'arrestation et d'expulsion des sans-papiers. Dans de nombreux pays, ceux-ci, lorsqu'ils contreviennent au droit, ils peuvent être condamnés à la prison ou à la réclusion puis subir une expulsion ou une interdiction du territoire, sous forme de deuxième peine ou de mesure administrative ; certains parlent alors de « double peine ». Certaines personnes disent que cette expulsion ou interdiction du territoire contrevient au principe de droit pénal non bis in idem, également établi par un protocole à la Convention européenne des droits de l'homme. Dans certains pays, l'autorité de la chose jugée s'oppose à ce que la même infraction suscite un second procès entraînant pour la même personne une seconde condamnation.

Rapatriés ou retournés

On appelle rapatriés des citoyens se trouvant dans un pays étranger, soit temporairement, soit de manière permanente, et contraints de rentrer dans leurs pays pour divers motifs, le plus souvent pour assurer leur sécurité à la suite de catastrophes naturelles, de révoltes ou de guerres qui ne leur permettent plus de séjourner dans leur pays ou région d'adoption dans des conditions normales. Les rapatriés sont une catégorie particulière de réfugiés, en ce sens que leur pays d'accueil est leur patrie, c'est-à-dire le pays dont ils ont la nationalité. Cependant lorsque le rapatriement procède d'une politique internationale de contrainte au retour et qu'ils n'ont pas choisis librement de retourner dans leur patrie, se trouvent être en situation de double exil : ils font partie administrativement de la catégorie des exilés pour les institutions internationales qui les ramènent dans leurs pays et peuvent également se trouver, dans celui-ci, en situation d'exil intérieur faute de pouvoir y envisager une réinsertion sociale. On parle parfois de retournés pour désigner cette catégorie de rapatriés forcés et la catégorie des retournés prend une importance nouvelle au fur et à mesure que les politiques d'expulsion s'intensifient, posant des problèmes nouveaux de réintégration des exilés dans leur pays d'origine.

L'accueil

Camps

Définition

Les camps d'exilés sont des lieux de regroupement forcé, formels ou informels, ainsi que des établissements d'enfermement, carcéraux ou non, des exilés de diverses catégories (migrants en transit, demandeurs d'asile, sans papiers,...) pour éviter leur dispersion, stopper leur transit, dissuader leur migration, leur empêcher l'accès à un ou des territoires nationaux ou encore préparer leur expulsion de ces territoires. Ils se distinguent des camps d'étrangers, des camps de réfugiés et des camps de concentration. Ces camps d'exilés, se multiplient à la fin du XX siècle, dans et autour des pays riches occidentaux (Europe, Amérique du Nord, Australie...) en relation avec des politiques de maintien à l'écart des étrangers (restriction des visas, expulsions par charters, retournement de l’asile…) et de lutte contre l'immigration clandestine. Le phénomène est particulièrement marqué en Europe. Et, si les formes de regroupement forcé et d’enfermement sont très hétérogènes, ces espaces se ressemblent par leur caractère déshumanisant pour les exilés et la multiplication des violations de droits fondamentaux.

Typologie

Certains camps sont fermés, quasi-carcéraux, d’autres sont ouverts mais néanmoins contraignants voire incontournables. L’enfermement relève aussi de « zones d’attentes » , de « centres de rétention » , « d’hébergement » (éventuellement forcé) . Les camps d'exilés relèvent parfois d’une prise en charge humanitaire d’urgence - et sont alors des camps de réfugiés - qui, cependant, peut passer des finalités de solidarité à celles de confinement des exilés et correspondre à des dispositifs non pas humanitaire mais répressifs visant à stopper les mobilités internationales. Comme pour l'action humanitaire, au niveau international, l'action sociale d'hébergement des exilés peut varier dans les finalités politiques qui l'orientent et déterminent ses financements en passant du « logement social » à la mise à l'écart des exilés. Certains lieux sont institutionnalisés tandis que d’autres paraissent plus incertains, improvisés à la hâte à l’occasion d’un afflux de migrants. Le provisoire peut-être durable comme on le constate pour bon nombre de camps de réfugiés dans le monde et particulièrement pour les Palestiniens et les Sahraouis , mais il peut être aussi stratégiquement éphémère pour éviter toute focalisation médiatique ou mobilisatrice. Ces sites peuvent être définis juridiquement ou relever de « régimes » d’exception ; refléter une banalisation politique et technocratique de la mise à l’écart des migrants ou bien une extension des « zones grises » de non droit à l’intérieur même des États de droit. Les camps varient aussi au regard des conditions de vie et de respect des droits humains : on va des formes d’hôtellerie imposée voire quasi-carcérale… à des camps déjà indignes de l’humanité. Le phénomène de prolifération des camps d'exilés se traduit aussi par une tendance nette en Europe à la surreprésentation des étrangers dans les prisons pour des motifs liés directement ou indirectement aux conditions de séjour.

Jugement

Une identité sociale incertaine

Les jugements portés sur les exilés et leurs récits d'exil ont une importance particulière dans les mondes sociaux qui accueillent les exilés en raison des incertitudes qui pèsent inéluctablement sur l'identité civile et sociale de chacun d'eux. Il s'agit là d'un phénomène anthropologique lié au caractère social et historique de toute identité individuelle : faute de pouvoir se rattacher par leur histoire individuelle, leur territoire de naissance, leur état civil, leur milieu social, leur trajectoire de formation, leur insertion professionnelle, leurs organisations associatives ou politiques d'appartenance... au monde connu par les membres de la société d'accueil, tout exilé y affecté d'une identité relativement floue dont l'image ne dépend souvent que de son propre discours sur lui-même et ce qui lui est arrivé. De ce fait son récit d'exil peut prendre une grande importance ainsi que les jugements portés sur lui que ce soit par ses proches, les membres d'une diaspora, des employeurs, des militants de solidarité, des administrations, des tribunaux, etc .

Le récit d'exil

Le récit d'exil, tel qu'il s'exprime dans la vie quotidienne mais aussi dans des procédures formalisées destinées à en juger par référence au droit d'asile est souvent un long récit, une vie tout entière et son exil, tout ce qu’il a fallu endurer pour se résoudre à quitter sa patrie. Cette ampleur et cette complexité ne tiennent pas seulement à des besoins psychologiques comme celui de verbaliser une expérience choquante pour en atténuer les séquelles traumatiques ou celui d’être reconnu comme victime innocente de l’action d’une autorité ou d’une force qui, au contraire, tentait de fabriquer une culpabilité justifiant la persécution. Les récits s’allongent surtout parce que l’exil est contraint. Or cette contrainte se construit sur plusieurs années. Même l’explication d’un départ hâtif parcourt plusieurs années de vie : soit parce que la situation de l’exilé s’est détériorée insidieusement jusqu’à un stade, subjectivement vécu, de crainte intolérable ; soit parce que le facteur déclencheur aussi prompt soit-il n’économise pas ultérieurement à l’exilé la peine de remonter loin dans le temps pour s’expliquer à lui-même d’abord, et aux autres ensuite, cet étrange basculement de sa vie ; soit enfin parce que la société chaotique qui pousse à l’exil recèle une complexité difficile à maîtriser dans la narration biographique comme dans l’analyse sociologique. Aussi n’est-il pas rare qu’une demande d’asile retrace dix ou vingt années d’une vie et qu’elle enfle, sur quelques années, sous l’accumulation des faits et des craintes et se complique encore dans la tourmente de l’exil.

Le jugement de l'exil

Le jugement de l'exil, qui est très souvent un jugement porté sur le récit d'exil, en l'absence d'informations fiables et contrôlées ou de possibilité d'instruction approfondie dans le pays d'origine, porte le plus souvent sur des apparences, celles qui transparaissent des propos et déclarations de l'exilé lui-même. Ce jugement sans contrôle fiable ni preuve incontestable fait généralement appel à des capacités intuitives largement partagées et dont la mobilisation n'implique pas de disposer d'informations contrôlées ni de mettre en œuvre des investigations poussées : l’évaluation de la sincérité, des mérites et de la pertinence des choix d’exil .

Sincérité - La véracité d’un récit autobiographique emporte plus facilement la conviction lorsque le narrateur paraît sincère. C’est moins le contenu du récit qui importe alors que l’attitude de l'auteur. Ce mode d’évaluation est d’autant plus tentant qu’il est, d’une certaine manière, naturel : chacun a eu de multiples occasions de juger de la sincérité d’autrui et peut se convaincre d’y parvenir, au moins dans une certaine mesure. L’évaluation de la sincérité est en outre compatible avec l'absence d'information fiable sur le récit : elle porte sur le comportement, la communication non verbale, l'apparence physique, la rapidité à répondre aux questions, la cohérence des propos... La sincérité peut être corrélée, à tort ou à raison, à la cohérence interne du récit : le fait, par exemple, que deux éléments successifs du récit paraissent s’enchaîner logiquement (ex. : un type de persécution religieuse et les caractéristiques religieuses de l’auteur des persécutions) ou chronologiquement. La sincérité peut être indexée également à l’exhaustivité du récit, en considérant souvent, à tort ou à raison, négativement les « blancs » d’une autobiographie comme ceux d’un curriculum vitæ, en les assimilant à des tentatives de dissimulation ou d’inquiétantes omissions..

Mérites - Cette dimension du jugement est tout aussi « naturelle », c’est-à-dire socialement courante, accessible au profane sans compétence particulière et tout aussi économe que le précédent de données contrôlées sur la réalité biographique de l’exilé. Les seules informations fournies par l’exilé suffisent pour évaluer ses mérites sans éprouver le besoin d’une autre d’instruction puisque la partialité du narrateur jouant en sa faveur prédispose à tenir son récit pour un reflet fidèle de ses propres mérites. Si l’exilé étant alors jugé en tant que victime de persécutions, les résultats de l’évaluation dépendront souvent soit du niveau des souffrances endurées, physiques et éventuellement psychologiques, soit du niveau d’engagement militant et de prise de risque dans l’espace public. Cette perception positive des mérites peut cependant se dégrader quand les souffrances et les risques proviennent d’un engagement connoté négativement, typiquement celui d’un auteur de persécutions victime d’un retournement de la conjoncture politique, ou encore celui de terroriste. En effet, l’exilé est évalué, sous l’angle de ses mérites, non seulement comme victime d’un pays d’origine mais aussi comme futur protégé du pays d’accueil et la crainte du chômage comme celle du terrorisme, peuvent peser aussi lourdement qu’implicitement sur cette évaluation des mérites.

Pertinence (des choix) - Tout récit d’exil comporte aussi des « choix », d’abord celui de rester dans son pays, parfois longtemps, de composer avec les risques ou les contraintes, puis celui de partir, d’investir dans la distance ou dans une destination spécifique. Evaluer la pertinence de ces choix peut sembler, à tort ou à raison, facile : des jugements de valeurs et des jugements d’efficacité qui peuvent masquer l’absence de connaissances du terrain, du contexte, de la conjoncture, des contraintes et des risques, des opportunités... Jugement de valeur : lorsque l'évaluateur se demande si le choix de quitter une patrie en danger, un terrain de lutte relève de la vertu ou d’une aspiration à la tranquillité, voire d’une faiblesse ou même d’une désertion... vieux débat qui opposait déjà en France, durant la Seconde Guerre mondiale, les résistants de l’intérieur à ceux de l’extérieur non seulement sous l’angle des mérites mais aussi de l’efficacité. Jugement d’efficacité : lorsque l'évaluateur se demande s’il était vraiment nécessaire de partir si loin pour échapper à une contrainte certes forte mais somme toute localisée : quelques semaines ou quelques mois dans un coin reculé du pays n’auraient-ils pas suffi à faire baisser la tension, à réduire l’actualité de la menace?

Hospitalité

L'accueil des exilés sollicite le sens de l'hospitalité dans la société d'accueil : « action de recevoir chez soi l’étranger qui se présente » . Le sens de l'hospitalité n’est donc ni aisé ni spontané et requiert un effort car il recèle un danger et une menace. L’arrivée des étrangers provoque une rencontre de cultures différentes mais aussi une ouverture sur le monde. Un large pan de la littérature sociologique et philosophique sur l’hospitalité s’est focalisé sur les exilés. Il s’agissait souvent pour les chercheurs engagés, de contrebalancer l'effet des lois visant au contrôle de l’immigration ou les opérations de régularisation d’étrangers en situation irrégulière. L’hospitalité n’est pas l’intégration : la première implique une acceptation de l'étranger tel qu'il est, avec ses différences, son altérité.

Les dispositifs de politiques publiques intervenant dans ce domaine de la vie des exilés sont souvent loin des idéaux d'hospitalité et de finalités d'accueil et d'encadrement qui s'imbriquent de manière inextricable aussi bien dans le cadre national des politiques sociales notamment des établissements d'accueil de travailleurs migrants ou des centres d'accueil de demandeurs d'asile que dans l'espace international des dispositifs humanitaires d'accueil des exilés notamment des camps de réfugiés qui peuvent servir tant à accueillir qu'à mettre à l'écart les exilés.

En 2011, la Cimade, une association de défense des étrangers, reprend cette notion en publiant 40 propositions pour inventer une politique d'hospitalité afin de promouvoir un droit universel à la liberté de circulation et d’installation.

Le rejet

Fermeture des frontières

Depuis l'avènement des Etats-nations, la fermeture des frontières correspond à un phénomène récurrent et variable selon les époques et les pays. Mais à la fin du XX siècle, il correspond aussi à un phénomène plus spécifique dans les pays riches occidentaux qui tendent, à partir des années 1970, peu après les vagues de décolonisations des décennies précédentes, à restreindre les échanges internationaux de personnes entre ce groupe de pays et les autres par des politiques de restrictions des migrations. Ce phénomène affecte cependant à la fois la politique des frontières géographiques mais aussi la culture politique dans ces pays en ce qui concerne la relation aux étrangers.

Frontières externes

Par un paradoxe souvent relevé, depuis un demi-siècle, l’ouverture des frontières aux biens et aux services s’est doublée de leur fermeture à la circulation des personnes. Dans le monde contemporain, et singulièrement dans l’Europe d’aujourd’hui, les frontières n’ont jamais été si perméables s’agissant des capitaux et des produits. L'efficacité de ces frontières et de ces contrôles est néanmoins débattue, celles-ci faisant l'objet de tentatives désespérées de franchissement, quel qu'en soit le coût.

La formation de l'Espace Schengen de libre circulation interne à cet espace pour les citoyens européens s'accompagne de restrictions à celle des citoyens extra-communautaires. Une nasse de peurs et des inquiétudes se resserre autour des "extra communautaires" qui tendent à focaliser les énergies et à rendre possible l’émergence d’une politique européenne de l’extérieure et de l’altérité . Cela entraîne notamment une prolifération des camps d’exilés qui donne à la carte du continent européen et de ses périphéries une figure marquée par l’histoire actuelle de la phobie des exilés et la subordination des voisins dans la fonction répressive de gardien des frontières . Cette focalisation sur ce qu’on peut appeler un gouvernement des frontières a donné lieu à la mise en place de dispositifs allant de législations sans cesse révisées à des espaces de circulation protégés en passant par des lieux d’exception comme les zones d’attente pour personnes en instance, les centres de rétention pour les étrangers et les camps aux marges du territoire européen, mais également par des lieux d’accueil qui se multiplient au point d’amener une reconfiguration majeure des anciens foyers d'immigrés. Les frontières de la nation et du territoire semblent n’avoir jamais été aussi essentielles à la construction des identités et à la distinction des altérités.

Frontières internes

Ne voir, cependant, les frontières qu'aux portes des pays ou des continents, c’est n’avoir qu’une vue partielle des formes de démarcation sociales, spatiales et juridiques qui sont à l’œuvre. D’autres frontières séparent les individus et les groupes à l’intérieur même du territoire national : qu’on les qualifie de raciales, d’ethniques ou de religieuses, elles définissent des lignes qui distinguent et parfois discriminent. Pendant longtemps elles se superposaient aux frontières de la citoyenneté, différenciant les nationaux des étrangers. Aujourd’hui qu’elles concernent les enfants de ces derniers, qui sont désormais nationaux et souvent autochtones, leur visibilité s’impose puisqu’il n’est plus possible d’invoquer la nationalité ou le lieu de naissance pour occulter des inégalités sociales, notamment en matière d’emploi ou de logement. Or ces frontières intérieures ne sont pas sans lien avec les frontières extérieures, comme on le voit dans les amalgames entre terrorisme, islamisme et migration qui s’opèrent notamment dans le champ de la politique européenne.. En maintes occasions, les commentateurs, les journalistes, les responsables politiques mêlent les deux, certains faisant de l’immigration la cause d’émeutes urbaines qui mettent pourtant en scène des nationaux, d’autres à l’inverse distinguent les étrangers en fonction de leur couleur.

Rejet de l'asile

Le caractère cumulatif des politiques de restriction de l'immigration et de l'asile d'une part et du retour des partis nationalismes xénophobes dans les systèmes politiques européens à la fin du XX siècle d'autre part, ainsi que les interactions entre l’univers technocratique d'examen des demandes d'asile et l’espace public politique et médiatique en ce qui concerne les exilés entraîne une élévation tendancielle des taux de rejets des demandes d'asile jusqu'aux niveaux proches des 100 % atteints en Europe dans les années 2000et produit des rhétoriques rejet, qui fournissent aux décideurs, du fonctionnaire de guichet jusqu’au ministre en passant par le juge, les raisons politiques qui leur sont nécessaires pour agir dans le sens du rejet.

L’incrédulité

La Convention de Genève sur les réfugiés ne prévoit pas d’automaticité dans la reconnaissance du statut de réfugié. Elle définit des critères qui subordonnent implicitement cette reconnaissance à une évaluation du récit d’exil. Or les conditions de procédures et de dotations administratives déjà vues, ne permettent pas aux agents de répondre à la question : s’agit-il d’un vrai réfugié ? Aussi répondent-ils à la seule question traitable : est-ce que cet exilé m’a convaincu ? Et l’inclination à croire ou ne pas croire dépend de facteurs sociaux et psychologiques pour beaucoup sans liens avec le récit évalué (convictions politiques de l’examinateur notamment en matière d’immigration, connaissances sur le pays d’origine, compréhension des conditions sociales d’expression de la requête, interprétation personnelle d’une Convention imprécise aux jurisprudences chaotiques, etc.) . Le sentiment individuel d’objectivité et de justice, auquel peut aspirer l’évaluateur dans chaque décision administrative ou politique, devient de ce fait fortement tributaire des idéologies politiques de l’époque. Et il est alors, pour tous, plus difficile de croire les exilés que de s’en défier. La rhétorique de l’incrédulité s’énonce simplement : je n’y crois pas. Elle est difficilement discutable.

L’exclusion

Elle se forme aussi dans la Convention de Genève sur les réfugiés qui prévoit d’exclure tyrans, bourreaux et droits communs fuyant la justice de leurs pays. Elle visait à renforcer la protection des victimes en écartant les auteurs de persécutions (qui conservèrent toujours, il est vrai, le bénéfice du pouvoir discrétionnaire de protection par les États amis). Dans la procédure d’asile ces exclusions sont rares… autant que les aveux spontanés de culpabilité en l’absence desquels il est bien difficile de juger sans investigation, sur de simples soupçons, des faits parfois terribles (génocides, crimes de guerre…). Cependant la rareté n’est qu’apparente puisque rien ne fait obstacle à des exclusions implicites ; un simple soupçon, précisément, de terrorisme par exemple, peut décrédibiliser une demande d’asile et toutes celles de la même origine. Dans la pratique administrative et juridictionnelle, la rhétorique reste officiellement celle de l’incrédulité, économisant l’exposé d’autres motifs de rejet qui demeurent ainsi implicites. Cette pratique sous-jacente à bon nombre de décisions s’accroît sous l’effet des discours et politiques sécuritaires qui affectent partout en Europe les demandes d’asile.

Le déni d’asile

Certaines formes de déni d'asile sont présentes dès l'origine dans les régimes juridiques issus de la Convention de Genève : il en va ainsi de la non reconnaissance des persécutions genrées des femmes comme motif de reconnaissance du caractère de réfugiée. Plus récemment, la notion de demande « manifestement infondée » apparaît dès 1980 dans le langage technocratique pour désigner le moyen procédural de rejeter plus vite encore que d’habitude, sans audition, voire à lecture rapide du récit d’exil. Le HCR conceptualise en 1983 cette pratique de rejet déjà bien établie par les États dès la fin des années 1970. Le refus d’entendre une demande ou de permettre qu’elle s’exprime pleinement s’institutionnalise ensuite aux postes frontières, dans les aéroports, aux guichets administratifs et dans les procédures juridictionnelles. Ils gonflent les taux de rejet dans des proportions variables selon les pays : le Royaume-Uni les estime aujourd’hui officiellement à près de 40 %. La notion s’articule ensuite avec celle de « pays sûr », aux multiples déclinaisons – « pays d’origine sûr », « pays tiers sûr » (par exemple de transit), « pays de premier accueil » sûr … – conceptualisée par le HCR en 1989. La publicité des listes de pays sûrs posant des problèmes diplomatiques (pour ceux qui n’y sont pas !), elles demeurent souvent officieuses mais facilitent aussi bien et sans plus d’égard les rejets des demandes d’asile concernées ainsi considérées a priori comme « manifestement infondées ».

L’externalisation de l'asile

Cette rhétorique peut s'énoncer simplement : d'accord pour accorder l'asile... mais dans d'autres pays, loin du nôtre. Elle s'exprime dans des politiques publiques européennes tendant à pousser les pays limitrophes de l'Union Européenne à développer des procédures d'asile ayant pour effet d'avancer le lieu et le moment des rejets tendanciels de demandes d'asile. Elle s’amorce à la fin de la décennie quatre-vingt-dix avec la notion « d’asile interne » qui signifie qu’une personne pouvant trouver refuge dans une autre partie de sa patrie doit être regardée comme infondée à le chercher dans un autre pays. La même logique inspire le concept de « zones de protection spéciale » élaboré par le HCR afin de concentrer les réfugiés d’une région, toutes origines confondues, dans un lieu de regroupement forcé. Le gouvernement britannique ajoutera à cela l'idée de créer des « camps de transit pour le traitement des demandes d’asile » installés dans les pays limitrophes de l'Union Européen et permettant de rejeter les demandes avant l’entrée sur le territoire et de transférer à d’autres États la gestion des camps et de l’expulsion. Le concept italo-allemand de « portails de l’immigration » vise dans la même logique à organiser le « tri » des exilés avant leur accès au territoire européen.

Xénophobie

Les exilés sont fréquemment concernés par le phénomène de la xénophobie qui comporte une dimension psychologique (« Hostilité vis-à-vis des étrangers, d'origine sociale, et non pathologique. ») et une dimension sociologique « Préjugé défavorable à l'égard des étrangers. Note : La xénophobie est fondée sur des stéréotypes, généralisations sans fondement, nées de rumeurs, d'incompréhensions, de mœurs différentes. ») Des deux points de vue est souligné le caractère social plus que psychologique des croyances ou émotions xénophobes. Il est possible de donner de la xénophobie la définition suivante : « ensemble des discours et des actes tendant à désigner l’étranger comme un problème, un risque ou une menace pour la société d’accueil et à le tenir à l’écart de cette société, que l’étranger soit au loin et susceptible de venir, ou déjà arrivé dans cette société ou encore depuis longtemps installé ». On peut alors distinguer conceptuellement diverses formes de xénophobie selon leurs origines sociales : xénophobie populaire et xénophobie élitaire par différenciation, dans la sociologie élitste, entre une minorité gouvernante et une masse gouvernée ; xénophobie contestataire et xénophobie de gouvernement, si l’on rapporte le phénomène xénophobe à la distinction usuelle entre « partis de gouvernement » et autres partis ou simplement entre gouvernants et gouvernés. Ces distinctions permettent de s’interroger sur les dynamiques sociales et les relations historiques entre les formes élitaires ou gouvernantes de la xénophobie et ses formes populaires ou contestataires.

Des études sociologiques sur la France l’Autriche, l’Espagne, la Grèce, l’Italie et le Royaume-Uni montrent que la genèse des politiques migratoires des années 1970, qui sont essentiellement antimigratoires, expriment publiquement et politiquement dans la conjoncture permissive et justificatrice ouverte par les chocs pétroliers et le début de la crise économique, des représentations de l'étranger et du nombre d'étrangers comme problème, risque ou menace.

中文百科

流浪者但丁

流亡或逃亡,指任何人或团体,因为自然灾害、受到侵略、**或其他负面因素而离开出生或定居的国家、地区。流亡未必指在国外流亡,如唐玄宗幸蜀,也可以称做流亡。

强迫他人流亡的刑罚称为流放。世界各国都有流放的刑罚,地点通常是离岛或极为偏远的地方,使被流放的罪犯等难以返回原定居或活动的地方。如大英帝国时常流放罪犯到澳大利亚、俄罗斯帝国则多将异议分子迁徙至西伯利亚,日本幕府将军则多流放公卿、武士到北海道或佐渡岛。中国,清初多流放罪人至东北盛京、宁古塔、尚阳堡,中叶以后则常常是伊犁或乌鲁木齐。

中国古代的流亡

房陵郡/房州(今湖北十堰):赵国末代国君赵幽缪王、唐高宗太子李忠、唐太宗女高阳公主、房玄龄之子房遗爱、唐中宗李显、唐殇帝李重茂、后周恭帝柴宗训、北汉后主刘继元、宋太祖三弟赵廷美曾被放逐于此。

黔州(今重庆彭水):唐太宗太子李承干、唐朝开国重臣长孙无忌、唐高宗太子燕王李忠、唐高祖之子霍王李元轨、唐太宗第十四子曹王李明曾被放逐于此。

朔方(今陕北、宁夏一带):东汉经学家马融、文豪蔡邕曾被放逐于此。

交趾/交州(今越南北部):公孙瓒**时的上司北平太守刘某、东吴大臣虞翻、张昭的次子张休、顾雍的孙子顾谭、王勃的父亲王福畤曾被放逐于此。东吴权臣孙綝被杀前曾乞求吴帝孙休允许自己免死流亡此地,西晋大臣石崇在被押赴东市处斩前亦曾一度以为自己将会被流放于此。

海南岛:唐代名臣韩瑗、韦执谊、李德裕,宋代名臣卢多逊、丁谓、李纲、赵鼎,北宋文豪苏轼、南宋武将折彦质曾被放逐于此。

沙门岛(今庙岛群岛,属山东烟台):北宋主要的罪犯流放地之一,《水浒传》中的卢俊义和裴宣曾被判决流放此地。

尚阳堡(已被水库淹没,遗址在今辽宁铁岭):有明一代及清代早期主要的罪犯流放地之一,于谦的政治盟友华盖殿大学士陈循、明末清初著名文人左懋泰、《古今图书集成》总编翰林编修陈梦雷、研制连珠铳的翰林侍讲戴梓曾被放逐于此。康熙帝平定三藩之乱后,下令“凡附属吴三桂之滇人,悉配戍于尚阳堡。”

宁古塔(今黑龙江宁安):清代前期主要的流放地之一。曾为渤海国的上京龙泉府,清朝在攻取新疆前设定其为罪犯流放地。郑芝龙全家以及清初文人张缙彦、吴兆骞、方拱干等曾被放逐于此。

被视为正在流亡者

**,前美国中央情报局职员,美国****局外判技术员,于2013年6月在香港将****关于棱镜计划监听专案的秘密文档**给了英国《卫报》和美国《华盛顿邮报》,遭到美国和英国通缉,于2013年6月从香港飞抵莫斯科,获得俄罗斯政府许可居留。

**,1959年中国人民解放军进军拉萨后,在美国中央情报局安排下流亡至印度达兰萨拉。着有自传《流亡中的自在》。

***,**后在中国国内逃亡。1990年11月24日被捕,并以颠覆政府罪、反革命宣传煽动罪被判刑13年。1994年以“保外就医”的名义被直接送美国。

王丹、****:**爆发后流亡到**,并在台定居与接受政治庇护。

王有才,1989年**事件“****”的组织参与者之一。1998年参与组建中国**党,多次被中国政府逮捕入狱。现居住在美国。

方觉

黄长烨,北韩思想家,1997年出走,2010年病逝于首尔。

陈用林,前中国外交官,2005年5月26日出走。

袁红冰,现在流亡至澳洲。

***,原新华社香港分社社长。**事件后流亡到美国。

***·卡德尔,原为新疆维吾尔自治区的富商,后来投入民族主义运动而被中国政府视为主张**的「分离主义者」,流亡至美国寻求政治庇护,曾三度获提名诺贝尔和平奖。

宰因·阿比丁·本·阿里,突尼斯强人领袖,因为茉莉花革命而被迫下台,流亡至沙特阿拉伯「养病」。

曾经流亡的人物

晋文公

拿破仑,法国波拿巴帝国皇帝,1814年莱比锡战败后被流放至厄尔巴岛;于1815年3月逃回巴黎复辟,6月滑铁卢战败后被英国流放到圣赫勒拿岛。

金大中,南韩已故总统。曾在朴正熙时期流亡至日本,后来于全斗焕、卢泰愚政权下台后得以返回南韩,并顺利选上总统。

金日成,1925年,他随父亲逃亡到中华民国,后在二战结束后创建北韩。

卡斯特罗,在古巴总统巴蒂斯塔宣布大赦后,他流亡美国、墨西哥;最后于1959年推翻巴蒂斯塔并创建社会主义政权。

塔克辛,前泰国总理。

彭明敏,****指标人物。于戒严时流亡到美国,并在解严后顺利返台;之后于1996年代表**参选中华民国总统,败给中国国民党的**。

许信良,****人士,曾任桃园县县长。曾于中坜事件爆发后流亡,后来在返台时,县民前往桃园机场接机并与警方爆发冲突。

金正男,北韩领导人金正日长子。因为涉入与同父异母弟弟金正恩的领导人交棒争夺战,曾遭到金正恩派人追杀;而金正男一度于澳门短暂现身,受到中国方面保护。

巴勒维国王,伊朗末代君主,于伊朗伊斯兰革命后流亡美国,病逝当地。

何梅尼,首位伊朗最高领袖,发动伊朗伊斯兰革命,并从法国返回德黑兰。

萨哈罗夫、索忍尼辛,前苏联反共人士,因为不满**制度而流亡海外。

托洛斯基,前苏联布尔什维克领导干部,因为他所提倡的托派理论与史达林理念不合,被迫流亡,最后遭史达林派出的特工刺杀身亡。

阮文绍,南越总统,最后在胡志明领军的越**队攻进南越首都西贡时,经由**流亡到美国,病逝当地。

班尼格诺·艾奎诺,菲律宾**人士,主张反对马可仕的**贪腐政治,最后从**搭机返回马尼拉时,遭马可仕派出的特工刺杀身亡。

***,前远华集团总裁,因涉嫌大规模走私的远华案,加上全国政协主席***疑似被卷入此案,曾流亡至加拿大,后来在2011年中加双方协商将其引渡回中国受审。

冯正虎,中国知名维权人士,2009年曾多次被迫流亡日本不被允许返国,在当年11月4日至隔年(2010年)2月1日间滞留成田机场的入境审查处拒绝入境。经协调后于2月2日入境日本、2月12日从日本搭机顺利返回上海。

世界历史上著名的流放地点

希腊帕特摩斯岛:在爱琴海上,使徒圣约翰曾被放逐于此。

日本佐渡岛:在新潟县西边的日本海上,顺德天皇和日莲曾被放逐于此。

法国圣玛格丽特岛:在戛纳海岸外的地中海上,“铁面人”曾被放逐于此。

法属圭亚那魔鬼岛:在南美洲东北角,“德雷福斯冤案”的主角德雷福斯大尉曾被放逐于此。

圣赫勒拿岛:在南大西洋中,拿破仑一世曾被放逐于此。

南非罗本岛:在开普敦海岸外的泰普尔湾,曼德拉和祖马曾被放逐于此。

美国鹈鹕岛:在旧金山湾中,芝加哥黑帮头目艾尔·卡彭曾被放逐于此。

法法词典

exil nom commun - masculin ( exils )

  • 1. expulsion (d'une personne) du pays d'origine Synonyme: bannissement

    condamner à l'exil

  • 2. situation d'une personne qui a été expulsée de son pays

    connaître un exil de plus de trente ans

  • 3. situation d'une personne qui a dû quitter l'endroit où elle vivait

    des provinciaux en exil dans la capitale

  • 4. lieu de résidence d'une personne qui a été expulsée de son pays ou qui a dû quitter l'endroit où elle vivait

    un pays qui est un exil pour les populations voisines

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