La faïence, du nom de la ville italienne de Faenza où elle fut inventée, est une poterie, par métonymie un objet, de terre (terre cuite à base d'argile) émaillée ou vernissée, ordinairement à fond blanc.
Il en existe deux types : la faïence stannifère, recouverte d'une glaçure stannifère (à base d'étain) opaque appelée engobe, qui masque totalement la pâte avec laquelle elle a été façonnée et lui donne son aspect caractéristique blanc et brillant, et la faïence fine, dont la pâte blanche ou légèrement ivoire, précuite puis décorée, est recouverte d'une glaçure plombifère (à base de plomb) transparente.
La faïence est l'une des plus communes et des plus anciennes techniques utilisées en céramique. La découverte de la faïence, au IX siècle et sa diffusion en Occident à la Renaissance représentèrent une avancée technique majeure : pour la première fois, le potier s'affranchissait des décors cloisonnés ou incisés pour délimiter les couleurs. Surtout, il pouvait utiliser le fond blanc pour exécuter une véritable peinture et reproduire des décors élaborés, susceptibles d'être inspirés par de grands artistes. Sur la glaçure blanche et poreuse, les couleurs pouvaient être posées au pinceau, sans risque de s'épancher sur le vernis. Elles ressortaient vivement, ce qui n'était pas possible avec le seul fond foncé de l'argile.
Plat en faïence fine à décor d'oiseaux, Creil-Montereau, XIX siècle Au milieu du XVIII siècle, la faïence de Ligurie imita les décors de ses rivaux hollandais et français. (Coupe "grand feu", Musée des Beaux-Arts de Lille)
Caractéristiques de la faïence
Encrier avec la représentation du jugement de Pâris. Faenza, fin du XV siècle.
Protection des faïences de Quimper lors de l'enfournement à l'aide de casettes, début XX siècle.
La plupart des terres cuites de faïence utilisent une terre argileuse de teinte ocre, mélange de potasse, de sable, de feldspath et d'argile. C'est l'un des plus anciens mélanges employés en céramique.
Recouvertes de leur émail à base d'étain, blanc ou coloré, les pièces de terre cuite deviennent des faïences. Elles restent cependant, du fait de leur composition, des céramiques poreuses, moins sonores, moins dures, moins denses que les grès ou les porcelaines. La fragilité de l'objet de faïence tient à la double structure de la terre et de l'émail qui la couvre, cuits tous deux séparément.
Bien que la faïence soit plus tendre et plus poreuse que le grès, son moindre coût et sa facilité de fabrication compensent ces insuffisances.
La poterie de faïence peut être techniquement aussi fine que les porcelaines, bien qu'elle ne soit pas translucide et puisse plus facilement être rayée. À partir du début du XVII siècle et le développement des échanges maritimes avec l'Extrême-Orient, la faïence fut largement utilisée pour imiter la porcelaine chinoise, dont la composition demeurait ignorée. Ce fut le cas, entre autres, pour la Faïence de Delft, qui fut aussitôt exportée et imitée partout en Europe.
Types de faïences
Les faïences sont dites :
« faïence stannifère» lorsque la pâte ocre de la terre cuite est recouverte d'un émail blanc à base d'étain appelé engobe. « grand feu » lorsque le décor est posé, après une précuisson « au dégourdi », directement sur l'émail stannifère (blanc opaque) pulvérulent ou engobe, qui l'absorbe sans espoir de repentir. Les couleurs capables de supporter le grand feu sont produites par des oxydes métalliques et limitées à cinq (bleu de cobalt (le plus utilisé), brun-violet à base de manganèse, rouge et vert à partir de cuivre, jaune venant de l'antimoine), auxquelles il convient d'ajouter l'oxyde de fer donnant le noir. Les pièces subissent après le décor leur cuisson définitive. Toutefois la maîtrise de ces couleurs sera progressive, en particulier pour le jaune et le rouge, qui supportent des niveaux de température différents. On utilisera longtemps un orangé en guise de rouge et un ocre jaune pour le jaune, ce qui rendra les décors relativement irréalistes. « petit feu » (fin du XVII siècle) ou faïence de réverbère : le décor est posé sur l'émail stannifère déjà cuit, ce qui fait qu'il est plus net car il ne déborde pas sur l'émail pulvérulent. Les couleurs sont plus faciles à poser et leur gamme est plus délicate (rose, or, vert clair). Elles ne supporteront en effet qu'une seconde cuisson à une température moins élevée, située entre 600 et 700 C°. Bien que davantage utilisé pour la porcelaine, l'or est cuit en dernier car il nécessite une température encore plus basse. Chaque couleur est cuite séparément, ce qui fait que l'on observe sur certaines pièces complexes jusqu'à soixante cuissons successives. Le petit feu est un perfectionnement de la technique du grand feu dans l'objectif d'imiter la porcelaine chinoise, alors aussi coûteuse que demandée. Il constitue un premier pas vers la conquête de « l'or blanc », dont la découverte du secret de fabrication adviendra en 1710 à Meissen.
« grand feu » lorsque le décor est posé, après une précuisson « au dégourdi », directement sur l'émail stannifère (blanc opaque) pulvérulent ou engobe, qui l'absorbe sans espoir de repentir. Les couleurs capables de supporter le grand feu sont produites par des oxydes métalliques et limitées à cinq (bleu de cobalt (le plus utilisé), brun-violet à base de manganèse, rouge et vert à partir de cuivre, jaune venant de l'antimoine), auxquelles il convient d'ajouter l'oxyde de fer donnant le noir. Les pièces subissent après le décor leur cuisson définitive. Toutefois la maîtrise de ces couleurs sera progressive, en particulier pour le jaune et le rouge, qui supportent des niveaux de température différents. On utilisera longtemps un orangé en guise de rouge et un ocre jaune pour le jaune, ce qui rendra les décors relativement irréalistes.
« petit feu » (fin du XVII siècle) ou faïence de réverbère : le décor est posé sur l'émail stannifère déjà cuit, ce qui fait qu'il est plus net car il ne déborde pas sur l'émail pulvérulent. Les couleurs sont plus faciles à poser et leur gamme est plus délicate (rose, or, vert clair). Elles ne supporteront en effet qu'une seconde cuisson à une température moins élevée, située entre 600 et 700 C°. Bien que davantage utilisé pour la porcelaine, l'or est cuit en dernier car il nécessite une température encore plus basse. Chaque couleur est cuite séparément, ce qui fait que l'on observe sur certaines pièces complexes jusqu'à soixante cuissons successives. Le petit feu est un perfectionnement de la technique du grand feu dans l'objectif d'imiter la porcelaine chinoise, alors aussi coûteuse que demandée. Il constitue un premier pas vers la conquête de « l'or blanc », dont la découverte du secret de fabrication adviendra en 1710 à Meissen.
« faïence fine » : Cette technique d'origine anglaise est une faïence à pâte blanche ou légèrement ivoire. Le décor est posé sur la pièce précuite puis recouvert d'un vernis cristallin plombifère. Ce vernis transparent, à l'inverse de la faïence stannifère, ne masque pas la pâte déjà blanche de la faïence fine. Cette faïence fine apparaît en France à la fin du XVIII siècle (Manufacture de Pont-aux-Choux) et connait un très fort développement au XIX siècle (Faïence de Creil-Montereau, Faïence de Choisy-le-Roi, Faïences Vieillard à Bordeaux). Il existe différentes compositions de pâte connues sous les appellations de « cailloutage » ou de « terre de pipe ». L'adjonction de phosphate de chaux d'abord, de kaolin ensuite, explique le nom impropre de « porcelaine opaque » ou « demi-porcelaine » que lui ont donné les fabricants à l'époque des expositions d'Art industriel. Le procédé d'impression demeure l'innovation décorative la plus appropriée à ce type de céramique. Ce procédé, dans lequel le décor encré sur un papier de soie est absorbé par la surface poreuse du biscuit, favorisa l'émergence de la céramique industrielle.
Fabrication
Poncif au lapin pour décor de céramique. XVIII siècle, Musée de la céramique de Rouen. Faïence de Nevers, pose du décor, "petit feu".
Cuisson de dégourdi
Les pièces de poterie obtenues par moulage, estampage ou tournage sont disposées dans un four à une température de 1 050 °C pendant environ huit heures.
Cette première cuisson peut être simplement une préparation du tesson pour recevoir la couverte. On appelle cette cuisson cuisson de dégourdi. Lors de cette cuisson, l'objet acquiert une solidité suffisante pour faciliter les manipulations et gagne en porosité pour faciliter l'émaillage. La deuxième cuisson (cuisson de l'émail et obtention des qualités définitives du tesson) se fera alors à une température supérieure à la première. Ce sera une cuisson de grand feu.
Dans le cas de poteries de faïence destinées à recevoir un décor, la cuisson permet d'obtenir le biscuit. Ce biscuit est un tesson cuit qui a déjà atteint ses qualités définitives. Sa glaçure stannifère et son décor seront alors cuits à une température inférieure ou égale à celle du tesson.
Pose de la couverte
Composée d'oxyde de plomb, de silice et d'oxyde d'étain, la glaçure nappe la pièce à l'état de biscuit à la manière d'un lait de chaux. Elle est immédiatement absorbée. Le décor posé sur cette surface n'admet aucun repentir.
Assiette en faïence fine, décor imprimé, fin XIX siècle. Choisy-le-Roi, manufacture Hippolyte Boulenger
Pose du décor
La décoration des faïences se fait par décor au pinceau ou par impression.
Le décor peint à la main est réalisé sur un motif reporté à l'aide d'un poncif, certains décors peuvent être réalisés directement à main levée. Les pinceaux utilisés, adaptés à la surface pulvérulente et absorbante de l'émail stannifère doivent être à la fois raides et fournis pour contenir une réserve suffisante de couleur.
Le décor imprimé, innovation déterminante apparue au début du XIX siècle est parfaitement approprié à la faïence. Il exploite la porosité de la pâte à l'état de biscuit. À ce stade elle permet l'absorption d'un décor encré sur papier de soie. Une fois le décor " bu " et le papier décollé, l'objet peut être émaillé. Ce procédé est aujourd'hui mécanisé par transfert ou décalcomanie.
Conditions de travail
La fabrication de la faïence expose les opérateurs à un certain nombre de risques :
risques physiques
risques chimiques
troubles musculo-squelettiques
Historique
Les premières poteries stannifères semblent avoir été produites en Irak vers le IX siècle, les plus anciens fragments ayant été mis au jour au cours de la Première Guerre mondiale, dans le palais de Samarra, au nord de Bagdad. La faïence s'est propagée ensuite à l'Égypte, la Perse et l'Espagne avant d'atteindre l'Italie à la Renaissance, les Pays-Bas espagnols puis les Provinces-Unies néerlandaises au XVI siècle et l'Angleterre, la France ainsi que d'autres pays européens peu après.
Le long périple lié à sa diffusion a donné à la faïence des dénominations particulières à chaque pays. La faïence italienne de la Renaissance fut stimulée par l'importation de céramiques hispano-mauresques venant de Valence en Espagne en transitant par l'île de Majorque. Elle en tira le nom générique de majolique.
Faïence italienne plus connue sous l'appellation de Majolique. Ces magistrales compositions picturales seront détrônées au XVII siècle par le goût nouveau pour la faïence de Delft. Daniel dans la fosse aux lions, Francesco Xanto Avelli, 1535, Musée Boymans van Beuningen, Rotterdam.
Les potiers italiens mirent à profit l'émail blanc de la faïence pour peindre de véritables tableaux en miniature qui bénéficièrent de l'extraordinaire vitalité artistique de la Renaissance italienne. On vit apparaître dans les décors, dès le début du XVI siècle, les figures humaines (décors dits « historiés ») inspirés par les gravures reproduisant les peintures célèbres. Ils supplantèrent peu à peu les motifs stylisés de la majolique archaïque de la fin du Moyen Âge bien que l'on observât la poursuite de décors ornementaux, en particulier les grotesques à l'époque maniériste. Ces scènes allégoriques rencontrèrent rapidement le goût du moment et les décors gagnèrent en finesse et en richesse jusqu'à recouvrir totalement le support blanc de la pâte à faïence. Le premier centre et le plus inventif fut situé à Faenza. L'exportation de ses modèles fera apparaître en France le terme « faïence ».
Le XVIII siècle sera marqué par une multiplication du nombre de manufactures de faïence en France. Trois raisons historiques expliquent cet exceptionnel développement:
L'âge d'or de la faïence en France fut indirectement lié à la politique extérieure de Louis XIV. Pour financer ses nombreuses et ruineuses guerres contre des puissances étrangères, le souverain français demanda que soient fondus tous les objets et meubles en or et en argent du royaume. Cette décision affecta directement les services de table de l'aristocratie, qui se tourna alors vers la faïence.
La mode des armoiries, au début du XVIII siècle, incita par ailleurs les nobles à faire réaliser des services en faïence ornés des armoiries familiales.
Enfin, le long essor économique de la France permit à la bourgeoisie de devenir une clientèle nouvelle pour la faïence. Néanmoins certaines manufactures comme celle de Rouen, fondée par Masséot Abaquesne autour de 1526, purent se développer plus tôt grâce à la présence d'une forte demande locale et une position géographique stratégique.
La technique de la faïence, avec son engobe blanc et son décor peint, sera introduite dans le reste de l'Europe par les potiers italiens passés maîtres dans l'art de la majolique. Les Hollandais deviennent de fins connaisseurs des porcelaines chinoises grâce à leur Compagnie des Indes ; ils remettront au goût du jour l'émail blanc délaissé par la majolique italienne.
Chassés par les persécutions religieuses, de nombreux potiers de Delft quitteront la Hollande pour l'Angleterre pour y introduire une faïence qui prendra alors le nom de Delftware.
La faïence européenne
La faïence italienne
La majolique
La faïence de Toscane
La faïence de Faenza
Les faïences de Sienne, Gubbio, Deruta, Castel Durante, Montelupo Fiorentino, Cafaggiolo et Laterza
La faïence d'Urbino
La faïence de Vénétie
La faïence de Ligurie
La faïence en Sicile et au Sud de l'Italie
La faïence au nord de l'Italie
La faïence en France
Le Déluge, embarquement sur l'Arche de Masséot Abaquesne, 1550. Exposé au Musée national de la Renaissance d'Écouen.
Plat de barbier en Faïence Lithocérame de Briare vers 1840
Soupière par Emile Tessier, Faïence de Malicorne, fin XIX siècle.
Depuis l'apparition de la technique faïencière en France au XVII siècle, plus de 1300 faïenceries régionales produisirent des pièces.
Faïence du pays d'Apt
Faïence d'Auch
Faïence de l'Argonne
Faïence de Badonviller
Faïence de Blois
Faïencerie de Boulogne-sur-mer
Faïence de Bordeaux
Faïenceries de Bourg-la-Reine
Faïence lithocérame de Briare
Faïencerie de Castres
Faïence de Charente
Faïence de Clamecy
Faïence de Creil-Montereau
Faïence de Desvres
Faïence de Dieulefit
Faïence de Fives-Lille
Faïence de Gérardmer
Faïence de Gien
Faïence de Langeais
Faïence de La Rochelle
Faience de Longchamp
Faïence de Longwy
Faïencerie de Lunéville-Saint-Clément
Faïence de Malicorne
Faïence de Marseille
Faïence de Martres-Tolosane
Faïence de Meillonnas
Faïence de Mesves sur Loire-Rémusat
Faïence de Montpellier
Faïence de Moustiers
Faïence de Nevers
Faïence de Niderviller
Faïence d'Onnaing
Faïence de Pornic
Faïence de Quimper
Faïence de Roanne
Faïence de Rouen
Faïence de Rubelles
Faïence de Saint-Amand-les-Eaux
Faïence de Salins-les-Bains
Faïence de Samadet
Faïence de Sarreguemines et Digoin
Faïence de Strasbourg
Faïence de Varages
La faïence aux Pays-Bas
la faïence de Delft aussi appelée Bleu de Delft
Les autres centres hollandais comme Rotterdam ou la Frise.
Plat rond à décor dit Faixa Barroca, Portugal, XVIII siècle
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Ensemble de céramiques William Moorcroft, 1913-1930. Au centre se trouve un grand vase du premier type "Florian" produit par Macintyre. Les deux assiettes et le gobelet portent le décor "grenade".
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La faïence hispanique
Espagne : faïence hispano-mauresque
Portugal : Azulejos
La faïence en Angleterre
faïence de Wedgwood
faïence de Stafford
Faïence de Moorcroft
La faïence en Belgique
Au XVI siècle, G. Andriesz arrive de Castel Durante pour faire de la majolique à Anvers. À cette époque Anvers est un centre commercial très important. On y fabrique des carreaux et des pots à pharmacie ainsi que des assiettes à décor grotesque.
La faïence des frères Boch à La Louvière
La faïence de Nimy
La faïence du Borinage
La faïence d'Andenne
La faïence de Namur
La faïence des pays germaniques
Terrine à poisson en faïence, Schramberg, Allemagne, XX siècle
Faïence de Hanau
Faïence de Francfort
Faïence de Durlach
Faïence de Schramberg
Faïence de Künersberg
Faïence de Höchst
Faïence de Stuttgart
La faïence suisse
Faïence de Bonfol
La faïence des pays scandinaves
Dans le reste du monde
La faïence d'Okinawa, Japon
La faïence égyptienne, Égypte antique
Symbolique
Les noces de faïence symbolisent les 9 ans de mariage dans le folklore français.
Bibliographie
Henri Curtil, Marques et signatures de la faïence française, Paris, éditions Charles Massin, 1969, 152 p.
Christine Lahaussois, La céramique, Collection Arts et techniques, éditions Massin, (ISBN 2-7072-0255-X)