Tirets typographiques.
Le tiret est un signe de ponctuation. Il ne doit pas être confondu avec le trait d’union ni avec le signe moins. Il existe trois types de tirets, selon leur longueur : le tiret court, le tiret moyen et le tiret long.
Types de tirets
Tiret long
Le tiret long ou « tiret cadratin » (« — », Unicode U+2014, HTML —, — — digicode A-0151; « --- » en TeX) a plusieurs fonctions.
Il est utilisé en typographie française pour introduire les répliques des dialogues ; il est placé en début de ligne et suivi d’une espace. Il ne doit pas être employé en double des guillemets, car ces derniers ouvrent et ferment le dialogue (toutefois, l’édition a de plus en plus tendance à supprimer les guillemets, utilisant alors le tiret cadratin dès l’ouverture du dialogue). Exemple : — Bonjour, Monsieur. — Bonjour, Madame.
Il est également rencontré après les noms de personnages écrits en petites capitales et suivis d’un point dans les indications théâtrales. Le point est nécessaire, à cause de la présence des didascalies, qui forment une phrase. À l’inverse, il ne l’est pas si le nom est écrit au-dessus de la réplique.
Il sert également à encadrer les propositions incises (et exceptionnellement les éléments incidents) dans la fonction de quasi-parenthèse avec une espace justifiante à l’extérieur et une espace insécable à l’intérieur. Il lui est souvent conféré une valeur littéraire par rapport à la parenthèse. Cependant, du fait que le cadratin inséré rompt le gris typographique ou la régularité de texte, de nombreux éditeurs lui préfèrent le tiret demi-cadratin. Exemple : Cette personne — par ailleurs charmante — a toute mon estime. Le tiret d'incise n'est pas fermé s'il est suivi par une ponctuation finale. Exemple : Cette mesure politique serait alors cinquantenaire — l'heure de la retraite ?
Tiret court
Le tiret « demi-cadratin » (« – », Unicode U+2013
, HTML –
, –
ou –
digicode A-0150;
« --
» en TeX), ou « demi-tiret » est utilisé pour lister les énumérations, ainsi que pour séparer les intervalles (délimités par deux espaces fines insécables), surtout dans la typographie anglaise, et dans la française lorsque les bornes de l’intervalle sont composées : par exemple 3–9 se lirait de 3 à 9.
Exemple : La frontière Mexique – États-Unis sépare les pays suivants : – le Mexique ; – les États-Unis.
Celui-ci est aussi utilisé en typographie française pour introduire les répliques des dialogues ; il est placé en début de ligne et suivi d’une espace. Il ne doit pas être employé en double des guillemets, car ces derniers ouvrent et ferment le dialogue (toutefois, l’édition a de plus en plus tendance à supprimer les guillemets, utilisant alors le tiret cadratin ou demi-cadratin dès l’ouverture du dialogue). De nombreuses maisons d’édition (Albin Michel, Gallimard, Robert Laffont, Le Seuil, etc.) utilisent le tiret demi-cadratin. Exemple : « Bonjour, Monsieur. – Bonjour, Madame. »
Il est également fréquemment utilisé en typographie française en remplacement du tiret cadratin pour encadrer les éléments incidents (et exceptionnellement les propositions incises), avec une espace (demi-cadratin) à l’extérieur et une espace fine (ou quart de cadratin) insécable à l’intérieur de l’incise. Exemple : Cette personne – charmante par ailleurs – a toute mon estime. Le tiret d'incise n'est pas fermé s'il est suivi par une ponctuation finale, un point-virgule ou un deux-points. Exemple : Cette mesure politique serait alors cinquantenaire – l'heure de la retraite ?
Il permet, dans un nom composé de plusieurs mots de séparer un mot simple d’un mot composé et de faire la distinction entre le trait d’union et le tiret moyen de séparation des groupes de mots. Exemple : La région Saguenay–Lac-Saint-Jean se situe au nord du Québec.
Le « tiret numérique » (« ‒ », Unicode U+2012, HTML ‒ ou ‒) est utilisé comme séparateur ayant la même chasse que les chiffres lorsqu’ils ont une chasse unique.
Les glyphes du tiret moyen et du signe moins « − » se ressemblent, mais ne sont pas tout à fait identiques. Le signe moins est légèrement plus court que le tiret moyen : il a la même longueur que le trait horizontal du signe + ; il est également légèrement plus haut. Dans certains logiciels comme Microsoft Word sous Windows, on peut obtenir le signe moins par la combinaison de touches Alt+8722. Illustration : − – + (signe moins, tiret moyen et signe plus).
Trait d'union (n'est pas un tiret)
Le « trait d’union-signe moins » (« - », Unicode U+002D, HTML - ou -) est un caractère ambigu, mais le plus courant car toujours disponible au clavier, utilisé, selon le contexte, comme signe moins, comme séparateur de chiffre, tiret d’intervalle, pour la césure d’un mot en deux (sans espace) en fin de ligne., et comme « trait d’union » dans tous les autres cas, comme les mots composés (sans espace). Exemple : Un mot composé, comme « garde-fou ». Une césure en fin de ligne, comme « J’accepte votre propo- sition. » À la place du « − »: comme « -5 » ou « 8 - 5 = 3 ». Une date « 11-11-1918 ». Un article de loi ou de code « article 9-1 du code civil ». Un intervalle « 1912-1914 » ou « 1912 - 1914 ».
Le « trait d’union » (« ‐ », Unicode U+2010, HTML ‐ ou ∐) peut être utilisé (dans la mise en page) à la place du « trait d’union-signe moins » comme « trait d’union » sans ambiguïté. Exemple : Un mot composé, comme « garde‐fou ».
Le « trait d’union insécable » (« ‑ », Unicode U+2011, HTML ‑ ou ‑) est utilisé comme trait d’union entre deux parties qui ne doivent pas être séparés par un éventuel retour à la ligne. Il est aussi utilisé (normalement encadré d’espaces fines insécables) pour séparer les intervalles (quand les bornes ne sont pas composées). Son rendu par la plupart des navigateurs internet ressemble au tiret semi-cadratin, c’est-à-dire deux fois plus long qu’un trait d’union. C’est donc davantage un « tiret insécable » qu’un « trait d’union insécable ». De même, les espaces insécables fines (HTML ) sont mal gérées par certains navigateurs. Exemple : souhaité = « 1998‑2000 » ; mais obtenu = « 1998‑2000 » ou « 1998 - 2000 »
Le « trait d'union conditionnel » (« - », Unicode U+00AD, HTML , ou ), « trait d’union virtuel », ou signe de « césure conditionnelle », permet à un logiciel de couper un mot en deux si celui-ci se trouve en fin de ligne. Néanmoins, il insère des attributs de forme aux dépens du fond (en plus de ne pas être reconnu par tous les navigateurs et traitements de texte). Exemple : « anticonstitutionnellement », mis dans une zone de texte de largeur variable (en faisant varier la largeur du navigateur web), donne : anticonstitutionnellement
Limites des règles indiquées
Les règles précédentes sur l'usage des tirets en langue française ne font pas l'unanimité et tendent à s'assouplir :
La typographie a toujours évolué avec la langue, et de plus les auteurs ou imprimeurs anciens étaient beaucoup moins pointilleux que nous sur sa mise en œuvre.
Si la distinction tiret / trait d'union ne souffre pas de manquement, les grammairiens ne sont pas unanimes sur l'usage des tirets cadratins et demi-cadratin : pour certains, le tiret cadratin s'impose dans tous les usages, sauf cas particulier comme les « traits d’union faible » entre des éléments dont au moins l’un qui contient déjà un trait d’union (ex. : le match Saint-Étienne - Clermont-Ferrand) ; d'autres répartissent les usages comme indiqué ci-dessus ; d'autres encore procèdent à telle distribution, mais considèrent comme une hérésie l'emploi du demi-cadratin dans les dialogues ; d'autres enfin que seul le demi-cadratin doit être retenu pour les dialogues... Il en va de même pour les incises, pour lesquelles certains prônent le cadratin, tandis que d’autres ne jurent que par le demi-cadratin...
L'usage s'est assoupli dans les faits : « Cela dit, force est de constater que, dans la pratique, depuis quelques décennies, le tiret demi-cadratin tend à se répandre de plus en plus dans les emplois traditionnellement réservés au tiret cadratin, au point où l’on peut difficilement considérer le tiret demi-cadratin comme fautif. »
Dans tous les cas, il faut retenir d'une part une recommandation générale en faveur du tiret cadratin, d'autre part un principe absolu : il ne saurait y avoir à l'intérieur d'un même texte deux usages différents pour la même situation.
Codage informatique
Codage informatique des caractères de tirets nom glyphe code HTML code ASCII codePage 1252 MacRoman ISO 8859-1 Unicode LaTeX trait d’union-signe moins Oo - Oo - 45 (0x2d) 45 (0x2d) 45 (0x2d) 45 (0x2d) U+002D trait d'union conditionnel Oo - Oo ou — impossible — 173 (0xad) — impossible — 173 (0xad) U+00AD \- trait d’union Oo ‐ Oo ‐ — impossible — — impossible — — impossible — — impossible — U+2010 trait d’union insécable Oo ‑ Oo ‑ — impossible — — impossible — — impossible — — impossible — U+2011 \nobreakdash tiret numérique Oo ‒ Oo ‒ — impossible — — impossible — — impossible — — impossible — U+2012 tiret demi-cadratin Oo – Oo – ou – — impossible — 150 (0x96) 208 (0xd0) — impossible — U+2013 -- tiret cadratin Oo — Oo — ou — — impossible — 151 (0x97) 209 (0xd1) — impossible — U+2014 --- barre horizontale Oo ― Oo ― ou ― — impossible — — impossible — — impossible — — impossible — U+2015 puce trait d’union Oo ⁃ Oo ⁃ — impossible — — impossible — — impossible — — impossible — U+2043
Note : Le préfixe 0x (ou #x pour le html) indique une notation hexadécimale ; les codes Unicode sont toujours notés en hexadécimal (avec U+ en préfixe).