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词典释义:
mystique
时间: 2023-09-07 18:30:55
[mistik]

a.1. 【宗教】奥义的;秘教的;举行秘教仪式的 2. 神秘主义的;神秘的, 玄妙的3. 信仰神秘主义的;〈转义〉笃信宗教的4. 信仰狂热的, 有盲目信仰的5. testament mystique 【法律】密封遗嘱— n.1. 神秘主义者2. 笃信宗教者3. 〈转义〉狂热信仰者, 盲目崇拜者 — n.f.1. 神秘主义2. 〈转义〉绝对信仰常见用法

词典释义
a.
1. 【宗教】奥义的;秘教的;举行秘教仪式的
le corps mystique du Christ【宗教】基督的奥体 [指基督教会]

2. 神秘主义的;神秘的, 玄妙的

3. 信仰神秘主义的;〈转义〉笃信宗教的

4. 信仰狂热的, 有盲目信仰的

5. testament mystique 【法律】密封遗嘱

— n.
1. 神秘主义者

2. 笃信宗教者

3. 〈转义〉狂热信仰者, 盲目崇拜者
les mystiques de la révolution革命的推崇者

— n.f.
1. 神秘主义

2. 〈转义〉绝对信仰
la mystique de la paix对和平的笃信

常见用法
une expérience mystique一次神奇的

近义、反义、派生词
近义词:
contemplatif,  illuminé,  inspiré,  enragé,  exalté,  fanatique,  mordu,  passionné,  zélateur,  extatique,  pieux,  religieux,  spirituel
反义词:
athée,  bigot,  cafard,  cagot,  sceptique,  cartésien,  clair,  mondain,  positif,  rationnel,  évident
联想词
ésotérique 秘传的; métaphysique 形而上学; spiritualité ; cosmique 宙的; spirituel 精神的; prophétique 先知的,预言者的; démoniaque 恶棍; religieuse 宗教的; philosophique 哲学的; théologique 神学的; transcendance 卓越,超群,出众,拔萃,拔尖;
短语搭配

extase mystique静修;出神入化

testament mystique密封遗嘱

l'Agneau mystique基督

la Rose mystique圣马利亚

une expérience mystique一次神奇的经历

les mystiques de la révolution革命的推崇者

la mystique de la paix对和平的笃信

le corps mystique du Christ【宗教】基督的奥体

La littérature mystique est volontiers figurative.神秘文学通常是象征性的。

Je suis croyante, moi. N'allez pas me prendre pour une exaltée, une mystique (Green).我信教,的确。请不要把我当作狂热者、神秘主义者。(格林)

原声例句

Encadrant son visage, la figure du Christ dit sa souffrance et la poterie précolombienne à droite figure ses origines péruviennes, auxquelles il est attaché d'une façon mystique.

他的脸被框住,基督的形象表达了他的痛苦,右边的前哥伦布时代的陶器代表了他的秘鲁起源,他对秘鲁有神秘的依恋。

[艺术家的小秘密]

Elle avait cette robe un peu noire, mystique, on ne comprenait pas trop la matière.

她这身略带黑色的神秘衣服,我们还不太了解它的材质。

[Iconic]

Nous sommes dans un appartement de facture effectivement classique avec du parquet, des moulures, les cheminées qui sont dans chaque pièce, mélangés avec le côté bohème et mystique qui m'habite, ce qui est très important.

我们在一个精心打造的、非常经典的公寓里,每个房间都有镶木地板,线脚和壁炉,混杂着我心中的波西米亚风和神秘感,这很重要。

[Une Fille, Un Style]

Le fait que le troupeau revienne lui rendre hommage et manifeste son chagrin prouve qu'il existait une sorte de connexion mystique entre eux

象群回来向他致意并表现出哀悼,这一事实证明了他们之间存在某种神秘的联系。

[动物世界]

Un autre fait intéressant qui paraît aujourd'hui un petit peu décoratif et un petit peu mystique, mais a un intérêt très pratique, ce sont les fameuses gargouilles.

另一个有趣的点,它在如今显得具有装饰意义,显得有点神秘,但是它非常实用,它就是著名的滴水兽了。

[Culture - Français Authentique]

Il n'y a pas d'aspect mystique ou de magie.

没有神奇或者魔术的一面。

[Conseils d'apprentissage - Français Authentique]

Souvarine, les yeux noyés, tâtonnant de ses mains nerveuses, ne semblait pas avoir entendu. Sa face blonde de fille, au nez mince, aux petites dents pointues, s’ensauvageait dans une rêverie mystique, où passaient des visions sanglantes.

苏瓦林茫然地望着前面,两手神经质地不住摸索,好像没有听进这些话似的。他沉入充满流血景象的神秘的梦幻中,他那长着纤细的鼻子和尖尖的牙齿的秀丽的姑娘面孔变得凶残起来。

[萌芽 Germinal]

Cette ardente prédication l’emportait en paroles mystiques, depuis longtemps les pauvres gens ne le comprenaient plus.

他热烈地宣道,越说越奥妙,这些穷人们早就不知道他在说些什么了。

[萌芽 Germinal]

En parlant, Souvarine devenait terrible. Une extase le soulevait sur sa chaise, une flamme mystique sortait de ses yeux pâles, et ses mains délicates étreignaient le bord de la table, à la briser.

苏瓦林说话当中,样子变得极其可怕。他沉醉在这种幻景中,不知不觉从椅子上站起来,那暗淡的眼睛里射出一种神秘的火焰,两只纤细的手紧抓住桌子边,好像要把它捏碎。

[萌芽 Germinal]

Le soir, Mme de Fervaques fut pour lui exactement comme si elle n’eût pas reçu la dissertation philosophique, mystique et religieuse que, le matin, il avait remise à son portier avec tant de mélancolie.

晚上,德·费瓦克夫人看见他,就好像她根本没收到他早晨神情忧郁地交给门房的那篇哲学的、神秘的、宗教的论文。

[红与黑 Le rouge et le noir 第二部]

例句库

Ainsi, la lumière et la couleur sont décrites et interprétées en tant qu'indices révélateurs de l'état des mystiques et de leurs degrés d'avancement spirituel.

因此,光,色的描述和解释作为一项指标表明国家的神秘主义者和他们的精神取得进展。

La psychologie est mystique.

心理学是神秘的。

Là même, le sens mystique de cette violence est manifeste.

因此,神秘的含义,这种暴力行为是清楚的。

La revolte est notre mystique, synonyme de dignite.

反抗是我们的神秘信仰,与尊严同义。

J’aime les fins et les débuts d’années, je trouve qu’il y a quelque chose de mystique la dedans, comme si le temps nous jouait des tours.

我喜欢辞旧迎新的这段时光,感觉有一种神秘不清的色彩,就像是时间在和我们玩一场轮回的游戏。

Et la danse mystique, quel en est le profit ?

神秘的舞蹈,有什么好处呢?

Acquérir des connaissances veut de plus en plus dire s'épanouir, dans un sens individualiste et presque mystique.

知识已成为关于改善自我的个人的几近神秘的概念。

Bien que l'alphabétisme soit entouré d'une certaine mystique, les gens se communiquent chaque jour leurs connaissances autochtones et instinctives, les efforts en matière d'éducation ne devraient donc pas être l'affaire des seuls universitaires.

虽然扫盲仍存在某种神秘性,但人们每天都在交流其本土知识和本能知识,因此,教育工作不能只局限于理论学习。

Se référant en particulier à l'histoire de l'Église, le Pape souligne le "génie de la femme", notamment par l'apparition en son sein de femmes de premier plan telles que des martyres, des saintes et des mystiques insignes, ainsi que les initiatives d'intérêt social conduites par d'innombrables femmes. Relativement au sacerdoce ministériel, le Pape explique

教皇在述及教会历史时提到“妇女天才”,并指出,从教会中间涌现了具有极高才干的妇女,包括殉教者、圣徒和著名的神秘主义者以及许多展开具有特别重要的社会意义的主动行动者。

Nous devons discréditer la mystique des terroristes et dévoiler leur propagande scandaleuse pour dénoncer leur prétention grotesque d'incarner une croisade ou une cause.

我们必须揭穿恐怖分子的神秘性,剥下他们满嘴谎言的宣传的面具,使人们看清他们所声称的斗争或事业的荒谬性。

法语百科

La mystique ou le mysticisme est ce qui a trait aux mystères, aux choses cachées ou secrètes. Le terme relève principalement du domaine religieux, et sert à qualifier ou à désigner des expériences spirituelles de l'ordre du contact ou de la communication avec une réalité transcendante non discernable par le sens commun.

« Mystique » vient de l'adjectif grec μυστικός (mustikos). C'est un mot de la même famille que le verbe μυέω (muéô) qui signifie « initier, enseigner », et que le nom μυστήριον (mustérion) qui a donné « mystère ». Bien qu'il remonte à l'Antiquité, le terme mystique n'est employé comme substantif, c'est-à-dire comme nom pour désigner « la mystique », que depuis le XVII siècle. Avant cela, il n'existe que comme adjectif : est mystique ce qui relève de la connaissance du mystère ou d'un mystère.

La notion de mystique a été développée dans le christianisme en rapport avec une conception biblique et plus particulièrement paulinienne du mystère selon laquelle ce dernier s'identifie avec la révélation de Dieu en Jésus-Christ. Avec le sens que l'adjectif mystique reçoit de cette conception du mystère, c'est le christianisme dans son ensemble qui peut être considéré comme mystique. Le christianisme apparaît dans un contexte marqué par la présence de nombreux cultes à mystères dont la dimension initiatique trouve des échos dans l'initiation chrétienne par les sacrements (mystérion en grec) et dans la catéchèse « mystagogiques » des premiers temps du christianisme. Par ailleurs, la théologie des Pères de l'Église relève largement des options de la philosophie néoplatonicienne dans laquelle la connaissance de Dieu est apophatique. Le traité De la théologie mystique rédigé en grec au VI siècle par le pseudo-Denys l'Aréopagite s'inscrit dans cette tradition. À partir du XII siècle, il a une influence considérable sur les auteurs latins. Au XV siècle, des débats sur ce traité donnent lieu à une « théorie de La théologie mystique » notamment de la part de Jean de Gerson. Au XVII siècle Jean-Joseph Surin envisage la mystique comme une science, fournissant des considérations qui comptent parmi les premières sur ce qui s'appelle depuis « la mystique ».

La mystique a commencé à être objet de défiance et de rejet dans le christianisme dès qu'elle y a été identifiée comme une forme particulière de l'expérience religieuse. La réflexion sur la mystique s'est poursuivie du XVIIauXX siècle en débordant largement son tropisme chrétien. Considérée non plus seulement comme une théologie au sein du christianisme, elle est pensée comme un phénomène universel. Depuis la fin du XIX siècle, dans l'étude comparée des religions, la mystique se définit à partir de courants identifiés comme tels sur la base de comparaisons avec la mystique dans le monde chrétien : il peut dès lors être question de mystique pour le brahmanisme de l'Inde, la cabale dans le judaïsme, le soufisme en islam, le taoïsme en Chine, etc. Les tentatives de décrire et éventuellement d'expliquer ce phénomène sont nombreuses dans la première moitié du XX siècle, où la mystique est objet de différentes théories en anthropologie, en psychologie, en sociologie, en philosophie, etc. Dans la seconde moitié du XX siècle, de nombreuses œuvres d'auteurs chrétiens du XIIauXVI siècle sont traduites, publiées et étudiées : les mystiques rhénans, Saint Jean de la Croix, Sainte Thérèse d'Avila, etc., ce par quoi l'intérêt pour « la mystique » s'est élargi à l'étude de la tradition intellectuelle et religieuse qui l'a précédée.

À partir des années 1920 a commencé à se poser la question de savoir si la mystique pouvait être athée. Jean-Claude Bologne, qui se définit comme athée, affirme avoir eu des expériences mystiques. Pour Michel Hulin, des expériences mystiques peuvent se produire hors de tout cadre religieux défini. Dans La mystique sauvage, il analyse les expériences mystiques non comme un aspect du phénomène religieux mais pour elles-mêmes, sans limiter le sujet en fonction des découpages catégoriels fondés sur l'une ou l'autre conception de la religion, ni à ce qui relève des religions habituellement reconnues ou identifiées comme telles. La mystique relève pour lui d'états modifiés de conscience « à la faveur desquels le sujet éprouve l'impression de s'éveiller à une réalité plus haute, de percer le voile des apparences, de vivre par anticipation quelque chose comme un salut ».

Histoire sémantique et invention de la mystique

L'adjectif et le nom

Le terme « mystique » est employé comme adjectif depuis l'Antiquité pour qualifier ce qui relève d'un mystère. Dans ce contexte, l'adjectif « mystique » correspond au nom « mystère » tandis que le nom commun « mystique » n'existe pas. Il ne peut alors être question, ni de « la mystique », ni « des mystiques ». L'usage du substantif « mystique » n'a commencé qu'à partir du XVII siècle. Ce constat est valable non seulement pour le français, mais aussi pour les autres langues, notamment le latin et le grec.

L'apparition tardive de l'usage du mot « mystique » comme substantif et le fait linguistique qui permet aujourd'hui de dater l'invention ou l'émergence de la mystique. Cette apparition a commencée à être relevé au début du XX siècle dans des études sur l'histoire sémantique du terme, semble-t-il pour la première fois dès 1918 par un érudit écrivant sous le pseudonyme de Sophrone. En 1949, dans Corpus Mysticum Henri de Lubac fournit une histoire très détaillée de l'évolution sémantique du terme mystique dans laquelle il montre que durant tout le Moyen Âge « L'adjectif « mystique » dépend du substantif « mystère ». Cette même année paraît aussi « Mystique, essai sur l'histoire d'un mot » de Louis Bouyer Les données de ces publications ont été reprises par Michel de Certeau dans La fable mystique. À sa suite, la mystique est aujourd'hui considérée comme une chose moderne, en tant qu'elle n'apparaît dans le discours qu'à partir du XVII siècle.

Mystères et choses mystiques

Mystères d'Éleusis, un des cultes à mystères dans la célébration duquel est présente une ciste mystique ou secrète.

L'adjectif « mystique » est un décalque du grec μυστικός, (mustikos). Cet adjectif grec est un mot de la même famille que le verbe μυέω (muéô) qui signifie « initier ou enseigner, et que le nom μυστήριον (mystérion) qui a donné « mystère ». Si le grec μυστικός (mustikos) a donné le français « mystique », le verbe μυέω (muéô) a été traduit en latin par initiare qui a donné en français « initier ».

Dans le contexte antique, le mot « mystère » (μυστήριον, mustérion) désigne des rites cachés à ceux qui n'y sont pas initiés, tandis que ce qui est mystique (μυστικός mustikos), est ce qui participe de cette initiation. C'est en ce sens que l'on appelle « cultes à mystères », les cultes d'initiation de l'Antiquité, tels que les mystères d'Éleusis, le culte de Mithra, de Sérapis, etc. Dans ces cultes la présence d'une corbeille fermée, la ciste mystique, figurait la nécessité du secret.

Dans le Nouveau Testament, notamment dans les lettres de Paul, le terme μυστήριον (mystérion/mystère) est employé pour désigner la révélation de Dieu en Jésus-Christ. Cette révélation est pour Paul, le secret de la Sagesse de Dieu, inaccessible à la sagesse des hommes, « scandale pour les Juifs, folie pour les Grecs ». En rapport à ce que Paul appelle mystère, il a ensuite été question du « sens mystique » de l'Écriture dans l’exégèse biblique chrétienne, notamment chez Origène et Clément d'Alexandrie qui distinguent le sens littéral, le sens moral et le sens mystique de l'Écriture. Le « sens mystique » est, conformément à l'usage courant du terme, ce qui est caché ou secret dans l'écriture, ce qui n’apparaît pas directement à la lecture et qu'il s'agit de découvrir ou de dévoiler. Dans une perspective chrétienne, la recherche du sens mystique de l'Écriture est plus précisément une démarche d’interprétation de l'Ancien Testament qui vise à y rendre manifeste la présence de ce que Paul désignait comme le mystère, c'est-à-dire de montrer que toute la Bible parle de Jésus-Christ, de sa venue, de sa mort et de sa résurrection.

À la fin du IV siècle, Grégoire de Nysse a inauguré l'usage de qualifier de mystique la démarche de découverte et d’approfondissement de la foi chrétienne qui suit la réception des sacrements. Pour le baptême et l'Eucharistie notamment, il s'agit non plus seulement d'être initié préalablement, mais d'assimiler et de devenir dans l'expérience de ce que l'on a reçu. Pour désigner cette catéchèse il est question de « mystagogie », tandis que le terme mystère en vient à désigner les sacrements. Toutefois, dans la tradition latine, c'est le terme sacramentum qui prévaudra, bien qu'il puisse être question du « mystère de l'autel » pour l'eucharistie.

En cohérence avec ce que Paul appelait le « mystère », la tradition chrétienne a progressivement développé une présentation de la vie du Christ déclinée en divers tableaux appelés mystères. Cette tradition perdure avec la médiation de ces mystères dans la récitation du chapelet, chaque mystère se rapportant à un épisode de la vie du Christ dans les évangiles.

À partir du XIII siècle, le terme mystique est employé dans l'expression « corps mystique » (corpus mysticum) qui désigne dans un premier temps l'Eucharistie comme « corps du Christ », puis l'Église. L'idée d'Église « corps mystique du Christ » qui se fait dans l'Eucharistie sera représentée dans l'art avec les thèmes du moulin mystique et du pressoir mystique. L'expression Corpus mysticum décrit de façon paradoxale, un « corps », dont la propriété première est d'être perceptible et mesurable, comme étant un « corps mystique », c'est-à-dire caché, qui n'est ni visible, ni commensurable par les sens ordinaires.

Le latin médiéval ne réserve pas les termes mysterium et mysticum a des usages religieux. Sans opposition à ces usages religieux, le mot latin mysterium peut aussi désigner ce qui est couramment appelé mystère aujourd'hui, c'est-à-dire une chose secrète, difficilement connaissable ou compréhensible, sans que ces mystères ou secrets soient tenus pour être religieux.

Moulin mystique, Basilique Sainte-Marie-Madeleine, Vézelay..

Moulin mystique, église de Retschow, Allemagne, XVI siècle.

Pressoir mystique, Bible de Philippe le Hardi, XV siècle

Pressoir mystique, Chapelle des catéchistes, Saint-Étienne-du-Mont, Paris.

Le traité De la théologie mystique

Durant le Moyen Âge, l'expression « théologie mystique » désignait non pas une discipline théologique particulière mais un traité intitulé De la théologie mystique. Ce traité a été écrit dans les années 500, probablement par un moine de Syrie qui a attribué son œuvre à Denys l'Aréopagite. Dans cette œuvre, l'usage du terme mystique porte l'accent sur l'incompréhensibilité du mystère, de sorte qu'une nuance apparaît dans le sens de l'adjectif « mystique » qui a ainsi commencé à qualifier autre chose que ce qui participe de l'initiation aux mystères. Dans la ligne d'une tradition philosophique platonicienne dont relève largement la théologie des pères de l'Église, l'auteur du traité De la théologie mystique incite ses lecteurs à suivre la voie négative (voie apophatique). Il s'agit, à la suite de Platon, d'envisager Dieu non pas en disant ce qu'il est, ce qui est considéré comme impossible, mais en disant ce qu'il n'est pas. Cette recherche d'une connaissance de Dieu est chemin d'élévation qui va vers le silence parce qu'il tend à l'ineffable ou inexprimable. Il s'agit d’accéder à la vision de Dieu (vision béatifique) qui n'est atteignable que dans « la Ténèbre plus que lumineuse du Silence », et d'atteindre l'union à Dieu.

Le traité De la Théologie mystique du pseudo-Denys l'Aréopagite sera l'un des écrits les plus lus du Moyen Âge. Du vivant de son auteur, l'attribution pseudépigraphique de ce traité au philosophe grec converti au christianisme à la suite de la prédication de Paul aux Athéniens, lui a permis d'échapper à la politique totalitaire dont fut victime la pensée philosophique sous le règne de l'empereur Justinien. Ce traité rédigé en grec fut ensuite traduit en latin par Jean Scot Érigène en 852, par Jean Sarazin en 1165, et encore par Robert Grossetête vers 1240. Au XIII siècle, l'université de Paris identifie l'auteur de ce traité au premier évêque de la ville (Denis), se réclamant ainsi de la pensée des écrits dyonisiens, tandis que plus au Nord, se développe un courant de pensée rétrospectivement appelé mystique rhénane et fortement inspiré de la lecture du traité De la théologie mystique.

Pendant cinq siècles, du XIII siècle et le XVII siècle, ce traité est la référence dominante de la littérature théologique latine. Cette même période concentre une série d'auteurs qui, écrivant avec les mots et la culture de leur temps, ont laissé des œuvres comptées aujourd'hui parmi les principaux monuments de la mystique. Pourtant l'idée de mystique que l'on utilise pour décrire ces auteurs n'a pas cours dans leurs œuvres pas plus qu'eux-mêmes ne se disaient « mystiques ». Maître Eckaert, Guillaume de Ruysbrouck, Bonaventure, Bernard de Clairvaux, Suso, Tauler, Jean de la Croix, Thérèse d'Avila, etc.

Débats sur la théologie mystique

À partir du XV siècle l'adjectif mystique devient d'un usage fréquent dans les débats sur les interprétations du traité de La Théologie mystique du pseudo-Denys l'Aréopagite. Dans ces débats, l'expression « théologie mystique » en vient non plus seulement à désigner un traité, mais aussi une forme particulière de théologie ou d'accès à une connaissance de Dieu. Suivant la position défendue par Jean Gerson, alors chancelier de la Sorbonne, il faut distinguer la connaissance de Dieu donnée dans l'expérience mystique et celle que peut apporter la théologie de cette expérience. L'expérience mystique étant par nature incommunicable ou indicible, celui qui déclare avoir vécu une telle expérience ne peut pas en communiquer directement à d'autre le contenu. Il donne son témoignage, et ce témoignage doit ensuite être interprété dans le cadre d'une démarche de théologie rationnelle. La « théologie mystique » peut dès lors être vue comme le discours qui prend pour objet les « expériences » dans lesquelles il semble que Dieu lieu même agisse et permette une perception sensorielle de sa présence : des extases, des rapts, des illuminations ou des apparitions. Mais, suivant la position très autorisée de Gerson, la « théologie mystique » ne peut pas prétendre être elle-même à la fois « mystique » et de l'ordre d'une théologie rationnelle capable de produire un discours compréhensible et communicable. La théologie mystique est ainsi placée en situation de dépendance vis-à-vis d'un discours non-mystique sur la théologie mystique, ainsi que le souligne le titre du traité de Gerson : Sur la théologie mystique.

La mystique fut suspectée et contestée sitôt qu'il en fut question comme d'une chose particulière. À la suite de Jean de Gerson, pour qui celui qui vit une expérience mystique ne peut pas lui-même faire la théorie d'une expérience par principe ineffable ou incommunicable, les autorités ecclésiastiques ont cherché à faire valoir la nécessité de trouver un point d'équilibre entre fidéisme et rationalisme. Cette tension de plus en plus vive entre foi et raison a des conséquences au sein même de la théologie, dans laquelle il devient possible d'envisager une théologie mystique en rapport et en opposition à une théologie dogmatique. Le XVII siècle sera ainsi le siècle de la mystique au même titre qu'il fut celui de l'apparition de la théologie dogmatique. Du côté de la dogmatique, c'est-à-dire la théologie rationnelle, les propositions de conciliations sont, dans la ligne de Gerson, de proposer à la démarche mystique de se soumettre à l'autorité de la dogmatique. Du côté des mystiques, est défendue l'idée que la mystique n'est pas une tradition parallèle dans celle de l'Église, mais qu'elle est l'âme ou le souffle de toute la tradition théologique de l'Église depuis ses commencements.

Les débats sur la mystique deviennent particulièrement vif au XVI siècle notamment dans le cadre de la querelle entre Bossuet et Fénelon sur le quiétisme. Les mots « mysticisme » et « mystiquerie » apparaissent dès lors pour désigner des abus de la mystique. Dans les œuvres de Pascal, Boileau ou Bossuet, le terme mystique peut s'appliquer à ce qui semble particulièrement élevé en matière de prière, d'oraison ou de spiritualité. Mais il peut aussi avoir une connotation péjorative dans la mesure où cette attitude s’accompagne d'une forme d'exaltation, d’extravagance, qu'elle manque d'intelligence ou confine au délire.

L'invention de la mystique

Selon Michel de Certeau : « Au croisement du XVI et XVII siècles, le théologien mystique devient « un mystique » ou « une mystique », puis à son tour, « la théologie mystique » devient « la mystique ». [...] Le substantif mystique semble faire son apparition dans les milieux ou à propos des groupes qui s'éloignent le plus de l'institution théologique et, comme beaucoup de noms propres, il a d'abord forme de sobriquet ou d'accusation. »

Au XVII siècle, le jésuite Jean-Joseph Surin, qui se considérait lui-même comme un mystique, envisageait la mystique comme une théologie de l'expérience à côté de la théologie « dogmatique » fondée en raison, et d'une théologie qu'il qualifie de « positive », celle fondée sur les écrits bibliques. Dans un contexte où la crise du rapport entre foi et raison a pris des proportions importantes, il propose la mystique comme une science, mais celle-ci tombe immédiatement dans le discrédit et la suspicion face à la théologie dogmatique. Selon Michel de Certeau, la mystique est « une théologie humiliée [qui], après avoir exercé longtemps sa magistrature, attend et reçoit de son autre les certitudes qui lui échappe. » Elle est alors rejetée par les institutions religieuses, tandis qu'elle n'y reste présente que comme le fait de « pauvre filles » ou d'« illettrés éclairés ». Leur expérience peut néanmoins être reconnue pourvu qu'ils soient restés humbles et soumis à l'autorité de l'institution. Ce fut par exemple le cas pour Marguerite-Marie Alacoque ou Laurent de la Résurrection.

La mystique en tant que phénomène

Au XIX siècle l'intérêt pour la mystique va croissant, mais les auteurs mystiques médiévaux sont méconnus et l'on ne s'intéresse plus guère au traité du pseudo-Denys et à ses interprétations. Ce qu'est « la mystique » a alors principalement pour réalité certains aspects de la vie religieuse présente ou d'un passé proche.

Dans les sciences humaines naissantes, les appréciations théologiques ou philosophiques sur la mystique sont délaissées pour une mystique considérée à partir de ce qui semble être les symptômes d'une façon pathologique de penser : extases, transports, lévitation, etc. La mystique est dès lors identifiée à la mentalité du « primitif », de l'enfant ou du fou. C'est à cette mystique, tenue pour être l'un des aspects de la religion, que s’intéresse parmi les pères fondateurs de la sociologie, de l'anthropologie et de la psychologie, ceux qui travaillent à la mise en place d'une « science de la religion ».

C'est principalement en psychologie que sont proposées des façons de définir ou de qualifier le phénomène mystique. William James envisage des « faits mystique » comme des « états de consciences ». À sa suite, en psychologie et en anthropologie la mystique se cherche sur l'horizon d'une humanité tournée vers la transcendance. En sociologie, aucune qualification précise de la mystique n'a pu s'imposer. Lucien Lévy-Bruhl réagissant à la façon dont elle est alors qualifiée comme « fait intellectuel » ou « fait de conscience » dans les approches psychologiques, considère la mystique comme un « fait émotionnel ». L'enjeu est de récuser la part que les approches psychologiques laissent au surnaturel, à la transcendance ou au divin, dans leurs études de la mystique pour la considérer comme un phénomène immanent. Ce que Lévy-Bruhl appelle mystique est appelé totémisme par d'autres sociologues, notamment par Émile Durkheim, qui lui n'emploie pas le terme mystique. Par ailleurs, Max Weber et Ernst Troeltsch à sa suite, considèrent la mystique comme une des formes que peut prendre la religion. Ainsi en sociologie, la mystique peut se définir de façons diverses et elle n'occupe pas nécessairement une place importante dans les travaux sur la religion.

L'engouement pour la mystique des années 1910-1940

À L'Avenir d'une illusion de Sigmund Freud (1926), Romain Rolland opposa une « sensation religieuse qui est toute différente des religions proprement dites » : « sensation de l'éternel », « sentiment océanique » qui peut être décrit comme un « contact » et comme un « fait » . En 1929, Romain Rolland fit parvenir à Freud les trois volumes de son Essai sur la mystique et l'action de l'Inde vivante. Freud lui répondit notamment : « Combien me sont étrangers les mondes dans lesquels vous évoluez ! La mystique m'est aussi fermée que la musique » (20 juillet 1929). Selon Michel de Certeau un tel débat s'inscrit dans une multitude d'études consacrées à peu près au même moment à la mystique. Des travaux psychologiques, philosophiques ou ethnologiques comme Les Formes élémentaires de la vie religieuse ou L’expérience mystique et les symboles chez les primitifs de Lucien Lévy-Bruhl, 1938). Il y a les études phénoménologiques (Rudolf Otto, Mircea Eliade), l'histoire littéraire avec Henri Bremond, la philosophie (William James, Maurice Blondel, Jean Baruzi, Henri Bergson). La fermeture de Freud à la musique était connue et Freud l'avait d'ailleurs fait savoir dans Malaise dans la civilisation, ce qui permet peut-être de penser que Bergson pensait à Freud quand il écrivit dans Les Deux Sources de la morale et de la religion, « Certains sans doute sont totalement fermés à l'expérience mystique. (…) Mais on rencontre également des gens pour lesquels la musique est un bruit. (…) Personne ne tirera de là un argument contre la musique.»

À cela s'ajoute la diffusion en Occident de l'hindouisme et du bouddhisme avec Romain Rolland, René Guénon, Aldous Huxley. De tout cela, pense Michel de Certeau, se dégagent quelques tendances : on rattache la mystique soit à la pensée primitive, soit à une intuition distincte de l'entendement, soit à un Orient qui aurait gardé le sens profond des choses, oublié en Occident, soit à la genèse de tout individu humain. Alors que Romain Rolland voit dans la mystique (comme Bergson ou Baruzi), une expérience significative à laquelle les grands mystiques donnent un sens que nous devons explorer, Freud y voit une simple production psychique, révélatrice des conflits à travers lesquels se constitue l'identité de chacun. Mais tant Freud que Romain Rolland y voient une opposition entre l'individu et le groupe, quelque chose du désir humain que la société réprime sans pouvoir l'éliminer, un « malaise dans la civilisation » comme le dit Freud. Ces deux positions selon Michel de Certeau commandent la manière d'appréhender la mystique dans le monde contemporain.

D'ailleurs si Freud développe « une interprétation psychanalytique » qui définit le fait de la mystique « comme un effet second dû à des mécanismes de dérivation, une utilisation symbolique de complexes ou à un investissement libidinal du sujet dans des représentations : elle saisit le phénomène dans les termes qu’elle a elle-même construits. » , il existe un autre Freud. M. de Certeau pense que « sous le nom de « mystique », s’insinue aussi dans les textes de Freud et jusque dans la note ultime de ses Œuvres complètes, une question débordant cette explication et concernant le rapport que l’existence du sujet entretient avec la limite et la mort ». Il cite à ce sujet une lettre de Freud à Georg Adamek où, démentant ce qui est dit parfois de son insensibilité à la mystique Freud affirme : « Tout individu intelligent a bien une limite où il se met à devenir mystique, là où commence son être le plus personnel. » (G.Groddek, Ça et moi, Paris, Gallimard, 1977, p. 65).

Se fondant sur une conception psychologique de la mystique, Henri Bremond la décrit comme « sentiment religieux » dans la littérature française des XVIIetXVIII siècles. Dans le même temps, le philosophe Henri Bergson « introduit la mystique en philosophie » avec son livre Les deux sources de la morale et de la religion. La préoccupation de Bergson pour la mystique a pour horizon la morale ou l'action (ce que l'on peut ou doit faire). Pour Bergson la mystique est de l'ordre d'un élan, elle s'achève dans un « mysticisme complet » qui est l'union de la volonté humaine et de la volonté divine pour l'action.

Si les définitions et les appréciations du phénomène sont aussi diverses que le sont ces approches et les choses qui y sont étudiées, elles ont néanmoins une forme d'unité dans le fait qu'elles participent d'un vaste débat sur la mystique qui a impliqué nombre d'intellectuels reconnus de la première moitié du XX siècle. Selon Michel de Certeaun cet engouement pour la mystique a duré trente années, de 1910 à 1940, et la façon dont on a alors posé le problème « s'impose à nous encore aujourd'hui. » Dans L'Université devant la mystique, Salvator, Paris, 1999, Émile Poulat tente de relever la présence de la mystique soit comme expérience, soit comme objet d'étude jusqu'à la fin du siècle passé en France et hors de France.

Recompositions du sujet dans la seconde moitié du XX siècle

Si nombre d'auteurs se sont investis, jusque dans les années 1940, dans les débats sur la mystique, dans la seconde moitié du XX siècle, la mystique intéresse moins. Les débats sur sa nature, son essence ou sa définition s'éteignent, mais les choses diversement considérées comme relevant de « la mystique » ou comme « des mystiques » restent l'objet d'études. La mystique comparée apparue au XIX siècle est développée par des auteurs indianistes ou islamologues : en particulier Louis Gardet, Olivier Lacombe et Jacques de Marquette. (Voir aussi Jacques Maritain). Étant donné l'extrême diversité de ce qui peut désormais étudié comme de la mystique, le sujet n'a plus de centre. Il est désormais admis qu'il n'y a pas « la mystique », mais une diversité de choses ayant plus ou moins de rapports entre elles et que l'on nomme ainsi.

Selon Aimé Soligniac : « l'histoire générale de la mystique a pris le pas sur une théorie générale de la mystique. » L'étude générale de la mystique peut ainsi prendre la forme d'une histoire intellectuelle où l'on tentent de saisir la façon dont le thème s'est formé dans l'histoire, comme l'a fait Michel de Certeau avec la fable mystique en s'appuyant sur l'étude historique de Henri de Lubac, Corpus mysticum. À la suite de cela, après la Seconde Guerre mondiale, de nombreuses œuvres d'auteurs chrétiens médiévaux ont été traduites et publiées. Ces études ont mis en évidence comme étant « des mystiques », des courants intellectuels que sont la mystiques des moines du XII siècle, la mystique rhénane du XIII siècle, la mystique italienne du XIV siècle, la mystique espagnole du XV siècle, ect. Elles contribuent aussi à une meilleure connaissance de la façon dont s'est constituée le thème de la mystique au cours de l'histoire.

Dans les débats des années 1910-1940 s'était posée la question de savoir si la mystique impliquait nécessairement une idée de Dieu et s'il pouvait y avoir une « mystique athée ». Il peut depuis être question de mystique pour décrire l'expérience de ceux qui, hors de tout cadre religieux défini, « ont connu des extases en tous points semblables à celles décrites par les mystiques religieux.» Jean-Claude Bologne évoque cela à partir de sa propre expérience dans son livre Le mysticisme athée.

Comme elle l'était chez Bergson, la mystique est restée un thème philosophique important. Il peut aujourd'hui être question de mystique en philosophie pour traiter de problèmes épistémologiques sur les limites de la connaissance et du langage, notamment avec Ludwig Wittgenstein ou Vladimir Jankelevitch.

Frédéric Worms observe qu'au cours du XX siècle, il y a eu dans le monde chrétien, un glissement des préoccupations pour la mystique au mystère, soit ce que Gabriel Marcel désigne par ce mot (pour le distinguer du problème), et qui vaut pour tout ce appartient au domaine de la subjectivité ou de l'intersubjectivité ou même le réel en général. Il estime que Vladimir Jankelevitch, notamment, « fait porter le mysticisme bergsonien non plus sur le saint et le héros des Deux Sources, non plus sur la mystique chrétienne métaphysique ou religieuse, mais sur le mystère quotidien de l’existence de nous-mêmes et du monde ». Jankélévitch cite certains tableaux de Johannes Vermeer ou Pieter de Hooch où les choses ne sont pas mystérieuses parce qu'elles seraient le signe d'autre chose mais par ce qu'elles sont.

Enfin, l'étude de « la mystique » est en un sens large et populaire celle des mystiques du monde et de l'histoire. Héritant de la mystique comparée du XIX siècle et répondant à l'intérêt suscité en Occident par les mystiques de l'Antiquité, de l'Inde, du Japon, de l'islam ou du judaïsme, des publications abordent « la mystique » en présentant « des mystiques » de différents temps et lieux, par exemple : Histoire de la mystique de Hilda Graef, ou bien l’Encyclopédie des mystiques de Marie-Madeleine Davy.

Mystique chrétienne

Sainte Thérèse par Gregorio Fernández (1625)

Le mystique chrétien privilégie « l’expérience personnelle de Dieu » plutôt que la réflexion, il lui faut ressentir plutôt que penser (voir saint Augustin). Saint Jean de la Croix parlait d’un « mariage mystique » (dans les Cantiques spirituels) et n'avait de cesse de comparer l'amour divin à l'amour charnel (cf. son recueil Nuits Obscures) L'Église catholique reconnaît des expériences mystiques surnaturelles : locutions intérieures, extases, visions, prophétie, révélations diverses… Mais ces manifestations sont considérées comme extraordinaires, don de Dieu à qui Il le souhaite mais non pas la forme ordinaire de la relation à Dieu.

L'Église est également très prudente au sujet des expériences mystiques extraordinaires. Le Pape Benoît XVI écrit par exemple : « Comme c'est toujours le cas dans la vie des véritables mystiques, Hildegarde voulut se soumettre aussi à l'autorité de personnes sages pour discerner l'origine de ses visions, craignant qu'elles soient le fruit d'illusions et qu'elles ne viennent pas de Dieu » et encore « le sceau d'une expérience authentique de l'Esprit Saint, source de tout charisme » est que « la personne dépositaire de dons surnaturels ne s'en vante jamais, ne les affiche pas, et surtout, fait preuve d'une obéissance totale à l'autorité ecclésiale ». Hélène Wallraff, pour un cas, fut en butte toute sa vie pour assumer son supposé don et transmettre ses révélations.

Anthony Feneuil fait remarquer que la connaissance discursive « consiste à comparer et à classer, à faire entrer une chose singulière dans un certain ordre général en lui conférant un nom commun » mais le nom propre met cette connaissance en échec. L'une des théologies qui a dominé le monde catholique depuis le Moyen Âge - le thomisme - est donc ici prise en quelque sorte en défaut puisqu'elle vise à parler de Dieu comme de ce qu'il est en le corrigeant par l'analogie (ce que nous pouvons attribuer à Dieu peut de fait l'être à condition d'ajouter aussitôt que c'est sans commune mesure avec ce que cette qualité est pour nous). Mais, ajoute Feneuil, commentant ici Bergson, « si Dieu se donne dans la relation personnelle avec lui », alors il ne peut plus être connu dans son quid (ce qu'il est) mais dans son quis (qui il est), et « la nature de Dieu ne se donne jamais qu'à travers sa personne », soit dans l'expérience mystique .

Kabbale

L'une des principales sources du mysticisme dans les traditions non orientales est constituée par la Kabbale du judaïsme. L'origine de la Kabbale (selon la tradition juive) remonte à la loi orale donnée par Dieu à Moïse au mont Sinaï. Cette forme de mysticisme cherche à rapprocher l'homme de Dieu, en cherchant à donner un sens à la Création. Le sens mystique, ou sens secret, ou sens caché, est un sens qui est atteint au plus haut degré de lecture des textes, en suivant les règles kabbalistiques. La Kabbale comporte une partie dite « ésotérique » (réservée aux initiés), et une partie « exotérique » (qui peut être publiée).

La Kabbale a engendré plusieurs traditions mystiques chrétiennes, notamment entre le XV siècle et le XVII siècle. On peut citer par exemple la Kabbale chrétienne. Il y eut des interprétations plus ou moins erronées de l'ésotérisme kabbalistique, de sorte que le terme ésotérisme a pris quelquefois un sens péjoratif, comme magique, divinatoire, et a pu être perçu négativement, comme une superstition.

Mystique orientale

L’hindouisme présente une mystique de la fusion, de la dissolution de l’individualité dans le brahman, substrat de l'univers. Cette mystique, contrairement à celle d'autres religions, est moins réservée à des initiés et fait plutôt partie de la croyance populaire.

La mystique du bouddhisme est en rapport avec la notion d'éveil spirituel ou Bodhi. Dans le theravada, la réalisation du non-soi est la voie du mystique permettant l'extinction du Saṃsāra. Dans le mahayana l'extinction n'est pas absolue (elle est dite "sans demeure"), puisque l'éveillé peut, par compassion, guider les êtres humains qui n'ont pas encore connu l'éveil.

La mystique taoiste repose sur la complémentarité entre les symbolique élémentaires du Yin et du Yang. Elle vise l'équilibre en utilisant le principe du laissez-faire.

On fait remonter des prémices à 1500 ans avant notre ère, mais les écrits de références datent de quatre siècles avant notre ère.

Cette mystique trouve son origine dans des écrits datant pour les plus anciens du troisième siècle avant notre ère, mais on suppose qu'ils sont faits sur des bases historiques qui se seraient déroulées 2000 ans plus tôt (dans le Mahābhārata).

Soufisme

La mystique de l'islam est appelée soufisme. Le soufisme authentique est la purification de soi de toute chose autre que l'obéissance à Allah ; La réalisation de l'Ihsân (excellence) ; zuhd (ascétisme) combiné avec ma`rifa (la connaissance d'Allah). « Abandonner le monde et ses habitants (matérialisme) » (déf. d'Ibn Sam`un). « Tasawwuf n'est ni connaissance, ni les actes, mais un attribut avec lequel l'essence du soufi se pare, possédant les connaissances et les actes, et consistant à l'équilibre dans lequel ces deux sont pesés » (déf. d'Ibn Khafif)

Déclinaisons récentes

Avec l'engouement pour la spiritualité orientale, le mysticisme a connu depuis les années 1960 une popularité nouvelle en Occident qui est autant l'expression d'une contestation sociale qu'une recherche d'un sens à l'existence.

Henri Bergson, William James parmi les philosophes, Romain Rolland, René Daumal, Aldous Huxley parmi les écrivains ont défini la communion mystique comme la fondation de toute religion. Les croyances et les rites étant alors perçus comme des ajouts superflus. Ces personnalités ont contribué à une approche moderne de la mystique.

Carl Gustav Jung dans l'approche psychanalytique et Mircea Eliade dans l'histoire des religions ont contribué à une rigueur intellectuelle dans l'étude du mysticisme.

D'autre part, une approche anthropologique initiée par Claude Levi-Strauss en a établi des structures élémentaires, et associé à certaines notions sociologiques comme la participation mystique; cela a permis de faire le lien avec les mécanismes élémentaires du fonctionnement social humain.

La transposition au chamanisme et autres formes « premières »

Cette large notion regroupe l'ensemble des pratiques à travers le monde qui visent à exprimer ou à faire ressurgir la vérité cachée, en utilisant divers moyens qui sont toujours liés à une forme de transe.

L'origine de ces pratiques remonte à la préhistoire, et on en retrouve de nombreuses formes actuelles à travers différentes désignations : le chamanisme du chamane désigné comme tel en Amérique du Sud, en Sibérie, ou encore au *****, mais aussi les pratiques du sorcier que l'on retrouve au cœur des mystiques africaines et en Amérique du Nord.

Souvent ces transes ont été intégrées aux pratiques mystiques religieuses, et on les retrouve intégrées à diverses formes de bouddhisme tibétain.

Le Yi jing, qualifié d'art divinatoire, est un exemple de stade intermédiaire entre le chamanisme (qui en est à l'origine), et diverses formes mystiques qui en découlent, dont le taoïsme.

En Europe on connaît l'intensité des pratiques divinatoires et de transe dans la Grèce et la Rome antique (par exemple celle de la Pythie), mais on la retrouve également dans chacune des cultures des peuples barbares (ce qui signifie étranger à ces derniers). Par exemple dans la culture celte.

Bibliographie

Œuvres et auteurs

Evagre le Pontique, Les Sentences sur la prière, traduction, introduction et notes de Sr Pascale-Dominique Nau (Rome, Lulu.com, 2012)

Denys l'Aréopagite (V ou VI siècle). La théologie mystique, Traduction de l'Abbé d'Arbois, 1845.

Bernard de Clairvaux (1091-1153), Sermons sur le Cantique des cantiques

Beatrijs van Nazareth (1200-1268)

Bonaventure (1221-1274), (Itinéraire de l'âme à Dieu), Traduction de l'abbé Berthaumier, 1845

Maître Eckhart (1260-1327),

Hadewijch (XIII siècle),

Suster Bertken (1427-1514),

Jean de Ruisbroek (1293-1381) L'ornement des noces spirituelles,

Henri Suso (1295-1366),

Jean Tauler (1300-1361),

Anonyme anglais du XIV siècle, Le nuage de l'inconnaissance, trad. Bernard Durel, Paris, Albin Michel, coll. spiritualités vivantes 236, 2009. (ISBN 978-2-226-18314-9),

Jean Gerson (1363-1429), Sur la théologie mystique, trad. Marc Vial, Paris, Vrin, coll. Translatio, 2008. (ISBN 978-2711618804),

Margery Kempe (1373-1436),

Thérèse d'Ávila (1515-1582), Le château de l'âme, ou Le livre des demeures, Paris, Seuil, coll. Point sagesse, 1997, (ISBN 978-2020311946) ; aussi publié sous le titre Le château intérieur, Paris, Cerf, coll. Sagesses chrétiennes, 2003, (ISBN 2-204-07183-8),

Jean de la Croix (1542-1591), Montée du Carmel, Paris, Cerf, coll. Sagesses chrétiennes, 2010 (ISBN 978-2-204-09184-8) ; La nuit obscure, Paris, Cerf, coll. Sagesses chrétiennes, 1999 (ISBN 2-204-06073-9), La vive flamme d'Amour,

Éric-Emmanuel Schmitt, La nuit de feu, Paris, Albin Michel, 2015,

Études modernes

Henri Bergson a écrit un classique de la réflexion sur la mystique, Les Deux Sources de la morale et de la religion

Michel de Certeau S.J., La Fable mystique : XVI et XVII siècle (tome I), Bibliothèque des Histoires, Gallimard, 1982; rééd. 1995

Michel de Certeau S.J., La Fable mystique : XVI et XVII siècle (tome II), éd. Luce Giard, Bibliothèque des Histoires, Gallimard, 2013

Georges Duby (1919-1996) L'art et la société. Moyen ÂgeXX siècle av. J.-C., Paris, Gallimard, coll. Quarto, 2002,

Alain de Libera, La Mystique rhénane, D'Albert le Grand à Maître Eckhart, Paris, Seuil, coll. Points, 1994. (ISBN 2-02-021112-2) ; Eckhart, Suso, Tauler, ou la Divinisation de l'homme, Paris, Bayard, 1996. (ISBN 2-227-32508-9) ; Maître Eckhart et la Mystique rhénane, Paris, éditions du Cerf, 1999. (ISBN 2-204-05981-1)

Marc Vial, Jean Gerson, théoricien de la théologie mystique, Vrin, « Études de philosophie médiévale »

Ysabel de Andia, Denys l’Aréopagite, tradition et métamorphoses, Colloque de 2006, éd. Vrin. (ISBN 2-7116-1903-6)

Christian Trottmann (dir.), Vers la contemplation, Études sur la syndérèse et les modalités de la contemplation de l'Antiquité à la Renaissance, Honoré Champion, 2007 ; Du visible à l'intelligible, lumière et ténèbres de l’Antiquité à la Renaissance (collectif), Paris, Honoré Champion, Coll. Le Savoir de Mantice, 2005. (ISBN 2-7453-1163-8)

Arnaud Desjardins (1925-2011) Réalisateur et écrivain: un regard sur les traditions spirituelles (hindouisme, bouddhisme, soufisme) et la sagesse orientale.

M.J. Ribet, chanoine, qui fut l'auteur d'un ouvrage monumental (plus de 1500 pages) en trois volumes intitulé : La mystique divine. Publié à plusieurs reprises à la fin du XIX siècle, ce travail de recherche fut complimenté par le pape Léon XIII dont la lettre de remerciement apparaît en préambule de certaines éditions.

Lucien Lévy-Bruhl (1857-1939) lie dans la notion de participation mystique le principe la mystique et l'expression indifférencié du groupe (notion reprise par Jung pour exprimer l'inconscient collectif)

Roger Bastide (1898-1974) « Si le mysticisme est à la base, il est aussi au sommet de toute religion ».

Joseph Malègue (1876-1940), dans Pénombres, étudie le lien entre mystique et Incarnation (Ce que le Christ ajoute à Dieu).

Émile Poulat, Critique et mystique. Autour de Loisy ou la conscience catholique et l'esprit moderne, Le Centurion, Paris, 1984. L'Université devant la mystique, Salbatir, Paris, 1999, avec, p. 211-280, un dernier chapitre intitulé « Regards contemporains sur le mysticisme ».

Zouloula100, Le Mystère caché du monde mystique. "Le présent livre [...] est un guide complet pour comprendre les mystères cachés de l'au-delà". Éditions banabaloba, dépôt légal : octobre 2014. ISBN 978-2-9550323-0-5

Nikoletseas, Michael M. (2014). Parmenides in Apophatic Philosophy. ISBN 978-1497532403

中文百科

神秘主义(英文:Occultism),也有较模糊的称为密契主义(mysticism),包涵人类与神明或某种超自然力量结合为一的各种形式、经验、体验,并且强调这是一切宗教共有的现象。神秘主义者的基本信条是世界上存在超自然的力量或隐藏的自然力量,这种力量可以通过特殊教育或者宗教仪式获得。神秘主义的两大特征:

形而上力量或日常生活不可遇的神奇事件,是存在的。

这种力量或事件可透过某种人为方式让人亲身体验。

宗教神秘主义

神秘主义可划分为两大类型,一是「有神论的神秘主义」,指人与上帝的合一,如犹太教、基督教、伊斯兰教等,另一类是「一元论的神秘主义」,指「与一普遍之理契合」,如中国道家。神秘主义的不同形式可见于所有主要宗教,亦可见于世俗经验。 世界各宗教神秘主义 主宗教 派别 基本概念 数据源 佛教 东密、藏密、禅宗、禅 达至涅盘、悟道:与究竟实相链接 基督教 公教灵修、贵格会、马丁主义、诺斯底主义、玫瑰十字会、基督教神秘主义 看见异象、神的爱、与神为一(成神论) 共济会 - 开悟(Enlightenment) 印度教 吠檀多、瑜伽、宗教虔诚、克什米尔希瓦宗 脱离业力、无分别境界(Kaivalya)、体验终极实相(禅定)、先验知识(霎哈嘉及自性) 伊斯兰教 苏菲派、伊尔凡(知道,意识到) 先验知识、与神为一(Fana (Sufism)) 耆那教 解脱 脱离业力 犹太教 卡巴拉、哈西迪 脱离自我(Ein Sof) 玫瑰十字会 - - 锡克教 - 脱离业力 道教 天师道、上清派、灵宝派 道 儒教 经学、宋明理学 天人合一

法法词典

mystique adjectif ( même forme au masculin et au féminin, pluriel mystiques )

  • 1. religion qui recherche une union intuitive directe avec la divinité

    un chrétien mystique

  • 2. philosophie qui se fonde sur la croyance en une réalité essentielle pour la compréhension de l'univers qui dépasse l'entendement humain

    un penseur mystique

mystique nom commun - masculin ou féminin ( mystiques )

  • 1. religion personne qui recherche une union intuitive directe avec la divinité

    un mystique chrétien

mystique nom commun - féminin ( mystiques )

  • 1. religion ensemble de pratiques liées à la recherche d'une spiritualité

    la mystique bouddhiste

  • 2. religion réflexion théologique sur la recherche d'une union intuitive directe avec la divinité

    un ouvrage de mystique

  • 3. foi intime et inconditionnelle

    avoir la mystique du chef

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