La Jeune Bergère, par William Bouguereau (1885)
Trois jeunes filles, par Doris Ulmann
Une fille est un mot polysémique qui peut, entre autres sens, désigner une jeune fille prépubère ou un lien de parenté se référant à son père ou à sa mère.
Le mot est employé avec des connotations diverses dans plusieurs expressions : petite fille (ou fillette), désignant un enfant de sexe féminin, généralement non-employé. Cette expression peut également être utilisée comme qualificatif péjoratif à l'égard d'une personne plus grande, y compris de sexe masculin. « Jeune fille » désigne une fille pubère. « Vieille fille » désigne une grande fille et célibataire. Ce terme est assez péjoratif, et est employé pour reprocher à la personne de ne pas être mariée. « Fille mère » désigne une personne mère d'un enfant sans être mariée. « Fille de joie » est un euphémisme pour désigner une prostituée. Les Filles du Calvaire sont un ordre de religieuses.
Biologie
Portrait d'une fille de huit ans
Fille japonaise
Différences comportementales
Les filles sont dans l'imaginaire collectif moins violentes que les garçons, plus attirées par les histoires d'amour, et préfèrent des jouets différents, mais font parfois exception. Appuyées par les offres distinctes de jouets, ces différences sont dictées par la société : bébés, les filles sont souvent habillées en rose alors que les garçons le sont en bleu. Ces différences étant imposées alors que les garçons et filles sont trop jeunes pour exprimer leur volonté, une part de conditionnement peut expliquer les choix ultérieurs. C'est ce genre de biais éducatif que dénonce Simone de Beauvoir dans sa célèbre phrase « On naît fille et on le reste. »
De la même manière, il existe des journaux spécialisés pour filles, se focalisant sur des sujets susceptibles de les intéresser et qui ennuieraient la plupart des garçons, par exemple le maquillage.
Civilité
Selon l'usage courant, la connotation du terme mademoiselle faisait qu'il était plutôt employé pour désigner une jeune fille (présumée) non-mariée ou pour s'adresser à elle, en fonction du contexte, mais l'usage des titres de civilité Madame et Mademoiselle n'est régie par aucun texte législatif ou réglementaire. En France la réponse ministérielle n 5128 du 3 mars 1983 (in J.O. Sénat du 14 avril 1983, page 572) arguant du caractère discriminatoire qu'une telle disposition aurait vis-à-vis des garçons à qui l'on s'adresse par Monsieur, indépendamment de l'état civil incite les administrations à se conformer au choix des intéressées, Madame semblant employé par défaut s'il n'est pas connu.
Les organismes juridiques (administrations, sociétés commerciales) laissaient en théorie aux filles le choix sur le libellé avec lequel leur courrier leur est adressé. Il arrivait cependant que certaines administrations ne posent pas la question ou ne tiennent pas compte de ce choix et décident arbitrairement du terme utilisé. En 2012, la règle pour ces dernières a été clarifiée et le terme mademoiselle est désormais purement et simplement prohibé.
À partir des années 1970, les modalités de l'usage de ce titre de civilité ont été contestées en France, notamment par des associations féministes qui préféreraient que le titre soit choisi par la personne concernée voire que soit banni le mot de la langue française courante comme c'était alors le cas dans de nombreux autres pays européens. Suivant cette logique, une circulaire du Premier ministre François Fillon, datée du 21 février 2012 préconisait la suppression du terme « Mademoiselle » de tous les documents officiels. Le 26 décembre 2012, le Conseil d'État a validé cette suppression. Désormais, l'usage du terme est purement et simplement prohibé.
En Suisse, le terme « mademoiselle » (ainsi que « Fräulein » en allemand) a été supprimé du langage administratif près de quarante ans plus tôt, en 1973.
De même, l'allemand, par exemple, n'utilise plus « Fräulein », considéré comme discriminatoire. Chez les anglophones, des féministes ont proposé de supprimer cette distinction, vue comme discriminatoire (puisque réservée au sexe féminin) et de remplacer Miss (M) et Mrs (M) par Ms (que l'on prononce Miz). Cette pratique n'étant pas répandue chez les francophones, il n'existe pas de traduction de Ms. M ne peut être utilisé de cette manière puisqu'il signifie « Maître » et est réservé aux notaires, aux avocats, etc.
Littérature et œuvres de fiction
La jeune fille est une figure chez certains auteurs comme Proust, Baudelaire, Montherlant ou encore Nabokov qui la représente avec ambiguïté (entre l'angélisme, la naïveté et/ou l'innocence, et l'ingénue perverse - cf. Lolita). Mais elle joue souvent un rôle naïf dans les contes de fée.
Les filles peuvent parcourir des voyages initiatiques (Alice au pays des merveilles), mais le combat a peu de chances de faire partie des épreuves, contrairement aux voyages des garçons.
La représentation d'une fille prépubère comme sexuée apparaît avec le type de la nymphette de Nabokov dans son roman Lolita.
Dans la plupart des œuvres de fiction, les bienséances ont longtemps fait des filles des personnes incapables de se défendre. Dans les années 1960, les comics proposaient des héroïnes filles, mais elles ne devaient pas se battre physiquement (leurs pouvoirs leur permettant de se battre à distance, à l'image de Jean Grey et la fille invisible). Plus récemment, les filles se sont mises à se battre physiquement.
Bibliographie
Marcel Proust : À la recherche du temps perdu
Henry de Montherlant : Les jeunes filles
Vladimir Nabokov : Lolita
Tiqqun : Premiers matériaux pour une théorie de la Jeune-Fille, in Tiqqun - Exercices de Métaphysiques Critique, 162 pages, 1999, ou aux éditions Mille et Une Nuit, 144 pages, 2001.