La Pentecôte (du grec ancien πεντηκοστὴ ἡμέρα / pentêkostề hêméra, « cinquantième jour ») est une fête chrétienne qui célèbre la venue du Saint-Esprit, cinquante jours après Pâques, sur les apôtres de Jésus-Christ et les personnes présentes avec eux, rapportée dans les Actes des Apôtres. Elle conclut officiellement le temps pascal et donne à l'Église les prémices de sa mission : annoncer la bonne nouvelle de la résurrection du Christ à toutes les nations.
Cette fête tire son origine de la fête juive de Chavouot, fête des Prémices ou fête des Semaines. Sa célébration est attestée localement à partir du IV siècle.
La Pentecôte se célèbre le septième dimanche, soit le cinquantième jour à compter du dimanche de Pâques compris, à une date mobile calculée par le comput. Elle tombe toujours un dimanche entre le 10 mai et le 13 juin. Elle se poursuit le lendemain, dans certains pays, par un lundi férié ou chômé, dit « Lundi de Pentecôte ».
Origines de la fête
La fête hébraïque
Dans le calendrier juif, Chavouot se déroule « sept semaines entières » ou cinquante jours jusqu'au lendemain du septième sabbat », après la fête de Pessa'h. De là son nom de Fête des Semaines (Chavouot, en hébreu) et celui de Pentecôte (cinquantième [jour], en grec ancien) dans le judaïsme hellénistique. Le chiffre 50 n'a pas de symbolique spécifique dans l'Ancien Testament, en revanche, 50 jours sont équivalents à 7 semaines, et le chiffre 7 est éminemment symbolique.
Fête à considérer comme un sursaut de la tradition prophétique qui tend à s'estomper dans le judaïsme du Second Temple au profit d'une religion sacerdotale, elle puise ses origines dans une fête célébrant les moissons qui devient progressivement la célébration de l'Alliance sinaïtique entre Dieu et Moïse et de l'instauration de la Loi mosaïque. Vers le début du I siècle, elle devient l'un des trois grands pèlerinages annuels, surtout célébré par certains juifs hellénisés et par certaines sectes juives tout en conservant hors de ces groupes minoritaires sa dimension agricole jusqu'au I siècle de notre ère. Ce n'est qu'à partir du II siècle que le pharisianisme liera la fête de la moisson à la commémoration du don de la Loi au Sinaï.
Nouveau Testament
Les Actes des Apôtres situent explicitement lors de cette fête juive le récit où les premiers disciples de Jésus de Nazareth reçoivent l'Esprit Saint et une inspiration divine dans le Cénacle de Jérusalem : des langues de feu se posent sur chacun d'eux, formalisant la venue de l'Esprit dans un épisode de communication inspirée qui permet aux disciples de s'exprimer dans d'autres langues que le galiléen sans qu'on sache s'il s'agit plutôt de polyglottisme ou de glossolalie.
« Le jour de la Pentecôte, ils étaient tous ensemble dans le même lieu. Tout à coup il vint du ciel un bruit comme celui d'un vent impétueux, et il remplit toute la maison où ils étaient assis. Des langues, semblables à des langues de feu, leur apparurent, séparées les unes des autres, et se posèrent sur chacun d'eux. Et ils furent tous remplis du Saint Esprit, et se mirent à parler en d'autres langues, selon que l'Esprit leur donnait de s'exprimer. »
— Actes 2:1-4
L'image du feu — conforme à la tradition juive de l'époque sur l'épisode de la révélation sinaïtique que l'épisode entend renouveler — matérialise la Voix divine. La tradition chrétienne perçoit et présente la Pentecôte comme la réception du don des langues qui permet de porter la promesse du salut universel aux confins de la terre ainsi que semble en attester l'origine des témoins de l'évènement, issus de toute la Diaspora juive. Elle fait suite à l'Ascension de Jésus au ciel relatée dans les évangiles de Jean, Luc et Marc et les Actes des Apôtres.
Suivant les Actes, les acteurs vont assurer la diffusion de l'Évangile : le discours de l'apôtre Pierre conduit 3 000 juifs pieux au baptême.
« Ceux qui acceptèrent sa parole furent baptisés ; et, en ce jour-là, le nombre des disciples s'augmenta d'environ trois mille âmes. »
— Actes 2:41
Dans un épisode rapporté par le seul évangile selon Jean, celui de la dernière Cène qui se déroule la veille de sa Passion, Jésus annonce la venue du Paraclet (traduit par le Consolateur ou le Défenseur) :
« Et moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre consolateur, afin qu'il demeure éternellement avec vous, l'Esprit de vérité, que le monde ne peut recevoir, parce qu'il ne le voit point et ne le connaît point; mais vous, vous le connaissez, car il demeure avec vous, et il sera en vous. »
. Les évangiles synoptiques n'évoquent pas cette annonce.
Histoire
Inscription dans le calendrier liturgique
Émail sur cuivre de Pierre Reymond (1522) La Pentecôte, musée d'art de Saint-Louis.
Si une période festive de cinquante jours est attestée dans certaines communautés chrétiennes à partir de la fin du II siècle, elle n'était pas généralisée et ce n'est qu'à partir du IV siècle qu'est instituée la fête de la Pentecôte au dernier jour de cette période; elle est attestée à Rome et Milan vers 380.
À l'époque de Charlemagne, la Pentecôte était devenue une fête d'obligation, mentionnée comme telle lors du concile régional de Mayence, au cours de laquelle l'Église catholique romaine s'adressait aux nouveaux baptisés et confirmés.
La Pentecôte fait aussi partie des douze fêtes majeures du calendrier liturgique orthodoxe.
Époque moderne
Au début du XX siècle apparaît le pentecôtisme, appelé aussi mouvement de Pentecôte, une mouvance protestante évangélique accordant une importance spéciale aux dons du Saint-Esprit, tels ceux manifestés par les apôtres et autres fidèles rassemblés le jour de la Pentecôte.
Depuis le concile Vatican II, le lundi de Pentecôte n'est plus solennisé hormis dans les branches traditionalistes de l'Église. Depuis ce concile qui a remis à l'honneur le culte rendu à l'Esprit-Saint, cette fête donne parfois lieu à des célébrations particulièrement festives, notamment au sein des communautés charismatiques.
Symbolique
Dans les traditions chrétiennes, la fête de la Pentecôte est ainsi une occasion spécifique de célébrer le Saint-Esprit, troisième personne de la trinité chrétienne.
En cette occasion, les prières des chrétiens invoquent Dieu pour que l'Esprit-Saint leur soit accordé.
La Pentecôte commémore aussi le début de l'évangélisation, et donc la fondation de l'Église.
Célébrations
Messes chantées
Dans la tradition catholique romaine, la messe chantée lors de la fête de la Pentecôte comporte la séquence grégorienne Veni Sancte Spiritus. Dans quelques rares églises catholiques d'Europe occidentale, usage hérité du Moyen Âge, des pétales de roses sont lancés sur les fidèles pendant le chant de la séquence.
Le compositeur français Olivier Messiaen a composé une de ses œuvres majeures pour orgue, la Messe de la Pentecôte pour célébrer cette fête.
Calendrier
Fête mobile
La Pentecôte est célébrée le septième dimanche, soit quarante-neuf jours après le dimanche de Pâques. La date en est variable puisque Pâques est une fête mobile.
Elle est la troisième des cinq fêtes cardinales de l'année liturgique catholique.
Les dates récentes ou imminentes de cette fête religieuse mobile par rapport au calendrier grégorien sont les dimanches suivants dans l'Église catholique, selon le comput :
Année précédente : dimanche 24 mai 2015,
Année courante : dimanche 15 mai 2016,
Année suivante : dimanche 4 juin 2017.
Caractère férié
La fête de la Pentecôte a lieu un dimanche, jour férié dans les pays de culture chrétienne.
Dans certains pays, le lendemain est également férié : le lundi de Pentecôte est actuellement jour férié en Allemagne, en Autriche, en Belgique, en France, en Hongrie, en Islande, au Liechtenstein, au Luxembourg, aux Pays-Bas, dans certains cantons Suisses, en Norvège, au Danemark, en Ukraine, en Roumanie, à Chypre, en Grèce (secteur public et certains secteurs du privé), à Madagascar, au Bénin, au Togo, en Côte d'Ivoire et au Sénégal qui, pourtant, est un pays à 90 % musulman. En Suède, il ne l'est plus depuis 2005, année où le 6 juin (fête nationale suédoise) est devenu férié. Mais il ne l'est pas dans des pays pourtant de tradition catholique comme l'Italie, le Brésil, l'Irlande, l'Espagne, le Canada, le Portugal, la Pologne, ni au Cameroun, ni dans certains pays de tradition orthodoxe comme la Russie.
En France, le lundi de Pentecôte a été jour férié depuis le Concordat de 1801 jusqu'en 2004. Entre 2004 et 2007, à la suite de la décision du gouvernement Raffarin d'en faire une journée de solidarité envers les personnes âgées, il reste férié mais devient non chômé pour beaucoup d'entreprises. Il redevient chômé, mais non payé dès 2008. Dans la polémique liée à cette mise en place, l'épiscopat français déclara qu'il n'y avait pas objection d'ordre religieux à sa suppression, mais réclama une concertation.
Aspects populaires
Dictons associés
Cette fête mobile a lieu à une période où l'on récolte des fruits, ce qui donne lieu à de nombreux dictons, tels :
« À la Pentecôte, la cerise est notre hôte ».
« À la Pentecôte, fraises on goûte ; à la Trinité, fraises au panier. »
Exploitation commerciale
Le « veau de la Pentecôte » est un concept marketing lancé en France en 1998 par Comaral, structure marketing de la collective de la viande, sur le mode de l'agneau pascal ou de la dinde de Noël, pour relancer la consommation de viande de veau. Cette opération commerciale est indépendante de la fête chrétienne qui ne donne aucune instruction alimentaire spécifique pour ce jour-là.
Bibliographie
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
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Ouvrages historiques
Philippe Rouillard, Les Fêtes chrétiennes en Occident, Le Cerf (ISBN 9782204071062, lire en ligne), p. 103-108.
Daniel Marguerat, Les Actes des apôtres (1-12), Genève, Labor et Fides, 2007, 448 p. (ISBN 978-2-8309-1229-6)
Jean Chelini, Le calendrier chrétien : cadre de notre identité culturelle. Paris, Picard, 2007.
Hélène Bénichon, Fêtes et calendriers. Les rythmes du temps, Paris 1992.
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Ouvrages théologiques
Thomas J. Talley, Les origines de l’année liturgique. Paris, Cerf, 1990 (Liturgie 1).
Arnaud Join-Lambert, "Quel sens pour les fêtes chrétiennes ?", in : Études n 4123 (mars 2010) p. 355-3**.
Robert Le Gall, "Année liturgique et vie spirituelle", in : La Maison Dieu n 195 (1993) p. 197-210
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Ouvrages encyclopédiques
Alfons Weiser, Karl-Heinrich Bieritz, Henning Schröer, Petra Sevrugian: Pfingsten/Pfingstfest/Pfingstpredigt. In: Theologische Realenzyklopädie. Berlin 26.1996, S. 379–398. ISBN 3-11-002218-4 (enzyklopädischer Überblick mit weiterer Literatur)