Un épiphénomène désigne ce qui se surajoute à un phénomène sans exercer sur lui aucune influence. Autrement dit, c'est une manifestation pure, un aspect ou une apparence particulière d'un phénomène sous-jacent, et non une manifestation possédant une réalité indépendante capable d'exercer une rétroaction sur le phénomène qui lui a donné naissance.
On qualifie d'épiphénomène un phénomène dont on suppose ne percevoir qu'une petite partie de ce qui est à l'œuvre réellement. Un épiphénomène est donc la manifestation de mécanismes dont on ne connaît qu'une partie ou que l'on ne connaît pas encore. D'où le fait que l'épiphénomène soit usuellement considéré comme mineur et sans importance.
Cette notion d'épiphénomène est fondamentale en science et dans toute constitution du savoir : l'observation du monde donne une quantité très importante d'épiphénomènes qui sont autant de sujets d'investigations pour les chercheurs (au sens large du terme). L'activité de recherche vise à produire des explications cohérentes et valides des épiphénomènes. Sur ce plan, il faut faire la distinction entre deux modes de fonctionnement pour la production des explications :
Le mode dit scientifique (ou plus généralement réaliste) qui produit du savoir (scienza : origine commune des mots science et savoir). Ce mode explicatif des phénomènes et épiphénomènes propose des hypothèses pour les mécanismes et mène des expériences et des observations afin de vérifier la pertinence des hypothèses explicatives proposées. Il s'agit de vérifier si les explications des épiphénomènes sont valides ou si elles sont fausses, et dans ce cas de corriger les hypothèses pour s'approcher de la validité. Cette conscience scientifique est souvent désignée par le terme probité. Les explications proposées sont souvent désignées par le terme théorie (par exemple : théorie de la gravitation, théorie de la cognition, etc. ). Le mode dit idéaliste qui produit des explications sans se soucier de proposer des vérifications. Les explications proposées sont souvent désignées par le terme théorie (par exemple : théorie de la résurrection).
Exemples :
- le nombre maximum d'usagers simultanés d'un système informatique est un épiphénomène de ce système (qui dépend de la taille mémoire disponible, de la rapidité du CPU et de la liaison informatique etc.).
- la chute des corps, la déviation de la lumière par la masse sont des épiphénomènes de la gravitation.
- Le temps est probablement un épiphénomène des lois de la physique.
Mauvais exemples :
- les émotions ont une influence directe sur l'organisme, elles ne sont donc pas des épiphénomènes du fonctionnement de l'organisme.
- Les rêves, plus particulièrement les cauchemars, peuvent écourter le sommeil, ils ne sont donc pas un épiphénomène du sommeil.
Déformation : ce mot à la mode est souvent utilisé, à tort, comme synonyme de "phénomène sans importance / accessoire" ou même de "mode passagère". Le sens est proche de "phénomène secondaire", d'où le glissement sémantique, mais un phénomène secondaire n'est pas nécessairement sans importance ou passager, comme le montrent certains des exemples ci-dessus.