Détail de l'arc de Constantin, montrant des remplois de monuments antérieurs, depuis l'époque de Trajan.
Vue de la salle de prière de la Grande Mosquée de Kairouan (Tunisie), un édifice religieux majeur de l'Islam, IX siècle. Comme d'autres mosquées de cette période, elle réemploie de nombreux éléments préislamiques, notamment des centaines de colonnes, de marbre et de granite, provenant d'édifices romains et chrétiens byzantins (II ‑ VI siècle).
Musée d'histoire de Ningbo. WANG Shu et associés: Amateur Architecture Studio. 2009. Détail : en parement, remploi de matériaux de démolition récupérés sur le site.
Les spolia (terme latin neutre pluriel, donc masculin pluriel en français) ou remplois ou réemplois, désignent la réutilisation, notamment sous l'empire romain tardif, de pièces et œuvres d'art de monuments romains antérieurs comme matériaux de construction dans un nouveau monument (comme l'arc de Janus, l'arc de Constantin).
Il n'est pas établi si cet usage est d'abord idéologique (retour à une gloire passée), esthétique (remploi d'œuvres d'art appréciées et ainsi sauvegardées) ou pratique (récupération d'un monument en ruine, et coût de matière première réduite).
L'hypothèse du recyclage pour des raisons économiques et pratiques est la plus probable, dans l'édification des remparts des cités romaines à partir de la fin du III siècle, par la réutilisation de pierres de monuments, en particulier funéraires, bâtis à l'entrée des villes et souvent à l'abandon.
En Chine le procédé était de tradition chez les plus pauvres après les destructions produites par des phénomènes naturels (typhons...). Ce qui a donné l'idée à l'architecte contemporain chinois WANG Shu de remployer des éléments (dont des portes et des fenêtres) récupérées sur le site du chantier du musée d'histoire de Ningbo, afin de réaliser un parement qui puisse être l'occasion pour les habitants de renouer avec leur propre histoire.
Les spolia désignent également l'utilisation d'œuvres d'art, de pièces de monuments étrangères, dans l’embellissement de la ville (cette pratique est attestée dès la République Romaine, à Rome, notamment à la fin du IIIe et au IIe siècle, dans le cadre des guerres puniques et de la conquête de la Grèce, d'où les généraux romains ramènent d'imposants butins). De nombreuses peintures, statues, sont entreposées dans les temples romains par les généraux victorieux, pour remercier l'aide du (ou des) dieu qui a permis la victoire (une part du butin lui revient donc de droit): on nomme ces dons des ex-voto.