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词典释义:
mélancolique
时间: 2023-09-16 22:33:44
TEF/TCF专八
[melɑ̃kɔlik]

a.1. 忧郁症2. 忧郁, 伤感 3. 凄凉, 令人伤感 — n.患忧郁症人常见用法

词典释义
a.
1. 忧郁症

2. 忧郁, 伤感
tempérament mélancolique 忧郁气质

3. 凄凉, 令人伤感
musique mélancolique 凄切音乐

— n.
患忧郁症

常见用法
elle est mélancolique她多善感
musique mélancolique忧伤音乐

近义、反义、派生词
联想:
  • optimisme   n.m. 乐观主义;乐观,乐天

义词:
bilieux,  cafardeux,  désabusé,  désenchanté,  lugubre,  maussade,  nostalgique,  pessimiste,  sombre,  ténébreux (littéraire),  triste,  funèbre,  morose,  noir,  sinistre,  romantique,  hypocondriaque,  élégiaque,  neurasthénique,  chagrin
反义词:
gai,  joyeux,  enthousiaste,  badin,  enjoué,  épanoui,  folâtre,  radieux,  réjoui,  riant,  allègre,  exhilarant,  ensoleillé
联想词
mélancolie 忧郁,伤感; nostalgique 怀旧; onirique ,梦幻; sombre 阴暗,昏暗,阴沉; intimiste 亲密; poétique ,诗歌; pessimiste 悲观; romantique 浪漫主义,浪漫派; cynique 犬儒; ironique 讽刺,讥讽,挖苦,奚落; tourmenté 折磨;
当代法汉科技词典

mélancolique adj. 忧郁症, 忧郁

短语搭配

musique mélancolique凄切的音乐;忧伤的音乐

tempérament mélancolique忧郁的气质

elle est mélancolique她多愁善感

Je saluai mon vingtième anniversaire par un couplet mélancolique (Beauvoir).我以一支忧伤的歌度过20岁生日。(波伏瓦)

 la chute des feuilles, ses pensées devenaient plus mélancoliques.每当秋天来临树叶凋零的时候,他的思绪就变得更加忧郁了。

Cet homme a de l'humeur. — C'est un vieux domestique qui, comme vous voyez, n'est pas mélancolique (Corneille).此人很幽默。— 他是一个老佣人,正如您看到的那样,他一点愁容也没有。(高乃依)

原声例句

Si on pousse les fait à fond sur le logiciel, la voix des gens commencent à ressembler à celle d'une sorte de robot mélancolique, vaguement agaçant même.

如果我们在使用音频处理软件时过度调整,人们的声音可能会开始像某种忧郁的机器人一样,甚至有点令人不安。

[Depuis quand]

Ainsi flânant parmi ses souvenirs, il examinait les écritures et le style des lettres, aussi variés que leurs orthographes. Elles étaient tendres ou joviales, facétieuses, mélancoliques ; il y en avait qui demandaient de l’amour et d’autres qui demandaient de l’argent.

他就这样在往事中游荡,看看来信的字体和文笔,没有两个人是一样的。有的温柔,有的快乐,有的滑稽,有的忧郁;有的要爱情,有的只要钱。

[包法利夫人 Madame Bovary]

Elle lui découpait des cartons, lui racontait des histoires, s’entretenait avec lui dans des monologues sans fin, pleins de gaietés mélancoliques et de chatteries babillardes.

为他剪硬纸板,给他讲故事,没完没了地自言自语,快乐中有几分忧郁,亲热得又过于罗唆。

[包法利夫人 Madame Bovary]

Il semblait fait pour donner aux mélancoliques le goût de vivre et aux pessimistes celui de l'avenir.

赋予忧郁者生活的趣味,给予悲观者对未来的想往——这似乎就是他存在于世的理由。

[法国总统马克龙演讲]

Derrière ça, il y a un message très mélancolique : avant l'arc-en-ciel, il y a la grisaille, il y a la pluie, tout simplement.

在这背后,传达着非常忧郁的信息:在彩虹出现之前,一片灰暗,是因为要下雨了。

[Une Fille, Un Style]

Il crée un idéal féminin caractérisé par un corps longiligne, un teint pâle, et une expression mélancolique sur le visage.

他创造了女性的典范,特征是细长的身体,肤色苍白,脸上有一种忧伤的表情。

[精彩视频短片合集]

Le soir, dans ce pays, devait être comme une trêve mélancolique. Aujourd'hui, le soleil débordant qui faisait tressaillir le paysage le rendait inhumain et déprimant.

在这个地方,傍晚该是一段令人伤感的时刻啊。今天,火辣辣的太阳晒得这片地方直打颤,既冷酷无情,又令人疲惫不堪。

[局外人 L'Étranger]

C'est dans ces années d'ailleurs, qu'il introduit la figure d'Arlequin, pensive et mélancolique, qui va traverser par la suite toute son oeuvre.

另外也是在这些年里,他开始创作小丑,这个深沉而忧伤的形象在他日后的创作中一直延续。

[巴黎奥赛博物馆]

Là-bas, là-bas aussi, autour de cet asile où des vies s'éteignaient, le soir était comme une trêve mélancolique.

那边,那边也一样,在一个个生命将尽的养老院周围,夜晚如同一段令人伤感的时刻。

[局外人 L'Étranger]

Après le dîner, mon compagnon se fait donner une mandoline et commence à chanter d’un air mélancolique et bizarre.

晚餐之后,我的同伴让人拿来曼陀林,用忧郁又奇怪的表情唱了起来。

[Carmen 卡门]

例句库

La joie dêtre amoureux a été soulignée par la description du changement de saison : une perle rare parmi les chansons damour souvent tristes et mélancoliques à Taïwan.

该曲为邓雨贤与李临秋于三○年代作品,以四季自然变迁衬托恋情甜美,在多数唱诵无奈哀伤的台语情歌中,实属少见。

Je suis le piéton de la grand'route par les bois nains ; la rumeur des écluses couvre mes pas. Je vois longtemps la mélancolique lessive d'or du couchant.

沿着树林矮人的行道;咆哮的水流淹去我的步伐。我见多了夕阳落去的闲愁。

Lorsque tu es seule, n'écoute pas des chansons mélancoliques, ne pense pas aux choses passées, et ne restes pas à naviguer sur le web.Lève-toi pour aller faire du sport ou va discuter avec un ami.

的时候,不要听慢歌,怀旧或者腻死在网上,站起来做运动或者去找朋友八卦。

A la lune déclinée, les arbres du fleuve soupirent, mélancoliques.

落月摇情满江树。

Il s'imagine qu'il est le premier rôle mélancolique et affectueux dans ce roman d'amour.

他幻想自己是爱情小说里忧郁深情的男主角。

Valse mélancolique et langoureux vertige!

忧郁的圆舞曲,懒洋洋的眩晕!

Dans l'air mélancolique de la pluie,se trouveront effacée sa couleur éclipsé son parfum,disparus même son regard qui soupier et sa tristesse de lialas.

在雨的哀曲里,消了她的颜色,散了她的芬芳,消散了,甚至她的太息般的眼光,丁香般的惆怅。

Lorsque la bise siffle sur les champs, une troupe de canards sauvages traversent en silence un ciel mélancolique.

当田野刮起北风之前,一群野鸭静静地掠过寂廖的天空。

Inexplicable confusion mélancolique, sortir avec l'âge, dans le temps, familière dans l'espace inconnu.

莫名的惆怅迷茫,随着年龄的增加一一绽放,在时间里熟悉,在空间里陌生。

J'entends en outre un concert de mécontentement à l'encontre de l'Organisation des Nations Unies, noyant ainsi les voix mélancoliques des défavorisés, des marginalisés, des malades et des moribonds à qui, tristement, ne semblent pas être donnée la chance qu'ils méritent de plein droit.

但是此外,我还听到对联合国的一片不满声,这种声音淹没了穷人、处于边缘地位的人以及病人及奄奄一息者的痛苦呻吟,令人痛心的是,他们似乎没有得到他们理应得到的机会。

法语百科

Mélancolie par Domenico Fetti, v. 1622.

La mélancolie est d'abord vue comme un trouble des humeurs au sens grec de l'acception, elle est étudiée par le médecin Hippocrate le premier ou le plus connu, elle correspond à ce qu'on appelle aujourd'hui en psychiatrie l'état dépressif, c'est-à-dire un sentiment d'incapacité, un non savoir de la volonté, une absence de goût de vivre pouvant, dans les cas les plus graves, conduire au suicide. Dans un deuxième temps, au fur et à mesure que la médecine se sépare de la philosophie, le terme est aussi repris dans celle-ci et elle caractérise alors un être-là existentiel qu'on retrouve chez des écrivains, poètes et intellectuels.

Étymologie

Esclave accablé de douleurs par Félix Lecomte.

Le mot est emprunté au latin melancholia lui-même transcrit du grec μελαγχολία (melankholía) composé de μέλας (mélas), « noir » et de χολή (khōlé), « la bile ». Le mot signifie donc étymologiquement la bile noire. Ceci renvoie à la théorie des humeurs d'Hippocrate selon laquelle le corps contient quatre humeurs qui chacune détermine notre tempérament. Ces quatre humeurs sont le sang, la lymphe, la bile jaune et la bile noire. Le tempérament est donc sanguin lorsque le sang prédomine, lymphatique lorsque c'est la lymphe, bilieux pour la bile jaune et enfin mélancolique pour la bile noire. Et cette bile noire provoquait une tristesse qui était exclusive aux génies. Sophocle utilisait lui l'adjectif « melancholos » pour désigner la toxicité mortelle du sang de l'hydre de Lerne, dont Heracles a trempé ses flèches.

La notion de mélancolie est donc très ancienne et une place majeure lui a toujours été donnée au sein des quatre tempéraments. La mélancolie a un sens littéraire qui signifie la tristesse.

Ces propos sont sujets à une autre interprétation. De nos jours, on réduit la mélancolie à un état dépressif. Or, dans la pensée antique (Hippocrate par exemple), la mélancolie avait une autre signification que celle proposée en particulier par la psychanalyse. En effet, elle était considérée comme une source de génie et de folie qui provoquerait une tristesse et non pas réduite comme dans nos sociétés actuelles à une simple pathologie, une tristesse ou encore à un dégoût de la vie.

La mélancolie dans le sens antique permettait de vivre le deuil, se dépasser ou encore de trouver un sens à la vie, en d'autres termes, c'est un passage en temps de crise (qui n'aboutit pas toujours à un résultat négatif). Et c'est là que la mélancolie prétend dépasser ces états de tristesses. Face à cette dernière interprétation, Jean Clair, historien de l'art a proposé qu'« une nouvelle vision et utopie devrait inclure la mélancolie (et le travail de deuil), comme paradoxe. Ce serait un nouveau projet historique révolutionnaire. »

Le terme a en partie été supplanté depuis le XIX siècle par celui de dépression ce qui fait qu'aujourd'hui, soit il est utilisé comme son synonyme, soit pour marquer la gravité de la dépression en sous-entendant que la mélancolie comporte des aspects psychotiques et/ou qu'elle inclut des risques élevés de passages à l'acte suicidaire. On l'utilise encore dans le sens où il décrirait un « état d'âme » au sens existentiel du terme.

Histoire

Hippocrate est considéré comme le premier médecin à décrire cliniquement la mélancolie ou dépression.

La mélancolie prend différentes significations au fil des siècles. Elle décrit, très généralement, un état de détresse apathique, d'abandon proche de la dépression :

au XI siècle, elle imprègne une grande partie des quatrains d'Omar Khayyam ;

au XII siècle, dans le vocabulaire courtois, elle désigne toutes sortes d'états d'âme allant de la tristesse profonde à la folie ;

au XIV siècle, Guillaume de Machaut fait de la mélancolie le sentiment qui caractérise le jaloux amoureux qui cherche la solitude ;

au XVII siècle, le sens s'affaiblit à celui de tristesse douce et vague ;

au XIX siècle, la mélancolie prend deux sens : d'une part celui d'un mal-être dû à un manque profond qui ne peut être identifié ; et d'autre part elle prend un sens clinique de maladie mentale associée à un profond abattement. La mélancolie devient alors synonyme de dépression. Voir Les Chimères de Gérard de Nerval.

La mélancolie peut aussi être vue comme une « maladie sacrée » qui dans la culture occidentale a concerné toutes les expressions de la pensée et de l'art : philosophie, médecine, psychiatrie et psychanalyse, religion et théologie, littérature, musique et arts. La mélancolie est un vecteur de fertilité, de lucidité, de clairvoyance, mais aussi paradoxalement de désespoir. Jean Starobinski et Wolf Lepenies ont dit que la mélancolie était une forme de « mise à distance » de la conscience face au « désenchantement » du monde.

Antiquité

Dès le IV siècle av. J.-C., les stèles funéraires attiques présentent des individus prenant des poses de deuil. La mélancolie s'y rattache donc à la perte d'un proche. Au VI siècle av. J.-C., Pénélope est représentée devant son métier à tisser, toute mélancolique.

Aristote se demanda pourquoi tous les hommes d'exception sont bilieux : « Pourquoi tous les hommes qui se sont illustrés en philosophie, en politique, en poésie, dans les arts, étaient-ils bilieux, et bilieux à ce point de souffrir de maladies qui viennent de la bile noire, ainsi on cite Hercule parmi les héros ? Il semble qu'en effet Hercule avait ce tempérament ; et c'est aussi en songeant à lui que les Anciens ont appelé mal sacré les accès des épileptiques ». Aristote donne ainsi l'exemple d'Oublos le jeune, qui, d'après lui, a contracté une mélancolie bilieuse à la suite d'un excès d'écriture : dans cet ouvrage, c'est l'auteur mélancolique qui produit son œuvre, en fait l'œuvre peut produire l'auteur mélancolique. Pour Hippocrate, la mélancolie se comprend comme trouble de la bile noire. La rate serait l'organe responsable de ce trouble. Voici comme il décrivait la maladie et son traitement : « Souci, maladie difficile : le malade semble avoir dans les viscères comme une épine qui le pique ; l’anxiété le tourmente ; il fuit la lumière et les hommes, il aime les ténèbres ; il est en proie à la crainte ; la cloison phrénique fait saillie à l’extérieur ; on lui fait mal quand on le touche ; il a peur ; il a des visions effrayantes, des songes affreux, et parfois il voit des morts. La maladie attaque d’ordinaire au printemps. A ce malade on fera boire l’hellébore, on purgera la tête ; et, après la purgation de la tête, on donnera un médicament qui évacue par le bas. Ensuite on prescrira le lait d’ânesse. Le malade usera de très peu d’aliments, s’il n’est pas faible ; ces aliments seront froids, relâchants, rien d’âcre, rien de salé, rien d’huileux, rien de doux. Il ne se lavera pas à l’eau chaude ; il ne boira pas de vin ; il s’en tiendra à l’eau ; sinon son vin sera coupé. Point de gymnastique, point de promenades. Par ces moyens, la maladie se guérit avec le temps ; mais si elle n’est pas soignée, elle finit avec la vie ».

Moyen Âge et Renaissance

Melencolia I (Albrecht Dürer).

L’acedia, au départ, n'a rien à voir avec la paresse : c'est un malaise lié à l'excès de privations qui se saisit des moines dans le désert. Elle provient d'une activité cérébrale trop intense et tournant à vide, faute d'exutoire. Saint Antoine, père de pères du désert, quand il subit des « tentations » — c'est-à-dire un martyre — subit en réalité un accès d’acedia, de pensées trop lourdes, trop fortes, trop obsédantes. En s'emparant de ce symptôme, qui chez les Pères du Désert relève davantage du malaise psychique que du « mal », les chrétiens le transformeront en émission de pensées mauvaises et diaboliques. L’acedia deviendra ensuite, sous la plume de saint Thomas , le péché des péchés, le détournement volontaire du bien divin. Une certaine splendeur ténébreuse risquant à ce moment-là d'être associée à ce péché, les Chrétiens d'Occident, peu fidèles à la tradition des pères du désert, sa hâteront de transformer l’acedia en paresse et de la ranger parmi les sept péchés capitaux. Désormais, l’acedia n'a plus aucune aura tentatrice ; elle est paresse de se lever matin pour aller à la messe, puis paresse tout court. De gras docteurs font des rêves érotiques près de leur poêle bien chaud : voilà l’acedia, telle que la représente le Songe du Docteur de Dürer.

Témoin de ce que l'on pourrait appeler, avec Jean Starobinski, « l'Âge d'Or de la mélancolie » , le médecin Jacques Ferrand publie en 1610, à Toulouse, un Traicté de l'essence et de la guérison de l'amour ou de la mélancholie érotique, où il décrit d'un point de vue clinique et strictement profane « l'Amour ou passion Érotique [comme] une espèce de rêverie, procedante d'un désir déréglé de jouir de la chose aimable, accompagnée de peur, et de tristesse ».

L'écrivain espagnol Tirso de Molina (1579-1**8) publie en 1611 une pièce intitulée El Melancolico, dont le personnage principal Rogerio, confronté à un amour impossible, s'écrie: « Je suis à ce point pris d'amour que je ne sais si je vis en moi-même » .

En 1621, Robert Burton publie l’Anatomie de la mélancolie. Il en analyse les causes et les effets et recherche des remèdes. Il distinguera par exemple une mélancolie religieuse. L’Anatomie de la mélancolie constitue une importante somme de toutes les théories, connaissances concernant la mélancolie, que Burton lie au deuil. « Parmi tant de milliers d'auteurs, vous aurez du mal à en trouver dont la lecture fera de vous quelqu'un d'un peu meilleur ; tout au contraire elle vous infectera alors qu'elle devrait contribuer à vous perfectionner. » Burton se considérait comme mélancolique.

Au XVII siècle, George Cheyne refonde la mélancolie comme état d'âme, et la renomme spleen. Cette expression devient celle des poètes.

C'est Jean-Étienne Esquirol (1771-1840) qui, tentant d'écarter le terme mélancolie de la médecine, propose de le remplacer par celui « lipémanie » ou « lypémanie » ou encore à la suite de Pinel « monomanie » (1815) qui se rapporte à une tristesse massive et injustifiée avec souffrance morale et dépression de l’humeur. Il renvoie ainsi la mélancolie aux poètes et aux philosophes.

Au XIX siècle

Baudelaire.
Baudelaire.

Le XIX siècle est caractéristique de ce mal qu'est la mélancolie. Chateaubriand parle de mal du siècle, Musset parle de maladie morale abominable. Elle prend chez Flaubert la forme de l'ennui et chez Baudelaire celle du spleen.

La mélancolie au XIX siècle résulte d'un traumatisme entre le rejet du christianisme de la Terreur de 1793, la chute de l'Empire en 1814, et l'année sans été de 1816, due à l'explosion du volcan Tambora. Les enfants de cette génération ont derrière eux de grands exploits et devant eux l'avenir d'une nouvelle France bourgeoise dont la seule perspective est de s'enrichir. La mélancolie vient donc d'une énergie qui ne peut pas être investie et qui devient un poison noir. Charles Baudelaire fut l'une des grandes figures du spleen : « Tout enfant, j'ai senti dans mon cœur deux sentiments contradictoires : l'horreur de la vie et l'extase de la vie. » (Mon cœur mis à nu, **)

Saturne dévorant un de ses fils est un tableau de 1823, du peintre Francisco de Goya. Cette œuvre fait partie d'une série de peintures noires réalisées entre 1820 et 1823, après le bouleversement de la guerre. Elle reprend fidèlement le thème de Cronos dévorant ses enfants, si cher à Goya. Cette dévoration, absorption, relaterait la racine même de la mélancolie, ou encore ses prémisses.

Le tableau fut utilisé pour la couverture du séminaire IV, La relation d'objet, de Jacques Lacan.

Emphatiquement dans La Maladie à la mort mais également dans Crainte et tremblement, Kierkegaard expose que les humains sont composés de trois parties : le fini, l'infini, et la relation entre les deux. Les finis (les sens, le corps, la connaissance) et les infinis (le paradoxe et la capacité à croire) existent toujours dans un état de tension. Cette tension, consciente de son existence, est l'individu. Lorsque l'individu est perdu, insensible ou exubérant, la personne est alors dans un état de désespoir. Notamment, le désespoir n'est pas l'agonie, c'est, au lieu de cela, la perte de l'individu.

Victor Hugo a interprété magnifiquement son sentiment au sujet du travail des enfants, dans son poème Mélancholia, à rapprocher du tableau de Goya cité ci-dessus.

Au XX siècle

Romano Guardini publie en 1928 un court traité sur Le sens de la mélancolie dans lequel il commente des textes de Søren Kierkegaard et écrit: « la mélancolie est l'inquiétude que provoque chez l'homme la proximité de l'éternel » .

Jean-Paul Sartre publie La Nausée en 1938. Il y décrit Antoine Roquentin, pris d'un profond dégoût pour ce qui l'entoure, pour ses activités, et qui se réfugie dans l'imaginaire. Le titre que Sartre voulait à l'origine donner à l'œuvre était « Melancholia », en référence à la fameuse gravure de Dürer.

Françoise Sagan publie Bonjour tristesse.

Emil Cioran traite de la mélancolie dès les premières pages de son premier livre Sur les cimes du désespoir (1934) : selon lui, la forme que prend la mélancolie n'est pas indépendante du cadre de vie ou du milieu environnant.

Giorgio De Chirico, sujet lui-même à des crises de mélancolie dans sa période « métaphysique » (1912-1920), a peint plusieurs toiles qui font directement référence dans leur titre à cet état psychologique ambivalent, où la dépression le dispute à l’exaltation d’une révélation. Mélancolie, 1912 ; Mélancolie d’un après-midi, 1913 ; Mélancolie d’une belle journée, 1913 ; Mystère et mélancolie d’une rue, 1914 ; La Mélancolie du départ, 1916 ; La Mélancolie de la chambre, 1916 ; Mélancolie hermétique, 1919… Il y joue du contraste des couleurs (teintes froides et teintes chaudes : noir du désespoir et vert de plomb saturnien / ors et ocres du soleil), des formes (cloître des arcades / étendue ouverte de la place), des temps (nostalgie des statues / modernité des trains et des usines), des objets (exotisme des artichauts et des bananes dans des architectures urbaines)… Par là, il témoigne des affinités secrètes de la mélancolie (la bile noire dans la théorie des quatre humeurs) avec l’élément terreux (dans la classification ancienne des quatre éléments) et ses expressions géométriques (géa : la terre), avec l’automne (dans le cycle des quatre saisons), avec la maturité (dans les quatre âges de la vie) et avec Saturne (l’un des quatre principaux dieux et astres figurant l’ambiguïté du temps). Fidèle à ce quadrillage symbolique du réel, De Chirico révèle bien toute l’ambivalence de l’état mélancolique qui « dispose à la délectation morbide mais favorise aussi l’exaltation douloureuse du génie : extase poétique ou visionnaire, contemplation extralucide, méditation et vaticination. Kant lui attribue même une sensibilité particulière au « sublime », ce vertige des cimes ou des profondeurs, en tout cas de l’infini, capable d’entraîner l’homme bien au-delà du beau… »

Au XXI siècle

Kathary Engel publie La Force de l'Amour en 2006. Elle y retrace le développement de cette maladie sournoise chez Marie. Très jeune enfant, Marie perd son père puis, progressivement son instinct vital, jusqu'à sa décision de rejoindre 15 ans plus tard le père qui s'était suicidé, frappée par le même mal.

En 2011, Lars von Trier réalise un film dont le nom, Melancholia (film, 2011), évoque la mélancolie. À l'occasion de son mariage, Justine (Kirsten Dunst) perd peu à peu ses illusions et le monde idéal qu'elle s'était crée alors que peu à peu la planète Melancholia se rapproche de la Terre.

Psychiatrie

Une des premières entités nosographiques à aborder le problème de la tristesse comme élément d'un état pathologique, est la neurasthénie, manque de force nerveuse, maladie fonctionnelle chronique du système nerveux. Cette neurasthénie apparaît sous l'influence de G. M. Beard.

Jean-Étienne Esquirol (1771-1840) qui crée le concept de « lipémanie » ou « lypémanie » (1815) qui se rapporte à une tristesse massive et injustifiée avec souffrance morale et dépression de l’humeur ; on observe des troubles du sommeil et de l'alimentation, un ralentissement comportemental, des idées ou tentatives de suicide ; au XX siècle ce terme cède la place à « mélancolie ».

Karl Abraham isole la dépression dès 1911 : il la distingue par exemple d'une névrose d'angoisse.

La psychiatrie moderne décrit une dépression. Ainsi, le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM-IV) décrit un « épisode dépressif » ainsi qu'un « trouble dépressif » ; plusieurs dépressions sont distinguées. Parmi celles-ci, le plus grave état dépressif est la « dépression mélancolique ». La psychiatrie moderne appelle mélancolie la forme la plus poussée de dépression ; il s'agit là d'une affection grave quittant largement le champ de la morosité pour constituer une pathologie, au sens pleinement médical.

Les symptômes mélancoliques sont plus poussés que la simple dépression où il implique par exemple aboulie, anorexie, insomnie, sentiment d'incurabilité, vœux de mort, ou encore un fort sentiment de culpabilité. Dans la mélancolie s'y ajoute une véritable douleur morale (pas moins douloureuse qu'une douleur physique). Le malade se vit comme n'ayant d'autre issue que la mort, pour lui-même et parfois pour ses proches, ceux qu'il aime le plus. S'il arrive par exemple qu'une mère mélancolique tue ses enfants et se suicide, ce n'est pas par haine mais bien par amour, pour leur éviter l'enfer de la vie : elle ne peut imaginer qu'il en soit autrement. La mélancolie est considérée comme une psychose.

La psychiatrie phénoménologique (Tatossian, Tellenbach, Maldiney, Ludwig Binswanger, etc.) s'est attachée à représenter le vécu mélancolique. Le fléchissement, voire la stase de la temporalité (temps vécu) est manifestement une dimension constante, ressentie dans le contact avec le sujet mélancolique. L'inflexibilité de sa pensée dramatique la rend hermétique à toute influence de l'entourage alors qu'il se vit paradoxalement, comme déjà mort (sentiment intérieur de vide, de pétrification, de non-vivre) ; le désir suicidaire est de ne plus subir cette mort et la problématique du mélancolique est de se tuer. Son geste se fera sans appel avec une recherche de l'instantanéité et de l'irréversibilité. Convaincu de sa culpabilité et persuadé de la nocivité qu'il présente pour lui-même et pour son entourage, son suicide sera déterminé, préparé soigneusement dans la plus grande clandestinité et réalisé souvent avec une finalité altruiste. La stase de la temporalité rajoute un sentiment d'éternité de son état que la sémiologie classique a nommé sentiment d'incurabilité. Bien plus qu'une dépression sévère, la mélancolie est un mode pathologique structurellement différent par cette caractéristique vitale et non psychologique de son vécu. Il n'est pas certain que la pathologie diagnostiquée ne puisse influencer le lecteur.

La mélancolie peut survenir en un épisode unique, mais plus souvent elle est l'expression d'un trouble soit monopolaire (ne comportant que des épisodes mélancoliques), soit bipolaires (avec des épisodes mélancoliques et maniaques) anciennement dénommé « psychose maniaco-dépressive » (Emil Kraepelin). Elle est une urgence psychiatrique du fait d'un risque de suicide maximum.

Récapitulatif symptomatique de la dépression structurelle
Symptômes psychiques Symptômes somatiques Durée mise en place
Dépression structurelle psychotique ou mélancolie Altération de l'humeur, Inhibition, douleur morale (auto-dépréciation, auto-accusation, auto-punition) Maux de tête, maux de dos, perte du sommeil, pleurs 1 à 2 mois maximum

Trois genres de mélancolie peuvent être identifiées :

la mélancolie stuporeuse : le patient a une très grande inhibition motrice ;

la mélancolie anxieuse : c'est dans ce cas où le taux de suicides est le plus important ;

la mélancolie délirante : elle se fonde sur des pensées délirantes comme « Je veux qu'on rétablisse la peine de mort pour moi ».

Psychanalyse

Le texte fondateur pour la psychanalyse de la théorie de la mélancolie est Deuil et mélancolie (1915, in Métapsychologie) de Freud. Il y compare l'état dépressif passager consécutif à un deuil à la mélancolie. Le deuil est une réaction normale à une perte, qu'elle soit humaine et affective ou idéale. Le mécanisme du deuil consiste en un désinvestissement de l'objet perdu, en un retrait de la libido, par le biais de la remémoration, du « ressassement ». Le deuil peut prendre une tournure pathologique, versant dans la psychose par le déni, ou comme dans la névrose obsessionnelle, lorsque le deuil du père force une confrontation au complexe d'Œdipe.

Selon Freud, le deuil et la mélancolie partageraient certains symptômes, mis à part la mésestime de soi, l'accablement d'auto-reproches. Freud, à partir de cette différence fondamentale, déduit que la perte à laquelle réagit le mélancolique est inconsciente, et n'est pas directement en relation avec une perte réalisable comme dans le deuil. La théorie de Freud à propos de la mélancolie postule que le sujet réagit à la perte en retournant sa libido dans son propre moi : le mélancolique a effectué le désinvestissement objectal, mais la quantité de libido reste intacte et appliquée au moi, qui devient l'objet perdu. Ainsi, le mélancolique régresserait à l'identification narcissique, devenant son propre objet, et privilégiant le versant du désinvestissement : c'est ainsi que s'expliquent les auto-reproches parfois délirants et la dévitalisation. Freud présuppose donc trois conditions à l'origine de la mélancolie : la perte de l'objet, l'ambivalence envers l'objet et la régression de la libido dans le moi.

Au moment de cette théorisation, le terme de « dépression » était utilisé en tant qu'adjectif, afin de décrire cet appauvrissement général de la vie affective et intellectuelle du sujet mélancolique. Ainsi, ce qui serait traité plus tard en psychiatrie comme la psychose maniaco-dépressive ou le trouble bipolaire était considéré comme alternance de phases de manie et de mélancolie.

Le cas Haitzmann, une « névrose démoniaque » au XVII siècle, est la présentation la plus explicite d'une dépression. Haitzmann est un artiste qui sombre, à la mort de son père, dans la dépression. Il fait alors un pacte avec le Diable, lui demandant de retrouver son père pour quelques années. D'où l'expression si curieuse de « névrose démoniaque ».

L'apport psychanalytique à l'appréhension de la mélancolie se situe également dans la position dépressive décrite par Melanie Klein, et qui renverrait à la formation même du moi, naissant dans la douleur de l'ambivalence - en effet, il y aurait aux origines de cette instance, pour laquelle se prend le sujet, une angoisse dépressive ayant son origine dans l'ambivalence face à l'objet total.

Médias

Chanson populaire

Léo Ferré : La mélancolie

Miossec : La mélancolie

Mylène Farmer : Je t'aime mélancolie

Benjamin Biolay : Mélancolique

Soprano (rappeur) : Mélancolique anonyme

Soprano (rappeur) : Mélancolie

Léa Castel : Mélancolie

Joe Dassin : Si tu t'appelles Mélancolie

Michel Jonasz : Mélancolie

Iced Earth : Melancholy

Yves Duteil : Mélancolie

Cinéma

Lars von Trier, Mélancholia, 2011 avec Kirsten Dunst et Charlotte Gainsbourg

Littérature

La Mélancolie de Haruhi Suzumiya, série japonaise très populaire sur le thème de la mélancolie.

Citations

« La mélancolie, c’est le bonheur d’être triste. » de Victor Hugo

中文百科

忧郁(英语:Melancholia,或英语:lugubriousness),一种情绪与心理状态,指一个人呈现哀伤、心情低落的状况,绝望与沮丧为其特色。这是人类正常的情绪之一,但是强烈而长久持续的忧郁情绪,可能是精神疾病造成。

字根

在英语中,英语:Melancholia的字根来自希腊语:μελαγχολία,代表哀伤,或是黑胆汁的意思。古代希腊人认为这是由于黑胆汁失衡造成的疾病。英语:lugubriousness则是来自拉丁文lugere,意思是哀悼。 中医将它列为七情之一,可能是由于心、肝、脾功能失调而产生。

法法词典

mélancolique adjectif ( même forme au masculin et au féminin, pluriel mélancoliques )

  • 1. qui inspire la tristesse ou est empreint de tristesse

    une musique mélancolique

  • 2. qui est enclin à la tristesse et au pessimisme

    une jeune fille sentimentale et mélancolique

  • 3. qui est sujet à une tristesse momentanée

    tu es bien mélancolique, ce matin!

  • 4. médecine : en pathologie qui souffre d'une forme grave de dépression, avec pulsions de mort

    un malade mélancolique

mélancolique nom commun - masculin ou féminin ( mélancoliques )

  • 1. médecine : en pathologie personne qui souffre d'une forme grave de dépression, avec pulsions de mort

    un mélancolique profond

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