Samouraï en armure, en 1860.
Des samurai, vers les années 1860.
Saigō Takamori (assis en uniforme occidental) entourés de ses officiers, en tenue samurai, lors de la rébellion de Satsuma en 1877. Image tirée d'un article du Monde Illustré (1877).
Le samouraï (侍, samurai, ou bushi (武士, bushi)) est un membre de la classe guerrière qui a dirigé le Japon féodal durant près de 700 ans.
Étymologie
Kanji pour Samurai.
Le terme « samouraï », mentionné pour la première fois dans un texte du X siècle, vient du verbe saburau qui signifie « servir ». L'appellation est largement utilisée dans son sens actuel depuis le début de la période Edo, vers 1600. Auparavant, on désignait les guerriers plutôt par les termes mono no fu (jusqu'au VIII siècle), puis bushi (武士, bushi), qui peuvent l'un ou l'autre se traduire par « homme d'armes ». À partir de la période Edo, les termes bushi et samouraï ne sont pas tout à fait synonymes, il existe une différence subtile (voir l'article Bushi).
On trouve aussi parfois le terme buke : il désigne la noblesse militaire attachée au bakufu (gouvernement militaire), par opposition aux kuge, la noblesse de cour attachée à l'empereur. Les buke sont apparus durant l'ère Kamakura (1185–1333).
Historique
Origines
La classe de guerriers professionnels du Japon, constituée d'archers montés sur des étalons, trouve son origine dans la volonté impériale de conquérir des terres des Aïnous à la fin de la période Nara.
Jusque-là, le Japon disposait d'une armée fondée sur la conscription, inspirée du modèle chinois. Les hommes âgés de vingt à trente ans étaient conscrits, répartis en autant de gunki (corps de mille soldats et officiers) qu'il y avait de provinces et attachés au service du kokushi (gouverneur de la province).
Ce système se révéla totalement inefficace pour lutter contre les « barbares » Aïnous, redoutables cavaliers. L'empereur décida en 792 de le dissoudre pour mettre en place un nouveau système appelé kondeisei. Le kondesei avait l'avantage de réduire le poids du service militaire chez les paysans (sur qui reposait l'économie) puisqu'il était constitué de jeunes cavaliers archers issus de milieux plus aisés. Cette milice, formée de 3 9** hommes, commença à tomber en désuétude au X siècle, mais on ne peut affirmer qu'elle soit à l'origine des premiers samouraïs, apparus à cette époque.
Mitsuo Kure, dans son livre Samouraïs (p. 7), cite plusieurs autres origines possibles pour les samouraïs :
les kugutsu, des nomades qui parcouraient le Japon en vivant de spectacles de marionnettes et d'acrobaties, eux aussi réputés grands cavaliers archers. Il est toutefois impossible de dire s'ils utilisaient des grands arcs ;
les contacts avec les Emishi, durant les combats contre eux, mais aussi au cours d'activités commerciales ou en les employant comme mercenaires pour protéger Kyūshū de tentatives d'invasion coréennes ou chinoises, ont pu inspirer à la cour impériale de Kyōto l'idée de créer une cavalerie, jusqu'ici totalement absente de l'histoire militaire du Japon.
Enfin, Mitsuo Kure énonce une dernière hypothèse selon laquelle les samouraïs seraient à l'origine des gardes du palais impérial au début du X siècle, se fondant sur les premiers documents mentionnant le mot samurai (ou plutôt saburai, « en service », qui se déforma plus tard en samurai). S'il rejette rapidement cette hypothèse, arguant que les meilleurs élevages de chevaux se trouvaient dans le Kantō et le Tōhoku et que les armures o-yoroi furent mises au point sur le champ de bataille et non dans la paix de la cour, cette hypothèse est en revanche la seule origine citée par Stephen Turnbull dans son Samurai Sourcebook, (p. 8).
Turnbull indique à leur sujet qu'ils passèrent rapidement du service impérial à celui des riches propriétaires terriens des provinces, qui devaient lutter contre les Emishi, les bandits et les propriétaires terriens rivaux. Il précise aussi que ces premiers clans de samouraïs étaient d'origine modeste, mais se plaçaient sous l'égide de descendants de lignées impériales mineures, partis chercher fortune dans les contrées sauvages. Les deux plus puissants clans de samouraïs de la fin de l'ère Heian, les clans Taira et Minamoto, découlent de cette tradition, descendant respectivement des empereurs Kammu et Seiwa.
Ère Heian
Samurai à cheval, portant une armure Ō-yoroi (en), tenant un arc (yumi) avec des flèches dans un carquois (yebira (en)).
Si l'ère Heian est pour la cour impériale une période de paix et de prospérité, les provinces, en revanche, étaient secouées de révoltes paysannes dues aux lourds impôts, réprimées par les kokushi (gouverneurs de provinces nommés par le gouvernement impérial). Les petits fermiers se placèrent sous la protection de puissantes familles de propriétaires terriens, qui de ce fait s'enrichirent et furent bientôt en mesure de recruter des armées privées, constituées de guerriers professionnels, mais aussi de simples civils (paysans, artisans, citadins).
Ces armées conféraient une certaine puissance et une indépendance grandissante à ces propriétaires terriens, riches, mais dénigrés par l'aristocratie de Kyōto, et leur permettaient de défendre leurs terres contre les menaces diverses, mais aussi de s'étendre aux dépens de leurs voisins. De plus, certains tentaient de se dégager de la tutelle du gouvernement central, ce qui provoqua des révoltes auxquelles prirent part certains des premiers gouvernements samouraïs.
Premières rébellions
En 935, Taira no Masakado, gouverneur de la province de Shimosa, tua son oncle Kunika et rallia à lui de nombreux guerriers, gagnant ainsi le contrôle de la quasi-totalité du Kantō et s'autoproclama empereur en 939. La même année, sur les côtes de la mer intérieure, Fujiwara no Sumitomo rassembla des wakō (pirates) et se révolta également.
Le gouvernement n'eut pas de mal à réprimer ces premières révoltes samouraïs, se contentant d'engager d'autres clans pour lutter contre les premiers, lors de ce qui fut désigné comme Rébellion de Jōhei Tengyō.
En 1028, Taira no Tadatsune se révolta également et prit le contrôle du Kantō. La cour tarda alors à réagir, selon Louis Frédéric (Le Japon, dictionnaire et civilisation, [p. 1073]), « les forces impériales [étaient] trop faibles pour intervenir efficacement contre lui ». Au bout de quatre mois, cependant, la cour envoya contre lui Taira no Naokata, qui fut vaincu. En 1031, Minamoto no Yorinobu se joignit aux forces de pacification impériale, obligea Tadatsune à se rendre, et prit le contrôle du Kantō.
Par la suite, les familles de samouraïs les plus influentes, notamment les Taira et les Minamoto, furent appelées à la cour pour assurer la sécurité de l'empereur et de l'aristocratie, avec qui ils tissèrent peu à peu des liens, bien que gardant un statut très bas. Les jōkō, notamment, s'entouraient de gardes du corps samouraïs à demeure dans son palais, les hokumen no bushi (ce qu'on peut traduire par « samouraïs du côté nord ».)
Guerres dans le nord de Honshū
Dans les provinces du Tōhoku, la partie nord de l'île de Honshū, plus récemment colonisée et loin de la capitale, des seigneurs tentaient d'échapper à l'influence de la cour. En 1051, Abe no Yoritoki se souleva et la province de Mutsu fut secouée par les affrontements de la guerre de Zenkunen, qui dura en réalité jusqu'en 1062, le général des forces impériales, Minamoto no Yoriyoshi (fils de Yorinobu) ayant fait appel au clan Kiyohara de la province de Dewa. La cour attribua les biens du clan Abe à ces derniers, et, lorsqu'en 1083, Minamoto no Yoshiie, fils de Yoriyoshi, fut nommé juge dans une querelle interne des Kiyohara, il en profita pour les détruire au cours de ce qu'on appelle la guerre de Gosannen. Estimant qu'il avait agi pour des raisons personnelles, la cour refusa de lui attribuer une récompense et il dut prélever des parcelles sur son propre domaine pour payer ses hommes. Selon Mitsuo Kure (Samouraïs, p. 14), cet acte le rendit très populaire et de nombreuses familles de samouraïs se mirent à son service.
Intrigues à la cour
Ces premières rébellions samouraïs, actions isolées et menées loin de la cour eurent finalement peu d'impact dans l'arrivée au pouvoir à la fin du XII siècle. En revanche, les clans de samouraïs présents à la cour tirèrent parti de la lutte de pouvoir entre l'empereur Go-Shirakawa et l'empereur retiré Sutoku en 1156. À l'issue de ce qui est connu comme la rébellion de Hōgen, l'influence des régents Fujiwara diminua considérablement et les clans Taira et Minamoto parvinrent à gagner des positions importantes à la cour.
En 1159, lorsque Minamoto no Yoshitomo et Fujiwara no Nobuyori tentèrent un coup d'État connu sous le nom de rébellion de Heiji, Taira no Kiyomori écrasa les Minamoto, massacrant une bonne partie du clan et entama une ascension qui l'amena en 1167 au poste de dajō-daijin, premier ministre.
Cependant, en 1180 éclata la guerre de Gempei, une guerre de succession au trône impérial, les Minamoto reconstitués soutenant un candidat différent de celui des Taira. Au terme de cinq ans de guerre, les Taira furent finalement éliminés et Minamoto no Yoritomo mit en place le premier bakufu, avant d'être nommé shogun en 1192. Pour la première fois, le Japon était dirigé par des samouraïs, et le resta jusqu'en 1868.
Réincarnation en crabes
En 1185, les clans Taira et Minamoto s'affrontent dans la baie de Dan-no-ura. Lors de cette bataille décisive, le jeune empereur Antoku, âgé de six ans, sentant la défaite finale, plonge dans les eaux avec sa grand-mère pour se donner la mort plutôt que de subir le déshonneur d'une capture. Plusieurs samouraïs imitent son geste. La légende prétend que les guerriers Taira se sont réincarnés en crabes, d'où cet ornement qu'on retrouve quelquefois sur des casques de samouraïs. Encore aujourd'hui, les pêcheurs qui attrapent des crabes dont la carapace évoque un visage les rejettent à l'eau. Il s'agit en fait d'une espèce endémique: le heikegani.
Avènement des Tokugawa
Le Samurai Hasekura Tsunenaga à Rome en 1615. Collection Borghese, Rome.
Avec la pacification de la période Edo, la fonction combattante des guerriers diminue et ceux-ci deviennent des fonctionnaires. Ils vont laisser le côté guerrier pour les cérémonies, et commencer à s'intéresser aux arts (surtout l'écriture). Néanmoins, probablement pour se redonner de la valeur, des règles très strictes sont codifiées, sous le nom de bushidō (« voie du guerrier »). Le suicide rituel du seppuku — aussi connu sous le nom de « hara-kiri » (littéralement « ouvrir le ventre ») — devra être interdit à certaines périodes par le shogun (seigneur militaire du Japon).
En effet, pour sauvegarder son honneur, un samouraï devait se faire seppuku s'il arrivait malheur à son maître, à sa famille, ou simplement s'il avait fait une faute grave, son seigneur pouvait lui commander à n'importe quel moment le seppuku s'il ne s'estimait pas satisfait. Ce rite provoquait parfois des ravages dans les rangs des samouraïs.
Ère Meiji et fin des samouraïs
Matsudaira Katamori (1836–1893).
La période des Tokugawa amène un certain renfermement du Japon sur lui-même, peu ouvert aux pays étrangers. Cet isolement prend fin avec l'intervention du commodore Matthew Perry qui force le pays à s'ouvrir au commerce extérieur à partir de 1854. Des changements majeurs surviennent alors, avec notamment la reprise en main du pays par l'empereur.
La restauration de Meiji en 1867 entraîne avec elle toute une série de mesures. Les samouraïs sont également frappés par les réformes. Privés de leurs droits, ils se révoltent avant d'être écrasés par l'armée impériale en 1874 et lors de la rébellion de Satsuma en 1877. Le passage à l'ère moderne fit qu'il fut décidé de conserver l'héritage culturel des différents arts utilisés par les samouraïs au sein de la Dai nippon butoku kai créée en 1895.
Religions
Le bouddhisme zen a fortement influencé les samouraïs. Voir par exemple le samouraï Suzuki Shōsan, devenu moine zen à 42 ans.
Le shintoïsme a eu une certaine influence, ainsi que le confucianisme.
Éducation du jeune samouraï
Musashi Miyamoto, un célèbre samouraï.
Dans la tradition samouraï, un fils de samouraï était soumis à une discipline très stricte. Le temps des caresses maternelles était douloureusement court. Avant même d'avoir vêtu son premier pantalon, on l'avait soustrait autant que possible aux tendres contacts et on lui avait appris à réprimer les élans affectueux de l'enfance. Tout plaisir oisif était rigoureusement mesuré et le confort lui-même proscrit, sauf en cas de maladie. Ainsi, dès le moment où il savait parler, on lui enjoignait de considérer le devoir comme le seul guide de son existence, le contrôle de soi comme la première règle de conduite, la souffrance et la mort comme des accidents sans importance du point de vue individuel.
Cette éducation austère n'allait pas sans impératifs beaucoup plus contraignants, destinés à développer une impassibilité totale dont l'enfant ne devait jamais se départir, hormis dans l'intimité de la maison. On accoutumait les garçonnets à la vue du sang en les forçant à assister à des exécutions. Ils ne devaient manifester aucune émotion. De retour chez eux, on les obligeait à manger un grand plat de riz coloré en rouge sang par l'adjonction d'un jus de prunes salées, afin de réprimer tout sentiment d'horreur secret. Des épreuves encore plus pénibles pouvaient être imposées, même aux très jeunes enfants. À titre d'exemple, on les contraignait à se rendre seuls, à minuit, sur les lieux du supplice, et à en rapporter la tête d'un des condamnés pour preuve de leur courage. En effet, la crainte des morts était jugée tout aussi méprisable de la part d'un samouraï que celle des vivants. Le jeune samouraï devait apprendre à se prémunir contre toutes les peurs. Dans toutes ces épreuves, la plus parfaite maîtrise de soi était exigée. Aucune fanfaronnade n'aurait été tolérée avec plus d'indulgence que le moindre signe de lâcheté.
En grandissant, l'enfant devait se satisfaire, en guise de distractions, de ces exercices physiques qui, très vite et pour le restant de ses jours, préparent le samouraï à la guerre : kenjutsu, jujutsu, bajutsu, kyujutsu, respectivement art du sabre, lutte, art équestre, tir à l'arc. On lui choisissait des compagnons parmi les fils des domestiques, plus âgés que lui et sélectionnés pour leur habileté dans l'exercice des arts martiaux. Ses repas, bien qu'abondants, n'étaient pas très raffinés, ses tenues légères et rudimentaires, sauf à l'occasion des grandes cérémonies. Lorsqu'il étudiait, en hiver, s'il arrivait qu'il eût si froid aux mains qu'il ne puisse plus se servir de son pinceau, on lui ordonnait de plonger dans l'eau glacée pour rétablir la circulation. Si le gel engourdissait les pieds, on l'obligeait à courir dans la neige. Plus rigoureux était encore l'entraînement militaire proprement dit : l'enfant apprenait de bonne heure que la petite épée à sa ceinture n'était ni un ornement, ni un jouet.
Pour l'éducation religieuse du jeune samouraï, on lui apprenait à vénérer les dieux anciens et les esprits de ses ancêtres. On l'initiait à la foi et à la philosophie bouddhiques et on lui enseignait l'éthique chinoise. Ceci est à nuancer, du fait que tel clan ou telle famille ou encore telle koryu (école d'arts martiaux) tendaient à une vision shintoïste, bouddhique ou confucianiste. Ainsi la Tenshin shōden katori shintō-ryū incline vers le shintoïsme tandis que la Hyoho niten ichi ryu ouvre son texte majeur sur une invocation à une déité bouddhiste en poursuivant que s'il faut vénérer les dieux, il ne faut pas pour autant attendre d'eux la victoire.
Peu à peu, à mesure qu'il passait de l'enfance à l'adolescence, la surveillance à laquelle il était soumis allait s'amenuisant. On le laissait de plus en plus libre d'agir selon son propre jugement, avec la certitude qu'on ne lui pardonnerait pas la moindre erreur, qu'il se repentirait toute sa vie d'une offense grave et qu'un reproche mérité était plus à redouter que la mort même.
Le samouraï apprenait son métier au sein d'écoles anciennes dispensant une formation aux armes, à la stratégie, au renseignement et aux divers aspects de l'art de la guerre. Ces koryu, écoles anciennes, ont été le cadre qui a façonné l'excellence technique et morale du samouraï.
Différents types de samouraïs
Un samouraï n'ayant pas de rattachement à un clan ou à un daimyō (seigneur féodal) était appelé un rōnin. Un samouraï qui était un vassal direct du shogun était appelé hatamoto.
Cependant, tous les soldats n'étaient pas samouraïs, ceux-ci constituant une élite équivalent en quelque sorte aux chevaliers européens ; l'armée, à partir de la période Kamakura, reposait sur de larges troupes de fantassins de base nommés ashigaru et recrutés principalement parmi les paysans.
Armes
Un samurai en armure avec son sabre, vers 1860.
Guerriers samurai avec différents types d'armures et d'armes, dans les années 1880.
Le samouraï utilisait environ 40 armes avec une mention spéciale pour le katana, grand sabre, qu'il était le seul à pouvoir porter. Il étudiait les kobudo, les arts martiaux japonais d'avant 1868, au sein des koryu. Il attribuait une grande importance au katana, suivant ainsi le bushidō pour lequel le katana est l'âme du samouraï. Quand un enfant avait atteint l'âge de 15 ans, il pouvait obtenir un wakizashi (petit sabre) et un nom d'adulte lors d'une cérémonie appelée genpuku (元服). Lors de cette cérémonie, il devenait samouraï. Il obtenait aussi le droit à porter un katana.
Une cordelette (souvent fabriquée à partir d'une mèche de cheveux) était souvent nouée à travers un trou dans le tsuba (habituellement prévu pour faire passer le kogatana, stylet rangé dans un compartiment du fourreau), une sorte de sécurité pour katana, permettant de manifester des intentions pacifiques, puisqu'il devenait dès lors impossible de le dégainer sans dénouer d'abord cette sécurité.
Un katana et un wakizashi réunis sont appelés un daisho (littéralement : « grand » et « petit »).
Le wakizashi était « la lame d'honneur » d'un samouraï et il ne quittait jamais son côté. Le samouraï dormait avec l'arme sous son oreiller et l'emmenait avec lui quand il entrait dans une maison et devait laisser ses armes principales dehors.
Le tanto était un petit poignard, et il était porté quelquefois à la place du wakizashi dans un daisho. Il était utilisé quand un samouraï devait faire seppuku ou hara-kiri (suicide). Cependant, placé dans le keikogi (« vêtement d'entraînement »), le tanto se révélait être une arme de poing très utilisée pour les assassinats ou les combats rapprochés.
L'arme favorite du samouraï était le yumi (« arc »). Le yumi resta inchangé jusqu'à l'apparition de la poudre à canon et des fusils au XVI siècle. L'arc composite de style japonais n'était pas une arme très puissante en comparaison avec l'arc classique d'Eurasie. Sa taille permettait de lancer divers projectiles comme des flèches enflammées et des flèches-signaux d'une portée efficace de 50 m, et plus de 100 m quand la précision n'était pas importante. Il était ordinairement utilisé à pied derrière un tedate (手盾), un grand mur de bambou mobile, mais il pouvait même être utilisé à dos de cheval. La coutume de tirer à dos de cheval, yabusame (流镝马), est devenue une cérémonie shintoiste.
Le nodachi est un sabre d'aspect similaire au katana, mais qui mesure environ 150 cm ; il était réservé aux samouraïs les plus forts. On peut voir Kikuchiyo, personnage venant du monde paysan, en manipuler un dans le film Les Sept Samouraïs. Ce type d'arme est adapté à la lutte contre les unités de cavalerie, et surtout contre les fantassins en armures légères. Elle ne fut toutefois jamais vraiment populaire en raison de la difficulté de son maniement (requérant davantage de force et de dextérité qu'un katana de taille moyenne), et du fait que le naginata remplissait déjà très bien ce rôle.
Certains samouraïs les utilisaient toutefois, certains pour crâner à l'instar de nombreux kabuki-mono, et moins souvent en raison de compétences réelles dans son maniement. On notera notamment le célèbre Sasaki Kojirô et sa Monohoshizao, ainsi que Makara Jurōzaemon Naotaka, et son fameux nodachi, Tarōtachi, mesurant 220 cm pour 4,5 kg (éléments de poignée et autres accessoires exclus).
Au XV siècle, le yari (lance) est également devenu une arme populaire. Il a remplacé le naginata sur le champ de bataille lorsque la bravoure personnelle est devenue moins importante, et les batailles, plus organisées. Le yari était plus simple à utiliser et plus mortel qu'un katana. Une charge, à cheval ou à terre, était plus efficace quand une lance était utilisée, et offrait plus de 50 % de chances de vaincre un samouraï armé d'un tachi, forme primitive de katana adaptée au combat monté, parfois appelé par erreur daïkatana dans la culture occidentale.
Dans la bataille de Shizugatake, où Shibata Katsuie fut vaincu par Toyotomi Hideyoshi (ou Hashiba Hideyoshi), les « sept lances » de Shizugatake (贱ヶ岳七本枪) ont joué un rôle crucial dans la victoire.
Jusqu'au XVIII siècle, le tranchant des lames de katana était testé sur des condamnés vivants par des bourreaux payés par les samouraïs.
Les armes blanches utilisées par les samouraïs ont énormément gagné en qualité au fil des siècles, jusqu'à arriver à une qualité inégalée : les lames forgées selon la tradition japonaise sont encore aujourd'hui les meilleures que l'homme ait faites sur le plan des qualités physiques, grâce aux techniques complexes de forge et de trempe développées par les forgerons d'armes japonais, ainsi que le tamahagane, acier spécial obtenu à base de sable ferrugineux.
Accessoires
Armure
Armure Ō-yoroi (en). Musée national de Tokyo.
Un équipement protecteur couvre le samouraï de la tête au pied. L'armure est constituée de plusieurs parties et est conçue de manière à favoriser le plus possible la mobilité du combattant.
Bâton de commandement
Durant les guerres féodales, plusieurs dizaines de milliers de samouraïs pouvaient être impliqués dans les combats. Il devenait donc important de trouver un moyen de transmettre les ordres de déplacement. À cette fin, on utilisait un bâton de commandement (saihai) qui pouvait être aperçu de loin. Il s'agissait d'un bâton orné à une extrémité d'un faisceau de poils de yak, de lamelles de papier laqué, de lanières de cuir ou de bandelettes de tissu. Le bâton était fixé à l'armure à l'aide d'une corde. Son utilisation remonte aux années 1570.
Bâton sahai de la période Edo avec des poils de yak.
Bâton sahai avec des lanières de cuir.
Quelques samouraïs célèbres
Autoportrait de Miyamoto Musashi, Rōnin, écrivain et artiste, vers 1**0.
Yamaoka Tesshū était un célèbre samurai lors de la période Bakumatsu.
Nom Fief né en mort en Minamoto no Yoshitsune Yamashiro (un ancien nom de Kyoto) 1159 1189 Kenshin Uesugi Echigo (un ancien nom de Nigata) 1528 1578 Shingen Takeda Kai (un ancien nom de Yamanashi) 1522 1573 Hideyoshi Toyotomi Owari (un ancien nom de Aichi) 1536 1598 Torii Mototada 1539 1600 Yukimura Sanada Shinano (un ancien nom de Nagano) 1567 1615 Sune'emon Torii Mikawa (près de Nagoya) 1575 Musashi Miyamoto Aucun (ronin) 1584 ** Shirō Amakusa Shimabara 1621 1638 Shigetsuke Taira 1639 1730 Tsunetomo Yamamoto 1659 1719 Heihachirō Ōshio 1793 1837 Takamori Saigō Satsuma (ancien nom de Kagoshima) 1827 1877 Isami Kondô Musashi 1834 1868 Tomoe Gozen 1161 1184
On peut également noter :
Les 24 généraux de Shingen Takeda et d'autres groupes de samouraïs.
Des étrangers au Japon ayant pu devenir samouraïs : William Adams Yasuke
William Adams
Yasuke
Premier samouraï étranger
Le premier samouraï étranger, choisi par Oda Nobunaga, était un esclave africain.
Yasuke arrive du Mozambique en 1579, au service d'un très renommé jésuite italien du nom de Alessandro Valignano. Il fait aussitôt sensation lorsqu'il arrive à la capitale. De nombreuses personnes qui affirmaient l'avoir vu furent tuées pour ce qui était considéré comme un mensonge dont ils ne voulaient pas démordre. Nobunaga ayant vent de ces rumeurs et imaginant qu'il devait y avoir un subterfuge, suspectant en particulier que l'homme devait être tout simplement peint en noir, décide de le rencontrer et de faire gommer sa peau. À sa grande surprise, la couleur de l'homme était réelle, Nobunaga intéressé lui donne de l'argent en dépit du fait qu'il est toujours esclave de Valignano et le laisse repartir.
Lors des missions du Jésuite au Japon en 1581, Yasuke apprend à parler japonais et rencontre à nouveau Nobunaga qui apprécie beaucoup sa compagnie, jugeant l'homme incroyablement robuste, fort et intelligent. Il demande à Valignano, qui devait quitter le Japon cette même année, de laisser Yasuke vivre au Japon sous sa protection. Nobunaga appréciait tellement Yasuke que les gens pensèrent qu'il serait un jour nommé seigneur. Ce ne fut pas le cas, mais Yasuke devint samouraï.
En 1582, Nobunaga est défait à Kyoto par l'armée de Akechi Mitsuhide. Yasuke part alors à la rencontre de son héritier, Oda Nobutada, au château de Nijo. Nobutada à son tour attaqué, peut compter sur Yasuke qui reste un samouraï fidèle. Lorsque Mitsuhide fait tomber le château de Nijo, Yasuke n'est pas tué mais amené à Akechi Mitsuhide pour qu'il décide de son sort. On déclare qu'il n'est pas un homme, qu'il ne sait rien, n'est pas japonais, qu'il ne doit cependant pas être tué mais porté aux Jésuites indiens dont Valignano, le missionnaire italien, avait été responsable quelques années auparavant. Yasuke doit donc retourner aux jésuites indiens et nul ne sait ce qu'il est advenu de lui par la suite, aucun écrit n'ayant été retrouvé après cet événement.
Description de Yasuke dans les mémoires de Nobunaga Oda (信长公记, Shinchōkōki) :
« Le 23 du second mois, un serviteur noir vint des pays chrétiens. Il semblait avoir 26 ou 27 ans, son corps tout entier était noir comme celui d'un bœuf. Il était solide et avait de la présence. De plus, sa force était supérieure à celle de 10 hommes réunis. »
Yasuke mesurait en effet 1,88 m ce qui à l'époque au Japon devait être extrêmement impressionnant.
Dans la culture populaire
Poésie
Un poème des Trophées de José-Maria de Heredia se nomme « Le Samouraï ».
Romans
Lian Hearn, Le Clan des Otori.
Armand Cabasson, Par l'épée et le sabre.
Eiji Yoshikawa, La Pierre et le Sabre, La Parfaite Lumière.
James Clavell, Shogun.
Thomas Day, La Voie du sabre.
Yukio Mishima, Le Japon moderne et l'éthique samouraï.
Romain d'Huissier, Seppuku, Trash éd., 2015, coll. « Trash », n 14.
Cinéma
Les Sept Samouraïs d'Akira Kurosawa (1954).
Samurai d'Hiroshi Inagaki (1954).
Le Garde du corps d'Akira Kurosawa (1961).
Sanjuro d'Akira Kurosawa (1962).
Hara-kiri de Masaki Kobayashi (1962).
La Légende de Zatoïchi. Le masseur aveugle de Kenji Misumi (1962).
Les 13 Tueurs de Eiichi Kudō (1963).
Les Trois Samouraïs hors-la-loi de Hideo Gosha (**).
Dai-bosatsu tōge de Kihachi Okamoto (1966).
Le Samouraï de Jean-Pierre Melville (1967).
Goyokin, l'or du shogun de Hideo Gosha (1969).
Puni par le ciel de Hideo Gosha (1969).
Kozure Ōkami.
Soleil rouge, de Terence Young (1971).
Im Schatten des Shogun de Kinji Fukasaku (1978).
Shogun (1980).
Kagemusha, l'ombre du guerrier, de Akira Kurosawa (1980).
Ran, de Akira Kurosawa (1985).
Ninja Scroll de Yoshiaki Kawajiri (1993).
Blade, de Stephen Norrington (1998) utilisation d'un katana et des valeurs zen du combattant.
Ghost Dog : La Voie du samouraï de Jim Jarmusch (1999).
Après la pluie, de Takashi Koizumi (1999).
Tabou de Nagisa Ōshima (1999).
Le Dernier Samouraï de Edward Zwick (2003).
Zatoichi, de Takeshi Kitano (2003).
Le Samouraï du crépuscule (The Twilight Samurai), film japonais réalisé par Yoji Yamada (2002).
Sword of the Stranger, de Masahiro Andō (2007).
Hara-Kiri. Mort d'un samouraï de Takashi Miike (2011).
Bande dessinée et manga
Bosse, Michetz, Kogaratsu, Dupuis, 1988-1999.
Stan Sakai, Usagi Yojimbo.
Takehiko Inoue, Vagabond, Tonkam, 1999.
Hiroaki Samura, L'Habitant de l'infini.
Hideki Mori, Tengu.
Nobuhiro Watsuki, Kenshin le vagabond.
Akimine Kamijyō, Samurai Deeper Kyo.
Patrick Cothias, Adamov, Le Vent Des Dieux.
Hub, Okko.
Ron Marz (en), Luke Ross, Jason Keith, L'Âme du samouraï.
Tite Kubo, Bleach.
Takashi Okazaki, Afro Samurai.
Shinichiro Watanabe, Samurai Champloo.
Hideaki Sorachi, Gintama.
Eiichirō Oda, One piece.